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Emily & William
Take my hand, we'll come out of the darkness together.

   


Une pluie diluvienne s'échappait du ciel. Des éclairs déchiraient les cieux. Une scène digne de l'apocalypse. L'eau s'accumulait sur le sol et s'infiltrer dans plusieurs infrastructures. Elle ne semblait pas vouloir s'arrêter, ne frémissant pas une seule seconde. Pourtant, un homme se tenait debout au milieu de ce déluge. Un liquide étrange coulait le long de ses mains et venait se déverser dans une immense flaque. Une rivière rouge coulait à ses pieds, dessinant un chemin jusqu'à un cadavre. Il ne savait pas pourquoi il était ici, ni comment il y était arrivé. Mais il y était. Il hésita de longues minutes avant d'avancer un pied devant l'autre, lentement. Il marchait vers la dépouille qui était de moins en moins visible, semblant couler dans l'eau. De loin, il était difficile de distinguer qui était cette personne. Au fur et à mesure que l'on avançait, on devinait une silhouette féminine. De longs cheveux, une robe. L'homme avançait jusqu'à elle. Bien qu'il plût, le fluide rougeâtre qui coulait de lui ne s'estompait pas. Pourtant, il n'était pas blessé, mais cela ne s'arrêtait pas. Il fut assez près pour s'abaisser au niveau du corps. Il posa ses mains sur les épaules du cadavre et le bascula pour en voir le visage. Il tomba en arrière, s'effondrant dans l'eau, à la vue des traits de cette femme. La pluie était toujours battante, mais son aspect avait changé : il pleuvait du sang. Le jeune homme se redressa, des larmes coulaient le long de son visage. Avec sa main, il décalait les cheveux masquant le visage de la dame. C'était sa mère, morte. Ses mains étaient couvertes de sang. Est-ce qu'il l'avait tué ? Il n'y avait personne d'autre dans les alentours. Mais qui était-il, lui-même ? Il se décala de quelques centimètres pour regarder son reflet dans l'eau. Il découvrit avec horreur son visage en sang, mais souriant. Une expression glaciale.

William sursauta, cognant sa pauvre tête sur la frêle étagère surplombant son lit de fortune. Son cœur battait à vive allure tandis qu'il était en sueur. Encore un cauchemar. Celui-ci était bien minime par rapport à ceux qu'il avait au début, il pouvait s'en estimer heureux. L'ancien Serpentard bascula sur le côté, se tenant assis sur son lit. Orion était réveillé lui aussi, sûrement par le bruit qu'avait fait son maître. Il vint tout de même le léchouiller, il monta presque sur le lit. William se leva durement, il marcha jusqu'à la table où était déposer son miroir à double-sens. Après avoir vérifié que personne n'avait essayé d'entrer en contact avec lui, il se dirigea vers la sortie de sa tente. Il passa sa tête entre l'ouverture et put voir que le camp était déjà bien vivant. Pour une fois, il ne s'était pas réveillé en pleine nuit. De ce qu'il pouvait sentir, c'était l'heure de manger. Le Yaxley déchu retourna dans le fond de sa « maison » pour prendre des habits convenables. Il n'allait tout de même pas se pavaner en caleçon dans le camp, il lui restait un minimum de fierté et d'amour propre. Comme à son habitude, il prit le temps de peigner sa chevelure violette. Apparemment, c'était la couleur du moment, mais elle se dissipera une fois qu'il se sera remis du cauchemar. En attendant, il ne pouvait pas faire autrement. Depuis qu'il n'arrivait plus à gérer ses émotions, son don se manifestait par un changement récurrent de couleur des pupilles et des cheveux. Peut-être qu'aujourd'hui encore, il réussira à faire toutes les teintes de l'arc-en-ciel.
L'Insurgé franchit le seuil de sa demeure, se retrouvant en plein milieu de l'allée. Il leva les yeux au plafond puis soupira. Cela faisait des jours qu'il n'avait pas vu la lueur du soleil, qu'il n'était pas sorti du repère. Mais qu'est-ce qui l'attendait dehors ? Qu'est-ce qui valait le risque de se faire capturer et de finir à Azkhaban ? Il n'y avait pas à chercher plus loin, il était en sécurité à l'intérieur. Pour le moment, il n'était pas assez fort. Il serait plus exact de dire qu'il n'était plus assez fort, car jadis il était connu pour son talent de duelliste à Poudlard. Ce temps semblait si lointain pour lui, on le croyait encore Sang-Pur à cette époque. Et voilà, c'était reparti. Nostalgique du passé, ses cheveux changèrent de couleur. Une véritable bête de foire pour les autres insurgés. Alors qu'il perdait pied au milieu du chemin, il sentit quelque chose de chaud se glisser dans sa main. Il baissa les yeux pour découvrir Orion, son fidèle Husky. Lui aussi, il avait faim. William ne perdit donc pas de temps pour avancer et rejoindre la tente qui faisait office de salle à manger.

Quelques minutes plus tard, les deux compagnons atteignirent leur destination. Il commençait à y avoir du monde, il valait mieux se dépêcher. William se dirigea vers l'établi où les réfugiés se faisaient servir. Une vieille dame lui servit une assiette de ragoût et lui donna un bout de pain. On ne savait pas vraiment si ce dernier était toujours comestible, mais on ne pouvait pas contester. Il fallait faire avec ce qu'il y avait, tout le monde était rationné. De toute façon, cela faisait bien longtemps que William n'avait pas mangé à sa faim. Il avait un chien à sa charge, ce qui signifiait qu'il partageait tous ses repas en deux. Orion pouvait autant manger que lui, ce qu'il pensait plus que normal. Le jeune sorcier grommela un merci à la personne qui l'avait servie, puis partit se trouver une table libre. Il n'appréciait pas forcément la compagnie, souvent les gens essayaient de lui parler, mais ils ne comprenaient pas que tout ce qu'il voulait, c'était du silence. Balayant du regard la salle, il remarqua de la place à une table. Elle était néanmoins occupée par une jeune femme de son âge. Ce n'était pas un problème, William l'a connaissait. Si l'on pouvait dire ça. Il avait eu vent de son prénom, Emily. Il ne lui avait jamais vraiment parlé, mais il avait mangé à plusieurs reprises avec elle. Il se contentait de s'asseoir et de s''alimenter dans le plus grand des calmes. La première fois qu'il eut croisé son regard, il comprit. Elle aussi préférait le calme. Il se voyait un peu en elle, il savait qu'elle ne chercherait pas à ouvrir la discussion ou papoter. Le partenaire de repas parfait. William alla donc se poser en face d'elle, sans faire un bruit. Orion s'allongea juste au bord de la table, grignotant le bout de pain que son maître lui avait donné en cours de route. Le métamorphomage entama son assiette, après avoir partagé son contenu en deux. De temps à autre, il prenait une bouchée de pain pour enlever de ses papilles le goût du ragoût, mais à vrai dire, cela empirait les choses. Au moins, son ventre n'était pas vide, il pouvait s'estimer heureux.
Il leva alors les yeux vers la demoiselle. Pour la première fois, il hésitait à lui adresser la parole. Depuis récemment, William avait entamé des changements. Il voulait redevenir qui il était, se reprendre en main. Cette idée germait dans son esprit depuis quelque temps déjà, il devait agir. Il n'était pas sûr, mais il pensait qu'Emily était dans le même cas que lui. Peut-être pas à cause de circonstances similaires, mais elle aussi avait vécu de lourdes épreuves. Le jeune homme savait pertinemment qu'on ne pouvait surmonter cela seul, qu'il avait besoin des autres, qu'il avait besoin d'amis. Emily était-ce qui s'apparentait le plus à une amie pour lui. Mais est-ce qu'elle ne lui en voudra pas d'avoir rompu ce « pacte de silence » ? Le garçon passa sa main dans ses cheveux, remarquant que ceux-ci avaient repris leur couleur naturelle. C'était peut-être le bon moment pour faire un premier pas, pour briser la glace. Il se racla alors la gorge pour attirer son attention.


    « Sa...sa...salut. Cela ne te dérange pas si, pour une fois, on parle un peu ? »


On pouvait sentir dans l'intonation de sa voix une certaine gêne, voire timidité. Ce qui n'était pas très habituel pour lui, au contraire. Le William d'avant s'affirmait, il était sûr de lui. Mais aujourd'hui...Ce n'était plus que l'ombre de lui-même, pourtant, il aspirait à briller de mille feux. Il voulait extirper des ténèbres Emily avec lui, même s'il ne la connaissait pas vraiment, il sentait qu'il se devait au moins d'essayer. Après avoir caressé son chien, il reprit :


    « Tu peux m'appeler Will. Toi, tu es Emily c'est bien ça ? »


Est-ce qu'elle le prendrait pour un détraqué, puisqu'il connaissait son prénom alors qu'elle ne le lui avait jamais donné ?
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Emily Callaghan
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‹ inscription : 10/08/2015
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‹ crédits : mathy, et tumblr pour les gifs
‹ dialogues : #ff9966.
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‹ âge : vingt-trois ans
‹ occupation : perdue sans but dans la vie.
‹ maison : Gryffondor
‹ scolarité : septembre 1992 et mai 1998.
‹ baguette : est celle de ma mère. Elle est en bois de bouleau, contient un crin de licorne et mesure 26,5 centimètres.
‹ gallions (ʛ) : 4327
‹ réputation : je suis une petite poupée abîmée, malmenée et détruite.
‹ faits : je suis d'origine irlandaise et de sang-mêlé. J'ai un tempérament de feu, suis énergique, loyale et parfois possessive.
J'ai fait partie de l'AD, ai combattu pendant la bataille de Poudlard, ai été rebut, ai participé à la reprise de Poudlard et à la bataille finale et suis maintenant un héros de guerre.
Je manie également parfaitement une dizaine d'armes blanches et maîtrise le combat rapproché.
‹ résidence : dans ma maison d'enfance mais y passe très peu de temps. Le plus souvent vous me trouverez dans des bars ou des boîtes de nuit à tenter d'oublier ce qu'est ma vie.
‹ patronus : un panda mais il m'est encore très difficile d'en produire un
‹ épouvantard : l'oubli. Visuellement cela se traduit par un voile noir qui l'enveloppe.
‹ risèd : ma famille réunie autour de moi pour fêter mon diplôme d'auror.
http://www.smoking-ruins.com/t2937-emily-chaos-and-the-calm
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William & Emily
Let us always meet each other with smile,
for the smile is the beginning of love.


Son visage baignait dans la lumière du soleil révélant ainsi les poches sombres qui ornaient ses yeux rougis. Elle n’avait pas fermé l’œil de la nuit. A chaque fois qu’elle essayait, elle revoyait le visage d’Alecto, la baguette pointée sur elle, les étincelles qui s’en dégageaient et à ce moment, le flot de souvenir qui dévalait dans ses pensées … Des souvenirs de douleur, des souvenirs de blessures, des souvenirs de torture, elle ne dissociait plus vraiment chacun de ces souvenirs, mais ils faisaient tous partie de ce qu’elle pensait être son ancienne vie. Après s’être tournée et retournée plusieurs fois dans son lit, elle avait fini par abandonner, s’abandonner à l’éveil là où toute personne saine se laisserait aller au sommeil. Elle s’était convaincue qu’il ne servait à rien qu’elle ne s’acharne, elle ne ferait que perdre le peu d’énergie qu’elle avait encore. Du coup, elle avait attrapé sa cape, sa baguette et un livre et était sortie de sa tente. Assise dans un coin du campement, elle avait tenté, tant bien que mal de se concentrer sur la lecture de cet ouvrage qu’un autre insurgé lui avait généreusement prêté, mais elle n’y arriva pas. Elle avait beau avoir beaucoup changé, son attirance pour les livres théoriques était toujours la même. Elle avait ri silencieusement, avait laissé glisser le livre sur le sol, s’était assise en tailleur et était partie dans une séance de méditation …
Endoloris. Ces mots étaient susurrés comme des amoureux se diraient Je t’aime. On sentait le plaisir qu’elle prenait à prononcer ce sortilège, la passion que lui apportait son utilisation … Mais il n’apportait que le mal, la souffrance … Cela commence à l’endroit de l’impact, des picotements douloureux. Puis, comme une colonie de fourmis, ils s’éparpillaient dans le corps jusqu’aux extrémités laissant derrière eux une trace indélébile de leur passage. Ils s’agglutinaient alors autour du cœur et prenaient l’organe en étau l’empêchant ainsi de battre à un rythme régulier. Poum, poum, poumpoum. C’est à moment-là que l’on suffoque, que l’on sent le volume de ses poumons se réduire et que l’on n’est plus capable de produire un son. A peine un gémissement, et le cerveau ne capte plus rien de son environnement, il n’arrive qu’à ressentir la douleur, à chercher un moyen de s’en défaire. La conscience tente de s’arracher à la souffrance, aux maux qui envahissent maintenant chaque parcelle du corps. Finalement l’inconscient gagne, on se surprend à lâcher prise, à chercher la liberté dans la mort, on veut … Mais elle la ramène à la vie …

Elle ouvrit les yeux et fut éblouie par la lumière du jour. Combien de temps était-elle restée ainsi ? Elle ne le savait pas vraiment. Elle ne savait même plus vraiment à quelle heure elle avait quitté sa tente pour venir s’installer ici. La dernière fois qu’elle avait regardé l’heure, c’était à son retour au campement. Il faisait nuit, quelques personnes traînaient encore à l’extérieur, mais elle avait réussi sans trop de difficulté à rejoindre sa couchette sans qu’on ne lui pose une seule question. De toute façon, elle ne connaissait pas grand monde ici, on la fuyait comme la peste. C’était comme si être rebut l’avait rendue pouilleuse et infectieuse. D’ailleurs, les membres de l’Elite doivent sûrement penser ça dans leur robe de soie, se dit-elle. La preuve même, elle était assise à méditer et personne n’était venue la perturber alors que le camp avait déjà bien repris vie. Parfois elle se demandait s’ils se préoccupaient d’elle et ne voulaient pas la déranger, ou s’ils avaient seulement peur de ce qu’elle pouvait représenter. Un haussement d’épaule, comme pour répondre à son propre questionnement et elle étendit ses jambes afin que le sang circule à nouveau à l’intérieur. Elle sentait de légers fourmillements mais rien de comparable à un sortilège Doloris. Regardant autour d’elle, elle se laissa distraire par les tâches effectuées par d’autres au camp. Jusqu’alors, elle était encore convalescente, ils l’avaient laissée tranquille, ne lui avaient pas donné de choses à faire sur le campement, mais c’était tout ça qui rendait sa présence ici plus difficile. Elle se sentait inutile, complètement délaissée, elle n’avait pas vraiment d’objectifs ou de rêves … Elle voulait tant retrouver sa vie d’avant, mais tout semblait si lointain, si illusoire … Elle avait tellement de mal à se souvenir de tout ce qu’il s’était passé avant la bataille de Poudlard, elle n’avait rien à quoi se raccrocher. Une personne. Ses amis les plus proches avaient disparu ou étaient encore trop loin d’elle, en ce moment même. Luna avait péri alors qu’elle était rebut de Lucius Malefoy. Ginny avait été blessée pendant leur sauvetage et elle ne lui avait pas parlé depuis tellement longtemps. Sa famille quant à elle, il n’en restait rien. Que des reliques déchues … Ses parents étaient morts en tentant de sauver le ministère, ses grands-parents n’avaient pas réussi à fuir les rafleurs, et son frère … Aidan … Elle ne savait même pas ce qu’il lui était arrivé et s’il était encore vivant. Des souvenirs. Elle ne se rappelait que du visage d’Alecto, de l’entraînement de Lowell et des tortures. Lowell l’avait formée pour qu’elle devienne insensible, mais elle n’avait jamais complètement réussi à se détacher de toutes ses émotions. Elle savait que cela affaiblissait ses performances, mais elle ne pouvait s’empêcher d’avoir des remords à attaquer qui que ce soit. A l’époque, elle essayait de se raccrocher aux images joyeuses qu’elle gardait de ses parents, de sa famille … Mais à présent, plus rien ne subsistait que les cicatrices visibles sur son corps qui lui rappelait qu’elle était forte d’avoir survécu, mais qu’elle avait été assez faible pour qu’on lui impose des tortures. Des objets, des photos. Rien … Elle n’avait rien gardé d’avant. Elle n’avait même pas une photo de sa famille. Parfois elle s’étonnait de devoir chercher très loin dans sa mémoire pour discerner quelques traits des visages de ses parents. Aidan n’était, lui, plus que l’image floue qu’elle avait gravé dans sa mémoire lorsqu’il avait essayé de la protéger lors de la bataille de Poudlard. Elle lui en voulait tellement de l’avoir fait évacuer ce jour-là, et en même temps, elle voulait tant le revoir pour le serrer dans ses bras. Elle ne savait cependant pas si elle était encore capable aujourd’hui de le reconnaître. Elle n’avait plus rien, tout avait été détruit, était resté à Poudlard ou trainait dans les décombres de son ancienne maison. Sa baguette même elle l’avait perdue. Alecto n’avait de cesse de lui dire qu’elle la lui rendait si elle était sage, mais en vérité, elle savait qu’elle ne la récupérerait jamais. Elle était peut-être mieux sans, après tout. Elle n’avait plus l’impression d’être une sorcière, parfois, elle avait même la sensation d’être un monstre. Un monstre rempli de haine, de tristesse et de blessures. Une larme coula le long de sa joue et elle la balaya d’un revers de la main avant que quelqu’un ne puisse la voir ainsi. Elle avait bien changé la petite Emily qui affrontait tout le monde de son regard sans peur. Elle était coupable, vulnérable et faible.

Elle attrapa la petite fiole qu’elle avait cachée dans la poche interne de sa cape et la posa dans sa paume de main. Le contenant était minuscule, pas plus grand que la moitié d’un doigt, et le contenu l’était encore plus car il ne remplissait par la fiole. Elle prit l’objet entre son index et son pouce et le fit tourner en regardant le contenu orangé – presque doré – glisser le long des parois. Revigorum il y en avait si peu … Une dose qui devrait te faire tenir deux à trois semaines, avait dit Alecto. En partant la veille, elle pensait être complètement dépendante et accro à ce produit, mais à présent, elle ne voulait qu’une chose, se sevrer. Pourquoi ? Parce qu’à cause de ce produit, elle s’était mise à mépriser sa loyauté et à conclure un accord avec le diable. Pourtant elle n’y arrivait pas, quelque chose dans ce liquide l’attirait. Elle avait la volonté d’arrêter, mais la volonté ne suffisait pas dans ce cas-là, c’était comme si cette mixture s’insinuait en elle pour lui rappeler qu’elle avait besoin de ce Revigorum. Comme si les résidus qui restaient en elle avaient suffisamment de force pour revenir chercher ses frères … Dans un geste impulsif, elle ouvrit le bouchon de la fiole et versa tout le contenu du produit dans sa bouche. Elle l’avala et se sentit immédiatement envahie par un sentiment étrange. Pas la force, ni la puissance que lui procurait habituellement le produit, non, quelque chose de plus profond, une sorte de culpabilité, l’impression invisible qu’elle aurait des comptes à rendre à cause de ses actes. Elle rangea discrètement la fiole et se leva. Elle alla ranger ses affaires et retourna traîner sur le campement pour passer le temps jusqu’à l’heure du déjeuner. Elle passait, par ci, par-là, proposant son aide mais recevant rarement des réponses positives. Parfois consciencieuse. Tu devrais te reposer. T’es encore convalescente, tes brûlures pourraient s’infecter. Parfois prudent. Tu devrais attendre qu’on te donne une tâche précise à accomplir. Ou complètement virulent. Non ! Je sais ce que je fais, j’ai pas besoin d’aide. Dans un haussement d’épaule, elle avait finalement abandonné, s’était assise dans un coin et avait regardé les autres faire.

Lorsqu’on annonça l’heure du déjeuner à la manière des Silencieux – elle s’était enfin habituée à leur façon de communiquer et avait même appris certaines choses en les observant – elle alla se poster dans la file d’attente et se fit rapidement servir. Elle fut dans les premiers à rejoindre les tables encore à moitié vide et à s’installer comme à son habitude dans un coin reculé, là où elle pouvait observer tout le monde, sans qu’eux n’aient systématiquement le regard tourné vers elle. Elle posa son plateau et regarda son contenu. Elle n’avait pas vraiment faim … Sûrement les effets secondaires de la potion qu’elle venait de prendre. Elle sentait que ses muscles regagnaient en vivacité, mais des picotements intempestifs lui menaient la vie dure. Cela la mettait en colère, elle était particulièrement susceptible et irritable. Elle connaissait ces moments-là par cœur … Elle savait que pendant les huit heures qui suivaient la prise de son Revigorum, il fallait éviter de l’énerver sans quoi, elle pouvait casser des tables en bois simplement en frappant dessus ou pouvait réduire une main en bouillis. Avec le temps, elle avait appris à se contrôler mais cette matinée avait été la pire de toute et elle ne savait pas si elle arriverait à rester complètement saine d’esprit si l’on venait à l’embêter. Elle ne voulait qu’une chose, aller se morfondre dans son lit et dormir d’un sommeil sans rêve. Pourtant, lorsque ce jeune garçon s’assit en face d’elle, elle fut parcourue par de tous autres sentiments. Curiosité, désir et plaisir. Ils avaient souvent déjeuné ensemble ces derniers temps, ils ne parlaient jamais, se jetaient des regards empreints d’émotion. Cela se lisait dans leurs yeux, ils avaient vécu des expériences douloureuses, peut-être pas communes, mais ressemblantes. Aujourd’hui, comme les autres jours, elle leva les yeux vers lui et se plongea dans ses iris aux couleurs changeantes. Au fil des jours, elle avait compris qu’il était un métamorphomage, et cela l’avait toujours impressionnée. Elle qui adorait la métamorphose et notamment le professeur McGonagall, elle ne pouvait s’empêcher de paraître comme une enfant devant le Père-Noël en regardant ce garçon. Elle pinça les lèvres et baissa les yeux vers son ragoût et son pain. Elle attrapa ce dernier et le rompit en deux parties égales. Alors qu’elle s’apprêtait à le tendre vers le jeune homme afin qu’il nourrisse son chien, le métamorphomage rompit le silence qu’ils s’étaient attachés à conserver jusqu’à maintenant.

Elle sourit en entendant sa demande, haussa les épaules et acquiesça. Pourtant elle ne dit rien, elle n’avait pas vraiment envie de parler aujourd’hui, ce n’était pas le bon jour, mais elle ferait un effort, parce qu’elle ne voulait pas perdre cette connexion invisible qu’elle partageait avec le jeune garçon qui se présenta quelques secondes plus tard comme s’appelant Will. Cela dit, en entendant son prénom, son visage se décomposa et elle eut un mouvement de recul. Elle serra ses mains sur le banc où elle était assise et enfonça ses ongles dans le bois. Emily elle avait aujourd’hui énormément de mal à entendre son prénom, parce qu’elle avait l’impression de ne plus en être digne … Serrant les dents, elle parla avec une intonation assez froide, peut-être trop … Mais c’était pour éviter de fondre en larmes ou partir en courant. « Ici, on m’appelle Dora. Je préfèrerai que tu n’utilises pas l’autre prénom. Elle n’existe plus. » Elle n’arrivait même pas elle-même à prononcer son propre prénom. Elle baissa les yeux vers les deux bouts de pain tombés au sol à cause de sa réaction excessive et fit la moue. Elle se pencha pour les ramasser et les tendit vers le chien, sans dire un mot. Bavarde. Elle ne l’était décidément plus. McGonagall aurait été fière d’elle.


Dernière édition par Emily Callaghan le Lun 24 Aoû 2015 - 11:11, édité 1 fois
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Emily & William
Take my hand, we'll come out of the darkness together.

   


Cela faisait bien longtemps que William n'avait pas prononcé une phrase entière autre qu'à son chien. Une sensation naissait peu à peu, lui rappelant des émotions lointaines. Autrefois, c'était un beau parleur. Sociabiliser, se faire des amis, il n'y avait rien d'aussi aisé pour l'ancien Serpentard. Pourtant aujourd'hui, il faisait honte à l'adolescent qu'il avait jadis été. Il avait bégayé en s'adressant à la jeune femme, chose qui ne lui était encore jamais arrivée. Mais où était passée l'assurance de William Yaxley ? Sûrement disparue en même temps que sa mère, ainsi que sa santé mentale comme certains vous le diront. Il avait aussi fait ce premier pas pour que ces rumeurs cessent. S'il redevenait le William de Poudlard, on ne le prendrait plus pour un fou. S'ouvrir, en parler, était la seconde étape après la prise de conscience.
Le métamorphomage n'était pas passé à côté du tic qu'Emily avait. Aussitôt qu'il s'était assis en face d'elle, elle avait pincé ses lèvres à de maintes reprises. William était devenu un maître dans l'art d'observer les gens, leurs habitudes et leurs attitudes. C'était une des étapes nécessaires au contrôle de son don. Il n'avait pas perdu la main pour l'analyse, pourtant ses pupilles n'arrêtèrent pas de changer de couleur depuis qu'il s'était assis. Sa nature ne pouvait être cachée, et tous les Insurgés en avaient connaissance, pour son plus grand malheur.

La réaction d'Emily fut immédiate. Elle sourit, c'était bien la première fois que William pouvait admirer son sourire. Cela lui allait si bien, pourquoi se retenir habituellement ? Mais le jeune Yaxley n'était pas le mieux placé pour lui reprocher de ne pas exprimer sa joie : lui-même n'avait pas souri depuis plusieurs mois. Néanmoins, il s'y força lorsque la sorcière accepta sa requête. Il était heureux, il allait pouvoir parler à quelqu'un qui le comprendrait. Aussi, il était soulagé qu'Emily ait acquiescé. Elle aurait très bien pu lui en vouloir d'avoir rompu leur amitié silencieuse. Cependant, bien qu'elle eût accepté, elle ne prononça pas un seul mot. Était-elle timide, ou ne souhaitait-elle pas s'exprimer ? William l'avait stoppé dans son élan, elle avait commencé à couper son pain pour le tendre à Orion, mais les paroles du garçon l'en avaient arrêté. Il doutait de lui, il ne se demandait pas s'il venait de ruiner le lien qu'il avait avec Emily. Il ne fit qu'empirer les choses en se présentant. Lorsqu'il prononça le nom de son interlocutrice, le visage de celle-ci se décomposa. Son corps se crispa et l'on pouvait voir ses ongles pénétrer le bois de la table. Instantanément, les cheveux de William se changèrent. Il était fautif, il avait engendré cette réaction chez Emily. Il devait s'excuser.

« Je suis désolé Dora, je ne savais pas. Je veillerais à ne plus me tromper à l'avenir, si c'est ce que tu souhaites. »


Il ne comprenait pas. Elle n'arrivait même pas à prononcer son prénom, son vrai prénom. Il est vrai que le nom de sa mère faisait frémir William et entraînait chez lui des changements physiques causés par sa particularité. Mais pour Emily, c'était tout autre. Son prénom, c'était aussi son identité. Se faire appeler Dora, c'était renier qui elle était. Pourquoi ?
Elle paraissait bien plus brisée que William. L'aider semblait difficile, et déjà qu'il avait du mal à se fixer lui-même. Il avait espéré pouvoir approcher Emily pour sortir des ténèbres avec elle. Pourtant, il n'en était plus aussi sûr à présent. Ne devrait-il pas s'en tirer seul, et la secourir après ? Non, il ne pouvait se résoudre à l'abandonner. Il était à sa place, et il voulait une épaule sur laquelle se reposer. Emily devait rechercher la même chose, et quoi de mieux que quelqu'un ayant un passé aussi macabre que le vôtre ? William caressa son animal quand Dora lui tendit du pain.

« Tu peux le caresser si tu veux, il ne mord pas. Il ne serait même pas capable d'attraper une souris. » Il prit une gorgée d'eau dans son gobelet pour se dessécher la bouche. « Je vais peut-être pousser le bouchon un peu trop loin, mais pourquoi souhaites-tu que l'on t'appelle Dora ? Tu veux tirer un trait sur ton passé, oublier la personne que tu as été ? »

Jamais William ne changerait son prénom. Son nom, en revanche, c'était une toute autre histoire. Il n'était même pas sûr de pouvoir encore le porter, son père l'avait probablement destitué. Si c'était le cas, il n'en serait que plus heureux. La seule raison pour laquelle il le porterait une nouvelle fois, cela serait pour honorer la mémoire de sa mère. Elle aussi était une Yaxley. Mais son père avait entaché le substantif de la famille. Il rejeta la faute sur son propre fils, il ne méritait qu'une chose : la mort. William se fera un plaisir de la lui accorder, après lui avoir fait payer. La vengeance, voilà ce qui le motivait à se reprendre en main. Renverser le gouvernement ne passait qu'au deuxième plan, pour le moment.
Il venait de finir son assiette, les restes étaient destinés à son chien. Il ne pouvait pas laisser Orion manger à même le plat. Si cela ne tenait qu'à lui, il le laisserait faire, mais d'autres Insurgés l'avaient réprimandé. William prenait donc avec lui un mouchoir dans lequel il déposait la nourriture, ce qu'il fit à cet instant. Son chien resta calmement assis, jusqu'à que son maître lui fasse signe. Il se jeta sur sa gamelle, la dévorant avec une rapidité déconcertante. Le métamorphomage se redressa pour regarder Emily. Il ne savait plus trop quoi dire, alors il improvisa. D'une main, il attrapa le col de son haut pour l'étirer vers le bas. Cela laissait paraître une grosse et profonde cicatrice.

« Voilà ce qu'à fait mon père la dernière fois que je l'ai vu. » Il étira par la suite son vêtement vers le côté pour cette fois montrer son épaule et une partie de son bras, toutes deux brûlées. « Il m'a aussi laissé ça, pour que je puisse toujours me rappeler de ce qu'il a fait ce soir-là : détruire notre famille. »

Peut-être que s'il se révélait à elle, elle ferait de même.
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‹ baguette : est celle de ma mère. Elle est en bois de bouleau, contient un crin de licorne et mesure 26,5 centimètres.
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‹ réputation : je suis une petite poupée abîmée, malmenée et détruite.
‹ faits : je suis d'origine irlandaise et de sang-mêlé. J'ai un tempérament de feu, suis énergique, loyale et parfois possessive.
J'ai fait partie de l'AD, ai combattu pendant la bataille de Poudlard, ai été rebut, ai participé à la reprise de Poudlard et à la bataille finale et suis maintenant un héros de guerre.
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‹ résidence : dans ma maison d'enfance mais y passe très peu de temps. Le plus souvent vous me trouverez dans des bars ou des boîtes de nuit à tenter d'oublier ce qu'est ma vie.
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Jamais de la vie elle n’oserait renier son prénom. Emily était le prénom que ses parents avaient choisi pour elle, c’était un prénom empreint de douceur et de beauté. Elle avait toujours été fière de porter ce prénom, et aujourd’hui encore, elle l’était. Non ! Si elle avait choisi un autre prénom, une autre identité, ce n’était pas pour renier son existence, mais plutôt pour la conserver telle qu’elle était et devrait toujours être.
A la mort de ses parents, une part d’elle était morte avec eux, des souvenirs, des traditions, ce lien unique qu’elle partageait avec eux, tout s’était évaporé dans la nature. Elle avait pleuré des jours entiers … Jamais avant ça elle ne s’était montrée aussi faible et vulnérable. A travers les larmes, elle avait laissé derrière la douce et optimiste Emily, motivée par la réussite, la beauté et la fierté. Elle n’avait plus personne à rendre fier … Puis il y avait eu les tortures d’Alecto et la disparition de Luna, elle avait serré les poings, s’était accrochée à l’idée que tout reviendrait à la normale à la fin de l’année, qu’Harry, Ron et Hermione réussiraient à sauver Poudlard et le monde des sorciers comme ils l’avaient toujours fait … Elle s’était raccrochée à l’Armée de Dumbledore, à Neville et Ginny, elle pouvait encore être Emily, la courageuse, l’intelligente, la bavarde aussi, elle pouvait rester elle-même sans aprioris, parce qu’ils la connaissaient, parce qu’ils savaient ce qu’elle avait vécu, parce qu’ils ne la jugeaient pas. Mais après la Bataille de Poudlard, la disparition d’Aidan – son frère – et son emprisonnement à Azkaban, plus rien n’avait de sens, plus rien n’avait suffisamment d’intérêt pour survivre. Enfermée dans sa cage, on lui clouait le bec lorsqu’elle osait parler, on aspirait toute sa motivation, toute son énergie, ne laissant d’elle que la masse physique : les os, les organes, les muscles … La force, la motivation, l’énergie, la conscience, tout ça était aspiré par les Détraqueurs. Le seul moyen pour elle de survivre était de se séparer de ses souvenirs heureux, d’oublier la part d’elle qui aimait la vie, de laisser derrière elle sa hargne, son courage et sa tendance aux défis. Il ne restait que la coquille vide qu’Alecto avait récupérée.

A dire vrai, si aujourd’hui Emily existait encore, c’était bien grâce à Alecto et Lowell. Jamais elle ne pensait qu’elle dirait ça, mais elle remerciait le gouvernement d’avoir mis en place ce système de rebut, afin qu’elle puisse sortir de cette prison. Elle y avait laissé son âme mais elle avait quand même pu en grande partie se reconstruire. Elle n’était pas comme les autres rebuts … Elle avait bien subi des tortures, elle s’occupait bien des tâches ménagères ingrates, elle était bien maltraitée, mais il y avait bien plus, elle avait été formée, aidée … L’objectif n’était pas si beau qu’elle voudrait le dépeindre aujourd’hui, mais cet entraînement l’avait changée. Théoriquement, elle devait recevoir un entraînement intensif en combat rapproché et en maniement des armes blanches afin d’assurer la protection de son – enfin ses – propriétaire(s), mais en pratique, elle s’était nourrie de ces cours pour regagner en force, en énergie, devenir celle qu’elle n’aurait jamais été avant … Plus résistante, plus rapide, plus gracieuse, plus discrète … On lui avait finalement tout appris pour qu’elle soit la meilleure garde du corps, la meilleure fuyarde, la meilleure insurgée … Peut-être. Ils ne le savaient pas, parce que lorsqu’ils l’avaient achetée, les responsables leur avaient garanti une obéissance aveugle et aucune traitrise possible, grâce au contrat et au tatouage … Mais ce dont ils ne se doutaient pas, c’était que le système de rebut serait un jour aboli et que certains rebuts réussiraient à fuir. A présent, le monstre qu’ils avaient créé était prêt à se défendre, prêt à se venger. Il constituait une arme et une défense particulièrement utile pour les insurgés … Tout du moins si elle n’avait pas été aussi manipulée psychologiquement durant son emprisonnement, si on ne l’avait pas rendue dépendante à une potion censée l’aider à être plus forte. Elle suspectait Alecto d’y avoir vraiment mis de l’Orviétan, mélangé à d’autres composés … Si seulement elle avait eu l’intelligence de garder sa dose et de faire en sorte qu’elle puisse être analysée, elle aurait pu fabriquer la potion elle-même, ou même trouver quelqu’un qui pourrait l’aider à se sevrer … Mais la tentation était trop forte, et maintenant les symptômes liés à la prise de cette mixture se faisait de plus en plus présente, de plus en plus prenante … Comment allait-elle pouvoir réussir à tenir cette conversation avec Will jusqu’au bout ?

Elle serra les dents et tripotait ses doigts pour les empêcher de trembler. Elle agita la tête de droite à gauche lorsque son interlocuteur s’excusa de l’avoir appelée Emily. Elle s’en voulait d’avoir été aussi froide, mais cela provenait sans nul doute de la prise de son Revigorum. Habituellement, elle le buvait avant ses entraînements, de fait, elle pouvait se défouler comme elle le voulait sur Lowell ou son matériel … Mais là, au milieu du camp d’insurgés, elle n’avait pas cette liberté … Et cela paraîtrait particulièrement louche. Elle devait rester discrète, elle ne devait pas éveiller les soupçons … Surtout pas après l’accord qu’elle venait de passer avec Alecto. Elle pinça à nouveau les lèvres, petites manies qui traduisaient sa nervosité et tenta de concentrer toute son attention sur Will. Dur exercice quand sa seule envie était de frapper contre quelque chose … Elle serra sa main droite autour de son poignet gauche pour calmer son irritabilité et la fébrilité. Elle tenta de fixer son attention sur son plateau, plutôt que sur Will, parce qu’elle avait l’impression qu’en se concentrant trop sur lui, elle finirait par l’étrangler. Elle devait absolument se calmer. Respire profondément par le nez, bloque, puis expire par la bouche jusqu’à vider tous tes poumons de l’air qu’ils contiennent. Elle tentait de se répéter les phrases que lui avait enseigné son mentor, mais elle devait également écouter passivement Will pour réussir à lui répondre, ne pas éveiller les soupçons

Elle agita vigoureusement la tête quand Will lui demanda pourquoi elle voulait se faire appeler Dora et surtout si elle voulait oublier son passé … Elle ne fuyait pas vraiment son passé, c’était plutôt une omission, une omission utile pour se sentir mieux, pour ne pas souffrir. Lorsqu’elle était arrivée au camp d’insurgés, qu’on l’avait faite transplaner ici, elle avait immédiatement été prise en charge pour ses brûlures, on lui avait donc demandé son nom, et immédiatement quelqu’un lui avait recommandé de prendre un pseudo pour sa sécurité. Le choix ne fut pas difficile, elle ne se considérait de toute façon plus assez Emily pour se faire appeler ainsi par tout le monde. Ce fut donc Dora. Dora comme le diminutif de Theodora. Theodora comme le nom de sa grand-mère – Granny comme elle l’appelait -, cette femme forte, cette moldue qui lui avait appris ce qu’était la force de l’amour, qui lui avait montré ce qu’était la compréhension et la tolérance. Elle l’aimait tant, elle la regrettait tant … Elle voulait lui rendre hommage. Et quel était le meilleur moyen que de porter son prénom. « Je ne renie rien. C’est seulement plus simple et plus sécurisant que tout le monde ne me connaisse pas sous mon vrai prénom. Ils ne t’ont pas dit de choisir un surnom lorsque tu es arrivé chez les Insurgés ? » Elle était étonnée que le garçon n’ait pas compris que Dora était son surnom d’insurgée. S’ils devenaient amis, elle aurait beaucoup à lui apprendre … Mais pour l’instant, son esprit était trop embrumé et ses hormones s’affolaient dans son corps pour la pousser à la colère ou la calmer. Inspiration. Expiration. D’un regard en coin, elle remarqua que Will avait terminé son plateau, tout du moins en partie, parce qu’il devait partager le reste avec son animal. Trop nauséeuse pour manger, elle poussa son plateau quasiment plein vers Will et lui fit comprendre qu’il pouvait manger sa part. Elle baissa à nouveau sa tête vers ses mains et observa les traces rouges qu’elle venait de laisser sur son poignet. Elle tira sur la manche de son pull pour recouvrir ces marques et occupa ses mains autrement : en remettant ses cheveux derrière ses oreilles, en grattant le bois du banc ou de la table, il fallait qu’elle dupe son cerveau, qu’elle réussisse à le détourner de son but premier – autrement dit, frapper - .

C’est ce moment-là que Will choisit de se confier sur les violences qu’il avait subi. Ce n’est vraiment pas le bon moment, pensa-t-elle. Elle était capable de lui en infliger bien plus alors qu’elle ne voulait pas. Elle contracta sa mâchoire et se mordit suffisamment la lèvre inférieure pour contrôler ses accès de fureur. Elle leva nerveusement les yeux vers les cicatrices et blessures que lui montraient Will. Elle ne voulait pas voir ça, mais elle se forçait, parce qu’elle ne voulait pas paraître impolie, désintéressée ou sans cœur. Bien sûr qu’elle était touchée qu’il daigne se confier à elle, bien sûr qu’elle était assez compréhensive et gentille pour l’écouter et le plaindre. Mais pas aujourd’hui, pas maintenant … Les douleurs que lui avait infligé Alecto la veille refaisaient surface et lui vrillaient l’estomac. Elle n’était pas prête à montrer ses propres blessures, ses propres cicatrices. Elles étaient encore ouvertes, béantes, trop récentes … Elle n’y arriverait pas. Elle détailla la cicatrice et les brûlures que lui montraient l’insurgé, mais cette vue lui devenait insupportable. Sur lui, elle voyait ses propres blessures, et elle pouvait peut-être même dire que les siennes étaient cent fois pires, mais elle ne voulait pas prétendre à ce podium, parce qu’elle aimerait tant ne pas avoir à en faire partie.

Elle baissa brusquement la tête, agita frénétiquement sa tête de droite à gauche et se leva. « Je n’y arriverai pas. » réussit-elle à marmonner. Elle ne jeta pas un regard de plus vers le jeune homme. Elle s’en voulait de réagir ainsi, mais méditation ou non, respiration ou non, elle n’arrivait absolument pas à contrôler ses envies de frapper, pas en voyant ce qu’avait subi Will, pas en se rappelant ce qu’elle avait subi. Elle quitta la tente qui servait de réfectoire en courant presque, se laissant guider par sa colère. Elle alla jusqu’à un coin du toit tout au fond du campement où étaient déposés les morceaux de bois qui leur servaient de combustible. Elle se baissa et observa cet amas de bois. Un tronc aurait été mieux, mais ne pouvait pas en avoir un sous la main sans transplaner, elle frappa de toutes ses forces contre un des morceaux de bois. Frappe, entendait-elle encore de la voix de Lowell. Des échardes s’enfonçaient dans ses poings et des larmes tentaient de s’échapper de ses yeux, mais elle ravalait les sanglots. Il n’y avait personne, et tant mieux, elle ne voulait pas qu’on la voit ainsi. Une douleur atroce lui déchirait le cœur. Elle plaça son poing contre sa bouche pour assourdir un grognement de rage et de souffrance. Elle sentait encore des fourmillements dans tout son corps en rappel des séances d’Endoloris qu’Alecto lui avait fait subir. Lorsque la rage s’apaisa, elle se laissa glisser au sol et se retourna vers le campement. Elle ramena ses jambes contre elle, posa son front contre ses genoux et respira lentement. Elle n’avait pas besoin de voir pour sentir la présence de quelqu’un et les chatouillis des poils de chien contre ses mains. « Désolé. J’ai un peu de mal à me confier. Mais voir quelqu’un le faire, et me montrer des blessures comme les tiennes, ça me met juste en colère. J’ai … du mal … » Elle pourrait dire ce qu’elle voulait, elle était seulement très sensible et n’arrivait pas à imaginer quelqu’un d’autres subir les mêmes sévices qu’elle. Elle n’avait pas bougé, elle préférait rester dans l’obscurité de ses paupières closes … Elle espérait ne pas avoir fait peur à Will, et surtout ne pas l’avoir fait fuir. Elle avait bien besoin de compagnie en ce moment. Elle était étonnée de l’admettre, mais elle avait réellement besoin que quelqu’un s’intéresse à elle et la soutienne.
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Emily & William
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William ne pouvait rester aveugle devant les mimiques d'Emily. Il était peut-être en train de manger, mais cela ne lui échappait pas. Quelque chose clochait dans son comportement. Il n'arrivait pas à mettre le doigt dessus, mais il pouvait le sentir. Cela se voyait dans ses mouvements, dans son attitude. Il lui parlait, mais elle paraissait ailleurs. Pourtant, elle l'écoutait. Mais une partie d'elle n'était pas présente, ou occupée à autre chose. Le jeune homme ne fit une aucune remarque. Il ne voulait pas s'avancer avec des hypothèses erronées, et cela provenait peut-être d'un stress post-traumatique. Il n'était pas spécialiste en la matière, et la seule expérience sur laquelle il pouvait se baser était la sienne. En tout cas, William fut attristé lorsqu'il remarqua qu'Emily tenait son propre poignet avec ferveur et hargne. Son regard virevoltait, elle ne savait pas quoi fixer. L'ancien Serpentard se sentit en partie responsable pour avoir réveillé des sentiments douloureux. Il s'en voulait, et cela se voyait : ses cheveux étaient à présent bleutés. Cela n'affectait pas que son physique, mais son esprit. Il en était devenu émotif, et était aux bords des larmes. Mais où était passé le William d'antan ? Comment pouvait-il réagir de cette façon ?
Orion mordit inoffensivement la main de son maître pour le calmer. Un rappel à l'ordre qui sortit le métamorphe d'un tourbillon de sentiments. Cela n'eut pas pour effet de redonner à sa chevelure sa couleur, mais lui faire oublier cette culpabilité et amertume qui rongeaient son cœur. Heureusement, il n'y avait aucune animosité dans ces émotions. Quand il se laissait aller à la haine et la colère, qu'il ne chavirait que quelques secondes à peine, c'était une toute autre histoire. Ces fois-là, le brave chien devait mordre plus violemment quitte à blesser William pour le ressaisir. Si un sentiment trop intense s'éprenait de lui, il perdait pied.

« Ah, excuse-moi. Je suis vraiment bête, quel imbécile. C'est vrai que cela me paraît logique d'avoir un pseudonyme. » Il réfléchit quelques secondes à ce que pourrait être le sien, mais de toute façon, il n'y avait pas dix mille options. « Disons qu'à mon arrivée, j'ai surtout été interrogé et mis sous véritaserum. Mais on n'a pas pensé à me parler d'un nom de code. En même temps, j'ai plus parlé à personne depuis, à part Orion. Je crois que Striker me convient. »

Un surnom qu'il n'avait pas entendu depuis bien des années. Seuls ses amis à Poudlard l'appelaient comme ça, notamment au club de Duel. Prendre ce pseudonyme, cela lui rappelait qui il avait été. C'était aussi une façon de s'encourager pour retourner dans le droit chemin. Il envisageait de se faire un tatouage, pour de la même manière se rappeler qui il était et ne pas oublier. S'il trouvait un sorcier pouvant le tatouer, il n'hésitera pas. Cela pouvait paraître stupide, mais il en avait besoin. Il savait qu'à tout moment, il pouvait être consumé par ses émotions.
Dora poussa son plateau encore bien garni vers William. Elle n'avait pas besoin de prononcer le moindre mot pour qu'il comprenne. Il ajouta la ration de sa partenaire dans la sienne, avant de rendre le plateau à son propriétaire. William avait faim, il y avait bien longtemps qu'il n'avait pas eu une gamelle aussi remplie. Orion aussi allait en profiter, c'était très généreux de la part de la sorcière. William sourit pour la remercier. Oui, il sourit. Pas un sourire forcé, mais un sourire sincère. Pour la première fois depuis longtemps, il exprimait sa joie. Il ingurgita le ragoût avec vigueur et en laissa pour son fidèle compagnon, assez pour que lui aussi puisse remplir son estomac convenablement.

Le silence le gênait. Maintenant qu'ils avaient engagé la conversation, il était mal à l'aise dans ce calme. Emily n'osait pas s'ouvrir, et William avait peur de faire empirer l'état de la jeune femme s'il se confiait. Il n'avait toujours pas compris ce qui clochait, mais son comportement n'avait pas changé. Elle agissait toujours anormalement. Le Yaxley se lança finalement et exposa les cicatrices laissées par son père. Des vestiges qui lui rappelaient pourquoi il se battait, pourquoi il devait évoluer. Il ne pouvait pas effacer ce qui avait été fait, et il ne pouvait pas non plus faire revenir sa mère. Il était obligé d'accepter son passé, de le porter avec lui. Mais ce n'était pas une chose qu'Emily cautionnait. William avait justement voulu éviter ça, mais il n'avait fait que l'y pousser. Elle baissa brusquement la tête et hochait celle-ci de droite à gauche. Elle n'y arriverait pas. C'était ses propres mots. William ne put la retenir, elle s'échappa du réfectoire habitée par un sentiment d'animosité. Elle était partie si vite, il n'avait pu rien y faire.
Le métamorphomage traversait les allées en courant, Orion à ses pieds. Il avait mis du temps à réaliser qu'Emily s'était éclipsé. Il n'avait pas réagi sur le moment, pensant qu'il devait la laisser seule. Mais maintenant, il voulait la retrouver. Son chien suivit la trace de la fille et le mena jusqu'à un coin reclus du campement. Elle était là, au sol, les mains en sang. Quasiment en pleurs, elle s'était recroquevillée sur elle-même. William pointa sa baguette vers les mains d'Emily, et prononça « Episkey ». Le sang s'arrêta de couler et les quelques échardes furent expulsées. D'un mouvement de main, le garçon fit venir une serviette, sûrement grâce au sortilège Accio. Il posa sa baguette dedans et se servit d'Aguamenti pour la rendre humide. Il se mit à genoux et attrapa la main de son amie. Il commença à nettoyer le sang à l'aide de la serviette.

« Désolé, je suis peut-être allé trop loin. Mais je n'ai pas honte de mes cicatrices, j'en suis fier. Elles me rappellent pourquoi je me bats, pourquoi je dois sortir des ténèbres dans lesquelles je me suis enfoncé. Sans elles, je ne saurais même plus qui je suis. » Il décala l'autre main et les cheveux d'Emily pour voir son visage, il voulait lui parler dans les yeux. « Viens avec moi, il faut nettoyer cette plaie avec un meilleur matériel. »


Il devait lui rester du matériel de médicomage dans sa tente, datant de l'époque où il travaillait à Sainte Mangouste. Ils pouvaient toujours se diriger vers un des médecins du camp, mais ce n'était pas ce qu'Emily devait souhaiter. William préférait l'amener dans un endroit où il n'y aurait personne, et où elle pourra essayer de se confier. Néanmoins, il se demandait ce qui pouvait causer ce comportement. Les tics de tout à l'heure, il l'avait vu planter ses ongles dans la table, se tenir le poignet fermement et frapper dans les morceaux de bois. Elle avait fait preuve d'une forte colère.

« Est-ce que tu as pris quelque chose ? Je vais t'amener là où je dors, tu pourras t'asseoir et t'exprimer calmement. »

C'est ce qu'il espérait en tout cas. Si elle ne se confiait pas, il ne pouvait rien faire pour elle. C'était donnant-donnant. William avait déjà confessé, dans une certaine mesure. C'était à son tour d'écouter à présent.
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HERO • we saved the world
Emily Callaghan
Emily Callaghan
‹ inscription : 10/08/2015
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‹ dialogues : #ff9966.
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‹ âge : vingt-trois ans
‹ occupation : perdue sans but dans la vie.
‹ maison : Gryffondor
‹ scolarité : septembre 1992 et mai 1998.
‹ baguette : est celle de ma mère. Elle est en bois de bouleau, contient un crin de licorne et mesure 26,5 centimètres.
‹ gallions (ʛ) : 4327
‹ réputation : je suis une petite poupée abîmée, malmenée et détruite.
‹ faits : je suis d'origine irlandaise et de sang-mêlé. J'ai un tempérament de feu, suis énergique, loyale et parfois possessive.
J'ai fait partie de l'AD, ai combattu pendant la bataille de Poudlard, ai été rebut, ai participé à la reprise de Poudlard et à la bataille finale et suis maintenant un héros de guerre.
Je manie également parfaitement une dizaine d'armes blanches et maîtrise le combat rapproché.
‹ résidence : dans ma maison d'enfance mais y passe très peu de temps. Le plus souvent vous me trouverez dans des bars ou des boîtes de nuit à tenter d'oublier ce qu'est ma vie.
‹ patronus : un panda mais il m'est encore très difficile d'en produire un
‹ épouvantard : l'oubli. Visuellement cela se traduit par un voile noir qui l'enveloppe.
‹ risèd : ma famille réunie autour de moi pour fêter mon diplôme d'auror.
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Elle ne pleurait pas. Non ! Jamais. Elle savait que pleurer n’était pas vraiment une faiblesse, mais elle avait toujours considéré que c’était sa faiblesse. Depuis qu’elle était en âge de comprendre, d’avoir conscience de ses maux, de ses souffrances, elle s’était toujours mise en tête de ne jamais se laisser abattre par tout ça, ne jamais verser une larme. Les larmes signifiaient pour elle une descente aux enfers, telles les gouttes glissant le long de ses joues, elle avait la sensation qu’elle tomberait très bas et ne se relèverait jamais. Après ce pacte qu’elle avait conclu avec elle-même, elle n’avait failli à sa tâche qu’une seule fois, cette unique fois où elle n’avait pas pu retenir ses sanglots, où elle s’était laissé gagner par les émotions … A la mort de ses parents, dans les bras de son frère. Ce jour-là, elle avait peut-être réussi à s’abandonner parce qu’elle était en terrain connu, parce qu’elle savait que ses parents ou son frère ne la jugeraient jamais. Elle était en droit de pleurer la perte de ses géniteurs, de ses parents, de ses protecteurs … Sans eux, elle était plus vulnérable, mais les bras de son frère avaient suffi pour qu’elle retrouve une bulle protectrice, un bouclier qui pourrait accueillir son innocence et sa fragilité éphémère. A présent, il n’y avait plus personne. Sa seule personne ne réussirait pas à pleurer et la protéger en même temps, alors elle s’imposait cette antipathie, elle s’obligeait à ne pas verser une larme même lorsque la douleur était insoutenable, même quand l’horreur était inadmissible. JAMAIS !

Elle ne sentait même pas le sang qui dégoulinait de ses poings meurtris. Elle ne notait même pas la présence des échardes qui auraient dû la gêner. Insensible. Voilà en quoi Alecto l’avait transformée. En un monstre, dénué de sentiments profonds … En une marionnette, guidée par la force et la colère … Elle était devenue stérile au toucher et à l’attention des autres … Elle avait beau savoir qu’elle en avait besoin, son esprit le lui interdisait. L’amour, l’estime d’elle, la confiance en elle, plus rien de tout ça, plus aucun de ces sentiments – faisant pourtant partie des plus puissants – n’arrivaient à guider ses choix. Si elle n’avait pas entendu William murmurer la formule du Sortilège de Soin, elle n’aurait même pas su qu’il était en train de soigner ses blessures. Elle ne ressentait rien à part peut-être des fourmillements sous lesquels son esprit avait choisi de dissimuler la douleur. Certaines personnes pourraient trouver cette sensation désagréable, peut-être insupportable, mais elle, se plaisait à dire qu’elle préférait les fourmillements à la souffrance même. C’était uniquement parce que ses membres étaient trop endoloris pour se défendre qu’elle se laissa faire … En temps ordinaire, lorsqu’elle en était capable, elle préférait soigner ses blessures elle-même parce qu’elle ne voulait pas que quelqu’un puisse observer son corps. Trop de cicatrices marquées, trop de bleus qui ne disparaîtront jamais, trop de brûlures qui déchiquetaient sa peau … Ils ne voyaient que ce qu’elle leur montrerait, et ses meurtrissures n’en faisaient pas partie. Will était trop gentil, trop attentionné, elle, était trop brutale, invivable … Elle ne voulait pas que quelqu’un devienne la cible de ses fureurs. Son cerveau ne l’interprétait peut-être pas de cette façon, mais cela ressemblait sans doute à un besoin inconscient de protéger toutes ces personnes …

Avait-elle honte de ses cicatrices ? Non. Sûrement pas. Ils lui rappelaient qu’elle avait survécu, ils lui rappelaient qu’elle avait été assez forte pour supporter ces violences sans défaillir, ils lui rappelaient qu’elle avait eu raison de garder espoir. Elle était libre à présent … Enfin presque. En réalité, l’aspect le plus douloureux de ces cicatrices était qu’elles étaient encore à vif, tellement récentes, tellement douloureuses. La souffrance trouvait essence dans ces plaies à peine guéries. Combien de fois avait-elle entendu Alecto susurrer le sortilège Doloris avec ce plaisir malsain ? Combien de coups avait-elle reçu à cause d’une trace de chiffon restée sur un verre en cristal ? Combien de bleus avait-elle dénombré sur sa peau après son premier entraînement avec Lowell ? Mais les douleurs physiques n’étaient rien comparées à l’impact que les tortures avaient eu sur son esprit … Ces manipulations, ces violences malsaines, sa geôlière y avait trouvé une source inépuisable de plaisir, parce que oui, elle prenait vraiment beaucoup de plaisir à écraser son rebut, cette vermine – comme elle l’entendait dire parfois – de tous les sortilèges qu’elle connaissait. Baisse la tête, prosterne-toi, tais-toi, essuies, ranges … Tout ce qu’elle avait entendu venant de la bouche d’Alecto n’avait toujours été que des impératifs, des ordres lancés au hasard ou calculés pour tomber toujours au moment où elle était en position de faiblesse. Alecto savait bien faire les choses mais Emily ne s’était jamais laissée abattre parce qu’elle avait un but : la liberté.

Elle hocha vigoureusement la tête bien que son regard resta baissé. « Pas ta faute, tu n’iras jamais trop loin. » Il n’arriverait jamais à atteindre le niveau d’Alecto parce que cette dernière n’avait aucune limite. Tout ce que Will avait fait était se livrer à elle, et elle, que lui avait-elle donné en retour ? Un silence, une réaction démesurée, une colère et une violence inexplicable. Elle le savait, elle n’était pas faite pour qu’on prenne soin d’elle, elle était trop dangereuse, trop imprévisible … Elle devait absolument élever des barrières autour d’elle. Ceux qui n’avaient pas vécu ce qu’elle avait vécu, et ceux qui ne la connaissaient pas avant ne devraient jamais avoir à l’approcher, parce qu’ils n’avaient pas de point d’ancrage, parce qu’ils n’avaient pas assez de connaissance pour lui rappeler qu’elle avait été une Emily douce, hyperactive, empathique, optimiste et attentionnée. Elle était et devait subsister, aux yeux de tous, en tant qu’ex-rebut d’Alecto … Ce qu’elle était et resterait tant qu’elle serait dépendante au Revigorum. Will repoussa doucement les cheveux qui avaient glissé sur le visage transpirant d’Emily. Il effleura involontairement son visage ce qui la fit réagir au quart de tour. Elle repoussa la main du jeune homme avec une force qu’elle sortait de nulle part et recula en renversant quelques morceaux de bois au passage. Si ce geste aurait pu passer pour une maladresse, la violence avec laquelle elle avait projeté William en arrière ne pouvait pas passer inaperçu. Elle le savait, elle s’en doutait … Elle n’était pas capable de maîtriser sa force en présence de personnes qui ne voulaient que son bien. Elle avait été programmée pour défendre ses maîtres et blesser ceux qui se mettaient en travers de son chemin, pas pour prendre quiconque dans ses bras ou être caressée. Forcée d’admettre qu’elle avait été transformée en monstre, elle trouva malgré tout en elle une pointe de compassion et un sentiment de culpabilité. Elle réussit à bégayer quelques mots. « Je suis … Je … désolée … Je ne voulais pas. Je … suis désolée. » Elle agita ses mains et se leva. « Je n’ai pas besoin d’être soignée. Ce n’est que du bois. » Et elle n’avait pas tort, tout ce qui n’était pas blessure de nature magique pouvait être soigné rapidement avec du bon matériel et une bonne baguette. Ce qu’avait fait William était bien suffisant. Elle avait eu des blessures bien pires qui n’étaient souvent soignées qu’une fois par semaine par le médecin censé vérifier que tout se passait bien mal pour les rebuts.

S’asseoir et s’exprimer. Mais elle n’en avait pas envie, elle ne savait même plus ce que c’était que de s’exprimer. Elle parlait très peu depuis qu’elle avait été ramenée au camp. Elle s’était enfermée dans une sorte de mutisme protecteur. Si elle n’ouvrait pas la bouche, on ne lui demanderait pas comment elle allait, et si on ne le lui demandait pas, elle n’aurait pas à évoquer l’expérience douloureuse qu’elle avait vécu ces derniers mois. Pourquoi ? Parce qu’elle savait qu’ils ne comprendraient pas, parce qu’elle se doutait qu’ils ne feraient que la prendre en pitié et la regarder avec des yeux tristes. Elle ne voulait pas de ça. Ce qu’elle désirait était qu’ils continuent leur vie, qu’ils n’aient pas à s’intéresser à elle. Deux sentiments paradoxaux se confrontaient dans son esprit, mais le plus fort des deux était celui qui lui dictait de rester loin des gens qu’elle pourrait blesser et qui ne pourraient pas se défendre. Elle voulait tant que Luna soit encore là pour l’appeler Callie, lui parler de licornes et de ronflaks ; elle voulait tellement revoir la tête rousse de Ginny … Elles étaient les deux seules à pouvoir comprendre ce qu’elle avait vécu. Seulement, l’une était morte, et l’autre était encore gardée en sécurité ailleurs. Elle était misérablement seule, et devait par désespoir rejeter tous ceux qui essayaient de l’aider. Comment pouvait-elle sortir d’un dilemme où ses deux choix présentaient des risques ? « Je préfère rester ici. » Elle s’éloigna de Will et se tourna face au vide qu’offrait le bord du toit. Depuis toujours, elle avait toujours aimé se poster au bord des fenêtres pour regarder en bas. Depuis la tour des Gryffondor, la vue était vraiment superbe, elle s’en rappelait comme si c’était hier. Mais cet hier était pourtant si lointain … « Je n’ai pas envie de m’asseoir pour discuter. Enfin, ce que je veux dire c'est plutôt que je n’ai pas vraiment envie de parler de moi. De toute façon, après ce que je t’ai fait, je comprendrais que tu veuilles rester loin de moi. » Elle ne le regarda même pas, fixant toujours les immeubles – légèrement flous à cause des nombreux sortilèges protégeant le camp – et la rue qui se trouvait en dessous. Une profonde inspiration et un long soupir. Elle devait quand même lui expliquer. « J’ai pas toujours été comme ça. Mais je ne suis pas prête à parler de pourquoi, ni comment je suis devenue ça. » De ses deux mains, elle parcourut son corps de la tête au pied pour désigner ce qu’elle était aujourd’hui, cette jeune fille au physique fragile mais à la force intérieure incontrôlable, cette ancienne bavarde qui n’était même plus capable de parler de la pluie et du beau temps, ce monstre incapable de s’ouvrir aux autres. Elle croisa les bras sur sa poitrine et jeta simplement un regard vers Will, derrière elle. « C’est tout ce que je peux te dire pour le moment. Donc si tu penses que tu ne peux pas gérer le fait que je connaisse ton secret mais que tu ne connaisses pas le mien, tu peux partir. Je ne t’en empêcherai pas. » Elle baissa les yeux vers le sol. « Et rassure-toi, je ne dirai rien pour ton père. » Elle se baissa et s’assit en tailleur au bord du toit, en restant dans la zone sécurisée par les sortilèges. S’il partait, elle pouvait clairement dire que Will était comme tous les autres … Autrement dit, il ne comprenait pas, mais voulait savoir. Un véritable ami – ou quelqu’un qui souhaitait le devenir – s’assiérait à côté d’elle, sans mot dire, et lui laisserait le temps qu’il faut pour s’ouvrir. Ou bien, s’il n’arrivait pas à se nourrir du silence, il parlerait d’autre chose … Il changerait au moins de sujet, pour éviter de la mettre dans l’embarras … Mais elle en demandait trop aux gens, aujourd’hui, les relations étaient trop superficielles ; observer, voir, rien que la surface, rien que le physique, pas assez d’intériorisation, pas assez de compréhension … Elle ne pouvait pas leur en vouloir, le monde leur avait appris à tous – elle, y compris – à fonctionner ainsi … « J’ai toujours aimé la hauteur. » dit-elle avec désinvolture, simplement pour clôturer le sujet qui concernait ses secrets …
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L'odorat de son chien lui avait permis de retrouver la trace de la jeune fille qui s'était enfuie du réfectoire. Elle n'avait pas supporté l'ouverture dont William faisait preuve. Il se confiant à elle, alors qu'ils n'avaient jamais parlé. Ils s'étaient côtoyés, ils s'étaient compris rien qu'avec des regards. Pour lui, c'était amplement suffisant. C'était ce qui se rapprochait le plus d'une relation amicale pour William. Il avait peu d'amis au sein des Insurgés. Il aurait aimé pouvoir retrouver des compagnons, comme Astoria, son amie d'enfance ou même Sansa, qu'il avait récemment croisées dans un des camps. Jamais le sorcier n'avait osé faire un pas vers eux depuis l'incident. Pourtant, aujourd'hui, il en avait envie. Il pensait pouvoir se confier à Emily, elle qui semblait avoir vécu autant voire plus d'horreurs que lui, et qu'en retour, elle se confie à son tour, mais il en avait peut-être trop espéré. Il pensait pouvoir se confier à Emily, elle qui semblait avoir vécu autant voire plus d'horreurs que lui, et qu'en retour, elle se confie à son tour, mais il en avait peut-être trop espéré. William en avait des frissons dans le dos en y songeant.

La pauvre Dora était recroquevillée sur elle-même. Elle n'était pas prête de se confier, pas après avoir disparu de la tente de cette façon pour venir se défouler dans les bouts de bois. Une réaction excessive qui décrivait bien l'état général de la fille. Seul le temps pourra permettre à William d'obtenir sa confiance. Il pensait l'avoir déjà obtenu au fil de ces silencieux repas et échanges de regards. D'un autre côté, il était désespéré. Prêt à s'ouvrir à n'importe qui serait apte à l'écouter. Cependant, Emily n'était pas n'importe qui. Loin de là, elle avait besoin d'aide elle aussi. Peut-être qu'elle n'en voulait pas pour le moment, mais cela viendra en son temps. William le savait, c'est pour cela qu'il lui avait couru après. Il ne voulait pas la laisser seule, il voulait être l'épaule sur laquelle elle pourrait se reposer si elle le souhaitait. Il en avait besoin lui aussi, mais ce n'était pas le plus important.

Ses connaissances en sortilèges et médicomagie lui permirent de prodiguer les premiers soins à la jeune fille. Retirer les échardes, arrêter le saignement, il ne suffisait que de nettoyer, chose qu'il fit aussi. Emily ne semblait pas réactive, autant aux actions de William qu'à la douleur. Ce n'était pas de la douleur qu'elle ressentait, mais autre chose. La même chose que William éprouvait à l'encontre de son père. Mais elle semblait s'être calmé depuis que le garçon l'avait soigné, et lui avait parlé. Elle répondit même, lui disant que jamais il n'irait trop loin. Qu'avait-il subi pour dire ça ? Est-ce qu'elle faisait partie de ceux ayant été torturés par le sortilège Doloris ? La vie des rebuts était loin d'être douce et paisible, Emily avait dû en voir de toutes les couleurs.

Alors qu'il lui proposait de quitter cet endroit, en trouver un autre d'un peu plus confortable, il décala les cheveux de Dora pour voir son visage. Chose qu'il n'aurait probablement pas dû faire puisqu'il se retrouva propulser en arrière. Il n'en revenait pas, et il avait eu du mal à comprendre. Comment une fille comme Emily pouvait avoir une force pareille ? Est-ce qu'elle n'était pas humaine ? Un loup-garou pourrait probablement avoir une puissance comme celle-ci, mais je doutais que ça soit un de ses dons. Un sortilège ? Comment aurait-elle fait pour le lancer ? Surtout que cela semblait lié aux tics de tout à l'heure, sinon comment aurait-elle pu planter ses ongles dans la table ou se faire une telle marque au bras. Une drogue semblait plus concevable, mais je n'en connaissais aucune capable de faire ça. Autant sur les points positifs, qu'au niveau des contreparties. Cette force était inexplicable. William se releva, tapant ses habits pour en enlever la terre et la poussière. Il n'avait rien de casser, plus de peur que de mal. « Ça va, c'est de ma faute. Tu as juste eu une réaction de défense, c'est normal. » Dit-il d'un sourire gêné. Emily y était tout de même allé un peu fort. « Très bien, de toute façon ça ne pourra pas s'infecter maintenant. Si ça te convient. »

C'était son choix. Les soins prodigués par William étaient basiques, mais suffisants. Il n'y avait plus aucun risque, à part si elle frappait à nouveau dans le bois. D'ailleurs, ceux-ci étaient tombés suite au réflexe d'Emily. L'insurgé se dirigea vers eux pour les ramasser et refaire un tas convenable. Il préféra le faire à la main, que d'utiliser sa baguette. Heureusement, cette dernière n'avait rien eu lors de la chute. Elle était plutôt résistante, le bois d'Aulne avait la particularité d'être très rigide. Plutôt dure à casser, mais William n'aurait pas été étonné si Emily avait réussi à la briser. L'état dans lequel elle était... Tout pouvait arriver, spécialement si elle était en colère. Mais le Yaxley ne craignait pas de se faire blesser.

La sorcière s'éloigna, préférant rester ici que de partir dans un endroit plus sûr. Elle marcha jusqu'au bord du toit, et continua de parler. Elle ne voulait pas se confier, pas pour le moment. Elle ne voulait pas parler d'elle, ce qui était compréhensible. Mais William n'allait pas partir pour autant. Maintenant qu'il avait fait un pas vers elle, il n'allait pas reculer. Comment pourrait-il avoir sa confiance sinon ?

« Tu n'y es pas obligé. Et puis, pourquoi voudrais-je m'éloigner ? Jamais je ne ferais ça, tu n'as pas fait exprès. » Il n'osa pas répondre à ce qu'Emily avait ajouté. Elle avait référé à elle-même en utilisant « ça ». William baissa les yeux, la mine déconfite. Il s'observa lui aussi. Il est vrai qu'il n'avait pas toujours été comme ça lui non plus. Tout deux avaient changé. Parfois, William avait même du mal à se souvenir de comment il était autrefois. Il a gardé peu d'affaires, et aucune photo. Rien pour se rappeler des meilleurs moments de sa vie, ou de sa mère. Rien, si ce n'était sa mémoire. Des souvenirs éparpillés qu'il arrivait à se remémorer. Ils étaient tout de même assez puissants pour lui permettre de créer un frêle patronus. Sa forme avait d'ailleurs changé suite à la mort de sa mère, ce qui traduisait bien le changement de caractère de William. Ce n'était pas la seule de ses capacités qui avait été affectée. Il avait été brisé, il avait dû recoller les morceaux. Aujourd'hui encore, il était en train de les recoller. Mais cela devenait de plus en plus difficile, c'est pour cela qu'il avait besoin de quelqu'un. C'est pour cela qu'il alla s'asseoir à côté d'Emily, sur le rebord du toit. Il était loin d'être rassuré, et n'osait même pas regarder en bas. On pouvait sentir qu'il avait peur.

« Si tu n'es pas prête à dire ton secret, je peux attendre. Le temps est certainement ce qu'il me reste le plus à présent. Pour mon père, ce n'est pas grave. Tu es libre de le dire, je ne m'en préoccupe pas vraiment. » Il ne voulait pas se faire plaindre, il savait que bien d'autres avaient vécu des choses atroces. Peu l'importait si cela se savait. Que les gens le croient innocent ou coupable, il s'en fichait. William ne pouvait compter que sur son avis, et celui de ses amis - aussi nombreux soient-ils -. « C'est vrai que la vue est très belle d'ici. » Il disait ça, mais il n'avait fait qu'observer les immeubles en face. Il n'avait pas encore regardé ce qui se trouvait sous leurs pieds. William n'avait jamais apprécié la hauteur. « La hauteur, ce n'est pas trop mon truc. C'est aussi pour ça que je suis une quiche sur un balai. Mais c'est bizarre, parce que petit, j'ai toujours rêvé de pouvoir voler comme un aigle, d'être totalement libre. »

Pourquoi disait-il cela ? Il n'avait encore jamais dit à personne être un piètre sorcier sur balais. C'était sorti tout seul, sans qu'il ne s'en rende compte. Il continuait de se confier, il ne savait pas pourquoi. Mais c'était agréable d'en parler, et cela lui faisait presque oublier sa peur du vide. Peu à peu, ses cheveux retrouvaient leur couleur noire. William sortit sa baguette, et l'agita pour faire apparaître de petits oiseaux gazouillant. « Par contre, j'ai toujours été doué pour les sortilèges. Si tu veux, un jour, on pourra faire un duel pour que je te fasse une démonstration. Comme ça, tu pourras te défouler un peu. » Il avait totalement changé de conversation, il n'était plus question de parler d'Emily à présent. William espérait avoir apaisé son esprit en évoquant un autre sujet. Il voulait faire de son mieux pour l'aider, mais pour le moment, il avait l'impression de faire tout le contraire.
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HERO • we saved the world
Emily Callaghan
Emily Callaghan
‹ inscription : 10/08/2015
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‹ dialogues : #ff9966.
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‹ âge : vingt-trois ans
‹ occupation : perdue sans but dans la vie.
‹ maison : Gryffondor
‹ scolarité : septembre 1992 et mai 1998.
‹ baguette : est celle de ma mère. Elle est en bois de bouleau, contient un crin de licorne et mesure 26,5 centimètres.
‹ gallions (ʛ) : 4327
‹ réputation : je suis une petite poupée abîmée, malmenée et détruite.
‹ faits : je suis d'origine irlandaise et de sang-mêlé. J'ai un tempérament de feu, suis énergique, loyale et parfois possessive.
J'ai fait partie de l'AD, ai combattu pendant la bataille de Poudlard, ai été rebut, ai participé à la reprise de Poudlard et à la bataille finale et suis maintenant un héros de guerre.
Je manie également parfaitement une dizaine d'armes blanches et maîtrise le combat rapproché.
‹ résidence : dans ma maison d'enfance mais y passe très peu de temps. Le plus souvent vous me trouverez dans des bars ou des boîtes de nuit à tenter d'oublier ce qu'est ma vie.
‹ patronus : un panda mais il m'est encore très difficile d'en produire un
‹ épouvantard : l'oubli. Visuellement cela se traduit par un voile noir qui l'enveloppe.
‹ risèd : ma famille réunie autour de moi pour fêter mon diplôme d'auror.
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Pourquoi voudrais-je m'éloigner ? Naïf. Il pensait pouvoir se protéger contre elle, mais il ne savait pas, il ne pouvait même pas imaginer ce qu’elle était capable de lui faire. Blesser était l’une des choses qu’elle faisait le mieux. Pourquoi ? Parce qu’elle avait été achetée pour ça, parce qu’elle avait été entraînée pour ça, parce qu’elle avait été programmée pour ça … Plus que blesser, on lui avait appris à tuer, elle était capable du pire comme du meilleur, elle n’avait plus rien de celle qu’elle était, de celle qu’elle avait toujours voulu être. Elle n’existait plus qu’à travers les yeux de ses rares amis d’enfance, ceux qui arrivaient encore à la trouver en dessous de sa lourde coquille de plomb. Se protéger et protéger les autres, un idéal qu’elle se convainquait de respecter. Stupide ironie quand on savait le marché qu’elle venait de conclure avec Alecto. Elle était sans aucun doute la pire des amies ; personne ne la méritait, et elle ne méritait pas qu’on lui accorde une quelconque attention. Elle en avait envie, elle le désirait réellement, mais connaissait le danger qui rôdait autour d’elle, elle savait qu’elle était le danger. Will ne semblait pas le comprendre. Il n’avait pas saisi sa chance. Il aurait dû voir les signes. Il aurait dû s’enfuir lorsqu’il en avait encore eu l’occasion. A présent, son destin était scellé, il n’avait plus aucun moyen de s’en sortir, il serait à présent pris dans un étau qui risquerait à tout moment de se refermer sur lui et l’écraser. Pauvre garçon. Malheureux avenir …

Observant le vide qui se trouvait à quelques mètres d’elle, elle essayait de se sortir toutes ces idées malsaines de la tête. Elle tentait de calmer ses envies de meurtre, d’apaiser les réactions liées à sa force artificielle. Elle s’était laissée berner par le bien que lui procurait le Revigorum, sans penser au risque qu’elle pourrait représenter ici. Elle avait été égoïste encore une fois, mais cette drogue la consumait de l’intérieur et lorsqu’elle était en manque, tout ce qu’elle savait c’était qu’elle devait absolument trouver sa dose. Dans ces moments-là, elle n’était plus vraiment consciente de ses actions, son subconscient s’occupait de lui envoyer un tas de signaux qui la menait systématiquement vers le mal, vers la faute. Elle était dépendante, elle était accro, mais seule, elle serait incapable de s’en sortir. Cercle vicieux minutieusement calculé par Alecto, elle devait savoir, elle devait s’en douter, elle avait tout prévu. Sans sa dose de Revigorum, elle était mal, elle souffrait, elle devait absolument trouver un moyen de s’en procurer et ne pouvait même pas imaginer une seconde de se sevrer. Avec sa dose, tout était bien pire, elle buvait, se rendait coupable, s’insultait de tous les noms, voulait s’en sortir, mais ne pouvait pas, parce qu’elle était trop dangereuse, trop puissante et devait rester à l’écart de ceux qui pourraient l’aider. Elle avait mal à la tête, une migraine atroce. L’espace de quelques secondes, l’image des bâtiments devant elle devint encore plus floue. Elle se sentait défaillir et dut s’accrocher au rebord du toit et reculer légèrement pour ne pas tomber. Stupide, pensa-t-elle. Elle avait toujours fait des choix stupides dans sa vie : parler (un peu trop), se battre pendant la bataille de Poudlard contre l’avis de son frère, choisir l’impulsivité plutôt que la patience, choisir la drogue plutôt que les amis, opter pour la traitrise plutôt que la loyauté (pour laquelle elle s’était toujours battue) … Elle était pitoyable, bête et perdue. Elle devait peut-être se laisser tomber, laisser le vertige l’emmener en ces bas-fonds vers la mort, cette mort qui lui tendait les bras et qui ne cherchait qu’à l’adoucir. Elle en rêvait parfois, avant … et aussi maintenant. Elle n’avait plus cette étincelle, elle n’avait même plus vraiment envie de vivre … Que faisait-elle encore là alors ?

Lorsque sa vue redevint plus claire, elle se pencha un peu plus au-dessus du vide. En bas, les pavés n’amortiraient pas sa chute, mais elle devait mourir dans les secondes qui suivraient son atterrissage … Si elle venait à survivre un peu plus longtemps, ou si Will utilisait sa magie pour amortir sa chute, elle n’aurait aucune chance, il trouverait un moyen de la sauver. Naïf ! Stupide ! Elle ne méritait pas de survivre. Qu’on la laisse là ! Voilà ce qu’elle voulait entendre, mais ici, elle avait encore trop d’attaches, Harry, Ron, Ginny … Ils la sauveraient, elle le savait, la mort ne faisait définitivement pas partie des étapes qu’ils approuvaient sans se battre auparavant. Elle laissa retomber sa tête en arrière et fixa le ciel bleu parsemé de nuages. Elle aimait la hauteur pour diverses raisons, mais jamais elle n’aurait pensé qu’elle l’aimerait parce qu’elle pourrait lui apporter l’apaisement, la mort … « Voler sur un balai, c’est accessoire, tu dépends d’un objet. Un aigle n’a besoin que de ses ailes, comme tu as besoin de tes bras. C’est différent … Avec un balai tu n’es pas libre, tu as besoin d’un balai. Je pense que c’est la nuance que doit faire ton esprit. C’est comme ça. » Elle haussa les épaules. Elle venait de parler machinalement, ne montrant guère son intérêt pour ce qu’il se racontait, une réponse pleine de désinvolture et d’impolitesse. Elle laissait son visage baigner dans la lumière du jour, yeux clos. Elle n’était pas vraiment détendue, mais sa colère semblait avoir retrouvé sa place dans une petite boule au fond de ses entrailles. Cette rage trouverait le moment adéquat pour se disperser et venir à nouveau embaumer toutes les parcelles de son corps … Mais pour l’instant, elle était bien, elle se sentait différente, légèrement enivrée, partagée entre la force qui coulait dans ses veines et ses pensées suicidaires. Un rire rauque s’échappa de sa gorge. Quelque chose n’allait vraiment pas dans sa tête, vraiment pas … Mais Will ne sembla pas le remarquer, ou bien son jeu d’acteur était excellent. Dans tous les cas, il semblait réellement vouloir détourner la conversation de leur simple vie trépidante – entendez l’ironie – et mettre Emily à l’aise. Elle ne l’était vraiment pas, et ne le serait sûrement jamais, après tout ce qu’elle avait vécu … Elle regarda néanmoins les petits oiseaux tourner autour de sa tête et esquissa un petit sourire pour ne pas vexer le jeune homme. Ce sourire était triste, amer … Elle avait toujours aimé les sortilèges, autant que la botanique ou les potions, et elle adorait montrer ce qu’elle savait faire. Jamais personne n’avait cherché à remettre en question ses talents de sorcière en terme de sortilèges, seuls les informulés avaient réussi à la mettre en difficulté. Elle adorait les enchantements, faire apparaître des belles choses, enjoliver les objets, faire rêver, rêver elle-même. A présent, elle n’était même plus capable de faire briller le bout de sa baguette lorsqu’elle en avait une en sa possession. « Tu n’es pas un peu vantard toi par hasard ? » Un sourire … presque sincère cette fois. Elle se moquait de lui, non pas qu’elle remettait en question ses talents de duelliste, mais elle commençait à se dire que la démonstration était soit un moyen de montrer son manque de modestie, soit pour essayer de l’impressionner, et dans les deux cas, elle ne se sentait pas vraiment réceptive aux signaux.

Pourtant, les duels, elle adorait ça. Son père l’y avait initiée très tôt, avant même son entrée à Poudlard. A l’époque elle n’avait pas encore de baguette, mais lorsque sa mère n’était pas là, son père lui prêtait la sienne et lui apprenait à manier l’objet. Rapidité, vivacité et précision, il lui avait tout appris, il n’avait pas été auror pour rien. Mais elle avait l’impression d’avoir oublié. Elle n’avait pas oublié comment faire, mais elle avait oublié comment appliquer ce qu’elle savait. A présent, lorsqu’elle avait une baguette entre les mains, tout ce qu’elle arrivait à faire avec était de la faire rouler entre ses doigts comme un moldu jouerait avec un crayon. « Si ça peut te faire plaisir, je veux bien voir de quoi tu es capable. » Elle pinça les lèvres et se décida enfin à tourner la tête vers Will. « Cela dit, pour me défouler, j’aurais plus besoin d’un grand tronc d’arbre qu’un garçon qui m’envoie des sortilèges. » Elle lui faisait une petite boutade ; rien de très marrant, mais suffisant pour montrer son intérêt tout relatif pour la conversation. « Tu as fait partie du club de duel de Lockhart, à Poudlard, non ? » Elle se rappelait lors de sa première année à Poudlard que leur professeur de défense contre les forces du mal avait créé un club de duel pour apprendre aux élèves à se défendre et à attaquer en cas de besoin. Elle ne s’était pas inscrite parce qu’elle préférait apprendre avec son père mais elle savait que de nombreux élèves y étaient allés, et vu l’intérêt de Will pour les sortilèges, il en faisait peut-être partie. Elle essayait vraiment de s’intéresser à la discussion, de donner du sien pour ne pas paraître associable ou antipathique, mais l’exercice était réellement compliqué.
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