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Si un jour on t’avais dit que tu t’installerais dans ta serre adorée pour y prendre le thé avec Beatrix, tu te serais probablement esclaffée. En fait, tu aurais bien pu en mourir de rire, tellement l’idée t’aurait semblé ridicule. Et pourtant, tu y es, pauvre folle, à superviser l’elfe de maison qui transporte les petits fours et dispose la porcelaine sur la table. Combien de fois as-tu dégusté ton thé ici, avec Nyssandra ou Guenièvre ? Bien souvent, mais jamais l’idée d’y inviter ta demi-sœur, le monstre de foire, ne t’as traversé l’esprit. En fait, jusqu’ici, elle avait toujours été ton ennemie, sinon ta victime, un pion sur ton échiquier, à manipuler ou avec lequel jouer. Puis on l’a fiancé à Constantin et vous y voilà, enfin réunie dans votre haine, dans votre rancœur. Celui-là même qui vous lie ensemble, votre géniteur, a finalement sut se faire détester par sa fille adorée, sa sublime bâtarde. Maintenant, une graine terrible a été semée en elle, une graine qui lui promet un avenir semblable au tien, le développement d’une forêt interne aussi terrible que la tienne, hantée par la rancœur, par la rage, par la destruction : la sienne. Or, à deux, vous serez toujours plus forte. Alors quand Beatrix est venue à toi, quand elle est venue te demander de lui consacrer un moment, tu ne te voyais pas refuser. Pas après les fiançailles, pas après l’attaque du peuple et surtout pas après ta propre confrontation avec ton père. Tu lui as promis une vengeance exemplaire et tu comptes lui prouver que sa fille n’est pas une menteuse, le sang Carrow l’exige, ton sang appelle le sien.

Et pendant que les elfes terminent, tu trottes à travers la serre, effleurant les feuilles des plantes, caressant des pétales du bout des doigts. Avec amour, avec tendresse. Parce que dans cette maison, ce sont eux, tes enfants. Parce que tu les aimes autant que tu affectionnes ta mère. Puis des pas s’approchent et tu aperçois l’ourlet de sa robe, la lumière change dans la serre, plus douce, plus éclatante et tu l’observes, elle la nymphe qui vient de faire son apparition. Douloureusement belle, irréelle à certains égards. Tu soupires alors, mais ravales ta jalousie, ton envie. Non, elle est venue ici en tant que sœur, celle de douleur, celle de rage. Tu dois la traiter avec égard et tu t’approches ainsi d’elle, ne faisant pas même attention au fait que vous avez enfilé, toutes les deux, une robe blanche. En fait, vous formez un drôle de portrait alors que tu t’arrêtes devant elle, te tordant les mains, alors que tu redresses délicatement le menton, aller un petit effort Susanna. Tu inspires puis lui offre un petit sourire, « bonjour Beatrix… J’ai fait préparer un déjeuner… j’espère que tu as faim. » Mais en réalité, cela importe peu, elle le sait tout autant que toi. Vous n’êtes pas là pour échanger des banalités et tu te décides à l’approcher vraiment, à effleurer son bras de ta main droite, pour plonger ton regard dans le sien, curieuse de ce que tu trouveras dans le sien.

Ressent-elle la même chose que toi ? Il y a longtemps, quand tu n’étais encore qu’une enfant, quand tu espérais encore ? Non, elle ne peut pas être aussi naïve et tu lui prends finalement la main, non pas sans te rappeler de ce moment intime échangé avec elle. De sa chambre, de son corps, de sa bouche. Un frisson te parcours et tes doigts te brûlent, alors tu les retires, songe même à les glisser à tes lèvres, pour en effacer le satin de sa peau, mais tu crains le pire, alors que tu les enfonces plutôt dans le tissu de ta robe, ton sourire frémissant. « Mmn, viens. » Oui, il vaut mieux et déjà tu chasses les elfes d’un mouvement vague de la main, rejoignant les sièges débordant de coussin. Tu t’installes près de la théière et commence déjà à remplir les tasses, pour t’occuper les mains, pour te vider l’esprit, pour ne pas penser à cet avant-midi, allongée contre son corps, la bouche ouverte, le corps tremblant. Tu fermes brièvement les yeux, soupires et les ouvre, plus paisible, presque vraiment sereine. « Allons à l’essentiel, d’accord ? Parlons de lui… ton père. Celui que tu aimais si tendrement » ce mot t’écorche presque la bouche, alors que tu lui tends sa tasse, les sourcils déjà légèrement froncé par le dégoût que t’inspires votre géniteur. « Vois-tu enfin les choses de la même manière que moi ? As-tu compris combien il était mauvais ? Lâche ? »
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Dernière édition par Susanna P. Carrow le Mar 9 Juin 2015 - 7:56, édité 1 fois
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Étouffée dans une étrange douceur, dans un doux rêve à l’ego surdimensionné. Comme une paysanne devenue soudainement princesse, rien qu'en fiançant un prince. Tu aurais voulu te battre, te débattre, d'ailleurs tu étais sensé le faire encore, mais il y avait Constantin dans l'équation, que tu appréciais autant que tu détestais. Ça te foutais la trouille, tu poussais à vouloir t'enfuir à tous les soirs par ta fenêtre. Parce qu'il t'avait déjà fait mal et que tu ne voulais pas te brûler encore, au même endroit, avec le même bourreau. Il fallait, quelque part, que le conte de fée cesse, et tu comptais bien sur Susanna pour t'aider, puisque Constantin semblait avoir oublié que vous étiez sensés mettre un terme à vos fiançailles en prouvant que tu ne portais pas sa progéniture dans ton ventre bien trop plat, de toutes façons. Si plat que la robe que tu enfilais retombais sans problèmes, sans obstructions. Constantin venait te voir avant ton départ, proposant même de d'escorter, t'accompagner, mais non. Tu avais besoin d'être seule, seule avec ta soeur. Déposant un baiser presque polie sur la joue de ton fiancé. Pour le calmer, te détacher, t'enfuir en un tourbillon de cheveux blonds.

Tu retrouvais enfin ses terres qui t'avaient vues grandir. Et pourtant, tu te sentais en sol étranger. Avec tristesse, tu réalisais que ce n'était plus chez toi, pas plus que ne l'était le foyer des Crouch. Tu n'étais chez-toi nulle part, mal de vivre. C'est d'un pas rapide que tu te dirige vers l'antre de ta soeur, avant de croiser ton père, avant de croiser ton frère. Ta soeur, de dos, caresses les feuilles de ses plantes avec autant de douceur que ce qu'elle avait bien pu faire de ton propre jardin, faisant pousser d'affreuses fleurs, partout en toi, sur toi. Le souffle court, la nervosité au bout des lèvres. Elle est belle ta soeur, avec sa robe aux même teintes virginales que la tienne. Seulement, elle ne sait pas qu'elle est belle. Un petit sourire plus tard, après avoir chassé ton regard de ses lèvres, à faire semblant que tout est normal, elle te salut cordialement. « bonjour Beatrix… J’ai fait préparer un déjeuner… j’espère que tu as faim. » En fait pas vraiment. Parce que chez les Crouch on mange à des heures fixes et souvent, on mange trop, on te fait trop mangé, convaincue que, tu porte déjà la progéniture qui t'as cloîtrée dans ce mariage. Elle s'approche de toi, effleurant ton bras avec sa main, comme si t'étais l'une de ses plantes. Est-ce que c'est ça, sa magie ? C'est ça qu'elle fait aux plantes, leur donne la sale impression que ses doigts brûlent douloureusement, agréablement. Rage, retenue, envie de s'échapper. Aussi dorée soit ta cage, elle n'en reste pas moins une.

Sa main attrape la tienne dans un frisson qui n'aurait jamais dû te secouer, elle non plus. Relâchant presque brusquement la pression sur ta main. Ta salive semble s'être solidifié dans ta bouche alors que tu as oublié comment respirer. « Mmn, viens. » Tu la suis donc, pour dissiper toute cette tension, en profitant pour reprendre l'air que tu as perdue, qu'elle t'as fait perdre. Tu prend place alors qu'elle sert le thé. Observant chacun de ses mouvements, damnée par une matinée où la torture avait été cruelle, bien, bien plus cruelle qu'elle n'aurait dû l'être. « Allons à l’essentiel, d’accord ? Parlons de lui… ton père. Celui que tu aimais si tendrement » L'acide te monte à la gorge. Lui. Tu voudrais bien le tuer, mais ce serait trop facile, une putain de délivrance, il méritait mieux, pire. Te tendant ta tasse que tu prend, poison dedans ou non. Que peut-il y avoir de bien pire que ta situation actuelle ? Beaucoup disent que tu n'es pas à plaindre, mais tu n'es pas bien, tu ne veut pas être bien avec un choix qui n'as pas été le tien. Gamine. Enfant pourrie gâtée, tant pis. « Vois-tu enfin les choses de la même manière que moi ? As-tu compris combien il était mauvais ? Lâche ? » Tu hoches doucement de la tête, serrant probablement trop férocement ta tasses dans ta main. L'une de tes mains quittent pourtant la tasse, pour attraper l'une des siennes.

« Je suis désolée. J'aurais dû voir avant, avant qu'il ne soit trop tard. » Tes dents se serrent ensemble, si férocement que ton sourire tordu de dégoût pourrait se casser. Tu serres probablement trop sa main, parce que depuis vos fiançailles, tu n'avais pas pu te vider le coeur, en parler à qui que ce soit d'autre que Constantin lui-même. Tu relâchais la pression sur sa main, sans pour autant lâcher complètement celle-ci. T'approchant doucement d'elle pour une confidence. « Tu ne peux même pas imaginer toutes les nuits où je rêves que je le tues. » Ton regard trop sérieux, tes paroles maudites sorties d'une bouche d'ange, et pourtant, elles n'en étaient pas moins vraies.
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Tu n’es pas réellement prête. Voilà ce que tu n’arrêtes pas de te dire alors qu’elle s’installe en face de toi, qu’elle attrape la tasse que tu lui tends, qu’elle respire avec cette grâce qu’elle seule possède. Tu n’étais pas vraiment prête à la revoir, à respirer le même air qu’elle. Si tu n’approuves assurément pas le choix de ton père, si tu ne cautionnes pas les fiançailles que l’on a imposées à ton cousin et cette presque sœur, tu ne peux pas nier que l’absence de cette dernière, au sein du manoir, ne te soulage pas. Depuis que tu n’as pas à craindre de la croiser, tu as cessé de t’inquiéter au sujet de ce moment partagé, de cette intimité que vous avez développé bien malgré vous. Tu ne pensais pas que ta tentative de persuasion vous mènerait jusque-là, mais il t’est impossible de l’oublier. Pour elle aussi, n’est-ce pas ? Oui, elle a cette même nervosité dans les gestes, et pourtant elle ose te toucher, sa main se plaquant sur la tienne. Tu sursautes presque, ta tasse hésites à vaciller, mais tu tiens bon et tu la dévisages. « Je suis désolée. J'aurais dû voir avant, avant qu'il ne soit trop tard. » Enfin elle le disait, enfin elle le pensait ! Tu avais haïs Lazarus, seule avec ta mère, depuis tant d’année que tu n’osais pas encore croire qu’enfin, vous n’étiez plus seules. Enfin quelqu’un qui l’aimait et qu’il osait prétendre aimer en retour, se secouait. Elle voyait dorénavant ses tares, ses défauts, toute la noirceur de son âme. Jamais votre géniteur n’aura eu de pitié pour vous, son affection, pour toi comme pour elle, n’était jamais qu’un leurre. Tu as été rapidement déçue, tu avais eu toute une vie pour te rebâtir, pour utiliser cette trahison comme un moteur guidant ta destinée, mais pas elle. Pas Beatrix et quelque part, tu te sentais enfin proche d’elle. Vous étiez devenue sœur ce jour-là, pas de par cette mascarade qui sous-entendait qu’elle serait une Crouch, non tu ne les laisserais pas faire, mais bien à travers cette haine commune.

Vous n’êtes plus des ennemies, plus même des rivales. En fait c’est probablement ce qui te trouble le plus, alors qu’elle desserre doucement sa prise sur ta main et qu’elle s’approche, pour venir s’assoir près de toi, mais tu ne la déteste plus. Cette vieille rancœur, cette haine qu’on t’a appris à ressentir pour elle, c’en est allé. Il n’y a pourtant là rien de réjouissant, tu devrais te méfier, tu devrais te secouer, revenir sur terre comme dirait ta mère. Mais tu ne le fais pas, non. Tu la laisses approcher, tu prends même plaisir, du réconfort presque, à sentir sa cuisse se presser doucement contre la tienne alors qu’elle pousse plus loin ses confidences, douce et dangereuse enfant : « Tu ne peux même pas imaginer toutes les nuits où je rêves que je le tues. » C’est plus fort que toi, un petit sourire presque tendre, étire délicatement tes lèvres. Oui, Beatrix à enfin compris. Elle vit enfin la même situation que toi. Ta main se retourne alors lentement sous la sienne et tes doigts filent entre les siens alors que tu t’approches un peu à ton tour, conspiratrice. « Oh oui, je le peux, petite sœur. Je ne caresse d’ailleurs pas un plus beau rêve que celui-là. Je rêve que je l’achève, tous les soirs, de toutes les nuits, depuis la fin de mon enfance. » Et de tant de façon, avec tant d’outil différent, dans des situations tout aussi nombreuses. Tu fantasmes la mort du vieil homme avec bien trop de plaisir, que parfois tu te demandes si toute cette haine n’aura pas raison de toi. Mais aujourd’hui, tu sais que tu ne seras pas la seule, que maintenant tu as une sœur. Pour t’aider à le glisser dans sa tombe, pour y plonger avec toi, si elle daignait te trahir.

Tu poses doucement ta tasse sur la table, puis pivotes légèrement vers elle, plissant les yeux, alors que ta main se réchauffe doucement contre la sienne. Que des fragments de cette fameuse matinée te reviennent encore, sa bouche entrouverte, son corps cambré, son gémissement. Ses cris. Tu rougis un peu, cherche à retrouver ton calme, à ne pas laisser s’égarer ton esprit et pose ta seconde main sur les deux vôtres. « Et à nous deux, nous pourrions avoir raison de lui, petite sœur. » Tes yeux scintillent comme jamais, mu par l’excitation, de par sa proximité, mais aussi à cause de ce fameux fantasme. Celui du corps froid de Lazarus. Celui du corps de braise de Beatrix. Peut-être même des deux. Elle est ta petite sœur, tu insistes, mais quelque part, ton regard s’égare tout de même sur ses lèvres. Morgana qu’elle est belle, désirable même, le mal incarné, une rose pleine d’épine. Vous n’avez rien en commun, sinon cette haine, ce père, cette force que tu pourrais lui léguer, pour peu qu’elle fasse ses preuves. Et le bout de tes doigts s’écartent jusque contre ton poignet, ta main se meurt de ne pas pouvoir grimper, de ne pas pouvoir la goûter davantage. Mais si toi, tu ne sais pas réellement lui résister, comment Constantin le pourrait-il ? Ce qui te force à sourire un peu et à la relâcher, à contre cœur, pour l’encourager à boire. « Mais bois, je t’en prie. Je m’emporte un peu… seulement je ne croyais pas que je serais aussi soulagé d’avoir une compagne dans mon malheur… dans ma haine. » Tu veux qu’elle boit, qu’elle n’en laisse rien et qu’elle ne se doute de rien. Qu’elle ne sache pas que dans ce fameux thé sucré, se dissimule de quoi tuer la possible descendance des Crouch. Constantin n’a pas à savoir, il ne comprendrait pas, pas s’il a déjà cédé aux charmes de Beatrix, ce dont tu te doutes. Tu essais de l’aider et elle aussi, à travers tes actes. Pour qu’elle revienne, maintenant qu’elle haït aussi Lazarus ? Peut-être. Mais pas pour te glisser dans son lit, non. Même si ce serait facile. Hors de question. Alors tu bois aussi, abandonnant ses mains, pour retrouver tes esprits, pour cesser de songer à la couleur de sa peau, à son expression grandiose une fois emportée par le plaisir.
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Ton aveux est criminel, au sens propre du terme. Elle pourrait même prendre ses mots pour le retourner contre toi à la moindre occasion. Pourtant tu ne les  penses pas moins, du plus profond de ton coeur enragé. Son sourire tendre, complice, soeur, te promet qu'elle comprend tout à ta faite ta peine, ta rage. Tes yeux la supplie pourtant de t'aider à faire ce qu'elle a eut le courage de faire à ses propres fiançailles, s'en sortir, à coups de griffes, de dents et de poison. Sa main retrouve la tienne, ses doigts joignant les tiens, alors que tu souris, que ça te soulage, quelque part, te vide l'esprit de toutes tes préoccupations, tout ce poids qui pèse sur tes frêles épaules, constamment. « Oh oui, je le peux, petite sœur. Je ne caresse d’ailleurs pas un plus beau rêve que celui-là. Je rêve que je l’achève, tous les soirs, de toutes les nuits, depuis la fin de mon enfance. » Un sujet affreux, qui ne t'en tire pas moins un regard complice. Deux parties de toi se déchirent, l'une tentant d'étouffer l'autre. La vélane, qui sait qu'elle n'arrivera jamais à tuer à un être qui plus est lui a donner la vie et la Carrow, qui aiguise déjà ses armes, concocte son poison le plus fin.

Pourtant, les manigances s'arrêtent là. Tu n'as pas la moindre idée de comment tu veux t'y prendre. Comment tu peux bien t'y prendre, du fond du manoir de Crouch. Ta soeur pose alors sa tasse sur la table basse, se retournant vers toi, les yeux plissés, sa main toujours dans la tienne. Chaude, rassurante. Comme son corps avait pu l'être, sa bouche, ses cuisses. La chaleur irradie de ta main et remonte jusque dans son bras, ta poitrine, ton visage, glisse doucement dans ton ventre creux. Son autre main vient rejoindre la tienne, comme si ça pouvait apaiser quoi que ce soit, te sauver de cette masse creuse et confortante dans laquelle tu t'enfonce, pas moins dangereuse pourtant. « Et à nous deux, nous pourrions avoir raison de lui, petite sœur. » Ses yeux brillent, comme si on parlait de ce cadeau d'anniversaire qu'elle désire depuis trop longtemps. Tu sais que c'est une solution à ton problème, autre que de tuer Constantin, ce à quoi tu ne pourrais jamais te résoudre. Tu veux l'aider, quelque part, mais tu n'en est pas moins effrayée. L'espace est immense entre le fantasme et le passage à l'acte. Tu ne sens pourtant pas moins son regard sur tes lèvres, aussi férocement tentes-tu de te concentrer. Aspirée, charmée, tu passes doucement ta langue sur celle-ci, ce qui n'aide sans doutes pas la situation, ton propre regard venant retrouver la bouche de ta demie-soeur. Ses doigts remontant sur ton poignet, réduisant doucement ton souffle déjà saccadé par ta nervosité, ta retenue. Elle te relâche enfin, doucement, cessant la torture, souriant doucement.

Juste à temps, parce que c'était une questions de minutes avant que, tu t'appropries ses lèvres, envoyant balader tout le reste.  « Mais bois, je t’en prie. Je m’emporte un peu… seulement je ne croyais pas que je serais aussi soulagé d’avoir une compagne dans mon malheur… dans ma haine. » Tu souris doucement, prenant ta tasse alors qu'elle boit doucement. Tant pis si elle réussis à t'empoisonner. Il n'y a pas pire poison que celui qu'elle a coulé dans tes veines ce fameux matin, au creux de ta chambre. Celui que te fais accepter de boire tous les autres. Te tuer, présentement, ne lui apportera rien. N'as-t-elle pas besoin de toi, en vie et entière ? Quelque part, tu aimes aussi croire qu'elle tient trop à toi, désormais, pour t'empoisonner. Un peu comme tu avais pu faire avec elle, l'empoisonnant pour mieux lui faire avaler l'antidote, la sauver, quelque part, trouver son amour, même si tu n'avais eut que sa haine. Sans plus attendre, tu plonges tes lèvres dans le liquide qui se trouve dans ta tasse, aspirant doucement, laissant couler le liquide chaud le long de ta gorge. Fermant doucement tes yeux avant de les ouvrir de nouveau.

« Mhmm... De la lavande. C'est celle que tu as fait pousser ? Tu sais, j'ai toujours été jalousie de ton talent, ta patience avec les plantes. » Lui avoues-tu avec un sourire en coin, ne pouvant t'empêcher de la revoir, quand tu l'observais en cachette, s'occuper de ses plantes, plonger ses doigts nus dans la tête, ses cheveux en bataille, caressant les feuilles et les pétales pendant que ton estomac devient un parc d'attraction plein de noeud. Il y a longtemps que tu n'as pas vu Susanna et quelque part, tu étais en manque d'elle, de ses grands yeux bruns, les tiens devenus identiques par la faute de ta belle-mère, sa mère. Tu prend une autre gorgée, puis repose doucement ta tasse sur la table. Tu prend la peine de regarder autour de vous, de baisser la voix pour parler. « Comment on s'y prend alors ? Si on arrive à le tuer, ça me sortira sans aucuns doutes de ce mariage arrangé... » Les mots se bloquent quelque peu dans ta gorge, un aveux que tu n'es pas prête à lui faire, mais pourtant, ça te brûle la langue. À qui d'autre le confieras-tu ? Certainement pas au principal intéressé. « Constantin est adorable, mais le simple fait qu'il nous a piégé dans cet arragement, ça me donne envie de vomir. Il est temps que Lazarus paie ses dettes. » Envie de le tuer, de t'enfuir, le faire payer pour toute cette manipulation. Celle que tu as cru être de l'amour vraie, pure, pendant toutes ses années, au matin même de la trahison.
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Maintenant que l’excitation est passée, tu taches de repousser tout ce qui ne concerne pas les plans à venir, pour éliminer votre géniteur, de ton esprit. Tu rejettes l’attrait qu’à sa peau clair sur toi, ses cheveux soyeux, le renflement délicat de sa poitrine ou même la courbe gracile de ses reins. Oh non, tu dois voir au-delà. Tu dois te concentrer et tu le fais, la lavande s’écoulant lentement jusque dans ton estomac. Douces vagues ballotant dans ton ventre creux, remettant tes pensées en place. Allant jusqu’à t’arracher un petit sourire presque bienveillant. Maintenant que vous avez un ennemi commun, il te semble bien plus difficile de considérer Beatrix comme une ennemie. Au final, le véritable monstre ce n’est pas tant elle, que celui qui l’a fait, n’est-ce pas ? Toute cette haine que tu lui as toujours vouée, n’était évidemment pas en vain. Tu n’oublieras jamais sa tentative d’empoisonnement, cette attaque insensé, toi qui l’avais toujours laissé vivre en paix. Mais aujourd’hui, tout ça est derrière vous. La méfiance règne toujours en toi, jamais elle ne te lâchera la main, mais elle te permet d’espérer une alliance avec Beatrix. À défaut d’être amie, vous pourriez devenir sœur, deux Carrow unies contre leur patriarche, un être dépassé, cruel mais appartenant au passé. Celui que vous comptez créer. Mais pour ça, il faut t’assurer que cette chère Beatrix ne t’abandonne pas en chemin. Parce que voilà, la méfiance chuchote toujours à ton oreille, la prudence penchée sur son épaule. Qui te dit que la fille ne se joue pas de toi, pour le compte de son père ? Constantin. La trahison de Lazarus en la promettant à Constantin. Il y a pourtant pire destin, mais ça, vous ne voulez pas le savoir, ni toi, ni elle. Tant pis. Tant mieux.

« Mhmm... De la lavande. C'est celle que tu as fait pousser ? Tu sais, j'ai toujours été jalousie de ton talent, ta patience avec les plantes. » Sa remarque te surprends évidemment, fait s’ouvrir tout grand tes yeux, au-dessus de ta tasse. Beatrix, jalouse de toi ? Tu ne sais pas quoi en penser. Si tu dois être flattée ou supposer qu’elle se moque de toi. Comme par le passé. Après tout, la demi-vélane a toujours eu des talents similaires aux tiens, non ? Bon d’accord, les plantes te préfèrent, elles poussent plus avec toi, plus grandes, plus fortes, elles donnent plus de fruits, elles ont de plus grandes feuilles, mais ce n’est rien comparé à la beauté légendaire de Beatrix. Pas pour les autres du moins. Pas pour toi, à un certain âge. Mais tout ça, c’est du passé, alors tu souris un peu, encore surprise. « Mmn, oui c’est celle que je fais pousser et… merci ? » Pas de fausses modesties avec toi, parce que ça ne sert à rien. Parce que oui, tu es bel et bien patiente avec tes plantes. Après, est-ce un talent ? Tu ne sais pas. Peut-être que oui. Mais bientôt vous entrez dans le vif du sujet et déjà, ton regard coule dans le sien. Regard de chocolat onctueux. Dangereux. « Comment on s'y prend alors ? Si on arrive à le tuer, ça me sortira sans aucuns doutes de ce mariage arrangé... » Tu adores entendre ce verbe dans sa bouche, en fait, tu frémis presque de plaisir. Tuer. Oh oui, vous allez tuer ensemble, ce sera une délicieuse activité, presque autant que cette matinée partagée. Tu as pourtant ta petite idée du comment. Après tout, tu prépares la fin de ton géniteur depuis déjà quelques années, en douce, dans l’ombre. Mais maintenant que tu as une partenaire, tu pourras faire mieux. Faire plus grand. Plus fabuleux. Une fin bien orchestrée. Plus douloureuse encore pour Lazarus, lui qui croit vous aimez à sa façon, lui qui ne t’a jamais soupçonné d’être à l’origine de son empoisonnement. Bien fait pour lui.

Alors tu t’approches un peu plus d’elle, un sourire adorable aux lèvres. Oh douce Susanna, si seulement tu étais aussi agréable que ta sœur à regarder, à côtoyer. Si seulement tu souriais davantage, mais non. Sauf que ta sœur reprend la parole, adorable enfant, innocente et à la fois coupable de tout. De sa beauté. De son malheur. D’être le centre de l’intérêt malsain des uns et des autres. Y compris le tien. « Constantin est adorable, mais le simple fait qu'il nous a piégé dans cet arrangement, ça me donne envie de vomir. Il est temps que Lazarus paie ses dettes. » Évidemment que ton cousin est adorable et déjà tu acquiesces. À tes yeux, il est bien plus qu’un cousin, c’est un frère et tu lui voue un amour aussi pure que le jour. Cela dit, tu comprends la motivation de Beatrix, toi aussi, tu as un jour été coincé avec un inconnu dont tu ne voulais pas. Être forcé n’a rien d’agréable, quoi que si tu avais reçu ne serait-ce que la moitié de l’affection que Lazarus a porté à sa chère fille, au cours de sa vie, tu sais que tu te serais docilement incliné. Le destin d’une fille Carrow est d’épouser celui que son père lui choisira, d’obéir et de rester fidèle aux siens. Mais au fond, ni l’une, ni l’autre, vous n’êtes réellement des Carrow. « Ne t’inquiète pas, Lazarus à plus que mérité le châtiment que je lui réserve. Que nous lui ferons subir. Il doit comprendre que les règles ont changées. Nous ne sommes pas des pions qu’il peut manier à sa guise. Le sang qui coule dans nos veines n’a rien d’une muselière. Il va amèrement regretter ses choix. »

Tu reposes ta tasse et ta main retrouve, comme par magie, l’avant-bras de ta demi-sœur. Tu ne devrais pas autant la toucher. C’est malsain. C’est mauvais. Pour toi, comme pour elle. Sauf que tu veux t’assurer qu’elle comprenne réellement, que son intérêt soit du même côté de toi et pour cela, il faut que le charme opère. Elle sur toi, ou toi sur elle ? Dans les deux sens peut-être. Ta main libre redresse ta baguette, alors que tu souffles tout bas un « insonorus » afin que votre conversation reste secrète, afin que personne d’autres ne le sachent. Même si en réalité, dorénavant il n’y a qu’Ulysse et Beatrix pour ne pas savoir la vérité au sujet de la « maladie » de ton père. « Tu dois savoir que Lazarus souffre depuis déjà quelques années d’étranges maux. Évidemment, ça n’a rien à voir avec une quelconque malédiction ou une quelconque jalousie d’un autre membre du gouvernement. Ce n’est que moi. » Encore une fois, tu exclus ta mère de ton projet, de tes actes. Tu es la seule coupable, le maitre qui a tout orchestré. Et là, devant Beatrix, tu souris avec douceur, comme si tu étais innocente, ta main serrant la sienne. Gentiment. Presque avec tendresse. « Je l’empoisonne à tous les jours… à petite dose. Pour que sa chute soit douloureuse. Pour qu’il souffre le plus possible. Mais à deux, nous pourrions faire mieux. Ce serait beaucoup plus facile d’écarter ton frère, de l’isoler puis de l’encercler et de le paralyser, pour lui faire subir tout ce dont nos cœurs peuvent avoir envie. » Tu l’imagines déjà, immobile sur une chaise, incapable de lever le petit doigt, alors qu’avec Beatrix, vous le torturer. Un frisson de plaisir te parcours, un frémissement qui bientôt trouve écho dans sa peau, dans ta prise sur sa main, qui remonte contre son avant-bras. Ton corps se penche un peu plus près du sien, ne laissant plus que le bout de tes fesses pour te soutenir sur ton siège. Ton souffle s’écrase contre les lèvres de Beatrix.

Tu es trop près et elle, elle est bien trop belle. À la lumière du jour, le matin la faisant rayonner de jeunesse, de pureté. Sale diablesse. Le feu vit en elle, ondule dans son regard, quand tu daignes enfin redresser tes iris. Tes mots meurent sur tes lèvres, quand tu captes ce bout de langue qui effleure les siennes. Elle ne devrait pas faire ça, pas quand tu es aussi près. Pas quand tu pourrais la tirer plus près, pas quand elle peut presque presser son front au tien. Si seulement elle s’avançait. Mais ta main continue sur son bras et tu réalises que tu retiens ton souffle. Alors tu soupires, trop fort. Trop près. Comment les hommes font-ils ? Tu ne sais pas, mais tu te sens au bord du précipice, un pied dans le vide quand elle s’approche à son tour, quand le bout de vos nez s’effleurent. Terrible enfant que voilà. Diablesse. Si tu es Poison Ivy, elle est la plus jolie fleure vénéneuse que tu connais. « Je lui ai tout avoué… il y a quelques jours » que tu arrives à souffler tout bas. À bout de souffle. À bout de tout. Y compris de ta retenue. Ta main abandonne finalement ta baguette près de toi, sur le siège à tes côtés, pour ensuite trouver le visage de Beatrix. Tu ne devrais pas, mais c’est plus fort que toi, tes doigts glissent contre l’ovale de son visage, ton pouce s’égare sur sa lèvre inférieure. Délicate chose, si semblable à un pétale. Encore un peu plus quand ses lèvres s’écartent, sous ta caresse. « Je lui ai dit que je l’empoisonnais… que je le tuerais. » Tu t’essouffles, pauvre Susanna, tu te meurs. D’envie. De goûter le fruit défendu. Une fois de plus. Une fois de trop. « Je n’ose pas même imaginer sa réaction, s’il nous découvrait, toutes les deux, devant lui… au moment de son trépas. Quelle terrible image ce serait… combien ce serait douloureux pour lui. Éliminer par ses deux filles… l’une délaissée, l’autre trop couvée… quelle ironie ce serait, n’est-ce pas ? » Mais la réponse ne t’intéresse pas vraiment, puisque tes lèvres effleurent délicatement les siennes. C’est plus fort que toi, ton corps ne t’obéis plus. Plus vraiment. Tes lèvres coulent sur les siennes, la taquinent pour commencer, mais c’est sans compter sur vos appétits respectifs. Sur cette main qui abandonne son gracile visage, pour plutôt glisser dans ses cheveux, alors que vos bouches se rencontrent, que vos langues s’écrasent l’une à l’autre. Qu’as-tu fais Susanna ? Quel démon as-tu réveillé ? Tu ne sais plus, trop occupée à embrasser le mal, à te détruire à petite feu, à te souiller un peu plus dans cette bouche trop délicieuse.
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Tu as toujours envié ta soeur. Ses doigts fragile caressant les pétales, sa dureté, sa relation avec Marcus. Tu as toujours voulu avoir ce qu'elle avait et, tu as même parfois osé le prendre, lui arrachant comme la petite fille vicieuse que tu avais toujours été, envieuse, pécheresse. Elle sourit, ton regard se perdant de nouveau sur ses lèvres, celles qui t’obséderont pour toujours. « Mmn, oui c’est celle que je fais pousser et… merci ? » Tu lui adresses un tendre sourire, glissant une main libre dans ta chevelure que tu ramènes devant ta poitrine. Vient enfin le moment de parler de plan, de mort, celle que tu souhaite depuis déjà trop longtemps. Elle s'approche de toi, réduisant l'apport en air qui peut pénétrer dans tes poumons. Constantin et mignon, mais sa cousine est à couper le souffle. Quelque chose de sensuel ornant le moindre de ses mouvements. Sensuel et pourtant étouffé, mais pas moins délectable.  « Ne t’inquiète pas, Lazarus à plus que mérité le châtiment que je lui réserve. Que nous lui ferons subir. Il doit comprendre que les règles ont changées. Nous ne sommes pas des pions qu’il peut manier à sa guise. Le sang qui coule dans nos veines n’a rien d’une muselière. Il va amèrement regretter ses choix. » Tu souris, avec quelque chose de malsain, avec quelque chose de cruel. N'était-ce pas ce que vous aviez toujours été, de cruelle gamine, luttant contre leur nature pour la bienséance. Luttant entre tes envies de tortures et ta nature de vélane te poussant à sauver les créatures. Lorsque tu regarderais ton père agoniser, pourtant, tu ne le guérirais pas. Tu le regarderais quitter cette vie en lui faisant regretter chaque seconde sa trahison envers toi, comment il avait osé t'utiliser depuis des années, comme une jolie arme, œuvre d'art pour charmer les foules et le faire grimper d'estale. La main de Susanna repose sa tasse, retrouve ton bras, une étincelle sur ta peau qui allume un brasier, plus grand que toi, plus grand que vous. Tes yeux de vélanes posés sur elle, le charme enclenché sans même que tu ne le force. Un coup de baguette vous plongeant dans une bulle rien qu'à vous, où personne ne vous entend. « insonorus » Vous auriez dû vous rendre invisible, aussi, vous enfuir au creux d'une chambre, comme avant. Tu tentes de te concentrer, mais elle rend le tout insurmontable. « Tu dois savoir que Lazarus souffre depuis déjà quelques années d’étranges maux. Évidemment, ça n’a rien à voir avec une quelconque malédiction ou une quelconque jalousie d’un autre membre du gouvernement. Ce n’est que moi. » Un grand sourire étirant tes lèvres, avec la même douceur que le sien, sa main contre toi, adorable petit poison que tu glisserais tout autant dans te propres veines, si ça lui plaisait. « Je l’empoisonne à tous les jours… à petite dose. Pour que sa chute soit douloureuse. Pour qu’il souffre le plus possible. Mais à deux, nous pourrions faire mieux. Ce serait beaucoup plus facile d’écarter ton frère, de l’isoler puis de l’encercler et de le paralyser, pour lui faire subir tout ce dont nos cœurs peuvent avoir envie. » Ton frère. Ça t’horripile. Ton frère. Celui qui a tourné les talons, qui t'as laissé là. Celui qui n’a pas tenté de te sauver, t'abandonnant à ton sort. Ton frère, ça sonne comme une insulte et pourtant, tu es prête à jouer la comédie, jouer de tes charmes, pour arriver à vos fins, votre fin, appétit vorace. Susanna s'approche encore, te rendant gaga alors même que tu es déjà vendue au projet. Son souffle venant se fracasser contre ta bouche, ce rocher qui ne chercher qu'à se faire dévorer par la mer.

Cette proximité te fait tourner la tête, ton sang circulant trop rapidement à l'intérieur de toi, rosant tes joues, ta poitrine. Tu meurs, tu la veux, toujours, ça ne passera jamais. C'est ce poison qu'elle a glissé en toi, qui te tue, toi aussi, à petit feu, s'appropriant ta raison. Tu ne peux pas rester sage, tu t'approches, toi aussi. C'est bien plus qu'une confidence qu'elle te fait. « Je lui ai tout avoué… il y a quelques jours »  Tu cherches la concentration, mais elle se perd. Entre ses mains qui glissent sur ton visage, entre ses lèvres qui formulent les paroles. Il sait. Ses doigts courent sur ta bouche. Il sait qu'il se meurt. Il ne sait pas pourtant comment elle t’assassine aussi, de ses caresses sur tes lèvres. À se demande si, elle aussi, n'est pas née d'une union avec une succube. « Je lui ai dit que je l’empoisonnais… que je le tuerais. » Il sait qu'elle vas le tuer, il va sans doutes lutter, tenter de la tuer aussi. Faire pire. Elle n'aurait pas dû. Susanna est en danger, quelque chose va lui arriver, tu le sais, elle n'aurait pas dû le dire. Peux-tu la sauver ? Non. Tu peux simplement continuer son œuvre en silence, tu peux simplement l'embrasser jusqu'à vos morts à toutes les deux, vidées de souffles. « Je n’ose pas même imaginer sa réaction, s’il nous découvrait, toutes les deux, devant lui… au moment de son trépas. Quelle terrible image ce serait… combien ce serait douloureux pour lui. Éliminer par ses deux filles… l’une délaissée, l’autre trop couvée… quelle ironie ce serait, n’est-ce pas ? » Et s'il vous voyait maintenant, plus près que jamais l'une de l'autre. Peut-être qu'il s'en doutait déjà, peut-être qu'il savait, que c'était la raison pour laquelle il vous avait séparées toutes les deux. Oh, au moment de sa mort, de son dernier souffle, tu l'embrasserais devant lui, tu le prendrais, sur le sol, sur son corps glacé, écrasé par vos macabres passions. Ses lèvres frôlent les tiennes, puis y fondent, agaces, sa main glissant dans ta chevelure interminable. Les deux océans se rencontrant en fracas. La laissant couler en toi, la laissant entrer, profondément, en toi. Ta langue dansant avec la tienne. Tu ne savais plus si tu pouvais encore être celle que tu avais été, t'y tenir. S'embobinant autour de toi, de ta gorge, de tes poumons qui ne connaissaient plus l'air, les laissant mourir, c'était tout à elle. Ce n'était pas ce pour quoi tu étais venue, pas plus que ce pour quoi elle s'était glissée dans ta chambre, une matinée, une nuit. Elle avait pris tellement plus que ce qu'elle pensait, tellement plus que tu ne pouvais te le permettre, tellement plus que tu ne pouvais lui donner. Emplissant le trou béant de ta poitrine, simplement pour mieux le vider lorsqu'elle partait. Tu voulais qu'elle te tienne, qu'elle te garde prêt, assez pour vous tuer toutes les deux, qu'elle t’apprenne à tuer, à ramper sur le sol, pour elle. Tes mains retrouvant ses cuisses, remontant, froissant sa robe. Ta bouche perdue contre son cœur, t'essoufflant, jusqu'à t'en foutre que sa propre mère vous surprenne. La basculant doucement, affamée, de trop avoir manqué d'elle, de son corps, celui que tu avais décidé de faire tien, dans le plus grand des pêchés. Collant vos ventres, vos amas de robes virginales. Ton autre main glissant sur son épaule, la découvrant, glissant vers sa poitrine. Tu ne savais plus t'arrêter, tu ne voulais plus t'arrêter. Seule personne pour laquelle tu ne craignais aucuns sentiments, vous tirant également vers le bas, vers les abîmes, l'enfer qui avait des places rien que pour vous.
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Tu fais n’importe quoi Susanna, tu le sais. Tu le sens. Mais tu n’as plus de prise sur le présent, tu ne contrôles plus rien. Sinon cette langue, qui se meurt loin de la sienne. Sinon tes mains, l’une s’enfonçant dans la mer de cheveux brun clair, trop clair, l’autre glissant contre son genou, courbe parfaite et pleine de promesse. Sinon tes lèvres, qui massent les siennes, qui s’enfoncent plus fort contre sa chaire délicieuse, dans sa bouche enivrante. Voilà à quoi doit ressembler la damnation, l’enfer, le paradis. Tu n’es plus dans ton jardin, tu es en Eden, dans le premier jardin. Et ici, il n’y a pas d’Adam, pas de traitre, pas de salaud. Eve et Lilith sont réunis, plus fortes, plus puissantes, mais entièrement absorbées par l’autre. C’est pire quand sa main se perd contre tes cuisses, quand elle froisse ta robe, l’écartant. La raison te souffle de repousser cette main, de ne pas la laisser ramper sur toi, de ne pas lui permettre de jouer le serpent, éternelle tentation. Et pourtant, l’envie surpasse tout le reste, alors tu bats des cils et baisse les yeux sur cette main qui te dénude les jambes, pire, tu écartes lentement les cuisses. Qui est le serpent ? Elle ou toi ? Qu’importe, vous irez en enfer ensemble, tes doigts l’attirant plus près, te soulevant avec elle. Vos corps se trouvent, s’emboitent même, et ce, avec une perfection qui te coupe le souffle, qui te creuse le ventre. Elle se déverse aussitôt en toi, elle comble le vide, son eau chaude t’arrachement un gémissement, un miaulement. Il t’en faut plus, il t’en faut tant Susanna. On t’a trop rejeté, bien trop mal aimé, pour que tu puisses t’en passer. Le sang de vélane te fait tourner la tête, il te fait aspirer l’air dans un râle typiquement féminin alors qu’elle te déshabille, alors qu’elle t’arrache ta robe en même temps que tes réticences.

Tu contemple, un instant, ses lèvres courir contre ta poitrine, te dérodé la pointe d’un sein, t’arracher un autre frémissement, qui te secoue jusque dans l’âme. Assez, c’est mal. Mais tout ce que vous faites est inspiré d’une envie toute innocente, d’un besoin bien trop pure pour être mauvais. Non ? Qui est Lilith, qui est Ève ? Aucunes. Les deux. Déguisées, tes doigts tirant sur le bas de sa robe, la lui écartant des jambes, pour glisser une main entre ses cuisses. Pour trouver le fruit défendu. Y goûter encore une fois. Ce n’est pourtant pas le savoir qui se dissimule en Beatrix, elle n’a que du feu, l’enfer et toutes les diablesses, qui y vivent. Et pourtant, tu te consumes déjà, tu rêves d’enfoncer les doigts dans son feu et ta bouche retrouve la sienne avec quelque chose d’avide. On pourrait vous voir. Ce n’est pas sage. Ce n’est pas bien, mais plutôt que de chercher ta baguette, il doit bien y avoir une formule magique apte à vous sauver la mise, à toutes les deux, tu enfonces doucement tes doigts contre elle. Tu entrouvres la bouche sous la brûlure du monde qu’elle te dissimule, tu bats des cils et là, ton désir trouve le sien. Ton regard plonge dans le sien, alors que vos langues se rejoignent, que vos lèvres jouent ensemble. Ton épaule roule, se libère de la lanière de tissu et le haut de ta robe libère le haut de ton corps. Tu veux qu’elle te regarde, tu veux qu’elle te désire, à en avoir mal. Parce que personne ne t’as jamais regardé comme ça. Pas même Marcus. C’est même toi, de ta main libre, relâchant ses cheveux, qui tire ta robe vers le bas, qui accepte d’être à moitié nue devant elle.

Tu es Ève. Insouciante petite chose ne craignant pas le regard de l’autre. Tu t’offres là, dans le premier jardin. La verdure met de l’avant la pâleur de ta peau, flatte la teinte riche de tes cheveux et quand tu tires sur sa robe, en retour, elle est tout aussi sublime. Là, les seins nues, hauts perchés, délicat bourgeon ne cherchant qu’à fleurir pour tes beaux yeux. Tu la veux Susanna, tu n’en as pas même honte. Pas ici. Pas au commencement. Pas dans cet état. Il n’y a rien de mal, rien de sournois dans ce que vous faites ici. Alors tu la lapes, tu goûtes les fruits qui te sont offert, tu les mords avec tendresse, avec appétit. Il n’y a pas de serpent ici, il n’y a que vous. Qu’une scène oubliée, inconnue. Et pourtant plus belle que les autres. Alors tes doigts tirent sur la lingerie, la sienne, la tienne, pour faire de vous deux Ève. Deux innocentes enfants d’un seigneur qui n’est pas pour vous. Et quel spectacle vous donnez, nue dans la serre, la peau chauffée par le soleil, les lèvres roses sous vos baisers, vos poitrines luisantes de la salive de l’autre. De son appétit. Mangez, qu’il ne reste plus rien. Comme tes doigts, qui disparaissent entre ses jambes, qui glissent dans son eau, alors que tu ronronnes avec elle, contre sa bouche, dans sa bouche.
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Susanna. Tu l'avais toujours aimé, maladivement, sadiquement, coulant du poison dans sa gorge, par amour, cet amour qui ne sortais pas, pourrissait en toi. Tu avais peur, avant, qu'elle te rejettes, que tu reviennes, pour qu'elle te rejettes encore, continuant, désespérée, jusqu'à la supplier de te noyer. Maintenant, tu étais terrifié, qu'elle revienne à la raison, que le charme, ton charme se brise, que ton chant de sirène ne sache plus emprisonner son coeur pour la couleur au fond de tes enfers, des tes abîmes, tes eaux salées ne demandant qu'à lécher, dessécher sa peau. Ses mains craquant tes eaux, tirant tes cheveux pour t'entraîner vers le mer, chantant comme une sauvageonne, un chant si doux, une berceuse pour t'endormir, depuis votre dernier matin, trop court, trop cruel. Elle était revenue, chaud sable sous tes doigts trop gourmands, te fracassant de nouveau sur tes rivages, te transformant en sel, pour qu'elle se souvienne de toi, que tu reste sur sa langue, sur le goût de sa peau, longtemps après ton départ.

Susanna. Ses doigts grimpant comme ses plantes fleurissant sur ton genoux. Sa bouche réveillant aussi le volcan, même sans air, le souffle coupé, la mort du vent au creux du désert de ton ventre. Vous êtes deux catastrophes, deux désastres, chaos d'élément. Sa terre se mélangeant à ton eau pour en faire une boue collante, chaude, qui devient brûlante, volcanique, de la lave qui coule sur vous, sous la pluie, sous les tremblements de vos coeurs, les tambours, amour et rage. Ta main creusant sa cuisse, cherchant un endroit où te perdre, pour toujours. Tu avais toujours cherché l'amour vrai, pur, sans savoir que tu l'avais, juste au creux du jardin de ta haine. Ta peine, votre sentence, est pourtant immense. Baignées de lumière chaude, vous devriez avoir honte, vous cacher. Il n'y a pourtant que de la mère de Susanna que vous deviez vous cacher, les deux autres pouvaient crever en enfer, à vos côtés. Vous y aviez votre place, signée, réservée depuis vos premiers regards, l'une sur l'autre. Ouvrant ses cuisses, tes doigts ondulant vers l'intérieur de celle-ci, vers le haut, vers le démon. Vos corps s'unissant, s'imbriquant, ton souffle ravagé, tu voudrais rester comme ça pour l'éternité, avec elle, dans cette serre. Tu veux qu'elle chante, dans ta bouche, qu'elle apprenne à être sirène aux tremblements de ta langue. Tes hanches vipères dansant contre elle, vos vêtements qui sont de trop. Tu veux sa peau, la mordre, y marquer ton territoire, y faire ton nid, en faire ta carte du monde, gravant tes chemins, ton pays, tes drapeaux.

La retenue se rompt, comme la bretelle trop fragile de cette robe. Qui cède à tes désirs, dénude ses épaules, sa poitrine. Ses boutons tout juste bon à rouler au sol sous ton souffle trop violents. Ses lèvres de brasier qui brûle tout, la marque de ton fer rouge. Tes dents en insigne de ta puissance, ta domination. Elle est tienne. Tu le rage amoureusement contre son sein, contre son coeur que tu embrasses ardemment. Ton autre main s'accrochant à la peau de sa cuisse. Démone. Toi. Elle. Sa main retrouvant tes cuisses dans un soubresaut, dans un frisson qui te plaît. Tu prendrais toute son hiver, toutes ses saisons. Retrouvant sa fleur préférée, celle qu'elle a fait grandir, celle qu'elle a marqué de son nom. Tu chantes déjà, doucement, chantant le désir qui s'écoule partout en toi, te gorge de sang. Sa bouche récupérant la sienne, sans que tu ne luttes. Tes mains se creusant dans son sable chaud, tandis que ses doigts trouvent le bord de ton océan, mer de feu. Vous n'êtes qu'honteux désirs, détruisant tout sur votre passage, surtout vous. Retrouvant son costume d'Eve, toi aussi. Ses mains découvrant la sirène au chant si doux, qui l’ensorcelle sans retenue. C'est ta malédiction. Plaisirs éphémères alors qu'elle goûte ses fruits trop tendre qu'on avale d'un coup, pommes-grenades qui en rougissent ses lèvres, ses joues, en barbouillent son visage. Brisant vos dentelles, trop fragiles contre vos armures. Les chassant comme des infâmes qui n'auraient jamais dû être.

Puis elle attaque de nouveau. Coup de poignard en plein coeur, délicieux, cruel. Tu saigne pour elle, de tout ton coeur, tu ne demandes pas mieux. T'emportant dans un baiser, chassant ce qu'il reste de soie vous recouvrant encore, pour vous propulser contre le sol. Froid, mais pas assez pour vous. Tu meurs de chaleur, l'embrassant à t'en fendre l'âme, l'embrassant, vos mains frictionnés dans vos attaques mutuelles, vous faisant la guerre de la plus merveilleuse des façons qu'elle ait oser t'apprendre. Elle s’enfonce, pousse quelque chose qu'elle n'aurait pas dû toucher. Ça remonte, dans ton bassin, au creux de tes reins, dans ton ventre, tes côtes, ta poitrine, ta gorge. Puis ça sort, entre deux baisers furieux, épuisé d'un combat que tu prendrais cent ans, pour honoré les grecs.

« Je t'aime. » Ses mots, trop sucrés que tu n'as soufflés à personne avant, avec ton coeur de vélane. Ils brûlent ton ventre, te lacère le coeur. Affolée, tu rampes jusqu'à son nombril. L'embrassant dans une chute se terminant sur cette rose si fragile que tu embrasses avec toute ta délicatesse, léchant les pétales avec ta langue de gasoline, simplement pour y mettre le feu. Pour lui montrer que ta bouche ne sait pas que faire des maladresses. Priant, retrouvant le coeur de la rose, le bouton, lui soufflant tout ton amour. Tes mains se brisant contre son bassin épineux, s'y agrippant, pour que ta mère ne sorte pas du sol, t'attrapes et te tire en enfer où elle te ferait reine.

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Le monde n’existe plus, pas quand tu es contre ses lèvres. Quand tu embrasses Beatrix, l’univers se limite à la soie de sa bouche, à son goût sucré et aux sons qui en émergent, chant délicat et bien trop enivrant. De la musique. De l’art. Alors tu l’embrasses encore, plus fort, plus profondément, jusqu’à te glisser au sol avec elle. La pierre ne te dérange pas plus qu’elle, les doigts de l’une réchauffant le corps de l’autre. Tu l’accompagnes plutôt, mêle ton chant au sien, tout comme tes gestes, calqués sur les siens. Vous devenez le reflet l’une de l’autre, vos poitrines se frottant ensemble dans un mouvement langoureux, alors que vos doigts explorent l’enfer de l’autre, quitte à s’y brûler. Quitte à y rester. À y crever. Et sa langue qui se frotte à la tienne, bien trop goûteuse, qui te donne envie d’y enfoncer les dents, de l’avaler. Voilà ce que le sang vélane fait, voilà comment il te rend. Tu veux la posséder, la faire crier ton nom, mais c’est autre chose qui quitte ses lèvres, un aveu qui te surprend. « Je t'aime. »

Qu’es-tu sensé faire de ces mots-là ? Qu’es-tu sensé lui dire ? Lui répondre ? Perdu, ton cœur rate un battement, puis tes grands yeux s’écarquillent légèrement. Sous l’excitation, sous la peur, sous le sérieux de ce qu’elle vient de dire. Sous le manque d’information. Sauf qu’elle glisse déjà contre toi, sa bouche te dévorant, sa langue te redécouvrant. Et toi, pauvre petite fille emportée par le désir, tu écartes timidement les cuisses sous son invasion. Tu la laisses te conquérir, à coup de langue, du bout des dents, ses baisers se perdant dans le creux de tes reins. Ta main droite remonte contre ton visage, d’abord sur ta bouche, dans un vain espoir de te faire taire, un gémissement faisant vibrer la serre toute entièrement, puis plus haut. Pour te couvrir les yeux, pour chercher à te ramener à toi. Ce n’est pas sérieux. Allons Susanna, il s’agit de Beatrix. Te rappelles-tu combien tu t’es lavé souvent et fort, après l’épisode dans sa chambre ? Combien tu t’es fait saigner le ventre, à force de le récurer ? Jusqu’à ce que Julian vienne attraper ton poignet et t’arrête, qu’il te prenne dans ses bras et te console ? Et voilà que tu recommences ce que tu regretteras dans quelques heures. Toi qui t’es toujours cru forte, endurante, voilà que tu réalises que ce n’est pas vrai. Tu ne possèdes rien de tout ça, tu es faible et la façon dont ton corps frémis, dont il se cambre pour les grands yeux qui t’adorent, là entre tes cuisses, en sont les preuves vivantes. Tu aimerais te détester, tu aimerais crier, mais tu te contentes de gémir, le visage retombant sur la droite, tes paupières retombant sur tes iris, noyés de plaisir. Mais là, dehors, un mouvement attire ton attention : ta mère.

Elle approche lentement, les pans de sa robe secoués par la brise, les cheveux au vent. Elle ne vous a pas encore vu, elle ne doit pas vous voir. Tu te crispes, tu repousses la tête de Beatrix et te redresse, les jambes tremblantes, la voix encore enrouée de plaisir. Le ventre gonflé par l’envie. L’interdit qui pulse en toi. « Arrête ! » ton ordre claque dans l’air, alors que ton cœur cogne douloureusement entre tes côtes. Tu ne perds pas un instant et déjà tu tires sur vos robes, enfilant déjà la tienne, avant de lancer la sienne à ta demi-sœur. Ta respiration laborieuse n’a plus rien à voir avec l’excitation, avec le plaisir qu’elle t’a offert et qui se niche encore en toi, dans l’attente. Non, tu paniques et déjà, tu te redresses, remettant de l’ordre dans ta tenue, retrouvant ta baguette pour réparer rapidement la bretelle de ta robe. Ta mère passe alors la porte de verre, souriante, tu cours presque à sa rencontre, mais pas avant d’avoir fait disparaitre ton sous-vêtement dans un plant aux herbes bien larges. « Maman ! Est-ce que tu me cherchais ? » Ta mère ris tout bas, caresse ton visage et te questionne sur ton état, tu as les joues toutes roses, est-ce que tout va bien ? Tu t’efforces de paraitre normal, mais déjà tu l’entraines dehors, avec une explication, un honteux mensonge : « oui oui, c’est l’excitation. Je crois avoir mis au point un nouvel onguent plus efficace, mais allons dehors, j’ai besoin d’air frais. » Tes doigts attrapent le bras de ta mère, non pas sans remord, car tu sais où ils étaient, tu sais quelle terre ils ont goutés. Ta mère, évidemment, ne se doute de rien et te questionne plutôt sur ce fameux onguent. Quant à Beatrix, tu comptes sur elle pour sortir de là, pour s’éclipser discrètement. Et si la frustration se faufile en toi, irradiante de chaleur, le soulagement de ne pas encore une fois cédé aux charmes de la vélane suffit à te rafraichir.
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