I used to recognize myself, It's funny how reflections change When we're becoming something else. Trying to fit my hand inside of yours, when we know it just don't belong.
Why don't you be you and I'll be me
VIDEO Il ne t’écoute plus. Il n’entend pas tes excuses, tes supplications. Tu peux presque te revoir, il y a quelques mois, devant Astoria. À la supplier de la même façon, à te cramponner à sa robe. Sans orgueil. Sans aucune fierté. Sans plus aucune retenue. N’en as-tu pas assez d’être ainsi, Susanna ? Oui. Mais tu ne sais plus quoi faire. Quoi dire. « Une Carrow ?... Par pitié dis moi que tu parles de cartes à jouer là et que ton cousin c'est Piques et que ta tante s'appelle Coeur. » Tu ne peux plus le regarder. Pas en face. Pas quand il va bientôt tout comprendre. Pas quand le sujet est aussi sérieux. Tu es une Carrow et rien ne peut changer cela, tu le sais, parce que tu as essayé toute ta vie. De ne pas être la fille de ton père, de ne pas laisser le sang acide de Lazarus battre trop fort dans tes veines. Mais il n’y a rien à faire, tu l’as compris depuis le temps. Et qu’importe si tu ne te reconnais pas comme une noble descendante des Carrow, tu l’es. D’autant plus pour un Weasley en cavale. Troisième indésirable le plus recherché à travers le pays. « Sérieusement ?... C’est quoi la prochaine étape ? Je me farcis une Dolohov ? je partage mes cookies avec un Burke ? Oh je sais ! Je me fais une session twister entre un Lestrange et un Black. Hé on sera tous entre nous! Sang pur tout ça. » Tu fermes un instant les yeux, cherche les bons mots, les explications correctes, mais en existe-t-il seulement ? Tu ne sais pas, mais quand tu tournes la tête dans sa direction, son sourire n’a rien de chaleureux. Rien de rassurant. Rien de familier. « Ce sera putainement merveilleux ! » Tes lèvres se mettent alors à trembler, à s’écarter alors que tes yeux ne le quittent plus, scintillant d’excuses liquides. Tu aurais dû tout lui dire dès le départ. Tu aurais dû tout risquer, après tout, tu n’avais rien à faire de mourir à cet instant, non ? Non. Tu as toujours voulu vivre, c’est ça la réalité Susanna. Alors tu ramènes tes jambes contre toi, contre ton ventre, pour serrer tes bras autour de ton corps, maintenant frigorifié. Abandonné. Rejeté. « Je suis tellement désolé Ronald… je m’excuse… » tu murmures plus que tu parles, mais il reprend la parole. Froid. Détaché. Dégouté. « Tu sais qui je suis. Tu sais où je suis. » Oui, dès que tu avais retrouvé les fragments de ta pensée, tu avais su. Tu avais compris. Un Weasley. Un insurgé. Tu n’as que toi-même à blâmer, mais pas lui. Alors Ron redresse une main, exigeant le silence de ta part. Tu ne dis plus rien, tu respires à peine, le cœur au bord des lèvres, des excuses plein le ventre. « Je veux pas entendre ce que tu as à me dire. Je sais même pas qui tu es…et je veux pas le savoir là. Susanna ou...peu importe. Tu pourrais être Nagini en jean que j'en aurais rien à foutre! » Et ainsi soit-il. S’il ne veut plus t’entendre, tu ne comptes pas le défier. Tu as fait assez de mal ainsi, assez de bêtise. Tu baisses donc simplement la tête, honteuse. Malheureuse au possible. Et pourtant, tu ne veux pas rentrer, tu es devenue égoïste Susanna, tu devrais libérer Ronald de ta présence, de ton poids, lui annoncer qu’il va enfin être tranquille. Mais non. Et quand il sort de la tente, quand il s’écarte de toi, c’est plus fort que toi, plus fort que ta volonté, ton corps le suis. Tu abandonnes la couverture, tu abandonnes tout pour le suivre. Dehors. Sous l’air froid qui souffle déjà entre les arbres. Mais sa voix claque encore plus fort dans l’air, comme un fouet. Comme une gifle : « dégage » un ordre, pas une demande, ni une requête. Un ordre. Et déjà tu figes devant la tente, tes doigts s’accrochant au bas de ton vêtement. Le sien. Son odeur partout sur toi. Alors qu’il se détourne, qu’il te tourne le dos, dans un rire qui n’a rien de joyeux. Qui n’a rien de Weasley. « Ça aurait pu être pire Ron. » Figée sur place, tu observes son dos, tu retiens ton souffle. Un mince espoir se faufile en toi. Est-ce que ça pourrait être réellement pire ? « Ça aurait pu être une Parkinson. Avec ta sœur en rebut en bonus. Wohoooooooooooooo. » Non, ça ne pourrait pas être pire et résignée, tu baisses la tête, tout en enfonçant tes doigts dans le haut de tes cuisses. Tu n’oses plus bouger, tu attends qu’il se calme, tu espères encore, quelque part. Qu’il pourra t’écouter, qu’il se rappellera qu’au cours des nombreuses semaines passé avec toi, tu n’as jamais été mauvaise. Faible, oui, craintive, assurément, différente et étrange, possible, mais absolument pas dangereuse. Pas avec lui. Il le sait, non ? Non, il ne sait rien. Parce qu’il ne te connait pas, il ne sait pas tout ce que tu pourrais avoir fait, tout ce que tu as rejeté toute ta vie durant, que s’il déteste les Carrow, tu y mets assurément le même effort. Plus même. Ce n’est pas lui qui a eu à subir son Lazarus toute sa vie durant. C’est toi ! La frustration se mêle doucement à ta honte et tu attends encore.« Idiote... » sa voix semble plus calme et quand tu redresses enfin les yeux, son regard à quelque chose de triste. Sa voix aussi. Sa façon de se tenir. « On est en guerre Sue. » Ce simple surnom suffit à te rassurer, à remettre un peu de vie dans ton corps et tu acquiesce doucement, les yeux humides, tout en te mordant l’intérieure de la bouche. Oui, le monde est en guerre, mais toi, tu n’es pas en guerre contre lui. Tu es en guerre depuis tes quatre ans, avec ton père, avec ta sœur, puis avec ton frère, prochainement. La guerre a toujours fait rage, mais il n’y a pas de guerre entre le roux et toi. Jamais. Mais tu baisses les yeux, honteuse, coupable, petite fille prise en faute. Malheureuse. « Je sais… » que tu souffles d’une petite voix. Tu n’oses plus lui demander son pardon, tu l’as bien assez froissé. Et voilà que ce petit espoir qu’il a faufilé en toi, meurs tout aussi rapidement qu’il est venue, dans la prononciation de ton nom, presque un outrage dans sa bouche. « Rentre. Laisse-moi. Ne t’en fais pas Carrow, chez nous on n’abandonne pas les gens. C’est notre plus gros défaut. » Carrow. Un nom qui te hante à jamais. Un nom qui te porte malédiction. Un nom qui ne te va pas. Jamais. Mais tu baisses la tête, enfonce les ongles d’une main dans ta chaire alors que l’autre se glisse contre ta bouche. Alors que tu pivotes. Alors que tu obéis. Tu t’enfonces sous la tente, le cœur lourd, un sanglot coincé dans la gorge. Tu le retiens pourtant. Longtemps. Assez pour que la nuit tombe froidement sur les bois. Assez pour que la silhouette de Ronald ère, la dehors. À remettre du bois sur le feu. À vérifier par Morgana sait quoi autour du campement. Assez pour que la tente se refroidisse et que là, assise dans le noir, sur le minuscule canapé, tu te blottisses, sans grand succès, sous la couette. Mais ce soir, il ne reviendra pas. Tu le sais. Ce soir il n’y a personne pour enrouler ses bras autour de toi, quand tu pousses un cri paniqué, juste une ombre plus loin. Hésitante. Une ombre qui se détourne. Alors le sanglot se libère de ta gorge et tu pleures dans le noir, enroulé dans ta couverture. À maudire ton nom. À maudire ta famille. Comment se libère-t-on d’un nom, Susanna ? Tu ne sais pas, mais tu donnerais tout pour savoir.
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