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sujet; we could steal time, just for one day (simanna #3)

PRISONERS • bloodstains on the carpet
Simon Rosier
Simon Rosier
‹ disponibilité : dispo (1/6)
‹ inscription : 07/09/2014
‹ messages : 1145
‹ crédits : tplrs (avatar), tumblr (gifs).
‹ dialogues : #669999.
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‹ liens utiles :
‹ âge : trente-huit ans (24/05/66).
‹ occupation : criminel, propriétaire déchu du Centuries.
‹ maison : Serpentard.
‹ scolarité : 1977 et 1984.
‹ baguette : brisée.
‹ gallions (ʛ) : 5136
‹ réputation : il n'est plus rien, l'héritier réprouvé d'une famille presque extincte, indigne de toute confiance et bon à moisir dans les geôles d'Azkaban.
‹ faits : toujours considéré comme une ordure remplaçable, dans le clan désuni de Voldemort, Rosier est désormais perçu comme un lâche ayant déserté avant la bataille finale. Un monstre qui a abusé de la confiance d'une sorcière honnête (Anna), et un père indigne par-dessus le marché. Nombreux sont ceux qui auraient aimé maintenir la peine de mort jusqu'à ce qu'il y passe.
‹ résidence : Azkaban.
‹ patronus : un vague filet argenté, sans forme ni consistance.
‹ épouvantard : un précipice.
‹ risèd : une plage, avec Anna et Charlotte.
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we could steal time, just for one day

I, I will be king And you, you will be queen, Though nothing will drive them away, We can beat them, just for one day, We can be Heroes, just for one day


Yes we're lovers, and that is that. Il ne décrochera jamais.
Il avait essayé — il s’y était même tenu, mais plus que la tentation de succomber à ses démons, le besoin irrationnel de se réapproprier un semblant de contrôle (si seulement il eût remarqué l’ironie de la chose) l’obsédait. Figé dans une réalité qui le dépassait, il s’était pris à contempler de loin le placard vide renfermant auparavant ses bouteilles, à l’ouvrir puis à le refermer en constatant, avec désarroi, qu’il s’était débarrassé de tous les sirupeux planqués dans son loft. En réponse à sa frustration, il allumait une clope, se disait que ce n’était qu’une phase, qu’il n’était pas si faible, ouvrait un bouquin, sortait, espérait même que le Lord l’assigne à une mission qui suffirait à tromper ce manque avec un peu de violence — mais là aussi, la distraction n’était que temporaire, et le soir, quand ses yeux rencontraient la verrière du plafond, il ne se surprenait plus à s’imaginer boire un verre. L’alcool aidait (forçait) Morphée à se manifester. Sans, il tutoyait de nouveau l’insomnie, et ce malgré la fatigue qui grillait une à une ses connexions synaptiques, ou cet étrange sentiment, de ne pas être totalement éveillé, mais ni tout à fait endormi non plus. Il s’occupait. Le boulot, le club, les évènements, le jeu, les mondanités et autres vanités, accaparaient ses journées, parfois ses nuits, sans pour autant combler le vide béant qui lui grignotait les tripes. Il s’emmerdait, s’impatientait, gueulait. Réfléchissait, aussi. Trop. Songeait à Sansa, dont l’absence le tuait, à l’ironique tournure qu’avait pris sa vie, aux doutes envahissant son esprit désespérément sobre. Du reste, ils étaient venus fouiller de fond en comble le manoir familial et son loft — par mesure de précaution, prévenir la traitrise, tu comprends Rosier, avec ton frère, ta cousine, et au fait, il est passé où ton père, et tu permets, on va prendre ta baguette pendant les recherches, c’est rien de personnel. Ils le testaient. Continuellement, et cruellement. Le soupçonnaient-ils, souhaitaient-ils le pousser à la défection ? Ou devenait-il paranoïaque ? Jamais il n’avait autant pesé ses (laconiques) paroles devant ses soi-disant alliés. Une confiance fragile s’étiolait, et ses psychoses s’amplifiaient, dès lors que l’idée d’être un pion dans un énième complot lui effleurait un neurone. Il se mordait la langue, courbait l’échine, réinventait son estampille dans une grimace blasée.

Tout foutait le camp.

Il y avait quelque chose qu’il ne supportait plus, mais il ne voulait pas — refusait —  qu’il s’agisse de ses remises en question, ou le mépris tenace qu’il éprouvait à l’égard de ses pairs. Ça devait être autre chose, se disait-il. Dans un moment d’absence, il avait machinalement accepté une flûte de champagne pendant une exposition, y avait trempé les lèvres avant de s’apercevoir de son erreur et, instinctivement, s’était empressé de renverser la tête en arrière, le verre vissé à la bouche, pour en vider le contenu. Ce n’était rien, et les étincelles d’antan avaient à peine grésillé, mais la sensation d’être parvenu à étancher une soif qu’il croyait intarissable l’avait… aidé. D’un claquement de doigts, il en avait réclamé une deuxième. Une troisième. À ce rythme, sa soirée s’était terminée sur le comptoir d’une taverne sordide, ce même trou à rats épongé à la pisse et à la graisse où il élisait parfois domicile, devant une bouteille de firewhisky terriblement aigre. La sobriété était moins une contrainte qu’une véritable douleur, un inconfort lancinant tel qu’il ne pouvait décemment pas croire qu’un verre le replongerait au cœur des neuf cercles de l’Enfer. Il souffrait. Psychologiquement et physiquement. Se rongeait les ongles au sang, se plaignait de crampes. Il ne tenait plus en place — et ses idées étaient claires. (Personne ne comprendrait jamais.) La perversité de sa lucidité résidait dans la fracturation brutale de son identité, où les abus régnaient en maîtres absolus afin de tempérer le chaos de ses songes équivoques. Rosier se persuadait qu’il ne s’agissait pas d’une rechute, mais plutôt d’un mal nécessaire. Il s’était imposé une règle, qui se résumait « au minimum ». Un minium d’alcool, un minimum d’Orviétan ; une lichée, des miettes, ne pas abuser, ne pas flancher, s’en tenir à ce dont il avait besoin pour tenir sur ses guiboles, et dompter les échos de quelque pensée fallacieuse – ou même le murmure d’un restant de conscience, lui intimant de temps à autre un avertissement aux accents funestes.

Tant qu’il ne blessait pas Anna.
Après l’incident du Ministère, il l’avait ramenée chez lui, l’avait écoutée raconter ce qu’il s’était passé au musée — soutirant des détails, des indices qui dévoileraient la véritable identité du soi-disant insurgé à l’origine de ses blessures, brûlant d’une colère contenue qui, pourtant, lui était davantage destinée. À lui, le crevard indolent. Elle méritait mieux, et s’il n’avait pas été aussi aveuglé, peut-être s’en serait-il voulu de l’enchaîner à lui de cette façon. Il était fatigué de mener des croisades inutiles. Contre l’alcool, les psychotropes ou l’évidence qui, sans relâche, le poussait vers Anna. Contre lui-même, en un sens. Évidemment, une fois les autans passés, il n’avait pas proposé de la raccompagner chez elle. Tu restes ? Il l’aurait suppliée. (Il l’avait suppliée.) Tu veux qu’on arrête ? Un murmure au creux de l’oreille, des mains se baladant en territoire conquis. Du temps, de l’espace, ils avaient donné, ils avaient tellement donné. Quitte à s’interdire, autant céder une fois. Au moins. Et il ne pouvait se repaître d’elle, car le goût de sa peau lui manquait dès lors que ses lèvres s’en détachaient, à chaque fois qu’il la libérait d’une étreinte, quand il suspendait ses gestes pour la contempler, garder en mémoire la trace d’un sourire ou la note faiblarde d’un soupir. Tout, pourvu que ça dure. D’autres ont existé avant elle, mais pas ainsi, pas au point de le rendre dépendant, en manque, comme il pouvait l’être sans orviétan, pas de cette manière. Anna, c’était une redéfinition de sa notion de l’intimité, où les silences devenaient confortables. Ils ignoraient ce qu’ils étaient, lorsque le matelas cessait d’être leur seul univers, quand quelque obligation les rappelait à une existence parallèle. Il ne traînait plus le soir, n’écumait plus ses propres soirées, ou les quartiers moldus dans lesquels il se perdait à des heures impossibles — il rentrait pour elle. Ils étaient pourtant loin des frissons des premières histoires ; et étaient sans doute à blâmer l’âge, l’expérience, un mariage, des relations sérieuses, souvent compliquées, des promesses d’engagement, des idées de monogamie.
Cependant, il aimait croire qu’ils étaient heureux. Malgré tout.

Cinq heures. Anna dormait encore, tandis qu’il ne cessait de se retourner sur son coin de matelas, repoussait les couvertures, enlevait ou rajoutait un oreiller, avant de s’avouer vaincu. Sur le dos, une main sur le torse et l’autre aplatie contre son visage, il retint un râle agacé et, plutôt que prétendre somnoler, balança ses jambes hors du lit. À croire que le sommeil n’était plus qu’une vague mention inutile, quelque chose à rayer. Il ramassa un bas de jogging et un teeshirt troué qu’il enfila sur le chemin des escaliers. Même dans la nuit, son loft n’était jamais réellement plongé dans l’obscurité – il n’avait pas de rideaux, pour profiter des éclairages urbains, et s’il peinait à trouver le sommeil, il avait coutume d’aller fumer sur le balcon. Des rêves, il n’en faisait plus, alors il se contentait d’observer la ville, jusqu’à ce que l’aube délave les ténèbres s’étirant au-dessus des immeubles. Il était tôt, et la nuit reculait paresseusement. Il prépara du café, y versa une goutte de firewhiskey, planqua la flasque dans un placard. Tira de son paquet une cigarette. Des tremblements spasmodiques secouaient sa main gauche, et il eut beau la secouer frénétiquement, ces picotements familiers tardaient à s’atténuer. Son poing se referma une, deux, trois fois, ses articulations craquèrent, mais à chaque fois qu’il reposait sa paume contre la surface du plan de travail, des soubresauts furtifs continuaient d’agiter ses doigts. L’émail de ses dents prit en otage sa lèvre inférieure pendant un bref moment – il détestait ça ; sa main hors de contrôle, comme un rappel. Autant s’atteler au petit-déjeuner, s’il n’avait plus que ça à faire pour s’occuper. Si son éthylisme était un secret de polichinelle, ou même son addiction plus qu’évidente à l’Orviétan, la bouffe demeurait l’un de ses vices cachés – pire, la cuisine. Il avait développé ce talent aux États-Unis, un peu par inadvertance (et Merlin le maudisse sur place si quelqu’un venait à découvrir qu’il pouvait facilement rivaliser avec les pâtisseries d’Anjou). L’ennui le motivait à entreprendre des projets parfois superflus, ou à s’engager dans des entreprises risquées ; l’acquisition d’un club en était l’exemple flagrant (comme s’il avait besoin d’un gagne-pain supplémentaire). Accio. Une casserole, des récipients, un grognement, quand la cendre de sa cigarette s’écrasa par terre, des œufs, il ouvrait et refermait les placards sans idée précise en tête. Il considéra les restes d’une plaque de chocolat, et tandis qu’il se mettait à l’ouvrage, en énumérant ses rendez-vous de la semaine dans un marmonnement à peine audible, quelques rayons de soleil gelés balayèrent péniblement l’intérieur du loft. Deux clopes plus tard, il abandonna l’idée de fumer au-dessus de ses pancakes. Il ne réfléchissait pas vraiment à l’incongruité véritable de cette scène – la présence d’Anna avait mis de l’ordre dans son quotidien, et l’apercevoir descendre les escaliers lui arracha le plus sincère des sourires. « Hey, » lança-t-il en s’essuyant les mains sur un torchon. « J’ai eu du temps libre, » qu’il ajoute, un rien taquin. Et déjà il s’approchait d’elle, emprisonnait son visage entre ses mains. « Tu fais une drôle de tête. » Il l’avait remarqué, il y a quelques temps, cette moue un peu étrange, sans oser lui demander ce qui la tracassait – à moins qu’il n’ait été trop occupé à dissimuler sa rechute pour se préoccuper de sa compagne. (Était-ce un mot à utiliser, dorénavant ?)
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WIZARD • always the first casuality
Anna Grimaldi
Anna Grimaldi
‹ inscription : 07/06/2015
‹ messages : 1824
‹ crédits : mathy.
‹ dialogues : #e95353.
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‹ âge : trente-quatre
‹ occupation : guérisseuse au service d'infection par virus et microbe magique et co-présidente de l'association "Rosier's Disease Research Trust".
‹ maison : Serdaigle
‹ scolarité : 1980 et 1987.
‹ baguette : est en bois de charme, contient une plume de phénix et mesure 26,4 centimètres.
‹ gallions (ʛ) : 5379
‹ réputation : je suis fragile et que j'ai été manipulée par mon compagnon.
‹ particularité : occlumens.
‹ faits : je suis de sang pur, que je fais partie de la famille Grimaldi, que je suis d'origine italienne, que j'adhère aux idées insurgées mais que je me suis résolue à ne jamais les rejoindre pour le bien être de ma fille, que je suis une ancienne guérisseuse et que je sais donc comment soigner les gens de diverses pathologies, que je me défends en duel, que j'adore lire, que j'apprécie les jolies choses.
‹ résidence : dans un petit studio sur le chemin de traverse que le gouvernement a bien voulu me donner pour mon implication de guérisseuse durant la guerre. La demeure des Grimaldi à Herpo Creek ainsi que mon appartement à la Bran Tower avaient été saisis. Je dispose toujours d'une résidence secondaire et tertiaire à Brighton (maison d'été) et à Florence (terres italiennes).
‹ patronus : un lapin, patronus de Thomas
‹ épouvantard : un entassement de corps, celui de mes enfants et des êtres qui me sont chers.
‹ risèd : ma famille heureuse et recomposée.
http://www.smoking-ruins.com/t1958-anna-loooove-me
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“ She would not show that she was afraid. But being and feeling alone was too much to face. ”
Le silence ne parle qu’à celui qui sait l’entendre …

Ces derniers mois, elle avait laissé la banalité et le train-train journalier dicter son existence. Officiellement, sa vie ne suscitait aucun intérêt et les journalistes people n’avaient aucune raison de s’attarder sur elle. De toute façon, ils avaient bien trop à faire avec le mariage approchant de Nyssandra et Aramis. Des amis, des personnes qu’elle ne connaissait plus que dans ses lointains souvenirs. Elle s’était déconnectée de la civilisation, s’était morfondue sur son sort et avait laissé ses habitudes prendre le contrôle de son monde torturé et meurtri. Elle était comme un robot, comme une marionnette qui ne savait plus trop comment différencier la joie de la morosité. Elle était cette façade dotée de mouvement qui tentait de rendre son existence intéressante. Elle était partagée entre la tristesse et le bonheur. Elle était empreinte de cette bipolarité qui donnait un peu de relief à la platitude de son quotidien. Elle était l’ombre d’elle-même, mais ça, elle était la seule à le savoir … Elle savait parfaitement comment dissimuler sa peine et sa colère, elle feignait parfaitement l’intérêt et le bonheur. Aux yeux de tous, elle n’était qu’un gros mensonge, mais ils ne s’arrêtaient jamais assez longtemps sur elle pour le remarquer et elle se plaisait alimenter cette illusion.
Elle n’arrivait plus à être vraie, avec personne. Elle mentait à tout le monde, même à ceux qu’elle aimait le plus. Simon ignorait l’existence de Chiara, Matteo ignorait qu’elle sortait avec Simon. Il était plus simple de déconnecter son cerveau, d’ignorer ces impostures. Vivre dans le déni était plus simple un temps, tout du moins … Et elle n’était pas totalement absente, pas pour tout, pas dans sa relation avec Simon … Elle lui mentait déjà bien assez sur tout le reste pour ne pas en plus le tromper sur ses sentiments … Elle l’aimait, depuis toujours. Cet amour, elle l’avait caché trop longtemps et pouvoir enfin le libérer lui faisait un bien fou. Elle n’était pas euphorique, hystérique ou excitée, mais elle était heureuse, un bonheur doux, un bonheur calme, un bonheur pudique, le seul bonheur qu’elle arrivait encore à puiser dans son environnement. Elle compensait le manque d’honnêteté, le manque de Chiara, le manque de facilité, en se donnant à corps perdus dans cette relation, en se promettant de la faire marcher, en se promettant de laisser à Simon une chance de montrer qu’il était bien meilleur que ce que les autres pouvaient penser.
Plus de trois mois à présent que les événements au musée s’étaient déroulés, elle se reconstruisait autant qu’elle se détruisait. Sa vie avait été bouleversée par toute sorte d’événements et beaucoup de décisions qu’elle avait parfois prises sur un coup de tête, parfois après de mûres réflexions. Il y avait eu la réconciliation avec Matteo, l’acceptation de ses sentiments pour Simon, l’omission de son deuil, sa promotion, la sortie de Chiara du pays pour sa protection, les fouilles du ministère, les rumeurs et doutes à son propos … Comment un corps si frêle pouvait supporter tout cela ? Elle se le demandait vraiment parfois. Mais elle faisait avec, elle s’adaptait, elle continuait, parce qu’elle ne voulait pas mourir, parce qu’elle n’abandonnait jamais, parce qu’elle essayait de montrer ce que c’était que d’être une battante … Pour l’instant, si elle arrivait encore à avancer, c’était uniquement grâce à Simon. Elle passait la majeure partie de son temps chez lui, ou bien il venait chez elle. Ils étaient discrets, n’essayaient pas d’attirer l’attention sur eux ; elle aimait cette petite bulle qu’ils s’étaient créés parce qu’elle lui permettait de profiter de son bonheur au jour le jour, sans avoir à penser aux conséquences. Aucune rumeur, aucune analyse, aucune critique, ils pouvaient simplement être eux, simplement s’aimer, sans être jugés … Sauf peut-être par elle …

Un long râle suintant de fatigue et de paresse lui échappa alors qu’elle se réveillait doucement aux premières lueurs du jour. Elle s’étira de tout son long sur le lit et remarqua l’absence de son compagnon en touchant la place vide à ses côtés. Ouvrant les yeux, elle fixa dans un premier temps le plafond et finit par parcourir la chambre des yeux. Quelques mois plus tôt, elle occupait l’une des chambres voisines, et à présent, elle était là, dans ce grand lit où il lui était arrivé de coucher Simon lorsqu’il était trop mal pour s’y allonger tout seul. D’amie, elle était devenue amante mais comme tous les matins, elle se surprenait à penser au nombre de femmes qui étaient déjà venues dans cette chambre et qui avaient déjà couché dans ce lit. Etait-elle jalouse ? Sûrement. Tel qu’elle l’avait toujours été ; autant que lorsque Simon était allé courir derrière des jeunes filles et qu’elle était restée en retrait. Ne pouvait-elle pas seulement profiter du plaisir d’être à ses côtés à présent ? Elle en était incapable, elle réfléchissait trop pour cela, et puis ses mensonges l’accaparaient encore trop … Elle essayait peut-être de trouver des failles à cette relation, elle essayait peut-être de remettre les fautes sur Simon pour ne pas admettre qu’elle était le problème. Thomas était le problème. En quatre ans, elle n’avait pas su trouver l’aide nécessaire auprès de sa famille, de ses amis ou de spécialistes, elle avait enfoui sa peine, avait caché sa rancœur, avait oublié que la mort avait emporté celui qu’elle avait aimé pendant plus de dix ans. Comment pouvait-elle dire à Simon qu’elle se sentait malheureuse et coupable de l’embrasser et de l’aimer alors qu’en fait, elle ne vivait que pour ça ? Ce paradoxe la rendait malade, mais comme toujours, elle gardait tout ça pour elle … Ne pas s’étendre pour éviter de compliquer les choses et d’impliquer des gens qui ne voudraient pas l’être. Se redressant, elle s’assit au bord du lit et contempla les cristaux d’eau gelée qui s’étaient figés au niveau de la fenêtre, à l’extérieur. Parcourue d’un frisson, elle se leva à la hâte et attrapa son jean usé et un vieux pull qu’elle adorait pour les revêtir. Rassemblant ses cheveux sur le côté, elle observa son visage crispé et ses yeux cernés dans le miroir. Il fallait qu’elle lui dise. Mais comment aborder le sujet ? Et il y avait Chiara … Penser à ce prénom lui déchirait les entrailles. Elle la savait en sécurité mais c’était tout. Ils avaient préféré rompre tout contact pour éviter que le gouvernement ne les retrouve ; mais elle lui manquait tellement … Ses câlins, ses caresses, ses sourires … et sa façon bien à elle de dire « maman ». Elle avait l’impression qu’on lui avait enlevé une fois de plus son enfant. Après Andrea, elle s’était pourtant promis de ne jamais se séparer de Chiara … Mais elle n’avait pas eu le choix. Le gouvernement et cette atmosphère de terreur ne lui avaient pas laissé le choix. Quelques instants durant, son esprit divagua dans des raisonnements saugrenus, des regrets et des colères ; puis de ses deux index, elle souleva les commissures de ses lèvres dans un sourire et laissa retomber ses bras le long de son corps. « Tu me manques tellement … » murmura-t-elle. Son regard se voila de larmes, mais elle balaya sa tristesse d’un revers de la main et après une profonde inspiration, elle sortit de la chambre avec ce même regard mélancolique.

En haut des marches, elle s’arrêta un instant, hésitante. Elle savait qu’en descendant, Simon l’attendrait – elle  l’entendait s’afférer en cuisine – mais avec lui, il y avait toute la culpabilité qui l’attendait. Pourquoi ? Pourquoi n’arrivait-elle pas à faire abstraction de tout ça ? Pourquoi ? Elle serra les poings, voulait se frapper, se faire mal, remettre son esprit en place … Elle voulait que son inconscient comprenne enfin la chance qu’elle avait et tout ce qu’elle perdait à ne pas en profiter pleinement. Elle retint un grognement de colère, serra les dents, prit de longues et profondes respirations. Relâchant doucement la contraction de ses doigts, elle descendit les marches unes à unes, lentement. Arriver en bas et voir le sourire heureux de Simon suffirent à la mettre en confiance. Comme les autres fois, la culpabilité s’évanouissait dans un coin reculé de son cerveau et ne revenait que lorsqu’elle s’éloignait de lui. Les mains se Simon se posèrent sur ses joues et elle posa les siennes par-dessus. Elle ferma les yeux, puisant de la force à travers ce toucher. « Tu fais une drôle de tête. » Des paroles qu’elle aurait préféré ne pas entendre. Un flux de justification lui traversa l’esprit, mais elle préféra l’honnêteté de l’omission au mensonge. « Je suis fatiguée, et j’ai peut-être attrapé un peu froid. » Elle frissonna, comme si son corps voulait donner des preuves à son explication, et déplaça ses mains froides sur la nuque de Simon. « Mais si tu veux, je peux partager mes microbes. » Elle eut un de ces petits sourires malicieux et posa délicatement ses lèvres sur celles de Simon. Se décollant doucement de lui, elle murmura « Tu t’es levé tôt. Tu n’as pas bien dormi ? Ce n’est pas ma faute j’espère … » Dernièrement, rares étaient les nuits où ils dormaient loin l’un de l’autre, mais elle continuait à s’inquiéter d’être de trop. Elle se mit sur la pointe des pieds, regarda par-dessus l’épaule de Simon et s’exclama. « Qu’est-ce que tu m’as préparé de bon ? » Un sourire ravi se dessina sur sa bouche et elle plongea son regard empli de tendresse dans celui de Simon. Elle pourrait rester des heures ainsi sans ressentir la nécessité d’autres choses.

Spoiler:


Dernière édition par Anna Grimaldi le Dim 31 Jan 2016 - 13:58, édité 1 fois
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Simon Rosier
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Il y a toujours eu une histoire.
Il a dix ans, et il s’impatiente en bas des marches de l’entrée, incapable de décrocher son regard de l’horloge. Pourquoi est-il le seul à être prêt ? La moue boudeuse, il gonfle les joues, sans prêter attention à Elias, qui traîne une grosse malle derrière lui en rechignant un peu. Il lui demande de l’aide, mais il est trop occupé à répéter les quelques mots d’italien que lui a appris Anna. En aura-t-il besoin, là-bas ? Il rêve déjà de la méditerranée, de la chaleur du sud, loin des intempéries londoniennes. Les Grimaldi ne vont pas tarder ! qu’il s’exclame. Son frère lève les yeux au ciel et lui réplique que s’il continue comme ça, leur père le laissera derrière eux à Herpo Creek, avec les elfes de maison. Lâche-moi, qu’il marmonne.
Repartiront-ils en Italie ?
Il a seize ans, et il n’essaye pas de retenir Anna, qui déjà disparaît dans les corridors de Poudlard, ses livres serrés contre sa poitrine et, il se doute, des larmes plein les yeux. Il ne se rend pas encore compte alors, mais il s’agace, il lui a simplement expliqué qu’il avait une copine, cette Serpentard, là, de son cours de métamorphose, et qu’il n’a plus le temps de traîner avec elle, entre les devoirs, les examens, Jane, ses amis. Il est arrogant, la trouve gamine. L’adolescence est une période étrange, un écart se creuse. Une année entière s’écoulera ainsi, à s’ignorer, à grandir chacun de leur coté.
Il voudrait revenir en arrière, la poursuivre, implorer son pardon.
Il a vingt-quatre ans, et au moment de serrer la main de Thomas, il lui écrase les doigts. A-t-il manqué sa chance ? Il n’est pas sûr. Trop jeune, et immature. Le lendemain, il repartira en Grèce de toute façon, et Anna continuera sa vie. Il entame une énième flûte de champagne, se dit qu’elle est heureuse, qu’une amourette d’enfance n’a rien de concret. Et la jalousie qui lui ronge les tripes, c’est rien, ça passera. Tout passe un jour – surtout avec de l’alcool. Il a trop à faire pour regretter ce qui existe seulement dans ses rêves. Il la félicite, la prend dans ses bras, demande à l’heureux élu s’il peut emprunter sa femme pour une dernière danse avant son départ. Sur la piste, ils parlent et plaisantent, un fou rire interrompt la valse. C’est donc ça, devenir adulte ? Il lui promet qu’il reviendra bientôt.
Aurait-il seulement osé gâcher ce bonheur-là ? Non, évidemment – mais si c’était à refaire, il ne serait pas venu au mariage.
Il a vingt-cinq ans, et apprend qu’elle a perdu son enfant. Il ne réfléchit pas, annule tout, met sa vie entre parenthèse, quitte Manhattan pour rejoindre Londres. Ils n’ont rien à se dire, pas même un « je suis désolé » à murmurer. Il n’imagine pas l’ampleur de cette douleur-là, se sent aussi inutile que démuni, et voir Anna dans cet état lui brise le cœur, parce qu’il n’y a rien à faire. Ont-ils conscience de la distance, ou se sont-ils finalement retrouvés ? Elle évoque Sainte-Mangouste, son mari, des projets d’avenir. L’interroge distraitement sur les États-Unis, et à lui de répondre qu’il a rompu avec quelqu’un, qu’il compte partir en Égypte.
Et à quoi auraient ressembler leurs vies (leur vie), s’il l’avait rattrapée, quelques années auparavant. Se tiendraient-ils près du plan de travail, cacherait-il son vice dans un placard, paraîtrait-elle plus heureuse ? Il essayait pourtant de repousser les regrets qui l’assaillaient constamment, comme s’il était incapable de se satisfaire de ce qu’il avait enfin. De l’eau a coulé sous les ponts, dit-on, mais il aurait volontiers réécrit leur histoire, se serait donné un meilleur rôle. Moins égoïste, plus présent. Le temps perdu ne se rattrapait pas – il avait besoin de l’accepter. Elle était là, désormais ; la seule femme vers qui il reviendrait, encore et toujours, sur les rotules ou les bras grands ouverts, le sourire mutin ou l’iris dilatée. Elles furent nombreuses à tenter de lui ravir la place, nombreuses à dévaler les mêmes escaliers sans pour autant attirer autre chose qu’un soupir agacé, nombreuses à se vouloir reines, alors qu’il confondait déjà leurs prénoms avec leurs concurrentes. Cependant – n’avait-il pas cherché une doublure, parmi elles ? Une pâle imitation, ou son parfait contraire, qu’importe pourvu qu’il puisse avancer à son tour, arracher une page qui refusait de se terminer, changer de chapitre. Il était doué à ça, Simon. Disparaître, fuir. « Je suis fatiguée, et j’ai peut-être attrapé un peu froid. » Piqûre de rappel, la réalité n’était jamais très loin. Une moue soucieuse froissa légèrement la commissure de ses lèvres, et comme remède, il n’eut rien de plus à offrir qu’un furtif baiser sur le front. « Mais si tu veux, je peux partager mes microbes. » À elle de glisser ses doigts glacés derrière sa nuque, lui dérobant au passage un geignement, tandis qu’il dodelinait le cou et prétendait esquiver ses lèvres, pour aussitôt plonger les siennes dans son cou. « Non merci, j’ai un système immunitaire défectueux, je te signale, » qu’il ronchonna. « Sauf si tu cherches une excuse pour passer le reste de la semaine au lit ? » Non pas qu’il refuserait une telle opportunité – ils étaient tellement occupés. Deux univers différents, des horaires qui leur jouaient des tours. Quand il revenait tard dans la nuit et qu’elle dormait, quand elle disparaissait au petit matin et qu’il tentait, vainement, de se réveiller. C’était compliqué, toujours compliqué. De trouver un arrangement, une heure pour déjeuner, dîner, flâner. Un jour à eux. « Tu t’es levé tôt. Tu n’as pas bien dormi ? Ce n’est pas ma faute j’espère … » Ses bras se nouèrent autour de la taille d’Anna et, songeur, il répliqua, « mh, tu m’as frappé plusieurs fois cette nuit, » menteur, humour à deux mornilles. « Non, rassure-toi. J’avais des trucs en tête. » Un sourire ne tarda pas à remplacer la grimace de sa plaisanterie matinale (preuve était qu’il n’avait décidément pas assez dormi au cours de la dernière semaine).
« Qu’est-ce que tu m’as préparé de bon ? » Il aurait voulu que leur couple soit à l’image de cette question ; banal et insouciant. « Pancakes, dit-il en pointant le plat en question, sirop d’érable, salade de fruits, toasts, porridge, et thé, ou café, au choix. » Et c’était un bonheur tranquille, teinté d’une intimité à laquelle il n’était plus habitué. Prendre le temps de s’asseoir (à quand remontait la dernière fois qu’il avait utilisé les tabourets du comptoir), savourer un petit-déjeuner à une heure raisonnable (pas l’infâme café qu’il avalait d’une traite après un transplanage somnolent), parler. Parler à Anna, car ça avait toujours été plus simple, car les mots lui venaient plus facilement, car il avait quelque chose à dire. Une plaisanterie au bord des lèvres ou un sourire complice à échanger, pour les vingt ans à venir, si on ne la lui arrachait pas tout de suite. Il ne se sentait pas meilleur en sa présence, là n’était pas la question, mais la chape de plomb pesant sur ses épaules s’allégeait, et la censure qui garrotait les pensées troubles agitant son esprit se faisait supportable. À peine se séparaient-ils qu’il irait aboyer sur ses employés, ou insulter sa clique d’incapables. Il se dit, elle ne te sauvera pas. Ce n’était pas ainsi que ça fonctionnait. Il embrassa de nouveau son front, et se dirigea vers son mug, resté en plan à coté des fourneaux. Vide, heureusement, S’il venait à Anna l’idée de piquer son café (une manie contre laquelle il maugréait), elle n’aurait pas la mauvaise surprise de découvrir son fond de firewhiskey. « Au fait, il lança, en s’installant sur un tabouret, face à elle, tu m’as pas raconté comment s’était passée ton entrevue au Ministère. C’était à propos de quoi ? » Elle avait dû lui en glisser un mot, quelques jours – semaines ? – plus tôt. Leur vague discussion s’était égarée dans les limbes de sa mémoire, ou était-ce, justement, à cause du Ministère ? Sujet trop épineux. Il pinçait les lèvres à chaque fois qu’elle le mentionnait, éludait presque les questions. Son expérience là-bas n’avait pas été suffisamment courte à son goût. Que n’aurait-il fait pour regagner les bonnes grâces de ses alliés. S’enfermer dans un bureau, traiter de la paperasse. Il avait failli, plus d’une fois, demander à Anna les raisons de son départ de Sainte-Mangouste, mais la conversation n’en deviendrait que plus houleuse. Il trempa un morceau de toast dans sa tasse, alluma une autre cigarette, faute de combattre l’habitude. (Ce n’était pas comme si elle le découvrait fumeur quand, déjà à Poudlard, il s’exilait dans la Volière avec son tabac.) « Et aussi, avant que j’oublie… il acheva d’engloutir son pain grillé avant de poursuivre sa phrase, j’ai été invité au mariage du fils Lestrange. Il se marie avec une Ollivander apparemment, et… un ricanement nerveux lui secoua les épaules, tandis qu’il levait les yeux au ciel, enfin, ça te dirait de m’accompagner ? » Et pourquoi pas danser, rire là où nous sommes supposés rire. La proposition lui chatouillait le bout de la langue depuis qu’il avait parcouru l’invitation pour aussitôt s’évanouir entre deux autres préoccupations. « J’aimerais me défiler pour être honnête, mais c’est sans doute pas la meilleure idée qui soit, » et il ne s’épancha pas davantage, secoua légèrement la tête. Ses billes céruléennes cherchèrent le regard de sa vis-à-vis et, sans mot dire, une moue brouillonna sur ses traits une expression déconfite. Les fouilles, la surveillance, les soupçons l’avaient rapidement forcé à abandonner ses velléités d’insoumission. Il préférait chasser de ses souvenirs l’humiliation de voir débarquer dans son loft une brigade spéciale. Ses incisives mordillaient la pulpe de sa lèvre inférieure, et les invectives qu’il refoulait contre la défiance du gouvernement moururent dans sa gorge, avec une gorgée de café brûlant. Anyway.


Dernière édition par Simon Rosier le Jeu 8 Sep 2016 - 20:05, édité 1 fois
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WIZARD • always the first casuality
Anna Grimaldi
Anna Grimaldi
‹ inscription : 07/06/2015
‹ messages : 1824
‹ crédits : mathy.
‹ dialogues : #e95353.
we could steal time, just for one day (simanna #3) Tumblr_odns43L5A91vc5ojjo3_r1_400

‹ âge : trente-quatre
‹ occupation : guérisseuse au service d'infection par virus et microbe magique et co-présidente de l'association "Rosier's Disease Research Trust".
‹ maison : Serdaigle
‹ scolarité : 1980 et 1987.
‹ baguette : est en bois de charme, contient une plume de phénix et mesure 26,4 centimètres.
‹ gallions (ʛ) : 5379
‹ réputation : je suis fragile et que j'ai été manipulée par mon compagnon.
‹ particularité : occlumens.
‹ faits : je suis de sang pur, que je fais partie de la famille Grimaldi, que je suis d'origine italienne, que j'adhère aux idées insurgées mais que je me suis résolue à ne jamais les rejoindre pour le bien être de ma fille, que je suis une ancienne guérisseuse et que je sais donc comment soigner les gens de diverses pathologies, que je me défends en duel, que j'adore lire, que j'apprécie les jolies choses.
‹ résidence : dans un petit studio sur le chemin de traverse que le gouvernement a bien voulu me donner pour mon implication de guérisseuse durant la guerre. La demeure des Grimaldi à Herpo Creek ainsi que mon appartement à la Bran Tower avaient été saisis. Je dispose toujours d'une résidence secondaire et tertiaire à Brighton (maison d'été) et à Florence (terres italiennes).
‹ patronus : un lapin, patronus de Thomas
‹ épouvantard : un entassement de corps, celui de mes enfants et des êtres qui me sont chers.
‹ risèd : ma famille heureuse et recomposée.
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Qu’y avait-il de mal à mentir, pour faire plaisir à quelqu’un ? La mine boudeuse et le traitre rictus qui soulevait les commissures de ses lèvres auraient pu être banals. Ils auraient pu être de ces couples stéréotypes, heureux et enviés par tout le monde. Ils auraient vraiment pu, mais le destin avait fait d’eux des êtres torturés, emplis de souffrance, de mystère et de mensonges. Mentir pour protéger, mentir pour faire plaisir, peu importe les raisons pour lesquelles on le faisait, mentir restait mentir. Ils n’étaient pas un couple de façade, ils n’étaient pas un couple de tapis rouge, ils auraient pu être un couple modèle mais les qualifier comme tel serait mentir au monde entier. Ils le savaient, eux, ce qu’ils étaient, et ils s’en contentaient bien … Ils en profitaient au jour le jour, ou, tout du moins, feignaient d’en profiter pour certains …

Elle était le problème. Sa raison le lui soufflait continuellement. De ses songes et de ses envies, il n’en restait qu’une infime partie. L’idéal qu’elle s’était imaginée n’était plus qu’un brouillon tracé à l’encre effaçable, et sur lequel un verre d’eau s’était renversé. La petite tête rousse qu’elle était avait rêvé des centaines de fois du mariage parfait. Elle était au fond de la salle, sa mère réarrangeait sa robe, son père lui tenait la main et à l’autre bout de l’allée, il était là. Qui ? Simon. Une évidence, c’était une évidence, ça aurait dû être une évidence. Mais son cœur s’était brisé en mille morceaux le jour où il l’avait rejetée. Trop jeune, avait-il dit. Immature, avait-elle entendu. Du rêve, Simon était devenu un cauchemar. Elle avait pleuré, des jours entiers, ses larmes ne se tarissant qu’au contact de Thomas. Alors, elle avait choisi, comme une seconde chance, qu’il serait l’heureux élu, qu’il serait le visage qu’elle admirerait à l’autre bout de l’allée, le père de ses enfants. Elle avait laissé tomber, ne s’était pas battu pour récupérer Simon. Lâche et docile.
Elle était le problème. Parce que la vraie seconde chance était là, mais elle était incapable de la saisir. Après la dispute qu’ils avaient eu, les mots échangés, les sentiments partagés, leur relation aurait dû être facile, naturelle, évidente. Au début, Anna y arrivait, elle était heureuse, vraiment, parce que tout ce qu’elle avait toujours voulu était présent à ses côtés. Simon, Chiara, Matteo … Et peu à peu, la perfection de l’instant s’était étiolée, périclitant ce bonheur qu’elle croyait acquis. Elle aurait dû se préparer au départ de Chiara, mais elle avait été égoïste et avait préféré profiter au maximum de son euphorie passagère, à ses risques et périls. La chute n’en avait été que plus brutale … A présent, ses jours n’étaient qu’une morosité ambiante ponctuée de légers sursauts de bonheur. Sa volonté n’était pas assez grande pour surmonter toute sa peine. Pourtant, ce n’était pas faute d’essayer … Elle ferait tout pour offrir à Simon ce qu’il méritait. Elle aimerait pouvoir lui rendre le double de ce qu’il lui donnait mais elle n’y arrivait pas, quelque chose la bloquait. Accepter aurait pu être la solution … Mais elle avait peur, peur de tout ce que cette phase de deuil impliquait, peur qu’accepter sa mort, ça serait les oublier : lui, Thomas, son mari, lui, Andrea, sa chair, elle, Chiara, son rayon de soleil …
Elle était le problème … Et ne l’assumait pas. Elle cherchait les erreurs, elle cherchait les failles. De sa personnalité, elle avait fait ressortir le plus mauvais : la jalousie, l’hypocrisie et la manipulation. Un monstre, voilà ce qu’elle était devenue, voilà ce qu’elle devait admettre en premier lieu. Simon a toujours cru être celui qui ne la méritait pas, mais aujourd’hui, les rôles semblaient se renverser. Elle devait changer. Le travail serait fastidieux, mais un jour viendra, ils seraient à nouveau l’évidence. Elle y travaillerait, elle y travaille …

Simon savait comment la faire sourire. Le rire qu’elle lui offrit en échange était sincère, de ceux qu’elle arrivait encore à produire en de rares instants. Coups pour coups, son poing s’abattit sur l’épaule de l’humoriste de salon qu’il était et elle le contourna pour aller s’asseoir au comptoir de la cuisine. « Tu veux que je grossisse ? » Un petit clin d’œil jeté dans sa direction, et elle attrapa un bol pour le remplir de salade de fruits. Picorant à l’intérieur, son regard se perdit dans le vide durant quelques minutes. Pourquoi ? Pourquoi n’y arrivait-elle pas ? Pourquoi son esprit refusait-il de se satisfaire de ce qu’elle avait ? « Au fait, … » Elle fut tirée de ses songes et se tourna vers Simon avec un grand sourire. « … tu m’as pas raconté comment s’était passée ton entrevue au Ministère. C’était à propos de quoi ? » Un haussement d’épaules en réponse à ce fâcheux sujet qu’était le ministère. Au fil des semaines, elle s’était rendue compte que tout ce qui concernait le ministère n’intéressait que très peu Simon. Il n’osera sûrement jamais l’avouer, mais elle l’avait remarqué et savait qu’il n’en parlait que pour lui faire plaisir. En réalité, elle n’avait pas vraiment envie d’évoquer le sujet non plus aujourd’hui et préféra donc rester évasive. « Il n’y a pas grand-chose à dire … Des entrevues j’en ai tous les jours de toutes les semaines, elles se ressemblent toutes ! Je ne veux pas t’ennuyer avec ça. » Son coude s’appuya sur le plan de travail et elle laissa sa joue s’écraser contre sa paume ouverte. Un long soupir et toutes les pensées relatives à son travail s’évaporèrent hors de son esprit. Parfois, son métier de guérisseuse lui manquait. Néanmoins, son incapacité à œuvrer à l’intérieur même de Ste Mangouste lui fermait de nombreuses portes. Et puis … Elle avait besoin de ce poste de directrice adjointe, pour se garantir une certaine sécurité, pour communiquer avec l’international et chercher une porte de sortie. Sa position au sein du ministère était enfin stable, et même si elle n’était pas dupe et savait qu’elle ne serait jamais complètement en sécurité, elle avait la sensation d’être là où elle devait être.

« … enfin, ça te dirait de m’accompagner ? » Ses lèvres se pincèrent dans une moue gênée, elle n’avait pas entendu le début de la phrase. De quoi parlait-il ? Tentant de se concentrer sur ce que son cerveau avait pu enregistrer le mot mariage résonna dans sa tête. Simon avait été invité à un mariage et il l’invitait à son tour à l’accompagner. Les questionnements envahirent son esprit. Deux mois qu’ils se voyaient constamment, discrètement, chez eux, cachant leur relation à tous leurs proches et vivant simplement pour eux. Mais cette invitation s’approchait d’une officialisation de leur relation, et il semblait lui demander une permission qu’elle n’était pas sûre de vouloir donner. Son incertitude ne voulait pas remettre en question son amour pour Simon, mais elle doutait de sa capacité à supporter le regard des autres, les messes-basses et les rumeurs. Loin d’être prête à accepter tout ça, elle baissa les yeux et réfléchit. « J’aimerais me défiler pour être honnête, mais c’est sans doute pas la meilleure idée qui soit. » Elle pourrait très bien refuser, le laisser y aller seul, mais au fond, s’ils s’étaient mis ensemble, n’était-ce pas pour se soutenir dans des moments tels que ceux-ci ? Elle le ferait, pour lui, pour essayer d’être meilleure. Se montrer à son bras lui permettrait de se défaire d’un de ses nombreux mensonges. Il était peut-être temps. Elle le ferait … « Si tu veux … » Elle s’approcha de lui et déposa un baiser sur sa joue. Se levant d’un air décidé, elle posa son bol dans l’évier et se servit une tasse de thé. « Mais si on y va, je dois me trouver une robe de circonstance ! » Un sourire taquin se dessina sur ses lèvres et sa tête se pencha légèrement de côté pour essayer d’attendrir Simon. Faire les magasins n’était pas vraiment son passe-temps favori, mais elle arrivait à y trouver un certain plaisir. « On peut ? On peut ? » Elle parlait comme un enfant, elle parlait comme Chiara lorsqu’elle lui réclamait une histoire avant de dormir. Elle eut un pincement au cœur à cette pensée mais refoula sa tristesse, pour grimacer une expression attendrissante à Simon. S’approchant de lui, elle s’accrocha à son cou en lui offrant un baiser qu’il ne pouvait refuser. Il accepterait, elle en était convaincue.
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PRISONERS • bloodstains on the carpet
Simon Rosier
Simon Rosier
‹ disponibilité : dispo (1/6)
‹ inscription : 07/09/2014
‹ messages : 1145
‹ crédits : tplrs (avatar), tumblr (gifs).
‹ dialogues : #669999.
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‹ liens utiles :
‹ âge : trente-huit ans (24/05/66).
‹ occupation : criminel, propriétaire déchu du Centuries.
‹ maison : Serpentard.
‹ scolarité : 1977 et 1984.
‹ baguette : brisée.
‹ gallions (ʛ) : 5136
‹ réputation : il n'est plus rien, l'héritier réprouvé d'une famille presque extincte, indigne de toute confiance et bon à moisir dans les geôles d'Azkaban.
‹ faits : toujours considéré comme une ordure remplaçable, dans le clan désuni de Voldemort, Rosier est désormais perçu comme un lâche ayant déserté avant la bataille finale. Un monstre qui a abusé de la confiance d'une sorcière honnête (Anna), et un père indigne par-dessus le marché. Nombreux sont ceux qui auraient aimé maintenir la peine de mort jusqu'à ce qu'il y passe.
‹ résidence : Azkaban.
‹ patronus : un vague filet argenté, sans forme ni consistance.
‹ épouvantard : un précipice.
‹ risèd : une plage, avec Anna et Charlotte.
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I, I will be king And you, you will be queen, Though nothing will drive them away, We can beat them, just for one day, We can be Heroes, just for one day


« Il n’y a pas grand-chose à dire … Des entrevues j’en ai tous les jours de toutes les semaines, elles se ressemblent toutes ! Je ne veux pas t’ennuyer avec ça. » Il acquiesça vaguement. Une fois, Elias lui avait dit, Anna, c’est pas une fille pour toi. T’occupe, il avait répliqué. Il s’en foutait, à l’époque – l’ailleurs lui tendait les bras, il voulait partir, et rien ni personne n’aurait pu l’en dissuader. Pas même sa meilleure amie d’enfance, devenue tour à tour étrangère et confidente, famille et amour contrarié, car son inconstance le jetait dans des gouffres qu’elle n’approchait jamais. Il n’était pas assez sage, ni assez docile ; il ne la méritait pas, pas comme il était. Il y songeait tout le temps, à chaque fois que le sommeil se faisait désirer, et que du bout des doigts, il retraçait la courbe gracile de ses formes, contemplait les taches de rousseur parsemant ses épaules, ses bras – s’il l’avait poursuivie, quelques années plus tôt, elle n’aurait peut-être pas eu à supporter autant d’épreuves, le chagrin d’une mère privée de son enfant, la trahison, le deuil d’un époux, mais elle aurait souffert mille trépas à ses cotés. Il l’aurait abîmée, usée jusqu’à la corde. À la fin – si seulement il y en avait eu une – cette histoire infernale l’aurait ravagée, et lui, lui, il s’en serait tiré indemne, plus insatiable encore qu’il ne l’était aux balbutiements de leur liaison. L’aurait-elle lassé ? Aurait-il changé ? Ça l’empoisonnait, de telles questions. À moitié cons, à moitié existentielles, chargées d’une culpabilité qui n’en finissait pas de l’étreindre. Pour les erreurs passées, et les regrets qui n’en étaient pas. Ce n’était pas le goût du trash ou l’envie de provoquer inutilement le pater en couchant avec du bas-de-gamme, ce n’était pas le manque d’estime ou la tolérance sociale. C’était lui et sa gueule. Trop impatient, trop capricieux, trop infidèle, il blessait, humiliait, car rien ne lui suffisait, et les passions fugitives se tarissaient aussitôt consommées. La tragédie dans le sang, l’enfoiré adulait la souffrance, courait après le stupre comme un clébard derrière une putain de balle, et chaque scarification au cœur était plus jouissive encore qu’un orgasme sous orviétan. Un psychomage avait déduit qu’il luttait contre lui-même (ou, variante, le père, l’homme en général, voire la mère, définitivement l’autorité parentale), et il s’était marré, rétorquant sèchement, pourquoi il y aurait une explication ? Il aimait se vautrer devant les professionnels, le bras sous la nuque, le rictus aux lèvres, prêt à débiter ses exploits immoraux – comme une confession perverse, qu’il confrontait au secret médicomagique, l’air de dire, s’il faut me juger, autant le faire en silence. Aujourd’hui, Simon, il la fermait, sa gueule de privilégié. Et Anna, malheureusement, n’avait rien à voir dans ce changement d’attitude – les conséquences de ses excès l’avaient rattrapé, le fardeau de ses conneries pesait lourd. Je ne changerai pas pour toi. Ses propres paroles lui revinrent en mémoire, anéantirent ses velléités de rédemption. Elle avait récupéré ce qu’il restait de lui. Le sceptique, avec son regard indolent, et sa marque sur le bras. Alors oui – le destin les avait réunis sur le tard, mais l’affliction, la déchéance, elles, ne les avaient pas épargnés. On souffre dans un sens ou dans l’autre, il se dit.
« Si tu veux … » Il tendit le bras afin d’attirer le cendrier vers lui, peu convaincu par son timbre évasif. Avait-elle oublié qu’il la côtoyait depuis plus de deux décennies ? Elle ne le leurrait pas – mais plutôt que riposter, il attendit, débarrassa sa tasse, le saladier de fruits, espérant même qu’il avait rêvé son hésitation. Il n’aurait pas dû, et l’évidence le saisit brutalement, quand les mots « mariage » et « Anna » s’entrechoquèrent dans son esprit, ravivant un souvenir agonisant – pour lui, comme pour elle. Sa langue caressa nerveusement ses molaires, et s’il eut le réflexe d’ouvrir la bouche, la parole lui fut aussitôt dérobée par sa vis-à-vis. « Mais si on y va, je dois me trouver une robe de circonstance ! On peut ? On peut ? » (Tu peux dire non.) Il ne dit rien. (Je ne veux pas t’obliger.) Son pouce s’attarda sur la pommette d’Anna. (Tu me dois rien.) Ses incisives capturèrent la pulpe de ses lèvres, et bientôt, celles-ci s’étirèrent en un sourire complice quoique vaincu. Il ne travaillait pas aujourd’hui, il avait mal dormi ; une dispute, à propos d’une célébration lui passant par-dessus la tête, n’en valait pas la peine. Ils pourraient annuler plus tard, se désister, trouver un prétexte. « Quelque chose qui s’enlève facilement, » et sans crier gare, il la souleva pour l’asseoir sur le comptoir. Ses mains s’arrimèrent à ses hanches, tandis que la bouche, vorace, s’en allait conquérir son cou, badigeonnant sa peau diaphane des relents de désir sommeillant en lui. Il muselait les excès d’autrefois, les fantasmes assouvis, se voulait un respect d’amant transi, mais ses ardeurs d’antan le rattrapaient toujours. Les doigts disparurent sous le pull d’Anna, et il reprit possession de ses lèvres, agacé par ces barrières de tissu. « Rosier ! » Un cri, presque. Les braises de la cheminée s’étaient brusquement ravivées, et jamais il ne maudit autant son installation qu’à cet instant. « Shit, murmura-t-il. Ça doit être– » sa phrase demeura en suspens, un murmure pensif et à peine audible qui dut trouver sa fin ailleurs, dans sa voix un peu éteinte, ou son regard fuyant. Il s’épanchait rarement sur ses activités professionnelles – et quand il rentrait avec une gueule de six pieds de long, il disait, c’est pas intéressant, c’est pas important, t’as pas envie de savoir, et il détournait le sujet, alors qu’il marmonnait dans son sommeil, serrait le poing en parcourant son courrier.
Son front s’attarda contre l’épaule d’Anna et, à contrecœur, il recula. « Va te préparer, il suggéra, en grattant distraitement sa mandibule rugueuse, je fais vite. » Il ne tarderait pas à se bouffer les phalanges de rage. Ses guiboles le traînèrent vers la cheminée, devant laquelle il s’agenouilla, non sans jeter une œillade furtive derrière son épaule. « J’ai pris mon weekend, connard, » grinça-t-il à l’adresse des flammes, avant de remarquer le sourire mauvais dont s’était fendu son acolyte. Toutefois, la plaisanterie gouailleuse que Rosier semblait attendre ne vint pas, et il écouta l’autre embrayer au sujet d’un retard de paiement d’un « associé ». Il tergiversa un moment, baissa la voix pour répondre. D’ordinaire, il s’en serait chargé lui-même, mais il eut beau peser le pour et le contre, la sentence tomba, sèche, « démerde-toi, j’ai pas le temps de nettoyer derrière vous. » Ça parlementa – il réclama des détails, lâcha quelques instructions, précises, jura, contre le con qui le dérangeait, l’autre con qui ne réglait pas ses dettes, la terre entière, contint maladroitement la colère excitant son palpitant. Il coupa court à la discussion, seulement pour réaliser que sa main tremblait de nouveau. Serre les dents, ça passera. Il avait besoin de quelque chose – et il n’avait rien. Son bureau, le séjour, sa chambre, rien. Il le savait, il avait nettoyé de fond en comble, de peur qu’Anna découvre une fiole de Navitas égarée sous le lit, ou planquée derrière une pile de bouquins. Il était tenté de chercher. Un recoin oublié. Sous un tapis. Derrière un oreiller. Au fond d’un placard. Machinalement, il renifla, secoua sa main, craqua ses doigts, son poignet, crut qu’un grand verre d’eau étancherait le manque. Simon renonça, en entendant Anna à l’étage. Elle avait confiance en lui. Ça aurait dû lui suffire, mais il réfléchissait tout de même aux fournisseurs qui arpentaient son club, avec de la came ne risquant pas de trouer sa cloison nasale. « Merde, » il chuchota.
Merde, en effet.
Peut-être que ces prémisses de vie rangée étaient illusoires, et peut-être ne croyait-il pas en sa capacité de faire durer une relation. Ils appartenaient à la même caste, pas au même monde. « Je me douche, j’arrive, » et loin de lui l’idée de reprendre ce qu’ils avaient interrompu. (Plus tard.) Il avait besoin d’un verre — non, d’un jet d’eau froide. Flâner sur le Chemin de Traverse avec Anna. Des activités normales, diurnes. Loin du Centuries. Un autre café, à la rigueur. Un déjeuner. Un rien soucieux, il acheva de se préparer en silence, jugea inutile de raser la barbe qui lui rongeait les joues, multiplia les allers-retours entre la chambre, la salle de bain, le dressing, une serviette autour de la taille, un jean à la main, une brosse à dents dans la bouche, sa main comme unique peigne, lançant par moment, t’as pas vu… ah non, c’est bon. « Ok, désolé, ce truc de boulot m’a… il attrapa une écharpe, tandis que ses billes roulaient dans leur orbite, c’est rien. Les préparatifs du Nouvel An… » Une moitié de mensonge. Et plutôt que s’attarder davantage, il sourit, penaud, et offrit son bras à sa compagne, « rassure-moi, tu as l’estomac accroché pour les transplanages matinaux ? » Il raillait, le grand gamin, presque impatient d’affronter une foule de badauds se pressant au Marché de Noël. Ils n’étaient pas encore « sortis » en couple. Leurs seules balades romantiques se résumaient aux quelques mètres qu’ils parcouraient dans le loft, et sans l’appréhender, il apercevait là les signes peu familiers d’une relation… normale. Instinctivement, après une arrivée sans encombre sur un Chemin de Traverse paisible, à peine troublé par l’effervescence du weekend, il passa son bras autour des épaules d’Anna. Comme s’il craignait qu’elle lui échappe. « J’ai entendu dire qu’ils avaient installé une patinoire, avec de la neige magique et tout le tremblement. »
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‹ réputation : je suis fragile et que j'ai été manipulée par mon compagnon.
‹ particularité : occlumens.
‹ faits : je suis de sang pur, que je fais partie de la famille Grimaldi, que je suis d'origine italienne, que j'adhère aux idées insurgées mais que je me suis résolue à ne jamais les rejoindre pour le bien être de ma fille, que je suis une ancienne guérisseuse et que je sais donc comment soigner les gens de diverses pathologies, que je me défends en duel, que j'adore lire, que j'apprécie les jolies choses.
‹ résidence : dans un petit studio sur le chemin de traverse que le gouvernement a bien voulu me donner pour mon implication de guérisseuse durant la guerre. La demeure des Grimaldi à Herpo Creek ainsi que mon appartement à la Bran Tower avaient été saisis. Je dispose toujours d'une résidence secondaire et tertiaire à Brighton (maison d'été) et à Florence (terres italiennes).
‹ patronus : un lapin, patronus de Thomas
‹ épouvantard : un entassement de corps, celui de mes enfants et des êtres qui me sont chers.
‹ risèd : ma famille heureuse et recomposée.
http://www.smoking-ruins.com/t1958-anna-loooove-me
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Profiter … Vivre … Sans barrière, sans censure … Donner autant que l’on pouvait donner, aimer autant que l’on pouvait aimer. L’espoir, l’espoir de savoir encore espérer, de savoir encore apprécier, de savoir encore prendre plaisir lorsque cela s’y prêtait. Simple. Sincère. Honnête. Profond. Se croire plus fort qu’on ne l’est réellement, l’espace d’un instant. Désirer l’inaccessible, rêver d’un monde parfait où les problèmes ne seraient que des petites étoiles dans le ciel qui apparaîtraient et disparaitraient sans jamais filer au-delà de sa position.  Se leurrer sur le monde autour, penser que le bonheur pouvait se limiter à la petite parcelle de terre qui l’entourait et qui le suivrait partout. Se voiler la face, fermer les yeux et réaliser que tout cela n’était que des songes. Il souriait, elle l’aimait. Il la soulevait, elle s’envolait. Il la touchait, elle frissonnait de désir. Une caresse, un baiser. Son esprit flottait et seul l’envie subsistait. Elle s’abandonnait entièrement à lui. Lui. Le seul à savoir comment lui faire oublier. Le seul à la délester de toutes ses charges. Le seul à l’aimer même lorsqu’elle le détestait. Ses yeux se fermèrent, ses mains s’agrippèrent à sa chevelure ébouriffée. Son corps tout entier était transit d’amour, et l’espace de ce court instant elle n’était plus qu’une jeune femme amoureuse, l’adolescente passionnée, l’enfant émerveillée. Elle aurait voulu que ce moment dure indéfiniment, que le temps s’arrête, que leur complicité se grave dans le marbre et s’incruste éternellement dans l’histoire …

Rosier ! Un sursaut. Ses bras retombèrent ballants le long de son corps et elle plongea son visage dans les cheveux de Simon, pour s’imprégner de son odeur. Sa respiration saccadée et le sang battant dans ses tempes cherchaient à s’accrocher à leurs tumultueux ébats, mais déjà la réalité reprenait ses droits et le poids qui l’avait survolée quelques minutes plus tôt s’écrasa à nouveau sur ses épaules. Ses yeux se voilèrent et la détresse se lisait dans son regard baissé. Inspirant profondément, elle fixa un sourire triste sur ses lèvres et laissa Simon se détacher. « Va te préparer, je fais vite. » Elle pencha la tête sur le côté, fit son petit regard de chien battu et dans un haussement d’épaule, descendit du comptoir pour retourner à l’étage.
Simon avait toujours été très mystérieux à propos de son travail. Mis à part l’intitulé assez pompeux de gérant du Centuries, Anna ne savait pas grand-chose. A chaque fois qu’elle essayait de mettre le sujet sur le tapis, il évitait élégamment d’en parler et détournait la conversation vers un thème un peu plus futile. Il disposait d’un talent incontestable pour l’illusion et cela depuis toujours. Elle ne lui en tenait cependant pas rigueur, admettant qu’elle était la plus grande menteuse dans cette relation. L’eau glacée qui coulait le long de son visage lui éclaircit quelque peu les idées. Mais déjà, une obsession la tourmentait : arriverait-elle un jour à apprécier sa vie auprès de Simon de façon permanente ? Pourquoi rendait-elle les choses aussi compliquées ? Ses yeux fixèrent quelques instants le visage qui se reflétait dans le miroir. Ce n’était pas elle, pas celle qu’elle était durant son adolescence, pas celle que Simon avait connu lors de leur enfance. Et s’il n’était amoureux que de l’ancienne Anna ? Celle qui n’existait plus que dans les souvenirs. Comment réagirait-il le jour où elle lui avouerait qu’elle envisageait de rejoindre la rébellion, qu’elle n’avait jamais fait son deuil et s’en voulait de l’embrasser, qu’elle avait une petite fille, qu’elle n’avait pas confiance en elle et qu’elle ne se considérait jamais à sa place. Elle se dévisageait et ne pouvait s’empêcher d’en vouloir à la fille du miroir de ne pas être restée celle qu’elle était. Elle s’attarda de longues et interminables minutes ainsi. Seuls les pas de Simon résonnant dans les escaliers réussirent à la sortir de ses songes. Encore entourée par sa serviette, elle sortit de la salle de bain, croisant Simon et profitant de ce moment pour poser un baiser furtif au coin de ses lèvres. « Je me douche, j’arrive. » Un acquiescement, un sourire. Elle s’éclipsa dans la chambre d’ami pour récupérer les quelques vêtements propres qu’elle avait laissés là-bas et rejoignit la chambre principale revêtue d’une petite jupe noire, d’une blouse blanche à motif et de longue botte camel. Le passage à l’étape maquillage et coiffure fut d’autant plus rapide qu’elle voulait rester naturelle, se détacher de ces soirées mondaines et parfaites qui l’horripilaient tant. Fin prête, elle alla se poster contre le mur en face de la salle de bain et attendit patiemment son amant, esquissant à chacun de ses passages un sourire radieux. Sa seule présence la revigorait. « Parfois, je me demande qui de toi ou de moi passe le plus de temps dans la salle de bain. » Sourire taquin, clin d’œil complice, elle se mordilla la lèvre et se laissa entraîner hors de leur petit nid douillet.

Simon tenta de lui expliquer pourquoi ils avaient dû interrompre leur échange de baisers, mais elle n’y prêta qu’une attention désinvolte. Elle se recouvra d’un manteau-cape, d’une écharpe émeraude et d’un joli petit béret qu’elle avait ramené d’un de ses voyages d’affaire en France. Les gants ne manquant pas à l’appel, elle se tourna vers Simon, désigna sa personne d’un geste de la main et souffla. « Prête à braver les tempêtes ! » Elle l’observa amoureusement et accepta son bras. « Rassure-moi, tu as l’estomac accroché pour les transplanages matinaux ? » Elle haussa les épaules, laissant son compagnon l’escorter jusqu’au Chemin de Traverse, à peine bondé. « J’ai entendu dire qu’ils avaient installé une patinoire, avec de la neige magique et tout le tremblement. » Un vent frais s’abattit sur son visage et elle frissonna. Son regard parcourut l’étendu de la foule, quelque peu effrayée. Elle craignait que les rumeurs et les messes basses fusent si les gens la voyaient au bras de Simon. Le bras qu’il porta à ses épaules la rassura. Elle chercha néanmoins un soutien plus tactile. Enlevant son gant droit et le rangeant soigneusement, elle se détacha de Simon et entrelaça ses doigts dans les siens. Elle lui jeta un regard prudent, comme pour lui demander son approbation et finit par lâcher. « Viens, j’veux d’abord trouver ma robe. » Elle le tira par la main et se fraya un chemin parmi les passants jusqu’à un magasin de tenue de soirée, rare boutique tenant encore debout après les rafles et conflits de ces dernières années. A l’intérieur, Anna était comme une vraie enfant. Elle avait beau détester les mondanités, les excès et les froufrous, son éducation lui avait appris à aimer les belles choses ; et les belles robes, aussi simples pouvaient-elles être, en faisaient partie.

Elle ne savait pas trop si le défilé de robes qui s’en suivit distrayait Simon ou l’ennuyait, mais se risqua à poursuivre ses emplettes, en tentant de ne pas s’attarder sur des tenues qui ne lui plaisaient pas. Parfois, elle cherchait le regard désireux de sa moitié pour se décider. Celle-ci ? Et celle-là ? D’autres fois, elle ne sortait même pas de la cabine tellement son reflet la répugnait. Les robes s’enchaînèrent et au bout d’une heure, Anna craignait que Simon ne se soit perdu dans la spirale infernale de la lassitude. Elle était prête à abandonner quand cette sublime robe bustier, bleu roi, en mousseline se glissa sous ses yeux. « Une dernière. » souffla-t-elle. Elle referma le rideau, revêtit l’objet des convoitises, s’observa dans le miroir, un sourire aux lèvres et ressortit avec une jouissance apparente. « Je crois que c’est la bonne ! » Elle attendit l’assentiment de Simon et retourna en cabine pour se rhabiller. Ils s’attardèrent encore un moment, choisissant parmi les robes qu’elle avait sélectionnées pour finalement sortir de la boutique un sac à la main. Elle s’arrêta à quelques mètres du magasin et elle attira Simon dans une petite rue perpendiculaire. Un sourire étirant ses lèvres, elle s’approcha lentement de lui, colla son front contre le sien et l’embrassa tendrement. D’abord la joue, puis le nez, puis les commissures de ses lèvres avant d’assouvir sa fougue dans un profond baiser. « Deux heures que j’ai envie de faire ça, » murmura-t-elle. Rassemblant ses mains derrière la nuque de son bien-aimé, elle plongea ses yeux dans l’océan des iris qui la fixait. Je t’aime, aurait-elle pu ajouter. Mais les mots se coincèrent dans sa gorge et elle préféra le silence. Quelques secondes, quelques minutes, peut-être plus, elle posa sa tête contre l’épaule de Simon quand son attention fut attirée par une petite ombre qui gigotait non loin d’eux. A cet instant, elle entendit des petits couinements qui devaient être présents depuis le début, mais qu’elle n’entendait que maintenant. « Regarde ! » Elle se détacha de Simon, le prit par la main et l’entraîna avec elle, vers la source du bruit.

Dans un coin, derrière une poubelle, un petit chien apeuré semblait blessé. Les blessures, elle connaissait. Elle en avait fait les frais dernièrement, mais elle en avait également vu énormément. Les animaux n’étaient pas exactement comme les hommes, mais durant sa scolarité à Poudlard, elle avait excellé en Soin aux créatures magiques, alors un chien n'était rien face à tout ce qu’elle avait déjà vu. Elle se baissa. Sa main lâcha celle de Simon et se rapprocha du petit animal. Même sans le regarder, elle remarqua que son compagnon était particulièrement tendu et elle l’entendait déjà dire : on ne sait pas où il a été, éloigne-toi il pourrait te mordre, fais attention ! « Il n’est pas méchant ! Tu vois bien qu’il n’est pas méchant ! » Elle leva les yeux vers Simon, lui sourit et prit le petit animal dans ses bras avant de se relever. « Regarde comme il est trop mignon. Il n’a pas de collier, il faudrait voir s’il a un tatouage magique de localisation. » Elle sortit sa baguette et tapota au niveau du cou de la petite bête qui ne cessait de couiner. Aucune réaction, aucun signe. « Ah bah non. » Elle était partagée entre la joie de pouvoir le garder et la déception qu’il ait pu errer ainsi pendant longtemps. L’examinant superficiellement, elle conclut. « Il doit avoir la patte cassée et je pense qu’il est déshydraté. » Elle retint le chien d’un bras et de l’autre, fit apparaître un léger filet d’eau du bout de sa baguette. L’animal buvant et s’amusant avec le petit jet d’eau, Anna arrêta son regard sur Simon et pinça les lèvres. Les paupières papillonnantes, les yeux ronds, le sourire envieux, elle se mordilla la lèvre avant de soumettre sa demande. « On peut le gardeeer ? » Elle se balança de droite à gauche, alterna son attention entre Simon et le petit animal. « S’il te plaaait ! » Faire l’enfant, régresser, elle ne ferait pas de caprices, mais si elle pouvait jouer la carte de la pitié, elle s’y essaierait. Ce chien, elle le voulait. Son petit visage l’attendrissait. Elle avait envie et besoin de s’occuper de quelqu’un, Chiara n’étant plus là, elle ne refuserait pas la compagnie de cette petite bête.
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PRISONERS • bloodstains on the carpet
Simon Rosier
Simon Rosier
‹ disponibilité : dispo (1/6)
‹ inscription : 07/09/2014
‹ messages : 1145
‹ crédits : tplrs (avatar), tumblr (gifs).
‹ dialogues : #669999.
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‹ liens utiles :
‹ âge : trente-huit ans (24/05/66).
‹ occupation : criminel, propriétaire déchu du Centuries.
‹ maison : Serpentard.
‹ scolarité : 1977 et 1984.
‹ baguette : brisée.
‹ gallions (ʛ) : 5136
‹ réputation : il n'est plus rien, l'héritier réprouvé d'une famille presque extincte, indigne de toute confiance et bon à moisir dans les geôles d'Azkaban.
‹ faits : toujours considéré comme une ordure remplaçable, dans le clan désuni de Voldemort, Rosier est désormais perçu comme un lâche ayant déserté avant la bataille finale. Un monstre qui a abusé de la confiance d'une sorcière honnête (Anna), et un père indigne par-dessus le marché. Nombreux sont ceux qui auraient aimé maintenir la peine de mort jusqu'à ce qu'il y passe.
‹ résidence : Azkaban.
‹ patronus : un vague filet argenté, sans forme ni consistance.
‹ épouvantard : un précipice.
‹ risèd : une plage, avec Anna et Charlotte.
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we could steal time, just for one day

I, I will be king And you, you will be queen, Though nothing will drive them away, We can beat them, just for one day, We can be Heroes, just for one day


Il était peut-être devenu plus con, ou se complaisait dans un mensonge qu’il voulait être une vérité, mais il se promenait dans une dimension aussi parallèle qu’agréable, dans un univers qui lui paraissait moins glauque. Pas plus chatoyant, mais soudainement, supportable. Les semelles ne raclaient pas l’asphalte, le dos était droit. Il ne traînait pas de gueule de bois, n’était pas défoncé ; et c’était peut-être ça, qui le crispait. Savoir que cette sérénité était éphémère, pis, un leurre tendu à lui-même ; apprivoiser sa lucidité, cette drôle d’inconnue qui, il y a longtemps, avait abdiqué sous les assauts répétés de sa démence. Il ne voulait pas les compter, mais les minutes s’égrenaient tout de même dans un coin de sa caboche, et il eut beau resserrer sa pression autour des doigts d’Anna, ce n’était pas suffisant pour dissiper ses idées sombres. Il n’avait pas sa flasque sur lui. Juste ses cigarettes. Noël parvenait presque à gommer les atrocités des derniers mois — il commençait à perdre l’habitude d’apercevoir des familles entières sur le Chemin de Traverse, toute marmaille déployée, à l’assaut du Marché d’hiver. Pour une fois, il était l’un de ces imbéciles heureux, échangeant distraitement quelques banalités avec sa compagne. Une journée, seulement — il ne pensait plus à ce qu’il se passait au-delà de son petit monde confortable, oubliait presque ses tourments, les absences des siens,  car son attention toute entière était dévouée à Anna, au son de sa voix. À son rire. Alors oui, probablement, il était devenu con, mais il goûtait au moins au répit, quoique peu mérité.

Les boutiques de luxe tournaient toujours — ce qui n’était pas en soi surprenant, l’élite se portait admirablement bien en ces temps soi-disant difficiles. Il retira ses mitaines lorsque la porte se referma derrière eux, et tandis qu’Anna s’appropriait déjà les lieux en reine italienne, il demeurait en retrait, sceptique. Avec les cache-misères qu’il osait appeler « vêtement », il allait sans dire que Simon perdait rarement son temps chez Madam Malkin et ne prêtait qu’une attention modérée à son apparence – encore aujourd’hui, il portait un sweater troué au coude. Un sweater troué au coude. Fort heureusement, caché sous les manches intactes de ce vieux manteau long qui avait bravé les hivers rugueux de New York – une décennie auparavant. Du reste, il n’était pas certain qu’Anna continue de le laisser sortir attifé de la sorte. C’était ironique – son milieu se bâfrait de la superficialité, et décryptait d’un œil critique l’accoutrement des uns et des autres, mais lui, sans se vouloir particulier, baladait une misère déplacée. Un jean troué au genou, ou sur le coté, une poche décousue, un col déchiré, une cape hâtivement rapiécée, cette saloperie de blouson en cuir qui semblait avoir traversé les siècles. Il n’investissait pas dans les fringues – bien qu’il en soit cerné, à cet instant précis. Anna, en revanche, retrouvait là l’âme des héritières de bonne famille, et nul doute qu’il la taquinerait plus tard. Elle lui rétorquerait qu’il ne valait pas mieux. Il remercia silencieusement Merlin pour les banquettes mises à disposition dans la boutique et, sans quitter Anna des yeux, put soulager ses guiboles. Le coude sur le genou, la joue échouée contre sa paume, il suivait cet incessant, quoique distrayant, défilé, et grappillait les quelques secondes que sa compagne lui impartissait pour manifester une réaction (certes furtive) : d’un haussement d’épaules sceptique à un « ah ! » vaguement exclamatif, ou ce « j’aime bien » aboulique. (Évidemment, il s’ennuyait.) Son enthousiasme était muselé par Anna, qui attendait seulement son approbation quand elle n’était pas certaine — et elle avait confiance en ses choix, ce qui allait, ce qui n’allait pas, la manière dont une robe épousait ses courbes, modifiait sa silhouette, la couleur, la matière, la longueur, les manches, le col, le bustier. Si elle n’était pas convaincue, elle ne prenait pas la peine de sortir de la cabine — et il se mettait alors à vérifier son rouleau principal, sur le magic scroll network, ou contemplait les mannequins magiques épousseter leur tenue (il détestait les mannequins magiques pour la simple et bonne raison qu’elles n’avaient pas de tête). Finalement, Anna arrêta son choix sur une robe bleue. « Votre femme a un goût exquis, » commenta aimablement une vendeuse dont il n’avait pas remarqué la présence. « Oui, » il répliqua, absent, « en effet. » Il y eut un moment de flottement, pendant lequel il prit conscience du son de sa propre voix, des mots qu’il avait prononcés, de la robe bleue qu’Anna emmenait dans la cabine d’essayage – immobile, et ébaubi, il n’avait pas eu la jugeote de rectifier l’erreur, alors que dans d’autres circonstances, il s’en serait empressé sans y réfléchir à deux fois, sans même lever les yeux vers la jeune femme, se serait sans doute agacé, jugeant la remarque déplacée. « Nous ne… » Oh et puis merde, il pensa. Il ne reconsidérerait jamais l’idée du mariage, par principe. Crisper les ancêtres, frustrer le pater, emmerder la noblesse sorcière. Il ne se mettrait pas à genoux uniquement parce qu’il s’agissait d’Anna. (Il avait eu sa chance. Ne l’avait pas saisie. Ne le regrettait pas autant qu’il le devrait.) La mâchoire crispée, Rosier ne s’était pas aperçu que ses ongles s’étaient enfoncés contre sa rotule, ni que sa jambe gigotait à nouveau. Que sa main gauche tremblotait. Ces signes, il les abhorrait – la faiblesse n’était pas passagère, mais profondément inscrite dans ses os, coulant dans l’arantèle pourrie de ses veines. Il se leva brusquement et, surveillant du coin de l’œil les cabines, il se dirigea vers la caisse afin de régler la robe – en gentleman du dimanche. (Et elle froncera le nez, lui dira que c’était inutile, qu’elle aurait pu payer. La pensée lui arracha un sourire en coin, tandis qu’il signait son nom sur un parchemin frappé du sceau de Gringotts.)

« J’ai faim, tu veux pas—Anna ? » À peine eurent-ils dépassé la boutique qu’elle s’était figée, l’air mutin, et l’attira dans une autre rue éloignée des commerces, où la foule ne s’aventurait pas. Pris en otage entre deux murs de briques, il glissa ses mains dans le cou d’Anna, répondant à chacun de ses baisers sans se faire prier, la laissant mener la danse. « Deux heures que j’ai envie de faire ça. » Les commissures s’étirèrent, jusqu’à ce que les lèvres découvrent ses dents et que des ridules rieuses creusent son regard céruléen. (Définitivement con, mais foutrement heureux.) Ses bras s’enroulèrent autour de la taille de sa compagne. Et ils auraient pu rester dans ce coin une, deux, trois heures, ça lui aurait suffi, autant que cette étreinte. Et c’était si simple, et si fragile. Lui, il n’entendit pas les plaintes qu’Anna repéra. « Regarde ! » « Quoi ? » Il eut un léger mouvement de recul, quand elle approcha la bestiole — moins par peur que par défiance, bien que le chiot blessé soit loin de présenter des signes rabiques. Il était même terrifié, couinant son désespoir (ou sa douleur) dans les bras de, il le craignait, sa nouvelle maîtresse. Rosier lança une œillade derrière son épaule, incapable d’articuler quoique ce soit qui puisse dissuader Anna de ramener ce machin chez lui — enfin, chez elle (il insisterait). « Tu… » tu as dit que tu étais débordée, l’autre jour. Que tu avais trop de boulot. Trop de choses à gérer. Ça ne lui ressemblait pas, de prendre pareille décision sur un coup de tête — tu vois un clebs abandonné, tu veux l’adopter ? Voilà ce qu’il pensait, et ce qu’il aurait dit, si les yeux d’Anna n’avaient pas rencontré les siens. « Anna… » Sa main désigna vaguement le chien avant de retomber lestement le long de son corps. « Il y a la ménagerie, pas loin… On– » on ramène pas ce truc chez moi. Elle le suppliait. Sans rien dire, elle le suppliait. « Tu sais pas d’où il sort. » L’argument était merdique, le ton moins assuré. Ça te tuerait, de dire non. Le hasard lui jouait des tours bien singuliers, aujourd’hui – l’empêcher de baiser dans sa cuisine, ramener un clébard blessé… « Qu’est-ce que tu vas faire d’un chien ? » Il demanda, ignorant. Il tergiversa, se massa la nuque, se mordit la lèvre inférieure. Secoua la tête, haussa les épaules. Qui était-il pour l’empêcher de le garder ? L’évidence était telle que Simon abandonna la partie avant même d’avoir commencé, décontenancé. Fuck it. « Écoute—on va quand même passer par la ménagerie… et on verra. » Il déposait les armes. Le bidule s’agita. « Mais que ce soit clair, il marmonna, sans quitter le truc des yeux, il n’y a pas de ‘on’ dans cette histoire. Tu le veux, tu le gardes. » Tu parles. Il regretterait bientôt ces dernières paroles.
Un chien. Que Merlin et tous les chevaliers de la Table Ronde lui en soient témoins, il commençait à croire que l’univers se jouait de ses élans romantiques et ne tarderait pas à lui rappeler qu’il n’était pas ce type-là. Qu’il ne passait pas sa matinée dans des boutiques de fringues, et qu’il ne recueillait pas de chiots égarés. Le couple prit la direction de la ménagerie, et il se maudit un peu plus à chaque fois que ses billes croisaient le museau de cette peluche blessée.

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WIZARD • always the first casuality
Anna Grimaldi
Anna Grimaldi
‹ inscription : 07/06/2015
‹ messages : 1824
‹ crédits : mathy.
‹ dialogues : #e95353.
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‹ âge : trente-quatre
‹ occupation : guérisseuse au service d'infection par virus et microbe magique et co-présidente de l'association "Rosier's Disease Research Trust".
‹ maison : Serdaigle
‹ scolarité : 1980 et 1987.
‹ baguette : est en bois de charme, contient une plume de phénix et mesure 26,4 centimètres.
‹ gallions (ʛ) : 5379
‹ réputation : je suis fragile et que j'ai été manipulée par mon compagnon.
‹ particularité : occlumens.
‹ faits : je suis de sang pur, que je fais partie de la famille Grimaldi, que je suis d'origine italienne, que j'adhère aux idées insurgées mais que je me suis résolue à ne jamais les rejoindre pour le bien être de ma fille, que je suis une ancienne guérisseuse et que je sais donc comment soigner les gens de diverses pathologies, que je me défends en duel, que j'adore lire, que j'apprécie les jolies choses.
‹ résidence : dans un petit studio sur le chemin de traverse que le gouvernement a bien voulu me donner pour mon implication de guérisseuse durant la guerre. La demeure des Grimaldi à Herpo Creek ainsi que mon appartement à la Bran Tower avaient été saisis. Je dispose toujours d'une résidence secondaire et tertiaire à Brighton (maison d'été) et à Florence (terres italiennes).
‹ patronus : un lapin, patronus de Thomas
‹ épouvantard : un entassement de corps, celui de mes enfants et des êtres qui me sont chers.
‹ risèd : ma famille heureuse et recomposée.
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Telle une enfant qui n’avait pas appris les bonnes manières. Telle une solitaire qui avait perdu foi en l’humanité. Telle une princesse reniée qui ne savait pas ce que le mot ‘richesse’ voulait dire. Telle une mère déchue qui ne pouvait plus exercer son amour. Telle une infirme qui n’oubliait pas la profonde douleur des blessures. Telle une guérisseuse qui n’arrivait pas à fermer les yeux devant la souffrance des autres. Ses bras accueillirent délicatement le petit animal et le blottirent contre elle. Par ces gestes, elle projetait son amour avortée pour Chiara, sur cette petite boule de poil qui n’avait rien demandé … Elle espérait que la présence d’un petit être vivant à ses côtés lui permettrait d’apaiser sa peine. Mais comment dire à Simon qu’elle voulait simplement cet animal pour combler un vide dont il ne connaissait pas l’origine ? Certainement aurait-il pu dire ‘je ne te suffis pas ?’ … L’omission était parfois le meilleur moyen d’obtenir ce que l’on voulait. Les caprices et les petites moues boudeuses faisaient facilement leurs effets. Depuis qu’elle sortait avec Simon, elle se permettait des libertés que sa caste ne lui donnait pas. Avec lui, cependant, elle se sentait bien, à l’aise, presque normale. Il lui offrait une bulle protectrice dans laquelle les règles étaient relatives et où elle pouvait se risquer à rêver. Désirer, envier … Elle le voulait cet enfant ce chien, et elle l’obtiendrait … Même si cela impliquait qu’elle fasse un caprice.

Sa mère, pourtant, lui avait appris à ne jamais réclamer et à toujours attendre que les choses viennent d’elles-mêmes. Elle s’était toujours montrée particulièrement patiente lorsqu’il était question d’envie plus que de besoin. Dans un petit carnet, rangé soigneusement dans la table de chevet de sa chambre, elle avait néanmoins listé, durant des années, tout ce qu’elle désirait plus que tout au monde. Elle avait ensuite fait un pacte avec elle-même afin de faire en sorte d’obtenir toutes ces choses, lorsqu’elle ne serait plus dépendante de ses parents. Elle se souvenait que dans la liste, vers ses huit ans, elle avait griffonné baby dogs because they are more adorable. A onze ans, même, elle avait ajouté. Simon ♥ Mais la rupture brutale de leur amitié lui avait fait déchirer la page et recommencer. Qui pensait qu’aujourd’hui, parmi les choses qu’elles voulaient le plus au monde à l’adolescence, Simon serait le premier qu’elle obtiendrait ? Le carnet avait sûrement jauni dans les tréfonds du tiroir, enfermant avec lui le rappel indistinct de ces songes enfantins. Adulte et indépendante, elle n’avait cependant jamais barré les éléments de cette liste, et à présent, elle préférait s’accorder des petits plaisirs lorsqu’ils se présentaient à elle.

Le petit animal bougeait peu et s’était roulé en boule contre la poitrine d’Anna. Il gémissait parfois et son petit air attendrissant la faisait fondre. Comment pouvait-elle résister à cette petite bouille ? Comment Simon pouvait-il être si insensible à une si mignonne face ? Pointant son museau vers celui qui se faisait violence, le canidé appuyait sa souffrance pour tenter de le convaincre. « Tu… » Elle leva les yeux vers lui et ajouta sa pierre à l’édifice pour le faire culpabiliser. Elle était une vraie harpie quand elle le voulait, la pire compagne qui puisse exister. « Anna… » Elle pencha la tête de côté et pinça les lèvres dans une moue boudeuse. « Tu sais pas d’où il sort. » De là, avait-elle envie de le défier en désignant l’endroit où elle l’avait trouvé. Cependant, elle devina avec perspicacité que cet affront n’irait pas en sa faveur, alors elle se tut. « Qu’est-ce que tu vas faire d’un chien ? » Cette fois elle pouvait répondre, elle trouverait les bons arguments. « Je m’occuperai de lui ? Et il me tiendrait compagnie quand tu n’es pas là ! » Un sourire taquin se dessina sur ses lèvres. « Écoute — on va quand même passer par la ménagerie… et on verra. » La grimace retenue se transforma en un rictus satisfait. Elle rayonnait de plaisir mais remarqua l’irritation que cela avait provoquée chez Simon. « Mais que ce soit clair, il n’y a pas de ‘on’ dans cette histoire. Tu le veux, tu le gardes. » Elle haussa les épaules et souleva le petit chien à bout de bras pour le mettre à dix centimètres du visage renfrogné de Simon. « Tu es sûr ? » Elle tentait désespérément de le convaincre qu’il pouvait lui aussi tomber sous le charme de cet animal, mais la situation semblait désespérée. « Bon tant pis. » Elle déposa un baiser furtif au coin de ses lèvres et ensemble, ils rejoignirent la Ménagerie.

« Bonjour ! Madame, monsieur ! En quoi puis-je vous être utile ? » Anna jeta un coup d’œil vers Simon et conclut qu’elle devait prendre les choses en main si elle voulait vraiment garder cette petite boule de poil. « Nous … Je … viens de trouver ce petit chien dans la rue, et j’aimerais savoir si par hasard vous pourriez l’examiner. Il semble blessé … » Elle posa l’animal sur le comptoir et le vétérimage sortit sa baguette tout en cherchant un tatouage de localisation. « J’ai déjà cherché, il n’a rien. Mais peut-être que dans vos fichiers vous trouverez son propriétaire ! » Le professionnel acquiesça et récupéra l’animal. « Je vais l’examiner, vous pouvez attendre sur les sièges à côté, si vous voulez ! Mais vous n’êtes pas obligés ! Nous essaierons de lui trouver un gentil propriétaire. » Lançant d’abord un regard reconnaissant vers l’homme, elle se tourna ensuite vers Simon cherchant une approbation de sa part. Il semblait décidé à lui mettre des bâtons dans les roues, en tout cas, à ne la soutenir qu’à moitié. « Nous allons attendre, merci. » Elle se laissa tomber sur une chaise et observa les passages incessants de visiteurs et les cages pour hiboux et chouettes accrochées au plafond. Après plus d’une demi-heure d’attente, le soigneur revint enfin. « Il va bien. Mais aucun propriétaire n’a signalé sa disparition, donc … » Une fois de plus, elle chercha l’approbation de Simon, mais ses paroles résonnèrent dans sa tête – Tu le veux, tu le gardes – alors elle se détourna et répondit. « Je veux le garder. » Le vendeur sembla surpris mais cette expression muta en un sourire satisfait. « Je vais chercher les papiers pour que vous puissiez l’adopter ! » Elle acquiesça. « Parfait. » Une fois les documents remplis, le vétérimage revint avec le chien infirme. « Dernier détail, quel nom souhaitez-vous lui donner ? » Elle réfléchit quelques secondes. « C’est un battant, il semble avoir un fort caractère. Je vais l’appeler Leo. Oui, Leo c’est bien. » Elle prit le chien dans ses bras et souffla. « Bienvenue dans la famille, Leo ! »

END
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