Tu aurais juste dû la laisser crever, valser & percuter le sol de tous ses membres. Tu aurais dû juste la laisser sombrer, se dégommer. Le vent dans tes yeux te pique, acide & aride. D'un souffle ou d'un cri, le troll lui tombe, vous désencombre de son fardeau sur vos dos. Tu en as assez.
Assez de ces jeux. Tu en as assez de jouer pour deux, pour eux. D'un dégoût élégant, tu te fauches & t’indispose, osant tous les affronts, toutes ses fausses passions. Tu es las. Fatigué, exténué, tes combats ont trop duré. Et son toucher te ravage d'une grimace terrible, morbide. Tu n'aimes pas qu'on te touche. Tu n'aimes pas qu'on ose. Tu n'aimes pas qu'on chasse tes limites. «
Je... suis désolée Ara... » «
Ferme-la. », la politesse se glace, entrave. Elle enfouit son nez dans ton torse. Et tu brûles d'une rage sourde, lourde. Tu te dégages avec ce visage trahi, sali. Elle t'a
encore sali.
«
Tu ne comprends rien. », craches-tu. Elle n'a jamais rien compris, ni appris. Tu n'es plus son ami. Tu ne veux plus jamais l'être.
Stop. Les orages roulent sous ta langue, sous toutes les langues. Et la rage pulse, s'amuse. Elle tourne, s'enroule, nœud coulant sur ta gorge, prêt à te donner la mort. La froideur met fin à toute la chaleur. Le mouchoir délicat se pose, s'expose, tu ne sais pas où te nettoyer, où te noyer. «
Ne me touche pas. Tu n'en as pas le droit. », tu râpes sur l'acidité des mots & des vieux regards, égards. La haine se presse à ton cœur, griffant tous de ses horreurs, de ses erreurs. Tes mains s'essuient dans le tissu précieux, ne parvenant pas à effacer la souillure, les blessures. Serpent dans ton âme, tu te fais juge mais te condamne, sans larmes, ni drames. «
Ne me touche plus jamais. », hurles-tu, tétanisé, pétrifié par tous ses contacts, ses ravages, ses naufrages.
Pas le droit.
Pas toi. Et elle ne cesse de courir, de te parcourir de ses doigts.
La nausée est violente, virulente. Elle te prend encore l'estomac. «
Ça ne t'a pas suffit de m'humilier, de violer mes limites. Il te faut toujours plus, mh ? », tu es l'enfant qui se saigne contre le tissu, qui les déteste tous d'oser braver tes consignes, tous les signes. Les larmes menacent, s'enlacent à ton cœur. «
Tu n'es pas désolée, Bulstrode. Tu ne l'as jamais été. ». Égoïste, elle ne fait qu'user & abuser, elle ne fait que te rouler dans la boue. Et la tristesse caresse en vague promesses. Tu n'es rien. As-tu déjà été quoique ce soit ? Simple objet dont on dispose. On te pose pour te laisser, t'abandonner. Enfant délaissé, tu en as
assez.
Pour la haine, tu peux souffrir, mourir. Sous tous les désespoirs, tu peux encore croire aux horreurs, aux douleurs. «
J-J'ai payé ma dette. », lâches-tu, le cœur au bord du précipice, le cœur au bord du vide. «
Tu n'auras plus rien. Plus rien du tout. », ta voix se fait rauque de ses colères infernales, trop banales. «
Est-ce que je t'aime ?, la bouche se difforme dans un rictus assassin, pas vraiment sain.
Mais, chérie, je ne t'ai jamais aimé. ». Tu la détestes & ça dépasse tout, ça prend trop, ça valse tous les maux. «
Je t'ai toujours détesté. Et c'est fini avec toi. On finit cette mission & je ne te parlerai plus jamais. Jamais.. », laisses-tu dans un sifflement rageur, ravageur, balayant les derniers signes du chagrin.
Et tes pas crissent, se détournent, se retournent. Tu rebrousses chemin sans regarder en arrière, sans chercher de mystère. La clairière s'ouvre & se découpe. D'un «
Lumos », la baguette s'illumine, jetant des lueurs vertes sur les herbes. Le corps se décompose, peinture d'un festin macabre au pied de l'arbre. Il ne reste pas grand chose, le pantalon noir déchiré de ci & de là pour goûter la chaire, se repaître de l'enfer. Il n'a plus de visage, juste une poignée de cheveux blond, quelques papiers laissés là.
Pas de baguette. Il a été agressé, fouillé, volé. Mort d'un impardonnable.
Rapide, efficace & tenace. Le sac quitte la poche sans fond de ton costard & d'un sort, tu empiles, entasses, encrasses le tissu. Le chasseur chassé, l'ironie est mordante, violente sur le bord de tes lèvres, de tes rêves. «
Pas de pardon pour les cons. », souffles-tu, presque amusé, pas si usé que ça. Tu lui jettes le sac, sans délicatesse, ni finesse. «
On rentre. », c'est la dernière fois, la dernière loi. Tu disparais dans un
crac. Et puis dans un geste lourd, tu fais couler l'eau. Tu la fais gifler ton visage, les ravages. Tu te débarrasses d'elle pour trouver le sommeil.
Pas de pardon pour les cons.- TERMINÉE -