Les mangemorts étaient nerveux ces derniers temps. Quelque chose se tramait nécessairement.

Ron retomba en gémissant, un hoquet de bile lui brulant la gorge. Il avait transplané et il prit un certain temps à se remémorer où exactement. A quoi avait-il pensé ? Sanctuaire… pas le Camp des Insurgés –jamais-, ni le Terrier –depuis bien longtemps qu’il n’y pensait plus-… Sue… non jamais trop dangereux pour elle…

Daeva.

Un reflux vermeil éclaboussa les feuilles au sol et Ron tituba en se relevant. Ils avaient perdus des rebuts et probablement des hommes. Peut-être. On verrait ça au campement. Le regard se troubla en entendant un grondement terrifiant.

Daeva.

Les loups garous.

Et lui pissait le sang aux côtes évidemment. Il prit quelques secondes à se rendre compte que quelqu’un était devant lui.  Le loup était visiblement jeune, de taille moyenne, les pattes arrières épaisses et la gueule étroite. Il avait des yeux d’un vert intense.
Avec une force terrible, le loupiaud avala en deux bonds la distance qui le séparait de Ron avant que celui-ci ne put lever son bras endolori. Aucune chance d’esquiver cette énergie et le rouquin tomba en arrière dans un gigantesque cri de douleur, évitant de justesse dans la chute les crocs de l’adolescent qui claquèrent dans l’air. La baguette magique roula à quelques centimètres et l’adrénaline l’étouffa pendant un quart de secondes avant qu’il ne se rende compte que c’était le poids du loup garou qui lui écrasait la cage thoracique.
Il tenta de bouger une fois, de repousser. En vain. Il essaya encore mais le loup ne lâcha pas prise et Ron décocha une sorte d’uppercut, mais son poing ricocha sur la joue velue sans effet apparent.

Putain de loup garou de @#ghftge !

Leurs visages se touchaient presque et Ron tendit ses doigts vers sa baguette. Presque. Les doigts roulèrent sur le bois, une fois puis deux et la baguette bien en un main il lança un sort pour expulser le corps de l’hybride loin de lui.  C’était sans compter l’acharnement du jeune loup. Il avait probablement été abandonné, survivait sans doute tant bien que mal, ce ne serait pas le premier ni le dernier au creux de Daeva. Ron n’aurait su dire, mais il tendit sa baguette, l’Avada Kedavra perlant au bout des lèvres.

Merde.

C’était Lupin, c’était Bill… c’était…

A la dernière seconde Ron leva son bras et lança un sort afin qu’une large branche chargé de pommes de pins tombent en plein sur le loupiaud.

La gorge le brulait toujours et Ron se mit à tousser avant de s’éloigner, occultant les gémissements plaintifs et le hurlement à la lune.

Il appelait d’autres loups.

No fucking way. Plus vite il déguerpirait mieux ça irait. Le souci c’est qu’on avait des consignes clairs quand on était insurgé. Il fallait semer, être certain de ne pas être suivi. Jamais. On ne pouvait pas rentrer directement au campement comme ça, c’était le meilleur moyen de louper un coche et de ramener Tatie Bellatrix titiller Neville et compagnie. Il allait marcher un peu, passer la nuit là peut-être et il transplanerait au petit matin. Quelque chose dans le genre.
Son sens de l’orientation vacilla tout comme ses pas et il passa une langue sur sa lèvre inférieure au gout métallique. Il avait dû être cogné beaucoup plus fort qu’il ne l’aurait cru –et encore, cela avait été un loupiaud, il avait eu de la chance quelque part-.
Un frémissement parcourut la foret et avec une rapidité délirante, Ron se retrouva entrainé puis plaquer à un arbre. En temps normal il se serait au moins débattu voir pire mais il n’eut en aucun cas la force de résister et s’appuya sur l’arbre offrant un spectacle apocalyptique. Il fronça les sourcils.

« Constantin ? »

«Weasley? Mais qu’est-ce que tu fiches ici? Je te croyais à Azkaban…»

De quoi ?

Qu’est-ce qu’il foutait là ? Sue lui avait dit… son cousin travaillait pour le ministère ? Il avait horreur de demander des choses à Sue à propos de sa famille. Ce n’était franchement pas le grand amour.

« De quoi ? Azkaban? tu déconnes à plein régime Constantin. Qu’est-ce que tu veux que je foutes à Azkaban. Et toi qu'est-ce que tu fiches ici ? C’est ton job ? »

Ron pinça ses lèvres. Bourde. Peu importe. Agir comme si de rien n’était.

«Et puis c’est plein lune ce soir, tu veux te faire dévorer?»

« J’ai failli déjà. » Dit Ron, un râle rauque et douloureux le secouant. Il s’affaissait contre l’arbre en regardant le cousin de Sue. « Il y en a un là-bas coincé sous une branche. J’ai eu du bol. Jeune, inexpérimenté… je sais pas toi mais vaut mieux qu’on bouge notre cul si on veut pas finir en shawarma en effet. »

Et comme pour souligner l’effet, des longs hurlements au loin se firent entendre dans la nuit.

Non mais l’autre...il a cru qu’il avait googlé son blaze pour savoir c’était quoi son job? Sa vie? Ses copines? Ron n’en avait strictement rien à faire à la base. Et là son abdomen le lançait, il venait de simultanément se sortir d’un repaire de mangemort puis de loup-garou, alors non, monsieur ne s’est pas posé cinq minutes pour se demander pourquoi Constantin était en forêt.

Il avait autre chose à foutre en l’occurrence.

«Ouais c’est pour mon job que je suis ici, je pensais que tu le savais, je chasse le loup-garou ce soir, t’entend il y en a plein, pourquoi je serais ici sinon? Me faire dévorer ou me faire transformer, non merci.»

« Ça se trouve t’es un fana des champignons, faut que tu viennes en bouffer la nuit, que-sais-je… » Grogna le roux en étouffant sa toux sur sa manche.

«Y’a eu une annonce dans les journaux ce matin, on te mentionnait à Azkaban, je pensais que tu avais laissé la cause des insurgés comme il le prétende pour avoir une chance avec Susanna. L’amour ça fait faire des choses tu vois… Mais tu es bien réel devant moi alors…»

Ron freeza, regardant Constantin comme s’il lui était poussé une paire d’oreilles de dragons. Quoi ? Hein ? Son esprit se figea. Une annonce dans le journal ? Sue avait parlé à Constantin d'eux? Elle voulait pas aussi envoyer un mémo à la Mangemort Factory? Et c'était quoi cette histoire de journal?

Oh putain…

La réalisation sembla enfin prendre Ron. Une annonce? Une première page à tous les coups oui ! C’était ce qu’en général le gouvernement faisait avec Harry. Harry pas lui ! Lui il n’était que le troisième, le moins dangereux, le moins ci et le moins ça (faut évidemment mais allez le faire comprendre aux gens et à leurs besoin d’échelonner les êtres).

Ron poussa un grognement rageux et donna un coup de pied sur le tronc d’un arbre, la douleur remontant le long des terminaisons nerveuses le faisant plié lorsqu’elle atteignit la blessure aux côtes.

« Ah puta** @#hgvfsd !!! De mer** @ »hjsdgf Fais chi*r Bouse de Dragons leurs mères en tournante chez les goules @#jhgdfbtjkhf !!! »

C’est rien Constantin, c’est Ron qui s’exprime.

Et ça ne s’arrangea traitreusement pas lorsque Constantin décida de sauver la vie du jeune homme tout ça en l’aspergeant de pipi de licorne. Le regard se fit meurtrier et il releva une mèche rousse devenu sombre sous le liquide.
Il allait tuer quelqu’un mais pas Constantin c’était le cousin de Sue. Cela dit puisqu’il chassait le loup garou autant l’’aider. « Mais t’as pas des balles ? Des sortilèges particuliers pour les freezer les loups ? Arghhh. » Ron gémit, courir dans cet état c’était pas ce qu’il y avait de plus simple. Il se fit l’effet d’être un hippopotame sur une banquise fine. La gorge se mit à brûler sous la course et un étourdissement l’obligea à ralentir quelques secondes, un curieux bourdonnement aux oreilles. La douleur se mêlait à l’angoisse de ce que lui avait révéler Constantin.
Lui passer à Azkaban ? plutôt crever ouais. Et c’est ce qu’il allait faire littéralement s’il ne pensait pas sa blessure. Non pas qu’elle soit profonde mais il avait perdu une quantité de sang conséquente avec sa fuite puis sa lutte et là encore il courait quand il aurait du rester tranquille et soigner sommairement ce machin.

«Dit moi que t’es pas blesser, je sens une odeur de sang sur toi, il t’as griffé ce jeune loup?»

« C’est mon nouveau parfum insurgés. Ça va être top… Sue va… Sue va kiff… » Il reprenait avec difficulté sa respiration et fit signe pour qu’ils s’arrêtent. Il s’adossa à un mur.

Soyons pragmatique. Il fallait qu’il soigne ça. Il n’aurait pas la force de transplaner ou plutôt si, mais il risquait sévèrement la désartibulation. « Les pièges peuvent les éloigner combien… de temps ? »

Ron était épuisé. Le fait qu’aucune remarque sarcastique n’était à même de dérider Constantin le laissa de marbre. Le cousin de Sue ne semblait rire de rien si ce n’était d’autrui et au mauvais moment qui plus est.
Le roux secoua la tête pour chasser les mèches de ses yeux. Le frisson le plongea dans un engourdissement palpable. Ne pas fermer les yeux. Ne pas succomber ni à la fatigue ni au froid.

Rester éveillé.

La détonation du tir se répercuta jusque dans sa cage thoracique. Une arme à feu ? Tellement …. Barbare et moldu. C’était étrange. Les moldus britanniques n’étaient pas autorisés à en porter normalement et encore moins les sorciers. Surement le travail de Constantin le lui permettait et lui assurait le permis. Il inspira lentement, le gargouillis de sang se calmant de lui-même maintenant. Il appuyait fort. Les bruits aux alentours le berçaient presque. Les hurlements à la lune, les grondements fiévreux, les râles de fauve. Le domaine de Constantin.

«Bon aller vite, vaux mieux qu’on te sorte d’ici, y’as pas un endroit sécuritaire ou tu pourrais aller? J’ai un portoloin sur moi, mais il me ramène chez moi et je n’ai pas trop envie de me faire voir en ta présence tu vois.»

Ron eut un rire étouffé. Bien sûr que non. Courageux mais pas téméraire n’est-ce pas?

« T’en fais pas. » Répondit-il simplement.

Ron tira sa baguette et lança un aguamenti après s’être débarrassé de son t-shirt. Il connaissait les sorts de bases, de quoi panser de manière rudimentaire, stopper l’hémorragie au moins. Gardant ses yeux sur l’abdomen qui découvrait une large plaie, Ron laissa Constantin s’activer autour des cages et des loups.

«Bon ça va j’en ai attrapé un, il a crié un cri d’alerte dans ce piège, les autres ne viendront pas je pense. On devrait pouvoir te ramener en lieux sur.»

« Ça va aller. Je vais pouvoir rentrer. » Le rouquin ne leva pas le regard, cautérisant en serrant les dents sa peau. La douleur était encore viable et impliquait surtout une accélération du pouls. L’atmosphère s’était faite calme. Plus rationnelle en quelque sorte. Le vent soufflait agréablement maintenant et Ron reposa sa main et sa baguette sur sa jambe. Ça ne saignait plus même s’il lui faudrait probablement un bon bain et quelques heures de repos. Hermione ou quel qu’autres medicomage du camp auraient sans doute de l’onguent aux propriétés magiques qui le remettrait d’aplomb rapidement.

L’habitude.

Ron se releva lentement, le regard se perdant sur la cage. Il y avait quelque chose d’immoralement nécessaire à voir l’animal enfermé. Une obligation protectrice à laquelle les loups-garous n’échappaient pas. Bill était méticuleux aussi Ron n’avait jamais eu à trop noter ses changements. Peut-être il s’avérait parfois plus brusque et plus enclin à la colère mais il savait se maitriser.

Glissant un pan du t-shirt dans sa poche, Ron fit signe à Constantin. Il avait eu besoin de calme et d'éloigner la meute de loup le temps de procéder à l'essentiel rapidement. Constantin lui avait fourni le temps et l'abri qu'il fallait. Il était mal en point mais il n'était plus en état critique. « Merci…. Sue est au courant? Pour le journal? » Il le redemanderait ensuite à la jeune femme mais cela devenait un travers. Quatre ans à baigner dans la suspicion et ça vous laissait des traces.