spencer & euphrosine

Euphrosine devait bien avouer que depuis quelques temps, sa vie n'était plus réellement la même et que cela lui faisait vraiment peur. Comment tout avait pu basculer de cette manière, elle qui avait toujours eu l'ascendant sur ce qui lui arrivait, ne comprenait toujours pas d'en être là aujourd'hui. Tout avait commencé une ou deux semaines auparavant, un soir, alors qu'elle était prête à rejoindre sa chambre après avoir donné ses derniers ordres à son rebut pour le lendemain. Au pied de l'escalier, la sonnerie de l'entrée l'avait bloqué dès son geste et elle avait attrapé sa baguette avant de se tourner lentement vers la porte. Jamais personne ne venait à cette heure-là, sinon chacun savait qu'il risquait de devoir faire face à ses foudres, ce que tout le monde essayait d'éviter au maximum. C'est donc avec une certaine appréhension qu'elle avait ouvert le battant, découvrant sur le seuil deux silhouettes, dont l'une ne lui était pas du tout inconnu. Cela faisait des années qu'elle n'avait pas eu de ses nouvelles, au fond, elle avait même pensé qu'il ne devait plus être de ce monde. Mais non, voilà que près de cinq ans plus tard, il osait venir ici. « Je peux savoir qui vous êtes ? » Faire semblant de ne pas le reconnaître, c'était un peu immature, mais cela lui importait vraiment peu. Toutefois, Euphrosine avait tout de suite remarquer qu'il était vraiment dans un état pitoyable et que celui qui l'accompagnait était en train de plier sous son poids. N'étant pas sans coeur, elle s'écarta doucement après avoir jeté un coup d'oeil rapide dehors pour voir si personne n'était dans les alentours. « Entrez. »

Voilà, c'était ce mot qui avait fait que sa petite routine était devenu un peu moins paisible. Maintenant elle abritait en sa demeure un fugitif, un homme qui pourrait faire d'elle à son tour une paria, ce qu'elle ne voulait absolument pas. Sa rancoeur n'était pas suffisante pour qu'elle le laisse à la porte, puis les bons moments qu'ils avaient vécus ensemble avait refait surface d'un coup, la plongeant dans une certaine mélancolie. Bien entendu, il avait fallu mettre en place un nouveau mode de vie, surtout à cause de la présence de son rebut. Elle n'était pas une maîtresse très sévère, mais il ne devait pas être au courant de ce qu'elle faisait, il aurait sinon une certaine ascendance sur elle et c'était inconcevable. Alistair ne devait pas savoir ce qu'elle fabriquait. Il avait eu besoin de soins, heureusement qu'elle n'avait pas été seule pour devoir faire face au début et que Spencer, celui qui l'avait accompagné lui avait donné un coup de main. Mais ce dernier n'était pas resté bien longtemps dans sa demeure, certainement par manque de confiance ou bien parce qu'il ne se sentait pas à sa place ici. Elle n'avait pas cherché à savoir, s'inquiétant pas pour lui qui avait certainement déjà vécu de cette manière depuis des années. Elle avait d'autres préoccupations en tête. Oui, beaucoup d'autres. Sa mère lui avait encore fait un discours sur l'importance pour une jeune femme de son statut de trouver un bon mari afin de pouvoir fonder une famille, donner un sens à son existence. Elle avait gentiment écouté, comme on le lui avait appris depuis son plus jeune âge tout en pensant au plus profond de son être que ce n'était pas prêt de lui arriver. Bien entendu, il y avait eu quelques histoires, mais cela n'avait jamais été sans importance. Cela lui faisait peur, car l'amour l'avait déjà fait souffrir et dans un autre sens, vivre cette aventure sans sentiments, ce n'était pas ce qu'elle voulait. Mais sa génitrice, comme toujours, n'allait pas lâcher le morceau et allait tenter de la caser. C'était un de ses objectifs et chez les d'Anjou, on ne baisse pas les bras.

Mais voilà, Merlin n'était pas de son côté en ce moment, pas du tout même. Pourtant, cette journée avait très bien commencer, elle avait été faire un tour très rapidement dans son restaurant avant de revenir, laisser Oscar seul trop longtemps était impossible. Puis, Euphrosine avait fait le choix de s'enfermer dans la cuisine pendant un très long moment afin de revisiter quelques pâtisseries, voir en inventer d'autres. Les heures avaient défilé très vite et elle avait été surprise quand son elfe de maison avait fait irruption dans la pièce pour lui annoncer qu'on la demandait à la porte. Paniquée, elle avait marché rapidement tout en jetant un regard noir à son serviteur qui ne devait pas connaître l'origine de sa colère. Le battant de bois était rabattu légèrement et en le poussant, elle eut l'envie de le refermer aussi vite. Pourquoi cela devait-il lui arriver ? Elle n'avait jamais rien fait de vraiment répréhensible dans sa vie. Son manoir allait devenir un refuge pour fugitif, ce dont elle se passerait très bien. Mais voilà, quand son regard croisa celui qui était caché sous la capuche de la cape, elle laissa à nouveau l'espace libre pour que l'homme puisse rentrer. Spencer était de retour et ce n'était pas pour lui faire plaisir. Une fois en sécurité des regards, elle se retourna vers lui et poussa un petit cri en voyant l'angle que faisait son bras. « J'espère que ça te fait mal, car là tout de suite, tu es la dernière personne que j'avais envie de voir. » Ce n'était vraiment pas sympathique, mais elle n'avait pas du tout envie de l'être pour le moment, même si au fond elle était un tant soit peu rassuré de savoir qu'il allait bien. Après tout, elle se sentait un peu responsable maintenant qu'il avait déjà mis les pieds une fois chez elle. « Allez viens, je vais te soigner. Ne fais pas de bruit, Alistair n'est pas loin et il ne doit pas savoir que tu es ici. »

FICHE ET CODES PAR BROADSWORD.