Lazarus Carrow était un homme décidé. Dans la vie, le mangemort savait ce qu’il voulait. Il voulait de l’argent. Il voulait une fille. Il voulait un repas nourrissant avec toutes les garnitures au menu. Il voulait une bouteille de whisky. Il voulait une voiture pour rouler à cent soixante à l’heure, même s'il n'aimait pas les moldus. Il voulait foutre son poing dans la gueule aux gens qui l'emmerdaient. Il voulait un tourne-disques dans la grande chambre d’hôtel qu’il convoitait pour pouvoir traîner au lit avec la fille et le whisky tout en écoutant les Bizarr' Sisters et Rotten Apple. C’était ça qu’il voulait. Sa vie ne se passait plus qu’à se procurer toutes ces choses. Il était heureux rien qu'à inventorier ses désirs, et encore plus joyeux à la pensée qu'il lui suffisait d'un claquement de doigts pour se les procurer. Il le savait. Les gens le craignaient. Les gens l'admiraient. Il comptait. Il en était arrivé là. On le connaissait depuis bien longtemps pour son comportement de rock-star, car c'était ainsi qu'il se comportait, détestant les codes de la politique qu'il explosait avec une facilité déconcertante et insolente. Il voulait des fontaines de champagnes et il riait aux éclats en fumant des cigares, et il n'était pas malheureux. Les gens s'exécutaient. Il regardait ça d'un air très satisfait. Sa notoriété avait dépassé le stade de sa corporation, il le voyait à la simple façon dont sa présence exaltait les gens et les contraignait à garder un air parfaitement normal et blasé quand ils lui parlaient, qu'ils soient heureux ou terrifiés de le voir. C'était ça la vraie célébrité : elle se mesurait à l'effort que produisait chacun pour garder un air morose en sa présence tout en étant absolument électrisé ou terrifié.
Ca lui allait. Il s'en foutait, ou il aimait ça, ça dépendait s'il voulait qu'on flatte son ego ou pas, s'il était dans le mouv' pour ça. Il n'était pas heureux non plus. Mais il ne souffrait pas. Mais qui a dit que ne jamais avoir souffert, c'est toujours avoir été heureux ?
On disait qu'il n'avait pas d'âme, qu'il était violent, qu'il était fou. Quelqu'un comme Morrison ne pouvait avoir une âme à lui, car l'âme est intrinsèquement bonne, intrinsèquement propre un bien qui devra être restituée un jour, nacré, propre, intact. Cette idée mettait Lazarus en colère et il avait envie de dire à ces gens, qu'ils se trompaient, que l'âme est humide et sombre, une créature qui élit domicile dans le corps humain tel un parasite et s'en nourrit, une créature avide d'expérience et de pouvoir, possédée d'une joie inhumaine, qui n'a que faire de son hôte mais vit, comme elle doit vivre, dans une perpétuelle nostalgie défigurée.
Il rêvait de tout et de tas de choses, il sortait, et ce soir là, il était resté à boire avec une fille qu'il connaissait, une jeune, mais il couchait avec régulièrement, une qui pouvait se permettre de poser des questions. Pourquoi est-ce qu'il aimait voir les gens souffrir. Pourquoi il les blessait sans raison. « C'est un don. » Il s'était de répondre ça, avec un grand sourire aux lèvres. « Un don... et un service public. » Elle ne le comprenait pas, il le voyait alors qu'il finissait son verre. « C'est le nom que tu donnes à ça ? » Il se servit un autre whisky pour mieux oublier que l'après-midi du lendemain il avait une réunion importante et o combien barbante avec des journalistes. « Et comment. Les gens se sentent bien quand ils sont malheureux. Ils savent qu'ils ne méritent pas mieux. » Ses yeux pétillaient. « C'est quand tout va bien qu'ils commencent à s'inquiéter. Ils ne savant pas quoi faire de leur peau. Le monde a soudain l'air étrange et effrayant, et ils languissent de retrouver ce qu'ils connaissent. Quelque chose de familier... comme la souffrance. »
C'était d'un cynique, d'une cruauté. Il se sentait vieux, vraiment, en rentrant chez lui pour se coucher, très tard dans la nuit, ou plutôt très tôt le matin. Il supposait que c'était normal. Tout finit par vieillir quand on en rêve trop longtemps ; tout sauf l’alcool, parce que, avec l’alcool, on pouvait toujours vomir et recommencer à zéro. Il s’effondra, ivre mort.
Le réveil fut dur. Et il ne s'attendait certainement pas à se faire réveiller de force, comme ça, en se faisant hurler dessus. Pas de la part de Susanna. Elle lui parle souvent avec une distance froide, comme sa mère. C'est lui qui avait dit un jour : La force c'est un degré d'indifférence de plus. Elles l'avaient pris au pied de la lettre et le laissait chavirer en paix, peut-être il y a une certaine grâce chez les perdants, les salauds et les brigands. « Depuis quand tu t'intéresses à ce que je fais, dis moi ? Ta mère ne t'a jamais dit que j'étais un cas désespéré et qu'il fallait me foutre la paix ? » Elle filait un mauvais coton, mais il ne parvenait pas à voir quoi, il était occupé, il avait de vrais problèmes, pas des états d'âmes de gamine à régler. « Et si on parlait de tes conneries, à toi, Susanna Carrow ? Si on parlait de tes foutus états d'âmes ? Tu as quoi comme problème ? Tu as lutter contre qui ? Tu as qui à combattre ? Contre quelles souffrances tu as du te blinder ? Rien, jamais, grâce à qui ? Papa, qui s'est toujours, toujours occupé de ça. »
Elle se détourna, elle voulait fuir. Personne n'avait les armes pour lutter avec lui et personne ne le faisait jamais, c'était trop risqué, ça faisait trop mal. « Regarde moi, putain, REGARDE ! » Les manèges avec Malfoy il en avait assez. Il ne supportait pas qu'on conteste son autorité, et ça l'emmerdait vraiment. Il faisait ce qu'il pouvait pour cette famille, qui le récompensait mal, vraiment mal : si c'était pour obtenir ça au bout, autant abandonner. « Qu'est-ce que tu vois, Susanna ? » Un type de quarante-six au visage sombre, dur, la machoire carrée, les traits creusés, taillés à la serpe, un visage qui n'a rien à craindre de la mort parce qu'il est déjà mort. « Tu te rappelles comment j'étais quand tu étais gamine ? » Rien à voir. Bien plus jeune, mieux portant, seuls brillaient encore les yeux d'une lueur sourde. « Cette famille est en train de me tuer. Et vous ne survivez que grâce à moi, sans moi vous ne seriez rien, rien du tout. Je régente vos vies ? Vous êtes incapables de le faire vous mêmes. De quoi tu te plains ? De quoi ? » Il la tenait par les épaules, fermement, presque à lui en faire mal. « C'est moi le salaud ? Et quand Avery te baise, qui est la salope ? Et quand tu ruines la seule proposition de mariage que tu avais, qui est l'imbécile ? »
Il n'épargnait personne, jamais, il ne connaissait que la vérité crue, brutale, impitoyable. Jamais une concession, jamais un pardon. « Cette maison est enfer. Le monde l'est. Le monde veut t'écraser, Susanna, et tu ne peux pas te permettre de le laisser faire. C'est comme ça que marche le monde. Les méchants gagnent et les autres font semblant de ne pas avoir remarqué ce qui se passe, histoire de sauver la face. Alors oui, si tu vas par là, je suis un putain de démon, mais tu sais quoi, ma fille ? Je ne suis pas le seul. Mais ça tu le sais. Je te l'ai appris. Tu la compris grâce à moi. Tu le sais. Le monde voudra toujours ta peau, Susanna, jusqu'au bout. Alors déteste moi si tu veux, mais apprends. Si tu as la rage, personne ne viendra à bout de toi. » Le sang. Il avait le goût du sang dans la bouche, mais il ne chancelait pas. « La rage. Le couteau dans la tête. C'est ça mon héritage. Qu'est-ce qu'il fallait que je fasse ? Que je te couve à vie et te laisser te briser contre eux au premier assaut ? » Le sang dégoulinait de sa bouche, maintenant, mais il n'en tenait plus compte. « C'est ça, la vraie cruauté, Susanna. Ca aurait de te laisser croire que tu pouvais vivre heureuse sans savoir te battre. Si je n'aimais pas, je ne t'aurais pas appris ça. »
Lazarus Carrow avait été un bon fils, mais rarement un bon mari, et jamais réellement un bon père. Peut-être parce qu'il était trop jeune, il ne savait pas. Il adorait sa famille plus que tout, pourtant, et avait rêvé d'y exercer la même influence que son père. Raide, sèche, rigoureuse, mais teintée d'un léger sourire, d'une pointe d'humour sarcastique et de bienveillance. L'âge et l'intelligence avaient atténués les défauts typiquement Carrow chez Eugene, mais chez Lazarus, ils étaient réapparus de plein fouet. Il ne savait pas faire ce qu'avait fait son père. Ni son grand-père. Il se rappelait, bon sang, de tout ça. Le gamin qu'il était, Lazarus Junior, entendait encore son grand-père, Lazarus Senior, dire "Ca va aller, Lazy Boy", et il se sentait tout de suite mieux, car chacun sait que ne pas savoir si on ira mieux, c'est souvent ce qu'il y a de pire quand on ne se sent pas bien. Mais ça, ce n'était pas lui, il ne savait pas faire ça, et encore moins le dire à ses gosses.
Tout ce que la vie avait appris à Carrow, c'est qu'il fallait savoir se débrouiller seul. C'était une question d'instinct. Toujours ouvrir l'oeil. On tournait le dos une seconde, la minute d'après ils vous foutaient la tête dans la casserole et la faisaient bouillir. C'était une chose qu'on apprenait avec le temps. On ne disait pas ça à l'époque de son père. Parce qu'on croyait pouvoir faire de ses gosses des types biens. Tel était l'exemple de Gene Carrow. Enfant, il n’avait pas falsifié ses bulletins de notes, pas imité la signature de son père, pas allégé le porte-monnaie de sa mère. Lycéen, il n’avait pas copié sur son voisin, il ne s’était jamais abstenu de se présenter à ses cours, sachant pertinemment qu’il serait incapable d’inventer la mort de sa grand-mère ou de mimer une angine. A sa première fiancée, il avait annoncé qu’il était puceau au lieu de revendiquer de nombreux exploits sexuels. Ne cherchant pas à tromper son monde, soucieux de précisions et de vérité. Un type bien ou un abruti, un homme droit ou un psychorigide, selon les points de vue.Et puis, il estimait que chacun, même le plus proche, même la personne avec qui on partageait le plus, avait le droit à un territoire inviolable, une zone de sécurité impénétrable. Gene Carrow avait l’esprit démodé des gentlemen.
Mais pas son fils, qui avait réalisé que cet esprit ne vous conduisait qu'à votre propre perte. Lazarus l'avait découvert tout seul et il se sentait floué, trahi, que personne ne le lui aie dit. Puis il avait compris que c'était une partie de l'apprentissage. Pour survivre, il fallait être un enfoiré. Il avait connu la guerre et il avait eu les couilles de faire la révolution, il était un héros, mais eux ? Eux, ils n'avaient ni ni guerre ni révolution à faire. Rien. Pas d'adversaire à combattre, pas de parents à affronter...ou pour de mauvaises raisons. Parce qu'il ne comprenait pas qu'il eut pu générer un raté et une petite bourgeoise psychorigide, franchement. Ce n'était pas possible, non, il n'y croyait pas.
Alors il les secouait. Était-ce de la cruauté de sa part ? Il l’aurait nié. Lazarus le niait de manière véhémente. Cependant, il s’y entendait comme personne pour commettre ces actes apparemment anodins qui sont plus blessants que les agressions les plus explicites – et il s'y entendait très bien dans les agressions les plus explicites aussi, cela dit. Il était fou, qu'elle disait ? Oui, fou, fou, sans doute, mais tellement lucide. Un déchet, oui aussi, mais tellement brillant. « Un salaud, un déchet oui. Mais je sais ce qui se passe autour de moi. » Il savait ce que sa fille valait, bien plus qu'il ne le croyait. Il savait où il allait, où il l'emmenait, il n'était pas fou, ou plutot si, simplement il croyait en ce qu'il disait, parce que c'était la seule chose valable en ce monde, la seule chose dont il avait eu la preuve : pour gagner, il ne faut pas être transpercé par les états d'âmes. «Mets de coté ta rancoeur, petite, je te parle physiquement. On ne vieillit pas comme ça simplement à cause de l'âge. Vous me tuez, au sens propre. » Elle le gifla à la simple mention du nom de Avery. Cela n'eut pour effet que de le faire sourire, de manière terrible, sans pitié. « Alors quoi ? Tu couches avec lui, si tu veux que j’appelle ça comme ça ? Ca revient au même. Tu es ma fille. Que tu le veuilles ou pas, tu es une Carrow. A la rigueur, tout ça n'a pas d'importance, c'est factuel, on s'en fout. Mais tu ne peux pas fuir ton nom. Tu ne pourras le nier éternellement. »
Parce que tôt ou tard, il faudrait qu'elle y vienne. Peut-être qu'elle n'avait pas exactement la même mentalité que lui, mais il l'avait élevé, il en avait fait ce qu'elle était. Si on ne construisait pas en pensant comme ses parents, on se construisait en pensant contre eux. Avait-il réussi son pari ? Oui. Parce qu'elle lui ressemblait au final. Parce que c'était vrai.
« Alors c'est toi, bon Dieu, c'est toi. » Le sang coulait toujours sur son menton. Pour la première fois, il eut la présence d'esprit de l'essuyer. « Je devrais te tuer, tu m'entends, ou trouver quelque chose pour te faire payer ça. Je devrais... » Il avait les mains pleines de sang, il le savait. « Mais cette histoire là n'est pas finie, pas encore. Et tu restes ma fille. » Alors pour la première fois depuis une éternité il la prit dans ses bras. Il se foutait du reste. Tant pis. « Tu te souviens de ce que te chantait ta mère ? Tu sais, cette chanson là...Give you back the dream, and show you now what might have been, if all the tears you cry would fade away...I'll be by your side, when they come to say goodbye, and we will live to fight another day.'Scuse me if I spoke too soon, my eyes have always followed you around the room... » Je te retourne ton rêve, et je te montre maintenant ce qu'il pourrait être, si toutes tes larmes disparaissaient. Je serais de ton coté, quand elle viendront te dire adieu, et nous vivrons pour combattre un autre jour. Excuse moi si j'ai parlé trop vite, mes yeux t'ont toujours suivi autour de la chambre. Il savait qu'il n'avait pas été un bon père, mais il était là. Il l'avait toujours été, en bien ou en mal. « C'est moi qui aie écrit ça. » Il sourit, doucement. Il était différent de d'habitude, et il murmura. « Si tu veux faire quelque chose de ta vie, faut pas attendre, parce que rien ne se passe jamais comme on voudrait...et c'est jamais avec nos parents, de toute façon, putain. »
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