‹ occupation : guérisseuse au service d'infection par virus et microbe magique et co-présidente de l'association "Rosier's Disease Research Trust".
‹ maison : Serdaigle
‹ scolarité : 1980 et 1987.
‹ baguette : est en bois de charme, contient une plume de phénix et mesure 26,4 centimètres.
‹ gallions (ʛ) : 5574
‹ réputation : je suis fragile et que j'ai été manipulée par mon compagnon.
‹ particularité : occlumens.
‹ faits : je suis de sang pur, que je fais partie de la famille Grimaldi, que je suis d'origine italienne, que j'adhère aux idées insurgées mais que je me suis résolue à ne jamais les rejoindre pour le bien être de ma fille, que je suis une ancienne guérisseuse et que je sais donc comment soigner les gens de diverses pathologies, que je me défends en duel, que j'adore lire, que j'apprécie les jolies choses.
‹ résidence : dans un petit studio sur le chemin de traverse que le gouvernement a bien voulu me donner pour mon implication de guérisseuse durant la guerre. La demeure des Grimaldi à Herpo Creek ainsi que mon appartement à la Bran Tower avaient été saisis. Je dispose toujours d'une résidence secondaire et tertiaire à Brighton (maison d'été) et à Florence (terres italiennes).
‹ patronus : un lapin, patronus de Thomas
‹ épouvantard : un entassement de corps, celui de mes enfants et des êtres qui me sont chers.
‹ risèd : ma famille heureuse et recomposée.
Anna and Simon
Childhood means simplicity. Look at the world with the child's eye, it is very beautiful.
La lumière filtrant à travers les interstices de la porte, la pièce s’illuminait et s’assombrissait au rythme des passages d’individus dans le couloir. Elle avait fermé sa porte à clé après le départ de ses supérieurs et s’était plongée dans la pénombre pour mieux réfléchir. La journée avait été rude …
A son réveil, elle sentait déjà que la nuit n’avait pas été très réparatrice. Ponctué par les bruits incessants provenant des logements voisins et les cauchemars, le sommeil d’Anna s’était fractionné en une dizaine de micro-siestes peu revigorantes et inutiles à la bonne santé d’un sorcier. En bonne guérisseuse, elle s’était alors préparé une potion d’énergie de sa concoction. Ces derniers temps, elle en prenait quasiment tous les matins et se rendait compte que sa vie en devenait complètement dépendante. Mais leurs effets n’étaient jamais d’une très longue durée, et en fin de matinée, la fatigue retombait le plus souvent sur ses épaules tel un rocher dévalant une montagne. Malgré tout, comme tous les matins, elle trouvait la force de se lever, de s’habiller, d’attraper ses dossiers et de quitter sa miteuse chambre pour se rendre au ministère. Par ailleurs, une fois par semaine, elle faisait également un petit crochet par la demeure des Grimaldi pour rendre visite à ses parents et surtout à son frère qui était totalement effondré depuis la mort de leur petite sœur Tessa. Et justement, aujourd’hui, était le jour de visite. Dans un long soupir qui tira vers le bâillement, elle transplana jusqu’au manoir des Grimaldi, avec anxiété. « Comment se sent-elle ? » Son père hocha la tête. Anna comprenait. Après la mort de Tessa, sa mère avait commencé à autodétruire. Sa petite fille préférée était morte, et il ne lui restait que cette insolente et capricieuse Anna. Cette dernière avait toujours mal vécu le manque d’affection que lui portait sa mère, mais elle ne lui en a jamais voulu, trop gentille et trop attentionnée pour haïr sa propre mère. Posant un baiser sur la joue de son père, elle se dirigea jusqu’au pas de la porte du boudoir où sa mère passait le plus clair de ses journées. Anna entrouvrit la porte, et vit comme à son habitude, sa mère, assise sur son fauteuil préféré, la photo de Teresa sur ses genoux, le regard vide. « Mère … » L’interpellée leva les yeux, jeta ce regard sombre et plein de tristesse vers son aînée et rebaissa le regard vers la photo, comme si elle venait, une fois de plus, de comparer ses deux filles et de ne voir les qualités que chez sa fille défunte. « Je viens comme à mon habitude voir comment vous vous portez, mais il semblerait que les choses n’aient pas changé. Sachez que vous n’êtes pas la seule à souffrir … » Sa voix se rompit à la fin de la phrase et les larmes vinrent humidifier ses yeux. Elle ne réussit pas à en dire plus. Elle voulait tellement prendre sa mère par les épaules, l’agiter, lui crier dessus, lui rappeler qu’elle avait encore un fils et une fille qui l’aimaient, un mari qui faisait tout pour l’aider … Mais Anna n’y arrivait pas, à chaque fois qu’elle y pensait, elle se rappelait des violences passées de sa mère et redoutait qu’elle ne recommence. Du coup, sa bouche restait close et elle faisait demi-tour, quittant la pièce, sans même lui accorder un regard.
Elle s’était ensuite dirigé vers la chambre de son frère où elle passa plus d’une heure, discutant avec lui, le rassurant, le réconfortant, partageant toujours cette même complicité qui les avait toujours unis. Puis elle avait délibérément oublié un dossier sur le lit et avait rejoint son travail au ministère. Sa journée était alors une vieille routine. Elle rangeait ses dossiers, répondait au téléphone, s’occupait des tâches particulièrement ingrates … toute la journée. Mais toutes ces besognes n’étaient pas la partie la plus dure de son travail au ministère, le plus dur était le regard plus que pesant des fonctionnaires et des Mangemorts qui se demandaient ce qu’elle faisait encore là alors que son mari et sa sœur étaient des traitres. Le pire de tout était l’intrusion fréquente de personnes dans sa tête. Elle ne savait pas vraiment de qui il s’agissait, mais elle devait constamment être sur le qui-vive et bloquer l’accès à ses pensées grâce à son occlumancie. Cela l’épuisait clairement et ses seuls moments de répit résidaient en ces quelques heures qu’elle passait enfermée dans son bureau après le départ du directeur. Ces heures, elle les passait le plus souvent dans l’ombre, les yeux mi-clos, à se reposer ou à réfléchir à différentes stratégies pour ne pas se faire démasquer. Elle partait assez tard du ministère, sachant pertinemment qu’elle ne dormirait pas avant une heure du matin. Aujourd’hui, elle fixait les ombres qui dansaient devant elle, se demandant lequel de ces passants était le légilimens qui tentait de dévoiler aux yeux de tous, ses mauvaises intentions. Louchant sur la serrure de la porte, elle semblait vouloir voir à travers – non pas que cela n’était pas possible magiquement parlant, mais elle n’en avait pas la force … Lorsque finalement ses yeux n’eurent plus la force de rester ouvert, elle attrapa ses dossiers, réarrangea son bureau et rejoignit l’Atrium. De là, elle transplana jusqu’au Chaudron Baveur où elle avait élu domicile depuis la mort de son mari.
En arrivant dans son couloir, elle avait la sensation que quelque chose n’était pas normal, elle n’aurait pas su dire quoi, mais son instinct ne la trompait que très rarement. Posant ses dossiers sur le rebord d’une fenêtre, elle referma ses doigts sur sa baguette et la serrant de toutes ses forces, elle se déplaça lentement vers sa chambre en longeant le mur. A moins d’un mètre, Anna remarqua que la porte était ouverte … Non ! Pire que ça, la porte n’était plus là. Elle s’arrêta, prit une grande inspiration et fit face à l’ouverture béante laissée par l’inexistante porte de sa chambre. « Qui que vous soyez … » Elle n’eut pas besoin de finir sa phrase, elle reconnut immédiatement la silhouette quasi inerte qui était allongée sur son lit. Revenant sur ses pas, elle récupéra ses dossiers et entra dans sa chambre. Au moyen d’un sortilège, elle insonorisa l’endroit et lâcha violemment son paquet de document à côté de la tête de Simon. « SIMOOON ! Sans rire ! Qu’est-ce que tu fais là ? Et surtout … OÙ EST MA PORTE ? » Elle avait beau connaître Simon depuis son enfance et avoir énormément d’affection pour lui, des fois, elle ne le comprenait pas. Il était encore une fois dans un piteux état. Elle se demandait ce qu’il avait encore fait. Elle hocha la tête, affligée …
‹ occupation : criminel, propriétaire déchu du Centuries.
‹ maison : Serpentard.
‹ scolarité : 1977 et 1984.
‹ baguette : brisée.
‹ gallions (ʛ) : 5331
‹ réputation : il n'est plus rien, l'héritier réprouvé d'une famille presque extincte, indigne de toute confiance et bon à moisir dans les geôles d'Azkaban.
‹ faits : toujours considéré comme une ordure remplaçable, dans le clan désuni de Voldemort, Rosier est désormais perçu comme un lâche ayant déserté avant la bataille finale. Un monstre qui a abusé de la confiance d'une sorcière honnête (Anna), et un père indigne par-dessus le marché. Nombreux sont ceux qui auraient aimé maintenir la peine de mort jusqu'à ce qu'il y passe.
‹ résidence : Azkaban.
‹ patronus : un vague filet argenté, sans forme ni consistance.
‹ épouvantard : un précipice.
‹ risèd : une plage, avec Anna et Charlotte.
childhood means simplicity
They say for every high high there must be a low, low, low, low, low
Il avait organisé une fête privée, faute de pouvoir annihiler sa douleur en silence et d’y pallier sans artifice psychédélique. Les portes du Centuries étaient fermées à la plèbe pour n’accueillir qu’une brochette d’élus triés sur le volet, mais dont les visages ne lui évoquaient rien de plus que de l’indifférence. Ses billes azures étaient rivées sur la scène, où un groupe au talent discutable gesticulait comme une bande d’abrutis pensant savoir jouer de la musique : la chanteuse braillait son mal du siècle, accompagnée d’un batteur à contretemps et d’un guitariste décidément trop rock’n’roll pour suivre correctement la mélodie. Ses pieds, dont la plante était fichée sur le rebord d’une table basse, retombèrent par terre alors qu’il se penchait de nouveau au-dessus de la surface en verre pour y sniffer quelques résidus de Navitas. Du bout de son index, il barbouilla ses gencives de ce qu’il restait et s’affala de nouveau dans le divan, la main sur le visage.
La veille, il avait été dépêché à Sainte-Mangouste au beau milieu de la nuit, où un médicomage lui avait gravement annoncé que « Miss Rosier » avait été admise en soins intensifs dans un état critique. Il n’avait pas compris la suite, ou n’avait pas voulu l’entendre ; possible fausse couche, perte de sang, hypotension, étaient des mots qui s’entrechoquaient dans son esprit sans avoir la moindre résonance. Il se contentait de fixer le professionnel avec une paire de billes hagardes, incapable de formuler une parole tant son palpitant martelait sa gorge de battements effrénés. Sa contenance envolée, ne restait plus que ce qui le rendait profondément humain — la peur. « Je veux la voir. » Il n’avait pas élevé la voix, il n’avait pas attrapé l’homme par le col de sa robe verte en lui éructant de sauver sa cousine. Cependant, l’ordre quasi péremptoire ne fit pas broncher le médicomage qui, d’un air affable, lui répliqua que ce n’était pas possible. Pas pour le moment. Égal à lui-même, feignant l’impavidité du mieux qu’il le pouvait, il articula difficilement qu’il ne bougerait pas, alors qu’en son for intérieur, il luttait avec l’irrépressible envie de se désobéir, de s’oublier, et de fracasser toutes les portes se dressant entre lui et Yselia. Une kyrielle de questions lui brûlait pourtant les lèvres, mais celles-ci demeuraient closes, exsangues. Elle l’avait vu. Elle avait vu l’assassinat de Selwyn — il en était maintenant convaincu. Et l’officialisation de son meurtre avait dû être le coup de grâce. Engourdi, il avait manqué de défaillir mais se retint in extremis à une rampe métallique, fichée près d’une vitre. Pendant un instant, sa vulnérabilité s’exposa sans pudeur ; il n’avait aucun contrôle. Pas la moindre solution à proposer. Rien. Ses jambes parvinrent à le porter près d’un espace d’attente, d’où il pouvait apercevoir les allers-retours du personnel soignant. Et la sentence tomba aux alentours de sept heures du matin, quand une équipe de médicomages (prévenant sans doute l’esclandre) fit irruption dans le couloir. Il somnolait à moitié, le menton reposant dans sa paume et les sourcils froissés. Sa tête dodelina quand une femme pressa doucement son épaule. Mr Rosier ? Qu’il entendit. Ses paupières papillonnèrent ; à peine eut-il amorcé un geste qu’une douleur lui vrilla la nuque, à cause de sa position inconfortable. Avant même de se lever, son regard injecté de sang rencontra celui, fuyant, de l’homme qui l’avait accueilli, quelques heures auparavant. Son cœur manqua un battement. La guérisseuse lui conseilla de « rester assis », mais se vit silencieusement rabrouée par un mouvement de bras. Nous sommes désolés. Un silence. Simon ne tressaillit pas. Il était si exténué qu’il n’avait même pas la force de se crisper. Ils lui expliquèrent vaguement ce qu’il s’était passé, pourquoi ils n’avaient pas réussi à la sauver, lui assurèrent qu’elle n’avait pas souffert. « Et le bébé ? » murmura-t-il d’une voix éraillée. L’enfant non plus n’avait pas survécu. Trop prématuré. « Je peux la voir ? » Cette fois-ci, une question. Le prince avait perdu de sa superbe. Il se laissa conduire jusqu’à la chambre de la défunte sans prêter attention au chemin, intérieurement effondré. Sa famille était maudite. Ou n’était-ce que le revers du destin — la fatalité ? Les nécromages n’avaient pas encore récupéré le corps. Les quelques secondes pendant lesquelles il demeura sur le seuil de la porte, interdit, semblèrent s’étirer en une éternité agonisante. Un air paisible flottait sur le visage d’Yselia. Il glissa sa main dans l’une des siennes, aussi glacées que celles d’un cadavre pouvaient l’être, et contempla le ventre plat, vide de vie. Qu’aurait-il fait, si le bâtard avait survécu ? Les Selwyn avaient été amputés de leur branche principale, et il n’aurait jamais confié son neveu aux Rowle. Père d’adoption était un titre qui ne lui seyait guère. Il se pencha au-dessus de sa cousine et effleura son front de ses lèvres, lui murmurant un « see you later » qu’il pensait sincèrement. Yselia était morte. Il ignorait comment il annoncerait son décès au reste de sa caste sans arracher des larmes hypocrites aux bonnes femmes, qui glapiraient à leur voisine, elle était si jeune, si belle, si pleine d’avenir ! Quel gâchis ! Il entendait déjà les rumeurs qui la suivraient dans le tombeau, la fin tragique de son couple, la déchirante nouvelle de sa fausse couche. On blâmerait la sauvagerie des insurgés. On blâmerait cette guerre qui n’en finissait pas. Et il se blâmerait jusqu’à la fin de ses jours.
_____
Il s'était éclipsé du Centuries aux alentours de trois ou quatre heures, sans escorte et, trop entamé pour entreprendre un transplanage, dut invoquer le Magicobus afin de le ramener à bon port. Il faudrait organiser l’enterrement. Transférer le corps. Affronter les questions indiscrètes. Il ignorait quand se tiendraient les funérailles de Selwyn, mais la seule pensée d’avoir à mettre sa cousine en bière aux cotés de ce salopard le révulsait. Unis pour l’éternité. L’idée lui provoqua un haut-le-cœur – à moins que ce ne soit l’alcool et les incessantes embardées du bus. Quelques sorciers dormaient à poings fermés, fermement accrochés à leurs oreillers. Il aurait aimé dormir. Mais qu’importe sa volonté, qu’importe son épuisement, il enchaînait les nuits blanches sans être capable de fermer l’œil. D’où une utilisation excessive de somnifères en tout genre, d’une simple potion à des « expérimentations » plus élaborées, supprimant rêves et autres perturbations psychiques. De retour chez lui, il contempla l’endroit comme s’il le découvrait pour la première fois. La notion du temps lui échappait au point que la réalité s’était distordue. Il déboucha une bouteille de cognac, qu’il but au goulot, et, incapable de monter les quelques marches le séparant de l’étage, ce fut le canapé qui accueillit sa carcasse alcoolisée. Une loque. Il n’honorait pas vraiment la mémoire d’Yselia, mais qui l’admonesterait ? Son réveil, en plein après-midi, et la douche qui s’en suivit, n’eurent aucun effet bénéfique sur son comportement. Il fuma un demi-paquet de clopes, vida le fond d’une bouteille de firewhiskey, et rampa à quatre pattes sous la table de la salle à manger dans l’espoir de dénicher un dernier sachet de Navitas, ou d’Excess. Il avait besoin de parler. Yselia est morte, quelqu’un devait l’entendre avant tout le monde. Anna était de retour. Anna l’écouterait. Anna saurait l’écouter. Anna était la seule personne au monde qui le connaissait suffisamment bien pour qu’il ose se montrer dans cet état. Mais Rosier avait souvent de mauvaises idées – et celle de se ramener au Chaudron Baveur en soirée, imbibé d’alcool, ne faisait pas exception. Comment parvint-il à sortir de chez lui, avait-il au moins scellé les sortilèges de protection, transplana-t-il ou rappela-t-il le Magicobus ? Sa mémoire à court terme, détraquée par un excès de psychotropes, avait cessé de fonctionner depuis au moins vingt-quatre heures. Et ce fut ainsi qu’il se présenta au pub sorcier, chavirant sur ses guiboles, avec un gilet enfilé à l’envers et des lunettes de soleil sur le nez.
« La chambre d’Anna Grimaldi ? » La sorcière de l’accueil le darda d’un regard soupçonneux, et argua qu’elle n’était pas autorisée à divulguer cette information sans l’accord de Miss Grimaldi. Le poing de Rosier s’était refermé sur le comptoir. « Je serais vraiment curieux de savoir ce que vous pourriez faire pour m’empêcher de monter à l’étage et défoncer toutes les portes jusqu’à ce que je trouve– » Il se stoppa de lui-même, presque étonné du fiel déversé sans raison. Il était déjà venu voir Anna au Chaudron Baveur. Là était le problème. Il était déjà venu. « Ça fait rien. » Son renoncement face à la réceptionniste ne l’empêcha pas de grimper quatre à quatre les escaliers menant aux chambres. Il se souviendrait peut-être en route. Vers le fond. Sur la droite ? À quelques mètres d’une fenêtre. D’un geste malhabile, il marmonna un « accio chaise d’Anna ». Un bruit sourd retentit derrière une porte, qu’il devina être la bonne. Sauf qu’il n’avait pas de clef. Plutôt qu’attendre sagement le retour de son amie, il pointa le bout de sa baguette vers le bois abîmé du battant et le supprima. Tout bonnement. Réalisant à peine l’ampleur de ses conneries, il s’engouffra à l’intérieur. Fort heureusement, il était beaucoup trop saoul pour entreprendre une fouille détaillée de ses effets personnels. Le lit lui paraissant être la meilleure de ses options, il s’y installa (trébucha) sans plus tarder. Un jour, peut-être récupérerait-il sa dignité. Un jour. « Putain– » la violence du choc près de sa tête l’obligea à ouvrir les yeux, pour découvrir dans son champ périphérique le visage contrarié d’Anna. « Oh, hey, croassa-t-il en prenant appui sur ses coudes. Désolé pour la porte…j-j’arrivais pas à l’ouvrir. Enfin, c’était après m’être souvenu que c’était normal que je puisse pas l’ouvrir… Vu que t’étais pas là. Mais… mais elle est quelque part. Sans doute. » Il affichait une moue penaude, à mille lieues du masque d’indifférence figeant habituellement ses traits. Avec Anna, il se permettait une familiarité à laquelle très peu de ses proches étaient accoutumés. Sa réputation sulfureuse n’était un secret pour personne, mais il avait conservé une certaine prestance – même dans l’ivresse. Et ses répliques cinglantes calmaient immédiatement les ardeurs des uns et des autres. Anna, elle était différente. Ils se côtoyaient depuis trop longtemps pour se dissimuler sous leur panoplie d’adulte. « J’ai pas apporté de bouteille… » Il leva ses mains vides. « Hm. » Ses lunettes de soleil glissèrent sur le bout de son nez. « Y-Yselia est morte. » Aucune émotion ne perça sa voix. Il n’avait pas réfléchi. Il retira sa paire de verres teintés et la jeta au bout du lit, avant de loucher sur les dossiers qui avaient manqué de lui fracasser le crâne ? « Oh. Pourquoi tu as décidé de rejoindre le Ministère, franchement… » Le ton aurait pu être facétieux, s’il ne s’était pas brisé.
Dernière édition par Simon Rosier le Ven 17 Juil 2015 - 16:54, édité 1 fois
‹ occupation : guérisseuse au service d'infection par virus et microbe magique et co-présidente de l'association "Rosier's Disease Research Trust".
‹ maison : Serdaigle
‹ scolarité : 1980 et 1987.
‹ baguette : est en bois de charme, contient une plume de phénix et mesure 26,4 centimètres.
‹ gallions (ʛ) : 5574
‹ réputation : je suis fragile et que j'ai été manipulée par mon compagnon.
‹ particularité : occlumens.
‹ faits : je suis de sang pur, que je fais partie de la famille Grimaldi, que je suis d'origine italienne, que j'adhère aux idées insurgées mais que je me suis résolue à ne jamais les rejoindre pour le bien être de ma fille, que je suis une ancienne guérisseuse et que je sais donc comment soigner les gens de diverses pathologies, que je me défends en duel, que j'adore lire, que j'apprécie les jolies choses.
‹ résidence : dans un petit studio sur le chemin de traverse que le gouvernement a bien voulu me donner pour mon implication de guérisseuse durant la guerre. La demeure des Grimaldi à Herpo Creek ainsi que mon appartement à la Bran Tower avaient été saisis. Je dispose toujours d'une résidence secondaire et tertiaire à Brighton (maison d'été) et à Florence (terres italiennes).
‹ patronus : un lapin, patronus de Thomas
‹ épouvantard : un entassement de corps, celui de mes enfants et des êtres qui me sont chers.
‹ risèd : ma famille heureuse et recomposée.
Anna and Simon
Childhood means simplicity. Look at the world with the child's eye, it is very beautiful.
Simon n’avait plus grand chose du petit garçon discret et timide qui s’était avancé vers elle, une rose à la main, aveuglé par l’amour ; un amour d’enfant, un amour innocent et sans apriori, mais un amour quand même. Elle se souvenait de ses petits doigts se refermant sur le cadeau, les épines s’enfonçant dans sa main, et la sensation de douleur se répandant dans la paume de sa main, parcourant chaque parcelle de son bras, les influx nerveux qui se propageaient dans tout son corps, poussant les larmes à ses yeux et les cris à sa gorge. Mais elle n’en fit rien, trop absorbée par le geste du petit garçon, trop attirée par le regard bleu profond du jeune Rosier. Puis elle le fixait et plus la pression de sa main sur la fleur se renforçait et plus les épines s’enfonçaient. Elle tentait ainsi de calmer l’appréhension et la nervosité qui la parcouraient. Elle avait tout juste quatre ans aujourd’hui, et lui six il y a quelques jours, mais déjà, ce sentiment d’excitation et d’euphorie la parcourait ; elle ne connaissait rien au sentiment amoureux, néanmoins, elle savait qu’elle avait le cœur qui palpitait à l’idée d’avoir reçu un cadeau de la part du petit Simon. Elle s’était avancée d’un pas, portant sa main sauve vers l’épaule du garçon, puis se mettant sur la pointe des pieds, elle avait posé ses lèvres sur la joue toute douce de Simon et l’avait ainsi remercié. Baissant les yeux vers ses mains, Anna fixa l’anneau pâle laissé par son alliance sur l’annulaire de sa main gauche, puis son regard bascula vers les toutes petites cicatrices qui résidaient encore dans la paume de sa main droite. C’était comme si une partie d’elle appartenait à Thomas, et que l’autre avait toujours appartenu à Simon. Ces petites traces dans sa main droite, elle aurait pu les faire disparaître par d’innombrables concoctions, pommades et autres remèdes de guérisseur, mais elle aimait se souvenir de son enfance, de cette période de la vie où elle avait été amoureuse candidement de ce beau brun, qui, malgré sa timidité, avait fait ce geste vers elle, avait partagé avec elle, cette part de lui qui n’existait plus qu’à travers ses yeux à elle. Elle ne le remercierait jamais assez d’avoir laissé un morceau de son existence dans ces cicatrices ; parce que sans elles, Anna ne saurait plus pourquoi elle lui parlait encore, pourquoi elle lui faisait encore confiance, et pourquoi à ses yeux, il y avait toujours une petite part de ce garçon de six ans, en lui, ancrée, bien profondément, mais existante. Elle le voyait différemment de tout le monde, elle faisait peut-être même partie des seuls, des derniers à le voir comme il était, comme il aurait pu être ; et surtout, elle voyait ce qu’il était devenu.
Lorsqu’il parla, elle ne put s’empêcher de ressentir de la pitié pour lui. Elle s’en voulait énormément de ressentir cela, mais aucune autre émotion n’arrivait à décrire suffisamment bien ce qu’elle sentait à l’intérieur d’elle en le voyant ainsi. Elle le voyait s’autodétruire depuis trop long ; la marque l’avait changé, l’existence même l’avait changé et elle était très mal placée pour lui dire quoi que ce soit à ce propos. Elle voulait tellement l’aider, trouver une solution, lui donner de la force, lui donner son courage et sa hargne, lui fournir une raison d’exister à travers lui et non pas à travers l’alcool et la drogue. Elle était totalement démunie face aux idées noires qui obscurcissaient tous les actes de Simon. Ses poings se serrèrent. Elle aimait tellement passer du temps avec lui, quand il allait bien, tout du moins quand il faisait semblant d’aller bien, elle aimait parler avec lui de tout et de rien, elle aimait cuisiner avec lui, l’entendre rire … Ces moments étaient si rares … Elle détestait le voir se renfermer sur lui-même, disparaître de la circulation pendant des jours entiers, trop occupés à obscurcir ses pensées de psychotropes. Elle avait envie de s’avancer vers lui, le prendre par les épaules et l’agiter, le frapper pour qu’il reprenne ses esprits. Seulement, elle n’était pas comme ça, la violence gratuite, ce n’était pas elle, encore moins pour éclaircir les idées d’un ami. Parce qu’il était un ami, et peut-être même plus que ça et qu’elle ne voulait pas le faire plus souffrir qu’il ne souffrait déjà.
Elle fit l’impasse sur la disparition de la porte, classant ce problème parmi les choses futiles à régler ultérieurement. Elle le dévisageait toujours de loin, cherchant la bonne réaction à avoir ; pas trop brutale et pas trop protectrice. Elle croisa ses bras sur sa poitrine et frottait les petites cicatrices de sa main droite avec son pouce. « Dommage. J’aurais bien eu besoin d’une petite bouteille pour tout te dire. Mais t’es déjà dans un état assez lamentable, je préfère éviter de te mettre une tentation de la sorte sous le nez. » Elle avança d’un pas, faisant de légères pressions sur ses blessures passées. Yselia … Morte. Entendre ce mot de la bouche de Simon était plus douloureux que de le lire dans le journal. Cela rendait les choses plus réelles, plus vraies, là où de simples mots manuscrits faisaient planer l’hypothèse et la suspicion. Dans sa tête, le sang battait au niveau de ses tempes au rythme du mot ‘morte’ qui résonnait. La mort, comme la mort de son bébé, la mort de Thomas, la mort de Tessa, la mort de ces milliers de gens dans les diverses batailles qui avaient été menées entre les insurgés et les Mangemorts. La mort de ‘Voldemort’, la mort des ‘Mangemorts’. Son cœur battait à tout rompre, les fourmillements commençaient à s’insinuer dans ses bras, les frissons parcouraient tout son corps. Elle avait froid. Elle tremblait un peu mais enfonçait ses ongles dans sa peau pour ne pas montrer ses faiblesses. Elle prit une grande inspiration mais elle avait l’impression de suffoquer. Elle avait une soudaine envie de s’enfuir pour ne pas avoir à évoquer la mort, mais elle était là, face à Simon, totalement détruit par cette nouvelle, il était venu la voir elle, parce qu’il savait qu’elle l’écouterait. Elle ne pouvait pas le laisser. Une autre inspiration profonde, les ongles perçant un peu plus les couches de sa peau. Elle se racla la gorge et ne réussit à dire qu’une chose. « Je sais … » Elle savait, parce qu’elle avait lu les journaux, qu’on en parlait. Mais avec tout ce qu’il se passait en ce moment, elle n’avait pas pensé à l’horreur que Simon pouvait vivre, elle avait honte de l’avoir laissé se morfondre dans l’alcool et la drogue, parce qu’elle n’avait pas été capable d’être là pour lui. Un sanglot s’était coincé dans sa gorge, et elle refoulait ce sentiment. Non je ne pleurerai pas. Elle respira rapidement, puis petit à petit, elle ralentit son rythme cardiaque, sa respiration. Tout cet exercice lui réclamait énormément de concentration et d’énergie, mais elle le faisait parce qu’il avait besoin d’un soutien, et qu’elle était la seule à pouvoir le lui apporter. Le silence s’était installé sans trop créer de malaise. L’esprit de Simon était encore assez embrouillé - il semblerait – ou bien attendait-il simplement une réaction un peu plus expressive d’Anna. En sentant son corps se détendre un peu, elle avança doucement vers le lit, et comme pour répondre à la remarque de Simon, elle attrapa les dossiers du ministère, les lâcha par terre, les poussa légèrement du pied, s’allongea à côté de lui sur le lit et poussa un soupir. « Je suis vraiment désolée. Je sais que tu étais très proche d’elle, je ne la connaissais pas vraiment, mais tu l’aimais, et je sais ce que c’est que de perdre quelqu’un que tu aimes. » Elle tâtonna sur le lit pour trouver la main maigre et osseuse de Simon. « Tu sais que ta réaction n’est pas la bonne, hein ? Je déteste te voir comme ça. Mais je sais pas comment t’aider à part en étant là … » Elle fixait le plafond et fit une légère pression sur la main de son ami. Elle murmura encore. « Je suis là. »
Dernière édition par Anna Grimaldi le Dim 19 Juil 2015 - 11:39, édité 1 fois
‹ occupation : criminel, propriétaire déchu du Centuries.
‹ maison : Serpentard.
‹ scolarité : 1977 et 1984.
‹ baguette : brisée.
‹ gallions (ʛ) : 5331
‹ réputation : il n'est plus rien, l'héritier réprouvé d'une famille presque extincte, indigne de toute confiance et bon à moisir dans les geôles d'Azkaban.
‹ faits : toujours considéré comme une ordure remplaçable, dans le clan désuni de Voldemort, Rosier est désormais perçu comme un lâche ayant déserté avant la bataille finale. Un monstre qui a abusé de la confiance d'une sorcière honnête (Anna), et un père indigne par-dessus le marché. Nombreux sont ceux qui auraient aimé maintenir la peine de mort jusqu'à ce qu'il y passe.
‹ résidence : Azkaban.
‹ patronus : un vague filet argenté, sans forme ni consistance.
‹ épouvantard : un précipice.
‹ risèd : une plage, avec Anna et Charlotte.
childhood means simplicity
They say for every high high there must be a low, low, low, low, low
Il aurait pu dormir cent ans, et ça n’aurait pas suffi. Il aurait pu mourir dix fois, et ça n’aurait pas été assez. Il aurait pu la serrer dans ses bras, et ça n’aurait rien changé. Et il était épuisé, et dépassé, et pitoyable. S’il avait pu, il serait parti ; il aurait aimé partir, mais il avait trop vécu pour espérer de nouvelles aventures. Cette cage dorée, il ne l’avait jamais vraiment fuie, et l’audace dont il s’était cru capable à une époque n’en était pas, cela n’avait été que de l’égoïsme, un coup de gueule contre des conventions morales trop étriquées, contre papa et maman, contre les intempéries anglaises, contre l’ennui. Simon, il n’avait pas oublié ses privilèges, quand il s’est barré de l’autre coté de l’Atlantique, avec son compte en banque bien garni et ses ambitions de petit con. Il n’avait pas oublié d’où il venait, il n’avait pas claqué la porte – il ne méprisait pas son milieu, il y étouffait. Sauf que la cuillère en argent dont on l’avait béni à la naissance le gênait moins que les attitudes coincées de ses proches. Le reste, il s’en foutait. Maintenant… maintenant, il ne savait plus. Il fixait le bout de ses boots abîmés, le jean troué au genou qu’il avait extirpé du capharnaüm qu’était sa penderie, et tirait sur le col déchiré de son teeshirt, à l’effigie des Weird Sisters — une panoplie d’imbécile, criant au reste du monde que plus grand-chose ne tournait rond, dans sa caboche déglinguée. Mais Anna ne lui en tiendrait pas rigueur. Il ne ressemblait à rien, et Yselia était morte. La douleur était aussi invisible qu’indicible, l’élançait à chaque fois qu’un souvenir troublait le vide rassurant qui l’empêchait de penser ; pourtant, elle était là. Ancrée au plus profond de son être, la sensation d’avoir perdu un peu de lumière. D’avoir été amputé, sans anesthésie. Il croyait à tort que la trahison d’Elias l’avait suffisamment blessé, qu’il avait assez souffert, mais au moins, ce frère, aussi aimé et haï soit-il, était vivant ; il respirait, quelque part, alors que le cadavre d’Yselia pourrissait désormais dans le service nécromagique de Sainte-Mangouste, accompagné de l’enfant qui, aussitôt mis au monde, avait expiré sa première et dernière goulée d’oxygène. Son estomac s’en serait retourné, si l’abus de sirupeux ne s’en était pas déjà chargé. Debout à coté du lit, les bras croisés sur sa poitrine, Anna lui avoua gravement qu’elle savait – la rumeur s’était donc propagée. Il leva vers elle un regard vitreux, peut-être un peu désespéré, la lippe inférieure prisonnière de ses dents. Fuck. Un gémissement étouffé s’échappa de ses lèvres, tandis qu’il retombait mollement contre les oreillers, les mains pressées contre son visage blême. « Merde… » Ainsi, il n’aurait pas d’autre choix que d’affronter la presse, et sobre par-dessus le marché, afin d’éviter d’être (une fois de plus) taxé d’alcoolique. Son amie dégagea les dossiers du matelas pour l’y rejoindre, et parvint à capturer de sa main gracile le bout de ses doigts, abandonnés sur son torse. « Je sais pas quoi dire. » Il ne se souvenait pas d’une vie sans Anna, et il se gardait de l’imaginer. Elle portait aussi ses deuils, mais contrairement à lui, elle n’avait pas sombré dans une spirale d’orviétan et d’alcool pour en purger sa mémoire. Il avait besoin d’elle mais ne l’écoutait jamais. Lui avait-elle déjà demandé d’arrêter de boire pour un rien ? Sans doute. Combien de fois avait-elle rebouché la bouteille de firewhiskey qu’il sortait, lorsqu’elle passait chez lui ? « Je peux pas, » qu’il murmura. Je peux pas arrêter. Simon roula sur le flanc et recroquevilla sa charpente usée comme un enfant fatigué, puis passa un bras autour de la taille d’Anna. Son front vint s’appuyer contre son épaule – c’était sa façon de dialoguer, de confier à son adorée quelque secret sans y poser des mots, et à ce moment, de panser une blessure intérieure. « Je lui avais toujours interdit de me dire si elle avait des visions qui me concernaient, » dit-il alors. « Et maintenant… je crois que j’aimerais savoir. » Et il aurait pu parler des heures durant, mais les fragments de ses confessions demeuraient coincés dans sa gorge. Peut-être que le silence suffisait. Peut-être qu’Anna suffisait. Si seulement il s’était endormi. Une goutte de sueur lui léchait la tempe. Il se redressa à moitié, le teint livide, assailli par une soudaine série de haut-le-cœur dont il ne connaissait que trop bien la cause. Ses billes azures vagabondèrent autour de lui, hagardes. « Je vais– je crois que je vais vomir… » Il tomba à moitié du lit lorsque les nausées redoublèrent d’intensité, et dérapa sur le parquet en direction de la salle de bain, le poing pressé contre ses lèvres, la main sur son estomac endolori. Trois – il défonça presque la porte ; deux – il eut à peine le temps de relever la lunette des chiottes ; un – ses rotules rencontrèrent sourdement le sol, alors qu’il recrachait désormais les principaux repas de ces dernières vingt-quatre heures et la très embarrassante quantité d’alcool ingurgité au cours de la journée passée. Entre deux renvois, il geignait des « désolé, désolé » à l’adresse d’Anna, des « putain » à peine audibles, et poussait des soupirs douloureux. À bout de tout. « Anna… » À peine eut-il pleurniché les malheureuses syllabes que la mélodie ô combien écœurante de ses pathétiques vomissements reprenait. Si l’alcool était un facteur déterminant, il commençait à croire que le stress récemment emmagasiné avait atteint un point de non-retour. Son bras se tendit laborieusement vers la chasse d’eau. Dégueuler à s’en défoncer l’estomac, ou encore la conséquence d’une décision brillante. Du reste, Anna était la seule personne au monde pouvant assister à une humiliation pareille, et il se doutait que dans les semaines à venir, elle ne se priverait pas de le lui faire remarquer. Simon retomba à coté de la cuvette, le visage entre les mains. « Anna… ses paumes écrasaient sa bouche. Tu veux pas venir habiter chez moi, le temps de te trouver un appart ?... » L’un de ses genoux se replia. « Je suis désolé. » Et combien de fois lui avait-il demandé pardon ?
‹ occupation : guérisseuse au service d'infection par virus et microbe magique et co-présidente de l'association "Rosier's Disease Research Trust".
‹ maison : Serdaigle
‹ scolarité : 1980 et 1987.
‹ baguette : est en bois de charme, contient une plume de phénix et mesure 26,4 centimètres.
‹ gallions (ʛ) : 5574
‹ réputation : je suis fragile et que j'ai été manipulée par mon compagnon.
‹ particularité : occlumens.
‹ faits : je suis de sang pur, que je fais partie de la famille Grimaldi, que je suis d'origine italienne, que j'adhère aux idées insurgées mais que je me suis résolue à ne jamais les rejoindre pour le bien être de ma fille, que je suis une ancienne guérisseuse et que je sais donc comment soigner les gens de diverses pathologies, que je me défends en duel, que j'adore lire, que j'apprécie les jolies choses.
‹ résidence : dans un petit studio sur le chemin de traverse que le gouvernement a bien voulu me donner pour mon implication de guérisseuse durant la guerre. La demeure des Grimaldi à Herpo Creek ainsi que mon appartement à la Bran Tower avaient été saisis. Je dispose toujours d'une résidence secondaire et tertiaire à Brighton (maison d'été) et à Florence (terres italiennes).
‹ patronus : un lapin, patronus de Thomas
‹ épouvantard : un entassement de corps, celui de mes enfants et des êtres qui me sont chers.
‹ risèd : ma famille heureuse et recomposée.
Anna and Simon
Childhood means simplicity. Look at the world with the child's eye, it is very beautiful.
Le deuil n’était pas vécu de la même manière par tout le monde. Chacun avait sa façon de gérer les choses, et même si ce parcours impliquait le passage par quelques étapes communes, le caractère et la force de chaque individu déterminait la voie plus ou moins longue qu’il allait devoir traverser. Anna faisait partie de ces personnes qui n’étaient jamais arrivées au bout de cet exercice. Elle s’était arrêtée entre la troisième et la quatrième étape, entre la colère et le marchandage, au bord de la tristesse, et n’a jamais réussi à sortir de ce cercle vicieux, parce qu’à chaque fois qu’elle essayait, une nouvelle perte la ramenait au point départ et ne faisait que dissimuler un peu plus la sortie du tunnel. Aux yeux des autres, son deuil avait été fait – vite et bien – elle aurait accepté, elle aurait tourné la page sans pour autant oublier … Mais au fond, ils ne voyaient que ce qu’elle voulait montrer ou ce qu’ils voulaient voir, elle se montrait forte, elle donnait l’impression d’avoir réussi à se reconstruire malgré la mort de tous ses proches … Elle était simplement une excellente actrice ; tellement excellente qu’elle réussissait même à se convaincre elle-même qu’elle allait bien. Tout ce qui importe est la sécurité des autres. Je n’ai pas le droit d’abandonner maintenant, et de m’abattre. Des gens ont besoin de moi. Je suis vivante, je suis importante, je suis forte, j’ai survécu. Ces pensées, elle se les répétait constamment, se rendait malade en les entendant, mais s’attachait à cette puissante idée que si elle se montrait suffisamment forte, les autres le seraient aussi à travers elle. Trop empathique pour ne pas ressentir la douleur de son entourage, elle était convaincue qu’elle pourrait leur enlever toute leur souffrance simplement grâce à sa conviction.
Elle avait mal, horriblement mal. Son estomac était tout retourné et ses entrailles bouillonnaient de rage. Elle détestait voir Simon dans cet état, détruit, quasiment inerte. Les maux de la vie ne l’avaient pas épargné. Il n’était aujourd’hui plus qu’un pantin, une marionnette, un jouet cassé dont plus aucun enfant ne voulait. Il vivait dans un monde parallèle, il n’était pas vraiment là, le vrai Simon, l’ancien Simon n’existait quasiment plus et elle ne s’était pas encore fait à cette idée. Parfois en le regardant, elle avait l’impression de retrouver les yeux pétillants du petit garçon amoureux qu’elle avait connu. De temps à autre, à travers ses gestes, elle reconnaissait son ami. Cependant, dans les moments les plus sombres, lorsqu’il était assommé par l’alcool ou la drogue, elle ne le retrouvait plus qu’à travers son odeur, le toucher de sa peau rugueuse sous ses doigts, le souvenir … Elle voyait qu’il agissait différemment en sa présence, il faisait des efforts et cela la touchait particulièrement, parce qu’elle l’aimait … Oh oui, elle l’aimait plus que tout. Ils avaient grandi ensemble, et même si leur différence les avait séparés à un moment de leur vie, ils avaient trouvé le moyen de se retrouver, d’être à nouveau ensemble et de continuer à grandir l’un à côté de l’autre … Le voir devenir étranger à son propre corps, à sa propre personnalité, la démunissait de tout espoir. S’en sortirait-il un jour ? Elle en doutait de plus en plus chaque jour, mais elle refusait d’abandonner, de le laisser tomber, elle avait déjà trop perdu pour renoncer aux seules personnes qui comptaient encore pour elle, aux seules personnes en qui elle avait encore confiance … Elle perdait pied, elle le voyait s’éloigner d’elle, elle devait se raccrocher à quelque chose … ABSOLUMENT.
Elle inclina légèrement sa tête et les cheveux de Simon lui chatouillaient déjà le nez. Ils avaient cette odeur, ce mélange de transpiration, de fumée de cigarette et de poudre. Elle voulait éternuer, mais se retint. Son nez cherchait à retrouver dans ces relents légèrement piquants, le parfum du shampoing, des arômes sucrés et pétillants, et elle crut presque les sentir. Mais tout ça, ce n’était pas vraiment lui. Elle caressa ses cheveux et poussa un léger soupir de soulagement ; ça s’était lui. Ses cheveux, ses yeux, son toucher, sa voix … Il était désespéré, fatiguée, cela s’entendait dans le timbre de sa voix. Il était totalement perdu, complètement égaré, et le bout du chemin semblait si loin. Elle posa son autre main sur celle qui se trouvait sur sa hanche. Elle touchait, du bout des doigts, la fine couche de peau qui recouvrait les os saillants de Simon. Il avait des regrets, elle en avait eu aussi, c’était l’une des étapes du deuil, sûrement l’une des plus dures. On se sentait coupable, on se disait qu’on n’avait pas eu suffisamment de temps pour faire telle ou telle chose, on se rappelait des choix que l’on avait faits et on les regrettait. Pourquoi ci, pourquoi ça ? C’était comme retourner à l’âge des découvertes d’un enfant, le temps des pourquoi … Ce moment où tout ce que l’on veut, c’est comprendre. « Il y a tellement de choses que l’on regrette, tellement de choses que l’on aimerait faire autrement … Si seulement on pouvait, je t’aurais donné tous les remèdes du monde pour que tu ailles mieux. » Elle aurait aimé aller mieux aussi ; mais d’abord, IL devait aller mieux, parce qu’il était dans une situation encore plus pitoyable que la sienne, parce qu’elle était égoïste et altruiste à la fois, parce qu’elle refusait de le perdre dans les tréfonds de l’alcool et la drogue. Elle se redressa un peu, pour poser un baiser sur le front de Simon, comme elle le ferait à un enfant, à SON enfant. Elle retomba immédiatement sur ses coussins et fixa à nouveau le plafond. « Si seulement un remède existait … » Elle leva la tête vers sa table de nuit, se tordant un peu le cou. Elle regarda la photo de Thomas et elle en train de rire et de s’embrasser, la photo de Tessa encore enfant, jouant avec son chat et sa chevelure dans le vent, et la petite peluche, le lapin, celui d’Andrea qui lui rappelait sans cesse que l’on n’avait pas toujours ce que l’on désirait – même lorsqu’en fait, ce que l’on désirait, c’était ne pas désirer – .
Il ne bougeait plus vraiment, elle pensait qu’il s’était endormi, ce qui ne pouvait définitivement que lui faire du bien. Mais elle se trompait et sursauta lorsqu’il se redressa, le visage complètement pâle – encore plus qu’il ne l’était lorsqu’elle était arrivée – . Il ne se sentait pas bien, elle le voyait bien et sa supplique suffit à confirmer ses dires. Elle le vit descendre du lit en vitesse et manquer de tomber. Son esprit lui envoyait un tas de signaux. Aide-le il n’y arrivera pas. Il ne se sent pas bien tu dois faire quelque chose. Il va se blesser, va le soutenir. Pour l’avoir vu des centaines de fois – exagérait-elle ? – dans cette situation, son cerveau avait assimilé certains réflexes, mais jamais une seule fois, elle ne s’est permis de penser du mal de Simon comme Tant pis pour lui, il n’avait qu’à pas prendre ces horribles choses qui le détruisent. Elle en était sûre, sa façon d’agir, sa manière de le pouponner quand il n’allait pas bien ne l’aiderait pas, mais elle ne savait pas faire autre chose. Si elle était devenue guérisseuse, ce n’était pas pour voir des gens à qui elle tient être malades ou souffrir, elle était là pour les soigner, qu’ils soient bons ou mauvais. Elle se leva, et alla jusqu’à sa malle, elle ouvrit une petite boîte qui se trouvait à l’intérieur et en sortit une dizaine de fiole – des potions de secours – qu’elle examina rapidement. Sur chacune d’elles était écrit en caractère calligraphiée, le nom des mixtures et la formation d’Anna lui permettait d’en tirer les usages et les utilisations adéquats. Elle finit par attraper un flacon contenant un liquide bleuâtre peu ragoutant et d’un coup de baguette, elle rangea les autres. Elle entendait les gémissements et les régurgitations de Simon depuis l’endroit où elle se trouvait, et loin d’être dégoûtée, elle sentit une larme couler le long de sa joue. Elle ne supportait plus de le voir ainsi, pourquoi cela devait être si difficile ? Elle laissa la goutte d’eau s’écraser sur le miteux parquet de sa chambre et essuya ses yeux avec la paume de sa main pour s’assurer qu’il n’y avait plus aucun signe de sa détresse.
Elle se baissa à son niveau, et resta accroupit légèrement en retrait le temps que les vomissements s’arrêtent. Lorsqu’il retomba sur le carrelage de la salle de bain, elle le fixa quelques instants reconnaissant dans ses gestes, son regard baissé et sa faiblesse, le petit garçon timide qui n’avait pas osé lui parler la première fois qu’ils s’étaient vus. Elle se racla la gorge pour ne pas laisser une chance aux larmes de monter et avança à quatre pattes jusqu’à lui. « Je suis là. » Elle murmurait mais savait qu’il l’entendait, parce que ces mots, il les connaissait, elle les répétait à chaque fois ; c’était comme leur Je t’aime. Elle ouvrit la petite fiole et attrapa les mains de Simon. Elle posa le flacon dans ses mains et dégagea les quelques mèches de cheveux qui collaient sur le front de son ami. « Bois ça, parole de guérisseuse, ça calmera un peu les symptômes, même si ça te soignera pas. » Elle le regarda avec ces yeux doux et maternels. Il était comme un enfant malade, mais il était bien plus de ça à ses yeux, il était le seul amour qui lui restait. Leur relation était bien plus qu’une simple amourette, mais était plus compliquée que l’histoire d’amour qu’elle avait eu avec Thomas. Leur amour à eux était unique, un amour à la fois fraternel, amical, amoureux et désespéré. « Oui je viendrais. » Elle devait s’installer au début du mois de juillet avec sa cousine dans un appartement de la Bran Tower, mais cela pourrait attendre, il était désespéré, avait besoin d’elle, il n’avait pas besoin de savoir qu’elle avait déjà un endroit où aller. « … Enfin à une seule condition … » Elle lui sourit avec tendresse et soumit sa condition avec mesquinerie. « … Que tu retrouves la porte ou que tu en rachètes une … Et que tu la remettes en place, parce que ce ne sont pas mes petits bras qui y arriveront … Et si je pars, la patronne ne sera pas très heureuse que je lui rende une chambre sans porte. » Elle pinça les lèvres et s’approcha. Elle se blottit contre lui dans le petit espace qui restait à côté de la baignoire. Elle avait lu entre les lignes, elle avait immédiatement compris que ce que Simon voulait n’était pas qu’Anna quitte cet endroit – quoi qu’il le voulait sûrement un petit peu, vu l’attention qu’il lui accordait – mais plutôt qu’elle vienne le rejoindre et qu’elle soit toujours à côté de lui. Cet attachement, cette connexion, ce lien … Et encore cette conviction lui assurant qu’elle réussirait à lui donner de la force seulement en étant près de lui. Si seulement …
« Tu continues à faire pousser des rosiers chez toi ? » Elle avait la main droite grande ouverte posée sur la cuisse, et l’autre main touchait les cicatrices qui se trouvaient dans la paume. « On devrait en couper quelques-unes et les offrir à Yselia pour qu’elle se sente toujours chez elle où qu’elle aille … » Anna ne croyait pas vraiment en l’au-delà, mais elle savait que certains gestes avaient leur importance, et vu l’amour que Simon avait pour sa cousine, celui-ci pourrait en être un.
‹ occupation : criminel, propriétaire déchu du Centuries.
‹ maison : Serpentard.
‹ scolarité : 1977 et 1984.
‹ baguette : brisée.
‹ gallions (ʛ) : 5331
‹ réputation : il n'est plus rien, l'héritier réprouvé d'une famille presque extincte, indigne de toute confiance et bon à moisir dans les geôles d'Azkaban.
‹ faits : toujours considéré comme une ordure remplaçable, dans le clan désuni de Voldemort, Rosier est désormais perçu comme un lâche ayant déserté avant la bataille finale. Un monstre qui a abusé de la confiance d'une sorcière honnête (Anna), et un père indigne par-dessus le marché. Nombreux sont ceux qui auraient aimé maintenir la peine de mort jusqu'à ce qu'il y passe.
‹ résidence : Azkaban.
‹ patronus : un vague filet argenté, sans forme ni consistance.
‹ épouvantard : un précipice.
‹ risèd : une plage, avec Anna et Charlotte.
childhood means simplicity
They say for every high high there must be a low, low, low, low, low
Il avait fait des mauvais choix une douloureuse habitude – certains naissaient avec le désespoir dans le sang. Survivaliste avant tout, il ne comprenait pas l’acharnement excitant les cœurs des uns, et n’avait jamais brûlé d’envie de déployer l’étendard de la liberté au risque de se sacrifier ou même de chercher à se défaire du joug de l’oppresseur. Ce qui lui restait de lucidité résidait dans la certitude de cet individualisme tenace, auquel il se raccrochait à chaque fois que ses yeux frôlaient l’encre suaire remuant sur son avant-bras. Quand d’autres grandissaient capricieux, il avait appris à s’armer d’égoïsme pour affronter son propre monde – seul, il était convaincu de multiplier ses chances de survie. Anna était l’une de ses dernières véritables alliées, et quelque part, peut-être était-ce une naïveté nourrie par quelques souvenirs d’enfance qui le poussait à la croire hermétique aux soupçons. Depuis qu’Elias avait fui, sa méfiance (ou sa paranoïa ?) avait atteint un point de non-retour, et si son père ne lui inspirait qu’un mépris teinté de crainte, il lui avait au moins appris qu’un Rosier ne suivait qu’en façade. Que tout était dans les faux-semblants. De toutes les leçons que son géniteur avait essayé de lui inculquer, il avait décidé de retenir celle-ci. Une âme de crevard, lui aussi – ça devait être héréditaire, un mal familial, fuir avant d’être poursuivi, battre en retraite avant que le vent ne tourne. Il était fatigué – physiquement, moralement. Plutôt que froncer le nez et oser le raisonner (« tu ne devrais pas boire autant », t’es misérable, « regarde ce que ça te fait », tu ressembles à rien, « tu vas t’abîmer l’estomac », tu vas mourir), Anna lui tendit une fiole dont il s’empara avec précaution avant d’en examiner le contenu, l’œil soudainement ravivé par un soubresaut de méfiance. Les remèdes médicomagiques le répugnaient, et comme un enfant, il avait presque besoin qu’on lui promette un patacitrouille afin qu’il daigne avaler quelque douteuse potion jusqu’à la dernière goutte. Il aurait aimé en dire autant de l’alcool, car ce compagnon d’infortune pouvait avoir le goût le plus amer au monde, être bon marché, ou de la gnôle de troll, il ne finirait jamais d’étancher une soif psychologique. Cependant, les borborygmes déchirant ses intestins et la sueur le dissuadèrent de faire le difficile. Il lança un regard penaud en direction de son amie et s’empressa de boire le liquide (infâme) pour prévenir de nouveaux maux. Au moins, il se sentait légèrement mieux. Vidé, dans tous les sens du terme. Curieusement affamé. Que pensait-elle ? Il osa un sourire faiblard, lorsqu’elle mentionna le funeste sort de sa porte. (Oh, il la retrouverait, et ce même s’il l’avait expédiée sans réfléchir dans un capharnaüm immatériel, entre deux dimensions magiques.) Anna vint se caler contre lui, avant de répondre à sa proposition. Son bras se souleva difficilement – leurs mouvements étaient limités, dans cet espace étriqué – et retomba sur les épaules de la jeune femme, qu’il attira plus près encore. Il aurait voulu l’avoir. Pour lui. Depuis combien d’années se côtoyaient-ils, et depuis combien d’années espérait-il ? Anna ne serait jamais plus qu’un idéal inaccessible, et dont il ne méritait pas de revendiquer l’affection. Qu’elle reste à ses cotés, en dépit de ce qu’il était devenu, allait au-delà de son entendement. Parfois… parfois, l’envie de la secouer, de lui hurler, ou la supplier, d’ouvrir les yeux, de se rendre compte qu’ils ne partageaient plus que des souvenirs, l’effleurait. Électrisait brièvement ses sens, ses membres – et il attendait que le tressaillement de sa colère désespérée se fasse ressentir au bout ses doigts pour serrer les poings, réprimer cet élan enragé, et oublier. Il se frotta le coin de la bouche du dos de sa main, puis se concentra sur la fragrance sucrée d’Anna. Son remède à lui. Il avait besoin d’elle. Peut-être sa seule présence limiterait-elle la casse. Sa tête se renversa lentement en arrière et s’appuya contre le mur carrelé. Ses cervicales étaient dans un état déplorable. « Oui, qu’il répondit, distrait, enfin, théoriquement. Le manoir est désert, en ce moment. » Tout le monde fout le camp. Les rosiers des Rosier. L’image prêtait à sourire, mais il était attaché à cette symbolique. De l’art de fabriquer une histoire au goût de mythe. « Ça te dérange pas si je squatte, cette nuit ? » Question rhétorique. Ils retrouveraient d’anciennes habitudes. Cette amitié était trop particulière pour être platonique. Tu veux être mon amoureuse ? Il était gamin. Cinq ans, peut-être. Et le pincement au cœur, à son mariage, il s’en souvenait. La jalousie. Sa raison s’amoindrissait à mesure que ses paupières s’alourdissaient. « Si c’était pas pour toi, murmura-t-il, un peu assoupi, j’aurais pas tenu. » Un énième aveu, dont elle devait connaître chaque variante. C’était pourtant égoïste, de l’ériger en unique raison de vivre, quand il n’avait pas besoin d’être si dramatique. Peu importe – il avait dégueulé, mais il était encore éméché. C’était la descente. Pas agréable. Il en aurait débité à la pelle, des conneries pareilles, dans la langue de Dante s’il était assez entamé. Elle se fichait toujours de lui quand il baragouinait des mots d’italien. « On va dormir ? » Demain sera un autre jour, c’est ce qu’on dit, hein, cara mia ? Et s’il n’avait pas la bouche si pâteuse, il aurait déposé un baiser sur sa tempe.
‹ occupation : guérisseuse au service d'infection par virus et microbe magique et co-présidente de l'association "Rosier's Disease Research Trust".
‹ maison : Serdaigle
‹ scolarité : 1980 et 1987.
‹ baguette : est en bois de charme, contient une plume de phénix et mesure 26,4 centimètres.
‹ gallions (ʛ) : 5574
‹ réputation : je suis fragile et que j'ai été manipulée par mon compagnon.
‹ particularité : occlumens.
‹ faits : je suis de sang pur, que je fais partie de la famille Grimaldi, que je suis d'origine italienne, que j'adhère aux idées insurgées mais que je me suis résolue à ne jamais les rejoindre pour le bien être de ma fille, que je suis une ancienne guérisseuse et que je sais donc comment soigner les gens de diverses pathologies, que je me défends en duel, que j'adore lire, que j'apprécie les jolies choses.
‹ résidence : dans un petit studio sur le chemin de traverse que le gouvernement a bien voulu me donner pour mon implication de guérisseuse durant la guerre. La demeure des Grimaldi à Herpo Creek ainsi que mon appartement à la Bran Tower avaient été saisis. Je dispose toujours d'une résidence secondaire et tertiaire à Brighton (maison d'été) et à Florence (terres italiennes).
‹ patronus : un lapin, patronus de Thomas
‹ épouvantard : un entassement de corps, celui de mes enfants et des êtres qui me sont chers.
‹ risèd : ma famille heureuse et recomposée.
La situation pouvait faire sourire. Ils avaient une grande chambre – bien qu’insalubre – pour eux, mais ils préféraient la contiguïté de cette salle de bain. Peut-être avaient-ils ainsi l’impression de pouvoir illustrer leur profonde proximité par quelque chose de plus physique ? Leurs gestes étaient hésitants, maladroits. Non pas qu’ils n’étaient pas sûrs de ce qu’il faisait, mais ils évaluaient plutôt leur possibilité ou non d’y parvenir. Simon réussit malgré tout à enfermer les épaules de sa douce amie et elle vint se blottir contre lui, comme si ce geste avait été naturel. Elle posa sa tête contre celle de Simon, son premier amour, son bien-aimé, et entrelaça ses doigts avec ceux de son ami. Elle regarda ce symbole officieux de leur union avec un sourire triste, mélancolique. Ce trophée était poussiéreux et sali par les années, mais il continuait à trôner au milieu de leurs existences meurtries, tentant de leur rappeler que leur amour était assez puissant pour survivre à la plus misérable des situations.
A travers leurs deux mains liées, elle sentait que Simon était fatigué. La pression de ses doigts contre ceux d’Anna était légère, plutôt faible. Sa formation de guérisseuse lui avait appris à doser et évaluer l’énergie et la capacité des patients à effectuer certaines tâches en fonction de la force de leur poignée de main. Avec le temps, cette évaluation était devenue inconsciente et dès qu’on lui touchait la main, les informations étaient immédiatement envoyées à son cerveau et il ne lui restait plus qu’à les interpréter. Prendre soin des autres faisait partie de sa vocation. Elle avait toujours été comme ça. Elle ne savait pas clairement d’où lui venait ce besoin irrépressible de s’occuper des autres, mais il bouillonnait tout au fond d’elle continuellement et ne cherchait qu’à s’exprimer. Dès son plus jeune âge, elle s’était montrée très responsable, elle s’occupait de ses invités – pas toujours de la façon dont le voudrait sa mère -, de son frère et de sa sœur, de ses amis … Elle n’a jamais rien laissé au hasard, elle aimait que les choses soient bien faites, et qui disait chose bien faite, disait organisation … Avant même Poudlard, on lui avait déjà confié bon nombre de tâche où sa patience et son empathie seraient utilisés à leur juste valeur. Elle s’était notamment occupée du petit Constantin Crouch lors de longues après-midis. A cette époque, elle prenait modèle sur ses domestiques, et surtout leur gouvernante, qui s’occupaient des enfants Grimaldi avec un très grand soin. Elle s’était toujours sentie proche de ses serviteurs, parce qu’ils étaient guidés par le même dessein : aider et servir l’autre. Puis à Poudlard, elle avait pris sous son aile plusieurs élèves en difficulté et était même devenue préfète. Ces expériences n’avaient fait que renforcer son envie de soigner les autres, de leur donner une chance de vivre leur vie. Mais sa plus grande expérience restera sans nul doute celle qui impliquait Simon. Prendre soin de Simon a été à la fois la tâche la plus simple et la plus ardue. Simple, parce qu’elle le connaissait depuis quasiment toujours, que leur relation était naturelle, qu’elle n’avait pas à réfléchir pour s’élancer à son secours à chaque fois qu’il en avait besoin. Mais ardue, parce qu’il ne se laissait pas aider, qu’il entendait sans écouter, qu’il comprenait sans assimiler, parce qu’il était têtu, qu’il ne supportait pas les soins médicaux et qu’il s’obstinait à vouloir s’en sortir seul. Elle faisait malgré tout partie des seules personnes qu’il daignait écouter un tant soit peu. Elle ne prêchait pas toujours la bonne parole, mais au moins, elle se satisfaisait de la confiance qu’il consentait à lui accorder.
« J’imagine que cette question n’attendait pas vraiment de réponse … Mais ma maison est la tienne … Tu le sais … et ça sera toujours ainsi. » Elle esquissa un léger sourire, à peine visible, avant de laisser ses mauvaises habitudes reprendre le dessus, en mordant sa lèvre inférieure. Ce tic, elle l’avait à chaque fois qu’elle réfléchissait … Les choses seront-elles toujours ainsi ? Elle doutait. Pourquoi doutait-elle ? A cause de ce sentiment coupable d’être responsable de ce qu’il lui arrivait. Elle lui en voulait peut-être d’avoir grandi trop vite, de l’avoir laissée tomber à Poudlard lorsqu’il avait commencé à s’intéresser aux filles, d’être parti à New York sans la prévenir, de l’avoir abandonnée derrière lui à de nombreuses reprises, de préférer la torpeur et l’inexactitude de l’Orviétan plutôt qu’une discussion consciente et sérieuse avec elle. Mais lui, lui en voulait-il de ne pas s’être battu pour rester à ses côtés ? Lui en voulait-il d’avoir préféré se marier avec Thomas ? Tant de questions restées en suspens, tant de murmures restés au bout des lèvres … Elle ne voulait pas se risquer à le lui demander, elle avait peur de la réponse, peur de l’aveu qu’il pourrait lui faire, peur de perdre la seule personne pour qui prononcer le prénom Anna Grimaldi n’apportait pas le dégoût. Elle avait tout perdu … Mais pas lui. Pas encore.
Une larme glissa le long de sa joue lorsqu’il déclara qu’elle était la seule personne pour laquelle il tenait le coup. Cette phrase était peut-être familière à ses oreilles, Simon l’avait peut-être déjà répétée à plusieurs reprises, mais aujourd’hui, plus que jamais elle avait besoin d’entendre ça, d’entendre qu’elle était utile à quelqu’un, entendre qu’elle arrivait encore à prendre soin de quelqu’un, même après tout ça. Elle ne ravala pas ses larmes, pas cette fois … Elle sentait qu’elle pouvait laisser exprimer ses émotions ; Simon ne la jugerait jamais. Encore moins dans l’état où il était. Tel un enfant, il lui proposa d’aller dormir. Elle acquiesça, sachant au fond d’elle qu’elle n’y arriverait pas, mais elle le faisait, pour lui. Elle se leva, difficilement, en s’appuyant au rebord de la baignoire et s’accroupit en face de Simon pour l’aider à se relever. « J’aurais jamais pensé dire ça, mais je devrais peut-être suivre ton régime … Je t’ai jamais connu aussi léger. » Elle s’était exprimé avec humour, mais au fond, elle s’inquiétait pour lui, il était dans un état déplorable, il ne se nourrissait pas assez et empoisonnait son corps avec ses bêtises. Si seulement elle pouvait y faire quelque chose … Elle l’aida à aller jusqu’au lit, repoussa les couvertures et l’allongea, comme une mère le ferait avec son enfant. Ces gestes, elle les connaissait par cœur … Elle le regarda dans les yeux, cherchant ses billes claires déjà recouvertes par ses paupières fatiguées. Elle repoussa les cheveux de Simon et vint poser un baiser sur sa joue. « Allez, repose-toi. Tu en as bien besoin. Demain sera un autre jour … » Elle fit le tour du lit, enleva ses chaussures, attrapa la peluche de lapin sur sa table de chevet et se coucha à côté de Simon. « Enfin, peut-être … » Caressant le pelage de l’animal, elle fixa le plafond quelques instants, et se rendant compte qu’elle ne réussirait pas à s’endormir, elle s’accouda sur le lit, tournée vers son meilleur ami, et elle le regarda dormir. Elle veillait sur lui, comme toujours. Personne ne pouvait comprendre la relation qu’ils partageaient tous les deux … Elle était si particulière qu’il fallait la vivre pour la comprendre.
END
ah et puis ...:
je relisais un de nos clareo et j'me disais ... Leo, Simon ... tu passes ton temps à dormir non ? te n'aime
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