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sujet; Everything that's broke {Rosanna}
MessageSujet: Everything that's broke {Rosanna}   Everything that's broke {Rosanna} EmptyDim 7 Juin 2015 - 7:34

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When the days go by but the darkness lingers longer and before you know it life is one long night. But when I close my eyes, I see you stand before me and if you take my hand, I'll leave it all behind.
You don't know me but I want you to



Depuis combien de temps est-ce que tu es là, assise sur le canapé, à la lueur des bougies ? Tu ne sais plus, mais tu as l’impression que tu ne fais que ça depuis que tu as tout avoué à Ron. Attendre. Être une Carrow n’a jamais été une partie de plaisir pour toi, jamais. Pas quand tu étais petite, que ton père n’avait rien à faire de toi. Pas quand tu es entré à Poudlard, en tant que sœur d’un garçon ne daignant pas même te regarder. Pas quand tu as grandis, que tu es devenue la fille ainée à échanger. Et pas même quand on t’a détruite, pour te sauver et ensuite te résumer à ce nom dans la bouche de Ronald : Carrow. Il ne te colle pas à la peau, il ne te va pas. Il ne t’ira jamais. Trop saignant, trop cruel, trop tout ce que tu as toujours cherché à ne pas être. Sauf une fois. Celle que tu retournes sans arrêt dans ton esprit, assise là, un vieil édredon échoué autour de ta taille. Depuis ton aveu, les jours se ressemblent tous. Bain matinal, alors que Ron fait mine de dormir, alors qu’il te guette en réalité. Pas assez près pour pouvoir détailler ton corps, mais pas assez loin pour ne pas savoir que tu te baignes nue tous les matins. Puis, s’en suis une rapide cueillette de ce que tu trouves dans un rayon de huit mètres, la tête rousse ne te quittant pas. Mais jamais son regard ne s’attarde plus de quelques secondes sur le tien. Jamais. Et pour ça, ton cœur s’alourdis un peu plus. Comme le silence qui pèse dorénavant sur vous. Plus de chanson. Plus de réplique taquine. Plus de main t’effleurant, pour t’aider, pour te couvrir, des touchers papillons, maladroit mais jamais persistant. Comme si tu étais de feu. Parce que tu es devenue de glace. Tu n’es plus qu’une Carrow. Tu essais de garder cette information en tête, mais c’est difficile. Tu ne veux pas être la fille de Lazarus. Pas plus qu’autrefois. Jamais même. Et assise là, la lueur des bougies jouant sur ton visage et ton épaule droite, qui émerge du col de la chemise que tu n’as pas boutonné jusqu’en haut, tu te grignotes les lèvres à en avoir mal. Trois jours déjà. Non, quatre. Ce soir, c’est le quatrième soir qu’il ne t’adresse pas la parole, sauf pour l’essentiel : par-là, reste ici, va dans la tente, mange, oui, non, dors.

C’en est assez. Il a eu assez de temps pour se calmer, n’est-ce pas ? Il le faut. Tu as été obéissante. Tu as été calme. Tu t’es tût, tu as baissé la tête, tu ne l’as pas regardé droit dans les yeux, tu ne lui as pas parlé sauf s’il le fallait. Mais là, alors qu’il range ses affaires, tu te lances. « Je ne veux pas être une Carrow… je n’ai jamais eu à l’être réellement… quand j’étais petite, Lazarus a ramené un bébé avec lui : Beatrix. C’est elle, sa fille. Pas moi. Plus depuis mes trois ans. Parce qu’il avait une meilleure arme, parce qu’il avait plus utile, plus joli, à couver. » Tu ne le regardes pas, tu fixes tes mains, que tu tords doucement ensemble. Tu bats lentement des cils, ta voix est douce, quoi que trainante. Navrée. Tu ne sais pas bien pourquoi tu lui dis tout ça. Tu ne sais pas à quoi cela peut vous servir, mais tu le fais. Sagement. Docilement. En tentant de te persuader que même s’il ne t’écoute pas, ce n’est pas grave. Pourtant ce l’est. « Ma mère à tenter de se débarrasser de Beatrix lorsqu’elle avait trois ans… j’en avais cinq. Elle a laissé la porte de sa chambre ouverte, au début de l’été, en espérant que sa mère la vélane l’appellerait à elle… » tu fermes lentement les yeux et souffle délicatement la suite : « ça n’a pas fonctionné, son père l’a sauvé avant qu’elle ne disparaisse dans les bois. Alors il a menacé ma mère de nous tuer, moi et … » Tu butes sur le nom de ton frère, ta bouche tremble alors que la haine envenime ton sang. Ton cœur. « Son fils » tu crache le nom avec haine, avec douleur même, mais tu t’empresses de continuer. Comme s’il t’écoutait réellement. Comme si tes histoires l’intéressaient. « Si elle osait tenter quoi que ce soit mettant en danger la vie de sa fille, il nous ferait tuer, nous sa descendance légitime. Lazarus n’a jamais eu d’intérêt réel pour moi… ou pour lui. Pas avant d’en faire le gardien de Beatrix, son jouet… » Tu soupires, redresses enfin les yeux et suis les lignes dessinés sur ton édredon, du bout des doigts et du regard.

« Je déteste Lazarus… je le hais. Lui et son fils. Lui et ses plans. Lui et ses grands idéaux. Je ne veux pas lui ressembler, je ne veux pas qu’il soit fier de moi, je ne veux rien qui vienne de lui… » Enfin, tu daignes redresser les yeux de sur ce qui t’entoure et le regarder lui. Jolie flamme planté au milieu de votre abri, debout dans la tente, son regard passant enfin sur toi. Assez longtemps pour te donner le courage d’aller au bout de ton idée. « Je n’ai jamais demandé, ni désiré, être une Carrow. J’ai tout fait au courant de ma vie pour me séparer de ce nom. Tout. » C’est à ton tour de te redresser. Une partie de tes cheveux retombe sur ton visage, dissimulant une moitié, la faisant sombrer dans l’obscurité. Là, tu te transformes en autre chose. Pas entièrement faible, pas totalement une victime, tu n’es finalement qu’une illusion de femme. Un vestige du passé ayant trouvé sa place jusque sous cette fameuse tente. Les jambes nues sous la chemise trop grande, les cheveux trop sombre autour d’un visage trop pâle. Tu ne souris plus depuis trois jours. Tu bois à peine. Tu ne manges pratiquement plus. Sauf quand il l’ordonne et encore. Avec effort. « Je ne veux pas redevenir une Carrow. Pas après tous mes efforts, pas après avoir ravalé tout ce qui lui ressemble et qui vit en moi. » Tu te mords la lèvre inférieur, alors que l’une de tes mains passe contre ton ventre, pour se cramponner à tes côtes, tes ongles plongeant dans ta chaire. C’est une sale manie que tu as pris à la mort de Julian. Ta mère déteste ça, mais elle n’est pas là pour voir. Elle n’est pas là pour juger ton estomac, décoré de demi-lune, de chaque côté. De plus en plus depuis trois jour. Quand tu as mal, ton corps exige de le ressentir. Tu ne te sens pas la force de le lui refuser. Et là, les yeux brillant de frustration, tu plisses les yeux et redresse le menton. En direction de ton sauveur. Peut-être que Weasley a changé d’avis à ton sujet, mais pas toi. « Mon géniteur ne viendra pas me chercher ici, pas plus que les autres Carrow. Je ne suis rien pour eux. Rien. Même, que tu veux la vérité, Ronald ? » Oui, vous n’en êtes plus au surnom. Mais tu n’oses pas lui offrir le même traitement que toi, il est plus qu’un Weasley, qui n’est pas même une insulte. Plus maintenant. Pas après tout ce qu’il a fait pour toi. Et là, debout dans la tente, tu le défie presque du regard. « Je ne suis pas davantage Slughorn… pas vraiment. Il n’y a que ma mère et mon cousin, peut-être ma tante, qui doit s’inquiéter de ma disparition. » Ton sourire est sans joie. Brisé. Triste au possible. Peut-être que les Weasley sont des insurgés, peut-être qu’il ne fait pas bon porter leurs noms, ils ont au moins la chance d’être soudé. D’être aimé.

Tu baisses finalement les yeux, t’humectant les lèvres, pour enfoncer tes doigts plus fort dans ton ventre, tirant un peu sur la chemise, avant de te décider et d’avancer jusqu’à lui, les poignets tendus devant toi. Bien décidé. « Mais je t’en prie, si je peux t’être utile, si je peux être monnayé d’une quelconque façon et t’aider, toi et les tiens, alors fait le. Ligote-moi et enferme-moi dans une cage. » Quitte à ne pas être utile, quitte à attendre le pire, à rêver d’un meilleur qui ne reviendra plus, tu préfères en terminer. Tu serres tes poignets ensemble, les doigts tendus, le menton redressé, le visage encore dévoré par ton rideau de cheveux. « Je t’en prie Ronald… tu es en guerre. Moi pas. Je ne suis jamais qu’une erreur de jugement de ta part. Un hasard, une mauvaise pioche. » Tu détourne le regard, incapable de le regarder dans les yeux alors que tu souffles la suite, avec quelque chose de douloureux, avec de la tristesse dans la voix : « J’ai vu la façon dont tu me regardes maintenant, je préfères encore être torturé ou être utilisé comme une monnaie d’échange, que de t’entendre m’appeler Carrow une fois de plus. Tu m’as sauvé alors que je n’espérais que la mort… je ne veux pas regretter ce que tu m’as offert. Je ne veux pas le gaspiller. Rend ton sauvetage utile… » Tu souffles la suite tout bas, toute fierté envolée, toute rage ou frustration t’abandonnant. « Utilise-moi, permet moi de te remercier… tu es quelqu’un de bien Ronald. Je n’y peux rien si tu me détestes, pas plus que je ne peux changer mon nom, quand bien même j’aimerais changer ses deux facteurs. » Tu inspires lentement, puis souffle ta réponse en même temps que ton air : « Je suis une Carrow… fait ce qu’il faut. »
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 Drown your secrets.

Five inches under skin.

"

Ron Weasley, sixième du nom, marchait sans but le long de l’étang. La forêt était vide, et ce vide se prolongeait jusque dans ses pensées. Pour un agent opérationnel, traverser Daeva était toujours compliqué, pour un indésirable, il fallait faire attention. Toujours faire attention. A qui tu parles, à embrasser Hermione que quand on est seuls, ne pas mentionner Georges quand Fred est dans le secteur, ne pas brusquer les belliqueux, ne pas sortir sans capuche, prendre son polynectar, faire gaffe aux bruits de transplanage, ne faire confiance à personne etc etc…

Fuck it.

Le souvenir d’il y a quelques jours le rongeait. La légèreté des rapports que Sue et lui avait entretenu avait été engloutie –disparue, statut, position inconnue-. Il n’admettait pas.
Le mensonge, il le comprenait. Elle avait eu peur, elle avait cru bon et plus intelligent de mettre en avant un autre sang. Il ne lui en voulait pas pour lui avoir mentit. C’était ça le pire en définitive. Il aurait fait la même chose. Harry lui avait raconté une fois qu’il avait donné le nom de Neville à la place du sien.

La fin justifiait les moyens. Et la première nuit où il était resté dehors à contempler les étoiles et à jouer avec son déluminateur, il avait déjà compris que ce n’était pas ça le souci.

Il était rentré au camp. Parler avec Harry, peut-être même avec Hermione… sauf que les deux étaient en mission et lui-même en avait une . Tant pis. Ce n’était pas si grave. Ce n’était pas si terrifiant que d’abriter l’héritière d’une famille pourrie. Il y avait bien un fils -il avait fini par se renseigner rapidement- mais ça avait l’air d’être un joli connard. Avec un peu de chance ce serait quelqu’un qui ne survivrait pas à cette guerre.
Le visage de Ron s’allongea. Voilà où on en était. A souhaiter la mort de ceux qui constituait la famille des gens qu’on voulait protéger. C’était absurde. De quoi éviter de croiser le regard de Sue pendant tous ces jours. De quoi contempler avec ironie les sacrifices à faire à l’avenir.

Des serpentards au sang-pur qui venaient du côté des Insurgés après avoir flirté d’une manière ou d’une autre avec la magie noire, il y en avait. Rogue, Lucrezia, Greengrass, Zabini… aucun n’était fiable. C’était des serpentards. Roublards. Ils étaient tous là pour obtenir quelque chose, pas par conviction. Aucun ne se battait réellement pour des Idéaux. Aucun n’était là par bonté d’âme ou par sacrifice.

Par amour certes.

C’était bien joli.

Rogue voulait se racheter auprès d’une morte, Lucrezia voulait son frère, Zabini voulait sa sœur… Daphné était sans doute l’énigme mais il ne la connaissait pas tant que ça après tout et elle était repartie parmi eux n’est-ce pas ?

Plusieurs jours puis nuits, Ron retourna la scène dans sa tête. Il la regardait se lever le matin, aller prendre son bain, parfois partait bien avant elle pour ne pas avoir à trop lui parler. Les discussions étaient syllabiques, l’atmosphère pesante et les regards fuyants.
Il lui en voulait d’être une Carrow. D’être un pur produit de la propagande du ministère. Pour chaque brique du bâtiment abritant le ministre et Voldemort, le sang avait coulé. Des hommes, des femmes, des enfants, avaient travaillé, hurlé, donné leurs âmes…

Tiens ta position Ron.

L’argument volait en éclat aux premières larmes de Sue. Ce n’était pas à la jeune femme qu’il en voulait, c’était à lui-même. Il aurait dû faire la seule chose faisable en cet instant : la ramener au Camp, voir si elle pouvait servir de monnaie d’échange avec les Carrow. Il y avait pas mal de prisonniers politiques qui avaient été réduits au statut de rebut, peut-être en sauver un ou deux… des informations.
Elle aurait pu le livrer aussi, des quantités de fois et ne l’avait pas fait. Par gratitude évidement. Et il avait fait une promesse. Et c’était elle qui les avait mis dans cette situation. Elle et son nom. Et s’il n’était pas aussi mélodramatique -s’il n’était pas aussi Gryffondor- il balayerait tout ça d’un revers de manche.

Fuck it.

Ron avait beau s’exhorter à ne pas en faire une maladie, il n’en menait pas large. Il était inutile de réfléchir à ce qu’il allait faire : il la ramènerait gentiment chez elle et oublierait. Comme elle comptait probablement le faire. Surement. Oui.

Ou non.

En rentrant sous la tente, il sut immédiatement qu’elle allait lui parler. Expliquer.  C’était limpide dans l’éclat de son regard, à la façon dont son visage se contractait. Très bien. Ça le changerait d’Hermione qui l’évitait dès que quelque chose n’allait pas.

« Je ne veux pas être une Carrow… je n’ai jamais eu à l’être réellement… (…) »

Ron lui offrit son dos, les poings sur la table, l’écoutant religieusement. Il cilla à la mention d’Ulysse, à la haine visible. C’était un concept étrange pour lui que d’haïr sa famille. Même Percy il n’avait jamais réussi. Il l’avait détesté avec l’envie de lui coller son poing dans la figure mais c’était son frère et il n’avait eu qu’un moment d’égarement. Des vices comme l’envie d’avoir une vie meilleure, de connaitre le luxe…l’arrogance. Des choses que Ron pouvait comprendre facilement.

Le rouquin se retourna lorsqu’elle se releva à son tour, la toisant sans un mot encore.

« Mon géniteur ne viendra pas me chercher ici, pas plus que les autres Carrow. Je ne suis rien pour eux. Rien. Même, que tu veux la vérité, Ronald ? »

Pendant un court instant, il fut tenté de secouer négativement la tête. La vérité ? fuck it aussi. Rien à foutre.

« Mais je t’en prie, si je peux t’être utile, si je peux être monnayé d’une quelconque façon et t’aider, toi et les tiens, alors fait le. Ligote-moi et enferme-moi dans une cage. »

Il avala sa salive. Si les regards pouvaient être des kalachnikov, Sue aurait terminé au sol en cet instant et il était heureux qu’elle soit à baisser son ravissant visage.  Il n’avait rien en commun avec tous ces gens qui utilisaient des rebuts. Rien. Ni même avec ces membres de la Brigade Magique qui torturait dans les sous-sols du ministère. C’est ça qu’elle pensait de lui ? Ron se renfrogna. Evidemment. Force était de constater, c’est ce que certains insurgés faisaient. La guerre était sale des deux côtés.
Elle avait le bout du nez et les pommettes qui rosissaient quand elle pleurait. Il avait eu le temps de remarquer ça maintenant. Comme la façon dont elle tricotait des doigts lorsqu’elle était nerveuse. Il eut un soupir et s’approcha, écartant des deux mains les cheveux sombres, prenant son visage comme dans un écrin, effaçant des doigts les larmes qui coulaient.

Il n’accepterait jamais qu’elle soit une Carrow.

Mais elle restait Sue. Et ici, avec lui, c’était ce qu’elle était.

« Ne donne jamais à quelqu’un d’autre le pouvoir sur ta personne Sue. » Ginny l’avait fait en seconde année avec Tom Jedusor et cela avait servi de leçon. « Ni à moi, ni à personne. Tu décides seule de ce qui doit être en ce qui te concernes. Ok ? »

Cela ne faisait pas avancer la discussion. Cela ne changeait rien. Toutes les explications du monde ne pouvaient défaire ce qui était ancré dans le temps.  Qu’elle le veuille ou pas. Sirius non plus ne voulait pas être un Black...
Ron inspira avant de venir poser un long baiser sur le front de la jeune femme. Elle lui brisait le cœur.
Dumbledore avait dit… Bill avait dit… Harry disait… Mais les préjugés demeuraient chez Ron. Ancrés. Vissés à l’âme comme l’était celui des sangs impurs chez les mangemorts.

« Ça ira Sue. »

Il ferma les yeux avant de les rouvrir en plantant son regard dans le sien. Un accord tacite. Ce qui était à eux était à eux. C’était égoïste en soi, et typique du rouquin quelque part. Facile de venir dire "ça ira" et ensuite de se délester des conséquences. Surtout avec elle. Mais il ne cherchait pas la contrepartie ni les explications. Il n’avait pas mentit en lui disant qu’il ne voulait pas savoir. Il refusait de lui poser des questions sur son père, sur sa famille, sur son job au ministère qu’il devinait sombre finalement, sur ses convictions.

D’interrogatoire, il n'y en aurait pas. La fin de leur planque signifiait la fin. Tout court. Un creux dans la poitrine. Il n'y arrivait pas. Il ne se projetait dans l’avenir depuis un moment –sauf pour des rêves qui n’étaient que ça : des rêves lointains et inatteignables- mais tout prenait une consistance particulière ici.

« Allons-nous coucher. » Il détacha ses mains et vint prendre silencieusement place près d’elle.

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Tu n’as jamais fait la guerre, pas ouvertement. Tu n’es pas plus amazone qu’homme, pas encore, pas vraiment. Et pourtant, tu as toujours connu la tension dans l’air, l’attente du pire à venir, l’idée que le malheur te tomberait dessus à un moment ou un autre. Pareille à Ronald en cet instant, à ce moment de sa vie, tu as grandis entourée d’ennemis. Prêt à te rejeter et à t’humilier à tout moment, à te faire chuter au croisement d’un couloir, à t’empoisonner lors du petit déjeuner ou à te prendre la seule chose ayant un jour sût te rendre heureuse. Une sécurité qui n’en était pas une. Pas vraiment. Ton cœur, plus que ton corps, porte encore toutes ses marques dont on ne guéris jamais entièrement, mais qui permettent d’ouvrir les yeux plus grand. À en avoir mal. À en avoir peur, parfois. Mais le danger n’a-t-il pas toujours parcouru ton existence ? Un peu plus fort il y a quelques semaines, et même ça, cet enfer, tu l’as traversé. Tu y as survécu. Ça doit avoir un sens, il le faut et tu ne vois pas mieux que tes poignets tendus, à lier, pour l’illustrer. Pour faire honneur à ce qu’on t’a offert. Parce qu’au fond, que Ronald te ramène gentiment chez toi ou t’échange pour quelqu’un, le résultat sera le même : tu retournes en enfer. Mais au moins cesseras-tu d’avoir l’impression de te trouver tout près du paradis, trop près, à quelques pas, à un nom près. Peut-être que cette tente est une autre sorte d’enfer, le revers de la médaille, une douceur inatteignable, refusée. Encore. Une fois de plus. Parce que tu n’as pas le bon nom, parce que tu n’es pas la bonne fille.

Tu retiens ton souffle dans l’attente, pas parce que tu as peur, mais parce que tu veux être forte. Parce que tu as suffisamment pleuré. Parce que tu es pratiquement certaine que même avec un nom tel que le tien, Carrow, le rouquin pourrait avoir pitié de toi. Or, tu ne souhaites pas le rendre faible, tu ne veux pas que ton nom, que sa malédiction, lui fasse plus de mal. Qu’il détruise un peu plus cette vision qu’il a de lui. Parce qu’à tes yeux, il n’a rien à voir avec le sous-fifre qu’il croit être, rien du héros de rechange, tout juste bon à seconder et à grignoter les miettes des compliments jetés sur les siens. Mais même ça, tu n’es plus autorisé à le dire. À le penser tout haut. Pour son bien. Et quand il soupire enfin, tu écartes lentement les lèvres en fermant les yeux plus forts. Pourvu qu’il te pardonne un jour, ton nom, ta présence, d’être tombée là, sur son chemin. Mais plutôt que de te passer une corde autour des poignets, ou Morgana seule sait quoi d’autre pour t’octroyer le statut de prisonnière, ses mains glissent contre toi. Il écarte tes cheveux de ton visage avec quelque chose de terriblement délicat. D’attentionné et tu te mords la lèvre. Tu refuses d’ouvrir les yeux, mais ses mains calleuses, sa peau rêche mais brulante contre la tienne, s’emparent tout aussi gentiment de ton visage. Plus que la situation dans laquelle vous vous trouvez par ta faute, par tes mensonges, c’est son geste, sa façon de te manier avec tant de douceur, qui t’arrache quelques larmes. Tu ne veux pas que ce soit lui qui te touche de cette manière, pas après la façon dont il t’a regardé quand il a su. Pas quand tu es une Carrow. Le diable à ses yeux. Tout ce pourquoi il se bat et Ronald est un véritable guerrier, tu le sais. Il n’a pas le droit de te manier ainsi. C’est interdit. C’est mal. Il ne devrait pas même te toucher, parce que tu sais quelque part, qu’il ne te fera jamais le moindre mal, parce qu’ici, auprès de lui, tu as appris ce que c’était que de vivre sans avoir à être sur tes gardes en permanence. Parce qu’avant d’être la Carrow, tu as été Sue. Juste Sue, sa protégée.

Et alors que tu ouvres les yeux, tu arrives presque à oublier que tes poignets sont toujours pressés ensemble et que tu n’attends plus aucune douceur de sa part. Aucune attention. Aucune démonstration chaleureuse. Pas un sourire. Pas une blague. Pas même un regard. Et pourtant, il est là, devant toi, les yeux d’une couleur trop vibrante, le regard trop intense. Il est pareil à une flamme, à une lueur d’espoir. Il t’illumine alors que tu te fais l’impression de vouloir disparaitre dans un coin sombre de la tente. C’est mal Susanna, tellement mal. Ce doit être ce que ressentes les papillons de nuit face à une flamme. Tes mains se joignent, coincées entre vous, en pleine hésitation face à sa proximité. Tremblantes. Comme ton regard. Comme ton vain espoir. Comme ton cœur. Et le sien ? Non, tu n’as pas à y songer. Tu n’as pas le droit de même l’évoquer. « Ne donne jamais à quelqu’un d’autre le pouvoir sur ta personne Sue. » Tu ne sais pas quoi faire de son conseil, tu ne sais que battre des cils. Perdue. Entre ce que tu lui offres, ce que tu peux valoir et une décision bien différente qu’il semble préférer. « Ni à moi, ni à personne. Tu décides seule de ce qui doit être en ce qui te concernes. Ok ? » Ton cœur se gonfle douloureusement sous ses paroles. Ronald n’est peut-être pas le meilleur sorcier qui soit, du moins le croit-il, ses mots n’en sont pas moins terriblement efficaces. Plus magiques que tous les sorts que ne pourront jamais cracher sa baguette, plus poétiques que les sonnets récités par ton premier amour, en toute intimité. Tu sens les larmes couler à nouveau, pour mourir sous ses pouces, une vague de chaleur coulant sur toi, de par sa peau, de par son regard. De par ses mots. Parce qu’il n’est pas qu’une lueur d’espoir, pas qu’un rayon de lumière, il est la source même à tes yeux, à ce moment précis. Alors tes doigts tremblent jusque contre son pull, s’y accrochent finalement timidement, alors que tu souffles ta terrible vérité : « C’est ce que j’ai fait… c’est ce que je t’offre. » De ton plein gré, de bon cœur que dirait certain. Tu es prête à te sacrifier. Pour lui. Pas seulement par dévotion face à cet homme ayant osé te secourir et daignant encore aujourd’hui, alors que ton nom le rebute tant, te consoler. Non, pas seulement. Mais aussi parce que c’est ce qui est juste. Parce que sa cause n’a pas l’égoïsme de la tienne, la hargne qui détruit parfois la raison, qui font commettre des erreurs et qui méritent des punitions terribles. Ronald n’est pas là par caprice, ni par soif de quoi que ce soit, sinon de justice, sinon d’équité. C’est un homme bien. Ce n’est pas un Carrow, ni un Malfoy, ni un Burke ou un Black.

Seulement, c’est justement ce qui l’empêche de te ligoter les mains. C’est ce qui le rend faible quelque part. Ce qui le rend encore plus merveilleux, plus précieux. Pareil à ce baiser qu’il dépose sur ton front, qu’il fait peser plus longtemps que nécessaire. Qui te réchauffe tout l’intérieur, bien plus efficacement qu’aucune soupe ou couverture ne le feront jamais. Presque autant que ses bras, que ses mains autour de ton visage, encore rose de tant de larme. Tes doigts tricotent son pull, remontent lentement, hésitant. Tu dois cesser de pleurer, tu dois lui faire entendre raison. Mais qui, de vous deux, est le plus réfléchis ? Autrefois, tu te serais désigné sans aucune honte, mais tu n’es plus la même. Les bois t’ont changée. Ta presque mort t’as transformé et Ronald, tout autant. Surement plus encore. « Ça ira Sue. » Sa voix est si apaisante, si chaude. Tu as envie de la croire, d’acquiescer, mais la vérité c’est que ça n’a jamais été hein Susanna ? Que ça n’ira peut-être même jamais. Ni pour toi, ni pour lui. Mais tu veux y croire, voilà bien le pouvoir du fils Weasley, celui d’inspirer de l’espoir, du courage, des désirs nobles. Ou presque. Parce que dès qu’il abandonne ton front et que tu sens son regard te vriller le visage, dès que tu ouvres lentement les yeux pour lui rendre son regard, tu sais qu’il n’y a pas que de la noblesse dans ton ventre. Parce qu’au fond, tu as toujours été faible, le produit de ton temps, d’une mentalité déplacé. D’un moule duquel on t’a fait émergée, un peu abimée, pas entièrement terminée, un côté plus écorché que l’autre. Tant pis. Tant mieux. Ici, ta différence n’est pas un handicap, pas avec Ron, parce qu’il redevient Ron et plus Ronald, ce qui suffit à t’arracher un frémissement des lèvres. Pas encore un sourire, mais bien mieux qu’un pli douloureux.

Le charme est presque rompu par sa nouvelle annonce : « Allons-nous coucher. » Par l’abandon de ses mains. Par sa chaleur qui s’évapore, mais tu es invité à t’assoir, toi aussi, sur son lit. Sur ce qui a été « votre lit » pendant un long moment, le meilleur, celui qui n’aurait jamais cessé si tu n’étais pas une ennemie. Retrouver son confort, somme toute sommaire pourtant, suffit à te réconforter à nouveau. Tes pieds s’enfoncent presque langoureusement sous l’édredon, avec délice oui. Qu’importe si tu sens les bosses du matelas, il te semble divin comparé au canapé trop dur. Mais plus que le confort du dit matelas, c’est Ron que tu guettes, son corps qui s’allonge près du tien. Et à la fois loin. Une distance acceptable, convenable, si ce n’était de ta main qui rampe jusqu’à lui. De tes doigts qui s’accroche à sa manche. Timidement. Presque à regret. Parce que tu t’es convaincu que tu ne devais plus le toucher, parce que même ses mots n’arrivent pas à gommer entièrement tes résolutions antérieures. Là, ton corps glisse plus près de lui et ton nez s’enfonce lentement contre son vêtement, jusqu’à lui chatouiller le bras. « Ron… » tu te mordille la lèvre, t’approche encore un peu et là, le regard redressé au-dessus de son épaule, tu observes son visage. Ta voix n’est qu’un murmure ici, dans ce lit trop petit pour vous deux, qu’un essoufflement dans cette presque étreinte que tu lui impose, tes doigts remontant lentement contre son biceps. « Je n’ai jamais rencontré quiconque qui soit comme toi… » et ce n’est pas un défaut, pas avec la dévotion dont tu souffles tes mots. Pas avec la façon dont tu baisses les yeux, le ventre en feu. Intimidée. Stupide. « Je ne suis peut-être que moi… mais je tenais à ce que tu le saches… je n’aurais pas voulu être sauvée par qui que ce soit d’autre. Ça n’aurait pas eu la même signification… la même importance. » La même splendeur. La même douleur. Alors ton visage s’enfonce contre son bras, ta joue s’y enfonçant doucement, pareille à une enfant. « Mais j’étais sérieuse… » tes chuchotements prennent une allure plus terrible, plus grave. « Tu es en guerre… utilise moi… je t’en donne la permission. Laisse-moi t’apporter quelque chose » c’est à ton tour Susanna, oui. Et qu’importe de quoi demain sera fait, tu l’accueilleras sans crainte. Tu le prendras dans tes bras si c’est pour lui. Parce que quelque part, Ronald n’a pas fait que te sauver, n’est-ce pas ? Il a aussi niché quelque chose en toi, un respect sans borne, une soif d’être enfin utile. Quelque chose en quoi croire. Une cause que tu pourrais bien embrassé, si on t’en donnait le temps et le droit. Si on t’enlevait ton nom. C’est là où s’arrêtent pourtant tes réflexions, le sommeil venant peser sur tes paupières, faisant s’alourdir ton corps, qui se rapproche encore un peu plus de celui si chaud de Ron. La timidité s’évapore avec la fatigue, qui réclame tout ce que tu es, qui t’encourage à glisser une jambe contre la sienne, à crocheter son mollet de ton pied en quête de chaleur. « Si j’avais été autre chose qu’une Carrow… je t’aurais suivis… » et c’est tout ce que le sommeil t’accorde, alors que tu enroules tes bras autour du bras du rouquin. Il est trop chaud. Il est trop fort, là contre toi. Alors tu écartes légèrement les lèvres, ton nez à moitié enfoncé dans son épaule, ton souffle se mourant dans les plis de son pull.
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MessageSujet: Re: Everything that's broke {Rosanna}   Everything that's broke {Rosanna} EmptyLun 15 Juin 2015 - 11:29

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There was a time when… that wouldn’t have meant anything to me, but… now it does.
"


Il n’avait jamais eu le gout des pleurs. Au début c’était parce qu’il ne savait pas quoi en faire, puis, étrangement, ce fut parce qu’il se rendit compte qu’il les tolérait moins. L’idée était toujours la même. Ils pleureront après. Leur jeunesse, leur liberté, leurs morts. Ils feraient ça quand ce serait terminé, quand la guerre serait gagnée, quand ils auraient le temps.

Pleurer était un luxe.

D’un point de vue extérieur, Ron ne semblait pas avoir beaucoup changé du petit garçon qu’il était. Courageux, irascible, drôle bien qu’un peu sarcastique, tendre et volontiers bougon. Tout ça avait perduré chez le benjamin des Weasley, s’était même creusé dans ses veines. Mais tout s’était durci. Le courage était teinté d’entêtement, l’irascibilité était bien plus glacé, le sarcasme avait parfois des accents cruels, la tendresse ne se motivait que par la justice. On payait le prix de ne pas pouvoir pleurer, de ne pas en avoir le temps, comme ça. Par une dignification de son sang jusqu’à ce qu’elle vienne se nicher dans les glandes lacrymales.

Il avait beau sentir les doigts tremblant s’accrocher au pull, sentir son souffle et se coller à lui, son état d'esprit ne bougea pas.
Son prénom roula sur sa langue et il se surpris à penser qu'il aurait aimé en faire de même.

C’était ça la vérité.

Cru et terrifiante.

L’arrogance extrême d’être certain de savoir comment lui effacer ses larmes et gommer sa tristesse. Ron avait envie de la serrer fort contre lui et de la sentir impatiente, qu’elle dessine de ses doigts délicats le relief de ses muscles qui affleuraient sous le t-shirt bon marché. Que leurs baisers soient tendres et violents, avides, comme s’ils étaient le seul échappatoire. Comme si le corps-à-corps était le moyen d’exprimer toute la révolte et la passion, toute la rage et le désespoir dont, un instant plus tôt, ils étaient silencieusement dévorés.

« Tu es en guerre… utilise moi… je t’en donne la permission. Laisse-moi t’apporter quelque chose »

Elle ne savait pas ce qu'elle disait. Ron était entier. C'était tout ou rien avec lui.

Tout. Ou rien.

« Sssshhhhhhh »

L’image d’Hermione vint s’imprimer sur ses paupières. Il avait l’impression de la tromper.

Tromper ?

Il n’était pas avec. Elle y avait mis fin il y a de cela des mois maintenant. Elle avait été parfaitement claire qu’elle ne le supportait plus puis pour d’autres choses. Pour Harry. Pour la guerre. Cela semblait stupide maintenant de justement vouloir embrasser une…

« Si j’avais été autre chose qu’une Carrow… je t’aurais suivis… »

Si.

Il remonta sa main le long du dos de Sue, caressant dans un rythme régulier pour la calmer. L’étreinte se fit plus pressante du côté de Susanna et l’air froid qui glissait sous les replis de la tente chatouillèrent les corps. Tellement agréable. Dangereusement réconfortant. Qu’est-ce qui l’en empêchait après tout ? il était libre. Certes c’était une serpentarde mais sa propre cousine en était une aussi. Ok elle était fille d’un mangemort et…

Il la tint contre lui, serrés. Il n’y avait aucun obstacle concret ici à leur désir, seulement la voluptueuse résistance des vêtements qu’ils pourraient se retirer mutuellement. L’air froid, la toile rêche du matelas et les montants en fer d’un lit trop étroit ne faisait qu’accroitre la proximité et la chaleur qu’elle dégageait. Il replia son autre bras autour d’elle, se tournant légèrement face à elle.

Il n’y aurait rien de plus.

Il fallait qu’elle parte, rejoindre les siens. On n’était pas dans une pièce de Shakespeare et sincèrement il portait mal le collant. « Ssssssshhhhh »  Il la serra contre lui, l’étreinte désordonné avait l’allure d’une prise de combat, un combat où il n’y aurait ni vainqueur ni vaincu et dont le but ultime était de ne plus former qu’un seul corps, dressés contre la violence d’une guerre qui embrasait le monde extérieur.

Il ne la reverrait pas. Il pouvait bien l’étreindre maintenant, toute Carrow qu’elle était. Il ne la reverrait plus une fois qu’elle rentrerait chez elle. Il le lui glissa à l’oreille en un murmure avant de fermer les yeux, la berçant dans ses bras, et finissant par tomber dans un sommeil agité.

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