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A heart full of pain.



« The marks humans leave are too often scars. »
John Green, The Fault in Our Stars.


« J’ai toujours pensé que nos différences font notre valeur, vous ne croyez pas ? » Non. Evidemment que non, tu ne croyais pas que cela forme une quelconque valeur. Que t’avais apporté le fait d’être fourchelangue, durant ton enfance ? Le mépris et la peur. La pression sociale, devoir cacher pour ne pas coller aux clichés. Les sorciers qui parlent fourchelangue sont des mages noirs. L’ironie du sort avait fait de toi tout ce que tu fuyais, du haut de tes onze ans. A refuser d’être à l’image des rumeurs, tu t’étais fermée pour mieux y plonger, tête la première dans la gueule du serpent. Tu avais fait des arts obscurs de la magie ton domaine de prédilection, une spécialité. Magies oubliées, peu répandues, pernicieuses ou destructrices. Non, la différence ne faisait qu’exacerber les plus sombres parts de l’être, en ce qui te concernait du moins. Peut-être que ton visage charmant et ton corps délicat cachaient merveilleusement bien la noirceur, pour l’heure. Ca ne durerait pas. Tu savais que ça abîmait le corps. Tu avais lourdement payé le prix de ta Marque. « Voilà pourquoi nous allons bien nous entendre ! » Un optimiste. A cela, tu n’as pas eu le temps de répondre. Projetée contre lui, tu étais désormais contre l’arbre, tremblante de stupeur. Une allergie n’aurait pas fait mieux. « Il semble m’apprécier. » Ta main passe dans tes cheveux, les renvoie en arrière, faisant glisser la manche qui dévoile la tête du serpent tatouée sur ta peau de porcelaine. Tu te forces à respirer. Il faut que ça passe. Que feraient les rouquins de ton adolescence ? Fermer les yeux. Ferme les yeux et concentre toi. Ca semble efficace. Ton bras retombe le long de ton corps et tu consens à nouveau à regarder le -plus ou moins- jeune homme. « Vous n’avez pas à vous excuser d’avoir un ami hum… taquin, j’ai l’habitude. Pas de prendre les femmes dans mes bras entendons-nous bien mais… des amis taquin… enfin… voilà. » Est-ce qu’il plaisante ? Tu fronces les sourcils. Tu n’arrives pas percevoir les nuances de ses émotions. Tu ne sais pas s’il est vraiment gêné, s’il se moque de toi ou s’il est en colère. « Ca n’est pas une question d’appréciation mais de survie. » Oui, enfin dit comme ça, Bill ne risquait pas d’y entendre grand chose.

Un soupir. « Il vous considère comme étant fort, stable et protecteur. » Pas besoin d’explications, si ? L’animal se faisait un point d’honneur à chercher les personnes idéales pour ramener sa propriétaire sur les sentiers de son contrôle psychorigide, sur des critères qui restaient très arbitraires : pas de question de camp, il optait pour les plus résistants, ceux qui sauraient te tenir fermement dans les mailles de la froideur, dans les filets de la sécurité, de la vie comme lui l’entendait. Auprès de quelqu’un d’aussi bienveillant que sombre. Qui aurait cru que les Weasley finiraient dans le panier. « Il faut croire que je suis seule au point qu’il joue les dernières cartes.. » Tu forces un sourire peu convainquant. Qu’est-ce que tu pourrais faire de plus ? Il faut faire bonne figure. « Ose dire que c’est pas vrai ! » Bon, bon, d’accord. Tu t’enfonçais dans un tel isolement que c’était peut-être pas plus mal. Juste.. il aurait fallut lui apprendre la signification des alliances. Et des cheveux roux. « Tout va bien ? » « Rien de cassé, si c’est la question. » Le sifflement contrarié de la créature n’a droit qu’à ta royale ignorance. Oui, tu ne prenais pas le temps ni de lui répondre ni de traduire, ce qui ne convenait pas à sa majesté. « Navrée. C’est un enfant gâté.. » L’expression semble douloureuse. Tu ne connais juste pas d’équivalent au mot qui t’écorche la langue. Froideur, contrôle. Tu te redresses un peu. « Vous.. vous pourrez dire à votre frère que je vais bien ? Il doit s’inquiéter. Je n’ai trouvé aucun moyen de le contacter.. »

Fourchelangue ; italique.
Souvenirs ; gris clair.
(c) AMIANTE

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Qui ne dit mot consent, à moins que l’étrange enchainement de notre rencontre l’ait rendu muette. Ou alors c’est surtout moi qui suis un peu trop optimiste, qui tente toujours de voir le bon côté des choses… Je suis conscient du poids que peut peser ce genre de « don » j’avais longuement parlé de ce sujet avec un ami. Remus qui, lui aussi, portait sur ses épaules le poids d’une malédiction mal connue et donc très mal perçue par la grande majorité des sorciers. Les clichés avaient la vie dure qu’on soit moldu ou sorcier. Aujourd’hui encore je sentais parfois sur moi un regard lourd de sens de me savoir semi-loup ou ma femme demi-vélane. Nous formions un couple à part, elle était la beauté j’étais la force et peu importait les pensées et les regards réprobateurs des autres nous formions simplement un couple. Un couple uni et solide. Elle se passe la main dans les cheveux, redécouvrant ainsi son visage pâle, sa peau de craie, son…. tatouage. Les premiers traits d’un symbole bien connu, qu’on voit de plus en plus souvent flotter dans les airs au-dessus d’une maison ou il n’y a plus âme qui vive. Oh non, j’avais rapidement compris qu’elle faisait partie des leurs et pourtant… Rien dans ses paroles ou ses actes faisaient montre d’une allégeance au « lord », celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom, Voldemort. Rien, si ce n’est ce tatouage apposé sur son avant-bras. Marqué comme du bétail je souffrais plus pour elle de devoir porter ce signe que pour moi et ma profonde cicatrice qui couvrait une partie de mon visage. Elle ferme les yeux. Elle n’a pas peur de moi ou alors elle est suicidaire, peut-être un peu des deux. Elle tente de reprendre sa respiration alors que la mienne s’est déjà calmée. Avoir le contrôle de soi… en toute circonstance. C’est ce qui me permettait de ne pas me jeter la tête la première dans les ennuis. De retenir ma force lorsqu’il le faut. C’est vital, tant pour moi que pour mes proches ou même mes ennemis. Les os humains sont si fragiles… Elle fronce les sourcils, je la comprends. Je suis pudique et peu habitué aux étreintes d’autres femmes que la mienne, ma mère ou ma sœur. Des proches dont je connais, au moins le nom de famille. Luce n’est pour moi que Luce. Fourchelangue, mangemorte mais amie, proche, de mes frères. Cela ne fait pas d’elle une alliée, non, mais elle n’est pas le danger que je pensais au premier abord. Peu à peu je ne suis plus surpris des paroles de la demoiselle. Son serpent est décidément très proche d’elle, assez pour lui chercher un « mâle » digne d’elle. J’essaie de l’être en effet. Pour la force, rien de bien complexe maintenant ni même pour le côté protecteur qui n’avait fait qu’amplifier avec les années. En revanche pour la stabilité, c’était un étrange équilibre, un peu plus tendu chaque jour. Rien d’anormal en temps de guerre. Il faut savoir briser la glace et, parfois, se faire violence pour avancer vers les autres. Facile à dire n’est-ce pas ? J’en avais pleinement conscience mais une petite piqure de rappel n’avait jamais fait de mal à personne. Mais je suis un homme marié et fidèle, désolé Daeva, il va falloir continuer la recherche. Mais tes critères sont les bons, me semble t’il. Libre à elle de traduire ou pas de toute façon mes paroles allaient tant vers le serpent que sa maîtresse. Je secouais légèrement la tête en l’entendant dire qu’il était un enfant gâté. Je me doutais qu’une partie de la conversation échappait à ma compréhension mais elle aurait bien tort de ne pas conserver pour elle une part de mystère et puis elle seule pouvait avoir cette relation étroite avec sa créature. Je le lui dirai, je vous en fais la promesse. Parce que ça semblait important pour elle. Dès que je mettrais une main sur ce rouquin arrosé au Whisky j’aurai bien des choses à lui dire mais je n’en oublierai pas la petite blonde fragile mais dangereuse et son serpent. Ça va aller pour rentrer ? Je vous déconseille de rester dans le coin, la lune atteindra son apogée dans quelques jours et… certains esprits s’échauffent rapidement. Je n’en étais que trop conscient, étant moins même quelque peu sensible aux phénomènes lunaires.  Je n’allais certes pas la raccompagner mais je préférais être certain qu’elle n’allait pas continuer de chercher une « distraction » dans le coin.
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A heart full of pain.



« The marks humans leave are too often scars. »
John Green, The Fault in Our Stars.


« Mais je suis un homme marié et fidèle, désolé Daeva, il va falloir continuer la recherche. Mais tes critères sont les bons, me semble t’il. » L’alliance. Ton regard fixe qui s’attarde, analyse, détaille. S’adresse-t-il vraiment au serpent ? Tu t’es tendue lorsqu’il a évoqué le mariage. Que serait ta vie si tu avais été raisonnable ? L’enfant blond qui te hante semble apparaître à l’angle de ton champ de vision, seul, suppliant, avant de disparaître. La violence de tes émotions est telle que pour y survivre, tu devais nier. Tout nier. Rester seule, sans doute. « Il n’y a ni critère ni homme à chercher. » C’est un peu sec. C’est un peu brusque, comme constat. Celui d’une femme blessée, laissée de côté, écartée d’une existence qui avait tout pour être paisible. Conventions sociales. Ta bêtise d’avoir, adolescente, tout fait pour éviter qu’on ne t’offre, telle un objet, à l’homme que tu en étais venue à aider. « Il est des glaces éternelles qu’il vaut mieux ne jamais briser, monsieur Weasley. » C’est comme si ton corps tout entier traduisait le regain de distance, la formation de cette protection émotionnelle qui t’était vitale. Pitié, qu’on te laisse mourir tranquille.

« Je le lui dirai, je vous en fais la promesse. » est-ce vraiment la peine ? Tu détournes légèrement le visage, le bois et l’obscurité à perte de vue. Tu te dis qu’il doit t’en vouloir, qu’il doit te haïr de tout son être autant qu’il doit se demander si tu vis. Tu es son ennemie naturelle, alors même que le destin avait fait de vous des amis. Une famille. Un trio secret à la rare complicité. Tu te plaisais à penser que vos esprits savaient, autrefois, se compléter, de leur humour à ta rigueur. Gâché, tout gâché. Tu as envie de souffler qu’il te manque mais tu choisis de te taire. Ca ne rimerait absolument à rien. Tu te rendais compte du vide qu’il avait laissé à retardement. Trois fichues années. « Il ignore.. combien je m’en veux. » Pour George. Pour n’avoir pas été là. Pour être partie. Ta main sur ta tempe. Contrôle. Tes doigts qui retombent vers ta manche, prenant soin de bien dissimuler le tatouage, tic nerveux. La pensée brûle ta conscience. « J’aurais dû le protéger. » Qui ? Lequel ? Fred, de la souffrance. George, de la mort, dont tu ignorais encore les circonstances exactes. Sans le vouloir, tu indiques déjà que tu es plus âgée que les jumeaux, par cet instinct de protection. C’est ambigüe, cela dit, et rien ne souligne vraiment la définition même des dites émotions. Tes gestes envoient des signaux si contradictoires que tu ne permets jamais de savoir pourquoi tu aimes.

« Ça va aller pour rentrer ? Je vous déconseille de rester dans le coin, la lune atteindra son apogée dans quelques jours et… certains esprits s’échauffent rapidement. » Froncement de sourcils. Ton visage se penche, de même que celui de Daeva qui t’imite, dans une drôle de synchronisation. Au fond, ce serpent devait bien avoir un potentiel comique, au-delà de son aspect terrifiant. « Je ne veux pas rentrer. Aucune raison de le faire, pas même une quelconque peur de la mort. » Suicidaire, indéniablement. On ne lutte pas contre les effets de la lune. On ne lutte pas contre une bande de lycanthropes enragés. On ne lutte pas contre la noirceur dangereuse de Daeva, la forêt. « Vous.. » hésitation. Tu le détailles, longuement. Tu te mords la lèvre inférieure. Inspiration. Tes doigts se resserrent instinctivement autour de ta baguette. Tes billes claires dans les siennes. Le Cobra royal se dresse, aux aguets. « Vous ne voulez pas effacer cette rencontre ? Pour votre sécurité. » Tu n’étais plus à une faille mémorielle près. Et c’était un Weasley. Ta dette éternelle prenait dés lors effet.

Fourchelangue ; italique.
Souvenirs ; gris clair.
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Mon mariage avec Fleur avait semblé précipité pour beaucoup. Comme si l’émergence des mages noirs nous avait pressés à nous unir. Pourquoi ? Dans quel but ? C’était bien l’amour qui m’avait uni à ma femme et non une quelconque peur du lendemain. Avec Fleur c’était une évidence et la date du mariage avait ainsi été prévue pour que nous soyons entourés du maximum de nos proches et nos amis. Oui cela pouvait paraitre incongrue de se marié en pleine guerre ou pire encore faire des enfants mais la vie reprenait bien souvent ses droits et nous n’avions rien calculé. Au « pire » notre union et la naissance prochaine de notre enfant n’avait fait que renforcer notre envie de voir cette guerre se terminer. Non, je ne regrettais rien même si tout cela était loin, parfois très loin d’être simple… Je sentais le regard de la demoiselle sur mon alliance. Elle était simple et après ces mois à la porter j’avais arrêté de la faire tourner autour de mon doigt, habitué à sa présence simplement. Comme si elle avait toujours été là. Ses paroles m’attristèrent, je n’étais jamais pleinement heureux que lorsque ma famille était près de moi et Fleur tenait une place importante dans mon bonheur. Nous nous étions trouvés pour le meilleur et pour le pire. C’est peut-être qu’au fond vous l’avez déjà trouvé… Et pas reconnu… ou simplement qu’elle l’avait laissé sur le bord de la route persuadée qu’il était inaccessible pour elle ? Je ne la connaissais pas assez pour savoir mais j’espérais que mes paroles apaisent un peu l’amertume de sa voix. Imperceptiblement une vague glacée avait parcouru mon échine lorsqu’elle m’avait appelé « Monsieur Weasley ». C’était mon père… ou alors c’était ce que j’étais devenu depuis sa disparition… mais je ne m’y habituais pas. Appelez-moi Bill. Tout le monde m’appelait Bill… enfin presque tout le monde. Concernant les glaces éternelles, je n’avais pas, du tout, la même vision que la demoiselle mais je ne pouvais pas lui dire de but en blanc qu’elle se trompait. Nous ne nous connaissions que depuis quelques minutes après tout. Si de mon côté j’ai l’air plutôt assuré, mon corps ne trahissant que peu de mouvements parasites, celui de Luce en revanche était comme parcourue de spasmes étranges. Des gestes nerveux, un regard perdu, fuyant, nostalgique ? Je tente de comprendre ses paroles, le fil rouge de notre conversation était mes frères, j’en concluais qu’elle parlait d’eux. Je laissais échapper un soupire bref. La culpabilité fait de nous des êtres humains même si c’est douloureux. Je me reprochais moi-même la mort de mon frère, de mon père, la descente aux enfers de Fred, la capture de Ginny… mais que pouvions nous faire ? George n’était plus de ce monde et lui le premier refuserait de nous voir nous lamenter et nous renvoyer la faute les uns sur les autres. Alors j’agissais comme dicté, épauler par des voix présentent au fond de mon cœur. Nous aurions dû, si nous avions… si seulement nous étions… ça fait beaucoup de si beaucoup d’hypothèses et ça n’apporte pas la paix, rien ne peux l’apporter. Aujourd’hui il faut juste avancer, porter par ce qu’il aurait voulu… et une chose est certaine, George n’aurait pas voulu qu’un membre de sa famille soit rongé par la culpabilité. Je connaissais assez mon frère pour en être certain. Les protéger était mon rôle et ce depuis leurs naissances et j’avais failli… et plus d’une fois. La vie n’épargnait personne. Elle me renvoyait l’image de ma propre faiblesse, de mes propres erreurs mais elle ne l’avait pas fait exprès. Tous les proches de George se reprochait sa disparition parce qu’il n’aurait pas dû mourir seul, il était trop jeune, il avait encore tant de chose à découvrir, tant de choses à apporter à notre monde… il nous avait été enlevé trop soudainement pour que la plaie ne soit pas encore à vif. Elle fronce les sourcils et m’observe en parfaite synchronisation avec son serpent. Si la discussion n’était pas si… « dure » j’aurai presque ri. Ne rentrez pas chez vous, mais allez ailleurs. Il y a encore des lieux plus… hospitaliers que cette forêt en Angleterre. Et puis… comment pourrais-je dire à Fred que vous allez bien si je vous laisse ici ? Alors qu’il pourrait vous arriver quelques chose à peine me serais-je éloigner de quelques mètres ? Ne me faites pas mentir à mon frère… Qui peut savoir j'étais peut-être prêts à passer la nuit ici s'il le fallait? Elle hésite. Elle mène un combat contre elle-même. Je m’interroge, que veut elle me demander qui soit si compliqué ? Je suis surpris de la question. Elle me demande si je souhaite effacer notre rencontre de sa mémoire. Pourquoi donc ? Ma sécurité ? Que sait-elle de moi ? Elle connaissait mon nom avant même que je ne l’ai prononcé moi-même. Je ne viens pas de la mener vers un camp d’insurgé, je ne lui ai révélé aucun secret, aucun renseignement alors pourquoi devrais-je craindre ses souvenirs ? Non. Une réponse simple et honnête. La mémoire est une chose précieuse, Luce. Ce sont nos souvenirs qui nous porte et nous font avancer. Qu’ils soient bons ou mauvais nos souvenirs faisaient partie intégrante de notre personne. Si un enfant ne se souvenait pas avoir été brûlé en touchant le feu, il y retournerait sans doute, n’est-ce pas ? Et puis… soyons sérieux. Comment pourriez-vous m’oublier ? Un petit clin d’œil amusé, juste pour tenter de voir un sourire sur son visage. Juste un tout petit ?
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A heart full of pain.



« The marks humans leave are too often scars. »
John Green, The Fault in Our Stars.


« C’est peut-être qu’au fond vous l’avez déjà trouvé… » Peut-être que quelques semaines auparavant, tu aurais acquiescé, tu aurais soufflé qu’Ypsös était l’homme qu’il te fallait, que tu avais juste laissé passer ta chance mais plus le temps courait, plus tu te rendais compte qu’au fond, ça n’était pas lui, la profonde cicatrice : c’était l’enfant. Oui, tu avais une forme d’amour pour l’adolescent qu’il était, autrefois, mais l’homme te restait étranger, presqu’hermétique. Tes expériences avec le sexe étaient aussi rares que désastreuse alors ton rapport avec le sentiment amoureux.. une vraie catastrophe. « Je n’ai pas besoin d’homme dans ma vie. Ils sont encombrants. » Le regard l’aurait tranché aussi sûrement qu’une lame s’il avait été une arme. Non, plus d’hommes, plus de ça, jamais. Plus de cette fichue souffrance, de cet abandon, de cette nécessité de s’éloigner pour les protéger. La solitude, ta parfaite et doucereuse alliée. « Appelez-moi Bill. » Un haussement de sourcil. « N’allons donc pas trop vite en familiarités. », ce pourrait être toxique. Le ton serait presque arrosé d’humour acidulé. Presque. Parce qu’au fond, tu n’aimais pas tellement être familière avec ceux qui représentent un danger, encore moins envers ceux pour qui tu en es un. Autant dire que Bill Weasley s’assurait une place de choix en tête de liste, frère de Fred et donc à éloigner des problèmes que tu ne savais que trop bien causer.

« La culpabilité fait de nous des êtres humains même si c’est douloureux. » Toute en distance, tu restes silencieuse. George n’aurait pas voulu, t’explique-t-il. Peut-être. Mais il y a énormément de choses que George n’aurait pas voulu et que chacun faisait quand même. Blagueur, enjoué et doux, tu n’avais jamais été à la hauteur de son amitié. Tu avais failli dés lors que tu avais choisi entre les jumeaux, provoquant le premier élan d’une culpabilité sinueuse : tu n’avais pas su les aimer de la même manière, grain de sable sur la balance de l’équilibre. Toi, tu aurais voulu faire mieux, au moins savoir être son amie dans les derniers instants, au lieu de quoi tu avais rejoins le clan opposé l’année de sa mort. Une mort que tu as appris tardivement, si peu ouverte aux autres que même ça, ça t’avait échappé. Bill tente de te rassurer sans savoir, vraiment, qui tu es. Tu te sens criminelle. « George n’aurait pas voulu que j’abandonne son frère, il aurait détesté ce que je suis devenue. De nous trois, il était le plus sage. » Celui qui pensait aux conséquences, qui rappelait sans cesse de stabiliser, de faire attention. T’étais plus proche de Fred parce que tu en aimais le petit côté farceur inconscient. Quel résultat ? Tu n’avais su protéger aucun des deux. « Mon humanité est morte sous les doigts de mon Maître. Chapitre clos. » Contradictions. Tu voulais sans doute souligner que tu étais aussi apte à les aimer qu’à les laisser à l’écart de ta vie, à passer outre ta conscience pour faire ce que tu avais à faire. Tuer, torturer, arracher les aveux.

« Et puis… comment pourrais-je dire à Fred que vous allez bien si je vous laisse ici ? Alors qu’il pourrait vous arriver quelques chose à peine me serais-je éloigner de quelques mètres ? » Un rire cristallin s’extirpe d’entre tes lèvres, aussi amer que doux à l’oreille. Il est aussi le témoin de tes paradoxes profonds, comme si ton corps s’était adapté aux contours sinueux de ton âme jusque dans le miel de ta voix. Le diable a toujours de charmants atours. Tes doigts glissent dans la poche intérieure de ta cape et récupèrent un petit objet brillant, que tu jettes avec agilité sur le sol, un peu plus loin, provoquant immédiatement un bruit sec, comme un pétard moldu, avec une gerbe d’étincelles brûlantes. Ta baguette tourne pour en stopper les effets avant qu’ils ne s’amplifient. « Je pense que je suis capable d’éloigner les petites bébêtes quelques temps encore. » Tu n’apprécies pas qu’on te prenne pour le genre de sorcière classique et un peu fragile. Oui, t’étais psychologiquement dans un sale état mais plus tu sombrais, plus ta magie se jouait d’inventivité. Un rubis enchanté, fumant d’une magie plus noire qu’on ne l’aurait imaginé derrière tes yeux de biche paumée. « Ne me faites pas mentir à mon frère… » Un sourire en coin. « Vous pouvez lui ramener ça comme preuve, il a toujours su lire entre les pierres. » Les tiennes. Malgré toutes les années durant lesquelles vous avez été séparés, tu n’avais jamais douté qu’il soit capable de reconnaître tes sortilèges. Ils avaient évolué, certes, mais la racine était née entre eux.

« La mémoire est une chose précieuse, Luce. Ce sont nos souvenirs qui nous porte et nous font avancer. » Un geste de la main évasif qui indique ton avis contraire. Les souvenirs étaient plus un frein, un obstacle à l’obligation de vivre qu’une réelle possibilité d’avancer. Qu’importe. Vous aviez forcément des désaccords, vos choix en témoignaient d’avance. « Et puis… soyons sérieux. Comment pourriez-vous m’oublier ? » Un peu de malice reflétée dans ton oeil vert. Fluctuations brutales de tes sentiments. Tu étais plus instable que jamais, autant dire que pour une première rencontre, tu devais être difficile à suivre. « Vous n’imaginez pas le nombre de choses charmantes que je peux oublier. » Ouh, attention, tu pourrais presque l’apprécier.

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Encombrant n’était pas le terme que j’aurai choisi… Parfois lourd, con, chiant… ou encore beaucoup d’autres adjectifs mais pas encombrant. Les Hommes ne sont pourtant pas fait pour vivre seul.Toujours à la recherche d’un ou d’une autre, celui ou celle sans qui vivre n’a pas grand intérêt. J’étais devenu semi-loup mais j’avais toujours fait partie d’une meute, une famille qui n’avait de cesse de fluctuer… diminuer pour mieux s’agrandir. Une vie, une courte vie et déjà tant de changements. J’étais né avec la première guerre, j’avais vu les larmes de ma mère ou de ma grand-tante à la mort de mes oncles. Je me souvenais des histoires qu’ils me racontaient. Ils ne voulaient pas m’effrayer, alors il parlait d’un monstre à combattre plutôt que d’un mage noir. Après tout, les enfants savent que les monstres n’existent pas. Jusqu’à ce qu’on mette deux corps en terre et que ma mère ne serre ma main dans la sienne. Tout le monde faisait des choix. Certain sous la contrainte, d’autre de leur plein gré. Ma famille n’a jamais accepté l’injustice et je le comprends aujourd’hui. A l’époque, un monstre a fait pleurer ma mère et m’a enlevé mes deux oncles, ceux avec qui je volais, qui faisaient montre de prouesse de métamorphose et d’enchantement pour voir mon regard pétillé. Ces héros d’un temps oublié qui reprenait vie aujourd’hui dans les songes perdus de ma mère et sous les traits de mes frères. Je vivais avec des fantômes chaque jour. Alors l’amour que je portais à ma femme était une de mes bouées de sauvetage. Un remède puissant. J’avais décidé d’emprunter cette voie plutôt que celle de la vengeance. J’aurai pu choisir la faciliter et me jeter à corps perdu dans une vengeance sanglante, bestiale. J’en étais capable, je flirtais parfois avec. Mais ma famille avait besoin d’un point d’ancrage solide et mon père n’était plus là. Alors c’était moi. « L’homme de la famille ». Il ne s’agit pas de familiarité mais de préférence. Monsieur Weasley était mon père. Sa mort avait fait grand bruit. L’exemple de la peine infligée aux traitres à leur sang. Exécuté en place public afin que personne n’oublie. Afin que les sang-pur sachent ce qu’il en coutait de désobéir, de salir ce trésor carmin qui coulait dans nos veines. Autant dire que dans notre famille cela n’avait pas eu l’effet escompté. Ou William si vous préférez. Même si personne ne m’appelait ainsi. Je n’avais jamais entendu George ou Fred parlé d’elle. Pas même lorsqu’ils étaient plus jeunes mais cela n’avait rien d’étonnant, j’étais partie en Egypte et nous ne nous voyons pas assez pour qu’ils me parlent de tout. Ginny prenait un malin plaisir en revanche à m’évoquer leurs petites amies, ce qui m’avait toujours beaucoup amusé. George était le plus sage… oui alors il fallait se placer du point de vue de la demoiselle. Si je me plaçais côté Weasley, non George ne se trouvait pas en tête de peloton mais en effet du duo il était le plus « posé ». Vouloir prendre de ses nouvelles n’est pas un signe d’abandon. Tout comme la larme qui a roulé sur votre joue ou les battements de votre cœur plus régulier lorsque je vous ai dit que Fred était en vie indique que votre humanité n’est pas morte… Oui, alors il fallait savoir une chose, je ne comprenais pas le sens du mot « clos ». Néanmoins je n’allais pas plus avant dans tout ce que j’avais pu repérer en elle, ses gestes, sa respiration, son regard, tant de détails qui pouvaient effrayés. Bien sûr, George n’aurait pas aimé voir la marque que j’avais aperçu sur le bras de son amie c’était une certitude mais la connaissant mieux que moi il pouvait sans doute mieux « comprendre » à défaut d’accepter. Elle riait… un rire étrange mais pas désagréable. Elle porte sa main à sa poche intérieure et récupère quelque chose. Je suis curieux, cela m’intrigue, elle le jette au sol. D’un réflexe, un protego informulé sort de ma baguette, je ne peux plus retenir ce genre de protection. Pourtant je fais rapidement disparaitre le bouclier. L’objet semble avoir « explosé » avant d’émettre des étincelles. Jolie. A voir oui, après si l’objet en question m’avait été jeté dessus je n’aurai peut-être pas fait pareil commentaire. Elle avait rapidement mit fin au sortilège qui enchantait l’objet, pourtant le « mal » était déjà fait et j’entendais les pas rapide des créatures alentours s’éloignant de nous. Vous enchantez des pierres précieuses ? Celle-ci ne risque-t-elle plus… d’imploser ? Oui, un rubis, j’avais bien reconnu la pierre. Se baladait-elle toujours avec ce genre d’objet ? C’était certes efficace mais la valeur des pierres précieuses étaient tel qu’il n’était pas très prudent de sortir avec. Inconsciemment je me demandais combien de vivres les insurgés pourraient s’offrir avec pareil trésor… Je ne peux empêcher mon côté taquin de ressurgir lorsqu’il en a l’occasion alors son regard malicieux entraîne le mien l’espace d’une seconde Ainsi, vous me trouvez charmant…. Fini le regard amusé, je pose un doigt sur mes lèvres pour lui demander le silence. Ma condition de semi-loup n’a pas que des inconvénients, ma force, ma rapidité, mon odorat et mon ouïe, tout a été décuplé. Des bruits de pas, des gens qui courent, des odeurs reconnaissables. Des insurgés. Je m’adresse à elle tout bas. Partez Luce. Ils ont entendu du bruit... Ils seront rapidement là. Prenez Daeva et partez. Les créatures ont dû les affoler. Plus qu’un conseil, elle devait partir. Protecteur, je n’avais pas l’intention de laisser quelqu’un lui faire du mal mais comment expliquer à un groupe d’insurgé qu’elle n’est pas une menace ? La forêt de Daeva regorge de pièges et les insurgés qui peuplent cette forêt sont sur le qui-vive. Ils ont déjà dû me sentir d’ailleurs.
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« The marks humans leave are too often scars. »
John Green, The Fault in Our Stars.


«  Les Hommes ne sont pourtant pas fait pour vivre seul. » Il ne savait pas. Il ne savait pas ce qui pouvait se cacher derrière ce joli minois. Tes airs de froideur, tes paradoxes, laissaient supposer l’instabilité dont tu étais empreinte, de là à supposer un déchaînement insoupçonné de violence ? Non. Tu ne savais plus vraiment comment les jumeaux avaient découvert ce défaut, sans doute dans la douleur. Bill Weasley était plus fort et dangereux que la moyenne, ainsi espérais-tu qu’il ne voit jamais pourquoi tu te considérais indigne de vivre en société - avec des gens que tu pourrais aimer et blesser. Ton regard qui se détourne est la seule réponse que tu consens  à lui donner. « Ou William si vous préférez. » Tu relèves le nez. Tu t’en voulais un peu de lui avoir rappelé son père, par ta maladresse, mais il se venge sans le vouloir en te rappelant le tiens. Un éclair de regrets et de crainte dans tes billes bicolores. William. Pourquoi diable fallait-il qu’il se nomme ainsi ? Tu imagines déjà la fureur de ton géniteur dés lors qu’il comprendrait, sans doute trop tard, tes projets de départ. Il s’était toujours opposé à ta mère, un homme d’apparence digne et calme qui faisait passer ses décisions par moyens détournés, en t’offrant des serpents ou te poussant à être ce qu’on attendait de toi. Peut-être qu’il t’aimait mais tu n’avais jamais digéré le Doloris, sa façon de t’implanter l’idée de céder au Lord, sa volonté de te changer, de te rendre plus forte, plus impitoyable. Tu avais grandi chez les fous, entre une harpie glaciale et aigris et un passif agressif. William. Un prénom que tu avais appris à détester. « Bill, ce sera très bien. » Tranches-tu, amère.

Il te dit que ton humanité n’est pas morte. Il te montre combien il est désormais facile de lire en toi. En fin de compte, tu savais très bien que ta carapace ne réapparaîtrait solidement qu’une fois débarrassée de tes doutes. Pourquoi étais-tu affectée à ce point par des choses que tu ne comprenais pas, autrefois ? « Avec Fred, c’est différent. » Oui. Tu serais toujours humaine et protectrice envers lui. Peut-être plus qu’il ne l’imaginait lui-même, plus qu’avant cette guerre, qu’avant ce qui vous a détruit à grandes rivières de larmes et de sang. Plus qu’avant la mort de George, non que tu comptes le remplacer, car c’est absolument impossible, mais parce qu’il fallait apaiser cette douleur, à n’importe quel prix. Autant ne pas en dire plus. Tu trouvais ça embarrassant. Foncièrement embarrassant.

« Jolie. » S’il appréciait, c’était déjà un bon point ? Le protego instinctif t’indique aisément combien il est méfiant, sur ses gardes, attentif au moindre danger. Sa vie doit, quoi qu’il en soit, être faite de danger permanent, de fuite. « Vous enchantez des pierres précieuses ? Celle-ci ne risque-t-elle plus… d’imploser ? » Mh. Devais-tu aller plus loin dans les détails ? Tu ignorais s’il était parfaitement fiable. Allez, un peu de confiance, Luce. « Disons que j’ai une certaine passion pour les jouets dangereux, ceux qui brillent et explosent. » Sourire en coin. « La pierre se déchargera à la prochaine utilisation. Prenez la, ça vaut une petite fortune et vous en avez besoin. » Lancelot avait bien entre les mains une version différente. Tu n’étais plus au stade du silence, de la dissimulation, parce qu’après tout Morgana t’avait démasquée, parce que tu ne pouvais pas t’empêcher de leur venir en aide. La fille au serpent.

« Ainsi, vous me trouvez charmant…. » En d’autres circonstances, ça t’aurait sûrement fait rougir. Là, il ne te connaissait pas vraiment, il n’a ni ton prénom ni ton nom de famille, rien qui puisse t’obliger à taire un côté joueur trop souvent étouffé. « Ce doit être de famille. » Le ton est plus doux. Il a, semble-t-il, le don pour te faire passer du citron au bonbon en quelques secondes. Les Weasley et leur tignasse rousse n’avaient rien à envier à d’autres lignées du point de vue physique - quoi que Ronald faisait exception à cette vision très subjective des choses.

Un doigt sur ses lèvres. Il t’intime le silence. « Danger. Eliminer. » siffle Daeva, tout près de tes jambes, à nouveau menaçant, atrocement protecteur, odieusement dominant. Ta prise se raffermit sur ta baguette et ton regard se pose sur l’obscurité ambiante. Tu n’as pas les sens surdéveloppés de Bill mais Daeva a l’art de signaler ce que ton humanité ne peut percevoir ; ainsi que la faculté dérangeante d’exciter tes pires instincts. « Partez Luce. Ils ont entendu du bruit... Ils seront rapidement là. Prenez Daeva et partez. » L’animal siffle, proteste, te faisant reculer d’un coup de crochets dans le vide. « Non. » assènes-tu, refusant de céder à ce que la raison voudrait : te battre au lieu de capituler. « .. Si vous avez besoin, un jour, n’oubliez pas que les serpents ont des oreilles. » Tu lui devais un service. Tu recules, lui tournant finalement le dos, suivie d’un cobra récalcitrant. S’il avait pu tirer la langue au Weasley, il l’aurait fait.

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Au fond personne ne nous connait vraiment. Ma mère, ma femme, mes frères et sœurs. Personne ne sait les combats que nous menons tous à l’intérieur de nous-même. Parfois des combats perdus d’avance. Fleur est la seule à détecter le déchirement de mon cœur, la lueur imperceptible qui s’éteint au fond de mon regard lorsque ma mère m’appelle Arthur.  Alors comment pourrais-je la connaître, elle. Jeune femme perdue que je croisais par hasard dans des conditions particulières… Elle qui semblait connaitre mes frères, notre famille. Je la voyais tel qu’elle se montrait en cet instant, rien de plus, rien de moins. Elle décidait de choisir Bill. Cela m’arrangeait, étonnamment j’avais toujours eu un petit temps de latence lorsqu’on me prénommait William. A Poudlard même les professeurs m’appelait Bill. A sa réaction je m’étais dit qu’elle devait connaitre un William et qu’elle ne devait pas le porter dans son cœur. Sans doute un ex petit-ami indélicat, du moins c’était l’idée que je m’étais faite. Simpliste ? Peut-être un peu mais je remplissais les blancs comme je le pouvais. Pour toute réponse je lui souriais, après tout Bill me convenait parfaitement, je n’allais pas m’étendre sur le sujet. Ainsi avec Fred elle se montrait sous un autre jour. J’étais curieux, et j’allais demander de plus amples informations à mon petit frère, pour peu qu’il ne m’envoie pas, encore, dans les cordes. Le regard de la demoiselle n’était pas un livre ouvert. Complexe tout comme ses gestes, tantôt protecteur, angoissé, embarrassé même… Elle était difficile à cerner. Pourtant j’étais du genre patient et il était évident que si notre rencontre s’était faite dans des conditions plus propices aux bavardages j’en aurai appris davantage. Tout comprendre du premier coup devait être un « truc » purement féminin, je n’en étais pas capable même si Fleur disait que je me défendais assez bien pour « analyser » les gens. J’étais assez pragmatique, comme garçon. Il suffisait de voir ce que je songeais faire d’un caillou comme celui qu’elle venait de lancer par terre. L’échanger contre des vivres, des baguettes, quelques vêtements, de quoi vivre pour quelques insurgés. Les femmes, elle aurait déjà vu cette pierre taillé et sertie à une bague ou un collier ou les deux ! Une parure qu’elle rêve ! Pour elles. Une passion pour les jouets dangereux.. Je ne pouvais retenir ni mon commentaire ni le sourire amusé qui allait avec. Sans doute une des choses qui vous a rapproché de mes frères. Bien que Fred fasse désormais dans le « trop » dangereux à mon goût. Ses inventions ne provoquaient plus les rires de personne, non, maintenant…  ils n’engendraient que larmes et sang. Merci. Il suffit de la « jeter » par terre ? Simple mais diablement efficace, cela permettrait sans doute de gagner du temps. Un temps précieux pour combattre ou pour laisser le temps au plus jeunes de fuir.  Je ne relevais rien sur le fait que j’avais besoin de pierre précieuse, ce n’était un secret pour personne que les insurgés manquaient de tout. J’avais souri, quelques secondes à sa réponse avant que les bruits de pas venant dans notre direction m’interpellent. Elle avait raison les Weasley étaient tous charmant… sans doute une des raisons qui poussaient les membres de cette famille à se reproduire… beaucoup. Elle devait partir, ils approchaient. Une fois encore elle semblait se « battre » avec son compagnon, l’animal était toujours prêt à attaquer. En lui demandant de partir j’avais l’impression de le laisser sur sa faim. Il ne pourrait mordre personne aujourd’hui … du moins aucun insurgé qui se trouvaient dans ce camp. Si je la protégeais, elle, je les protégeait également. J’avais pour devoir, que je m’étais certes imposé mais un devoir tout de même, de protéger les plus jeunes. Ceux qui, malgré leurs inexpériences, partait au front, baguette à la main sans se rendre compte des conséquences.  J’esquissais un fin sourire à ses paroles. Je m’en souviendrais. Tout comme il me serait facile de reconnaitre Daeva si je le croisais de nouveau. Avant qu’elle ne disparaisse de mon champ de vision j’ajoute toujours avec mon sourire rassurant. Ce sourire de grand frère protecteur dont je ne peux me départir. Luce ! Si mes frères sont votre famille, sachez que vous n’êtes jamais seule… au final. Les Weasley ne lâchent jamais leur famille. Jamais. Même dans la mort, même dans la pire embrouille qui soit. Les Weasley étaient solidaires. Je les laissais partir avant de prendre le chemin inverse, tout droit sur le groupe d’insurgé que je rejoignais rapidement. J’écartais le danger, pour elle. Pour qu’elle puisse partir, en sécurité et qu’un jour nous puissions faire plus ample connaissance… Qui sait quels sont les effets d’une rencontre comme la nôtre aujourd’hui ? De mon côté en tout cas je n’étais pas prêt de l’oublier.
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John Green, The Fault in Our Stars.


« Sans doute une des choses qui vous a rapproché de mes frères. » Il n’imaginait pas à quel point. Cette pierre n’était que le centième de ce que tu pourrais faire, de ce que vous auriez pu faire, à trois, Fred, George et toi. L’ingéniosité du premier, la sagesse du second et tes tours de magie douteux, peu recommandables. Et maintenant ? Tu te plaisais à penser que c’était encore possible avec Fred, qu’un jour, peut-être, vous pourriez vous retrouver autour d’un problème insoluble, d’un objectif à atteindre.. résoudre quelque chose avec une invention commune mais rapidement, la réalité te rattrapait et tu repoussais les rêves d’enfant : vous étiez deux gamins terribles plus aptes à éradiquer Londres qu’à jouer les Tesla révolutionnaires. Voldemort vous avait tout arraché et tu restais son serpent enchaîné, vulgaire naja en laisse. « Ne cherchez pas à savoir, Bill. » Mieux valait qu’il ne comprenne pas de suite l’influence que tu avais eu dans la vie de ses petits frères. Peut-être ne t’accuserait-il pas d’avoir tenté de les détourner du droit chemin mais tu n’avais pas envie de prendre le risque : c’était votre passé, votre trio impensable. Tu étais entrée dans le sacrosaint atelier, fermé à tout autre et tu ne voulais pas qu’on t’en tienne rigueur. Tu ignorais comment fonctionnait une fratrie, autant t’en tenir loin. A Poudlard, tout ce que tu faisais tendait déjà vers une magie beaucoup plus dangereusement sombre que celle des frères rouquins. Triste fait, tu t’étais persuadée qu’il s’agissait là d’un énième signe du destin faisant de toi une adepte du Lord forcée ; cela, ou une sorcière dingue vouée aux arcanes obscures par liens du sang. Une idiotie du genre qui te coûtait la liberté. « Merci. Il suffit de la « jeter » par terre ? » Tu hoches la tête. « La pierre ne peut contenir qu’une certaine limite de magie, après il faut la recharger. L’effet se déclenche par un contact sec, mais méfiez-vous, ces flammes ne se contentent pas de brûler. » Oh non, c’aurait été trop doux, trop simple. Les marques sombres sur la peau qui peuvent en découler vont jusqu’à se répandre douloureusement, comme un virulent poison, noircissant la peau, laissant la sensation cuisante des flammes des jours durant.

« Luce ! Si mes frères sont votre famille, sachez que vous n’êtes jamais seule… au final. Les Weasley ne lâchent jamais leur famille. » Tu t’es arrêtée. C’est idiot, tellement idiot mais tu as marqué un temps d’arrêt, le dos tourné, incapable de répondre quoi que ce soit. Tu n’as jamais eu la sensation d’avoir une famille, en dehors bien sûr de tes serpents, et, alors qu’il ne te connaît pas, qu’il n’a que ta parole comme preuve de ta proximité avec ses frères, il t’intègre à ce groupe unique, cette notion si particulière. Tes doigts attrapent la capuche que tu remontes sur ta tête, faisant à nouveau de toi une silhouette sombre, une ennemie. Tu n’aurais pas trouvé les mots justes même si tu l’avais voulu. C’était contre ta nature, contre ton état psychologique, les remerciements chaleureux ; t’aurais eu l’impression d’y laisser les dernières écailles de ta certitude. Tu n’étais pas partie pour rentrer sagement à la maison, tout au plus errer des heures entières dans des lieux un brin moins fréquentés, tout pour oublier, pour arrêter de réfléchir.

Quant à justifier cette rencontre.. tu préférais ne pas penser aux conséquences, mieux valait la reléguer au fin fond de ta mémoire, au moins un temps. Au moins. Stop. Cesse de tergiverser et avance. Surtout ne pas revenir en arrière, ne pas faire l’erreur fatale de rester, de fuir les tiens, les vrais, les purs, les mangemorts.

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