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sujet; dig up her bones but leave the soul alone (simon)

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dig up her bones

but leave the soul alone

simon rosier & sansa rosier (simansa)

(music). Kissing death and losing my breath. Elle contemple le ciel dans l’espoir de s’apaiser. Son regard est usé, fatigué. Elle perd l’envie de continuer, le goût de la vie se fait la malle. Il pleut, encore. C’est tout ce qu’Yselia aura. Un temps dégueulasse, une pierre  tombale dégueulasse, une mort dégueulasse. S’il avait fallu que l’une seule d’entre nous s’en sorte, j’aurai aimé que ce soit toi. Elle, Sansa, elle n’a rien. Elle aurait pu mourir que personne ne s’en serait rendu compte. Mais Yselia, Yselia. Et son fiancé. Et son enfant. Et la vie qui commençait à sourire. « Comment tu te sens ? » La blonde reporte son attention sur l’homme qui vient de lui adresser la parole. Qui a osé lui parler en ce jour funeste. La colère enfle à l’intérieur d’elle. Elle a l’air d’une folle, d’ailleurs, la tête légèrement penchée sur le côté, l’air d’être entièrement déconnectée. Elle ne sait pas quoi répondre à cette foutue question, et ça l’enrage plus que tout. Comment est-elle supposée se sentir le jour de l’enterrement de sa grande soeur ? Morte avec elle. Surement. Mais impossible de balancer la vérité brute. Impossible d’avouer. Sa fierté la retient lorsqu’elle essaye de s’exprimer et les mots meurent dans sa gorge. Mal, tellement mal. La meilleure partie des deux, ce n’était pas elle. Tout le monde l’a toujours su. Il y avait le rayon de soleil et la sauvage. La médicomage qui pansait les plaies, le fauve qui les créait. « Sansa ? » On insiste, on veut une réponse, quelque chose, un balbutiement factice et foutrement inutile, mais quelques syllabes quand même, pour se donner bonne conscience. La petite Rosier était effondrée mais j’ai pris soin d’elle, je lui ai demandé comment elle allait. Alors elle donne aux affreux qui sont venus contempler le cadavre de sa soeur ce qu’ils attendent : elle garde la tête haute, les yeux secs, le regard aussi assassin qu’il l’a toujours été. Elle répond « ça va » d’une voix qui se veut assurée, sure d’elle. Elle ment. Et elle n’a jamais été douée pour ça. Mais aujourd’hui, on s’en contente. On se satisfait de ce mot pâle qui ne signifie plus rien, aller bien, cette sensation morte depuis longtemps dans les coeurs, depuis la guerre et peut-être même avant ; on l’accepte parce qu’aujourd’hui, tout est terminé.

Si un jour tu meurs, ce sera la fin du monde. Sansa repense à cette phrase, sortie de ses propres lèvres peintes de rouge carmin quelques mois plus tôt, pendant une soirée un peu arrosée. En rigolant. Comme si c’était drôle. ça ne l’est pas. Plus maintenant. Elle a oublié la réponse d’Yselia. Peu importe ; bientôt elle oubliera sa voix, son visage, et s’en voudra. Mais c’est ainsi que ça marche. Il ne lui reste plus rien de ses deux parents, pus rien de son frère. Quelques vieux souvenirs erronés et abimés par le temps. C’est la famille, c’est ce qu’elle te fait. C’est officiel, elle est la survivante. La dernière. Seule. Ses plus proches parents sont à présent ses cousins. Elias, s’il avait été là. Simon, s’il avait été là. La haine augmente d’un cran lorsqu’elle prend conscience qu’elle a été la seule des trois à venir. C’est à Simon qu’elle en veut le plus, bien évidemment. Quel idiot. Il aurait probablement fait un scandale en venant, murmure t-on. Mais c’est en brillant par son absence qu’il en fait un. Et c’est  aussi en brillant par son absence qu’il précipite Sansa dans les abysses. Life slips away and the ghost come to play. Un poids se rajoute sur ses épaules parce qu’elle sait qu’elle aura cette vision toute sa vie à trainer derrière elle : le cercueil, la terre franchement ouverte, les visages baissés vers le sol. Le fantôme de sa soeur qui plane sur la scène, et ceux des autres. Trois âmes. Ca fait beaucoup. Let her find a way to a better place. Surtout lorsqu’on pense qu’il n’y a rien après. La boite s’enfonce dans le trou qu’on a creusé pour la faire disparaitre, quelques sanglots se font entendre. Certains prononcent des paroles de réconfort, d’autres s’effondrent. Quelques uns, rares, ne bronchent pas. Elle est de cette sorte là. Animée par la rage qui la maintient en vie, la pensée qu’elle ira retrouver Simon pour hurler. Lui faire payer ce dont il n’est même pas réellement responsable. Pour aller mieux. Peut-être.

Peut-être pas.

We found a way to escape the day. La nuit est tombée lorsque Sansa tourne les talons et s’éloigne du cimetière où une partie d’elle est restée. L’envie de se transformer en animal est plus forte que jamais. Se laisser aller, encore, à perdre le contrôle. Ne plus avoir conscience de rien. C’est sa drogue personnelle, son orviétan naturel. Son échappatoire. Mais elle a mieux à faire que de succomber à la tentation. Simon. Ce nom lui permet de rester debout et de parvenir à mettre un pied devant l’autre. Elle ne sait pas au juste comment elle est en capable. Ca lui semble miraculeux. Simon. Elle a une vague idée de l’endroit où il pourrait se trouver ; mais qu’importe si elle doit se tromper et transplaner toute la soirée avant d’être en mesure de le trouver. Elle a besoin de lui. Autant pour lui reprocher tout le malheur du monde que pour se laisser aller à pleurer dans ses bras. Alors elle prend sa décision : ce sera la maison familiale qu’elle tentera en premier. Une baraque que seuls les Rosier connaissent ; c’est à dire presque plus personne, étant donné les réductions d’effectifs que la famille connait de plus en plus. La guerre aura définitivement eu raison des Rosier, famille maudite, imagine t-elle déjà en guise d’accroche pour un article de journal, lorsque les massacres seront terminés. Parce qu’ils termineront un jour, elle en est certaine ; elle n’est simplement pas sure d’être encore là pour voir cette période bénie. C’est devant la porte qu’elle se fait cette réflexion : qui, de Simon ou d’elle, sera le prochain sur la liste de la mort ? Son coeur se serre et semble vouloir imploser ; elle ne supporterait pas un cadavre de plus. Pas lui. Pitié, pas lui. Cette constatation la rendrait presque douce à l’égard de son cousin ; presque. Sansa passe les défenses de la maison, solidement protégée contre les indésirables ; mais pas contre elle, une fille de la famille. Ses yeux cherchent frénétiquement le mangemort autour duquel tourne à présent toute sa vie ; et ces mêmes yeux le trouvent, assis devant une table, le regard dans le vide. Fixant un point indéfini et inexistant. Dure journée ; l’envie d’abandonner la lutte est partagée. « C’est tout ce que tu trouves à faire ? » Elle ne parle pas, elle agresse, et la tension est plus que palpable dans sa voix. « Rester cloitré là ? » D’un geste ample, elle désigne l’intérieur de la maison, qui lui rappelle le cercueil dans lequel sa soeur vient de partir rejoindre un autre monde. « Félicitations, bravo. » Le cynisme semble remplir toute la pièce tandis qu’elle applaudi, bruit déplacé et plus qu’agaçant. Le reproche se trouve sur le bout de sa langue : où étais-tu, lorsque j’ai eu besoin de toi ? Mais la blonde prend le parti de se taire, incapable de dire un mot de plus tellement les émotions lui enserrent la gorge.


Dernière édition par Sansa Rosier le Dim 12 Juin 2016 - 2:58, édité 1 fois
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PRISONERS • bloodstains on the carpet
Simon Rosier
Simon Rosier
‹ disponibilité : dispo (1/6)
‹ inscription : 07/09/2014
‹ messages : 1145
‹ crédits : tplrs (avatar), tumblr (gifs).
‹ dialogues : #669999.
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‹ liens utiles :
‹ âge : trente-huit ans (24/05/66).
‹ occupation : criminel, propriétaire déchu du Centuries.
‹ maison : Serpentard.
‹ scolarité : 1977 et 1984.
‹ baguette : brisée.
‹ gallions (ʛ) : 5331
‹ réputation : il n'est plus rien, l'héritier réprouvé d'une famille presque extincte, indigne de toute confiance et bon à moisir dans les geôles d'Azkaban.
‹ faits : toujours considéré comme une ordure remplaçable, dans le clan désuni de Voldemort, Rosier est désormais perçu comme un lâche ayant déserté avant la bataille finale. Un monstre qui a abusé de la confiance d'une sorcière honnête (Anna), et un père indigne par-dessus le marché. Nombreux sont ceux qui auraient aimé maintenir la peine de mort jusqu'à ce qu'il y passe.
‹ résidence : Azkaban.
‹ patronus : un vague filet argenté, sans forme ni consistance.
‹ épouvantard : un précipice.
‹ risèd : une plage, avec Anna et Charlotte.
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You were still trying, Trying to get back to the start



   
   
   
La baguette du tatoueur courait sur sa peau diaphane, et il serrait les dents ; si fort que sa mâchoire s’en serait fracturée. Les molaires s’enfonçaient dans les gencives, mais il ordonnait (suppliait) le bourreau de poursuivre son œuvre. Rosier, tu vas pas le supporter. Si, putain, qu’il siffla en remuant à peine les lèvres, les tempes léchées par la sueur. Affalé sur son divan, le bras tendu, il endurait ce calvaire depuis bientôt trois quarts d’heure, et si d’ordinaire un simple sortilège permettait d’éviter les mille et une souffrances qu’il embrassait à ce moment même, Simon avait exigé que rien ne soit utilisé pour cette rose-là, celle qui ne tarderait pas à éclore sur son avant-bras – celle qu’il destinait à Yselia. Ça lui cramait l’épiderme, ça lui donnait envie de se foutre en l’air, ça lui déglinguait les nerfs. C’est la peine qu’il extériorise, les larmes qu’il ne versera jamais, le hurlement rageur qu’il retient dans l’encre vermeille colorant les pétales déjà flétris – il l’a perdue.
Il a perdu Yselia.
Sous l’assaut d’une nouvelle vague de douleur, son poing s’encastra contre ses dents et sa tête se renversa en arrière, tandis qu’à ses cotés, sa très confidentielle assistance n’avait pas bougé d’un iota. Sur la table basse s’étalaient les pages que la Gazette avait consacré aux amants maudits, la Rose et le Lys, le couple princier décimé à l’aube de leur règne. Leurs cadavres n’avaient pas encore refroidi que l’information de la grossesse d’Yselia avait fuité, et en quelques heures, ces rapaces de journaleux s’étaient emparés de cette histoire tragique pour dresser le portrait des Rosier, sempiternelles victimes de la fatalité, et des Selwyn, dont le prestige, semblable à une peau de chagrin, s’étiolait. L’un de ces connards s’était frayé un passage jusqu’au Centuries, dans l’espoir de décrocher un commentaire, même acerbe, à celui qui avait endossé le rôle de patriarche malgré lui – mais Simon s’était barricadé dans son loft, et s’était armé de toute la volonté du monde quand il avait dû discutailler funérailles et réception avec les Selwyn. Il avait tout accepté : la sépulture commune, le cercueil du môme, la date, l’oraison. Je m’en branle comme des putes de Merlin, c’était sa déclaration, cet énième doigt d’honneur à une caste qu’il méprisait autant que la plèbe. Il n’y avait que les siens qui comptaient.
Et il n’en restait plus beaucoup.
« Tu devrais pas aller à l’enterrement ? » Il rouvrit les yeux. « Quel jour on est ? » Quelqu’un répond, le 18 ou le 19 juin – ah bon, c’est pas le 17 ? renchérit une voix. Qu’importe – vingt-quatre heures, quarante-huit ou soixante-douze, il n’y assisterait pas. Un autre jour peut-être, seul. Les songes à la dérive, il en oublia la brûlure lui vrillant le bras et, de son œil délavé par le Navitas, fixait la verrière de toit sur laquelle s’écrasait une pluie diluvienne. L’été sera pourri, et lui morose. « Done, » lança le tatoueur. Du bout de sa baguette, il effleura une dernière fois les contours boursouflés de son ouvrage avant de lui lâcher le bras, arguant dans sa barbe qu'il était « complètement con » de s’être infligé pareil châtiment. Man up and go to the fucking funerals. Simon se pencha en avant pour saisir le verre de vodka entamé quelques instants auparavant — qui avait failli à sa mission première d’engourdir ses terminaisons nerveuses — et le vida sans cérémonie. Il n’aimait même pas ça. Il ne pouvait pas se rendre à l’enterrement, Merlin seul savait quel esclandre il serait capable de causer face à la tombe de sa regrettée cousine. Qu’importent les médisances des uns et les ragots des autres, il assumera cette absence avec toute l’arrogance qu’on lui connaissait. Et une culpabilité ineffable, profondément ancrée dans l’arantèle viciée de ses veines : ne pas avoir annulé le mariage lorsqu’il était encore temps, ne pas avoir dissuadé Yselia de recevoir la Marque, ne pas l’avoir soutenue après qu’elle lui ait avoué sa grossesse. Avoir été con. Le remord avait un goût dégueulasse.

Et Sansa, qui s’en occupe, de Sansa ?
Il s’était barré de Londres sans la prévenir, quelques heures à peine après son nouveau tatouage et sa nouvelle gueule de bois. Cinq minutes à lui consacrer, c’était peut-être trop, hein connard, qu’il s’intima. Il ne fuirait pas plus loin que la baraque familiale, perchée sur les falaises des Cornouailles — où on lui foutrait la paix. Et Sansa ? Elle sera furieuse. Le parquet craquait sous ses godillots, et pendant un bref instant, on penserait qu’une famille heureuse avait pu poser bagage ici. Sa mère avait décoré. Du blanc, du crème, du bleu, des roses, de beaux tableaux, de jolis rideaux. Et Sansa ? Il s’empêchait d’y songer, alors que son index glissait sur une commode, emportant avec lui une épaisse couche de poussière. Son regard un peu explosé, un peu déphasé, tomba lourdement sur quelques photographies qu'austères traditions interdisaient dans leur demeure d’Herpo Creek. D’un coup de baguette mollasson, Simon ouvrit les fenêtres de la salle de séjour afin de chasser l’odeur de renfermé qui s’était installée en leur absence et partit à la découverte de la cuisine. Et Sansa ? Il ne savait plus à quelle heure l’enterrement prendrait place. Pouvait-on être égoïste à ce point ? Ses cousines, ses petites sœurs, auraient mérité mieux que cette vie. Sansa, il se souvenait encore du jour de sa naissance. Quand Evan était tombé. Le héros d’enfance, celui qui s’en était rejoindre le Maître à sa sortie de Poudlard, avec la plus fervente des déterminations et ce qu’il croyait être, à l’époque, du courage. Elias, ça lui plaisait pas trop, ces histoires, mais Simon, ça lui avait foutu des étoiles plein les yeux. Il avait douze ans. Des quidams murmuraient que la dernière môme du clan paierait cher le meurtre de ce frère inconnu, que c’était de mauvais augure, que le déclin des Rosier s’était amorcé.
Vingt ans plus tard, ils avaient peut-être eu raison.
Simon fouilla quelques minutes dans les étagères et dégota une bouteille de cognac que, finalement, il ne déboucha pas. Il n’avait pas d’Orviétan sur lui, juste un paquet de clopes et du tabac à rouler. Dix minutes plus tard, il avait sombré dans l’un des canapés, pompes aux pieds. Il dut dormir quelques heures, jusqu’à ce qu’une horloge se décidât à annoncer midi — la notion du temps lui échappait complètement. Il fuma une cigarette, erra dans la maison. Rangea ce qui traînait, agita deux ou trois fois sa baguette pour dépoussiérer un peu. Se prépara un thé, avec ce qu’il restait dans les placards. Et Sansa ? Il avait presque envie de la prévenir — de lui demander de le rejoindre, mais à chaque fois que cette idée lui traversait le crâne, il laissait filer, ou reportait à plus tard. Qu’elle se recueille, elle. Qu’elle dise au revoir à Yselia. À Sainte-Mangouste, il n’avait pas su quoi dire.
Ça lui brise le cœur.
Il s’était installé près d’une table et roulait désormais des clopes. À la moldue, parce que ça la détendait de prendre le temps d’émietter du tabac dans des feuilles trop fines pour ses doigts tremblotants. Il les alignait devant lui, et s’il avait prêté ne serait-ce qu’un minimum d’attention aux bruits alentours, il aurait sans doute entendu le craquement caractéristique d’un transplanage.

« C’est tout ce que tu trouves à faire ? »

Assez surpris pour tourner vers elle l’une de ses billes ternes, pas assez pour tressaillir, il haussa les épaules.
« Faut croire, ouais. » Elle applaudit, le félicite — et t’as raison, de m’en vouloir. Il ne pouvait excuser son comportement, sa décevante répartie, ce cruel manque d'empathie. Des secondes, des minutes s’égrenèrent sans qu’il ne prononce la moindre parole. Il était désolé, mais il ne parvenait pas à formuler ces mots-là. Ça lui aurait arraché la gueule, de la serrer contre lui, de la rassurer, de lui promettre qu’il ne l’abandonnerait pas, que c’était eux deux contre le reste du monde ? Sa main vint fourrager ses épis ébène et s’échoua contre sa cuisse. « Je pouvais pas, » qu’il confesse alors, de sa voix éraillée par le tabac, fragmentée par un hoquet douloureux. « Ils en ont rien à foutre, d’elle. Ou de toi. » Ça tombe, ça blesse. « Ils ont été combien à te demander si ça irait ? » Sa tête s’inclina légèrement sur le coté, et il sentit sa mandibule rugueuse râper son épaule. Ses doigts s’étaient glissés derrière sa nuque, qu’il massait distraitement. « Des putains d’hypocrites. Yselia valait mieux que ça. » Il ne savait pas trop ce qu’il disait, aussi. « Elle valait mieux que nous tous, » et son oraison funèbre se meurt dans sa gorge. Son regard tomba sur les pieds de sa cousine. C’était peut-être con à penser, mais il n’était pas sûr de supporter une autre disparition — surtout pas celle de Sansa. Yselia partie, il avait l’impression que la fatalité avait relancé les paris quant à sa prochaine victime. Et il s’interdisait que ce soit Sansa. « De toute façon, il dit, j’ai pas d’excuses, hein ? C’est pas comme si j’en avais déjà eues. » Un silence, et il osa. « Je sais que t’es en colère. » No shit. « Mais je suis là. »
Pourquoi était-ce si dur à croire ?


Dernière édition par Simon Rosier le Ven 24 Mar 2017 - 21:59, édité 1 fois
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but I blinked and

the world was gone

simon rosier & sansa rosier (simansa)

(I wish you felt me falling, I wish you'd watched over me). Elle a tellement de reproches au bord des lèvres, tellement de mots amers que sa langue rêve de murmurer. Tu bois trop, Simon, ça te rend misérable, regarde-toi. T’es fier de toi, hein ? Oh oui, ça lui brule la bouche parce qu’elle a envie de lui faire payer. Son absence surtout, mais au fond, un peu tout. Le cauchemar aurait été tellement plus supportable s’il avait été là pour lui prendre la main. Mais non. Alors elle s’apprête à lui dire qu’il est tout ce qu’il lui reste, à peu de choses près. Qu’elle a besoin de lui, maintenant, désespérément, tout comme il a besoin d’elle, et comme jamais ils n’ont eu besoin l’un de l’autre. Mais c’est le moment qu’il choisit pour faire le beau, idiot qu’il est. « Faut croire, ouais » qu’il claque, l’air désinvolte, tandis que la blonde applaudit - et que ce son se veut macabre au milieu du silence. Lui, il continue à rouler son foutu tabac - ça l’intoxiquera, qu’elle pense en flèche avec une pointe au coeur, puis elle se reprend : qu’est-ce que ça peut bien faire, au fond ? Qu’il en crève, au point où on en est. Il n’y aura plus de Rosier lorsque la fin de la guerre sonnera, de toute manière. Ils sont déjà en grande partie décimés. Ceux qui restent sont les survivants - et il est bien beau, ce surnom, mais pour combien de temps encore ?

Elle attend, Sansa, elle ne sait pas quoi au juste, mais elle attend. Peut-être une parole de son cousin - non, de son frangin. C’est toi et moi maintenant. Plus que toi et moi. Mais rien - et ce pendant des minutes interminables. Elle est à sec, elle ne laisse rien filtrer - les mots seraient trop meurtriers, sinon. « Je pouvais pas. Ils en ont rien à foutre, d’elle. Ou de toi. » Elle serre les dents, sent la rage remonter et détruire ses entrailles. Simon ne l’aide pas - Simon l’enfonce. Le Fauve est venu chercher du réconfort, mais quelle stupide idée, quelle stupide envie - jamais il n’en trouvera. Ils en ont rien à foutre, d’elle, ou de toi, qu’il a dit, et elle ne peut s’empêcher de penser qu’il a raison. « Ils ont été combien à te demander si ça irait ? » Le couteau est remué dans la plaie mais Sansa ne se plaint pas, toujours debout, la gorge sèche et l’air revêche. Elle lui en veut de la couler en cette seconde où elle a précisément besoin qu’il lui maintienne la tête hors de l’eau ; mais elle n’est pas assez égoïste pour penser qu’elle est la seule à souffrir et laisse passer, encore.

« Des putains d’hypocrites. Yselia valait mieux que ça. Elle valait mieux que nous tous. » « Apparemment, elle te valait pas, toi. » lance alors la Rosier, la voix prenant des teintes plus agressives encore qu’elle ne le voudrait. « Sinon tu te serais donné la peine de venir, Simon. » Elle sait parfaitement, au fond d’elle-même, que là n’est pas la raison de sa disparition en ce jour fatidique ; mais elle ne peut s’empêcher de déverser sa peine contre lui sous la forme d’un flot de rage. Il a commencé, pense t-elle de manière bien trop puérile ; puisque le temps est aux reproches, elle peut surement se laisser aller aussi à en proférer - voilà l’affreuse justification. « De toute façon, j’ai pas d’excuses, hein ? C’est pas comme si j’en avais déjà eues. » Non, t’en as pas, pense t-elle avec virulence. Ou alors, peut-être que t’en as des tas, je sais pas. Je sais plus grand chose depuis qu’elle est partie, tu sais. « Je sais que t’es en colère. Mais je suis là. » Elle a envie de le serrer contre elle, elle en a tellement envie. Mais il fallait être là avant, bordel. « Tu serais pas en colère, à ma place ? Tu trouves pas que t’es un peu en retard ? » Ses bras sont croisés contre sa poitrine, elle sent ses ongles s’enfoncer dans sa peau. S’oblige à se décrisper, à les retirer. Les marques aux formes de demies-lunes sont rouges - et surtout dérisoires en comparaison à la douleur intérieure.

« C’est qui, le prochain ? » Le temps d’un éclair, la folie passe dans son regard ; elle se souvient de toutes ces (affreuses) années passées à se demander qui crèverait le suivant, parce que c’est la guerre, c’est ce qu’elle fait, mais surtout parce que c’est la malédiction familiale, et que tout le monde meure petit à petit. « Je peux pas croire qu’elle soit morte » qu’elle enchaine, soudainement redevenue petite fille, des sanglots dans la voix mais sans larmes sur les joues. « Ce doit être une erreur, dis-moi que c’en est une, s’il te plait. » Mais non, non, absolument pas, tu l’as enterrée il y a quelques heures, petit idiote. Sa main part, comme prise d’un spasme, fauche la tasse de Simon au passage et l’envoie valdinguer un peu plus loin, vers un mur contre lequel elle s’explose en mille morceaux avec un bruit détestable. Alors le Fauve se calme un peu, prend appui contre la table et laisse son regard vagabonder sur le mur taché. « Elle était la meilleure partie des deux, tu sais. Plus calme que moi. Plus douce que moi. Et puis elle… » La voix se brise de nouveau, incapable de continuer, tandis que Sansa fait un geste pour désigner la tasse avant de s’excuser, morne : « J’suis désolée. » Pour tout, si tu savais. Elle s’aventure à regarder Simon et ses yeux se posent sur la nouvelle rose. Le symbole, le signe, qui entrave encore un peu plus la blonde dans sa détresse. Le tatouage qu’ils on fait ensemble, le tatouage qui évolue, modifié par les épreuves, altéré par les blessures qui ne se referment jamais. Parce que ça ne part pas, non - elle peut en attester, la Rosier, elle peut avouer sans honte qu’il lui arrive encore de pleurer, toute seule la nuit, sur les décès d’une mère et d’un père dont elle n’a pourtant plus que de vagues souvenirs.

Dans sa tête tourne encore la même question, celle qui reste depuis des années sans qu’elle n’ose réellement la poser. Mais si ce n’est pas pour maintenant, ça ne sera jamais - alors elle se lance, s’y risque, plante son regard dans celui de son cousin et demande de but en blanc : « Est-ce que c’est de ma faute ? » Elle croit dur comme fer aux malédictions, Sansa, elle croit qu’elle pourrait bien être responsable de tout ça, et tandis que ses yeux savourent les traits de Simon, elle envisage la possibilité que lui aussi pourrait partir. Simon mort, ce serait la fin du monde - Simon mort, ce serait plus qu’elle ne pourrait en supporter. « S’il t’arrive quelque chose, je… je… » Elle fait non de la tête, à défaut d’être capable de s’exprimer par des mots ; et elle lui attrape une main, tremblante, avant de fixer leurs doigts entremêlés. Si se tuer pouvait enrayer la descente aux Enfers, elle le ferait - si se condamner pouvait sauver Simon, elle n’hésiterait pas une seconde. (Suivre l’exemple de maman, elle avait surement raison). Mais Sansa n’a aucune certitude, rien ; rien d’autre que l’amour qu’elle porte à son cousin, à qui elle broie la main.
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‹ faits : toujours considéré comme une ordure remplaçable, dans le clan désuni de Voldemort, Rosier est désormais perçu comme un lâche ayant déserté avant la bataille finale. Un monstre qui a abusé de la confiance d'une sorcière honnête (Anna), et un père indigne par-dessus le marché. Nombreux sont ceux qui auraient aimé maintenir la peine de mort jusqu'à ce qu'il y passe.
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no words could ever help relieve this pain


Everyone keeps asking are we okay. The truth is we're not but I don't know what to say. Ils avaient le malheur dans le sang et de la moisissure dans les ventricules. Une pierre tombale de plus ou de moins ne changeait rien, et il se persuadait encore que ce n’était que le hasard, même si celui-ci se foutait bien de sa gueule. Il y avait quelque chose de pourri chez eux – chez lui, dans ses entrailles de branleur. Sansa, elle posait des questions et elle avait perdu patience depuis longtemps. Aurait-il le culot de l’envoyer chier, de lui balancer que plus rien n’avait d’importance, qu’il attendait juste que la fatalité le fauche en chemin, qu’on arrête de l’emmerder. Qu’il envierait presque le sort d’Yselia. Il ne croyait pas à la rédemption, le vieux gamin capricieux. Vautré sur son monticule de gallions, il se lamentait, pleurnichait sur son « triste sort », souffrait de ce mal imaginaire. Sur ce trône, il se serait volontiers giflé, s’il n’avait pas eu un verre dans la main et un joint dans l’autre.
Comme quoi, il n’avait pas besoin d’orviétan pour planer.
Son manque était égoïste ; celui de Sansa, béant. Elle portait sur ses frêles épaules les erreurs d’un père et d’un frère disparus au nom d’idéaux qui ne repayeraient jamais les orphelines abandonnées, la folie d’une mère dont personne ne se souciait, et désormais, la tragédie d’une sœur, prisonnière malgré elle d’un mythe sordide. Le destin avait une singulière manière de s’acharner contre eux – car ce ne serait jamais qu’une série de coïncidence au goût macabre. Ils l’avaient cherché, tous autant qu’ils étaient ; ce n’était que partie remise. Il se souvenait encore d’Evan et de sa dévotion sans faille pour le Lord, de son impétuosité nourrie par sa seule jeunesse, de ses rêves de gloire, et de sa chute finale, plus grotesque que flamboyante. À l’instar du pater – une bande d’ahuris, avait grincé le sien, une fois les larmes séchées et le Maître tombé. Oserait-t-il seulement lui avouer ? Ton frère était un con buté, ton père, un crevard, ta mère, cinglée depuis le début ? Parce que c’était ça, la vérité. Le soi-disant prestige de leur famille ne reposait plus que sur le souvenir de quelques heureuses alliances, et aucun exploit ne leur rendrait une gloire qui, de toute façon, n’avait jamais existé en premier lieu. Condamnés à être les parias d’un cercle sacré, à entacher la noblesse de ceux dont ils se réclamaient être les semblables. « Apparemment, elle te valait pas, toi. » Ses billes céruléennes ricochèrent contre Sansa mais ne purent soutenir son regard furibond. L’intention n’effaçait pas l’affront commis – il avait failli s’y rendre, avant de se terrer chez lui, avec sa poudre et ses insomnies comme campagnes d’infortune. Et Merlin savait quelles conneries il aurait été capable de débiter ou de faire, au cimetière comme à la réception. Il aurait bu, beaucoup, assez pour déambuler parmi les invités et aboyer d’embarrassantes vérités. Il aurait insulté quiconque lui présentait ses condoléances. Seul l’alcool pouvait altérer son redoutable sang-froid, et ces derniers temps, la bouteille semblait s’être muée en extension naturelle de son bras. « Tu serais pas en colère, à ma place ? Tu trouves pas que t’es un peu en retard ? » Les lèvres pincées, il roulait toujours le papier entre ses doigts. Machinalement. Le tabac était tassé, mais il poursuivait son manège. Il ne savait pas. Il ne voulait pas prétendre inverser les rôles, enfiler ces pompes-là. Enterrer son frère comme elle avait enterré sa sœur. L’ingrat s’abstint de répondre, donna un coup de langue contre sa clope et la jeta avec les autres, d’un geste nonchalant – ou était-ce de la lassitude ? Ses phalanges se replièrent dans un craquement écœurant et s’étirèrent de nouveau. Elle méritait mieux que lui. Elle méritait une autre épaule, d’autres bras, d’autres conseils, d’autres sourires – pas ses désillusions, son défaitisme, sa détestable manie de baisser les bras avant même de les avoir levés. Simon rentra les épaules, attrapa une cigarette, sa baguette, crama le bout d’un cylindre mal tassé, mal roulé. Le papier presque transparent se noircit déjà, et deux filets grisâtres s’échappent paresseusement de ses narines. Les lèvres entrouvertes, il jouait avec la fumée, formait un nuage épais, compact – l’aspirait de nouveau.
Il ne sait pas quoi dire.
« C’est qui, le prochain ? » Lui aussi, il se posait la question. La fatalité ne tarderait pas à en rappeler un autre – un Rosier vivant, ce n’était plus tellement intéressant. Il imaginait déjà leur famille anéantie, fracassant à leur tour un record de disparitions et se forgeant une légende saumâtre. Il y songeait, dans ses rares moments de lucidité, et misait sur son paternel, disparu depuis trop longtemps pour espérer un miracle. Le vieux patriarche rejoindrait bientôt le caveau familial, oui. Il garda ses macabres hypothèses, se mura un peu plus dans un mutisme désormais insoutenable. S’il y avait prêté l’oreille, aurait-il pu entendre leurs cœurs au diapason de leur désespoir, et leur symphonie irrégulière, rythmant quelque nausée réprimée ? Ses mains tremblaient. « Je peux pas croire qu’elle soit morte. » Moi non plus. « Ce doit être une erreur, » je sais, « dis-moi que c’en est une, s’il te plait. » Toi, dis-moi que c’en est une. Des éclats de faïence lui dérobèrent la parole. La surprise l’emporta finalement, brouillonnant sur ses traits figés une franche expression d’étonnement, et l’obligeant à se lever dans la foulée. Pendant un instant, il crut qu’elle avait projeté la tasse contre lui (Merlin savait qu’il le méritait, pourtant). Quand lui se retranchait dans son silence, Sansa explosait ; mais malgré tout, malgré sa colère et sa frustration, il commençait à comprendre que sa rancœur ne serait que passagère aujourd’hui. Ne resteraient que le deuil, le vide et deux âmes esseulées. « Elle était la meilleure partie des deux, tu sais. Plus calme que moi. Plus douce que moi. Et puis elle… » Une douloureuse impression de déjà-vu. La clope se consumait entre ses doigts, mais il l’avait déjà oubliée. Une parole, une seule, songe-t-il alors, un mot. Rien. Il la fixait, contemplait sa rage éreintée, ses traits tirés. Et sa voix qui ne portait plus. « J’suis désolée. » Il ne répond pas. Pourquoi tu t’excuses ? C’est à lui de les prononcer, ces mots. C’est à lui de demander pardon. Il ouvrit la bouche, la referma aussitôt, et se pencha afin d’écraser son mégot à peine savouré dans un cendrier. « Est-ce que c’est de ma faute ? » Le geste se suspendit. Une seconde, peut-être moins. Son bras tendu, ses doigts sur le filtre, ses épaules qui se raidissent. « Je t’interdis de penser ça. » Et enfin, la voix claque. Quelques mots, quelques fausses notes, et quelques brisures dans le timbre maladroit. « S’il t’arrive quelque chose, je… je… » Tu rien, qu’il veut répliquer. Tu vis, c’est comme ça qu’on fait. C’est comme ça que ça marche. « Arrête, » s’agaça-t-il. « Ne dis pas ça. » C’était de famille, de refouler les émotions. Entre eux, il n’y avait que des non-dits et des sous-entendus tacites ; un silence confortable. Il avait en horreur les effusions de sentiments, crachait volontiers que c’était pour la populace, que chialer à s’en vider, ça ne servait à rien. Il se racla la gorge, ravala la boule qui comprimait sa trachée. Mais s’il arrivait quelque chose à la dernière, sa dernière ? Sa petite sœur. Lui non plus, il ne se le pardonnerait pas. Pas cette fois. Elias, il était assez grand pour se démerder, même si son absence lui crevait le cœur. Yselia, il vivrait avec, jusqu’à son putain de dernier jour. Sansa, il ne pourrait pas. C’était sa limite, car même lui en avait. Elle craignait la Marque, il s’en doutait ; et lui craignait son tempérament, sa férocité. « C’est la faute à pas de chance. » Et y avait rien à dire, rien à faire. Il n’avait pas écouté ce que les médicomages lui avaient expliqué, après le décès d’Yselia. Frappé d’un éclair de lucidité, il s’était enquis du bébé, qui s’était étouffé avec sa première goulée d’oxygène. C’était tout, l’histoire s’était arrêtée sur le pas de la porte de cette chambre d’hôpital stérile. Simon avala rapidement la distance qui les séparait et posa une main hésitante contre la joue de sa cousine, replaça distraitement une mèche de sa tignasse blonde derrière son oreille, osa un sourire fade, qui se fana aussi vite que les roses tatouées sur son bras. Son humeur ne supportait que les épines, apparemment. « Je vais me renseigner, ok ? On saura ce qu’il s’est passé. » On s’en occupera. Mais Yselia n’aurait jamais souhaité qu’on mène une croisade en son nom. Ses grands yeux bruns se seraient écarquillés et, la moue froissée par l’agacement, elle lui demanderait d’abandonner cette idée idiote. « En attendant, fais profil bas, » il effleura son front de ses lèvres, et rabattit son bras autour de ses épaules, dans une étreinte un peu gauche. « Bientôt, on pourra peut-être partir. » Il ignora ce qui l’avait poussé à prononcer telle promesse. Une idée ou du vent, on ne pouvait jamais être sûr avec lui. « Reste au Ministère. Ça ira. » Il manquait de conviction. Ça ne va pas. Sa voix éraillée s’affaiblissait à mesure que les mots s’échappaient de sa bouche, et il soupirait plus qu’il ne parlait, usé jusqu’à la corde. Dans sa bouche, ses conseils ressemblaient à des ordres. Reste au Ministère, garde ton boulot, ne dis rien, ne fais rien, ne proteste pas. On nous a pris Yselia, mais on ne fera rien – n’était-ce pas ce qu’il disait ? Simon, il ne se battait pas. Ou il ne se battait plus. « Je te demande pardon. » Mais obéis-moi, même si j'ai rien à proposer. Aucune solution. Aucune idée.


Dernière édition par Simon Rosier le Ven 24 Mar 2017 - 21:59, édité 1 fois
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say something

i'm giving up on you

And I am feeling so small. It was over my head, I know nothing at all. And I will stumble and fall, I’m just starting to crawl. Say something, I’m giving up on you. I’m sorry that I couldn’t get to you. Anywhere, I would’ve followed you.


(And I'm saying goodbye). Elle suit la fumée des yeux, se perd dans les arabesques à peine dessinées et déjà effacées. Elle s’accroche à ce détail idiot, son cousin qui fume, pour se dire qu’elle ne va pas craquer. Qu’elle sera toujours là, à le regarder se détruire, discipline olympique de la famille Rosier - et Dieu seul sait, s’il existe, à quel point ils sont doués pour ça. Doués pour envoyer leur santé, physique comme mentale, se faire foutre - doués pour le rien, le néant, et pas assez félicités pour ça, non. C’est injuste. Que certains se distinguent dans des bonnes actions, et que d’autres se laissent simplement mourir sans broncher. (Elle a envie de faire quelque chose de bien, pour une fois, Sansa. Qu’elle juge bien. Elle. Pas sure que Simon ne partage son avis.) Et pourtant Simon, maintenant, c’est presque toute sa vie. Son frangin, qu’elle pourrait dire, son tout, parce qu’ils n’ont plus rien d’autre. Et qu’ils se ressemblent tellement, toujours à se dénigrer, à se nier, se sentir écrasés par des ainés dont on les a séparés et qu’ils ont autant envie de haïr que d’aimer. C’est dur, d’avoir la place de l’insignifiant, elle ne le sait que trop bien, et Simon aussi. Elle ne peut pas croire qu’ils en soient là, après toutes ces années, après tout ce qu’ils ont traversé, qu’ils en soient à rester dans cette pièce fermée et cernée par le silence, à penser à tout ce qu’ils ont perdu et qu’ils ne retrouveront jamais - jamais, jamais. Les morceaux coupants de la tasse brisée gisent toujours sur le sol, et aucun d’eux ne fait le moindre geste pour les ramasser ; mais Simon s’est au moins levé - enfin, enfin un putain de petit quelque chose, une réaction, un mouvement. Une avancée, un progrès.

Elle contemple la surprise sur son visage bien trop familier, mais bien trop ravagé - ce visage qu’elle connait par coeur, qu’elle aime tant, mais dont elle est un peu jalouse, aussi. Elias, Simon, Yselia. Quasiment élevés ensemble. Et elle, reléguée ailleurs, progressant comme une fille unique, contrastant avec les trois autres - elle qui ne trouvait du réconfort que dans le travail acharné, pour fuir ce néant familial, cette belle-mère trop dure (tellement cliché, pense t-elle parfois, la rage au coeur). Oh, elle ne devrait pas penser comme ça, elle le sait. Elle ne devrait pas lui en vouloir, surtout pas à lui - mais la vérité, c’est qu’aujourd’hui, elle en veut au monde entier. Qu’elle voudrait se blottir dans ses bras autant qu’elle voudrait l’insulter. Quelqu’un, quelqu’un doit payer… non ? Le silence de Simon la brise, et déjà la rancoeur augmente. Il lui en faut peu, si peu, à Sansa, pour s’emballer et se mettre à maudire jusqu’à ceux qu’elle aime le plus au monde. Dis quelque chose, qu’elle a envie de le supplier, de lui hurler au visage, allez, me laisse pas comme ça et dis-moi quelque chose.

La cigarette se fume toute seule avant d’aller s’écraser dans le cendrier, sans même un râle d’agonie, tandis qu’enfin il se décide à prendre la parole : « Je t’interdis de penser ça. » Ces quelques mots suffisent à la blonde pour respirer, mais ne lui permettent pas pour autant d’arrêter ses suppositions macabres. « Arrête, ne dis pas ça. » tranche Simon, comme pour lui dire qu’il ne sert à rien d’envisager le pire. Pourtant, elle en est certaine, l’idée lui a traversé l’esprit - peut-être s’est-il inquiété pour elle, peut-être s’est-il inquiété pour lui même, aussi. Comment faire autrement ? Elle a l’impression, depuis l’annonce de la mort d’Yselia, qu’il n’y a plus qu’eux - eux contre le monde entier et voués à une déchirure certaine. J’ai quelque chose à te dire. S’il te plait, écoute-moi, j’ai quelque chose à te dire. « C’est la faute à pas de chance. » continue t-il, d’une voix un peu plus affirmée. Sansa se demande s’il croit lui-même à ce qu’il est en train d’exposer ; elle n’en est pas sure. Elle, elle se contente de faire non de la tête, mais il doit penser qu’ainsi elle approuve ses dires (non, vraiment, c’était la faute à pas de chance, t’as raison) puisqu’il embraye : « Je vais me renseigner, ok ? On saura ce qu’il s’est passé. » Fauve est étrangement légèrement apaisée ; un peu par l’idée qu’ils découvriront la vérité, surtout parce que la main de Simon est là, tout près, et qu’elle peut fermer les yeux en essayant d’imaginer ce que ça serait, si elle n’avait pas quelque chose d’important à lui dire. Dis moi que tu le sais, dis moi que tu as déjà compris sans que j’en dise un mot. « En attendant, fais profil bas. » Profil bas, elle a toujours été médiocre à ce jeu-là. Trop d’années à cacher ses pensées, ses sentiments, ses idéaux. Trop d’années à mentir, aux autres, à elle même, alors même qu’elle est d’une nullité frappante pour ça. Alors même qu’il n’y a probablement rien au monde qui la débecte plus. Faire profil bas - elle voudrait tellement pouvoir encore y arriver, mais elle a la sensation d’être arrivée au point de non retour. La brisure de trop, la fissure qui fait tout éclater. Et crois moi, je suis désolée, Simon. Tellement désolée de te laisser là, tout seul.

Mais elle ne tient plus, la corde est trop usée, et elle se demande comment il a bien pu faire, lui, pour aller jusque là et marcher toutes ces années. La marque et tout ce qui s’ensuit. Courber l’échine face à un gouvernement que l’on approuve pas et prétendre s’en satisfaire, prétendre vouloir défendre sa place. C’est plus qu’elle ne peut en supporter - et elle n’est pas dupe, elle a aussi constaté l’éloignement de son cousin, sa démission. Elle ne l’en blâme pas - bien loin de là. Au fond d’elle, un espoir fou est en train de naître : ne pas partir seule. « Bientôt, on pourra peut-être partir. » Son coeur fait un bon dans sa poitrine - Simon, tu n’as pas idée de ce que tu me fais. Ca fait mal, putain, bien trop mal de l’entendre dire une telle chose sans savoir les projets qu’elle nourrit inconsciemment pour eux - si seulement, si seulement elle pouvait avoir le courage de tout lui avouer, là, maintenant. Mais elle en est incapable, bien trop apeurée à l’idée qu’il pourrait alors soudainement la rejeter - prononcer un son lui semble impossible tandis qu’il l’embrasse sur le front et qu’elle s’accroche un peu à lui, maladroitement, chiffonnant certainement son haut dans ses mains glacées. « Reste au Ministère. Ca ira. » Non, voudrait-elle avoir la force de prononcer, non, je n’y resterai pas, non, ça n’ira pas. Pas du tout. Lui-même à l’air si incertain, et sa voix est si fatiguée, si usée. Elle voudrait lui insuffler un peu de chaleur, lui dire elle aussi de tenir le coup, qu’ils continueront comme ils l’ont toujours fait et que tout ira bien. Mais ce serait se voiler la face et retarder la chute, ni plus ni moins. « Je te demande pardon. » C’est la phrase de trop, les mots qu’elle n’aurait jamais imaginé venant de lui. Alors sans pouvoir se retenir plus longtemps, elle le prend dans ses bras - étreinte plus qu’inhabituelle chez les Rosier, et Sansa réalise tandis qu’elle se niche dans le creux de son cou que ça ne leur est probablement jamais arrivé, pas même lorsque leurs jeunes années auraient été aptes à excuser cette soudaine effusion de sentiments.

Elle lui plante les ongles dans la peau sans trop s’en rendre compte, peut-être, surement. Respire l’odeur de ses cheveux, souffle sur sa peau et prend une grande inspiration. « Tu sais que c’est faux. » qu’elle prononce, d’une voix éreintée, resserrant un peu plus son étreinte de peur qu’il ne se défile. Elle ne l’en blâmerait pas, mais elle en souffrirait - loin d’elle l’idée de prétendre être un glaçon qui n’a jamais les larmes aux yeux. « Le Ministère, et tout ça. » rajoute t-elle comme si ce n’était pas déjà évident, comme s’il n’avait pas déjà compris qu’elle était en train de partir, de le quitter comme tout le monde l’avait déjà quitté, son frère, son père, Yselia. « C’est moi qui te demande pardon. » sanglote Fauve, incapable de le regarder dans les yeux alors qu’elle s’engage sur une route qu’elle n’aurait jamais imaginé suivre. Elle prend une nouvelle bouffée d’air, la première depuis de trop longues secondes, la dernière avant de trop longues secondes. « C’est terminé, Simon. Tu me connais bien, tu me connais beaucoup trop bien. » Tellement que tu as compris, j’en suis certaine. Elle se détache un peu de lui, se permet de se perdre dans son regard trop bleu pour être réel. Ils ont les mêmes yeux, ils ont ça en commun. Elle n’avait rien d’Yselia, tellement rien qu’elle se demandait parfois d’où lui venait cette blondeur incompréhensible et ces yeux azur. Et qu’elle se rassurait chaque fois en se rappelant Simon et leurs pupilles similaires. « J’ai pas l’intention de prendre la marque, pas l’intention de me soumettre. Qu’est-ce que le Lord a apporté à la famille ? Des morts, juste des cadavres. On a fait tout ce qu’on attendait de nous et résultat, on a crevé. » L’éternelle rengaine bien trop murmurée à leur passage, Rosier, famille maudite. Sansa a les mains en coupe autour du visage de son cousin, les sanglots avortés ne sont pas revenus dans sa voix et aucune larme n’a été versée ; seule reste la détermination, vorace et féroce. « Il est temps d’inverser la tendance, toi et moi, on peut faire ça. Je suis certaine qu’Elias nous attend quelque part. Dans tous les cas, moi, je… » Puis soudain la tristesse revient, comme une vague, frappe de plein fouet et sans pitié, dominante dans la succession d’émotions qui agitent Fauve, la noyant dans ses propres chaos. Elle a le cerveau retourné, la langue comme brulée et les yeux délavés de ne pas réussir à pleurer. Elle a le parfum d’Yselia, les mains froides d’un cadavre et les souvenirs d’un énième cercueil que l’on ferme. Elle a le vague à l’âme, des tremblements incontrôlables et la prunelle de ses yeux devant elle, en train de déchanter avec la marque sur un bras et les roses sur l’autre. Elle a les paroles d’une vieille chanson moldue en boucle, et elle empreinte les mots à un autre pour ne pas dépérir. «… Je suis venue te dire que je m’en vais. »
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PRISONERS • bloodstains on the carpet
Simon Rosier
Simon Rosier
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‹ âge : trente-huit ans (24/05/66).
‹ occupation : criminel, propriétaire déchu du Centuries.
‹ maison : Serpentard.
‹ scolarité : 1977 et 1984.
‹ baguette : brisée.
‹ gallions (ʛ) : 5331
‹ réputation : il n'est plus rien, l'héritier réprouvé d'une famille presque extincte, indigne de toute confiance et bon à moisir dans les geôles d'Azkaban.
‹ faits : toujours considéré comme une ordure remplaçable, dans le clan désuni de Voldemort, Rosier est désormais perçu comme un lâche ayant déserté avant la bataille finale. Un monstre qui a abusé de la confiance d'une sorcière honnête (Anna), et un père indigne par-dessus le marché. Nombreux sont ceux qui auraient aimé maintenir la peine de mort jusqu'à ce qu'il y passe.
‹ résidence : Azkaban.
‹ patronus : un vague filet argenté, sans forme ni consistance.
‹ épouvantard : un précipice.
‹ risèd : une plage, avec Anna et Charlotte.
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dig up her bones but leave the soul alone

Don't you know that it's only fear, I wouldn't worry, you have all your life, I've heard it takes some time to get it right, I'm wasting my young years, It doesn't matter if I'm chasing old ideas


Do you find it hard to sit with me tonight? « Tu sais que c’est faux. » Il le savait. « Le Ministère, et tout ça. » Il le savait. Ç’aurait été mentir que de feindre l’ignorance devant la direction que prenait cette conversation. Sansa en avait bavé. Dès son premier cri, le monde avait décidé de se déchaîner contre elle, et même s’il tentait de rattraper le temps perdu, il n’avait rien d’un sauveur ; au contraire, il l’avait laissée tomber autant de fois que ses parents, son frère, le reste de leur famille, trop occupés à se regarder le nombril pour s’apercevoir de la déchéance qui les guettait. « C’est moi qui te demande pardon. » Pourquoi. Son étreinte se resserra instinctivement, et ses billes azures, bien que vrillant le mur d’en face, paniquaient dans leur orbite. Longtemps, la rumeur – un mythe dont chacun se serait volontiers passé – voulait que Sansa soit leur oiseau de mauvais augure. Leur demoiselle blanche, à défaut d’être dame. « C’est terminé, Simon. Tu me connais bien, tu me connais beaucoup trop bien. » J’aurais voulu te désapprendre, alors. Moins souffrir. Non, il avait envie de rétorquer, non, on se connaît pas, arrête tes conneries. Il pouvait nier. Nier, même face au fait accompli, et s’en balancer, de ce qu’elle avait à lui confesser. Après tout, Sansa et lui, c’était pareil. Maladroits avec leurs émotions, maladroits avec les autres, maladroits avec eux-mêmes. Ils se retrouvaient dans leurs contradictions, mais à cet instant, il aurait préféré qu’elle se contente de lui gueuler dessus, lui balancer qu’il n’était qu’une raclure, qu’Yselia méritait davantage que son ego surdimensionné, qu’elle aussi, elle en avait marre, que cette famille sombrerait. Il aurait préféré qu’elle le haïsse. Il aurait préféré la haïr. Tout foutait le camp. Il perdait le contrôle, s’il l’avait jamais eu un jour. Sansa était une grande fille, capable de faire ses choix, de suivre sa voie, mais elle s’éloignerait irrémédiablement de lui. Elle partirait, et il n’accepterait pas de récupérer son cadavre en guise de retrouvailles.
Parfois, Evan lui manquait – aujourd’hui, il aurait eu envie de lui parler, histoire de. Ce con était aussi barré que fanatique mais ils se seraient sans doute compris, et les délires radicaux de ce cousin, psychopathe de la veille et martyr d’aujourd’hui, auraient peut-être déteint sur ses doutes. Evan. Ça ne manquait pas de le prendre aux tripes – il le revoyait un peu, dans Sansa et Yselia. Enterré comme un clebs, pleuré en silence et oublié des siens, pour que finalement, son heure de gloire frappe contre son cercueil pourrissant avec quelques années de retard. Son connard de père lui manquait, uniquement parce qu’il était un point d’ancrage dans son existence, ou encore la seule personne à qui il pouvait parler d’Elias sans avoir l’impression d’en faire une obsession. Il n’avait pas les épaules pour sortir cette famille de l’abîme dans lequel elle s’enlisait pitoyablement, en dépit de quelques efforts – fussent-ils vaillants ou déplorables. Son frère lui manquait, mais il y songeait de moins en moins, le temps commençant à altérer leurs dernières conversations ou, tout du moins, celles qui ne s’étaient pas terminées en engueulades. Simon se parait d’une fierté esquintée, et Sansa ne cesserait jamais de lui rappeler qu’au fond, il n’était pas si indifférent au sort des autres. Que ça lui importait – que ça le blessait. Sinon, pourquoi boire jusqu’à plus soif, et pourquoi se défoncer dès le matin, et pourquoi les insomnies, et pourquoi cette angoisse. Il y avait une peur qui lui tenaillait l’estomac, des remords à en inspirer un suicide. Du vide, aussi. Ça l’aidait à tenir. « J’ai pas l’intention de prendre la marque, pas l’intention de me soumettre. Qu’est-ce que le Lord a apporté à la famille ? Des morts, juste des cadavres. On a fait tout ce qu’on attendait de nous et résultat, on a crevé. » Il eut la désagréable impression d’entendre Elias, mais ses paroles, aussi douloureuses soient-elles, ne déclenchèrent pas l’épiphanie escomptée – alors que lui aussi supportait de moins en moins assister aux mises en terre des siens. Il n’avait jamais justifié son choix, répréhensible à l’époque et honorable aujourd’hui. À elle, il n’en avait soufflé mot, gardant en lui le secret d’une décision assumée quoique regrettable. Une douleur lui fendait le poitrail. « Il est temps d’inverser la tendance, toi et moi, on peut faire ça. Je suis certaine qu’Elias nous attend quelque part. Dans tous les cas, moi, je… » Elle s’arrêta, mais cette pause inconfortable n’en rendit son aveu que plus éloquent, et confirma une crainte inavouée. Un poids, qui pesait déjà sur ses épaules, tomba brutalement sur son estomac, tandis qu’il reculait, désemparé, sa superbe gisant quelque part, dans l’ombre de son allure accablée. La mention de son aîné termina de l’achever – les attendait-il seulement ? « Ne le dis pas, » coupa-t-il d’une voix rauque. «… Je suis venue te dire que je m’en vais. » Il y eut un moment de flottement. Et rien. Ses traits tirés ne trahirent aucune émotion, pas même sa colère ou son désarroi. Les bras ballants, il ouvrit, puis referma la bouche. Frotta le bout de son nez. Hocha la tête d’une façon étrange, comme s’il abdiquait. Une flaque de thé se mélangeait aux éclats de céramique, pas loin de la table basse. Il n’aimait pas le désordre. Les yeux de Sansa brillaient et ses adieux fracassants ne l’empêchèrent pas de se détourner d’elle – afin de remettre un peu d’ordre. Il s’agenouilla près des morceaux de faïence, remua vaguement sa baguette au-dessus des débris, et contempla la reconstitution de la tasse d’un œil vitreux, avant de s’en emparer, sans mot dire. Son jean était déchiré, sur le coté. C’était malheureux de rouler sur les gallions et de porter des fringues trouées. Il se redressa, osa contourner Sansa (il aurait pu être seul dans la pièce que son comportement n’aurait pas été plus différent) et quitta la salle de séjour avec son bien en main.  

Il n’y avait plus grand-chose dans cette maison. Les placards étaient vides, la vaisselle prisonnière d’une vitrine poussiéreuse, la table abandonnée. Il remarqua une toile d’araignée dans un coin du plafond, et songea à l’enlever. Ses mains tremblaient, tandis qu’il rangeait la tasse dans un compartiment destiné aux assiettes ; son cœur battait furieusement contre ses tempes, et s’il crut que quelques inspirations, plus nerveuses que profondes, calmeraient la détresse insidieuse qui n’avait pas fini de dissiper sa colère passagère, il se fourvoya lamentablement. Il en avait mal au bide, d’imaginer Sansa se planquer avec des insurgés, mais qui était-il pour l’en dissuader ? Il comprenait maintenant comment Elias avait dû se sentir, lorsqu’il lui avait dévoilé sa Marque. L’ironie était moins amère que cruelle. Il se rappelait sa perplexité quand Yselia avait décidé de grossir les rangs des adhérents, et son soulagement, de savoir Sansa loin de ces croisades-là. Appuyé contre le buffet en bois, le menton penché vers son avant-bras, il contemplait les contours sombres du symbole maudit, incrusté dans sa chair diaphane, et, un peu plus haut, des traces de piqûre orphelines qu’il avait oublié de dissimuler. C’était devenu une habitude de la gratter, parfois jusqu’au sang. Du bout de l’ongle, il essayait d’enlever l’encre, comme on voudrait arracher une croûte, puis abandonnait. Sansa allait partir. Sa dernière alliée le fuyait à son tour, et ça lui faisait un mal de chien, putain. Ça lui faisait mal.
Ses nerfs lâchèrent. Parce que tout se cassait la gueule et que c’était trop à encaisser. Parce qu’il buvait trop. Parce que personne ne le verrait jamais dans cet état. Il était chez lui, putain, il pouvait chialer si ça lui chantait. Il pouvait péter la vaisselle, ou la vitre, ou le miroir, se blesser comme un con, et il pouvait aussi avoir mal jusqu’à s’effondrer. Il s’en foutait. Il avait dû pleurer quelques fois, quand il était môme, mais jamais de cette manière. Des larmes pour son connard de frère, Yselia, Sansa, un reniflement discret, qu’il réprimât avec le feu de fierté qui lui restait. Quelques sillons salés se frayèrent un passage jusqu’à sa mandibule, deux, trois, quatre gouttes s’écrasèrent contre ses bras croisés, et il n’en finit plus de presser les paupières pour arrêter cette hémorragie lacrymale. Simon releva le nez, avala une goulée d’oxygène que ses poumons noircis peinèrent à accueillir. Une minute de faiblesse, rien de plus. « Tu devrais partir alors, » beugla-t-il soudainement, en essuyant les traces liquides qui le trahiraient sans doute. Il s’empara de la bouteille de cognac, abandonnée un peu plus tôt sur la table, et, une fois de retour, avec sa paire de billes délavées, il aboya, « tu m’entends ? Tu ferais mieux de te casser pendant que t’en as encore le temps. Évite de me foutre dans la merde comme il l’a fait. » Il se révélait dans toute sa splendeur, parangon de paradoxes qu’il était. La dureté de ses mots n’était cependant qu’un écho de rancœur plus qu’une menace péremptoire – il ne perdait son sang-froid qu’avec ceux qui le méritaient. Il enrageait, parlait trop vite, balançait deux ou trois conneries, se sentait un peu mieux sur le coup, puis mal au bout de quelques heures. Sansa croyait encore qu’il y avait quelque chose de récupérable, chez lui. « C’est quoi cette manie de devenir anarchiste du jour au lendemain ? Entre deux grondements, il chopa une clope. Peut-être que t’as raison, peut-être qu’on a toujours été dans la merde, mais si tu veux mon avis, Evan, personne lui a demandé de s’attaquer tout seul à un type qui avait le double de son expérience en duel. Merde, le cône qu’il avait attrapé avait une sale gueule. Puis c’est comme ça, on est bon pour crever, d'autres pour survivre, qu’est-ce qu’on y peut. Mais tu crois que tu vas détruire un système dont t’as bien profité ? » Il était con. Il n’y avait aucune explication à cet éclat – il était simplement con. Ravagé, et obligé de semer un peu de sa peine pour la rendre supportable. Son tibia heurta malencontreusement la table basse, ce qui ne l’empêcha pas de clopiner, un poing dans la bouche. « Je m’en fous, fais ce que tu veux, » parvint-il à articuler. « Rejoins-le, s’il est encore vivant, mais ne pense même pas à m’embarquer dans tes trucs. » J’ai trop donné pour cette famille. Il s’en était bien tiré – il s’en tirait toujours – mais ça n’en diminuait pas le sacrifice commis au nom d’un prestige éventré. Interdit, Simon porta le goulot à ses lèvres et avala une gorgée d’alcool. Il s’en voudrait. Comme d’habitude – pourquoi changer. Il se calmerait, éventuellement. Reposerait la bouteille, s’excuserait. Il n’en savait rien. Quelque part, une dernière dispute facilitait les adieux. Elle ne reviendrait pas sur sa décision, il en était certain. Sansa était aussi têtue que lui, que n’importe qui dans cette famille butée.
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nights like this i become afraid

of the darkness in my heart. Welcome to the inner workings of my mind, so dark and foul I can't disguise, can't disguise. (+ hurricane). Les yeux de Simon supplient tandis que ses lèvres implorent Sansa de ne rien dire - mais elle le dit quand-même. Les mots sont tranchants, bien trop puissants, et le voilà qui recule tandis qu'elle souffre déjà de le voir s'éloigner. Bien sur, elle s'attendait à ce que l'impact de l'aveu soit énorme ; mais pourtant, maintenant qu'ils sont tous les deux devant le fait accompli, elle remarque combien il aurait été plus confortable de se taire. Combien elle aurait pu essayer de se conformer à cette vie de salon, se battre pour ne pas dépérir à cause de cet emploi ennuyeux au Ministère, tenir dans une vie de faux semblants et de sourires hypocrites pour lui, pour Simon, au lieu de se dresser contre vents et marées pour une cause somme toute déjà perdue, très probablement - et qui, en plus, l'entrainera dans sa chute, elle comme son frère de coeur. Il est bien trop calme, presque comme si l'annonce ne l'avait pas ébranlé, presque comme si elle n'avait rien dit, que les mots étaient restés dans sa gorge pour y mourir sans jamais voir le jour, et elle sait ce que ça annonce ; la tempête.

Alors Sansa attend, les mains moites et les lèvres mordues, sans trop savoir quoi exactement. Des hurlements, peut-être. Ou pire. Elle ne sait pas trop, et elle le fixe, effrayée à l'idée que la future tournure des évènements pourrait bien ne pas lui plaire. L'espoir en elle se meurt peu à peu - il ne la suivra pas - et cet espoir était fou de toute façon. Elle ne sait déjà plus pourquoi elle s'est accrochée à cette chimère inutile, cette envie irréalisable - Simon a déjà choisi son camp, et son camp n'est pas celui de la blonde. Pas le bon, souffle une voix à l'intérieur d'elle, mais elle n'est pas certaine d'être l'héroïne de l'histoire pour autant - pas plus que lui, qui s'agenouille au dessus des débris de la tasse cassée pour s'évertuer à reconstruire le tout, un peu comme si leurs vies pouvaient encore être reconstruites (foutaises). Contrainte à accepter la manière dont Simon l'ignore avec superbe, elle le suit des yeux tandis qu'il quitte la pièce, passant à côté d'elle sans même lui jeter un seul regard - elle aurait pu être transparente, voire ne pas exister du tout, que les choses n'auraient pas été différentes. La colère augmente parallèlement à la tristesse et prend place dans ses poumons, son estomac, l'empêchant de respirer et la lestant d'un poids tandis qu'elle suit son cousin, effrontée, insolente peut-être. Il a besoin de place, peut-être, surement. Et de temps. Elle s'en doute, mais elle n'a rien de tout ça à lui donner - elle est trop avide de réponses, de dénouement, impatiente et mal à l'aise dans ce silence lourd et long.

Pourtant elle ne dit pas mot quand elle remarque les larmes sur les joues de Simon - et d'ailleurs, même si elle avait trouvé quelque chose à dire, quelque chose de rassurant et de réconfortant, elle ne serait probablement pas parvenue à formuler ne serait-ce qu'une minuscule syllabe. Les pleurs la laissent démunie, pantelante, et elle détourne le regard de manière éhontée, fixant des objets inutiles pour ne pas avoir à endurer la scène qui se déroule sous ses yeux. Il s'agit de Simon, bordel, pas de n'importe qui, et ils ont l'air cons, seuls dans cette maison comme si le reste du monde n'existait pas, à ne pas parvenir à panser leurs plaies. Puis soudain, c'est lui qui reprend la parole, la voix lourde de douleur et de reproches, chargée de colère et de violence : « Tu devrais partir alors ». La blonde sursaute malgré elle, avant que ses doigts ne s'agrippent au bord d'un meuble pour s'en servir de point d'ancrage. L'aide apportée par le support n'est que superficielle, mais toutefois suffisante pour que Sansa puisse se stabiliser, et ne pas reculer lorsque son cousin attrape une bouteille d'alcool d'un geste vif. C'est alors qu'elle réalise à quel point elle est effrayée - étrangement, bizarrement effrayée, elle qui est d'habitude de l'autre côté, de ceux effraient, qui inquiètent, qui font monter la tension et la température. Elle a peur de ce que Simon serait capable de faire, en ces temps sombres - peur qu'ils en viennent aux mains et s'auto détruisent, à l'aide de la magie ou non, bombes à retardement ayant soudainement exposé. Peur qu'il ne la balance, aussi, qu'il la vende à ce Lord qu'elle aspire tant à détruire - mais non, il n'en serait pas capable, pas vrai ? (Pas lui, pas lui).

Fauve ne peut pas s'empêcher de se doter d'un air revêche pour faire fuir la peur de ses yeux ; sa bouche prend un pli insolent tandis qu'elle sert les dents de rage, noyée sous le flot amer que déverse son cousin : « tu m’entends ? Tu ferais mieux de te casser pendant que t’en as encore le temps. Évite de me foutre dans la merde comme il l’a fait. » Quel égoïste, pense t-elle un quart de seconde, avant que déjà elle ne lui trouve des excuses supplémentaires ; après tout, n'aurait-elle pas été aussi mauvaise que lui si elle avait été sa place ? Est-ce qu'elle n'aurait pas voulu, elle aussi, se protéger avant tout ? Pourtant elle répond, dans un murmure agacé : « T'as besoin de personne pour te foutre dans la merde. Ni d'Elias, ni de moi. ». Sa remarque de petite conne est tempérée par le ton bas qu'elle a utilisé : elle a encore le contrôle, elle en est à tenter de se retenir, parce qu'elle sait qu'après, ils diront tous les deux des choses qu'ils ne pensent même pas. « C’est quoi cette manie de devenir anarchiste du jour au lendemain ? Peut-être que t’as raison, peut-être qu’on a toujours été dans la merde, mais si tu veux mon avis, Evan, personne lui a demandé de s’attaquer tout seul à un type qui avait le double de son expérience en duel. » Elle se crispe instantanément à l'évocation de son grand frère - elle a toujours été tiraillée le concernant, partagée entre l'envie de le haïr pour avoir choisi un tel chemin et le besoin de le pleurer pour avoir laissé un tel vide. Peut-être bien qu'Evan est aussi tabou pour elle qu'Elias l'est pour Simon - elle ne sait pas, elle ne sait plus, mais elle tremble tandis qu'elle ordonne : « Ne me parle pas de lui. Il n'a rien à faire là dedans. Il est mort et enterré, je veux même plus me souvenir qu'il a un jour existé. » Elle ne sait pas si l'avertissement à bel et bien été entendu - déjà elle doit encaisser une nouvelle pique, presque encore plus virulente que les autres : « Mais tu crois que tu vas détruire un système dont t’as bien profité ? »

« Je n'ai profité de rien ! De rien, tu m'entends ? » qu'elle hurle soudainement, au moment même ou Simon se cogne contre la table basse. « Je m’en fous, fais ce que tu veux. Rejoins-le, s’il est encore vivant, mais ne pense même pas à m’embarquer dans tes trucs. » qu'il répond simplement, entre deux gorgées d'alcool brulant. Et elle, elle craque, ne supporte plus les bouteilles, la fumée, ou alors peut-être est-ce l'éternelle rengaine qui cherche à prouver à quel point l'espoir est mort - elle ne sait pas au juste, mais elle sent qu'elle est incapable de se débattre avec toutes les émotions qui l'agitent, et c'est avec tout le dégout dont elle est capable qu'elle lance à Simon : « Tu me fais pitié. Toujours en train de te morfondre, jamais en train d'essayer de t'en sortir. Tu sais quoi, Simon ? T'es qu'un con. Je crois que je te l'avais encore jamais dit, mais maintenant, tu vois, c'est fait. » Elle s'arrête pour respirer, et l'air se précipite dans ses poumons fatigués d'avoir trop hurlé. Elle lui crache presque au visage, et elle lui arrache la bouteille des mains tandis qu'elle continue sur sa lancée : « Je préfère encore être une anarchiste qu'un alcoolique. Je sais même pas comment j'ai pu faire pour tenir autant à toi. » Puis elle se sent vidée, et alors que la haine se fait la malle, elle contemple l'ampleur des dégâts, tous ces mots prononcés par simple besoin de blesser. « T'avais raison, tu vois, assène t-elle ensuite en se retournant, j'vais me casser. Fais rajouter une rose à ton tatouage pour moi, on se reverra pas. » Elle a la main crispée sur le sien, et elle est à deux doigts de partir, mais l'espoir d'être retenue la pousse à s'éterniser quelques secondes supplémentaires, flottant dans le néant.


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PRISONERS • bloodstains on the carpet
Simon Rosier
Simon Rosier
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‹ dialogues : #669999.
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‹ liens utiles :
‹ âge : trente-huit ans (24/05/66).
‹ occupation : criminel, propriétaire déchu du Centuries.
‹ maison : Serpentard.
‹ scolarité : 1977 et 1984.
‹ baguette : brisée.
‹ gallions (ʛ) : 5331
‹ réputation : il n'est plus rien, l'héritier réprouvé d'une famille presque extincte, indigne de toute confiance et bon à moisir dans les geôles d'Azkaban.
‹ faits : toujours considéré comme une ordure remplaçable, dans le clan désuni de Voldemort, Rosier est désormais perçu comme un lâche ayant déserté avant la bataille finale. Un monstre qui a abusé de la confiance d'une sorcière honnête (Anna), et un père indigne par-dessus le marché. Nombreux sont ceux qui auraient aimé maintenir la peine de mort jusqu'à ce qu'il y passe.
‹ résidence : Azkaban.
‹ patronus : un vague filet argenté, sans forme ni consistance.
‹ épouvantard : un précipice.
‹ risèd : une plage, avec Anna et Charlotte.
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dig up her bones but leave the soul alone

I'm sick, and I'm tired too, I can admit, I am not fireproof. I feel it burning me, I feel it burning you, I hope I don't murder me, I hope I don't burden you, If I do, If I do…


If I told you that I hated you, would you go away? Oserait-il, seulement ? Oserait-il la jeter en pâture aux pieds de Celui qu’il avait juré servir, comme il avait vendu sa belle-sœur ? Comme il avait condamné la femme de son propre frère ? Il le regrettait encore, il le regretterait toujours, mais les relents de corruption gangrénant son âme bâillonnaient cette conscience éteinte. Et si ça se découvrait ? Il n’y avait pas assez d’alcool dans cette bouteille pour virer cette angoisse de sa caboche détraquée. Les représailles ne se firent pas attendre, la joute verbale était engagée. Ils étaient seuls, mais prêts à en découdre, agrippés à leurs croyances respectives comme des clébards à leur os à moelle, l’écume aux lèvres et la rage au ventre – de perdre ou de se perdre, il n’en savait rien. Un Rosier, ça empestait déjà trop le désespoir, ça se traînait, les épaules affaissées par le poids d’un malheur familier, presque ami, mais deux Rosiers. Deux Rosiers dans la même pièce, à juger les erreurs passées et à ressasser ce qui n’était plus, ça donnait envie de se suicider. Toute une histoire résonnait dans leurs silences inconfortables, dans leurs échanges laconiques, dans leurs gestes lents, hantés par les fantômes qu’ils partageaient. Cependant, ils les chérissaient, leurs tragédies. Ils tiraient leur énergie dans le macabre. Une gamine y était même née. La faute à pas de chance, Simon disait. Quel enfoiré tu fais. Elle ne méritait pas ses injures, elle ne méritait qu’il projette sur elle ses propres désillusions, parce qu’elle insufflait de l’espoir, elle, au moins. (Approuvait-il ? Il avait des doutes. Il était conscient d’avoir des doutes, et il les abhorrait.) Il but, encore. L’alcool lui brûla la gorge, et l’étourdit légèrement – il avait l’estomac vide, et le foie déjà plein. « Tu me fais pitié. Toujours en train de te morfondre, jamais en train d'essayer de t'en sortir. Tu sais quoi, Simon ? T'es qu'un con. Je crois que je te l'avais encore jamais dit, mais maintenant, tu vois, c'est fait. » Le salaud se braqua. Ce n’était pas la vérité qui blessait, elle lui était même familière, quoique les voix et les tons différaient – du mépris assumé de son pater quand il lui arrachait un verre des mains, à la déception voilée de sa mère, alors qu’il se resservait une généreuse rasade de whiskey à l’heure du thé, en passant par l’impuissance d’Anna, dont l’amitié ne suffisait pas à combler le vide que remplissaient les spiritueux. Qu’on le juge, qu’on lui tende une main, il n’en avait cure – mais Sansa. Dans sa bouche, de telles invectives étaient de véritables coups de surins, parce qu’il avait toujours cru que quelque part, elle le pardonnait, d’être une épave. « Apprends-moi quelque chose que j’ignore, » murmura-t-il en plantant ses iris dans ceux de sa vis-à-vis, insolent, sans être capable d’articuler davantage. La gorge était trop nouée, et il savait qu’il n’avait pas fini de chialer, qu’il s’effondrerait encore, peut-être à ses pieds. S’il te plaît – ne le pense pas, s’il te plaît. S’il la perdait ? Cette solitude-là lui serait insupportable. « Je préfère encore être une anarchiste qu'un alcoolique. Je sais même pas comment j'ai pu faire pour tenir autant à toi. » Tu le penses pas. Ou peut-être que si ? Il y a dans la colère une sincérité blessante, qu’il connaît, qu’il côtoie. Cette incompréhension, c’était la sienne, mais il essayait de se raccrocher à l’espoir que ses mots dépassent sa pensée – quoique lui aussi, se trouvait pathétique. Elle avait raison. D’aussi loin qu’il s’en souvienne, il fuyait, trouvait refuge dans l’artificiel, persuadé qu’une cuite l’aiderait à éponger les erreurs de la veille. Ses mains, désormais vides, s’étaient remises à trembloter. Syndrome d’un alcoolique qui s’ignore. Il pliait, dépliait, repliait ses doigts, serrait, desserrait, resserrait son poing, encore et encore. Les extrémités tressautaient contre sa paume, et il l’écoutait, il l’écoutait l’enfoncer, il contemplait sa fureur justifiée s’écraser sur lui. Continue. Dis-le, dis ce que tu as à dire. Le fiel s’était tari, asséchant sa hargne dans la foulée, et ne restait rien. Un vide, une absence de réaction, cette attitude hagarde. La poigne frêle mais ferme de Sansa l’ancrait dans un présent étrange, terriblement irréel et pourtant tangible. Sa pomme d’Adam tressauta sous le coup d’une déglutition, la mâchoire se contracta. « T'avais raison, tu vois, j'vais me casser. Fais rajouter une rose à ton tatouage pour moi, on se reverra pas. » Il soutint son regard, aussi longtemps que possible, puis dégagea son bras de son emprise. Si son cœur devait se briser, ce serait aujourd’hui. Il voudrait ne pas la revoir – il voudrait qu’elle disparaisse avec sa haine, qu’elle se libère de lui, qu’elle avance. Elias et lui s’étaient engueulés, des années auparavant, et quelque part, la rancœur tenace qu’il éprouvait à l’égard de son frère avait apaisé son absence. C’était le seul cadeau qu’il aurait pu offrir à Sansa – une raison de plus de le mépriser, faciliter sa décision, son combat. Les raclures comme lui, ça ne valait rien. « Tu trouves pas que ce serait mieux, si on se quittait comme ça ? » Il dit. La voix ne portait plus. Élocution brisée du crevard qui fumait trop. « T’as rien ici, de toute façon. » Même pas moi. Machinalement, les ongles vinrent gratter la Marque. D’avoir rugi plus tôt, les excuses se confondaient avec ses reproches. Il se contentait de la dévisager, d’imprimer dans son esprit un souvenir, qu’il espérait ne pas oublier. Le son de sa voix, la couleur de ses iris, si semblables aux siennes, à celles d’Elias, sa crinière blonde. Ses incisives capturèrent sa lèvre inférieure.
Je veux pas dire au revoir.
« Tu crois que j’en ai rien à foutre de toi ? T’es tout ce qu’il me reste, » un désespoir impudique enveloppait la parole éraillée. Il ne pouvait pas la laisser partir, mais ce n’était plus son choix – elle s’en va, c’est fini. Il s’en voulait, d’être un connard, d’avoir merdé plus souvent qu’à son tour. Il s’en voulait pour Elias, Yselia, il s’en voulait pour ce qu’ils étaient devenus, tous autant qu’ils étaient. Il s’en voulait de boire, de s’être explosé le bras à se piquer tous les matins et tous les soirs, il s’en voulait de ne pas partager leurs espoirs, leur soif d’égalité. Mais c’était comme ça. Et s’il avait trouvé les mots, il lui aurait expliqué. Il lui aurait expliqué que la justice avait un sens différent chez lui. Il lui aurait expliqué pourquoi il méritait qu’elle lui crache dessus. Se muait-il en traître, lui aussi ? Quelle était la valeur véritable de ses idéaux ? Avait-il été un jour digne de confiance. « C’est pas à moi de te retenir, » les paroles ne s’alignaient pas comme il le souhaitait, les tournures étaient scabreuses. « J’espère juste que tu me pardonneras. » Pour ne pas vous suivre, pour être un planqué. Il s’approcha alors de Sansa, sans brusquerie aucune. Posa sa paume contre sa joue, et osa un sourire faiblard, qui s’évanouit aussitôt qu’il apparut. « Et j’espère qu’on se reverra. » Avec Elias, peut-être. Il n’était cependant pas en mesure d’affronter son frère. Le cœur était lourd, avait perdu en cadence.
Putain, je suis tellement désolé. Est-ce que tu peux seulement l’entendre. « Personne n’est au courant pour la maison, ici, sa main retomba lestement le long de son corps et vint se loger dans la poche de son jean, tu peux y rester. » Il détourna les talons, les épaules légèrement affaissés, et s’écroula sur la causeuse, les coudes sur les genou, un « s’il te plaît » sur le bout de la langue. Il déposait les armes. Parce que c’était elle, parce que c’était Sansa ; et il s’était foutu le doigt dans l’œil s’il avait un jour cru qu’il lui épargnerait cette vie. Le front collé contre ses paumes, il ferma les yeux, captura une goulée d’oxygène. Elle avait raison – il était con, et ça ne se disputait pas. « Et, il reprit, dans le vide, si tu dois partir maintenant, il aimerait parler, articuler, sans cet étau qui lui compressait les cordes vocales, m’en veux pas. » Il s’était dégonflé si vite. « Inverse la tendance. » Dans l’intimité de ces murs, il se révélait enfin, le félon qui s’ignore, esclave de lui-même avant de baiser le bas des robes d’un autre maître. Il y avait du moisi dans sa morale vacillante, il n’avait pas été taillé dans le même bois que son frère, que Sansa, même Yselia – mais il avait en lui un sens de la famille plus fort que n’importe quelle allégeance.
N’était-ce pas ce qu’ils disaient, blood is thicker than water.

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they say

the end is coming sooner

but the end's already here. I said today is but a rumor that we'll laugh at in a year or two, or three, or four, or five, whatever.

(+ how). Et il la retient - la constatation est libératrice. Tout n’est pas terminé - parce qu’il la retient. Avec des mots durs, mais peu lui importe ; elle n’a pas encore passé la porte (et elle ne le fera pas, non, pas de suite en tout cas). « Tu trouves pas que ce serait mieux, si on se quittait comme ça ? T’as rien ici, de toute façon. » La tirade habituelle, leurs sales sentiments respectifs qui ressortent. Sansa n’est pas étonnée, pas vraiment. Elle n’en attendait pas moins de lui, pas après tout ce qu’ils se sont lancé au visage depuis qu’elle a débarqué dans cette maison. Mais elle préfère ça, largement, au silence - elle préfère ça plutôt que partir sans qu’il ne dise quoi que ce soit. Pour toute réponse, elle se retourne - n’avance pas, ne recule pas, mais le regarde, au moins. Ses yeux rencontrent la marque qu’il arbore sur le bras, et elle tente de cacher une grimace de dégoût mélangée à de la désapprobation tenace. Elle l’a toujours accepté comme ça, toujours ; à vrai dire, elle a toujours tout accepté de lui, mais ça devient de plus en plus compliqué. N’était-elle pas celle qui était toujours de son côté, pourtant ? Celle qui plaidait sa cause, chaque fois, et qu’importe l’interlocuteur. C’est si difficile, si difficile de changer et de le voir changer, alors qu’ils n’ont plus grand monde d’autre. Je t’ai, toi, qu’elle a envie de lui dire. Malgré cette marque qui m’horripile, et les bouteilles vides qui viennent toujours tout gâcher, et tout ça, tu sais bien, tout ça. Je t’ai toi, et parfois je t’en veux tellement, t’as pas idée, mais je me sens pas trop capable de te lancer la pierre.

Qui sait ? Peut-être qu’un jour, elle l’aidera à descendre ces bouteilles.

Tout ce que je te demande, c’est de pas me laisser partir, sinon y’aura plus rien. « Tu crois que j’en ai rien à foutre de toi ? T’es tout ce qu’il me reste, » Ça, ça l’étonne plus. Tellement qu’elle cesse de respirer un instant. Tellement qu’elle se demande si elle a bien entendu. C’est pas trop dans leurs habitudes, ni même dans leurs cordes, aux Rosiers, de s’épancher comme ça. Mais ça lui fait agréablement plaisir, bien entendu. Malgré le désespoir qui pointe dans la voix de son presque frangin, malgré tout ce que ça implique. C’est un peu sadique, quand on y pense, de lui balancer ça maintenant qu’elle a pris la décision de s’en aller. Ca lui fait un peu de mal, un peu beaucoup, de penser qu’elle va laisser Simon seul après ce qu’il vient d’avouer. « C’est pas à moi de te retenir, J’espère juste que tu me pardonneras. » Et si ce n’est pas à lui, alors à qui c’était ? Il la prend tellement par les sentiments qu’elle s’étonne à s’imaginer rester. Mais pour un instant, uniquement - elle n’en peut plus depuis bien trop longtemps, et un mois de plus dans cette condition la rendrait assurément encore plus dingue qu’elle ne l’est déjà.

T’es déjà pardonné, qu’elle a envie de lui répondre, alors qu’il s’approche doucement et qu’il vient lui effleurer la joue. Putain, c’est si facile avec elle, si simple d’effacer les mots blessants et les coups durs ; il suffit de bafouiller des excuses. Elle s’en veut un peu, d’être si peu rancunière, si… faible ? Mais c’est dans sa nature, n’est-ce pas - nucléaire, elle attaque par réflexe avant de réfléchir, s’arrêter, pardonner, changer la donne. Maintenant qu’ils ne s’opposent plus, elle est prête à toutes les concessions, encore plus quand il déclare : « Et j’espère qu’on se reverra. » Sansa hoche la tête, muette. Au fond d’elle, le fauve est étrangement apaisé, prend le temps de se reposer en territoire ami. Il pensait qu’il n’avait rien, mais il y a tant de choses à perdre ici. « J’espère aussi », que la blonde murmure en réponse, dans un souffle de douceur, et les mots ressemblent à une promesse qu’elle a bien l’intention de tenir. « Personne n’est au courant pour la maison, ici, tu peux y rester. » La blonde laisse ses yeux caresser les murs anciens tandis qu’elle savoure la proposition. Il y a quelque, ici, quelque chose qu’elle est certaine de ne pas retrouver ailleurs. C’est dans l’air, peut-être, cet air qui sent la mer déchainée en même temps que la sécurité, et les embruns en même temps que quelques odeurs lointaines de quand elle était môme, tous ces trucs qui se mélangent et qui calment ses nerfs. « Et, si tu dois partir maintenant, m’en veux pas. » Jamais, j’y arriverai pas, j’pourrai pas, j’te le dis avec les yeux à défaut de le faire avec la voix, ces maudits yeux océan qu’on partage.

Sansa, elle est fatiguée, elle est trempée, elle a pris l’eau.

Pourtant elle reste droite encore un peu, le temps d’entendre Simon lui demander d’inverser la tendance, le temps de lui répondre, du feu dans le coeur et au bout des doigts : « Si je promets de rester vivante, promets-le toi aussi. » J’sais que je t’en demande beaucoup, mais c’est la seule promesse que j’vais exiger de toi. Et j’y repenserai, après, quand je serai partie et que tu seras toujours là, on pourra s’y accrocher, tu verras, se dire comme des idiots que tout va bien se passer parce qu’on se l’est promis, on s’est dit qu’on resterait en vie. T’as pas envie que la guerre se termine, toi ? Qu’elle se termine et que nous deux, à la fin, on soit toujours là ? (Me demande pas dans quel état). « J’dois bien avoir une semaine devant moi. » Une semaine, c’est tout ce qu’elle peut leur offrir, c’est leur seul et unique sursis, le peu dont ils doivent se contenter. Une petite semaine pour dire tout ce qu’il y a à dire, faire tout ce qu’il y a à faire, panser les blessures et tenter de les refermer. « Qu’est-ce que t’en penses ? » Sept misérables jours pour rire en évoquant des souvenirs d’Yselia, de ces rires à la fois heureux et malheureux qui donnent envie de mourir à l’aurore et d’égorger l’aube. Sept petits jours à passer comme s’ils étaient les derniers, parce qu’ils le seront probablement.

(Sur ma tombe j’voudrais que tu te souviennes que je t’aimais, tu sais).


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