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sujet; LESTRANGE ≈ can we be a family?
MessageSujet: LESTRANGE ≈ can we be a family?   LESTRANGE  ≈ can we be a family? EmptyLun 1 Juin 2015 - 4:01

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can we be a  family?
In our family portrait, we look pretty happy.
Let's play pretend, let's act like it comes naturally
(play)

Pas après pas, tu sens ton cœur se contracter, vaciller. La pluie glisse, froide & tempétueuse, guidant des promesses orages dans ses bras. Tu t'élances sans aucune peur, la cigarette au bord des lèvres, le parapluie accroché à tes doigts. Les lunettes sont encore fixées sur ton nez. Instrument des tes lectures, tu ne t'en sépares pas, jamais. Tes yeux claires se braquent, s'attardent. La cape claque, noire comme une nuit sans lune. Prince des nuits solitaires, tes pas sur le pavé se sont répétés, séduisants, entraînant. Tu glisses ombre parmi les hommes.Tu ne t'intéresses pas aux autres, aux passions incendiaires, guerrières. Tu n'es pas de ceux là.

Plic. Plac. Ploc. La pluie résonne. La pluie détonne. Tu devrais p'têt détaler, t'en aller. C'est p'têt pas une bonne idée. Tu devrais reculer. Il  y  a parfois les maladresse, le poids des années de manque entre vous. Et pourtant ton cœur vibre, s'agite. Il défonce pierre après pierre, morceaux par morceaux, le reste de ton armure, de tes murs. Ta langue claque, s'agace. C'est ta famille. Dans l'imperfection de ses décisions, dans la crainte d'un nom, les tiens s'élèvent, t’entraînent, vibrant d'une étrange lenteur, d'une passionnante horreur. Mages noires, mal jugés, mal aimés, la peur glisse, serpentant le long des gorges insolentes. Lestrange, un amour éternel, une sempiternelle ritournelle. Tu ne peux que les aimer. L'évidence t'arrache un frisson, une raison.

Tu n'as qu'eux.
Tu n'auras toujours qu'eux.

Nyssandra s'évade déjà dans l'ombre de tes draps. Tu réclames encore ses bras. Tu frissonnes, tentant de raisonner, de ne pas oublier. Et pourtant, dans un coin de ta tête, elle reste un peu gravé, un peu aimé. C'est un peu de la folie, non ? Pas vraiment. Pas tellement. Londres s'étonne. Les sorciers s'agitent dans l'ombre du soir. Les ténèbres vont bientôt venir les endormir. A la merci de ce monde, entre convoitises & bêtises, il tangue un peu ce monde, il fait peut-être sa dernière ronde. Le restaurant italien accroche ton regard, dans un sourire tendre. Gwen a toujours été de ses princesses un peu fragile, jamais inutile, aux charmes entraînants, à la séduction jamais remise en question. Elle a toujours eu du goût. Énormément. Tu esquives la flaque, faisant la moue. L'enseigne a des couleurs d'Italie, des sensations perdues entre l'Elite & l'ombre de la guerre. Ici, on oublie les interdits. Ici, on s'endort dans les meilleurs endroits. Tu n'as pas de foi, ni de loi, après tout.

La cigarette sorcière se consume, allumant dans le début du crépuscule des volutes de fumées froides. Entre tes lèvres, elle perd la vie dans un souffle, dans une bouffée féroce de nicotine. C'est ton seul plaisir, ton seul désir. Elle s'égare sur le talon de ta chaussure, finissant sa vie entre les pavés. « Gwen. », ta voix prend des accents de respect profond, voilant une sorte de tendresse sans caresses. Tu es lâche. Tu es vain avec elle. Elle n'est pas vraiment reine. « L'endroit n'a pas l'air trop mal. », le masque de froideur s'accroche, t'écorche le cœur. Le compliment n'est jamais assumé, sans cesse caché derrière tes dorures. Tu es qu'une ordure dans tes piques, dans vos luttes intestines, futiles. Tu sais que tu as juste peur de la perdre. « Père est déjà sûrement à l'intérieur. », tu l'abrites sous ton parapluie, inutilement, tranquillement. Tu n'as pas su veiller sur elle. Tu n'as pas su la protéger, l'aimer. Tu n'as pas su résister.

Entre elle et toi, tu es le pire.

La ressemblance est évidente, attachante. Les yeux sont trop clairs, les cheveux trop noirs, à la manière de ses corbeaux affichant prestance, magnificence, vous, vous enrobez d'élégance. « Viens. », un murmure & tu glisses ton bras autour de sa taille fragile. Tu as toujours peur de la briser, de ne pas être assez. Tu l’entraînes à l'intérieur, laissant le parapluie dans l'entrée. « Tu as dit quelque chose à Mère concernant cette sortie ? », elle a crié, encore & encore, toujours. Certains objets se sont brisés, égarés. Certains objets n'ont pas résisté. Et elle, est-ce qu'elle a survécu à cette colère infernale ? On lui enlève ses enfants. On lui retire ses dernières miettes d'amour. Tu t'inquiètes dans ta voix trop froide, trop détaché. Tu es déjà abîmé.

« Monsieur, Madame, vous dé- », tu le devances, brutal, animal. « Lestrange. Nous avons une réservation. Notre père nous attend. », il blêmit, s'adoucit.  Tu n'as pas de temps à perdre. Ni elle. Tu ne supportes pas les retards. « Tout de suite. Veuillez me suivre. », tu hoches simplement la tête. Écrasant de tes pas les derniers espoirs, il vous mène à votre père. Tes yeux se perdent dans les siens, dans un soubresaut, dans une tendresse maladroite, un peu coupable. Il n'a pas toujours été là. Certains disent qu'il n'aime pas comme il faut. Certains soufflent que tout sépare. Tu n'y crois pas tellement, pas vraiment. Tu sais que tu viens toujours dans ses pas, sans vouloir le retenir, le détenir. Le rendre fier. Sentir ses yeux sur tes épaules, bienveillant. Être un peu le fils qu'il aime. Être un peu une famille.

« Père. », tu croasses comme un gamin sans père. Tu affiches tes fêlures sous tes dorures. Ta main délivre ta sœur, effaçant les dernières rancœurs. « Gwen a bien choisi ? », demandes-tu, sous tes cils noirs, laissant ta cape échoué entre les bras d'un homme, dévoilant la chemise bleu claire, sous ta veste noire, le pantalon glisse sur tes jambes trop longues d'un noir corbeau. Ton père. Ta sœur. Qui sait ? Peut-être que c'est là le début d'une excellente soirée ? Juste une parenthèse avant la course qui vous pousse.
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On dit que tous les jours se suivent et se ressemblent. C’est faux. Bien sûr, il est des rituels quasi immuables comme de tirer chaque matin les rideaux de ma fenêtre pour contempler la vue magnifique sur le jardin du manoir, prendre un petit déjeuner dans les cuisines ou j’étais sûre de ne pas croiser ma « tendre mère » ou de me rendre très tôt sur mon lieu de travail chaque jour. Mais si ce n’est ces légers détails anodins, rien dans une journée ne peut ressembler à la précédente et surtout pas la soirée qui s’annonce. L’invitation était venue du Directeur de la justice magique… mon père. Rabastan. Il souhaitait passer une soirée en compagnie de ses enfants. Une façon parmi d’autres de se rapprocher de nous. J’en avais parlé avec Aramis qui avait déjà répondu par l’affirmative. De mon côté j’avais retardé ma réponse, après tout le message me concernant m’invitait également à choisir le lieu de la rencontre. Un restaurant Italien ferait parfaitement l’affaire, une cuisine simple mais délicieuse qui conviendrait à mon frère autant qu’à moi. Concernant mon père je ne pouvais le dire, il était encore pour moi l’inconnu dont je portais le nom. Mais j’espérais tout de même qu’il y trouverait son bonheur. J’avais donc répondu à son message lui indiquant que nous le rejoindrions sur les lieux. La journée s’était, fort heureusement déroulée sans accro, aucun rebut ne s’en était pris à moi ou aux raffleurs. J’avais même pris la liberté de partir plus tôt pour me changer. La pluie s’abattait sur le parapluie d’Aramis, le vent soufflait sur nos visages fermés. Même s’il me protégeait, ma capuche recouvrait tout de même mes cheveux, certains diraient que j’avais pris l’habitude de me protéger, seule. Le chemin qui nous séparait du restaurant fut silencieux. Si de mon côté je cloisonnais mon esprit, j’imaginais Aramis vouloir être le meilleur fils possible face à ce nouveau père. Je le comprenais, j’avais moi-même l’envie irrépressible de me laisser aller à sa tendresse, à ses multiples attentions envers nous. Je rêvais d’un père, d’une famille unie, mais je savais le rêve inatteignable. Les paroles de Severus me revenait en tête « S’il te découvre, tu mourras de sa baguette implorant la mort de t’accueillir », il avait raison, comme toujours voilà pourquoi mon esprit ne révèlerait rien à Rabastan. Rien qui ne me porte préjudice. La cigarette d’Aramis quitta ses doigts et termina sa course au sol. J’offrais un tendre sourire à mon frère et prenait une profonde inspiration. Les relations de la famille Lestrange n’étaient pas simple, celle avec mes frères non plus. Mais je le savais à mes côtés malgré tout, cette soirée se passerait bien. Mon regard se posa sur l’enseigne du restaurant qui m’avait été recommandé par Eris et Nyssandra qui avait déjà pu profiter de leur service traiteur. Le restaurant semble convenir à Aramis, ses paroles sonnent comme un compliment, je m’en contenterais. Tu devrais pouvoir y trouver un plat qui te convienne.   Parce que je le sais difficile, contrairement à moi. Certes, il ne trouverait pas de croque-monsieur ici mais ce n’est pas vraiment le genre de met qu’on déguste au restaurant. Malgré ce que je peux voir dans ses mimiques, sa respiration, il est plus à l’aise que moi, je le cache mieux, c’est tout. Sans doute. Nous sommes à l’heure.   Parce que l’un comme l’autre détestions ne pas l’être. La ponctualité est l’apanage des rois n’est-ce pas ? Je me laisse guider, il est l’aîné. Rien. Tu sais bien que ce n’est pas mon absence qui va la peiner. Il n’était pas rare que je dîne dehors sur ordre de ma mère qui souhaitait passer des soirées « tranquilles » avec ses précieux fils. Moins elle me voyait, mieux elle se portait. Nous rentrons et j’ôte ma capuche découvrant ma longue chevelure ébène. Un simple signe de tête au serveur qui prend notre réservation et nous conduit à notre table ou notre père nous attend déjà. Il est souriant, aussi à l’aise que nous, mais souriant. Je le souri également. J’ôte ma cape la laissant au bon soin du serveur. Je porte une robe, simple mais raffinée, bleu nuit découvrant mes épaules et la naissance de mon décolleté. Pas de collier, juste les boucles d’oreilles que Rabastan m’a offertes, son premier cadeau. Je ne suis plus le bébé qu’il a laissé derrière lui. Au fond c’est sans doute ça qui le trouble le plus, je suis une jeune femme et il ne sait pas comment s’y prendre. Bonsoir père. Je m’approche de lui et dépose sur sa joue un baiser, simple, doux comme une caresse. Cela n’a encore rien de naturel, mais ce n’est pas forcé non plus. Je sais qu’il est tactile et qu’il aime ses enfants… alors je tente d’être la fille qu’il aurait voulu avoir. Ce restaurant a reçu de bonnes critiques, j’espère qu’il vous conviendra à tous les deux. Dis-je en souriant observant tour à tour mon frère et mon père. Avant de m’installer, je tends un paquet à Rabastan. Nous avons pensé que vous apprécieriez d’avoir avec vous ces quelques souvenirs.   Nous, parce que dans une fratrie c’est toujours la fille qui pense aux cadeaux mais j’inclus mon frère, toujours. Il s’agit d’un album photo, notre mère n’y apparait pas. Il commence bien sûr par des photos de Rabastan avec ses enfants, un, deux puis trois… puis des photos de nous trois grandissant au fur et à mesure des pages pour devenir les adultes qu’il a sous les yeux. Je lui offrais en cadeaux ce qui lui avait été volé.
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La paperasse, c’était pas toujours son fort : c’était un miracle que son bureau ne croûle pas sous le poid des multiples dossiers qui s’y accumulaient joyeusement (il devait avoir subi un sort de renforcement, Rabastan ne voyait aucune autre explication). La pagaille était telle que, installé sur son siège, il ne pouvait pas toujours voir qui passait dans le couloir, devant sa porte, sans se redresser légèrement : c’est dire si la montagne de papiers était impressionnante. Il fallait avouer qu’il ne prenait pas véritablement de mesure pour enrayer cette invasion de papelards, chaque dossier qu’on lui glissait entre les mains finissaient toujours par être jeter sur le dessus de la pile dès qu’il fichait un pied dans son bureau. Trier ? Il n’était pas payé pour ça. Lui ce qui l’intéressait, c’était de choper toute la racaille qui pullulait dans toute l’Angleterre, pas de ranger gentiment les feuilles étiquettées par ordre alphabétique. Sa stratégie était somme toute assez facile à cerner : dès qu’une de ces cibles avait été arrêtée, interrogée, tuée ou envoyée à Azkaban ou bien vendue, il jetait tout ce qui la concernait sur une étagère d’une armoire qu’il fermait à double tour. C’était plutôt efficace mais guère ordonné. Enfin, il y avait encore assez de têtes mises à prix qui gambadaient dans les vertes plaines anglaises pour qu’il peine à retrouver son encrier dans tout ce fatras. Sans compter les lettres qu’on lui adressaient (et qu’il ne lisait pas), les journaux qui s’amoncelaient dans un tiroir qui menaçaient de régurgiter le tout et tous les autres documents administratifs qui nécessitaient sa signature. Et encore… Il déléguait beaucoup.

Ce jour là, il était sur le point de quitter le Ministère sans prendre de retard : ce n’était pas le jour pour traînasser dans les bureaux, il avait prévu de voir ses deux cadets, Aramis et Cedrella (qu’il s’efforçait d’appeler Gwen pour lui faire plaisir). C’était assez incroyable, il lui semblait que cette simple rencontre le mettait encore plus sur les nerfs qu’une entrevue avec le Magister. Il ne voulait surtout pas faire un pas de coté, ne voulait pas dire un mot de travers : il craignait qu’à la moindre gaffe, ses deux enfants ne mettent les bouts au plus vite pour se réfugier auprès de leur conceptrice. Ils ne semblaient vraiment pas l’apprécier plus que ça, mais Rabastan avait parfaitement conscience que la vie pouvait parfois basculer, que ce soit pour le meilleur comme pour le pire. Alors mieux valait être prudent, y aller pas à pas. Rattraper autant d’années d’absence ne pouvait pas se faire qu’en quelques mois. Il devait être patient.

Il avait donc enfilé sa cape par-dessus sa robe de sorcier et s’apprêtait à partir quand un sorcier court sur pattes débarqua, le souffle court et les bras chargés en marmonnant précipitamment que Rabastan devait absolument lire ça avant demain (urgenceinsurgésnémoldublabla) ce qui fit hausser un sourcil au Mangemort : la bureaucratie… tout était urgent et tout était pour le lendemain dernier délai. Il haussa les épaules, faisant clairement comprendre au petit homme s’il s’en moquait comme de son premier Doloris et lui ordonna de poser tout ça sur son bureau. Il avait déjà franchi le pas de la porte quand il entendit un grand vacarme dans son dos. Il s’immobilisa et tourna très lentement les talons. Le gnome avait outrageusement fait tombé une bonne partie de l’Everest papelardesque sur le sol et il se tenait à quelques pas du bureau en murmurant des excuses et ce qui ressemblait à des prières. Pardonpardonpardonpardon

Rabastan fit une grimace qui aurait pu être associé à un rictus. Oh ! Son organisation méticuleuse… Le chef d’œuvre de sa vie : foutu, gâché ! Il n’en dormirait pas cette nuit, c’était assuré ! Alors qu’il songeait avec sarcasme à toutes les frayeurs qu’il pourrait faire subir au petit employé, il décida qu’il ferait bien mieux de l’exploiter plutôt que de le terroriser. « Je me demande comment quelqu’un d’aussi incompétent a pu atterir ici… » commença-t-il d’un ton doucereux pour faire bonne mesure « Mais bon, si vous me promettez que vous pouvez me ranger tout cela d’ici demain, je pourrais sans doute oublier cet incident… », « B-bien sûr, Monsieur le Directeur. Tout ce que vous vou… », Rabastan l’interrompit parce que décidément il n’avait pas de temps à perdre : « Je vous préviens, en revanche, que ça a intérêt à être parfaitement classé et ordonné. Je ne supporte pas le bazar dans mes dossiers. Travaillez toute la nuit s’il le faut, je m’en contre-fiche. Si à mon retour demain je n’ai pas une surface de travail parfaitement claire… » Il n’avait pas besoin de finir sa phrase, le petit homme pâlit et acquiessa vivement. Rabastan lui tourna le dos et partit d’un bon pas. Il jeta un coup d’œil à sa montre… Il était dans les temps.

Une fois hors du Ministère il transplana jusqu’à l’endroit le plus proche du restaurant indiqué par Cedrella. Il ne tarda pas à trouver le lieu : italien. Il poussa la porte et à peine eut-il le temps de faire un pas à l’intérieur qu’un bonhomme se précipita vers lui avec un sourire jusqu’aux oreilles. Il commença à causer d’une voix horripilante mais Rabastan ne lui laissa pas le loisir de finir sa phrase : « M. Lestrange. Apparemment c’est réservé. Je vous en prie épargnez-moi les politesses, je ne suis pas là pour ça. » cette introduction eut le mérite de couper le sifflet de l’hôte qui écarquilla les yeux. Quelques instants après il se composa un visage serein et poli et accompagna Rabastan jusqu’à une table, loin des fenêtres et de la porte. Une fois assis, le Mangemort retira sa cape et scruta les alentours : la salle était assez spacieuse, il n’y avait pas de problème. Il retira toutefois la baguette de sa poche et la posa sur ses genoux, plus facilement à portée. Il ne fallait pas trop se détendre non plus.

Donc il semblait qu’il était arrivé le premier.
Il regarda sa montre. Certes, il avait un peu d’avance. N’empêche qu’il commençait déjà à s’angoisser. Il savait, rationnellement, qu’ils viendraient : ils le lui avaient dit. Mais de manière tout à fait irrationnelle… Il avait peur qu’ils le laissent. Rodolphus se serait bien fichu de lui, mais Rabastan ne lui parlait pas vraiment de ça. Son frère ne pouvait pas comprendre, il n’avait pas d’enfants. Il n’avait peut être jamais vraiment voulu en avoir… Rabastan, lui, les avait voulu ses gamins, même si la femme avec qui il avait du les concevoir n’était pas celle rêvée. Ils étaient une partie de lui. Comme un héritage. Il ne savait pas vraiment comment prendre les choses : il comprenait simplement qu’ils étaient importants. Et qu’il ne s’attendait pas vraiment à ce qu’on le comprenne. C’était peut-être l’unique chose qu’il partageait avec Lucius : son affection pour son gosse. Peut-être était-ce pour ça qu’il le détestait autant ? Que n’aurait-il pas donné pour pouvoir lui aussi les accompagner sur le Chemin de Traverse, les regarder découvrir leur baguette, leur acheter un chat, un hibou… Les emmener au train. Les voir rentrer aux vacances. Leur apprendre des sorts en douce en avance par rapport à leur année d’étude. Malfoy avait eu ce privilège. Ça non plus, il ne le pardonnait pas.

Alors qu’il serrait ses doigts autour de sa baguette à s’en faire blanchir les jointures, il vit le type qui lui avait sauté dessus à l’entrée accompagner Aramis et Cedrella jusqu’à la table. Il resta assis tout en hésitant toutefois à se lever : que devait-il faire ? Faute de pouvoir prendre une décision en un aussi court laps de temps, il se contenta de faire un sourire à Aramis accompagné d’un hochement de tête. Il était bien plus habitué aux rictus qu’aux véritables sourires mais c’était de ces gestes que les muscles réapprenaient au fil du temps.Cedrella, elle, après avoir retiré sa cape ce qui laissa découvrir une robe plutôt élégante (même si Rabastan ne pouvait se targuer d’avoir des connaissances en matière de couture), se rapprocha de lui pour l’embrasser. Il vit accrocher à ses oreilles les boucles qu’il lui avait acheté (sur conseil d’un elfe de maison, il n’aurait jamais eu cette idée là lui-même). C’était sans doute encourageant. « Bonsoir Gwen. » murmura-t-il en prenant garde à ne pas l’appeler Cedrella. « Oui, je suis certain que ça fera parfaitement l’affaire. » Rabastan n’était pas particulièrement difficile question nourriture, et encore moins un gros mangeur. S’il avait pu être un goinfre dans sa prime jeunesse, plusieurs années de régime lui avait réduit largement l’appétit.

Il croyait qu’elle allait s’asseoir, mais au lieu de ça elle lui tend quelque chose. Il s’en empare lentement, presque comme s’il craignait que ça puisse lui exploser à la figure. Mais ce n’était pas du tout le cas (fort heureusement). Il s’agissait d’un album photo. En ouvrant il se reconnut sur les premières pages, beaucoup plus jeune et souriant avec plus de facilité. Ils étaient là aussi, ses bout-de-chous comme ils étaient quand il était parti. Puis au fil des pages ils grandissaient. Il est heureux que Rabastan ne soit pas réputé pour sa sensiblerie sinon il aurait sans doute eu besoin d’un long moment avant de pouvoir articuler le moindre mot. Mais la boule qu’il sentait au fond de sa gorge ne l’empêcha pas de parler : « Merci. Aramis. Gwen. C’est très… intéressant. » Touchant. Il voulait dire touchant. Mais il n’allait tout de même pas dire touchant. C’était pas le genre de mot qu’il avait l’habitude de dire, sauf avec un ton sarcastique.

Il caressa du bout des doigts la reliure de l’album. Peut-être devait-il dire quelque chose de plus, rajouter une parole ou deux ? « Vous êtes vraiment… adorables. Sur les photos. » Eh bien, que Merlin soit loué, il avait beaucoup plus d’éloquence lors des interrogatoires. C’était beaucoup plus facile de jouer la carte de l’ironie plutôt que celle de la sincérité. Il ressentit donc un soulagement particulièrement intense quand un serveur pointa timidement le bout de son nez et leur distribua les menus le plus rapidement qu’il lui était possible. Son regard croisa celui de Rabastan qui fronça légèrement les sourcils. Le serveur se hâta de regarder ailleurs et de décamper en direction d’une autre table.

C’était tellement plus facile de faire peur aux gens !
Il ouvrit le menu, jeta un rapide coup d'oeil, puis se reconcentra sur ses enfants : « Vous avez passé une bonne journée ? ». Était-il vraiment en train de parler de ça ? « Ça va pour vous au Ministère ? Aramis ? … Cedr- Gwen ? » Sa main droite se crispa légèrement sur la table. Il s’efforça de sourire d’un air détendu. Il réussissait plutôt bien. Il se tourna plus particulièrement vers Cedrella : « Tout va bien à la maison ?... Avec ta mère ? » Il avait bien cru comprendre que tout n’était pas rose, mais il voulait tout de même vérifier que ce n’était pas la catastrophe totale. Quoi que ce n'était peut-être pas le moment pour se laisser gagner par son ressentiment envers cette mégère. Il n'était pas là pour elle...


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Gwen est de ses femmes délicieuses qui glissent dans une sensualité mordante, proche de ses êtres de tempêtes, d'orage. Elle a ses allures de nymphe, bien plus appréciable que le charme des vélanes. Belle dans ses pupilles claires, elle se perd en airs de princesse, frôlant de ses caresses des montagnes de tendresse. Elle est devenue belle, sans doute un peu trop sage. Elle est devenue un peu souveraine. Enfant souvent jaloux, tu n'as au final que de l'amour pour elle, pour la tristesse de vos émois, de vos désarrois. Tu ignores que ses battements de cœur te leurrent. Témoin de sa vie, de ses envies, tu penses la connaître, l'avoir vu naître.

Et puis quand tes bras s'accrochent, s'écorchent à sa taille fragile, bien trop fine. «  Tu devrais pouvoir y trouver un plat qui te convienne. » . Un sourire s'échappe, dessinant sur ton visage les rivages de ton cœur en bataille, en tenaille. Caresses, égards & regards, tu n'as jamais su y faire, te retenant dans tes enfers. Enfant trop gâté, tu ne l'as pas assez protégé. Et pourtant, elle pense encore à toi. « Merci. », le mot s'échappe, s'égare, traînant ton cœur dans ses dépits, dans ses dénis. Tu ne dis jamais merci. Tu caresses du pouce le tissu soyeux de sa robe. Inquiet, nerveux, trop guindé, tu as sans doute la voix qui se serre, le cœur qui se perd un peu. Difficile en nourriture comme en amour, ta mère t'a trop souvent cédé. Les caprices n'étaient que tes délices. Contrairement à Gwen. Tu l'aimes ta sœur, malgré les maladresses & les traîtrises. Tu n'as que des hantises scotché au cœur. « Rien. Tu sais bien que ce n’est pas mon absence qui va la peiner. ». Un frisson, tu serres les dents. Mère n'apprendra donc jamais la raison, ni l'adoration. « Elle a tord. », ton visage se ferme & tu la serres un peu plus fort à toi. Elle a toujours eu tord.

Très vite, l'ambiance du restaurant vous épouse, vous pousse à plus, tellement plus. Il est là dans un hochement de tête. Son sourire est un peu maladroit, peu adroit. Tu lui pardonnes. La chaleur est là, elle chasse la douleur de son absence. Gwen & toi, vous avez grandis seuls, sous la main d'une harpie, d'une trop grande folie. « Bonsoir père. » Sa voix caresse ton cœur. Il est là, bien réel, bien là. Il ne vous quittera pas, hein ? Plus jamais.

Tes cheveux d'ébène s'évadent contre ta nuque, frôlant déjà ton front.  « Bonsoir Gwen. » , oui, il est bien là. Tu n'oses pas encore glisser en étreinte éternelle, en proximité physique. Tu te trouves sans doute un peu imbécile, un peu stupide. « Ce restaurant a reçu de bonnes critiques, j’espère qu’il vous conviendra à tous les deux.   », un sourire s'élance, te devance. Tu n'avais pas remarqué les mains possessives qui s'accrochent à l'album.  « Oui, je suis certain que ça fera parfaitement l’affaire. » , c'est étrange, on dirait presque une famille heureuse dans le restaurant. Le portrait est charmant, presque séduisant. Il ne manque que le dernier de la fratrie & la mère. Ton cœur loupe un battement. « Je n'ai aucun doutes concernant tes choix, Gwen. », rajoutes-tu, laissant la tension au placard. Il faut vous faire une raison ; Ton cœur n'est pas suffisamment fort.

« Nous avons pensé que vous apprécieriez d’avoir avec vous ces quelques souvenirs.  », tes yeux percutent ta sœur. Le livre est bien lourd dans ses mains pâles. Les yeux se croisent & s'entrecroisent. Elle pense toujours aux cadeaux. Elle sait que tu n'es pas vraiment doué pour ses choses là. Tu penches la tête, croisant des yeux l'enfant qui s'est envolé, crucifié. Ta mère t'a arraché ton innocence dans ses indécences, dans sa décadence. Tu ne seras plus jamais cet enfant suçotant son pouce. Ce petit prince au sourire perdu dans un rire auprès de ta sœur. Les instants sont volés, baladés dans ton cœur, dans tes rancœurs. Et encore & toujours, les remords. Et puis les images s'entrecroisent, s'arrachent, s'échappent. Ici, vous joues à trois dans le jardin, riant aux éclats. Là-bas, il y a les premières & jamais les dernières bêtises. Plus loin encore, Gwen glisse entre tes bras dans une valse lente. En quelques pages, les années filent & défilent.  « Merci. Aramis. Gwen. C’est très… intéressant. » , un sourire indocile frémit sous tes lèvres. Papa n'est pas doué. Papa n'est pas vraiment aimé.

Tu t'en fiches, c'est ton papa.

Tu tires une chaise, laissant Gwen s'installer. L'éducation, la raison s’enlacent & deviennent l'écrin de tes armes fatales, infernale.  « Vous êtes vraiment… adorables. Sur les photos. » . Un rire crevasse le masque. Tu ne peux pas t'en empêcher. « Même sur la photo où je tire les cheveux de Gwen ? », tes yeux brillent, s'embrasant d'un bonheur inconditionnel, rebelle. Il n'a jamais été témoin de tout ça. Il ne vous a pas vu grandir. Il ne vous a pas vu vieillir. Tu embrasses le sommet de la tête de ta sœur. C'est si facile de la toucher, de ne pas la détester. Malgré les incompréhensions, un amour se tisse & existe. Il n'est pas facile de délaisser, d'abandonner les siens pour un rien. Tu reprends contenance, les billes claires se posent sur ton père. « Nous sommes heureux de faire votre bonheur. », les manières des vieilles familles vous terrassent, s’agacent. Tout n'est que politesse, fausse gentillesse, douloureux faux-semblants. Elle vous a appris à jouer dans cette cours aux milles artifices. Tu n'as jamais été vraiment doué, souvent trop guindé, bercé dans ton empire des glaces.

Tu te portes, te déportes vers ta chaise, accusant le menu. Difficile, tu es un enfant difficile. La nourriture n'est jamais chose aisée dans ton cas. Tu n'aimes pas tout. Tu tâtonnes, tu étonnes dans tes choix. Tu te reportes sur les pâtes, c'est un plat d'enfant, pas encore pour les grands. Les spaghetti, tu aimes les spaghetti bolognaise. « Vous avez passé une bonne journée ? » , la question te fait tiquer, t'agressant au fond des tripes. Tes entrailles se tournent, se retournent. « Ça va pour vous au Ministère ? Aramis ? … Cedr- Gwen ?» , ta langue claque, s'arme, dépourvue de tes dorures, affichant clairement que tu n'es qu'une ordure. « Je ne passe pas vraiment mes journées au ministère, en ce moment. Je suis sur le terrain. », tu grinces des dents, pliant sur le mot terrain. « J'assure la protection rapprochée d'Astoria Greengass. ». Ombre fidèle, tu te dévoues dans tes silences, la cinglant pourtant de la moindre offense. « Tss. C'est juste une enfant capricieuse, peu talentueuse, insolente, se révélant parfaitement incapable de lever sa baguette correctement. ». Sans défense, n'importe qui peut lui briser sa jolie existence, ses instants d'errance. Cette princesse de pacotille t'agace & s'efface dans un geste de la main. Tu n'as que du mépris pour la fillette. Tu n'as que du déni pour cette petite peste. Qu'elle retourne dans sa cambrousse, là, au moins, tu avais la paix. Le menu claque sèchement, ta colère caresse tes pupilles avant d'être étouffé dans le bruissement de ton âme. Ne rien afficher. Ne rien montrer. Tout contrôler.

« Tout va bien à la maison ?... Avec ta mère ? » , la phrase sinue le long de tes failles, entaille la mécanique bien huilée, bien gardée. Pas ici. Pas maintenant. Tu dois mentir, ne pas te trahir. Lentement, délicatement, le pouvoir se glisse dans tes veines. Il pulse sous ta peau. Tu le sens vibrer, te dévorer. La bête ronronne. Elle s'éveille, se réveille. Le masque s'écrase, morceaux après morceaux. Le prince des glaces s'effondre. L'angoisse t’inonde. « … Guenièvre. », le glapissement est doux-amer. Il s'efface déjà. Le monde vacille et pourtant, ta main s'accroche à son bras, tes ongles l'écorchent. Les années t'aspirent. Tu retournes en arrière, victime de ton héritage. Ton autre main s'accroche à la table, froisse la nappe trop rouge. « N-Ne me lâche pas. », tu ne sais pas si elle t'entend, si elle t'attend. Tu es déjà si loin, trop loin, engloutit dans tes crevasses. Les yeux fixés sur ton père, grandit par la vision. La respiration s'étiole, s'immole dans des soubresauts douloureux, anxieux.

Le vase se brise, éclats de porcelaine sur le tapis familiale. Elle se dessine en monstre des cauchemars, vieille, laide dans son image, se pulvérisant sur les rivages de sa folie. La fillette se protège de ses bras. Elle a peur, tellement peur. Un sourire étire ses lèvre, mauvais, tellement, tellement mauvais. Ce n'est pas une mère. Ça ne l'a jamais été. Elle va lui faire mal, elle va lui faire du mal. « Je te déteste ! », les mots traversent le temps, résonnant dans un l'écho du présent. Elle frappe, elle s'agace, elle s'engloutit dans les interdits. Une fois. L'enfant crie. « Tu vas crever, sale peste. », siffle l'ange funeste, bien loin d'être céleste. Deux fois. Elle hurle sa douleur, ses horreurs. Où sont ses frères? Gwen se noie, se détruisant lentement, doucement. « Je ne t'ai jamais aimé, Cedrella. Jamais!  », un rictus mauvais s'étire. Trois fois. Trois fois de trop.

Ton souffle s'espace, se calmant en douceur, en lenteur. Tu finis par cligner des yeux, la sueur glissant le long de ta nuque. L'image de ton père se dessine & tu sens la peau malmenée sous tes ongles. «  Je … Il me faudrait un peu d'eau. », tu croasses, encore un peu dans tes terreurs, dans ses vengeances voleuses, trompeuses. « S'il vous plait. », claques-tu au serveur, plus serein, recomposant tes défenses, tes façades. A-t-il vu ce que tu as vu ? A-t-il entendu ses cris ?
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Les remerciements, ultime politesse dans un monde corrompue et désabusé. Aramis n’a pas à me remercier, mes gestes, mes paroles et mes actions sont naturelles, presque mécanique, trop entraînée à être celle que j’étais devenue. Bonne comédienne, trop bonne, se perdant dans son personnage, aimant ceux auxquels je n’aurai pas dû m’attacher. Ces frères qui ne sont pas les miens mais qui le sont devenus. Je ne suis pas l’aînée, pourtant j’aimerai leurs épargner les mauvais choix. La marque sur le bras de mon frère me culpabilise à chaque fois, j’aurai du lui dire, je devrais le faire. Il se trompe de chemin, il cherche un père, un guide, il a trouvé le mauvais. Il n’est plus l’heure de penser à cela, je dois remettre mes idées en place et éloignée de mes pensées tout cela. Rabastan ne doit voir en moi que la fille, non sa fille. Celle que j’avais malheureusement été pour notre mère…  Peu importe… On ne doit pas faire attendre notre père.   Qu’elle ait tort ou raison n’a pas d’importance, dans ses paroles et ses actes seul son cœur lui a toujours dicté d’agir ainsi avec moi. Je ne suis pas sa fille après tout. On ne lui a sans doute pas laissé assez de temps pour pleurer son ange, pas assez de temps pour se reconstruire. Je suis arrivée comme un dragon dans un jeu de bavboules, tonitruant, pleurant des parents disparus, des atrocités vécus, des marques douloureuses. Elle n’a vu en moi qu’une remplaçante encombrante, dénuée de toute noblesse, de toute beauté, faisant offense à l’image parfaite qu’elle se faisait de sa fille. Mais ce n’était pas sa soirée et une fois encore je mettais ma rage et ma colère dans une toute petite boite perdue tout au fond de mon esprit. Le cloisonnement avait du bon, il me permettait d’avancer. Notre père ne sait visiblement pas comme agir, réagir à notre présence. Nos sourires sont crispés, les serveurs nous observent du coin de l’œil. Bien sûr, tout le monde sait. Le monde sorcier est un microcosme ou les secrets ne sont que des voiles transparents à la merci des curieux. Les Lestrange sont connus, reconnus, personne n’ignore que Rabastan doit redécouvrir ses enfants et tout le monde observe. C’est un peu comme regarder par le petit trou de la serrure… c’est à la fois grisant et effrayant… Qui sait si le grand méchant loup ne va pas d’un instant à l’autre ouvrir la porte, la claquant férocement sur votre visage. Pourtant, je conserve mon sourire, impassible. Un nom est parfois lourd à porter et en tant que Lestrange nous sommes habitués à être observer. Ainsi va la vie de l’élite, des enfants, des héritiers des 28 sacrées. Il faut se concentrer sur l’essentiel, eux. Alors je leurs offre un sourire radieux, les remerciant en silence de la confiance qu’ils m’accordent quant aux choix de ce restaurant. Je laisse notre père découvrir l’album, observant son regard, ses mimiques, y retrouvant parfois Aramis. Lui aussi est un peu gauche parfois pour exprimer ce qu’il ressent. Il trouve les photos intéressantes… il trouve ses enfants adorables. La sélection des photos doit, en effet, donner cette impression. Des enfants souriants, heureux qui grandissent visiblement dans la paix et une certaine harmonie. Une fratrie unie. Aramis se moque de nos bêtises et je lui réponds. Je n’ai pas toujours été un ange non plus…   Les enfants font des bêtises, c’est normal. Il dépose un baiser sur le sommet de ma tête, je suis si petite face à lui… Il a l’air plus heureux en présence de Rabastan. J’ôte un pli invisible de ma robe avant de prendre le menu qu’on me tend. Mon regard ne sait où se poser, contrairement à mon frère, j’aime tout. Je suis une gourmande, je l’ai toujours été. Je pose le menu écoutant d’une oreille attentive les interrogations de mon père et les réponses de mon frère. La cadette des Greengrass est, en effet, une petite poupée fragile, dénuée de dangerosité. Connaissant la demoiselle, ta mission ressemble davantage à un sacerdoce.   Il fallait un grand dévouement à son travail pour accepter et supporter les paroles, souvent incessantes de la jeune femme. Les Greengrass avaient perdus de leur superbe après les frasques des deux filles… oh bien sur ce n’était pas « vraiment » de leurs fautes mais le doute planait et leur réputation en avait pris un sérieux coup. Même si en surface les sourires étaient toujours de rigueur, le vernis s’écaillait et je plaignais sincèrement les pauvres sorciers qui se feraient prendre au piège d’un mariage arrangé avec elles. Les ventes se portent bien, grâce à l’assouplissement du décret les concernant.   Ainsi un sorcier pouvait posséder plusieurs rebuts depuis ce nouveau décret. Cela n’augmentait pas vraiment les ventes, mais les enchères étaient parfois plus enflammées. La seconde question est plus… compliquée. Mon père semble s’adresser directement à moi. Aramis aurait-il parlé de quelque chose ? J’allais mentir par omission quand la voix, brisée d’Aramis vint à mes oreilles. Sa main s’accroche à mon bras. Je pose ma seconde main sur la sienne. Je suis là, je reste avec toi.   Des murmures entre nous mais que notre père ne peut qu’entendre… Aramis a une vision et j’ai peur qu’elle ne me dénonce… Je caresse sa main même si la sienne enfonce ses ongles dans ma peau. Il ne contrôle pas, il ne peut pas. La peur laisse place à la douleur de le voir ainsi souffrir, à cause de moi. Les paroles d’Aramis tranchent… Elle me déteste, elle m’a toujours détesté… Alors imaginant quelques secondes que Rabastan pénètre nos esprits pour comprendre ce qu’il se passe sous ses yeux  je laisse échapper quelques souvenirs de notre mère s’en prenant à moi parce que justement je lui ressemble trop, à lui, à l’époux qu’elle exècre… Il faut distiller les souvenirs, lui montrer les bons. Il ne doit pas savoir que je suis Occlumens. Il revient à lui et cela me rassure… Il demande de l’eau. Instinctivement ma baguette vise le verre. Aguamenti…   Je lui tends le verre, ces serveurs ne sont pas assez rapides. Beaucoup trop lent pour venir en aide à mon frère. Ma douceur ne va qu’à lui, mon regard glace l’un de ceux qui arrivait pour aider. C’est peut-être vrai que je lui ressemble après tout, je suis capable d’effrayer si on touche à Aramis, si on blesse Aramis. Ils le regardent, je n’aime pas ça. Ma voix d’habitude si douce, gronde, mord. Les cocktails ne sont pas encore servis ?!? Doit-on aller ailleurs pour avoir un minimum de service ??!!??   Bien sûr, nous n’avons rien commandé, ils vont bien trouver de quoi nous servir, mais l’important est qu’ils s’éloignent tous et les conversations reprennent aux autres tables. Mon attention est entièrement portée sur mon frère. Tout va bien. Je vais bien…   Parce que même s’il n’agissait pas je savais qu’il se préoccupait de moi… ma main ne lâche pas la sienne alors que mon regard va de lui à notre père… qu’avait-il vu ? Compris ? La soirée commençe bien…
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« Même sur la photo où je tire les cheveux de Gwen ? » et Cedrella qui précise par là-dessus qu’elle n’avait sans doute pas été une petite fille modèle. Rabastan haussa un sourcil avec amusement : il avait d’excellent souvenirs de sa jeunesse et des raclées qu’il avait pu se prendre par sa très sainte mère. Raclées qu’il avait sans doute méritées. « Votre oncle et moi n’étions pas le dernier pour faire des conneries… On aurait pu faire cramer le manoir si on nous avait laissé seuls trop longtemps. ». Peut-être même qu’il était pire que Rodolphus. Puisqu’il était l’aîné, Rod’ avait du se sentir investi d’une gravité nécessaire, cela n’avait pas été son cas à lui. Sa pauvre mère. Ses pauvres joues, surtout quand elle portait ses grosses bagues à pierreries. « Nous sommes heureux de faire votre bonheur. » S’il avait pu s’étouffer avec sa propre salive, nul doute qu’il l’aurait fait, faute de quoi il se contenta de hocher légèrement la tête : il avait la vague impression que cela avait fait longtemps que personne ne lui avait vraiment parlé de bonheur. Le mot lui semblait étrange. Peut-être le ton utilisé également, Rabastan n’avait jamais été un grand partisan de l’étiquette stricte qui régissait les familles Sang-pur, mais ils ne pouvaient pas véritablement passer à coté. Et il préférait encore qu’on le vouvoie plutôt qu’on lui crache dessus.

Ce fut Aramis qui répondit à son interrogation en premier : sur le terrain, il songea un bref instant à son Himalaya de dossiers. Il aimerait l’y rejoindre sur le terrain… La protection d’Astoria Greengrass ? En fait, peut-être était-il mieux assis derrière son bureau. Les réflexions d’Aramis ne font que confirmer ce que Rabastan soupçonnait déjà : la jeune fille n’avait pas inventé l’eau chaude question magie. Mais question relation, elle pouvait avoir son importance, un jour. Il comptait bien lui mettre complètement le grappin dessus. Et apparemment Cedrella pensait la même chose. Leur complicité le fait sourire ; la manière qu’avait Aramis de la couver et la manière qu’avait Cedrella de réagir… C’était une sorte de relation fraternelle un peu différente de celle qu’il avait connu avec son frère (dans un sens il voyait difficilement son fils faire une clé de bras à sa petite sœur…) mais qu’importe : il était satisfait de les voir ainsi. « Les ventes se portent bien, grâce à l’assouplissement du décret les concernant. » lui répondit Cedrella à son tour. Elle bossait à l’atrium, c’était en quelque sorte elle qui récupérait les personnes qui passaient entre ses mains. À lui le décret ne lui avait fait ni chaud ni froid, il n’avait toujours pas l’intention de s’encombrer avec des impurs ou des traîtres. C’était assez de les fréquenter au boulot pour en plus les retrouver chez soi.

La réaction de son fils à sa deuxième question toutefois plus beaucoup moins conventionnelle. Il le vit se raidir et agripper le bras de Cedrella d’une main tandis que l’autre s’agrippait à la nappe. Déjà Rabastan avait saisi sa baguette : qu’est-ce qu’il se passait ? En cas d’ignorance mieux valait se préparer à jeter un sort, se disait-il. Il ne parlait pas en revanche, mais il était prêt à agir. Mais le murmure de réponse que Cedrella eut pour son frère sembla indiquer que ce genre de chose pouvait se produire. Que ce n’était pas grave. Il se rappela que son fils avait le don de voyance. Sa main sur sa baguette se détendit. Apparemment il n’y avait pas de quoi s’inquiéter… Mais les premières paroles d’Aramis n’eurent pas franchement le don de le rassurer. Rabastan n’avait jamais vu Aramis dans cet état mais il fréquentait une autre voyante de manière plutôt assidue ces derniers temps, et il savait à peu près comment les choses fonctionnaient. Il savait également que ce n’était pas forcément une partie de plaisir. Ce qu’il disait là n’était pas paroles mais celle de sa vision. La violence des phrases le crispa. Sans même y prendre garde, comme guider par l’habitude il s’insinua dans l’esprit d’Aramis. Pour y voir sa femme. Bien moins jolie que quand il l’avait quitté : la séparation n’avait fait étrangement du bien à aucun d’eux. Et il y avait Cedrella. Il se tourna vers sa fille, s’arrachant doucement à l’esprit de son fils. Il était un peu perdu, même s’il gardait un visage froid.

Entendre sa femme hurler, il connaissait ; mais c’était tout à fait étrange de la ressentir, de la voir crier après un de ses précieux enfants, sa fille. Ses trésors qu’elle idolâtrait tellement qu’elle avait absolument tout fait pour leur éviter le moindre contact avec ce qui aurait pu les faire basculer sur ce qu’elle estimait être la mauvaise pente. Alors pourquoi ? Ce fut en frôlant l’esprit de Cedrella qu’il crut comprendre : des images venaient à lui. Une fille un peu trop semblable à ce qu’elle détestait. Trop différente d’elle. Il ne voulut pas forcer et cogna son dos contre le dossier de son siège. Il poussa un soupir, serra les dents. Voir Aramis retrouver ses esprits ne le calma pas. Il sentait sa main trembler légèrement, alors il ferma le poing et le posa contre son genou.

Il l’avait vu, entrevu, presque volé dans leur tête, mais il l’avait vu. Elle avait levé la main sur Cedrella. Lui l’avait frappé une fois. Elle l’avait déjà giflé également. Ils s’étaient plusieurs fois menacé mutuellement avec leur baguette (et ce jeu là se terminait toujours par un transplanage d’une ou l’autre des parties). Ce n’était pas la relation la plus affectueuse qui les avait liée, mais ça ? Il en avait imaginé des choses, il avait eu largement le temps, en quinze ans, de réfléchir à ce qui pouvait bien se passer dans son foyer (quand il avait encore les idées assez claires pour ce genre de réflexions). Mais jamais il n’aurait cru qu’elle aurait perdu son sang froid au point de frapper sa fille.

Putain de garce.
Il la détestait.
Il avait fait tellement pire, à tellement de gens, mais il s’en moquait.
Il la haïssait, juste parce que c’était agréable de haïr quelqu’un à ce point là.

Aramis demanda de l’eau et Cedrella… Gwen fut plus rapide que lui. Il comprenait peut être un peu mieux pourquoi elle ne voulait pas qu’on l’appelle par son premier prénom. Elle lui tendit le verre plein, et en profita pour se laisser aller contre les serveurs. Sa pauvre victime entrait dans la confusion la plus totale et sa hâta de filer pour exaucer le désir de la jeune Lestrange. Il fit une brève moue appréciative. Il comprenait peut être aussi pourquoi sa femme pouvait le retrouver en elle : c’était tout à fait son style de réaction. Elle rassura Aramis, et le besoin justement qu’elle eut de le réconforter de cette manière, en lui assurant que si si elle allait bien, redoubla la fureur de Rabastan : était-ce une chose habituelle ? Est-ce que son fils se faisait souvent un sang d’encre pour sa sœur ? Avait-il tant que ça de raison de craindre pour elle ? Ce n’était pas un bon signe.

Guenièvre croisa son regard : il se sentit mal. Pas très mal, il ne ressentait pas vraiment du remord, ni du regret mais… juste : il aurait apprécié que les choses ne se déroulent pas ainsi. Il n’avait pas eu le choix quand il avait du les quitter, pensait-il, mais s’il était resté… S’il était resté auprès d’eux, il se plaisait à croire qu’il n’aurait jamais laissé ça arriver. Évidemment, il ne pourrait pas changer ça.

Il pouvait arranger ça en revanche…
Il posa sa baguette sur la table, à coté de son assiette, avec une force non mesurée qui fit cliqueter doucement son verre. Que les gens le dévisagent, il s’en moquait pas mal. Il savait que personne n’oserait la moindre remarque, et si jamais c’était le cas, par Merlin il était d’humeur à faire rentrer la plus petite réflexion dans la gorge du premier importun par un sort bien senti.

Je vais la tuer.
Mieux valait éviter de le hurler aussi : c’était tout de même mal vu d’avoir des pulsions publiques de meurtre envers sa femme et la mère de ses enfants. Quoiqu’une part des sorciers le prenaient déjà pour un fou. Mais il ne voulait pas nécessairement apparaître sous cette apparence devant sa progéniture. Dans un sens, derrière toute cette colère, il ressentait comme une vague de joie. Ce qu’il avait voulu c’était les lui reprendre, les lui voler comme elle les lui avait pris. Les emmener sur son chemin. Il avait cru que ce serait difficile : elle avait eu tout ce temps pour les endoctriner et leur mettre toutes les idées qu’elle souhaitait dans leur crâne et pourtant… cette idiote avait raté son coup. Il avait l’impression qu’elle les poussait presque vers lui, si elle se comportait vraiment ainsi. Tant mieux pour lui : il galérait bien moins que prévu.

« La réponse à la question fut assez claire, ce me semble… » finit par dire Rabastan d’une voix froide. « Tout ne va pas pour le mieux dans le meilleur des mondes dans la charmante famille de Madame Lestrange. » Il n’essayait même pas de cacher l’amertume de sa voix. Sa main sur sa baguette se crispait encore plus et ses doigts abîmés étaient devenus blanc à force de serrer autant son arme. Il avait envie d’exploser, de lancer un sort à quelqu’un. D’entendre quelqu’un crier. N’importe qui… C’était sa manière à lui de se calmer. Un serveur arriva en portant un plateau sur lequel se trouvait trois verres. Il les posa sur leur table avec une rapidité toute professionnelle. Rabastan le suivit des yeux : sa mâchoire se contracta. Il plissa des paupières. « Vous désirez autre cho- » commença le bonhomme. « Non, dégage. Tu reviendras plus tard. » Rabastan n’en avait que faire de la politesse. Et quand le serveur tourna les talons le plus prestement que la bienséance le permettait c’était certain qu’il se doutait que ce n’était pas ce client là qui lui donnerait un pourboire.

Il ferma les yeux un bref moment avant de reposer son regard sur ses enfants. « Ça va aller Aramis ? » demanda-t-il en scrutant le visage pâle de son cadet. La voyante qu’il connaissait n’allait jamais très bien au terme de ses visions, mais c’était certainement un peu de sa faute. Il hésita un moment. Que dire d’autre ? Enfoncer le clou dans le mur en tartinant une bonne couche de mauvaiseté sur son épouse ? Non pas qu’il ne puisse pas, c’était tout à fait dans ses cordes, mais cela ne lui semblait pas être la chose à faire en cet instant. Changer de sujet ? Pas vraiment… parler des concerts du dernier groupe de musique à succès n’était pas ce pourquoi il était là. En fait, il n’avait qu’une chose à dire. Il n’était pas habitué, c’était certain, mais sa voix ne se modula pas d’un iota et garda son ton calme quand il rajouta : « Je suis désolé de vous avoir laissé là dedans.   » Il tendit la main en avant et vint toucher l’épaule de son fils, frôla la main de Guenièvre : « Je suis… désolé. »

Il se saisit du verre qu’on lui avait apporté et le porta à ses lèvres : c’était sucré. Il aimait le sucré. Il en but une gorgée. Plus pour se donner contenance qu’autre chose. Hormis de temps à autres au Lord, il n’avait pas coutume de s’excuser. Mais il voulait les ramener vers lui, et pour ça il utiliserait n’importe quelle stratégie.

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can we be a  family?
In our family portrait, we look pretty happy.
Let's play pretend, let's act like it comes naturally
(play)

Ton souffle s'espace, s'enlaçant lentement aux troubles de ton cœur, écrasant tes douleurs & tes horreurs. Les images te poignardent encore & encore. La blessure traverse ton âme, t'enivrant dans ta haine trop souvent souveraine. Gwen a tellement subi, trop subi. Ses fautes sont des fictions, des inventions. Ses fautes sont loin de la raison. Tu observes les marques, assassines, divines. Tu observes le rouge sur son bras blanc. Tu es désolé, tellement désolé. Tes doigts s'attardent sur les griffures tentant d'apaiser la douleur dans une caresse, dans une tendresse. Tellement, tellement, tellement désolé. Tu trembles encore un peu, la gorge trop sèche, trop amère. Tes doigts se portent, se déportent, traînant le long de sa peau pour finir dans ses doigts.

Elle est restée. Elle ne t'a pas abandonné.

Les mots explosent sur ta langue, noués, tus par tes lèvres. Ils s'arrachent à ton ventre, te poussant au déni. Tu t'interdis de parler, de raisonner. Pourtant ton pouce avoue de ses cercles de feu sur le dos de sa main, tu te roues sous les excuses silencieuses, peureuses. Tu n'oses pas. Tu n'oses plus t'excuser. Tu l'as tellement trompé, abandonné. Tes démons s'affolent, t'immolent. Ton cœur tombe, pierre par pierre. T'as jamais été le bon frère. T'as jamais tout fait pour elle. T'es pas vraiment important. Tu fais un peu semblant de le croire. Ça fait moins mal. « Aguamenti… »   , l'eau se déverse de sa baguette, remplissant le verre à ras bord. Tu tangues un peu, l’œil troublé, touché là en plein cœur, déjà voleur d'âme. Encore, encore, tu as l'odeur de tes souvenirs sur les lèvres, empiétant sur la trêve. Le verre est tendue, tu l'attrapes avec un regard tremblant pour Gwen. Les frissons & la peur s'accrochent encore à ton dos. Tu t'écorches sur tes sentiments, tes ressentiments. « Merci. », tes dents claquent. Tu n'es pas vraiment dans ton état normal. Le verre courtise ta bouche, tu avales une gorgée. Et déjà tout est trop salé sur tes blessures, tes craquelures.

La colère glisse dans ses pupilles si claires, elle siffle l'orage, le naufrage. Elle va les faire crever, trembler dans ses sensations. Elle devient souveraine, reine. Statue de sel, tu pourrais l’abîmer, l'effriter de tes larmes, de ton âme souillé, balayé aux quatre vents. Tu n'as ni beauté, ni tendresse dans le cœur. T’étiolant sous la violence, tu chutes dans tes indifférences, dans vos différences. Elle se fait furie de sa voix, agressant serveurs & clients, ne laissant personne au bord des yeux. Elle te protégera toujours. Elle te survivra. « Les cocktails ne sont pas encore servis ?!? Doit-on aller ailleurs pour avoir un minimum de service ??!!?? »   , c'est ainsi que tu l'aimes.

« Tout va bien. Je vais bien… » , un pique d'angoisse te trahi, démolissant les dernières barrières, les derniers espoirs. Tu tremble encore, posant brutalement le verre, soulevant ses doigts vers tes lèvres pour embrasser sa main. Tu y crois encore même jusqu'à la mort. Tu crois à ce semblant de bonheur sans erreur. Au bord du monde, il n'y aura que vous. « Tu as intérêt. », la menace ronronne, détonne avec les tons de ton cœur. Tu caches le malaise, délaissant les peurs, avortant les douleurs. Il ne faut pas montrer. Il ne faut pas jouer. Tu leur as déjà assez pourri la soirée. Pourtant, c'est déjà l'enfer sur vos terres. Les nuées sont immondes, lascives, toxiques.

Il a vu.
Il l'a vu.

Tu déglutis un peu difficilement quand tu vois la baguette s'abattre en sécheresse, en averse sur la table. Le verre teinte, chantant ses plaintes, sans sérénité, sans égalité. Un frisson se perd, désertant ton cœur, tes terreurs. Papa est fâché, non ? Petit garçon qui n'a jamais connu, vu la fureur volcanique, tyrannique d'un père. Tu n'as pas le souvenir des disputes, des baguettes prêtes à tirer à bout portant. Tu n'as pas les souvenirs d'Arsenius de ce couple destructeur, emplit de ses horreurs. Les fantômes de tes souvenirs se sont assoupis, interdits. Même si tu as tord, même si tu ne crois aucunes de ses histoires. Il sillonne ton cœur. Tu l'as dressé en guerrier, en abandonné de cette justice hurlant traîtrise. Il est tombé, on te l'a enlevé & tu ne pardonneras jamais ça. Tu ne lui pardonneras pas. A ta mère. A cette société intoxiqué dans ses fastes, dans ses farces. La colère ouvre un œil, prêt au festin, criant à l'assassin. « La réponse à la question fut assez claire, ce me semble… » . Qu'as-tu fait ?

Ton cœur passe de main en main, tentant d'échapper à la rage. Il vole, s'envole, s'immole. Il ne veut plus vraiment souffrir, périr. « Tout ne va pas pour le mieux dans le meilleur des mondes dans la charmante famille de Madame Lestrange. » , la froideur s'agite, bête séduisante, aimante, flirtant avec l'ironie. Tes principes s'effacent, s'écrasent. Il n'a pas été là. Tu ne peux pas vraiment lui reprocher, le détester. Modèle dans la noirceur de tes désespoirs, tu as cru si longtemps, si souvent ne jamais le toucher, le frôler. Tu ne sais pas si c'est vraiment bien de le tenir, de le retenir, de trop y tenir. Tu ne le laisseras plus jamais s'en aller. Bleu contre bleu, les yeux se frôlent, s'embrasent. Tu veux juste tuer. La tuer. La haine s'agrippe à ta poitrine, refusant de vaciller, de s'abandonner. Elle t'a étouffé, elle a un peu brisé, sans doute trop bousillé Gwen. Tu ne pardonnes jamais vraiment, jamais tellement. « Vous désirez autre cho- » « Non, dégage. Tu reviendras plus tard. » , sec, il n'admet pas de compromis, pas de reddition.

C'est donc ça avoir un père ? Tu ne sens plus de guerre, ni d'enfers avec lui. Tu ne te sens pas trembler, tomber. Tu n'as pas la sensation d'être ce petit garçon mal aimé, mal compris. Tu n'as pas vraiment appris. Tu n'as jamais vraiment guéri. Ta langue effleure tes lèvres, souveraine. Tu t'humectes les lèvres. L'angoisse tombe, s'effondre. Il est là. Il vous protégera. Gwen ne tombera plus jamais entre ses doigts. Tu serres sa main plus fort, plus tendrement. « Ça va aller Aramis ? » , tu trempes tes lèvres dans un des verres, offrant le dernier à Gwen. Sucré, trop sucré, ça t'empoisonne la bouche, ça t’électrise la rage. Le sang est imaginaire, terrible. Il s'agite dans tes veines, battant la mesure, à des allures infernales. « Je vais bien. Ne t'inquiète pas, papa. », ta voix se brise un peu, te faisant grimacer. Non, ça ne va pas. Tes failles s'entaillent, te prend en tenailles. Rien ne va bien. Tout dérape, s'enflamme. Tout n'est que feu sur ta peau. Les visions ne sont pas des cadeaux. Tu souffres de l'addiction du pouvoir, en subissant toutes les malédictions & les vices de fabrication. Le contrôle t'apporte la puissance, l'exigence. Tu as pour toi les clés du passé & de l'avenir. Tu as les dénouements, les retournements sur le bout des doigts. Ta voix a force de loi. Tu ne te trompes jamais.

La fierté devrait te tuer.
Ce don devrait t'achever.
Tu ne comptes pas y rester. Susceptible, ta voix laisse entrer le pire ; « Je vais bien. ». Tu répètes comme un automate, comme pour rassurer cette mère cassée sous sa folie, ses dénis. Tu ne diras pas qu'à chaque fois, tu rechutes. Tu ne vois que des murs derrière les portes de ton esprit. Tu finiras sûrement tout aussi fou qu'elle à forcer, à tirer sur la magie, en prince des caprices, des apocalypses. Tes lèvres se trempent encore dans le liquide, le sucre coule, s'écoule. Le froid te fait du bien.  « Je suis désolé de vous avoir laissé là dedans.   » , le trouble dessine l'esquisse de tes prunelles. Il ne s'excuse pas vraiment. Jamais réellement. Tu n'entends pas ses mots souvent. Et la main te fait frémir. Il finit de te tuer, laissant aller l'enfant. Lentement, tu reposes le verre allant caresser tes doigts des siens. Il n'y a pas à s'inquiéter. Au jeu, des imbéciles, tu ne dévies jamais la mauvaise mine. Elle explose entre tes doigts te perdant entre passé & futur. Le trouble te contamine, c'est déjà la pandémie dans ton être. « Je suis… désolé. » , ton cœur se vide, une promesse silencieuse se tisse. Tu ne veux pas qu'il la dilapide mais déjà tu le lâches, le relâches.

« Tu n'y pouvais rien. », lâches-tu, les yeux accrochés aux siens. Tu oublies la politesse, la tendresse. Le bleu froid s'insinue, perdure. Il n'y pouvait rien, il n'était pas là. Tu assènes les coups sans t'en rendre compte, te faisant enfant immonde, enfant odieux. Tu ne penses pourtant qu'à le consoler, à te rattraper. « Tu as vu ce que j'ai vu ? », murmures-tu pour trois & pas pour le reste. L'amour est indélébile, loin d'être toxique. Tu passes la main sur ton visage. « Je. », ton regard se pose sur Gwen. « On ne voulait pas que tu l'apprennes comme ça. », pas dans ta tête, bloquée sur les images écarlates, éclatant d'une violence tremblante. Ton pouvoir ravage, tu sais bien, tu comprends bien. « Je ne voulais pas ... », ton poing se serre, s'enserre. La colère se déploie, amère, passagère. Je ne voulais pas que tu vois que je suis faible.

Tes mots s'étouffent, s'engouffrent au fond de ta gorge. Tu n'oses plus parler, caressant du bout de tes doigts la main de Gwen, n'osant pas la lâcher, l'abandonner. Plus en tendresse, plus en finesse, tu sens ton cœur battre, frénétique, énergique. Les rêves s'entassent, s'encrassent. Tu inspires, aspires. L'air te débloque. « Pardon. ».

Je ne voulais pas que tu vois que je n'arrive pas à la protéger.
Tu vois ? On arrive à rien sans toi.
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Vite, trop vite. Tout s’est déroulé de façon incontrôlable et violente. Il est à la merci de son don, il est le pantin de ses visions et je suis la spectatrice incapable de l’aider, d’agir efficacement. Etre là, lui tenir la main et attendre que ça passe. Attendre que ça casse. Je ne peux pas tout contrôler, c’est impossible. Je maintiens les cloisonnements de mon esprit et je le soutiens. Ça n’est pas assez, ça ne le sera jamais. Je ne peux pas être le soutien infaillible dont il a besoin. Les secrets qui nous séparent sont trop profonds, les douleurs sont trop vives, les marques encore à fleur de cœur. Je ne l’abandonnerai pas, ni maintenant ni jamais. Ce n’est pas une option, pas une mission ni même un acte quelconque de résistance envers une mère qui a toujours tenté de m’éloigner de ses fils. C’est une évidence. Ma respiration se calque sur la sienne, j’essaie d’écarter de mon esprit tout ce qui pourrait se passer si d’aventure, dans sa vision notre mère se mettait à hurler que je n’étais pas sa fille. C’est aussi à cause de ces détails que je me rends compte combien je tiens à lui. Ma peur pour lui surpasse la peur de voir mes secrets dévoilés, la peur de voir Rabastan en finir avec ma misérable vie. Je ne dois pas commencer à tomber dans ce piège, plus je l’aime, plus il est en danger, plus mes mensonges me pèsent. Heureusement il revient à lui et dans ses yeux s’évaporent l’image de notre mère levant la main sur moi. Il embrasse ma main et je ne découvre qu’à ce moment-là la marque de ses ongles dans ma peau. Ce ne sont que quelques gouttes de sang, inopportunes et indolores qui s’effaceront d’un sort. J’esquisse un sourire à sa menace. Il me sait fragile et forte à la fois. Il sait qu’aucune plainte ne quittera mes lèvres. Les Lestrange sont une bouée de sauvetage, parfois elle tangue, vacille me mettant la tête sous l’eau, bloquant douloureusement ma respiration et parfois elle me permet simplement de vivre, d’être là avec eux. Quoi faire ? Quoi dire ? Rien n’apaisera ses maux, comme rien ne peux apaiser mes souvenirs. Incapable de s’aimer en plein jour, de s’étreindre malgré l’absolu nécessité d’un contact. Rabastan aussi conserve pour lui ses rancœurs, seuls ses doigts trahissent son mécontentement. Il n’a pas levé sa baguette, il a vu, mais il n’a pas tout vu. Non, tout ne va pas bien, aucune famille n’est parfaite, la nôtre est un modèle d’imperfection mais je ne commente pas, c’est inutile, il a vu. Comme moi il y a quelques secondes il se venge sur le serveur, si nous continuons sur notre lancé, ils vont passer une très mauvaises soirée. Je prends le verre tendu par Aramis, je le pose, incapable de boire quoi que ce soit. La boule présente dans mon ventre depuis son invitation est lentement mais surement remonté jusqu’à ma gorge. Je sens son acide transpercé ma langue. Ça brûle… c’est douloureux. Il va bien, du moins c’est ce qu’il dit. Pourtant sa main serre davantage la mienne. S’il voit tout, il n’a en revanche jamais su me mentir correctement. J’ai trop d’expérience dans ce domaine. La main de notre père me frôle, j’ai l’impression d’avoir été touché par la foudre. Comme si une décharge venait de me traverser. Je baisse le regard alors que ma main vient se poser sur ma cuisse resserrant ma robe. Il serait si facile de céder à la tentation, de laisser Rabastan prendre la place du père… Baisser les armes, l’attention, juste pour une soirée. Mes épaules sont lourdes, mon cœur en miette et mon regard complétement vide. J’ai trop souvent pleuré, mes yeux refusent une fois encore de laisser s’échapper des perles de faiblesse. Il a vu mais il ne sait rien, ils ne savent rien, comment le pourraient-ils ? Je dois prendre sur moi, encore, toujours. Un peu tremblante j’attrape le verre et je bois une gorgée, puis deux. Ça n’éteins pas le feu… ça n’apaise pas les brûlures, ça me permet juste de prendre une seconde pour moi, pour me recentrer et enfouir les souvenirs dans un cimetière de désolation. Je serre le verre entre mes doigts, les excuses ne servent à rien. Au mieux ils consolent un peu ceux qui commettent les erreurs mais ils ne soignent jamais les blessés.   Ce qui est fait est fait.   Rabastan ne pouvait pas savoir, Aramis et Arsenius étaient trop jeunes pour mesurer la portée des gestes et des paroles de notre mère. Vous n’avez pas à vous excuser. Nous aurions préférés parler de cela plus tard… plus… posément mais aucun de vous n’est responsable.   Jamais l’un d’eux n’avait levé la main sur moi. Coupable d’abandon oui, coupable de d’inaction, oui mais je ne voulais pas que cette soirée tombe dans le règlement de compte. Je n’en aurais pas la force. Je ne voulais pas en parler, pas avec eux… pas ce soir. La douleur était trop présente, trop pressente, je ne pouvais pas me permettre d’imploser, pas après toutes ces années.  Je refuse qu’elle nous gâche notre soirée. Je posais mon autre main sur celle d’Aramis, lui offrant un sourire avant de me relever. Excusez-moi, je vais me rafraichir.   Une minute, peut être deux pour prendre de l’air. Avaler une fiole contre les migraines, évacué les douleurs et les rancœurs. Je quittais la table pour rejoindre les toilettes du restaurant, m’enfermant dans une cabine, laissant père et fils, seuls quelques instants.
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Quand Aramis répondit à Rabastan, ce dernier eut légèrement du mal à déglutir. Il va bien, dit-il. Il n’est guère besoin d’être legilimens pour se rendre compte que c’était loin d’être le cas : sa voix n’est pas assurée, son visage est hésitant, ses yeux laissent transparaître le malaise. Mais ce qui le toucha, bien plus que le mensonge rassurant, ce fut certainement l’interjection. Papa. Rabastan cilla l’espace d’un instant pour contempler un point un peu sur le coté ; un instant pour qu’il se souvienne de la dernière fois qu’il fut appelé ainsi. Papa. Cela remonte à bien trop loin dans les ans pour qu’il en ait un souvenir exact et il ne savait même plus qui d’Arsenius ou d’Aramis avait prononcé ce mot en dernier. Il se souvenait simplement qu’on ne lui avait jamais donné l’occasion de dire au revoir à sa famille… Il pensait même que si le Ministère lui aurait accordé une telle grâce, sa femme elle l’aurait refusée. Papa. Il devait alors sourire, la dernière fois qu’on lui avait parlé ainsi. Là, il n’avait pas vraiment le cœur à sourire. Juste les muscles tendus et la respiration rude. La tension d’un homme qui désire en découdre mais qui ne le peut pas. Qu’il ne s’inquiète pas, il avait presque envie de rire, un rire jaune : oh ! si une personne devait commencer à s’inquiéter, ce n’était sûrement pas lui… Et pour cette personne… même les actes qui l’avaient menés à Azkaban serait une punition trop douce.

Il lui ferait payer tout ça.
Et quand elle aura assez supplié et assez regretté : il verra.
Comme si la répétition pouvait rendre ses mots plus forts, Aramis répéta qu’il allait bien. Comme s’il tentait de se persuader lui-même. Pouvait-il le blâmer ? Lui-même, quand il répéta son excuse, ne tentait-il pas de faire la même chose ? Essayait-il plus de les persuader eux ou de se persuader lui ? Il tentait de ne pas trop y réfléchir : avait-il eu le choix ? Non : il avait du les abandonner. Pour son Maître, il avait été nécessaire de les laisser derrière lui. De tous les sacrifices, ça avait été le pire. Est-ce qu’il le regrettait pourtant ? Non. Si c’était à refaire, prendrait-il la même décision ? Certainement. Et une fois encore, indéfiniment. Il n’y avait pas d’hésitation. Il ne devait surtout pas y avoir d’hésitation. Son cœur rata un battement quand il songea à ce que pourrait lui faire le Lord s’il imaginait un seul instant placer ses enfants avant la cause commune. Il tâchait de ne pas y penser. Mieux valait ne pas s’attarder dessus : il ne devait pas regretter. Mais il pouvait s’excuser.

Ils n’auraient pas du avoir à payer les conséquences de ces actes.
Peut-être éprouvait-il du remord de ne pas avoir su mettre en place des protections suffisantes pour ses enfants une fois qu’il ne serait plus présent. Mais comment aurait-il fait ? Aramis coupa court à ses questionnements : « Tu n'y pouvais rien. ». Rabastan se concentra de nouveau sur lui, ne le lâcha pas des yeux comme s’il pouvait lire à travers ces iris clairs. « Je n’ai pas tout vu… » répond-il à la question de son fils. « Seulement… des bribes. J’ai surtout... entendu ce que tu- ta mère disais. » Les mots résonnaient encore dans sa tête, et à la voix d’Aramis que ces paroles avaient emprunté, sa mémoire lui substituait la voix de son épouse. Elle n’avait jamais eu une belle voix quand elle criait. Elle était enragée. C’était strident et c’était exaspérant. Et pour des enfants, certainement angoissant. « Je préfère l’apprendre maintenant et peu m’importe de lieu. » trancha-t-il alors qu’Aramis s’excusait. Mieux vaut maintenant plutôt que d’attendre la mort de Guenièvre songea-t-il sans l’exprimer à haute voix. Envisager une telle extrémité était sûrement exagéré, pourtant on ne pouvait jamais deviner ce qui pourrait se passer un jour. Une brusque perte de sang-froid, un coup de folie, un sort irréfléchi et on se retrouvait avec un cadavre sur les bras : Rabastan avait déjà tué des personnes comme ça, sans y prendre garde, et avait repris ses esprits alors que les corps refroidissaient. Sur ses victimes, c’était loin d’être dérangeant. À propos de sa fille, c’était largement inquiétant. Pourtant, Guenièvre avait raison : on ne pouvait pas revenir en arrière, le passé était le passé. Tout à fait indélébile.

Combien de temps avaient-ils désiré faire durer le suspens ? Guenièvre affirmait également avoir souhaité lui apprendre ce comportement hautement maternel à un autre moment. Pourtant Rabastan voyait mal comment le moindre instant pouvait être plus propice qu’un autre pour ce genre de conversation… Bonjour, ma mère m’a absolument pourri ma vie et me frappe régulièrement. Au fait, merci d’avoir été là pour donner un coup de main. Même sur une barque au milieu d’un lac calme sous un ciel bleu, l’ambiance aurait été la même. L’avantage c’était qu’ici ils pouvaient commander autant de bouteille d’alcool qu’ils le désiraient. Ce qui n’était pas le cas sur un lac. Et alors qu’Aramis s’excusait, que Rabastan l’avait déjà fait, Gwen avait coupé court à cela. Pas besoin d’excuses. Mais même si elle disait que ce n’était pas de leur faute, Rabastan pouvait sentir la culpabilité d’Aramis, à défaut de ressentir vraiment la sienne. Et il n’était pas nécessaire de se glisser dans son esprit pour percevoir qu’il se sentait mal à propos de cette situation, la situation dans laquelle Gwen avait vécu, vivait même toujours. Rabastan n’avait pas eu de petite sœur, mais un grand frère. Et il savait très bien à quel point sa sûreté, sa santé était importante pour lui. Il comprenait parfaitement Aramis. Il était capable de tuer pour Rodolphus tout autant qu’il était capable de tuer pour ses enfants.

« Les parents sont toujours quelque peu responsable de ce qui arrive à leurs enfants… Et peut-être pas uniquement votre mère pour le coup. » répondit tout de même Rabastan. « Enfin, elle a tout de même une très grande part de responsabilité. » rajouta-t-il froidement. « Mais j’aurai du penser que ça pourrait se produire et… je ne sais pas. » Il n’aurait pas pu rester de toute façon, et il n’avait aucune famille où il aurait éventuellement pu les emmener, son frère et sa belle-sœur ayant subi le même sort que lui. Voilà : il ne savait pas. Il n’avait pas su prévoir et encore maintenant il ne savait pas. Il aurait du la tuer. C’était la seule solution qui lui venait à l’esprit. Il hocha la tête quand Guenièvre se leva pour aller au toilette. Il la regarda s’éloigner. Puis reporta son regard sur Aramis. Il y eut un bref silence pendant lequel Rabastan faisait rouler machinalement sa baguette sur la table. Il s’arrêta brusquement et la remis dans sa poche.

Puis il se leva à son tour.
Il contourna la table et vint s’asseoir à la chaise laissée libre par Gwen.
Il la rapprocha de la chaise d’Aramis dans un raclement sourd.
Il n’y avait que quelques centimètres pour les séparer, et Rabastan put baisser la voix pour être certain que personne d’autres ne risquaient d’entendre ce qu’il avait à dire à son fils. Ce n’était pas un secret d’État, mais c’était de ces paroles qu’on ne voulait pas voir divulguées. « Écoute : Gwen a tout à fait raison. Tu n’as pas à te sentir coupable. Tu es à peine plus vieux qu’elle, qu’est-ce que tu aurais pu faire ? C’était ta mère. » Il baissa encore d’un ton et vient serrer l’épaule de son fils avec sa main droite : « Ce n’était pas ton rôle. Tu n’étais pas son père, tu n’étais pas censé être son protecteur. Ce n’était pas à toi de te dresser contre ta mère. » La chaleur qu’il ressentait sous sa paume au contact de son fils lui faisait du bien. Il n’osait faire plus, cependant. Il craignait bien trop de franchir un limite, un point de non-retour. Pourtant il continua : « Ç’aurait du être mon rôle, mais je n’étais pas là pour le remplir. Et je ne veux pas que tu puisses penser que tu es faible juste parce que, enfant, tu n’as pas pu faire ce que moi-même je n’ai pu accomplir. » Il serra un peu plus sa main sur son épaule, une légère pression : « Ne t’inquiètes plus maintenant. Elle ne touchera plus à Gwen. » Il cachait la menace de sa voix derrière un visage calme. Il ne tremblait plus et sa brusque colère s’était calmée. Elle n’était plus furieuse à présent, cette haine, mais glaciale. Et c’était les pires.

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can we be a  family?
In our family portrait, we look pretty happy.
Let's play pretend, let's act like it comes naturally
(play)

« Ce qui est fait est fait. »    , elle a raison de cette langue qui fourche & s'effarouche. Elle a toujours eu raison. Elle a toujours eu les attentions nécessaires pour te réduire en cendre. Tout remonte, se démonte. Ton cœur te coupe un peu. Tes os s'égarent dans un frisson, dans ton manque de raison. Tu plies. Tu l'as trahis tant de fois, tellement de fois. Les pleurs ont rebondis le long du nacre de ses joues. Les pleurs te terrassent, te fracassent. Tout rebondi, vacille. Les souvenirs t'étouffent, creusent le gouffre. Ta poitrine s'alourdit, s'élargit. Tu as échoué.

Tu n'es qu'un échec.

Les cœurs se vident, les promesses se tissent & se dilapident. Qu'as-tu fait? Les mots roulent en maux. Tes douleurs sont des agonies, des cris bloqués au fond de tes entrailles. Tu n'as pas bougé. Tu n'as pas lutté. Tu ne l'as pas protégé. Tu te dégoûtes. Tu le sais bien, tes sentiments s'emmêlent, s'entremêlent, te crevassant de toute ta laideur, de toutes ses douleurs. Tu n'es pas pire que les horreurs de vos enfances, de vos adolescences. «  Vous n’avez pas à vous excuser. Nous aurions préférés parler de cela plus tard… plus… posément mais aucun de vous n’est responsable. » . Un rictus s'étire, tire à bout portant, évident sur toi. Bien sûre que si, tu es responsable, condamnable. On t'accroche. On t'écorche. « Gwen. », la sécheresse de ta voix abîme ton être. Elle n'est que le reflet de ton cœur, de ta mémoire en perdition, en désertion. Tu acceptes les horreurs, les douleurs. Elle n'a jamais vraiment voulu en parler. Elle n'a jamais vraiment voulu te laisser approcher. Ou bien, est-ce toi qui ne sait jamais vraiment sur quel pied danser ?

Tu as beau l'aimer, tu sens qu'elle t'échappe, qu'elle dérape. Tu sens qu'elle n'est déjà plus vraiment cette enfant aux yeux trahis, salis. Tu sens qu'elle a grandi. A quel prix ? L'innocence vous a depuis longtemps abandonné, déserté. Il paraît que c'est de vos âges, dans les nuages, les naufrages de vos existences sans patience. Tes yeux la suivent, la décrivent, pressant les amertumes, les regrets. Un peu boudeur, un peu peureux, tu te te tournes, te détournes, pressant de nouveau tes lèvres contre le verre.

Tu ne remarques pas ton père. Tu sais la tension, la passion meurtrière qui caresse son ventre. Tu sais puisque le sang court, apprivoisant les courbes de tes pulsions assassines. Tu ne succombes pas vraiment, valsant au bord du vide, n'osant pas tomber, t'abandonner aux envies qui s'embrasent. Aux envies de la protéger, sans savoir, si tu peux suffisamment aimer. Tes regrets s'échappent sur ta maux, forment les vieilles rancunes, les vieux regrets. Tu te défais de ton amure, face aux murs que posent les tiens. Tu n'es jamais serein. Il n'a pas tout vu. Il en a déjà trop aperçu.

Les secrets sont malmenés, éventrés. Ils se délient, se trahissent dans tes yeux. La voyance joue, s'écoule, se déroule dans toute ta puissance, dans toute ton impuissance. Arme de destruction, tu t’anéantis. Tu vacilles dans une chute lente & dérangeante. Il préfère l'apprendre maintenant. Il préfère avoir la vérité. Au fond, il ne sait pas tellement ce que c'est. Prince des glaces, tu te sculptes dans les entailles de cette franchise qui tourne à la hantise. Tu te sculptes dans ses vérités mal habiles, au goût toxiques. « Les parents sont toujours quelque peu responsable de ce qui arrive à leurs enfants… Et peut-être pas uniquement votre mère pour le coup. » , tes yeux le vrillent. Il comprend. Il te comprend. L'abandon est moins lourd dans tes tripes. Et au fond, tu sais, c'est de votre faute à tous. Tu n'as pas agi. Il n'a pas été là. Il n'a jamais été vraiment là. Les souvenirs s'enfuient, ne guérissent rien. Tu tombes en miettes.  « Enfin, elle a tout de même une très grande part de responsabilité. Mais j’aurai du penser que ça pourrait se produire et… je ne sais pas.   » . Il ne sait pas & c'est tout le problème.

«  Je refuse qu’elle nous gâche notre soirée.  Elle fuit, détalant comme un lapin aux questions, aux interrogations.  Excusez-moi, je vais me rafraichir. ».  Tu consens, tu abandonnes, tes doigts la laissant aller & partir. Peut-être qu'elle ira mieux un peu plus loin de toi, de lui, de vous. Peut-être qu'elle ouvrira ses bras pour te reconstruire. Tu n'es qu'un gosse délaissé, abandonné. Les engrenages de ton esprit s'active. Tu sais sa douleur, tu sais les rancœurs. Et tu ne sais même pas comment te pardonner. Le silence caresse de sa main cruelle la table. Tu observes la baguette rouler, vaciller sur la table. Gwen ne vous a laissé que la nervosité & cette angoisse imbécile, facile.

Tu ne sais pas parler à ton père.

Il s'arrête & tu te tends, fixant de tes yeux froids ses mouvements. Il s'échoue à tes côtés. T'as le cœur en enclume. Les sens s'allument, s'embrument. Le raclement est lourd, il te fait tiquer un peu dans une grimace volage. Il n'y a pas de danger. Pas avec lui. Jamais avec lui. « Écoute : Gwen a tout à fait raison. Tu n’as pas à te sentir coupable. Tu es à peine plus vieux qu’elle, qu’est-ce que tu aurais pu faire ? C’était ta mère. » , le murmure t'agresse, t’oppresse. Le souffle est chaud contre ton oreille. Tu te fractures sur tes blessures. La confiance glisse, s'enlise dans tes conflits permanents, écrasants. « Justement, c'était ma mère. », tu craches dans un souffle. Le dégoût est palpable, il s'enroule à ton âme sans saveur, sans odeurs. Il t'étouffe. Tu suffoques déjà. Tu aurais dû être là. Tu aurais dû braver toutes les horreurs, les rancœurs. C'est ta sœur, ta jolie petite sœur brisé sur l'étau d'une violence trop grande pour son petit corps. Tu l'as vu se fissurer, se disloquer. Tu l'as vu être détestée. Jamais assez si. Pas assez ça. Elle n'est pas parfaite. Elle n'est pas la petite princesse qu'elle attendait. Tu n'as pas conscience de ce qu'elle est vraiment. Tu n'as pas conscience de son sang. Pauvre fou, tu te brises d'amour pour un mensonge. Les millions de mensonges lézardent les murs. Tu les aimes tellement. Tu les aimes, sans doute, trop. Lui. Elle. Ils sont tout ce qu'il te reste. Et tu ne sais pas comment combler les distances. Tu ne sais plus montrer l'évidence. Il y a bien longtemps que tu as égaré ce que tu étais.

« Ce n’était pas ton rôle. Tu n’étais pas son père, tu n’étais pas censé être son protecteur. Ce n’était pas à toi de te dresser contre ta mère. » , un sourire triste lui répond. Il te touche dans un frisson, dans un manque de raison. Les contacts t'effarouchent, t'affolent, t'étiolent. Mais tu restes de marbre face à sa chaleur. Il te manque ce père là. Ce père se décrit dans les vieilles photos de bêtises en bêtises. A une époque, il y avait des rires. A une époque, il était là. « Ç’aurait du être mon rôle, mais je n’étais pas là pour le remplir. Et je ne veux pas que tu puisses penser que tu es faible juste parce que, enfant, tu n’as pas pu faire ce que moi-même je n’ai pu accomplir. » , il souffle & tu fermes les yeux. Tu refuses d'accepter. Tu refuses le manque de culpabilité. Tes douleurs te crament, vorace, infernale. Tes douleurs t'entaillent, vomissant les douleurs & les peurs. Les pleurs t'ont salis, détruis. Il vous a cru tellement à l'abri, plus fort que la vie. Au final, toi & elle n'étiez que des enfants démunis. Sa main se serre & s'enfonce dans ta peau.  « Ne t’inquiètes plus maintenant. Elle ne touchera plus à Gwen. » . Des promesses, toujours des promesses. Et l'acidité coule. « Ne donne pas ta parole, Papa. Je pourrais y croire. ». Tu te mords la lèvre, accusant ton cœur en bandoulière. Tu regrettes déjà. Tu regrettes tellement.

Trop libre & trop fragile, tu es qu'un pantin sans fil. Et tu as peur de saisir les mauvaises mains. Tu as peur de n'être qu'un enfant déçu, déchu. Tes yeux se relèvent, accrochent les siens. Bleu sur bleu, la tempête se déplace, s'espace puisant dans tes souffrances, dans tes errances. Tes doigts attrapent les siens. Tu n'es le souverain de rien. Et tu serres, tu enserres ses doigts. Dis-moi que tu la puniras.

Touché là en plein cœur, tu as des envies d'oiseau voleur, d'oiseau vengeur. « Elle ne fait que ça, père. ». La toucher, la blesser, la traîner plus bas que terre, Gwen ne vit que l'enfer dans ses guerres sans raison, sans passion. « J'ai été faible. ». Tu l'es encore. Tu l'es en permanence au fil de tes indécences. Tes ongles s'agrippent à la peau. Tu ne nies pas dans tes entêtements, dans ton entendement. Tu veux plus mentir. Tu ne veux plus la trahir. Tu aurais dû être là. Tu aurais dû l'entendre, bouger au fil de te boucher les oreilles, d'ignorer. Les terreurs de ton enfance sont toxiques, imbéciles. Elles empoisonnent ton sang, tes allégeances. Tu as peur de tourner la page, de te prendre dans la gueule ton manque de courage. « Si tu n'as pas été là, Arsenius et moi n'avons pas fait mieux. ». Tu t'es écrasé, tu t'es pulvérisé dans les silences, dans ton innocence. « C'est une réalité. ». La pire de toutes. Dans tes colères, tu as le ventre qui se tord, alors que ton visage ne cille pas, ne tremble pas. Tu relâches sa main. Tu te condamnes.

Tu t'acharnes, t'échappes.
Vous êtes, sans doute, tous les deux, un peu mauvais.
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