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sujet; Ah vous dirai-je maman, ce qui cause mon tourment — feat Lucius Malfoy

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❝Comme si demain Baby pop Au petit matin Baby pop Tu devais mourir❞ France Gall.A l'aube & Malfoy Manor

 Lorsque l’on arrivait au Manoir Malfoy, rien ne pouvait plus suggérer la démesure des élites sorcières que les paons blancs du patriarche, beuglant leur solitude amère dans des jardins trop bien taillés. Tout ceci n’avait que le nom de perfection. C’était le genre de choses qui aurait échappé à n’importe quel novice de l’élégance et du bon goût. Nous avions ici le signe qu’une grande dynastie avait œuvré génération après génération pour magnifié un lieu désormais somptueux. Le régime politique qui s’était établi en Grande-Bretagne faisait faire des profits aux prestigieuses familles déjà largement épargnées par la misère et la précarité. Regardez ces hautes haies régulières, aux senteurs légèrement terreuses, à travers desquelles s’exaltaient des fleurs raffinées crachant leurs arômes presque printaniers. C’était un vrai tableau de maitre avec ce soleil levant qui pointait le bout de sa lumière sur la topographie anglaise. On en oublierait presque les grilles qui se dressaient là, menant vers une allée soignée, avec cette hauteur prétentieuse qu’on retrouvait chez le propriétaire des lieux, du moins en apparence. Longtemps, le Magister avait eu confiance en ses partisans jusqu’à ce que certains arrêtent de se battre et se tapissent dans le confort d’une collaboration avec les amis des moldus. Cela hérissait le poil vertébral des plus puristes des sang-purs. Fidèles serviteurs ou arrivistes, il n’y avait pas à dire : les Malfoy conservait une grandeur millénaire.

Il était cependant curieux qu’une voix douceâtre s’élève d’une des fenêtres, grande ouverte. L’aube accentuait ce son d’outre-tombe tandis que des rideaux épais fouettaient le vide avec acharnement, balayés par l’air. Surement, les habitants de cette riche demeure l’entendaient chanter alors que leurs yeux sortaient de la pénombre du sommeil. Il était seul cet habitant. Allongé dans son lit, il était épié par la femme dont sortait la mélodie macabre. Son regard cruel avait fixé sans ciller le corps allongé du sorcier aux longs cheveux blonds. Il avait l’air si inquiet, si désemparé, seul dans ce grand lit désormais froid. Cissy aurait sans doute eu de la peine pour Lucius Malfoy et elle aurait craint pour sa vie. Il fallait dire que sa lionne de sœur, avec ce sourire malsain dont elle avait le secret, n’était pas une personne à trouver au pied de son lit au petit matin. Elle aurait pu tenter de pénétrer son esprit. Après tout, le Maitre en personne lui avait appris à pénétrer les pensées avec une telle violence que les plus fragiles auraient sans doute pu finir fou. Néanmoins, elle jouissait du plaisir maléfique de faire souffrir sans gaspiller ses talents.

Le sorcier aux cheveux blonds avait l’air si vulnérable, lui qui se pourléchait d’arrogance au temps de son éveil. Si sa belle-sœur venait de pénétrer son grand manoir, ce n’était qu’en dépit de quelques règles de savoir vivre. Chacun savait qu’éloigner Bellatrix d’un si joli endroit par la bienséance ne faisait que la rapprocher davantage, en silence tout d’abord, avant de la voir bousculer chaque convenance, une par une, avec une folie si mal dissimulée… C’est pour cela qu’elle était là, assise en tailleur sur un sol inconfortable, à chantonner une chanson de sa composition. Elle n’était pas artiste, juste démente. « Dors ma tendr’et douce Cissy » chuchota-t-elle à la poupée qu’elle berçait entre des bras vilainement maternels. L’air était celui d’une comptine* d’enfants moldus, une mélodie entendue certainement avant le meurtre sale d’une famille, prise au hasard, lors de la première guerre des sorciers. « Ne pleure pas ton temple maudit ». La poupée avait un visage à moitié brulé. Bellatrix Lestrange l’avait inhumée d’un grenier où résidaient des souvenirs d’enfants, dont cette chose aux faux cheveux soyeux. Elle ressemblait tellement à Narcissa. « Que t’aurait dis ta maman ». L’ainée des Black se balançait comme atteinte d’autisme, jetant de temps en temps un regard au Lucius endormi, pour être sûre de ne pas manquer sa colère et ses frissons d’effrois. « En épousant ce manant ». Elle caressait de sa main tremblante la chevelure enfantine de la poupée malsaine, parcourant des doigts ses traits de porcelaine et prenant un soin particulier pour ajuster sa robe de dentelle jaunie. Dans la semi pénombre, on aurait peut-être pu apercevoir ses lèvres carnassières déposer un baiser gênant sur la peau froide du jouet aux airs élisabéthain. « Moi je dis que cet ancêtre, trahira un jour le Maitre. »

*Ah vous dirais-je Maman
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Le sommeil était un luxe qu’il ne pouvait plus se permettre. Sauf rare fois où Morphée daignait lui accorder ses bras ballants et disgracieux, matrone de nuits d’insomnie, de ses cauchemars d’enfant. Lucius bénissait ces moments d’accalmie, durant la tempête ; lorsque son esprit se laissait aller au repos et au vide chaotique. Il ne pensait plus à sa chère et tendre Narcissa, ni au Maître, ni même à Draco ou Scorpius. Non, c’était le néant, froid et pernicieux. Il s’y sentait esseulé, pourtant si peu craintif. Ses rêves étaient parfois jonchés de regrets, de ses remords qui le rongeaient pour des choix si peu fiables, si peu rentables. Ses craintes revenaient le hanter, drapées sous un masque de mangemort, celui qu’il a toujours été, lâche et apeuré. Et il se réveillait, en sueur et craintif, découvrant le monde infâme dans lequel il vivait. Ce monde à la dérive, si dénué de sens ; qui lui avait tout pris.

La comptine était lancinante, chantée avec un désespoir feint. On aurait dit une enfant, au bord de la crise de nerf. Mais elle était chantonnée avec conviction, teintée de folie. Lucius sentit son sommeil troublé, la voix devenant irritante. Derrière lui, une ombre, une présence qui le mettait mal à l’aise. Il connaissait que trop bien ce rire, cette façon de parler et la sournoiserie dans ce timbre follement assassin. « Dors ma tendr’et douce Cissy » Il eut la sensation que son oreille bourdonnait sous l’assaut d’une abeille tenace. « Ne pleure pas ton temple maudit. » Narcissa n’était pourtant pas là… Dans quel délire encore s’était-elle enfoncée ? « Que t’aurait dit ta maman ? » Lucius sentait l’envie de la foudroyer sur place le saisir et il s’empara lentement de sa baguette qui se trouvait sous l’oreiller. « En épousant ce manant. » Par Merlin… c’en devenait ridicule. Mais pas moins ennuyeux. « Moi je dis que cet ancêtre trahira un jour le Maître. » Lucius n’y tenait plus, pour lui, elle dépassait les bornes. Elle entrait chez eux, sans même taper. Dans leur chambre, sans y être conviée – même si, en temps normal, elle n’avait aucun droit. Il se leva précipitamment, dans le plus simple appareil – avec un short, tout de même – et pointa sa baguette sur elle. Tremblant, angoissé et au bord du gouffre, il ne savait que faire. Cette visite impromptue devait immédiatement s’effacer pour n’être qu’un mauvais souvenir.

« Je peux savoir ce que tu fiches ici Bellatrix ? DANS MA CHAMBRE ? À chantonner telle une dégénérée ? » Ce mot le fit sourire intérieurement. Bien sûr qu’elle était dégénérée, pourquoi nier l’évidence. « Tu n’as rien à faire ici. Narcissa n’est pas là pour supporter tes caprices… et même si elle le voulait, je ne pense pas qu’elle serait en état. » Il portait si mal le deuil, si mal la douleur. Les mots n’étaient qu’un semblant d’excuses pathétiques et mal proférés dans la bouche d’un parfait menteur. Il se mentait, même à lui-même, pour fuir ses obligations. Quel manant, en effet. « Tu aurais dû l’aider… Tu aurais pu faire quelque chose pour elle, au lieu d’approuver ce que lui a fait le Maître. Pourquoi n’as-tu rien fait Bellatrix ? Pourquoi tu l’as laissé faire d’elle ce qu’elle est aujourd’hui ? » Il vit entre ses mains la poupée. La poupée qui ressemblait tant à Narcissa, mais calcinée. Abîmée par le feu, noircit par l’ambition. Par un amour profané. Son cœur se brisa en mille morceaux et ils chutèrent dans sa poitrine, aussi lourd qu’un rocher en haut d’une montagne. Il n’avait pas réussi à la sauver, ni à la protéger. Il l’avait laissé aux mains perfides du destin, dans les griffes d’un avenir farceur. Narcissa, pourquoi m’as-tu abandonné ? « Elle comptait sur toi. Elle avait besoin de ton aide Bellatrix. Tu es sa sœur ! » Je suis son mari, du moins l’ombre de ce qu’il en reste. Il tentait de rejeter la faute sur l’aînée, tentant vainement de la réveiller de sa léthargie, pour qu’elle comprenne la stupide erreur qu’elle avait faite en la laissant moisir au QG ; en la voyant se faire laminer par ces autres pendant qu’elle riait ; d’un souffle guttural au fond d’une gorge moisie par les ténèbres. Et lui, qu’avait-il fait pour empêcher tout ça ? Qu’avait-il entreprit pour plaire au Maître et épargner un sort bien plus funeste à sa tendre épouse ? Regarder et se taire. Se sentir coupable et réveillant la tempête au fond lui, si puissante, si dévastatrice, mais incapable de sortir. Il réfrénait l’envie, le besoin de la sauver pour tenter de le faire un jour. Prochain, sans doute. Mais il n’était pas encore prêt pour ça. Il n’avait pas assez de cran pour s’interposer. Ni même l’idée lumineuse pour l’entreprendre. « J’aimerais que tu t’en ailles… » D’un ton las et abattu. Il ne pouvait pas sauver Narcissa. Pas seul. Il n’en avait ni les moyens, ni le pouvoir. Seul son esprit et son espoir persistaient encore à y croire. Mais il avait baissé les armes, perdu le combat, il abdiquait. Ça n’en valait plus la peine. Il était vaincu, ce prince déchu de son trône pour finir à genoux, comme un sale mécréant suppliant pour sa minable existence qui ne possédait plus aucune saveur. « Que tu partes Bellatrix. Je t’en prie. » Ses mots tombaient dans l’oreille d’une sourde mais… il n’en avait que faire. Lui demander de l’aide revenait à mettre sa main au feu, ou à se la couper alors que du sort de sa sœur, elle s’en moquait éperdument. Elle était simplement là pour lui rappeler son échec, le mari épouvantable qu’il a été, le père si peu dévoué et maladroit, l’exemple si puéril. Cette figure qu’il voulait tant être s’était effilochée, et dans les yeux de son fils ne demeurait qu’une rancœur tenace, implacable défaite sur tout ce qu’il avait entreprit. Il n’osait pas imaginer ceux de Cissy, encore plus douloureux, bien plus perçants et déçus.
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Bellatrix se releva devant l’homme le plus pitoyable qui lui eu été donné de voir depuis longtemps. Il excellait dans cet art de victime, victime du Maitre, victime de son existence, victime de lui-même. Lucius Malfoy se présentait au réveil d’une façon bien ridicule. A moitié nu, il était encore plus repoussant qu’habituellement. Qu’est ce que Narcissa trouvait admirable et attirant en lui ? Sans doute avait elle été bercée trop près du mur pour s’enticher du bureaucrate blond. La seule consolation dans ce couple fut la naissance de Draco pour lequel la chère tante semi-démente aurait fait n’importe quoi. Devant les accusations qu’on lui lançait au visage, la sorcière ne fit rien. Elle restait là, debout, à fixer d’un air sordide le sosie de Paris Hilton avant une cure de désintoxication. Ses cheveux trop longs pendouillaient de la lourdeur du sommeil. Face à la crinière mêlée de Bellatrix Lestrange, aucune coupe aussi étrange soit-elle ne pouvait rivaliser. Cela lui donnait ce charisme étrange, démentiel, sans doute impressionnant mais surtout envahissant. Ses lourdes paupières le toisaient avec une sorte de gravité impériale. De ses bras tomba la poupée abîmée qui s’éprit de flammes vertes en tombant sur le sol luxueux. Elle fit un pas en avant, écrasant le corps calciné qui se réduisit à un vulgaire tas de cendres duquel émergeait un unique bras d’enfant jouet. « Est-elle morte ta femme, Lucius ? » Elle insistait sur le mot avec force parce qu’il agissait comme si tout était perdu à jamais. L’irréversible de la mort n’était pas du tout le destin de Narcissa, pour le moment. Néanmoins, Lucius Malfoy se morfondait à peine éveiller, perdant ses piètres moyens devant les caprices de Bellatrix pourtant si coutumier. C’était un jeu pour elle, et il s’était d’entrée avoué vaincu. Au moins, aurait-il pu faire l’effort de s’amuser un peu. Le chat avait déjà attrapé la souris. La frustration de l’ainée des Black n’était pas pour atténuer sa colère. Comme toujours, le blond avait tout gâché. « Pourquoi bla bla bla… Arrête de pleurnicher Lucius ! » S’il était désarmé, elle en profitait, s’approchant dangereusement sans détour, d’un pas au rythme lent mais décidé. Elle approcha son visage du sien si bien qu’il sentirait sans doute son haleine de détenue avec crainte. La mangemort envahissait ce qui lui restait d’espace personnel et elle allait lui cracher à la figure ce qu’elle pensait de ce pauvre lézard à perruque. « Le Maitre se rappelle de tout. Il n’aime pas qu’on le déçoive. Qui l’a déçu au point de voir Cissy s’en aller ? Hein ? Est-ce moi, stupide troll de luxe ? C’est toi, toi, toi et encore toi. Tout seul. Lâche ! » Elle enfonçait son doigt en plein centre de son sternum dénudé, blessant sa peau dans laquelle pénétrait un long index griffu. Elle plongeait un regard hautement accusateur dans ses petits yeux gris et endormis mais ce qui transparaissait le plus était cet amusement malsain dont elle avec le secret. Il y avait plusieurs tortures en ce monde et certains savaient mieux que d’autres qu’une baguette n’était pas toujours la meilleure arme pour mettre un sorcier à genoux. « Tu as tout raté Lucius. Tu as échoué à apprendre ce qu’il convenait à Draco. Tu as perdu la vie confortable que tu menais quand le Seigneur des Ténèbres attendait son retour. Tu regrettes ? Je suis convaincue que les seules choses qui te tiennent debout sont tes stupides apparences. Qui te regarde encore avec admiration, avec intérêt, avec amour ? » Elle le poussa plusieurs fois, en petits à-coups agaçants, en teintant ses phrases de rires enfantins. On aurait dit que deux personnalités tentaient de prendre le dessus sur le corps de Bellatrix Lestrange. Contrairement à ce qu’on pouvait penser, elle était tout à fait consciente de sa propre folie et elle l’entretenait avec un plaisir non dissimulé. C’était curieux de voir le patriarche Malfoy agir comme une tête à claques boutonneuse dans la cour de récréation. Le tourmenter était aussi facile que de frapper un Poufsouffle de première année. Il la pria de s’en aller, et le manque de conviction faillit lui insuffler un peu de pitié. C’était sans compter sur le passé et l’insanité de la sorcière. La pitié ne faisait en rien partie de son registre. Elle jouait du Wagner, pas une mélodie de Vivaldi. « Tu me pries maintenant ? » Elle le saisit d’une main forte à la gorge, le forçant à relever le menton. « Cissy est encore en vie grâce à moi. J'ai continué à servir le Maitre, à me préoccuper davantage de notre lutte face à ses infâmes rebelles que de ma petite personne. Montre moi Lucius que tu n’es pas que le lâche botruc à moitié traitre que tu as toujours été ! Je suis persuadée que dans le cas inverse… », elle s’éloigna de lui après l’avoir lâché sauvagement, « le Maitre m’accordera ta misérable vie en échange de Cissy. Imagine ce que je ferai de ta maison, avec Draco. Ma sœur ne s’opposerait alors pas à moi puisqu’il ne lui restera que ta tête accrochée à côté de celles de tes elfes. » Arrachant d’un coup sec un lourd rideau de sa robuste tringle, elle s’en drapa à la manière des Empereurs antiques.
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L’agacement avait laissé place à la rancœur. La colère à la haine. Bellatrix avait le don pour faire ressortir tout ce qui n’allait pas, tout ce qu’il niait avec véhémence. Lucius pourtant, demeurait un pantin. Celui de sa propre ambition, de sa propre destruction et de sa propre déchéance. La corde raide sur laquelle elle l’avait mise le mettait à mal, le repoussant dans ses retranchements ; ceux dans lesquels il refusait habituellement d’y penser. C’était un fait, Lucius était un lâche. Un lâche à la démesure de sa bêtise croissante, exponentielle. Ç’aurait été un jeu d’enfant de le réduire à néant, juste par des mots, des évidences. Mais Bellatrix n’était qu’une gosse capricieuse, affamée de ses maux silencieux et voraces qui rongent même les os. Elle le tenait, comme un vulgaire chiffon, entre le mur et elle. Il ne ripostait pas – pour l’instant, à quoi bon. Elle demeurait encore dans un ses délires psychotiques dont elle seule possédait le secret. « Cissy est encore en vie grâce à moi. J’ai continué à servir le Maître, à me préoccuper davantage de notre lutte face à ses infâmes rebelles que de ma petite personne. Montre-moi Lucius que tu n’es pas que le lâche botruc à moitié traitre que tu as toujours été ! Je suis persuadée que dans le cas inverse… » Elle lâcha enfin prise pour le laisser respirer, et Lucius maugréa entre ses lèvres en la maudissant. Merlin qu’elle pouvait être insupportable. « Le Maître m’accordera ta misérable vie en échange de Cissy. Imagine ce que je ferai de ta Maison avec Draco. Ma sœur ne s’opposerait alors pas à moi puisqu’il ne lui restera que ta tête accrochée à côté de celles de tes elfes. »

Lucius n’y tenait plus. Il lui arracha le rideau qu’elle venait de prendre pour jouer les matrones d’un empire déchu. « Tu crois que je ne le sais pas ? Tu crois que je n’ai pas conscience de tout ce que j’ai fait ? J’aime ma famille Bellatrix. Je l’aime tellement que j’en paie aujourd’hui lourdement le prix vois-tu. » Lucius alla prendre un peignoir non loin pour être un peu plus décent. Il remit ses cheveux en arrière et les attacha en une queue de cheval négligée. « Mais toi, qu’est-ce que tu connais à la famille ? Qu’est-ce que tu en sais de ce que tu dois faire ? STRICTEMENT RIEN. Alors ne me fais pas de leçon de morale. Cela serait prendre Merlin pour un abruti. » Soudainement, il songea à sa propre conception de la famille, des obligations envers elle, de ce qu’il aurait dû faire sans doute en plus pour la sauver ou la protéger. Mais Lucius comprenait trop tard que son erreur avait été de croire que tout lui était acquis, y compris sa propre confiance en lui-même. Il ne possédait plus rien, plus rien si ce n’était un simulacre de mensonges qu’il avait entassé dans un coin de son esprit pour fuir la réalité. Celle-là même qui avait fini par le briser. Et aujourd’hui ? Que restait-il à part un champ de ruines – Cissy dans un état avancé de léthargie ; Draco cachant sa vie comme lui l’avait fait par le passé ? Les chiens ne font pas des chats et cette famille, malgré ses petits secrets, continuait d’en être une, même si les vents et les marées ne cessaient de leur prouver le contraire. Mais Bellatrix… qu’en savait-elle ? Sa vie aussi était un véritable échec, surtout son pitoyable mariage avec Rodolphus. Sa fascination pour le Magister n’a fait que l’enfoncer dans sa folie et quelque part, dans une sorte de spirale interminable de solitude. Bellatrix ne voyait rien d’autre que l’honneur et son amour pour quelqu’un qui ne voyait que le côté avantageux chez elle – et sa barbarie pour les basses besognes.

« Ta vie sentimentale est un échec. Mais après tout, qu’est-ce que t’en as à faire Bellatrix ? Tu n’as jamais su ce que c’était n’est-ce pas ? J’ai fait de Narcissa une reine. Où est en Andromeda ? Ah oui c’est vrai. Tu rêves de la tuer pour quelque chose qu’elle n’a pas commis. Où est ta famille Bellatrix dans ton ascension ? Ta famille au complet ? Ou se trouve les gens que tu crois aimer ? Ah non c’est vrai, tu ne sais pas ce que c’est. » Lucius se rapprocha d’elle, lui faisant face avec le plus d’impassibilité dont il fut capable. Bella transpirait la rage et l’odeur corporelle qui se dégageait d’elle ressemblait à un putois en putréfaction. Elle ne s’était toujours pas arrangée avec le temps, mais à continuer de s’engouffrer dans ce néant qu’elle semblait aimer tant. « Tu crois que c’est une faiblesse que d’aimer ? Tu crois que c’est une faiblesse que de croire en les siens ? Ma pauvre Bellatrix… C’est être faible que d’être seule. Et j’ai tellement de peine… non de la pitié pour la personne qui se trouve être ma belle-sœur. J’envie Draco de ne jamais devenir comme toi et je suis fier d’en avoir fait ce qu’il est. De l’avoir écarté au mieux du Maître pour qu’il ne finisse pas comme sa mère. » Il pouvait au moins avoir ce geste pour lui. Celui d’avoir épargné Draco a un avenir aussi funeste que le sien. Scorpius de l’absence d’un père pour des missions toutes aussi puériles les unes que les autres pour satisfaire l’ego d’un homme qui n’y voyait que son propre intérêt. Bellatrix, chienne de garde, aveuglée par une conviction à la dérive. Quel beau tableau. Cette famille, disloquée de part et d’autre, représentait des bouts de photos jaunies, égratignées par des sourires hypocrites, des rêves brisés crevés dans l’œuf. En vérité, tout n’était que faire semblant. Bellatrix acceptait la fatalité de son existence, ce pourquoi elle était venue au monde. Peut-être devait-il faire la même chose pour pouvoir avancer. Seulement, c’était inconcevable. « Je t’interdis d’approcher Draco. Et encore moins Scorpius. Tu n’as pas ta place ici, sale harpie ! Retourne auprès du Maître. C’est à ses pieds que tu dois être. » Esclave de ses moindres caprices.
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« Lucius, Lucius, Lucius… ô Lucius ». Elle avait pris un air désolé en dodelinant de la tête, si artificiellement qu’on en comprenait très vite la cruauté. La sorcière avait sorti sa baguette et poussait de son bout la pomme d’Adam qui jaillissait de la gorge de Lucius Malfoy. Etait-il si désespéré qu’il tenait un discours qui aurait valu à beaucoup de finir torturé dans un cachot ? Cette perspective cruelle tenta Bellatrix un instant, au risque de la faire transplaner pour rapporter des paroles si cavalières de la part de son beau-frère que le Maitre n’aurait eu aucune pitié en la disgraciant ou en l’assassinant de sang-froid. Les frasques de Malfoy père tapaient sur le système des vrais Mangemorts, ceux qui n’avaient pas retourné leur veste à la chute de Lord Voldemort la première fois. Combien aurait été si heureux de voir le blond souffrir autant ! Bellatrix Lestrange en aurait retrouvé une position d’influence, ayant fait tomber cette poule mouillée. Contrairement à ce qu’il avait prétendu, c’était pour sa famille qu’elle restait là, bien décidée à lui faire la leçon au lieu de le dénoncer froidement. « Andromeda n’a commis aucune faute selon toi ? Aimer un sang-de-bourbe est pour toi coutumier et bienvenu ? Tu dérailles Malfoy ! » S’unir à un né-moldu était une infamie dans la bonne société sorcière. Le geste était vu comme égoïste et stupide. Il s’agissait de briser une lignée de pureté, cultivée parfois avec perte et fracas, et de laisser derrière soi une éducation et des traditions dynastiques d’une importance sans pareil. Andromeda Black en était un exemple tout à fait criant, surtout auprès de Bellatrix et de Narcissa. Lucius prétendait maintenant qu’il n’y avait eu aucune erreur de faite. L’idée même fit grincer les dents de l’ancienne détenue. Il essayait de la mettre hors d’elle mais il avait intérêt à ne pas déglutir trop fort. Perdre Lucius avec un sortilège de la mort malencontreux n’aurait pas soulevé de sentiment d’indignation ou de malaise dans le cœur de Bellatrix Lestrange. Vivant ou mort, elle ne supportait pas son visage  d’opportuniste. « Tu as préservé Draco de l’influence du Maitre alors que le Maitre l’avait choisi ? Tu es donc un traitre Lucius ; tu penses pouvoir t’élever contre le Seigneur des Ténèbres ? Quand as-tu prévu d’assaillir nos forces pour récupérer ta femme ? Quand as-tu prévu d’encore retourner ta cape en faveur de tes propres intérêts ? » Se faire donner la leçon par Bellatrix n’était jamais plaisant. C’était sans compter sur sa baguette, toujours plantée contre la proéminence laryngée de Malfoy, et sur son sourire prétentieux tandis qu’elle lui apprenait la prudence. Ses paupières lourdes plantées sur lui le toisaient avec un air supérieur, considérant ce petit garçon indocile qui l’avait défiée et par la même occasion qui se rebellait contre l’ordre auquel il avait participé activement. « Alors, si je te comprends bien, tu n’as plus ta place parmi les Mangemorts, Lucius Malfoy. Tu remets en cause la suprématie du sang en te faisant le défenseur de l’amour ! Quelle ironie ! Es-tu un produit de l’amour ? Ton manoir est-il un héritage sentimental ? Tu sais très bien que tout ceci tu le dois à l’organisation de nos alliances, les mariages d’intérêts au détriment des sentiments, au détriment de ton cher et pitoyable amour… Si tu as eu de la chance au tirage des conjoints, ne crache pas sur les sacrifices de tes ancêtres pour ériger ta belle maison. » Elle avait raison. Les sorciers de sang-pur avait souffert d’arrangements des générations durant et des alliances entre dynasties pour préserver leurs coutumes millénaires. Si Lucius tenait des propos indignes aujourd’hui, ce n’était que par désespoir. Il devait se ressaisir et se souvenir d’où il se plaçait dans la hierarchie. « Au pied du Maitre, c’est là notre place à tous. Auras-tu le courage d’aller l’implorer de laisser Narcissa en vie, toi qui te considères si au dessus de la mêlée, toi qui te fais l’égal de Lord Voldemort ? Tout ça n’est qu’un rideau de fumée Lucius. Tu dérailles et tes inepties ne trompent que toi. Ce que tu dis est motif de trahison et si nous ne nous connaissions pas si bien, je douterais dans ta foi en la pureté. Le Maitre serait quelque peu fâché d’entendre ton plaidoyer pour l’amour, plus fort que l’infamie d’Andromeda, plus fort même que lui. » Lui faire comprendre les risques tenait d’une entreprise malheureuse et malaisée. Bellatrix s’attaquait par son comportement à son égocentrisme mal placé. Cette stature de « monsieur je-sais-tout » suffisante et remplie d’arrogance ne trompait pas l’héritière des Black. « Si tu tenais tant à ta descendance, tu ne la mettrai pas autant en danger. Tenir un tel discour, Lucius, me fait dire que Cissy n’aurait pas du payer pour toi. Tu es trop imprudent pour défendre tes propres intérêts. Heureusement, nous avons un intérêt commun. Voilà ma condition : je ne retournerai pas auprès du Maitre pour lui transmettre tes nouvelles opinions sur ta situation si tu jures, ici et ce matin, que tu ne représenteras plus un rempart entre moi et mon neveu. Draco l’a prouvé, il appartient davantage aux Black qu’à ta famille. »
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« Comment oses-tu... » La colère grondait en lui, au fond de sa gorge, comme une boule qui bloquait sa respiration. Il la foudroyait du regard, avec l’intense envie de lui briser le cou, comme une poule qu’on égorgerait. Les poings et la mâchoire serrés, découvrant ses phalanges blanchâtres, ses os craquant sous la pression, Lucius était au bord de la crise. Si proche, que même lui, dans son extrême sens du self-control ne pouvait l'en empêcher. C'était la goutte d'eau de trop, celle qui faisait déborder le vase et exploser le volcan qui menaçait de rentrer en éruption. La lave fusionnait avec son sang pour finir dans son cerveau, bouillonnant. Celle qui l'insupportait et devenait trop irritante. Lui vendre Draco, comme un vulgaire morceau de viande, était-elle seulement sérieuse à cet instant ? « Je refuse de te le vendre comme un animal de compagnie. Il est autant Black que Malfoy et je t'interdis d'insulter mes ancêtres. Qui sont également les tiens. Mais parlons-en de ces alliances au fil des siècles ? Où sont-elles aujourd'hui ? Qu'advient-il de nos supposés alliés alors que nous en avons cruellement besoin ? NULLE PART. Et là, vois-tu, je déraille sans doute, mais tu vis dans un déni aberrant ma pauvre Bellatrix. » L'heure n'était plus à prendre des gants pour dire la vérité. Il en avait assez de mentir, de se mentir au nom de tous les préceptes que son père lui avait inculqué. Non, définitivement, on le sortait de sa léthargie. Il défendrait bec et ongle ses proches, même si pour ça, il fallait d'abord s'affronter soi-même. « Supplier le maître pour la vie de Narcissa ? Je ne le fais pas suffisamment pour implorer qu'il nous épargne ? Autant Draco, que Scorpius, que Narcissa, que moi-même. De toute évidence, tu as toujours été sa préférée et je commence à comprendre réellement pourquoi. » Son regard se fit plus dur, avec une once de dégoût dans l’iris. Bellatrix était une de ces mangemortes dont il ne comprenait pas les motivations, à part la folie. Mais le dilemme était là. Lui céder Draco au risque qu’il le haïsse – ou qu’il la préfère, et cette peur le tétanisait entièrement – ou le garder à ses côtés, quitte à encore plus avoir une influence sur son existence. L’idée était alléchante, mais prendrait-il tous les risques pour souiller le peu de crédibilité qui lui restait encore ? « Va donc dire au Maître ce que tu souhaites. Au point où j’en suis… Rappelle-toi seulement qu’il ne me tuera pas, il s’en prendra forcément à Draco ou Cissy. Ou même Scorpius. Il en a que faire en vérité de ma fidélité et de mon allégeance, du moment que je fais ce qu’il veut aveuglément comme toi. Mais n’oublie pas qu’il aime à nous rappeler qu’il est notre suzerain avant tout. » Il se dirigea vers le mini-bar et se servit un verre d’hydromel pour encaisser le choc de ses propres mots. « Je ne te demande pas de trahir le Maître. Mais de sauver Narcissa, ta propre sœur. Si tu n’as plus d’estime pour moi, aies un minimum de décence pour tes neveux et ta sœur. Sacrifies-moi si tu le souhaites. Mais laisse-les en dehors de ça. » Pour une fois, il cherchait à provoquer un geste désintéressé, quelque chose qui ne serait pas pour lui, directement. Non, il voulait prouver qu’il était un bon père, celui capable de se sacrifier réellement pour les siens, réellement. Être ce modèle que son fils chérissait tant lorsqu’il était encore qu’un enfant. Revoir un semblant de fierté dans ses yeux.

Au final – et avec le temps, Lucius avait fini par comprendre que rien n’était plus important que l’amour de ses proches. Rien n’était plus incassable et indestructible que les liens du sang. Irrationnelles et déraisonnables parfois. Et il se rendit compte à quel point il avait peur de les perdre. Narcissa ne serait pas un dommage collatéral, elle ne mourrait pas, il se le refusait. Ils s’étaient promis à finir leurs vies ensembles, pour le meilleur et pour le pire. De voir Draco grandir et Scorpius aussi. Des rêves si futiles, pourtant auquel il aimait se rattacher, encore un peu pour se rappeler ce qui en valait réellement la peine. « Pour une fois, je me moque bien qu’il sache ce qu’il en est de mes convictions. Elles se sont envolées lorsqu’il m’a enlevé Narcissa, après tout ce que nous avons fait pour lui… me l’avoir arraché fut de trop. Draco est assez mal en point pour ne pas supporter le poids de mes fautes plus longtemps. Scorpius a un bel avenir, il n’est qu’un enfant et il n’a pas à payer pour nous. Si avoir perdu Narcissa ne te suffit pas, alors je t’en prie, sacrifie le peu qu’il te reste de famille. » Pour une fois, il était sincère. Criant de vérité, ses mots n’étaient pour une fois pas ceux d’un homme désespéré, mais d’un père qui voulait se prouver qu’au fond, il n’était pas si égoïste. Draco passait avant lui, avant tout le reste. Et en prendre conscience était bien plus douloureux qu’il n’y paraissait. Lucius refusait de se voiler la face – cependant, mais il revoyait enfin l’ordre de ses priorités. Il s’agissait juste de voir si Bellatrix comprendrait où il voulait en venir, là où elle n’arrivait pas à voir un peu plus loin que le bout de son nez. « Je me demande si tu vas choisir ta famille ou le Maître. Draco ou ton ambition. Quel choix difficile n’est-ce pas. » Il vit un air cramoisi sur le visage de Bellatrix, celui d’une enfant obliger de choisir entre une poupée de cire ou un jouet quelconque. Peut-être avait-elle compris qu’il avait raison et que lui aussi pouvait espérer négocier. Après tout, l’esbroufe et le bluff étaient des armes qu’il avait toujours su utiliser à son avantage. Aujourd’hui encore, sans doute était-ce le moment de s’en servir pour sauver le peu d’intérêt que possédait encore sa vie.


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Depuis longtemps, Bellatrix Lestrange avait fait le deuil du concept même de famille tant la sienne l’avait mise à l’écart et l’avait regardé comme le maillon incontrôlable de la chaine. C’était une réalité, jamais elle n’avait connu les mots tendres d’une mère ou le charisme rassurant du père. Cygnus et Druella Black avaient toujours préféré la cadette des sœurs, à savoir Narcissa. Adromeda, quant à elle, avait joué l’effacement et la discrétion, solution qui avait aboutit par sa fuite et sa trahison. La sphère dynastique, lorsqu’elle se mêlait de sentiments, était un univers rempli de faiblesse et de fautes de parcours souvent mortelles. Les mariages, les fêtes mondaines et les jeux d’influence constituaient un quotidien trop imposant pour faire comme si les apparences n’avaient aucune importance. Et voilà que Lucius Malefoy, roi du paraître parmi les autres rois,  tentait de donner une leçon idiote, comme un artiste déchu s’acharnant à expliquer son œuvre à un général d’armée. L’exigeante Cour qui entourait le gouvernement ne s’était jamais embarrassée d’un si grand boulet que ce que la famille représentait pour la descendance d’Abraxas. L’influence ministérielle des sorciers blonds s’était ternie d’une fâcheuse habitude à protéger ses petits dans une cage d’argent et d’émeraude, en substituant la ruse de leur blason à la lâcheté de leur caractère. C’était tout bonnement affligeant. A l’époque de Poudlard, ce genre d’attitude aurait valu un blâme des héritiers des grands noms et une humiliation sans nom. « Tu es pitoyable Lucius. Après tant d’années, tu penses que je ne te connais pas par cœur ? Tu courais dans mes jupes d’écolière en pensant être mon double. » Bellatrix s’installa sur le bord de la fenêtre, se tenant en tailleur d’une manière rigide, calmée par la puissance de ses souvenirs d’antan. Elle avait déjà un grain à cette époque mais tout ça restait contrôlé. Ce dit contrôle, la sorcière souhaitait le retrouver maintenant que le temps de la détention était très loin derrière elle. Il n’était pas facile d’être du côté du gouvernement en ayant des habitudes de terroriste. Sans doute le chemin vers cette respectabilité demeurait long mais à l’inverse des apparences, elle en avait déjà parcouru un bon bout. C’était comme si sa force mentale d’autrefois érigeait de nouvelles barrières d’assainissement, peu à peu, et elle était bien décidé à ce que cela dure. « Et puis tu t’es rendu compte que ma charmante sœur était là, tout à fait disposée à te donner un héritier. Comme tu as du être rempli d’égocentrisme et de fierté mal placé ce jour-là, le jour où elle t’a confié que j’avais toujours été une dérangée. » Elle sourit en se relevant. Voilà qu’elle parlait du moment de la rencontre de Cissy avec Lucius, la fois où il avait porté un regard intéressé sur elle. Avant, il était trop occupé à séduire à tout va avec son argent et sa langue perfide. C’était là où les Malefoy divergeaient des Lestrange. Les blonds étaient incapables de faire des choix autrement motivé par une soif de confort et de sécurité pécuniaire. Les bruns demeuraient des êtres dangereux qui écrasaient pour posséder, qui détruisait pour acquérir. Le résultat des courses était celui que tous constatait aujourd’hui : une famille était en déchéance, alors qu’une dynastie offrait plus de représentants et de pouvoir que ce qu’on aurait pu prévoir. « Oui j’ai fouillé profondément dans l’esprit de Narcissa. Dans celui de Draco également, lorsque le Maitre m’a confié la tâche de l’entrainer à protéger son esprit. Néanmoins, je dois te confier une chose : j’ai toujours admiré ta naïveté. Croire que j’avais de l’estime pour toi, un jour, une heure ou une seconde au cours de ma vie, est une erreur. Mes parents disaient souvent qu’avoir un Malfoy en confiance était manque de conscience. Il était nécessaire pour les Black d’y insérer un membre flexible qui s’y adapterait. Cissy était toute trouvée et Abraxas l’a trouvé charmante, sans intérêt, parfaite pour son fils. Ce mariage était une vaste comédie, l’amour y est une anomalie. Le seul but était de faire de toi un vrai Malfoy ! Je me souviens quand tu as reçu l’honneur du Maitre. Ton père était là à regarder son immondice rejoindre le Lord. On ignorait que tu ferais de ton devoir un vieux mouchoir jeté pour une simple défaite. » Bellatrix Lestrange s’approcha de son beau-frère pour lui confisquer son verre d’hydromel. Elle lui lança le contenu au visage avant de détruire le verre dans sa poigne d’acier. Le verre s’incrusta à peine dans sa peau avant de tomber au sol, juste au pied de Lucius. Le visage de l’ainée des Black faisait face au fils Malefoy avec une impassibilité sadique. Il y avait une sorte d’autorité dans le regard, un air de maréchal d’armée derrière des paupières lourdes et une mâchoire carrée. Sa main à peine entaillée commençait à saigner et elle essuya le fluide pourpre contre le crâne du sorcier. Les cheveux presque blancs du père de famille se tintèrent presque immédiatement de rouge alors que les doigts de Bellatrix glissèrent jusqu’à sa joue, marquant ce visage de lâche d’un sang pur, épais et sombre. « Notre ambition est notre seule famille. N’est-ce pas là notre malédiction ? Nous sommes les ainés de grandes dynasties. Draco est le dernier Black en vie. Je ne peux choisir ma sœur. Si elle doit être sacrifiée en même temps que toi pour faire vivre mon neveu, je porterai le coup fatal avec soulagement. Les dommages collatéraux sont une donnée banale, voire presque coutumière. Il n’y a jamais eu de choix Lucius. Regarde moi dans les yeux ! Tu ne croyais quand même pas que mon engagement changerait de priorité ? C’est à se demander si tu ne m’idéalises pas un peu, cher ami. Ta seule sécurité, pour toi et Cissy,  est que Draco puisse compter sur la seule personne influente qu’il lui reste, la seule personne qui le rendra suffisamment fort pour ne plus décevoir. Sinon, le Maitre risque de nous le retirer et ce qu’il prévoira pour toi ne sera pas à la mesure de ce que je te ferai subir si mon neveu doit payer d’un manque lucidité à mon encontre. »
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« Petite sotte ! » Lucius la repoussa avec une force dont il ne se croyait plus capable. Elle tomba sur le lit à baldaquin, comme une masse qu’on aurait jeté dans l’eau ; lourde et pesante. Ses mots ne tombaient pas dans l’oreille d’un sourd, Bellatrix le savait pertinemment. Mais remettre en doute son amour pour les siens, sa conviction à mener à bien leurs existences futiles et illusoires, Lucius ne pouvait le cautionner. Pas plus que l’affront de penser que Narcissa n’était rien d’autre qu’une poupée de plus dans une collection inexistante pour Abraxas. « Ta pauvre sœur vaut tellement mieux que toi. Tellement plus. Elle a quelque chose que tu n’as pas. Une chose que tu ne connaitras jamais et de toute évidence, tu es vouée à l’échec. » Il l’attrapa par le cou et la plaqua contre le mur, la soulevant légèrement au-dessus du sol. Elle ne trouvait rien d’autre à faire que rire, comme une folle, comme une dégénérée. Elle riait pour le déstabiliser. Mais Lucius s’en moquait. Cet échange finirait forcément comme ceux qui avaient précédé ; un échec. Il luttait dans le vide, le noir et le néant. Bellatrix ne voulait entendre que sa propre raison et il ne pouvait rien y faire. Il était épuisé ; épuisé d’essayer, contre vents et marées. Épuisé de tenter de sauver ce qui ne pouvait l’être. Fatigué de tenter de donner un avenir à Draco alors qu’il était incertain, ainsi que celui de Scorpius. Il n’en pouvait plus et son esprit tentait de lâcher prise, de le laisser s’effondrer pour ne plus se battre. Il lâcha Bellatrix et recula de plusieurs pas, restant de dos à elle. Pour lui, elle n’était qu’une ignominie de plus dans ce monde déjà à la dérive et à l’agonie.

« Fais ce que tu veux Bellatrix. Tu m’as déjà tout pris, tout comme lui. Pour le peu qu’il me reste, fais-toi un plaisir de tout anéantir. Je me rends. Je n’en peux plus. Je suis excédé, lassé et épuisé de me battre pour ce qui me semble juste. Alors vas-y. » Le ton neutre de sa voix n’avait plus rien d’humain. Il se sentait comme ces rebuts, mis sur le banc de touche, là, quelque part. Il assistat impuissant à la dernière chute libre de son empire ; la dégringolade acérée de son corps dans un gouffre sans fin. Il se sentait avaler tout cru par les méandres interminables de son esprit depuis trop longtemps tourmenté. Il fallait que cela cesse. « Je baisse les armes. C’est ce que tu voulais non ? Que j’abandonne pour que tu puisses mieux te frayer un chemin vers le Maître ? Alors offres-moi sur un plateau d’argent, je t’en prie. Donne-toi ce plaisir. On sait tous les deux que t’en crèves d’envie Bellatrix. » Lucius ne savait plus très bien réellement ce qui était bien ou mal ; ce qu’il devait faire ou ne pas faire. Ce qu’il devait dire ou ne pas dire. Il laissait tomber les masques pour une fois, sans fioritures, sans arrières pensées, juste lui et le reste du monde, face à face. Bellatrix et lui, les yeux dans les yeux. « Je suppose que non contente de venir en pleine nuit me déranger, tu as troublé mon sommeil. » Une éternité que son psyché ne s’était pas reposé ; ni même qu’un sommeil salvateur s’était présenté à lui. Non, depuis trop de temps, Lucius laissait tomber son repos pour se préoccuper de choses bien plus importantes, bien plus graves.

Pourtant, aujourd’hui, toutes ces convictions étaient mises à mal. Délaissées au profit de d’autres convictions bien plus funestes encore. Il venait de comprendre qu’au final, Bellatrix prendrait quand même Draco ; par la force, s’il le fallait et ce, sans même le prévenir. Sans doute, était-ce même déjà le cas. Cette affirmation brûlait le peu de neurones et de lucidité qui lui restait encore. Pourtant, il n’eut aucun électrochoc, rien qui ne pouvait le réveiller de sa léthargie. Le poids de sa culpabilité l’affaissait, petit à petit un peu plus, l’enfonçant encore davantage dans cette tombe qu’il avait creusé. Il finirait surement enseveli, sous un tas de terre, à l’abandon. Et au fond, ça n’était peut-être pas si mal de devenir un inconnu, pour une éternité dérisoire contre cette vie de peines, de chaos et des déceptions. Les remords n’étaient rien d’autre que des mots enchevêtrés les uns aux autres. Les regrets, des actes manqués ou bien des bribes de cohérences volées à l’esprit pour sa pure véracité. Il y avait cru, à tout ce qu’il avait fait. Il y croyait, si fort. Pour finir par une sortie théâtrale spectaculaire. Mais quel genre de père était-il par Merlin ? « Draco ne m’a jamais déçu. Il m’a même rendu fier. Je voulais juste qu’il se surpasse, qu’il se prouve à lui-même avant de me montrer à moi qu’il en était capable. Il ne sera jamais un lâche. Je sais que Scorpius pourra être fier du père qu’il a et qu’il aura. » Pas comme moi. Il se trouvait si minable, si peu confiant tout d’un coup en repensant à ce qu’il avait infligé comme épreuve à Draco pour qu’il grandisse et mûrisse plus vite que les autres. En vérité, Draco, sous ses airs de garçon un peu trop gâté, de ce jeune homme arrogant, se cachait un père et un fils dévoué à sa cause. À son âge, Lucius n’aurait jamais tenté imaginer devoir tenir tête à son père, ne serait-ce qu’un seul instant. L’idée même lui aurait valu un doloris mordant et coriace. Draco était son contraire. Et peut-être même que si Bellatrix voulait en faire un mangemort, il survivrait encore une fois à cette épreuve. Quitte à le tenir pour responsable de cet affront. Nous aimons déraisonnablement ceux qui nous sont chers. Il finirait par comprendre, il en était persuadé. « Draco sera un bon élève. Il aura assez de volonté pour ne pas finir comme toi. Comme nous. Il est capable du meilleur. Comme du pire. Après tout c’est un Malfoy. » Il est voué à réussir et à tromper son monde pour y parvenir.
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« Au moins nous sommes d’accord sur une chose. » Bellatrix Lestrange se tripotait le cou, la voix en peu enrouée par les efforts de sa glotte alors qu’elle s’était forcée à rire quand Lucius l’avait empoignée. Il ne comprenait que ça, le père Malefoy. La subtilité était un terrain de rhétorique qu’il maitrisait tant qu’une fois que l’on jouait franc jeu, le désespoir de ses émotions reprenait le dessus. Cet homme était brisé par ses propres choix. La culpabilité était là pour ronger chacun de ses pitoyables os jusqu’à la moelle. « Narcissa vaut mieux que nous. » Ses yeux brillaient d’un amour fraternel qu’elle ne vouait qu’à sa sœur blonde. Elle l’appréciait d’une tendresse presque maternelle. La captive pouvait s’opposer à la grande brune sans en redouter le courroux. Sans doute ne partageait-elle cette possibilité qu’avec le Seigneur des Ténèbres. Là était l’avantage de l’héritage des Black. Maintenant qu’elle était sur le banc de touche, Bellatrix tourmentait l’époux Malefoy sans que quelqu’un s’interpose. S’éloignant du mur en ne cessant pas de masser les zones endolories de sa nuque, l’ancienne détenue avait dans le regard une expression de pitié mêlée de colère. Lucius avait quand même essayé de la maitriser, chose dont il n’avait pas encore réalisé la portée. Quoiqu’elle en dise, les deux personnages avaient été des partenaires d’armes et des représentants de deux familles intimement liées. Draco était la manifestation la plus sublime de cette alliance. C’est sans doute la pensée de son neveu qui adoucit le jugement de Bellatrix Lestrange, davantage que le discours de victime de Lucius. Il n’y avait aucune surprise à la victoire de la Mangemort sur son comparse. Elle avait toujours eu ce qu’elle désirait, même quand on le lui refusait, et ce quelle que soit l’état de santé de ses interlocuteurs – y compris de la Paris Hilton délavée au réveil qui se dressait dans cette chambre de manoir, tout de peignoir et de long cheveux vénitiens. « C’est pour Draco que je vais t’aider Lucius, t’aider à te souvenir et non t’encourager à te morfondre. J’ai encore prouvé que je peux te briser sans même utiliser ma baguette. Tu auras intérêt à t’en souvenir et à m’être reconnaissant de la seconde chance que je t’accorde. Pour Draco et pour Narcissa. Ne prends pas ça pour une faveur personnelle. » C’était comme si un char d’assaut fonçait sur votre crâne. Imaginez cette sensation de fragilité de votre boite crânienne, et cette pensée qui vous obsède : quand mes os se briseront-ils ? Cette impression d’un manque de force, comme lorsqu’on essaye de serrer le poing en sortant du sommeil, envahissait chacune des cellules d’un corps qui se résumait à une faible carapace. Bellatrix Lestrange ne pensait pas un seul instant à la douleur que ces talents pouvaient provoquer. Elle pénétrait de force dans l’esprit de Lucius Malefoy en lui donnant sans doute un aperçu de ce que le Maitre lui avait appris en matière de Légilimencie et de ce que Draco avait du subir pendant un entrainement plus que rude. Cela n’avait rien de délicat tant le malaise était important lorsque la démente fouillait dans votre tête. Son regard lourd était planté dans celui délicat du diplomate sorcier. Son indélicatesse était aussi intense que ce qu’elle pouvait réaliser dans cet esprit tourmenté. Néanmoins, elle rappela à Lucius ses faits d’armes. Tout se bousculait sans doute chez Lucius mais apparaissaient clairement des moments de gloires, une allure plus noble, un sentiment de pouvoir et de talent. Bellatrix tâchait de lui rappeler qui il avait été, pour le réveiller de son était de légume. Tout cela sembla se dérouler en une éternité tant l’expérience ressassait une vie entière de gloire et de réussite sociale mais elle en sortit au bout de quelques secondes seulement. C’est elle qui désormais plaquait Lucius Malefoy contre le mur, une poigne d’acier refermée sur sa gorge. Elle le scrutait pour savoir s’il saignerait du nez après son intrusion télépathique d’une force peu commune. Après tout, un légilimens était habitué à ce genre d’exercice, surtout s’il se comptait parmi les proches de Voldemort. La demi-mesure n’était pas dans les cordes de Bellatrix de toute façon. « Je vais te dire une chose, stupide sorcier et ce sera en tant qu’ainée de la famille Black. Relève la tête Lucius Malefoy et redevient utile à nos familles. Sinon, ce sont nos proches que tu mets en danger. Narcissa et Draco. Seule, je ne pourrai pas épargner tout le monde. Si nous en perdons un, tout sera de ta faute, parce qu’au lieu de te battre tu auras fui derrière ta dépression. Ton égoïsme et ta lâcheté doivent être mises de côté. » Elle le toisa encore quelques minutes, le temps qu’il s’étouffe entre ses doigts, et le balança agressivement au sol, à ses pieds. « Sinon, voilà où sera ta place lorsque tu m’imploreras de ne pas obéir au Maitre lorsqu’il me demandera de tuer ma propre sœur. Si cela se passe, jamais tu n’auras mon pardon et tu prieras pour être livré au baiser du Détraqueur tant il te paraitra doux en comparaison à ce que je te ferrais subir. » Bellatrix Lestrange ne plaisantait pas et la clémence dont elle faisait preuve était aussi rare que brutale. Lucius le savait certainement, ce qu’elle venait de lui faire était une faveur qu’il avait intérêt à saisir.
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C’était un parasite ; une opportuniste. Lucius aurait voulu l’éviter, de peu. Mais ce soir-là, il fallait croire que le karma lui, en avait décidé autrement. Il subissait ses brimades, ses moqueries, ses suppositions toutes plus idiotes les unes que les autres. Pour le bien de tous. Devoir se taire, juste parce que rien d’autre n’importait désormais. « Sinon, voilà où sera ta place lorsque tu m’imploreras de ne pas obéir au Maître lorsqu’il me demandera de tuer ma propre sœur. Si cela se passe, jamais tu n’auras mon pardon et tu prieras pour être livré au baiser du Détraqueur tant il te paraitre doux en comparaison à ce que je te ferais subir. » L’accusation à peine voilée le fit grincer des dents en pensant à Narcissa. Seulement elle. L’idée de la savoir dans cette prison dorée, entourée de tous ces mangemorts, de Nagini qui lui a rongé tant de fois le corps… Elle ne serait plus jamais la même, pourtant cela n’avait que peu d’importance à ses yeux. Il l’aimerait, jusqu’à la fin, parce que c’était son devoir, la seule chose qui comptait encore vraiment ; malgré tout ce qui s’effondrait autour de lui. Malgré tout ce qui semblait s’anéantir et son vulgaire trône qui s’embrasait, calciné par les regrets. Lucius était un homme, qui, malgré les apparences, avait un cœur capable d’aimer, capable de sacrifices, même de sa propre personne. Très peu le savent, et très peu se doutent. Mais Narcissa, son absence, les doutes… Cela devenait trop pour lui.

Il se releva, avec difficulté, reprenant sa respiration du mieux qu’il le pouvait, remettant ses cheveux en arrière. Il alla ouvrir la porte de sa chambre, jetant un signe de tête à Bellatrix qui ne voulait pas comprendre. « Bien. Maintenant que nous sommes d’accords sur certains points, je pense que tu peux… partir. » Un sourire des plus hypocrites se forma sur son visage et il ne lui donna aucune chance de dire quoi que ce soit. « Nous devons malgré tout trouver une solution pour extirper Cissy de là où elle se trouve. Tu es la plus à même de faire ça. Je ne te demande pas de trahir le Maître, juste de sauver ta sœur. Ta propre sœur, la seule qui te reste encore. Pense à ton neveu d’ailleurs. Je te le confie, mais ne me l’abîme pas. Je ne veux pas qu’il devienne comme toi. » Le mépris omniprésent reflétait une crainte sans nom, innommable. Ce qu’il avait vu dans l’esprit de Bellatrix était bien trop effrayant. Draco était destiné à devenir un bon père, meilleur que lui de toute évidence. Et Scorpius serait un enfant chéri et choyé, avec un amour indicible et pur, rempli de pudeur. Chose qu’il ne connaissait que trop bien. « Préserve-le de ta folie, mais fais-en un digne héritier de nos deux familles. Je ne pense pas… que cela soit si compliqué à faire. Mh ? » Il vit Bellatrix acquiescée, avec ce sourire narquois qui lui était propre. Elle lui donnait envie de vomir plus qu’autre chose. Pourtant, elle était la seule à même de pouvoir redorer un blason bien terni par les erreurs du passé – y compris celles de Lucius. Surtout celles de Lucius. Il se demandait si Cissy lui pardonnerait de l’avoir mis dans cette condition, si elle saurait accepter ses excuses. Mais lui-même se doutait que c’était une chose dont on ne revenait pas indemne et le pardon n’existait pas. Pas dans ce cas-là.

Bellatrix s’en alla, continuant de chantonner cette fameuse comptine désagréable et entêtante. Il referma la porte et songea à ce qu’elle avait pu lui dire. Se réveiller de sa léthargie. Sortir de cet engrenage. Mais surtout protéger les siens au lieu de sombrer. Bellatrix lui avait sans doute donné un électrochoc – nécessaire – à sa combattivité. Il n’était qu’un manant, un chien errant qui rongeait un os trouvé sur le bas-côté d’une route. Il lui fallait de nouveau retrouver le droit chemin, celui qui était autrefois tracé pour lui, celui qu’il avait mis du temps à construire. Retrouver ses apparats de Roi, qui était craint et craintif. Retrouver un semblant de gloire, dans la postérité. Il voulait mourir dignement, en laissant un héritage digne de son nom à son fils, son petit-fils et aux prochaines générations de Malfoy qui lui succèderont. Il était peut-être temps de cesser de se mentir, de faire semblant de fuir et de courber l’échine. Il devait enfin prendre conscience des engins qu’on lui incombait, de ce qu’il perdait – au lieu de le nier avec une véhémence non feinte. Non, pour la première fois, Lucius prenait conscience de sa décadence, de sa chute vertigineuse dans un cercle rempli de mensonges et de faux semblants. Il était le serpent qui sifflait pour attirer ses proies, mais finissant toujours par se mordre la queue pour tenter de sauver le peu de fierté qu’il avait encore.


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