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sujet; ANNELL • self-interest makes some people blind ...

WIZARD • always the first casuality
Anna Grimaldi
Anna Grimaldi
‹ inscription : 07/06/2015
‹ messages : 1824
‹ crédits : mathy.
‹ dialogues : #e95353.
ANNELL • self-interest makes some people blind ... Tumblr_odns43L5A91vc5ojjo3_r1_400

‹ âge : trente-quatre
‹ occupation : guérisseuse au service d'infection par virus et microbe magique et co-présidente de l'association "Rosier's Disease Research Trust".
‹ maison : Serdaigle
‹ scolarité : 1980 et 1987.
‹ baguette : est en bois de charme, contient une plume de phénix et mesure 26,4 centimètres.
‹ gallions (ʛ) : 5574
‹ réputation : je suis fragile et que j'ai été manipulée par mon compagnon.
‹ particularité : occlumens.
‹ faits : je suis de sang pur, que je fais partie de la famille Grimaldi, que je suis d'origine italienne, que j'adhère aux idées insurgées mais que je me suis résolue à ne jamais les rejoindre pour le bien être de ma fille, que je suis une ancienne guérisseuse et que je sais donc comment soigner les gens de diverses pathologies, que je me défends en duel, que j'adore lire, que j'apprécie les jolies choses.
‹ résidence : dans un petit studio sur le chemin de traverse que le gouvernement a bien voulu me donner pour mon implication de guérisseuse durant la guerre. La demeure des Grimaldi à Herpo Creek ainsi que mon appartement à la Bran Tower avaient été saisis. Je dispose toujours d'une résidence secondaire et tertiaire à Brighton (maison d'été) et à Florence (terres italiennes).
‹ patronus : un lapin, patronus de Thomas
‹ épouvantard : un entassement de corps, celui de mes enfants et des êtres qui me sont chers.
‹ risèd : ma famille heureuse et recomposée.
http://www.smoking-ruins.com/t1958-anna-loooove-me
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Anna and Nell
Self-interest makes some people blind,
and others sharp-sighted.



Une odeur âcre vint lui chatouiller le nez. Ses narines tressaillaient au rythme des vagues d’effluve qui envahissaient la pièce. Son corps tout entier était immobile, mais les premiers signes d’éveil se faisaient sentir. D’abord la contraction des muscles, la respiration plus rapide, le cœur battant plus fort. Puis les premiers mouvements, un doigt qui se soulevait, des orteils qui bougeaient, les paupières qui hésitaient à se soulever. L’odeur devenait de plus en plus désagréable. Les yeux s’ouvrirent immédiatement, le haut du corps se releva en sursaut et les sens étaient complètement à l’affût. Que se passait-il ? Où était-elle ? Elle regarda autour, sans vraiment réussir à retrouver ses repères, elle chercha la provenance de l’émanation pestilentielle. Son regard se posa finalement sur une table en bois, sur laquelle reposaient un chaudron et quelques fioles. Elle se frotta les yeux et réalisa qu’elle n’était pas chez elle. Petit à petit, les informations reprenaient leurs places dans sa tête. Elle était chez Simon. Sa vue permettait à son cerveau d’analyser logiquement tout son environnement. Elle avait réalisé quelques fioles de remède la veille et l’une d’elle s’était brisée sûrement en étant renversée par le vent. Ses doigts se refermèrent sur sa couverture et l’agrippèrent. La brise matinale était fraîche et la pluie rendait l’atmosphère humide … Elle attrapa sa baguette sur sa table de nuit, renversant au passage ses cadres et effectua un petit mouvement en l’air pour que la fenêtre se referme. Elle nettoya également le contenu de la fiole qui s’était renversé et se laissa tomber à nouveau sur son oreiller. Elle était épuisée. Passer la nuit à étudier des cas « d’infection » par magie noire n’était pas forcément le meilleur moyen de rattraper les heures de sommeil qui lui manquaient déjà. En réalité, elle dormait très peu ces derniers temps, et si elle s’occupait l’esprit avec divers activité, c’était simplement pour ne pas avoir à penser à tous les autres tourments qui bouleversaient l’équilibre de sa vie. Elle poussa quelques soupirs successifs, tapotant sa baguette du bout de l’index. « Humhum. » Etirant ses bras au-dessus de sa tête, elle réveilla ses muscles et se redressa pour s’asseoir au bord du lit. Elle bâilla et murmura pour elle-même. « La journée s’annonce mer-veil-leuse ! » Elle se leva, rangea sa baguette dans le tiroir de la table de chevet et ramassa les cadres qu’elle avait fait tombé. Son regard s’attarda sur la photo de Simon et elle, lorsqu’ils étaient encore enfants et jouaient ensemble. Elle pinça les lèvres et caressa le petit lapin en peluche dont la tête reposait sur le coin de la photo. Enfin, poussée par un élan d’énergie, elle alla se préparer : lavée, habillée, maquillée … Elle remonta sa longue crinière rousse en un chignon désordonné et rangea sa baguette dans l’une de ses poches.

« Simon ! T’es là ? Viens on va faire un tour. » Elle poussa doucement la porte de la chambre de son meilleur ami mais se retrouva nez-à-nez avec un lit vide et soigneusement rangé. Elle se demandait toujours comme un garçon à l’esprit si tourmenté réussissait à ordonner à ce point son monde physique. Chaque objet était à sa place, et même dans le désordre du bureau, il y avait un ordre. Anna s’apprêtait à faire demi-tour et quitter la chambre, lorsqu’elle remarqua une petite note sur le lit. Simon devait s’attendre à ce qu’elle vienne le surprendre, comme tous les matins. Elle se pencha dessus et attrapa le morceau de parchemin. Ses pattes-de-mouche lui annonçaient : « Rendez-vous important. On déjeune ensemble ? » Elle observa le papier durant quelques secondes, le retourna dans ses doigts et haussa les épaules. Pointant sa baguette sur le même papier, elle fit disparaître le message de Simon et inscrit par-dessus : « Beaucoup de choses à faire ce midi, mais demain, sans problème. D’ici là, prends soin de toi. » Un deuxième coup de baguette et le message disparut pour être transmis à Simon. Quelques petits tours de passe-passe qui leur avaient permis de communiquer des années durant lorsqu’ils étaient plus jeunes. Dans un soupir, elle attrapa finalement une pile de livres et quitta l’appartement.
Elle transplana jusqu’aux abords du Chaudron Baveur et décida de marcher un peu pour s’aérer l’esprit. Elle avait largement le temps de s’attarder étant donné qu’elle avait rendez-vous avec Nell qu’en fin d’après-midi. La pluie battait suffisamment fort pour que l’usage d’un parapluie soit inutile. Elle décida donc d’imperméabiliser toutes ses affaires d’un sortilège et de resserrer sa cape autour d’elle. Il ne faisait pas vraiment froid, mais l’humidité la faisait toujours frissonner. Elle n’aimait pas vraiment la pluie. En fait, elle n’aimait pas être sous la pluie ; par contre, la regarder par la fenêtre ne lui posait aucun problème, cela l’apaisait même. Bien qu’elle ne fût pas pressée, Anna marcha d’un pas entraînant et arriva rapidement dans le hall de la Bran Tower. Elle s’y attarda quelques minutes, avant d’appuyer sur le bouton de l’ascenseur. Elle ne s’était toujours pas habituée à habiter ici. Avant ça, l’Allée des Embrumes était un lieu qu’elle redoutait, elle ne s’y rendait que lorsqu’elle avait besoin de certaines plantes ou ingrédients rares pour ses remèdes de guérisseuse. A présent, elle y vivait. Quelle ironie ! L’Allée des Embrumes s’élevait à présent dans les hauteurs de la ville, alors que le Chemin de Traverse n’était plus que débris et souvenirs. Elle haussa les épaules et pénétra à l’intérieur de l’habitacle moderne de l’élévateur. Elle glissa sa petite clé magique dans une fente se trouvant en face du numéro de son étage, et appuya sur le bouton. Ceci lui permettait d’accéder directement à son appartement – qui prenait tout l’étage – sans avoir à passer par un sas d’accueil.

« Mademoiselle Grimaldi ! Je suis ravie de vous voir ici ! Comment allez-vous ? Puis-je vous débarrasser ? » Un sourire se dessina sur les lèvres de notre rousse. « Julia ! Je suis moi-même ravie de vous retrouver. » Elle posa ses livres sur la table de l’entrée et prit sa servante dans ses bras. Anna avait toujours eu une approche différente avec son personnel et notamment avec Julia qui s’était toujours occupée d’elle comme une mère. « Comment allez-vous ? » Anna regarda sa domestique avec des yeux rassurants et doux. « Parfaitement bien, toutes les deux ! » Elle tapota l’épaule de Julia. « C’est parfait. Je vais rester jusqu’à demain, donc vous n’avez qu’à prendre votre journée. Avez-vous des nouvelles de Cara ? » La domestique hocha la tête et quitta la pièce. Anna récupéra ses livres et alla s’asseoir sur le parquet du salon. L’endroit était gigantesque mais quasiment aucune salle n’était encore aménagée, mise à part la cuisine, la salle à manger et une chambre dont elle se servait quand elle venait et que Cara ne l’occupait pas. Les cartons étaient disposés un peu partout, le piano se trouvait au milieu de la pièce et le canapé était encore recouvert d’une bâche. En tant que sorciers, le déménagement aurait pu se passer vite et sans encombre, mais voilà, Anna aimait prendre son temps et que les choses soient à leur place, donc l’appartement attendrait encore un peu avant d’être vivable.
Anna étala l’ensemble des livres sur le sol et les ouvrit à l’endroit où elle avait marqué des pages. Puis elle récupéra son paquet de parchemin, fit voler une plume jusqu’à sa main et commença à regrouper un tas d’informations sur la culture chinoise, et l’usage de la magie noire pour protéger certains objets. Sur une autre feuille qui avait glissé sur le sol se trouvait un tableau rassemblant les symptômes et l’évolution de la maladie d’une amie de sa cousine. En haut du parchemin était inscrit en lettres calligraphiées le nom de cette amie, de cette patiente officieuse : Nell Burke. Anna avait rendez-vous avec cette jeune femme dans quelques heures pour un troisième entretien, un examen qui lui permettrait d’étudier l’avancée de la maladie et tenter de trouver un remède. Elle était une éternelle optimiste et restait guérisseuse dans l’âme, malgré la mort de Thomas et toutes les douleurs liées à son poste à Ste Mangouste. Voilà pourquoi elle avait accepté d’aider cette Mangemort. La connaissance et l’aide personnelle avant le choix d’un camp, c’était une règle qu’elle s’attachait à respecter dans sa vie …


Dernière édition par Anna Grimaldi le Sam 8 Aoû 2015 - 12:05, édité 1 fois
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Elle fixait le cadrant de l'horloge de famille. Et seul le bruit des aiguilles venait perturber le silence. Ce silence, qui s'était installé depuis un temps. Un temps si long, comme elles l'étaient toutes, ces minutes qui peinaient à défiler, qui semblaient plus longues, toujours plus longue. Pourtant, seulement une demi-heure s'était écoulée depuis que Fadh, son frère, son jumeau, l'avait quitté. Ou plutôt, avait quitté cette pièce dont ils avaient partagé l'espace, sans vraiment se parler, se mouver, se regarder. Silence. Il était maître de leurs rencontres, entremetteur de ces âmes étrangères. Et s'ils n'avaient jamais semblé proche auparavant, ces deux-là pourtant si similaires, sûrement à présent n'étaient-ils qu'inconnus l'un à l'autre. Silence, à défaut d'autre chose. Que dire, lorsqu'il y avait tant à ne pas dire. A cacher, non pas mentir, simplement garder sous silence. Pour ne pas creuser davantage le fossé, ou peut-être ne pas se rapprocher. Car elle ne savait plus, la maudite. Ne savait plus comment réagir face à celui qui détaillait chaque parcelle de son faciès dès lors qu'il la croisait. Celui qui semblait la sonder, comme pour percer à jour l'âme de celle qui n'en avait plus. Percer à jour le mystère qui émanait d'elle, et ses silences, toujours eux, toujours plus récurrents. Oui, elle ne savait plus, quoi faire, quoi dire. Et il semblait plus aisé d'occulter, que de confronter. Alors elle s'éloignait, plutôt ne se rapprochait pas. Elle, l'impulsive, qui devenait si réfléchie lorsqu'elle se trouvait face à lui.

Dix minutes, puis vingt. Venait l'heure qui sonnait le départ, finalement. Alors elle se levait et saisissait des affaires déjà préparées, avant d'enfiler une cape dont elle rabattait la capuche dès lors qu'elle posait le pied dehors. Le visage ainsi presque caché, elle fendait la pluie d'une allure vive et ne semblait regarder personne. Ou peut-être examinait-elle tout. Tout ce qui se tramait sur son passage, tous ceux qui croisaient sa marche. Presque impossible de savoir où ses yeux pâles se posaient. Partout et nulle part à la fois, mais sûrement personne n'osait le vérifier. N'osait la croiser, moins encore ce regard. Alors elle marchait, seulement focalisée sur le rythme de ses pas. Son souffle s'accélérait, puis se coupait presque. Elle resserrait le haut de son vêtement, quand bien même peinait-elle à ressentir le froid. Toutefois, les bourrasque du vent faisaient toujours effet sur elle, celle qui se délectait presque de ressentir cela. Quoi que ce soit. Alors celle à la peau porcelaine inspirait, profondément, et osait un regard à l'intérieur des boutiques qui défilaient sur son passage. Vide. Aussi vide qu'elle. Personne ne semblait vouloir se mouver par ce temps. Et si l'allée des embrumes ne semblait jamais vraiment vivante, nul doute qu'en cet instant, elle paraissait plus morte que jamais. Plus froide, si toutefois c'était possible. Plus inerte, comme paralysée par le temps. Un temps qui pourtant ne devait déranger ceux qui osaient y mettre les pieds. Non, parce qu'ils étaient comme elle, ces gens. Ils ne se baladaient pas simplement, pas ici. Parce qu'il n'y avait rien à voir, ici. Rien. Rien d'autre que le mal, celui dont elle s'était éprise et qui maintenant l'entourait de bras bien plus fort que les siens. « Nell, Burke. » Elle s'annonçait, une fois sa destination atteinte, puis séchait ses vêtements trempés par la pluie à l'aide d'un sortilège. La voix presque douce, en réalité fatiguée, elle attendait que son hôte lui réponde, lui donne accès à son appartement. Celui-là même dans lequel elle n'avait jamais mis les pieds, dans lequel elle ne pensait jamais devoir aller. Ou du moins pas en la présence de cette personne qui pourtant l'invitait.

Et une voix lui répondait, finalement. La voix de la Grimaldi, celle en qui elle n'avait confiance et que pourtant, elle allait voir, délibérément, sans vraiment s'être posé de questions au préalable. A quoi bon ? Elle semblait inoffensive, celle à la chevelure de feu. Et pourtant, elle faisait partie de la mauvaise banche. Celle au sein de laquelle se trouvait les traîtres, celle qui faisait tant parler, celle dont le sang avait coulé. Pourtant, elle s'engouffrait dans l'ascenseur du hall de la Bran Tower, et montait vers celle qui l'attendait, se demandant finalement presque pourquoi. Pourquoi elle était là, pourquoi elle allait voir cette femme, celle dont elle ne savait presque rien et dont l'écho n'inspirait confiance. Ni le faciès, celui-là même qui se trouvait à présent face à elle, et qu'elle saluait poliment d'un simple signe de tête. « Bonsoir. » Daignait-elle finalement laisser échapper, ne trouvant rien d'autre à dire, à faire, simplement comme pour briser un silence qui n'aurait tardé à s'installer. Et son regard transperçait celui de celle qui l'accueillait, celle qui ne semblait plus à l'aise, et pourtant celle dont elle usait du temps, présentement. Sans vraiment être certaine qu'elle avait sa place ici, ou même qu'elle faisait bien de perdre son propre temps, son énergie, en compagnie d'une personne qui en définitif de lui apporterait certainement rien. Rien, dans le meilleur des cas.
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‹ réputation : je suis fragile et que j'ai été manipulée par mon compagnon.
‹ particularité : occlumens.
‹ faits : je suis de sang pur, que je fais partie de la famille Grimaldi, que je suis d'origine italienne, que j'adhère aux idées insurgées mais que je me suis résolue à ne jamais les rejoindre pour le bien être de ma fille, que je suis une ancienne guérisseuse et que je sais donc comment soigner les gens de diverses pathologies, que je me défends en duel, que j'adore lire, que j'apprécie les jolies choses.
‹ résidence : dans un petit studio sur le chemin de traverse que le gouvernement a bien voulu me donner pour mon implication de guérisseuse durant la guerre. La demeure des Grimaldi à Herpo Creek ainsi que mon appartement à la Bran Tower avaient été saisis. Je dispose toujours d'une résidence secondaire et tertiaire à Brighton (maison d'été) et à Florence (terres italiennes).
‹ patronus : un lapin, patronus de Thomas
‹ épouvantard : un entassement de corps, celui de mes enfants et des êtres qui me sont chers.
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Elle caressait machinalement le bout de sa plume contre sa joue. Doux toucher, léchant sa peau avec légèreté et lui rappelant le contact tendre et amoureux de son mari, avant de l’embrasser. Souvenir douloureux d’un manque profond, d’une absence inexpliquée, d’un désir coupable … Elle avait tant besoin de Thomas, et pourtant il n’était plus là. Plus de quatre ans à présent qu’il était parti, plus de quatre ans qu’il avait trahi sa famille, plus de quatre ans qu’elle n’était plus qu’une poupée de chiffon qui ne savait plus quoi faire de sa vie. La mort de Thomas avait bouleversé son existence, elle ne croyait plus en rien, elle ne croyait même plus en la vie. Elle avait laissé tomber son poste de guérisseuse parce qu’elle ne se sentait plus suffisamment forte pour supporter la douleur des gens ; elle avait simplement l’impression que cette douleur deviendrait sienne. Son empathie l’avait guidée pendant les dix premières années où elle avait pratiqué son métier, elle s’était projetée dans les maux de ses patients afin de mieux les guérir, mais après la perte de son mari, cette identification était devenue trop dure, trop prenante, affligeante. Elle ne se retrouvait plus à travers ce métier, elle ne comprenait plus pourquoi elle avait choisi la médecine, elle ne se rappelait plus des raisons qui l’avaient motivées à exercer dans cette filière … Pourtant, les réflexes étaient restés, et depuis qu’elle avait quitté Ste Mangouste, elle avait continué à soigner Aramis et Keziah lorsqu’ils en avaient besoin, elle avait donné naissance à un petit bébé - des plus mignons au passage – et s’était lancé dans une quête irréalisable, mais qu’elle s’attachait pourtant à poursuivre, avec Nell. Elle tapotait la pointe de sa plume sur le parchemin laissant apparaître des petits points sombres au milieu de la page … Voilà plus d’une demi-heure qu’elle regardait les pages de ses livres sans réussir à écrire quoi que ce soit sur le papier. Les informations qu’elle recueillait étaient absolument futiles. Ils traitaient de son cas que de manière superficielle et n’arrivaient pas à lui fournir suffisamment de détails sur la propagation d’une infection à la magie noire dans un corps humain. Elle avait emprunté tous ces livres dans la bibliothèque de son père et avait fait jouer ses relations pour accéder à la bibliothèque magique d’Angleterre ; mais ses recherches étaient vaines, les livres intéressants et importants étaient tous cachés dans une réserve à laquelle les personnes sans accréditation n’avaient pas accès. Le gouvernement s’était attaché à cacher certaines informations au public, afin d’avoir un point d’ancrage plus profond lorsqu’ils usaient de leur propagande. Anna n’était pas dupe, elle le savait … Mais ce qu’elle savait aussi, c’était qu’elle n’obtiendrait plus rien de ces livres, elle n’avait plus que deux solutions : abandonner ou aller chercher des informations autre part. Tout personne qui la connaîtrait savait qu’elle abandonnait rarement, sauf quand elle y était obligée … Conclusion ? Contrebande, trafic et illégalité … Penser qu’Anna pourrait un jour traîner dans des choses de ce genre était inimaginable ; cependant, elle n’avait plus vraiment le choix, si elle voulait vraiment aider Nell, elle allait devoir tremper dans un environnement qui ne lui était pas familier …

Elle gribouillait des mots tels que inutile, impossible, inutilisable, pas assez d’informations et les soulignait avec rage lorsqu’une petite sonnerie résonna dans l’appartement. Elle leva les yeux au plafond et chercha la provenance de ce son avant de comprendre qu’il provenait du logement même, et que quelqu’un souhaitait accéder à son appartement. Anna se frappa au front, l’air stupide et se leva pour aller répondre. « Oui, bien sûr, je vous ouvre. » Au moment où elle exprima ces paroles, elle fut prise d’une crise de panique, que devait-elle faire maintenant ? Jusqu’alors, Nell et elle s’étaient toujours rencontrées dans des cafés ou des bars, et là, pour ce troisième entretien, elle avait eu la bêtise de soumettre cette idée de l’inviter chez elle. Quelle idée ! Elle fit les cents pas dans la pièce le temps que l’ascenseur mène son invité vers l’appartement, et reçut comme une claque sur le visage lorsqu’elle se rendit compte que l’endroit était sans dessus-dessous. Elle sortit alors sa baguette et d’un geste ferme, elle fit refermer les livres sur le sol et fit léviter les objets jusqu’à la table à manger, soigneusement rangés. Deuxième coup de baguette, elle fit disparaître la bâche qui recouvrait le canapé et le déplaça à l’endroit où elle était assise quelques minutes plus tôt. « Cela devrait être suffisant ! » Elle parlait à elle-même comme pour se rassurer, mais elle savait que rien ne serait suffisant pour calmer sa nervosité. Elle avait beau vivre avec un Mangemort – et même deux si l’on comptait Cara et Simon – elle n’était pas à l’aise lorsqu’elle devait accueillir quelqu’un qu’elle ne connaissait pas très bien qu’il soit mangemort, insurgé ou simple passant. Surtout actuellement, où elle ne savait plus vraiment où elle en était et où les camps n’étaient pour elle plus qu’un tourbillon de complications.

On pourrait alors se demander pourquoi elle s’attachait tant à aider Nell, si cette situation la mettait autant mal à l’aise … Mais la seule réponse qu’elle serait alors capable de formuler serait : c’est compliqué. En vérité, elle se projetait à ce point dans le cas de Nell, parce qu’elle avait l’impression qu’en soignant les blessures de cette jeune femme, elle arriverait également à se soigner elle-même. En se donnant corps et âme à ce cas, elle avait enfin la sensation d’être utile, d’occuper son temps pour des choses qui comptaient … Rangeant sa baguette dans l’une de ses poches, elle ouvrit la porte sur la silhouette longiligne et le visage énigmatique de Nell. De cette femme émanait une énergie mystique dont Anna ne saurait situer la provenance. Elle était encore un peu mal à l’aise en sa présence, elle l’observait sans réussir à formuler une seule parole, aucun son ne voulait passer la barrière de ses lèvres. Heureusement, Nell rompit le silence d’un simple salut et Anna se racla la gorge pour répondre d’une petite voix timide. « Bonsoir. » Elle fit un pas en arrière et laissa son invité pénétrer à l’intérieur de son appartement. « Excusez-moi pour le désordre. Le déménagement n’est pas tout à fait fini et Cara est plutôt occupée aussi, du coup nous n’avons pas vraiment le temps de nous y mettre. » Elle sourit en tentant d’être la plus chaleureuse possible et pria Nell de la suivre. « Puis-je me permettre de vous demander comment vous vous sentez depuis la dernière fois ? » En trois entretiens, Anna ne s’était toujours pas accordée le droit de tutoyer son invitée ; son éducation le lui interdisait, et sa relation avec Nell ressemblait beaucoup plus à un simple lien guérisseur/patient, ainsi, elle se devait de garder une certaine distance vis-à-vis de cette personne pour ne pas laisser ses choix être guidés par les émotions. Elle marcha jusqu’à la table à manger et présenta une chaise vide à Nell. « Je vous en prie, asseyez-vous ! » Elle eut à nouveau ce petit sourire de sympathie et s’assit à son tour à côté de ses livres et des documents qu’elle possédait à propos du problème de Nell.
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Elle ouvrait les yeux sur ce large appartement, semblait en sonder vaguement les détails, recoins, ou du moins ce qui attirait l'œil. Tant de choses, et en même temps si peu. Sûrement cet endroit n'était-il pas ce à quoi elle s'attendait, mais n'était-ce pas mieux ? L'angoisse d'une demeure pleine de vie, de confort et autres joyeusetés, cela la rebutait. La blonde ne se sentait à l'aise qu'avec elle-même, sa propre personne, et le silence était son allié. Celui-là même qu'elle n'avait besoin de briser lorsqu'elle était seule, peut-être seulement pour se parler à elle-même – chose qu'elle ne faisait toutefois pas, jamais. Non, en ces temps, elle n'aimait la compagnie, ou peut-être seulement celle de certains. Ceux avec qui c'était aisé, qui la comprenait sans forcément avoir besoin d'autre chose que de la regarder. Eux, ceux qui ne posaient pas de questions, qui se contentaient d'être là, simplement. Et d'aligner des mots simples, d'une intonation machinale, comme si la femme en face d'eux n'était ni plus ni moins qu'une personne lambda qu'ils comptaient dans leur cercle social. Ainsi oui, en ces temps, sûrement préférait-elle parfois la compagnie d'étranger à celle de ceux qu'elle aimait. Parce que c'était plus simple, et les regards, les mots, n'étaient sous-entendus. Il ne fallait lire entre les lignes, ni réfléchir avant de parler. Oui, la blonde n'avait jamais autant estimé la compagnie d'inconnus, ceux-là même pour qui elle n'avait que regards dédaigneux auparavant, et qui maintenant, depuis peu, lui procurait un certain sentiment de liberté. Peut-être même davantage encore que lorsqu'elle était seule, car même seule, elle ne pouvait s'empêcher de penser. A elle, à son avenir. L'égoïste restait inchangée, mais il était indéniables que ses songes étaient devenues plus noire. Si noires, plus qu'elles ne l'avaient jamais été. Et elle avait peur, parfois. La peur, ce sentiment qui rongeait les songes, auquel elle n'était pas habituée. Elle, celle qui bataillait contre vents et marées, tout le temps. Elle, l'impulsive, celle qui ne semblait penser aux conséquences, qui n'avait jamais vu sa vie aussi planifiée qu'à présent. Ou qui n'avait jamais vu si loin, simplement. Loin, et en même temps si près. Quinze ans. Avait-elle seulement imaginé ce que serait sa vie, dans quinze longues années ? Jamais. Non, elle était de ceux qui ne se souciaient de ce genre de futilités, de ceux qui semblaient au-dessus de cela, qui n'avaient besoin de s'en soucier, en fait. Oui, parce qu'elle se pensait invincible, la blonde. Elle l'avait toujours pensé, n'avait jamais songé à perdre, que ce soit une bataille, ou simplement sa vie. Perdre, ce terme proscrit de son vocabulaire, et qui maintenant apparaissait, plus que jamais, et si intensément que cela lui faisait peur. Lui faisait terriblement peur. Oui, c'est sûrement cela, qui la faisait le plus angoisser. Le fait d'avoir perdu, de n'être plus rien d'autre que l'ombre d'elle-même. Le fait de ne peut-être pouvoir jamais parvenir à ses fins, ou simplement celui de se rendre compte qu'elle n'était qu'humaine, finalement. Pas plus forte qu'un autre, peut-être pas mieux, même. Et que finalement, son existence n'était peut-être pas si importante. Ou l'était-elle trop ? Tellement, qu'il fallait l'abréger, et ainsi lui couper l'herbe sous le pied ? Peut-être. C'est du moins ce qu'elle se plaisait à penser, lorsque la noirceur de ses songes s'affaissait.

Ainsi oui, elle ne pouvait se l'expliquer, mais cet endroit l'apaisait. Parce qu'il n'était pas ce qu'elle attendait, ou plutôt si, il était exactement ce qu'elle désirait. Comme dénué d'âme, de vie. Comme elle, celle qui y pénétrait maintenant. « Ce n'est rien. » Non, le désordre ne la dérangeait pas, pour toutes ces raisons données plus haut. Pas du tout, et elle songeait alors qu'elle déprécierait certainement l'endroit plus tard, lorsqu'il aurait prit vie, si toutefois elle devait y revenir. « Je vais bien. » Aussi bien qu'elle pouvait aller, avec ce mal qui la rongeait. Et même si ça n'allait pas, sûrement n'aurait-elle pensé à le dire, parce qu'elle était ainsi, incapable d'afficher ses faiblesses au grand jour, incapable même de mettre des mots dessus, ni de la laisser transparaître d'une quelconque manière. « Merci. Quelques migraines, et des vertiges, toujours. » Laissait-elle échapper après s'être installée sur la chaise que son hôte lui avait désignée, se rappelant finalement de pourquoi elle était là. Non pas pour user de faux semblants, mais bien pour se livrer. A elle, cette femme qu'elle ne connaissait guère plus qu'à leur première rencontre, mais à qui pourtant elle parlait. Et cela semblait faire tant de temps qu'elle n'avait mis des mots sur son mal, que la situation lui paraissait presque étrange. Quoi que sûrement l'était-elle réellement, même sans cela. « Cela par phase. Une longue journée durant laquelle le mal ne me laisse un instant de répits, puis plus rien durant des jours, parfois semaines. » Un sourire étirait les lèvres de son interlocutrice, de ceux qui se voulaient rassurants. Et il l'était presque, pourtant la blonde n'y répondait. « Rien d'autre, du moins de nouveau. Je ne crois pas. » Et sûrement était-ce en cet instant qu'elle aurait dû lui rendre ce simple rictus, mais elle restait simplement là, immobile, comme incapable d'ôter ce masque d'impassibilité qui lui allait si bien.
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‹ faits : je suis de sang pur, que je fais partie de la famille Grimaldi, que je suis d'origine italienne, que j'adhère aux idées insurgées mais que je me suis résolue à ne jamais les rejoindre pour le bien être de ma fille, que je suis une ancienne guérisseuse et que je sais donc comment soigner les gens de diverses pathologies, que je me défends en duel, que j'adore lire, que j'apprécie les jolies choses.
‹ résidence : dans un petit studio sur le chemin de traverse que le gouvernement a bien voulu me donner pour mon implication de guérisseuse durant la guerre. La demeure des Grimaldi à Herpo Creek ainsi que mon appartement à la Bran Tower avaient été saisis. Je dispose toujours d'une résidence secondaire et tertiaire à Brighton (maison d'été) et à Florence (terres italiennes).
‹ patronus : un lapin, patronus de Thomas
‹ épouvantard : un entassement de corps, celui de mes enfants et des êtres qui me sont chers.
‹ risèd : ma famille heureuse et recomposée.
http://www.smoking-ruins.com/t1958-anna-loooove-me
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Elle se rendait compte qu’avec le temps, elle était de moins en moins à l’aise à l’idée d’accueillir des gens chez elle. En réalité, elle ne l’avait jamais vraiment été. Son éducation lui avait appris tant de protocoles, de règles et de choses à respecter, qu’elle ne saurait aujourd’hui s’en défaire. Mais la théorie était loin d’aider lorsqu’il était question de pratique … La grande théoricienne qu’était Anna ne rendait pas les choses faciles. Son truc à elle, c’était les livres, l’apprentissage par les mots … Cela ne voulait pas dire qu’elle n’était pas douée en pratique, loin de là. Lorsqu’il était question de choses qu’elle aimait comme les cours de Défense contre les Forces du mal, de Sortilèges ou de Potions, elle s’adaptait aux demandes. Mais être conviviale, accueillir des groupes de nobles d’une certaine manière, traiter les domestiques comme des inférieurs, toutes ces choses qui se rapportaient à sa caste étaient le genre de tâche qu’elle ne supportait pas d’accomplir. Elle n’a jamais réussi à faire ce qu’il fallait, quand il le fallait. Elle le faisait de son mieux et s’attachait à réciter maintes et maintes fois dans sa tête les informations qu’on lui avait transmises. Mais voilà, quand ça ne voulait pas, ça ne voulait pas … Et le plus souvent, à l’issue de ces grandes fêtes et cérémonies protocolaires, elle se surprenait à se cacher dans la bibliothèque de son père ou dans l’une des innombrables chambres de la demeure des Grimaldi pour ne pas finir sous les tortures de sa mère. Elle en avait gardé des séquelles. Aujourd’hui, elle avait cependant la volonté de se détacher de ces conventions auxquelles n’avaient jamais totalement adhéré. Voilà pourquoi elle se sentait si nerveuse, voilà pourquoi elle accueillait rarement chez elle des gens qu’elle ne connaissait pas …

Son regard chaleureux était sincère lui. Elle n’arrivait toutefois pas à faire plus parce que ce rendez-vous n’avait rien d’officiel, et était loin de ressembler à une réunion d’affaires ; de fait, chercher dans sa mémoire des souvenirs de ses cours de bonnes manières ne servirait à rien. Elle était abandonnée à son triste sort, elle allait devoir faire confiance à son instinct. Migraine, vertiges … En bonne scientifique, elle aurait voulu attraper immédiatement une feuille et noter ces informations, mais elle n’en fit rien, sentant que cela ne serait pas très poli. Elle attendrait un peu … Elle acquiesça d’un petit signe de tête, lui indiquant qu’elle en prenait note et attendit qu’elle poursuive. Pendant ce temps, dans sa tête, elle continuait à analyser la situation, les symptômes … Elle était loin de trouver comment soigner Nell, mais elle se doutait qu’elle pourrait améliorer son traitement afin que le principe actif soit plus puissant et que les effets secondaires soient moins contraignants. Alors que tourbillonnaient encore dans sa tête un tas de raisonnements scientifiques, Nell continuait à exposer l’évolution de sa maladie. Elle la regardait avec des yeux compatissants, elle savait pertinemment qu’elle ne pourrait jamais comprendre ce que vivait Nell, mais elle voulait que sa patiente sache qu’elle serait toujours là et qu’elle ferait de son mieux pour l’aider.

Elle voyait bien que Nell était encore moins à l’aise qu’elle. Le visage impassible, sa posture raide, les iris de son regard de plus en plus clair, le visage pâle, elle semblait s’affaiblir de jour en jour alors que la maladie ne s’était installée que depuis quelques mois. On lui disait qu’elle vivrait encore quinze ans … Mais Anna avait cette impression que l’infection évoluait plus vite que prévu, et que si elle pouvait vraiment vivre encore quinze ans, les dernières années de sa vie seraient un vrai calvaire … Elle se frappa mentalement de penser aussi de façon aussi pessimiste à l’avenir de Nell … Non, elle ne souffrirait pas parce qu’Anna ferait en sorte de trouver quelque chose pour apaiser ses douleurs. Elle trouva que le moment était opportun pour attraper discrètement une feuille sur son tas de livre et d’écrire quelques petites choses sur ce que Nell venait de lui dire. « Je peux vous proposer quelque chose à boire ? Je sais qu’il n’y a plus grand-chose que vous arrivez à supporter niveau alimentation, mais peut-être que quelque chose pourrait vous faire plaisir ? » Elle observait son invitée avec un air anxieux. Elle se rappelait que lors de leur première entrevue, elle avait fait la bêtise de proposer à son invitée de manger quelque chose alors que Cara lui avait répété à plusieurs reprises que Nell était incapable de s’alimenter ordinairement. « Et concernant vos insomnies, vous dormez toujours mal ? Je pense qu’il faudrait adapter la deuxième potion que vous prenez dans l’après-midi ou le soir, afin de faciliter votre sommeil … A ce propos, vous permettrez que j’analyse les composés de la potion que vous prenez pour votre traitement ? » En bonne guérisseuse, Anna se disait qu’il était nécessaire qu’elle connaisse précisément chacun des aspects de la maladie qu’elle était en train d’étudier – notamment le traitement de Nell – avant de se lancer dans des modifications qui pourraient provoquer des interactions médicamenteuses et des intoxications magiques. « Après, il est vrai que vos insomnies sont aussi peut-être liées à ce problème, vous êtes peut-être soucieuse. Je ne sais pas si vous avez quelqu’un avec qui parler de ça ? » Elle pensait à un psychomage plus qu’à un simple ami, mais parler à n’importe qui aiderait sûrement. « Je sais que je suis sûrement la dernière personne avec qui vous voudriez en parler, mais si un jour, vous avez besoin de quelque chose, je reste disponible. » Elle s’impliquait peut-être un peu trop personnellement dans cette histoire, mais elle s’en fichait à présent, parce qu’elle n’était plus vraiment une guérisseuse donc elle avait le droit de se détacher des règles que lui imposait sa formation. « Excusez-moi. J’ai l’impression d’être un vrai moulin à paroles, je ne vous laisse pas parler. » Elle se tut, pinçant les lèvres pour s’empêcher de dire quoi que ce soit de plus. Elle continuait à dévisager Nell, mais sans insistance, simplement par intérêt médicomagique. Elle essayait de déceler des détails physiques qui se rapporteraient à l’infection de Nell, afin de pouvoir les lister et les analyser. Continuellement et éternellement motivée par son envie d’aider cette jeune femme …
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Ce regard compatissant, elle ne savait comment le prendre, de quelle manière elle était capable de le prendre. Une part d'elle sûrement se voulait redevable quant-à l'intention que cette femme lui portait, quant-à cette sympathie qu'elle affichait. Et l'autre, cette autre part, la véritable Nell, n'avait que dégoût pour cette bonté, cette peine qu'elle observait au travers des pupilles de son interlocutrice. Qu'on la plaigne, n'était-ce pas là la pire des choses qui pouvait être ? Qu'on la voit tel quelqu'un de fragile, faible, incapable de ne pouvoir compter que sur elle-même. Oui, sûrement était-ce le pire, ces regards compatissants. Ceux-là même qu'elle se forçait d'occulter, et qui pourtant revenaient, encore, toujours. Certains essayaient de les cacher, les contrôler, mais ils étaient toujours percevables, aussi maîtrisés leurs efforts étaient-ils. Oui, toujours palpables, ces regards auxquels elle n'était pas habituée, ceux qu'elle n'avait jamais eu à subir, parce qu'elle était forte Nell, si forte, qu'aucun mal, jamais, ne semblait pouvoir l'atteindre. Et il était inconcevable de la juger faible, auparavant. Oui, auparavant, parce que le présent était si différent. Ce présent, auquel elle ne semblait pouvoir s'habituer, qu'elle ne semblait même parfois pas réaliser, ou même oublier. Parce que quand bien même cela faisait-il de longs mois qu'elle était ainsi, sûrement le temps d'adaptation n'était-il encore que trop court face au poids de sa vie d'avant. Impensable de changer autant, et pourtant possible. Malheureusement, terriblement possible. « Non merci. » Et sur son faciès se dessinait un léger sourire, un brin moqueur, mais finalement heureux. Elle repensait à cette première fois où son chemin avait croisé celui de celle à la chevelure de feu, celle-là même qui lui avait presque proposé un festin, à elle, la malade qui ne pouvait ingurgiter quoi que ce soit. Elle se souvenait encore de la forme qu'avait pris le faciès de celle qui à nouveau, semblait presque marcher sur des braises en lui proposant cela. Oui, elle se souvenait de la gêne, qui pourtant elle ne l'avait gêner. Ou du moins pas vraiment, sûrement avait-elle été davantage embêtée de refuser, qu'embêtée par la proposition en elle-même.

Car aussi noire semblait l'âme de la blonde, elle était de ceux qui avaient été éduqués dans ce monde d'aristocrate, là où les bonnes manières étaient inculquées dès le plus jeune âge, ces manières qui restaient ancrées à vie, dont il était impossible de se détacher, ou même de songer à oublier. A quoi bon, de toute façon, parce qu'il fallait en user à chaque instant. Tout le temps. Du moins lors de chaque rencontre avec une personne de son rang. Ces personnes qui étaient son cercle social, et donc avec qui elle passait le plus clair de son temps. Alors oui, tout le temps l'âme noircie se montrait douce, miroir de son faciès plaisant. Et si l'on ne croisait ce regard inspirant froideur, cruauté et malheur, sûrement pouvait-on presque songer qu'elle était une belle personne. Elle, celle qui ne l'était pas, ne l'avait finalement jamais été. « Je ne dors toujours que très peu, et lorsque le sommeil vient, il n'est pas reposant. » Dormir semblait souvent la fatiguer davantage qu'elle ne l'était déjà, comme si cela lui demandait plus d'efforts que de rester éveillée. Comme si fermer les yeux, se laisser aller, était néfaste pour elle. « Je vous en pris, je pense avoir une fiole sur moi. » Elle cherchait alors du bout des doigts le contenant en question dans l'une des poches intérieures de cette cape qu'elle n'avait jugé bon d'ôter. Puis la sortait. « Tenez, j'espère que cela sera suffisant. » En effet, il n'y avait que peu de liquide dans ce flacon minuscule. A vrai dire, elle n'emportait jamais cela au dehors, excepté par petite dose, au cas ou. Mais jamais plus de l'équivalent d'une demie-dose, suffisamment pour lui laisser le temps de retourner chez elle, comme lui avait conseillé l'auteur de ce remède. Pourquoi ? Elle ne le savait réellement, n'avait pas pris la peine de poser la question. Peut-être pour ne pas que cela tombe dans de mauvaises mains, ou simplement parce que la mixture ne supportait le changement de température. A quoi bon savoir, au fond. Elle ne connaissait pas même la composition de ce qu'elle avalait trois fois par jour, alors ce genre de détails semblaient si futiles aux yeux de la blonde. « Pourquoi serais-je soucieuse ? » Parce qu'elle allait mourir, peut-être. Ou parce que chaque jour ses forces semblaient s'amoindrir, parce qu'elle demeurait dans une incertitude constance, dans l'ignorance, même. Oui, tant de raisons d'être soucieuses, ainsi sûrement même sans le vouloir, sa réponse semblait plus sarcastique qu'autre chose, quand bien même n'était-il là qu'un trait d'humour à la Burke. De ceux que l'on ne sait comment prendre, et qui glaçait le sang plutôt que d'étirer les lèvres en un large sourire. Cet humour, qui semblait presque menace la plupart de temps, pour ceux qui avaient la chance, ou malchance, de l'entendre. « Vous êtes aimable, mais j'ai eu affaire à un psychomage en Chine après.. » Une seconde de silence, puis deux. « l'accident. » Encore aujourd'hui, elle ne savait réellement comment qualifier ce qu'il s'était passé. Avait même parfois du mal à se persuader que cela c'était réellement passé, et n'était pas que le fruit de son imagination, tel un songe éveillé. « Ainsi qu'à mon retour en Angleterre, mais je dois avouer ne pas apprécier outre mesure ces séances. Mon esprit semble être la seule qui marche encore normalement, ainsi loin de moi l'idée de vouloir que l'un de ces praticiens s'y plonge. » Des séances, trois en fait. Deux en Chine, une en Angleterre. Mais trois de trop, pour la blonde. « Mais n'hésitez pas, si vous avez des questions. » Une voix presque lasse, mais une invitation. Invitation à l'aider, ou à s'aider elle-même, elle ne le savait guère. Ne savait même réellement pourquoi elle venait de dire cela. « Puis-je savoir comment vous comptez procéder, finalement ? » Ou plutôt, débuter dans cette quête qui semblait titanesque, celle de contrer un maléfice, ce mal qu'on lui avait qualifié d'incurable et que pourtant, la femme en face d'elle semblait avoir espoir d'enrailler. Aussi fou était cet espoir.
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WIZARD • always the first casuality
Anna Grimaldi
Anna Grimaldi
‹ inscription : 07/06/2015
‹ messages : 1824
‹ crédits : mathy.
‹ dialogues : #e95353.
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‹ âge : trente-quatre
‹ occupation : guérisseuse au service d'infection par virus et microbe magique et co-présidente de l'association "Rosier's Disease Research Trust".
‹ maison : Serdaigle
‹ scolarité : 1980 et 1987.
‹ baguette : est en bois de charme, contient une plume de phénix et mesure 26,4 centimètres.
‹ gallions (ʛ) : 5574
‹ réputation : je suis fragile et que j'ai été manipulée par mon compagnon.
‹ particularité : occlumens.
‹ faits : je suis de sang pur, que je fais partie de la famille Grimaldi, que je suis d'origine italienne, que j'adhère aux idées insurgées mais que je me suis résolue à ne jamais les rejoindre pour le bien être de ma fille, que je suis une ancienne guérisseuse et que je sais donc comment soigner les gens de diverses pathologies, que je me défends en duel, que j'adore lire, que j'apprécie les jolies choses.
‹ résidence : dans un petit studio sur le chemin de traverse que le gouvernement a bien voulu me donner pour mon implication de guérisseuse durant la guerre. La demeure des Grimaldi à Herpo Creek ainsi que mon appartement à la Bran Tower avaient été saisis. Je dispose toujours d'une résidence secondaire et tertiaire à Brighton (maison d'été) et à Florence (terres italiennes).
‹ patronus : un lapin, patronus de Thomas
‹ épouvantard : un entassement de corps, celui de mes enfants et des êtres qui me sont chers.
‹ risèd : ma famille heureuse et recomposée.
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A l’époque où elle avait commencé la médicomagie, elle avait été parcourue par un sentiment de toute puissance. Elle avait déjà pu goûter à cette délicieuse sensation lorsqu’elle résolvait un problème compliqué ou quand elle était la première à réussir à produire un sortilège à la perfection. Mais la médicomagie avait cette petite chose en plus, cette lueur et cet espoir dans les yeux des patients malades ou blessés qui apportaient encore plus de mérite et de plaisir qu’une simple réussite de soi. Admettons-le, Anna était loin d’être une jeune femme avare de remerciements ou de cadeaux … Cependant, le sentiment de satisfaction, d’accomplissement nourrissait sa vie d’une lumière nouvelle. Il emplissait son existence de pouvoir et de puissance. Elle se pensait invincible, elle s’imaginait qu’aucune maladie était insurmontable … A présent, elle savait qu’elle avait tort et que ses chimères de l’époque n’avaient été que le fruit de son optimisme débordant. Elle n’avait pas perdu son entrain d’antan, mais il s’était calmé ; il s’était laissé tarir par le poids de la vie et la réalité. Si Thomas n’était pas mort et qu’elle avait poursuivi son métier de guérisseuse, elle n’aurait plus vécu l’expérience de la même manière. Elle continuerait à éprouver une certaine satisfaction lorsqu’un de ses patients serait guéri et sauvé, mais elle ne se sentirait pas ravie, euphorique et victorieuse … Pourquoi ? Parce qu’elle verrait, derrière elle, le nombre grandissant de mort, elle observerait les souffrances peu ordinaires que subissaient ses patients, elle devrait tout simplement admettre que la guerre n’apporterait jamais du plaisir.

Opposé à tout ça, le cas de Nell entrait dans l’ordinaire … Non pas qu’une infection par magie noire était ordinaire, cependant elle aurait très bien pu avoir lieu par temps de paix. Anna y retrouvait ainsi ses marques, elle se battait contre une chose qu’elle ne connaissait pas mais au moins, elle ne combattait pas la guerre elle-même. S’intéresser sur cette maladie, sur ce cas peu commun lui procurait un bien fou. En acceptant de s’occuper de Nell, elle avait dû accepter que ses instincts de guérisseuse n’avaient pas totalement disparu avec la mort de Thomas, ils avaient seulement été inhibés parce qu’ils causaient le souvenir et que le souvenir causait la souffrance. Elle avait retrouvé des réflexes perdus, elle avait pris plaisir à annoter un tas de choses sur l’infection de Nell, elle avait fait des recherches comme elle savait si bien les faire, et surtout, elle avait espoir, un espoir minime de réussir à trouver un remède au mal de sa patiente. La maturité lui permettait néanmoins de ne pas être complètement aveuglée par l’irréalisable, et elle savait que dans cette bataille, il se pourrait qu’elle ne gagne pas. Elle s’acharnait cependant à croire que le destin donnait parfois une chance aléatoirement et que cette fois, cela tomberait sur Nell … Sommeil peu reposant, nota-t-elle sur le parchemin. Un symptôme qui était déjà là lors leur première rencontre, mais qui semblait devenir de plus en plus problématique. Résoudre ce problème semblait devoir être la priorité actuelle, pour que Nell puisse – si les quinze ans étaient une réalité – vivre dans de meilleures conditions, le temps qui lui restait. Son interlocutrice lui tendit une fiole contenant une quantité minime de produit. « Merci, je pense que cela sera suffisant, une seule goutte me suffit. » Anna se leva et se dirigea vers un carton sur lequel était annoté en grosses lettres MEDICOMAGIE, elle y prit une lame, une lamelle, une pipette et retourna au niveau de Nell. Silencieusement, elle prit une goutte du produit, la posa sur la lame, déposa la lamelle par-dessus et referma le flacon. « Tenez. Je vous laisse récupérer le reste. Cela pourrait vous être utile en cas d’urgence. Je ne voudrais pas qu’il vous arrive quelque chose parce que je vous ai pris votre dose d’aujourd’hui. » Elle parlait avec un sérieux déconcertant. Elle prit une feuille de parchemin, qu’elle plia sur elle-même pour ranger soigneusement la lame d’études à l’intérieur. Vieille méthode d’analyse empruntée aux moldus qui utilisaient une analyse par microscope – mot absent du vocabulaire médicomagique, mais qu’Anna avait lu dans un livre – alors que les sorciers utilisaient une sorte de projection holographique créée par un sortilège spécial.

Pourquoi serait-elle soucieuse ? Anna savait que Nell s’adressait à elle-même mais elle se surprit à essayer de répondre aussi à la question. Peut-être parce qu’elle semblait seule contre le monde entier dans cette bataille … Peut-être parce que son cas était désespéré … Peut-être seulement parce qu’elle s’en voulait d’avoir fait cette erreur … Elle se projetait dans les problèmes de sa patiente alors qu’elle ne vivait pas un centième de ce que Nell pouvait vivre. Elle était désespérée, oui, elle avait beaucoup de problème, oui, mais elle n’avait pas cette épée de Damoclès au-dessus de sa tête et n’avait surtout pas la culpabilité d’être à l’origine de la fatalité de sa mort. Quoi que … Elle n’avait jamais mené sa réflexion jusque-là. Et si, son pacte avec le diable – son directeur de l’époque – était en fait à l’origine des horreurs qu’elle s’efforçait aujourd’hui de régler ? Ne serait-elle pas dans le déni complet ? La faucheuse ne serait-elle pas à ses trousses pour l’accuser de traitrise ? Ne serait-elle donc pas la source de ces ennuis ? Elle ferma les yeux quelques secondes. Sa réflexion n’avait pas dû être plus longue, mais elle avait déjà réussi à bouleverser toutes ses pensées. Elle se concentra tant bien que mal sur ce que lui racontait Nell, mais la conscience divaguait à certains moments vers un début de panique. « En vrai, la psychomagie ne m’a jamais vraiment aidé non plus. Je ne dois pas être très réceptive à tout ça. Donc ce n’est pas moi qui vous imposerais une thérapie. » Elle leva ses deux mains en signe de paix et décida de ne pas trop s’attarder sur le sujet. « Cela dit, je n’ai suivi aucune formation de psychomagie, donc si, à l’occasion, vous voulez déverser votre rage quelque part – évitons de parler de ‘déversement’ physique – je reste disponible. Mes actions étant totalement officieuses, mais quand même liées par un certain degré de secret professionnel – ce serment ne me lâchera jamais – je peux vous écouter et garder ça pour moi. » Elle pinça les lèvres dans une petite grimace et baissa la tête vers ses notes pour écrire Pas de suivi psychologique.

Elle repartit alors dans une analyse de ses notes, tout en maintenant sa manie de caresser sa joue avec la plume. Elle fit des petits bruits avec sa bouche, releva les yeux vers Nell et soutint son regard. « Je vais être complètement honnête avec vous, je suis un peu dans une impasse actuellement. J’ai effectué un bon nombre de recherche … » Elle désigna les livres qui se trouvaient sur la table à côté d’elle. « … mais les informations restent très superficielles. D’ailleurs, à ce propos, je me demandais si vous auriez peut-être à votre boutique ou dans votre bibliothèque personnelle, des livres qui traiteraient de cas d’infection ou de magie … » Elle eut un peu de mal à prononcer le mot. « … noire de façon générale. » Elle porta son index et son majeur au niveau de sa bouche et tapota ses lèvres, l’air pensif. « Peut-être que vous pourriez considérer que ces livres ne sont pas d’une grande aide. Mais un regard neuf et surtout proche de la médicomagie pourrait en tirer des informations capitales et utiles … » Elle esquissa un petit sourire qui se détacha de ses lèvres aussi rapidement qu’il y était apparu. « Bon, sinon, j’avais malgré tout pensé à un début de procédure. Je pense qu’il faudrait commencer à traiter les symptômes un à un. Et notamment commencer par celui que vous pensez être le plus gênant … D’ailleurs, si vous pouviez me lister vos symptômes du plus dérangeant dans votre vie quotidienne, au moins gênant ? » Elle fit glisser une feuille de papier vierge et la plume qu’elle tenait dans ses doigts vers Nell. « Après analyse de votre potion actuelle, je vais essayer d’étudier les interactions possibles avec les plantes que je connais, et trouver un à un les ingrédients qui pourraient apaiser chacun de ces symptômes. Nous procéderons donc étape par étape. Symptôme après symptôme. Pour essayer d’arriver à un cocktail pas trop désagréable, mais suffisamment utile pour que vous puissiez apprécier … » Elle se tut, sentant que ce qu’elle allait dire pourrait être mal interprété. « … pour que votre vie quotidienne soit plus agréable. » Anna baissa les yeux vers ses notes et tripotait une de ses mèches de cheveux avec gêne. « Le remède arrivera peut-être petit à petit avec le soin de chacun de vos maux … Qu’en pensez-vous ? » Après avoir déblatéré toutes ces informations, Anna se demandait si elle avait été claire ou si ce charabia n’avait été qu’un énoncé désagréable d’informations incompréhensibles. Elle arqua un sourcil en faisant la moue et attendit de lire une expression sur le visage impassible de Nell.
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