When the days go by but the darkness lingers longer and before you know it life is one long night. But when I close my eyes, I see you stand before me and if you take my hand, I'll leave it all behind.
Ron Weasley, sixième du nom, marchait sans but le long de l’étang. La forêt était vide, et ce vide se prolongeait jusque dans ses pensées. Pour un agent opérationnel, traverser Daeva était toujours compliqué, pour un indésirable, il fallait faire attention. Toujours faire attention. A qui tu parles, à embrasser Hermione que quand on est seuls, ne pas mentionner Georges quand Fred est dans le secteur, ne pas brusquer les belliqueux, ne pas sortir sans capuche, prendre son polynectar, faire gaffe aux bruits de transplanage, ne faire confiance à personne etc etc…
Fuck it.
Le souvenir d’il y a quelques jours le rongeait. La légèreté des rapports que Sue et lui avait entretenu avait été engloutie –disparue, statut, position inconnue-. Il n’admettait pas. Le mensonge, il le comprenait. Elle avait eu peur, elle avait cru bon et plus intelligent de mettre en avant un autre sang. Il ne lui en voulait pas pour lui avoir mentit. C’était ça le pire en définitive. Il aurait fait la même chose. Harry lui avait raconté une fois qu’il avait donné le nom de Neville à la place du sien.
La fin justifiait les moyens. Et la première nuit où il était resté dehors à contempler les étoiles et à jouer avec son déluminateur, il avait déjà compris que ce n’était pas ça le souci.
Il était rentré au camp. Parler avec Harry, peut-être même avec Hermione… sauf que les deux étaient en mission et lui-même en avait une . Tant pis. Ce n’était pas si grave. Ce n’était pas si terrifiant que d’abriter l’héritière d’une famille pourrie. Il y avait bien un fils -il avait fini par se renseigner rapidement- mais ça avait l’air d’être un joli connard. Avec un peu de chance ce serait quelqu’un qui ne survivrait pas à cette guerre. Le visage de Ron s’allongea. Voilà où on en était. A souhaiter la mort de ceux qui constituait la famille des gens qu’on voulait protéger. C’était absurde. De quoi éviter de croiser le regard de Sue pendant tous ces jours. De quoi contempler avec ironie les sacrifices à faire à l’avenir.
Des serpentards au sang-pur qui venaient du côté des Insurgés après avoir flirté d’une manière ou d’une autre avec la magie noire, il y en avait. Rogue, Lucrezia, Greengrass, Zabini… aucun n’était fiable. C’était des serpentards. Roublards. Ils étaient tous là pour obtenir quelque chose, pas par conviction. Aucun ne se battait réellement pour des Idéaux. Aucun n’était là par bonté d’âme ou par sacrifice.
Par amour certes.
C’était bien joli.
Rogue voulait se racheter auprès d’une morte, Lucrezia voulait son frère, Zabini voulait sa sœur… Daphné était sans doute l’énigme mais il ne la connaissait pas tant que ça après tout et elle était repartie parmi eux n’est-ce pas ?
Plusieurs jours puis nuits, Ron retourna la scène dans sa tête. Il la regardait se lever le matin, aller prendre son bain, parfois partait bien avant elle pour ne pas avoir à trop lui parler. Les discussions étaient syllabiques, l’atmosphère pesante et les regards fuyants. Il lui en voulait d’être une Carrow. D’être un pur produit de la propagande du ministère. Pour chaque brique du bâtiment abritant le ministre et Voldemort, le sang avait coulé. Des hommes, des femmes, des enfants, avaient travaillé, hurlé, donné leurs âmes…
Tiens ta position Ron.
L’argument volait en éclat aux premières larmes de Sue. Ce n’était pas à la jeune femme qu’il en voulait, c’était à lui-même. Il aurait dû faire la seule chose faisable en cet instant : la ramener au Camp, voir si elle pouvait servir de monnaie d’échange avec les Carrow. Il y avait pas mal de prisonniers politiques qui avaient été réduits au statut de rebut, peut-être en sauver un ou deux… des informations. Elle aurait pu le livrer aussi, des quantités de fois et ne l’avait pas fait. Par gratitude évidement. Et il avait fait une promesse. Et c’était elle qui les avait mis dans cette situation. Elle et son nom. Et s’il n’était pas aussi mélodramatique -s’il n’était pas aussi Gryffondor- il balayerait tout ça d’un revers de manche.
Fuck it.
Ron avait beau s’exhorter à ne pas en faire une maladie, il n’en menait pas large. Il était inutile de réfléchir à ce qu’il allait faire : il la ramènerait gentiment chez elle et oublierait. Comme elle comptait probablement le faire. Surement. Oui.
Ou non.
En rentrant sous la tente, il sut immédiatement qu’elle allait lui parler. Expliquer. C’était limpide dans l’éclat de son regard, à la façon dont son visage se contractait. Très bien. Ça le changerait d’Hermione qui l’évitait dès que quelque chose n’allait pas.
« Je ne veux pas être une Carrow… je n’ai jamais eu à l’être réellement… (…) »
Ron lui offrit son dos, les poings sur la table, l’écoutant religieusement. Il cilla à la mention d’Ulysse, à la haine visible. C’était un concept étrange pour lui que d’haïr sa famille. Même Percy il n’avait jamais réussi. Il l’avait détesté avec l’envie de lui coller son poing dans la figure mais c’était son frère et il n’avait eu qu’un moment d’égarement. Des vices comme l’envie d’avoir une vie meilleure, de connaitre le luxe…l’arrogance. Des choses que Ron pouvait comprendre facilement.
Le rouquin se retourna lorsqu’elle se releva à son tour, la toisant sans un mot encore.
« Mon géniteur ne viendra pas me chercher ici, pas plus que les autres Carrow. Je ne suis rien pour eux. Rien. Même, que tu veux la vérité, Ronald ? »
Pendant un court instant, il fut tenté de secouer négativement la tête. La vérité ? fuck it aussi. Rien à foutre.
« Mais je t’en prie, si je peux t’être utile, si je peux être monnayé d’une quelconque façon et t’aider, toi et les tiens, alors fait le. Ligote-moi et enferme-moi dans une cage. »
Il avala sa salive. Si les regards pouvaient être des kalachnikov, Sue aurait terminé au sol en cet instant et il était heureux qu’elle soit à baisser son ravissant visage. Il n’avait rien en commun avec tous ces gens qui utilisaient des rebuts. Rien. Ni même avec ces membres de la Brigade Magique qui torturait dans les sous-sols du ministère. C’est ça qu’elle pensait de lui ? Ron se renfrogna. Evidemment. Force était de constater, c’est ce que certains insurgés faisaient. La guerre était sale des deux côtés. Elle avait le bout du nez et les pommettes qui rosissaient quand elle pleurait. Il avait eu le temps de remarquer ça maintenant. Comme la façon dont elle tricotait des doigts lorsqu’elle était nerveuse. Il eut un soupir et s’approcha, écartant des deux mains les cheveux sombres, prenant son visage comme dans un écrin, effaçant des doigts les larmes qui coulaient.
Il n’accepterait jamais qu’elle soit une Carrow.
Mais elle restait Sue. Et ici, avec lui, c’était ce qu’elle était.
« Ne donne jamais à quelqu’un d’autre le pouvoir sur ta personne Sue. » Ginny l’avait fait en seconde année avec Tom Jedusor et cela avait servi de leçon. « Ni à moi, ni à personne. Tu décides seule de ce qui doit être en ce qui te concernes. Ok ? »
Cela ne faisait pas avancer la discussion. Cela ne changeait rien. Toutes les explications du monde ne pouvaient défaire ce qui était ancré dans le temps. Qu’elle le veuille ou pas. Sirius non plus ne voulait pas être un Black... Ron inspira avant de venir poser un long baiser sur le front de la jeune femme. Elle lui brisait le cœur. Dumbledore avait dit… Bill avait dit… Harry disait… Mais les préjugés demeuraient chez Ron. Ancrés. Vissés à l’âme comme l’était celui des sangs impurs chez les mangemorts.
« Ça ira Sue. »
Il ferma les yeux avant de les rouvrir en plantant son regard dans le sien. Un accord tacite. Ce qui était à eux était à eux. C’était égoïste en soi, et typique du rouquin quelque part. Facile de venir dire "ça ira" et ensuite de se délester des conséquences. Surtout avec elle. Mais il ne cherchait pas la contrepartie ni les explications. Il n’avait pas mentit en lui disant qu’il ne voulait pas savoir. Il refusait de lui poser des questions sur son père, sur sa famille, sur son job au ministère qu’il devinait sombre finalement, sur ses convictions.
D’interrogatoire, il n'y en aurait pas. La fin de leur planque signifiait la fin. Tout court. Un creux dans la poitrine. Il n'y arrivait pas. Il ne se projetait dans l’avenir depuis un moment –sauf pour des rêves qui n’étaient que ça : des rêves lointains et inatteignables- mais tout prenait une consistance particulière ici.
« Allons-nous coucher. » Il détacha ses mains et vint prendre silencieusement place près d’elle.
When the days go by but the darkness lingers longer and before you know it life is one long night. But when I close my eyes, I see you stand before me and if you take my hand, I'll leave it all behind.
There was a time when… that wouldn’t have meant anything to me, but… now it does. "
Il n’avait jamais eu le gout des pleurs. Au début c’était parce qu’il ne savait pas quoi en faire, puis, étrangement, ce fut parce qu’il se rendit compte qu’il les tolérait moins. L’idée était toujours la même. Ils pleureront après. Leur jeunesse, leur liberté, leurs morts. Ils feraient ça quand ce serait terminé, quand la guerre serait gagnée, quand ils auraient le temps.
Pleurer était un luxe.
D’un point de vue extérieur, Ron ne semblait pas avoir beaucoup changé du petit garçon qu’il était. Courageux, irascible, drôle bien qu’un peu sarcastique, tendre et volontiers bougon. Tout ça avait perduré chez le benjamin des Weasley, s’était même creusé dans ses veines. Mais tout s’était durci. Le courage était teinté d’entêtement, l’irascibilité était bien plus glacé, le sarcasme avait parfois des accents cruels, la tendresse ne se motivait que par la justice. On payait le prix de ne pas pouvoir pleurer, de ne pas en avoir le temps, comme ça. Par une dignification de son sang jusqu’à ce qu’elle vienne se nicher dans les glandes lacrymales.
Il avait beau sentir les doigts tremblant s’accrocher au pull, sentir son souffle et se coller à lui, son état d'esprit ne bougea pas. Son prénom roula sur sa langue et il se surpris à penser qu'il aurait aimé en faire de même.
C’était ça la vérité.
Cru et terrifiante.
L’arrogance extrême d’être certain de savoir comment lui effacer ses larmes et gommer sa tristesse. Ron avait envie de la serrer fort contre lui et de la sentir impatiente, qu’elle dessine de ses doigts délicats le relief de ses muscles qui affleuraient sous le t-shirt bon marché. Que leurs baisers soient tendres et violents, avides, comme s’ils étaient le seul échappatoire. Comme si le corps-à-corps était le moyen d’exprimer toute la révolte et la passion, toute la rage et le désespoir dont, un instant plus tôt, ils étaient silencieusement dévorés.
« Tu es en guerre… utilise moi… je t’en donne la permission. Laisse-moi t’apporter quelque chose »
Elle ne savait pas ce qu'elle disait. Ron était entier. C'était tout ou rien avec lui.
Tout. Ou rien.
« Sssshhhhhhh »
L’image d’Hermione vint s’imprimer sur ses paupières. Il avait l’impression de la tromper.
Tromper ?
Il n’était pas avec. Elle y avait mis fin il y a de cela des mois maintenant. Elle avait été parfaitement claire qu’elle ne le supportait plus puis pour d’autres choses. Pour Harry. Pour la guerre. Cela semblait stupide maintenant de justement vouloir embrasser une…
« Si j’avais été autre chose qu’une Carrow… je t’aurais suivis… »
Si.
Il remonta sa main le long du dos de Sue, caressant dans un rythme régulier pour la calmer. L’étreinte se fit plus pressante du côté de Susanna et l’air froid qui glissait sous les replis de la tente chatouillèrent les corps. Tellement agréable. Dangereusement réconfortant. Qu’est-ce qui l’en empêchait après tout ? il était libre. Certes c’était une serpentarde mais sa propre cousine en était une aussi. Ok elle était fille d’un mangemort et…
Il la tint contre lui, serrés. Il n’y avait aucun obstacle concret ici à leur désir, seulement la voluptueuse résistance des vêtements qu’ils pourraient se retirer mutuellement. L’air froid, la toile rêche du matelas et les montants en fer d’un lit trop étroit ne faisait qu’accroitre la proximité et la chaleur qu’elle dégageait. Il replia son autre bras autour d’elle, se tournant légèrement face à elle.
Il n’y aurait rien de plus.
Il fallait qu’elle parte, rejoindre les siens. On n’était pas dans une pièce de Shakespeare et sincèrement il portait mal le collant. « Ssssssshhhhh » Il la serra contre lui, l’étreinte désordonné avait l’allure d’une prise de combat, un combat où il n’y aurait ni vainqueur ni vaincu et dont le but ultime était de ne plus former qu’un seul corps, dressés contre la violence d’une guerre qui embrasait le monde extérieur.
Il ne la reverrait pas. Il pouvait bien l’étreindre maintenant, toute Carrow qu’elle était. Il ne la reverrait plus une fois qu’elle rentrerait chez elle. Il le lui glissa à l’oreille en un murmure avant de fermer les yeux, la berçant dans ses bras, et finissant par tomber dans un sommeil agité.
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