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sujet; [Kanell #1] Les lotophages.
MessageSujet: [Kanell #1] Les lotophages.   [Kanell #1] Les lotophages. EmptySam 1 Aoû 2015 - 14:30

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LES LOTOPHAGES
« Mais, à peine en chemin, mes envoyés se lient avec les Lotophages qui, loin de méditer le meurtre de nos gens, leur servent du lotos. Or, sitôt que l'un d'eux goûte à ces fruits de miel, il ne veut plus rentrer ni donner de nouvelles. » — l'Odyssée, chant IX.

Avril 2002 - Le vent souffle fort sur la lande anglaise. Katie n’est qu’une silhouette perdue au milieu d’un paysage de carte postale. La pluie sévissant trois cent soixante jours par an prend un jour de repos et un ciel bleu tacheté de blanc duveteux constelle le ciel. Cet endroit est semblable à mille en Grande Bretagne. Un bouquet de fleurs sauvages trône aux pieds de la jeune femme. « Je suis un peu en avance cette année Colin. »  Un sourire tendre se dessine sur ses lèvres tandis que la nostalgie voile son regard édulcoré, hésitant toujours entre le bleu et le gris – dépendant de la luminosité. Ici-bas, elle est étrangement sereine, dernier lieu de repos d’un innocent. Les heures passent et l’ombre de la lande s’évanouit. Parler aux morts, cela peut paraître insensé aux yeux des plus pragmatiques. Ceux-là ne connaissent pas le vide que la disparition d’un être cher peut laisser. À juste titre Katie trouve une certaine paix à repenser à ce jeune garçon. Cela lui rappelle l’absurdité de ce conflit et du surcroit l’ignominie qu’il lui inspire. Tuer un enfant de sang froid. Ce garçon avec cette candeur incomparable et la jeunesse en sa fleur, la fauche. Entendre cette belle, cette souveraine raison gémir comme des cloches désaccordées. Quel est son malheur d’avoir vu et de voir maintenant ce qu’elle voit. Désormais dans Londres, la jeune femme flâne dans la partie moldue. Loin du microcosme sinistre qu’est devenu le chemin de traverse. Les parcs sont si charmants. Ce jour est un moment de paix, le calme avant cette tempête qui s’annonce plus violente et plus sombre de jour en jour. Douceur printanière oblige la jeune femme ne porte qu’une tunique en dessus de sa vieille veste de cuir. Une brise soulève ses cheveux tandis qu’elle pénètre dans un des minuscules parcs de la capitale. Pittoresque et silencieux, on croit pénétrer dans un autre monde. Le Londres moldu a toujours plu à la joueuse de Quidditch, hormis quelques regards surpris dans la foule, son anonymat est parfaitement préservé – celle-ci préférant se tenir loin de la foule déchainée. Perdue dans ses rêveries éveillées Katie s’en sort uniquement en apercevant la sylphide immobile à quelques pas. Impression de déjà vu, un frisson parcours le corps de la joueuse de Quidditch. Contemplation d’un tableau surréaliste, d’une de ces muses mi-réelle mi-surnaturelle. Fantasme d’un artiste. Éphémère, elle vacille sortant la Gryffondor de sa contemplation. Manquant de s’effondrer au sol Katie lui vient en aide. En observant de plus près son accoutrement la jeune femme devine aisément que du sang de sorciers coule dans ses veines. « Merlin ! C’était moins une. Asseyons nous un instant voulez-vous, vous avez bien failli tourner de l’œil – une chance que vous ne vous soyez pas trouvée seule dans ce parc. »  Le regard de Katie hésite entre l’inquiétude et la curiosité tandis qu’elle amène l’inconnue à s’asseoir. Incapable de dire pourquoi, l’étrangère exerce un magnétisme hypnotisant. Katie réalise que son interlocutrice est légère comme une plume. Détail superflu qu’elle occulte avec beaucoup d’application. « Vous allez bien ? Besoin de quelque chose en particulier ? »  Forte de sa journée tranquille la jeune femme offre un sourire détendue et sincère à la jeune femme. Avant d’aller ramasser son parapluie, lui gisant encore au sol. Dommage collatéral bien tristement nécessaire. Katie l’observe en silence, le manche est finement sculpté, de très bonne facture. « Je suppose que ceci vous appartiens ? Il est splendide. » Que fait un sorcier avec un tel objet moldu ? Définitivement cette jeune femme avait de quoi intriguer la joueuse de Quidditch.
(c) AMIANTE
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MessageSujet: Re: [Kanell #1] Les lotophages.   [Kanell #1] Les lotophages. EmptyLun 3 Aoû 2015 - 23:25

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« Je vous en donne 20 gallions. » « 100. » Répliquait le vieillard, sans presque se mouver de cette chaise qu'il ne pouvait quitter. Et s'il n'était pas vif, dans son regard l'on pouvait apercevoir la ferveur, et presque le contentement d'ainsi converser, négocier. « 40. Nous n'irons pas plus haut. » « 60 gallions et il est à vous. » Elle ne soupirait pas, la blonde, restait impassible, occultait l'exaspération qu'il lui faisait ressentir. Trente bonnes minutes s'étaient déjà écoulées depuis qu'elle avait passé le seuil de cette demeure qui regorgeait d'objets en tout genre, et qui n'avait définitivement rien d'ordonnée. Trente bonnes minutes, qu'elle l'écoutait parler, lui, celui qui avait jugé bon de l'informer méticuleusement sur l'objet dont il était question, sans un seul instant se douter de ce qu'il avait entre les mains, que ce qu'il disait n'était que le fruit de son imagination, qu'il était définitivement bien loin de la vérité. « Je vous propose d'arrêter ici les négociations, monsieur. Nous ne semblons pouvoir nous mettre d'accord et l'intérêt que nous portons à votre objet est des plus secondaires. » Trente longues, interminables minutes, que la froideur de l'héritière embaumait les lieux, celle-là même qui d'un pas ferme faisait mine de s'en aller, attendant en fait des paroles qui ne tardaient pas à arriver. « Allez, va pour 40 gallions, mais c'est bien parce que votre père est un vieil ami ! » Et comme à l'habitude, elle bouclait l'affaire, laissant quelques pièces derrière elle contre un objet qui en valait le quadruple. Mais comme d'habitude, la prodigue semblait excédée, avait presque l'impression de gâcher ce talent auprès d'âmes si facile à troubler.

Il n'avait pas été simple de récupérer l'objet. Cet objet, ce simple parapluie qui pourtant renfermait tant de mystères, secrets. Il appartenait à ce vieil homme depuis bien des années, celui-là même qui avait contacté le père de la blonde des jours auparavant, celui qui ne pouvait se déplacer, qu'elle avait dû elle-même aller rencontrer. Parce qu'il n'était pas son ami, au contraire de ce que l'homme avait laissé entendre. Non, ce n'était qu'un vieux fou, dont l'esprit s'échappait chaque jour davantage, mais qui regorgeait de trésors ramenés de maintes voyages, qui chaque fois terminaient sur les étagères de la bien connue boutique de l'Allée des Embrumes pour être revendus si cher, que l'ancien possesseur en ferait certainement un arrêt cardiaque. Toutefois, il faisait partie de ces clients ressorts, non pas par sa manière de marchander, simplement en raison de ce débit de parole qu'il fallait savoir tolérer. Et étrangement, ce n'était pas la première fois qu'elle le rencontrait, l'indomptable impulsive. Celle que la tâche avait épuisée, et qui présentement semblait troublé dans sa marche par une vision qui s'amoindrissait. Était-ce ses pupilles si pâles, dérangée par les rares rayons que le soleil laissait filtrer sur la capitale ? Ou simplement son corps, qui ne savait la supporter. L'un ou l'autre, peu importait puisqu'elle n'avait le temps d'y songer, happée par la noirceur d'un monde parallèle au réel, celui qui lui arrachait un frisson, la faisait presque s'effondrer, avant que des bras comme sortis de nulle part ne soutiennent sa chute.

Une voix l'appelait, pourtant elle ne comprenait, l'esprit brouillé par ces filaments blancs qui devant ses paupières toujours défilaient, ne lui rendant la vue que par bribes. Lentement, si lentement, qui lui fallait quelques minutes pour finalement détailler les contours du faciès de celle qui la soutenait. « Ce n'est rien. » Et l'inconnue se levait, alors que le regard de la blonde semblait finalement revenir au réel. « Ne touchez pas à ça. » Elle se voulait autoritaire, pourtant sa voix ne l'était pas, comme contrôlée par la vision de ce faciès intrigué qui lui faisait face. Contrôlée, par la curiosité qu'inspirait cette femme, celle qui la regardait toujours, qu'elle n'avait pas daigné remercier et qui n'inspirait rien d'autre à la blonde qu'un silence troublé.
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[Kanell #1] Les lotophages.

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