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sujet; Lorsque le feu aura tout consumé

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Il ne veut pas entendre ses mots. Il veut les enterrer, les oublier, ne pas entendre cette voix qui fait écho à celle désagréable qui trop souvent résonne en lui, lui rappelant ce qu'il a fait, ce qu'il n'a pas fait, ce qu'il aurait dû faire (tant de morts par ta faute). « Si, c'étaient mes mains » Il sait que c'est c'est. « Je ne voulais pas mourir. » C'est ce qu'il a vécu. « Je voulais juste que ça s'arrête. » C'est ce qu'il a fait. « Je suis désolée. » C'est ce qu'il est. Lui aussi. Et pourtant, il veut tout entendre. Tout avoir de cette caresse fragile sur sa main – tout entendre de ses mots qui placent un baume sur son cœur blessé, sur une âme qui en a trop vu pour continuer (et pourtant, il ne peut pas s'arrêter, il ne veut pas s'arrêter). « Moi, vous me sauvez. » Ses doigts se retournent pour prendre ceux de la femme dans les siens, pour les serrer, avec douceur. Les yeux bruns sont emplis de larmes et d'une sincérité qui le touche, autant qu'elle le blesse. Une alliée. Une amie, peut-être, même. C'est tout ce dont il avait besoin. C'est ce qu'elle lui a donné. « Et vous m'avez sauvée ... autrefois. A-avec Travers. Il rit. Juste un pauvre éclat, plus amusé que véritablement rieur. Ça, oui, il peut dire qu'involontairement, il l'a sauvé d'une belle merde (quoique ce crétin de Travers s'est arrangé pour se faire saigner comme un porc à peine quelques mois plus tard – par Vincianne elle-même). Avec vos convictions aussi. C'était bien. Vos convictions sont belles, ça ... ça m'a changé des gens. Et je ne vous ai jamais remercié. » Il ne sait pas pourquoi elle le remercie, il ne connaît pas l'étendue de tout ce qui bouille dans son esprit. Il peut seulement sourire, doucement. Une dernière fois. Qu'elle s'en rappelle, encore quelques minutes.

« Je suis désolé. Ne... ne le soyez pas. Il esquisse un sourire légèrement penaud en réponse. Un sourire qui n'en est pas un. Il l'a sauvée, mais il l'a blessée. Condamnée. Il est incapable de se laver de ses fautes. C'était bien. Je... C'est stupide, j'ai juste un peu peur de ... d'oublier. »
(elle ne se le saura même pas)
Leurs mains se quittent, contact rompu à regret, et il se recule en même temps que Nyssandra se laisse aller dans le canapé, lui laissant assez d'espace pour... ça. Davius, étrangement, ne tremble pas – ne tremble plus. La prise est ferme, sur sa baguette. Sans doute parce qu'il sait que c'est pour le mieux et que pour une fois, par les Fondateurs, il peut tenir une promesse. La tenir réellement. Il doit se concentrer. Ce qu'il doit faire n'est pas facile, ne lui tente pas. Il doit se concentrer pour ne pas trop effacer, trop détruire, pour ne pas qu'on remarque le passage de Davius Llewellyn dans cet esprit. La baguette frémit, vole, un instant, et s'arrête dans sa course lorsqu'il est interrompue par une voix légèrement paniquée, presse : « Si vous me revoyez, il ne faut pas me laisser faire, d'accord ? Il ne faut pas me laisser vous trahir, promettez. Sa langue passe sur ses lèvres sèches. Peut-il encore promettre ? Promettre de la neutraliser ? Et à la fin, vous me ferez juger. »
(seras-tu encore là, Davy ?)
« Je vous le promets. »
Il tiendra cette promesse. Celle-là aussi. Il se le promet.

« Legilimens. »

L'esprit brisé, déconstruit, lui est offert – ouvert comme un livre, comme son propre esprit. Il n'y a aucune résistance, chez Nyssandra, rien qui l'empêche de s'orienter dans les pensées, dans les images, jusqu'à se retrouver. Il se traque lui-même, dans ses moindres traces, dans des réflexions moindres, vives, dans des idées, parfois. S'il ne peut remplacer les souvenirs, s'il ne peut se construire un personnage abominable de plus, il peut tout effacer. Tout retirer. Il fouille, lentement, d'aujourd'hui au 21 novembre 2001. Jusqu'à trouver les hiboux envoyés, la clé de la porte arrière du Précieux Caprice, son visage dans la cheminée comme un fantôme de cendres et de flammes. Jusqu'à trouver les tasses de thé, les scones et le whisky. Le gâteau au chocolat, aussi, les assiettes sales, les verres marqués. Jusqu'à trouver une salle de bain embuée de chaleur, un plancher inondé d'eau, le bruit de ses pieds nus contre le plancher. Jusqu'à trouver les rires, les sourires, les gestes, une main qui replace une mèche de cheveux, qui effleure une épaule, qui en serre une autre, qui manipule une baguette avec prudence. Jusqu'à trouver la voix, tant de fois, les discussions, les paroles criées, murmurées, chuchotées, les pleurs. Jusqu'à ce qu'il efface tout, progressivement, à chaque fois que son esprit se referme sur un souvenir, s'en empare, d'un « Obliviate » grave, sentence, mise à mort. Il ne laisse rien. Aucune boîte pleine de vêtements, ni de baguettes, aucun souvenir à trahir, à avouer.

Il ne laisse qu'une chose. Inexplicable, insaisissable, fantôme.

Qu'un plein bouquet de pivoines rouges.

(sujet terminé)
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Lorsque le feu aura tout consumé

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