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sujet; Feeling infinitely heavier {Aranna}
MessageSujet: Feeling infinitely heavier {Aranna}   Feeling infinitely heavier {Aranna} EmptySam 25 Juil 2015 - 10:59

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your mind. Everyone knows you can take care of yourself; but
I still promise to always be there, just incase you can’t.
Some days are harder than others

Debout devant la demeure Lestrange, tu angoisses. Une boule se forme dans ta gorge, glisse jusque dans ton ventre, mais menace de remonter. De tout détruire. De tout saccagé. Mais il y a la main de ta mère, là dans ton dos, il y a son regard pâle, des iris qui te questionne en silence. Est-ce que tu veux rentrer Susanna ? Non, tu veux rester et déjà tu t’efforces de sourire et de poser une main sur celle, plus chaude, de ta mère. Tout ira bien. C’est à ton tour de le penser, de chercher à l’en convaincre. Une bien mauvaise idée, pour ne pas dire terrible, vu l’enfer qu’a été la journée précédente. Dahlia a eu tort, hier, quand elle t’a affirmé que tout se passerait bien, que votre nom vous protégerais, mais ça, tu le savais déjà. C’était dans l’air, ça l’est toujours, même ici, dans le quartier chic de l’élite, soit les associés des mangemorts. Oui, tout Londres pu maintenant le souffre, empeste la souffrance et ça, même si tu souris, même si tu rassures ta chère maman, ce n’est pas près de changer. Il est trop tard, une voix le souffle tout bas dans ton esprit, mais tu le sais déjà, tu sais tout ça. Tu l’acceptes. Trop bien, avec trop de stabilité, voilà ce que le regard de la jolie sorcière plus âgée, te renvoie. Pourquoi l’as-tu amené ici, Susanna ? Pourquoi ne pouvais-tu pas simplement vouloir regagner le manoir Carrow, ou même ton petit cottage sans histoire ? Pour y pleurer, pour te pendre au bord d’une table, d’une chaise, d’une porte. Te montrer femme. Te montrer faible. Ta mère peut l’accepter, ta mère peut veiller sur toi, tu es faite pour être faible, fragile et ébréchée. Tu devrais pleurer sous les entailles qui marquent ta peau, qu’importe si elles ne sont pas assez profondes pour exiger des soins supérieurs, tu devrais trembler devant ton bras bleuis par la main de l’homme que tu aimes. Mais tu n’en as encore rien fait et c’est probablement ce qui inquiète le plus ta pauvre mère. Parce qu’à trop attendre, la chute sera plus douloureuse n’est-ce pas ? Sauf que toi, tu n’as pas prévue de tomber, tu ne t’en ressens d’ailleurs aucune envie. Non, tes genoux ne fléchissent pas et ta chaire ne saigne plus. Somme toute, aussi anormal que tu puisses te sentir, tu vas bien. Et c’est bien le problème.

Évidemment, ton état ne t’empêche pas de cogner à la porte et d’attendre. Les secondes s’égrènent doucement, trop lentement, alors que tes doigts suivent les reliefs de ta médaille. Tu as toujours eu des tics ; te tordre les mains, te mordiller la lèvre ou l’intérieur de la bouche, froncer les sourcils, toujours. Aujourd’hui pourtant, tu t’en découvres un nouveau, relié à ta médaille, à ce fil d’Ariane qui relie ton cœur, ton âme, à celle d’un certain Weasley. Tu attends d’autres nouvelles de sa part, une date, une heure, n’importe quoi pour remplacer le fameux chiffre treize, légué sans raison logique. Puis la porte s’ouvre et tu esquisses déjà un sourire poli à la domestique qui te détaille, elle te reconnait, assurément, mais déjà la menace gronde derrière elle. La maitresse est présente. Qu’importe, tu n’es pas d’humeur à recevoir un non, pas quand il s’agit de voir Aramis, pas après l’avoir vu accuser le coup d’un Sectumsempra avec sa sœur. C’est hors de question. Tu redresse donc le menton et entre, ta mère tirant doucement sur ton bras, pour chasser tes doigts de la médaille en argent, qui retombe tout simplement dans le décolleté de ta robe. « Bonjour Mrs.Lestrange, je viens visiter Aramis et Guenièvre, ne vous dérangez surtout pas pour moi. » Seulement, la reine des lieux n’a pas pour habitude de se déranger, non absolument pas, elle préfère le faire elle-même. Elle vient donc à vous, de la désapprobation trainant dans sa robe, du reproche dans les yeux, un refus dans la bouche. Un regard échangé avec ta mère et tu sais que tu passeras l’épreuve sans grands efforts. En effet, ta mère prend immédiatement le relai, retenant l’attention de la terrible femme, alors que tu files sans demander ton reste. Qu’importe qu’elle cri, qu’elle cherche à te suivre, tu avances sans te retourner, le menton dressé bien haut, le regard déterminé. L’enfer peut s’ouvrir sous tes pieds que tu retrouveras ton meilleur ami.

La veille, c’est avec Eris que tu te trouvais. Une amie. Une bonne amie maintenant. Et si tu as pris soin de veiller sur elle, de lui occuper l’esprit, avec des questions, avec le récit décousu de ce que tu avais traversé à travers les bois du Daeva, c’est évidemment à Aramis que tu songeais. Enfin, quand tu ne te demandais pas si Ron était toujours en vie. Si tu te portes comme un charme, tu as connus des jours bien plus sombres que celui de la veille, tu sais pertinemment que tu ne peux pas en dire autant de tes amis. Alors tu files à travers la majestueuse demeure, jusqu’à sa chambre, jusqu’à son refuge. Tu toque à peine à la porte avant d’y entrer. Inquiète. Pâle même, dès que tu croises son regard. Il se remet à peine. Il est encore en convalescence, mais quelque chose s’apaise dans son regard, tu pourrais le jurer. Un sourire tout en délicatesse recourbe alors tes lèvres et sans plus attendre, tu t’approches, refermant la porte sans un bruit, dans ton dos. Tu chuchotes presque alors que tu le rejoins, le cœur au bord des lèvres, le soulagement de le voir allongé ainsi te donnant presque un sentiment d’allégresse. « Oh, Aramis ! Je m’inquiétais tellement ! » Déjà tu gagnes le bord de son lit, une main se posant contre sa joue dans un mouvement gracieux. Presque retenu. Tout en douceur, tout en mesure. Parce qu’il ne faut pas le brusquer, parce qu’il n’existe qu’une amitié presque fraternelle entre vous. Et déjà, tu scrutes son visage, minutieusement, parce qu’il en a toujours été ainsi quand il se blessait, quand il semblait mal en point. À commencer par son front, puis ses yeux, épuisés mais encore vibrant de quelque chose de familier, puis son nez, intacte cette fois, ensuite sa bouche, frémissante sous un presque sourire, pour finir sur son menton, à peine abimé. Tes doigts glissent doucement dans ses cheveux, les écartant de son visage, alors que tu souris avec quelque chose de troublé. Émue. « Comment te sens-tu ? Comment vas-tu ? » Il sait pertinemment que tu veux la vérité, c’est une règle entre vous après toutes ses années, pas de mensonge. Pas d’hésitation. Pas vous.

Et alors que tu es penchée, là, au-dessus de lui, tout près de son corps encore engourdis par la douleur, tu te persécutes. De ne pas souffrir davantage. D’être celle qui sait tenir debout sans aide. Même Eris, qui a subit relativement le même sort que toi, est plus ébranlée. Mais pas toi, toi tu t’es assise sur le lit d’Aramis dans un seul but : t’en approché. Tu n’es pas prête de défaillir, tu ne te sens pas faiblir sous le poids de l’évènement. Tu as connu pire, on t’a brisée, mais tu as su recollé les morceaux et dorénavant, les trous qui parsème tout ton être ne te font plus peur. Si tu as pu survivre jusqu’ici, pleine de trou, des fragments de toi ayant laissé place à du vide, à une obscurité qui te retrouve la nuit, tu peux certainement faire face au chaos qui a eu lieu la veille. Qui vit encore en vous tous. En Aramis, allongé dans son lit, en Guenièvre qui doit souffrir dans une chambre voisine. Alors tu t’inclines au-dessus de lui et tu effleures son front du tien, un geste d’une tendresse infinie. Comme tu le faisais, il n’y a pas si longtemps, avec Scorpius, comme tu l’as toujours fait avec Aramis. Un geste simple, mais intime, sans aucune ambiguïté. Ta façon à toi de lui faire savoir que tu es là, que tu t’inquiètes, que tu tiens à lui. Parce qu’à travers toutes les années, toute ton existence, toute la sienne, il a été l’un des seuls à toujours être présent. La vie ne pourrait pas continuer sans lui. Pas réellement. Alors tu souffle tout bas, « je suis fière de toi… » Des mots qu’il n’a pas assez entendu. De la magie à l’état pure. Un son qui apaise et rassure. Parce que ses mots que l’on vous a refusés, petits, vous avez toujours su vous les souffler lors des occasions spéciales. Or, presque mourir pour sauver sa sœur compte pour tel. Et tu es fière de lui, fière de sa survie, fière d’être son amie. Ce que ses parents n'ont jamais sut lui offrir, cette stabilité, cette présence, tu le possède. Tout ça se trouve dans ta main, qui glisse dans ses cheveux, comme avec un enfant, mais aussi dans tes yeux, alors que tu te redresses lentement.
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en vouloir à la terre entière et vouloir malgré tout  rester debout
Couchés sur des parvis de pierre,
qui pense encore à nous,
Quand on est loin de tout?
(play)

Les muscles se raidissent, faiblissent. La douleur s'égare, s'empare de chaque cellules, de chaque ridule. Elle siffle, gicle, malmenant, détraquant tout ce qu'il reste, te reste. Les entailles sont refermés, ta vie n'est plus en danger. Mais la magie noir pulse, s'amuse. Elle te ronge, t’inonde & la douleur se déplace, te ravage. Il y a des maux qui te terrassent, qui te crevassent. Il y a des mers d'horreurs &  d'erreurs. Il y a elle. Les cauchemars te détraquent, t'embarquent.

Rien n'allait bien.
Plus rien n'irait bien.

La langue claque. Tu t'agaces, t'acharnes, t'arraches la peau & les maux. La fureur court sur tes douleurs. La colère s'amène, amère, sel des pères & de tous les frères.  Tu enrages, rages de toute ton âme, de tout ses drames. La vague t'emporte, te déporte. Tu n'es pas assez fort, tu ne l'as pas été. Tu t'es effondré. La chute t'a effrité, abîmé. « Fous-moi la paix. », craches-tu, enfant boudeur, enfant râleur. Tu rejettes, jettes, répètes. « Aramis ... » « Dégage. », les mains fouillent. Le temps est un salaud & tu fais de son chagrin un triste manteau. Tu l'écartes, l'écrasant de ce bleu froid, roi des haines, roi des peines. Elle te frotte, essayant d'esquisser une caresse sur ton bras, là où brûle la marque. Et tu craques, levant la baguette pour la planter sur son cou. « Dé-ga-ge. », assènes-tu, martèles-tu alors que le volcan s'active, se décline. Tu peux la tuer, renoncer aux promesses, aux caresses. Tu peux simplement vous condamner à la paix, à la tranquillité, d'un geste, d'une ivresse sanguinaire. Et dans le désamour, tu mords, tu tords. Tu n'as pas tord. Tu n'as jamais tord. « Aramis, tu es ... », tente-t-elle. « Vivant. », coupes-tu, écrasant d'une sentence tenace, vorace, perspicace la tentation d'un rapprochement, d'un mouvement. Et dans ses yeux tristes, métalliques, elle comprend, elle n'aura rien. Elle n'a jamais rien eu.

« Laisse-moi. » «  Non. », la froideur se déplace, monstre gourmand, insolent. Tu libères  le royaume des glaces, brisant tous les espaces. « Non. », répètes-tu alors qu'elle ouvre la bouche pour protester, tenter de te gagner. Tu ne veux pas d'elle. Tu ne veux plus d'elle. Alors elle subit sous tous tes interdits. Tes lèvres se tordent alors qu'elle se rêve en mère idéale, en arme fatale. Elle se torture & les blessures s'exposent, s'imposent sur tous les murs. Elle fuit. Elle s'enfuit.

Et  tu te détruis.

Ta peau brûle, s'allume, s'embrume. La magie noire déraille, défaille. Du bout de sa langue, elle traîne tous les orages, tous les ravages. Elle court sur les cicatrices, sur les plaies dictatrices. Elle déchire, annonçant le pire. Tu te fais plus humain, simple pantin sans fil, tellement fragile. Humilié, ton corps se moque, s'en moque. Il révoque, s'amoche, s'étiole. Et tu accuses la chute.  Tu accuses de ne pas être assez, de ne pas l'avoir protégé. Elle s'est faite prendre, pendre. Pratiquement morte, tu as vu la vie ricoché, s'envoler, s'effiler. Tu l'as presque abandonnée. Tu l'as presque laissé. Tu as quasiment échoué. Et la prochaine fois, si cette fois, tu échoues vraiment ? La bile remonte, la nausée force, féroce. Tu ne veux pas, tu ne peux pas. Couler, échouer, renoncer ne t'est pas autorisé, accepté.

Le coup te fait à peine lever la tête, froncer les sourcils. « Mère, commences-tu, la langue roulant de menaces & d'orages tenaces, sauvages, prêts à la lacérer, à la bousiller. Tu ronronnes d'insolence & d'indifférences passionnelles, loin d'être artificielles. Tu ronronnes de violences indélébiles, abandonnées sur le bord d'une acidité sensible. Je croyais avoir été clair. ». Très clair, tu ne veux pas d'elle. Tu n'as jamais voulu d'elle. Tu lui en as trop voulu, elle a tellement perdu. Trop perdu. Un peu comme toi. Toujours comme toi. Et pourtant, ton cœur se soulage, balaye les nuages. Le brun court embrase ses épaules, rafle ton âme, érafle ton regards, à tous les égards. « Sue. », il y a quelque chose qui se renverse, se bouleverse. Il y a tellement d'ivresse, de tendresse, de caresses dans le bleu de tes yeux, des aveux silencieux. Les abandons ont filés & elle t'est restée, aimante, patiente. Le sourire fend la pâleur, efface les rancœurs.  Susanna toujours fidèle à tes bras, toujours éternelle dans ses vieilles promesses, dans ses tendres délicatesses. Tu n'oublies pas. Jamais. L'enfance a fuit & elle est restée, elle ne s'est pas lassé du petit garçon trop doux, trop mou. Elle ne t'en veut pas. L'adolescence a été bercé de confidences, d'absence de méfiances. Les rires lézardent encore les murs, referment toutes les blessures, oublient les déchirures. Et puis, vous avez grandis, sans vous trahir, sans vous voir vieillir. La courbe de son sourire te fait courir après tous ses souvenirs, tous ses vieux jeux, tous les tendres aveux. La porte se ferme, se referme, ne laissant que le silence & l'amour sans patience, sans indifférence.  Combien d'années à s'aimer, se réparer, se garder ? Tu ne l'as jamais laissé filer, ni se dérober. Tu ne peux pas la perdre, elle. Tu ne pourras jamais la perdre.

« Oh, Aramis ! Je m’inquiétais tellement ! » , elle s'approche, se rapproche. Ton cœur s'élance, s'avance. Elle en a toujours un peu détenu. Dans sa douceur, dans les tremblements, tu sais sa valeur. Tu sais les vieilles peurs, les douloureuses rancœurs. Le matelas grince un peu sous sa taille fine, sous les failles divines. Tu souris un peu, tu t'inquiètes moins, tellement moins. « Tu n'en as pas besoin. », murmures-tu, dans ta faiblesse, dans tes fausses promesses. Tes yeux courent après les siens, tu te souviens. La poigne du roux sur elle, les bras de Draco qui se referment, qui l’entraînent. « Ils ne t'ont pas maltraités ? » , caresses-tu dans la douceur de ta voix. Tu n'as jamais été brusque, tu n'as jamais brûlé de cette froideur pour elle. Et dans l'éclat clair de ton regard, sous cette main chaude qui remonte, démonte toute la douleur, tu savoures. Tu ne sais pourtant pas lequel est le pire entre le roux & le blond. Qui des deux l'a le plus broyé, bousillé ? Tu es celui qui s'inquiète, qui répète les erreurs, les même peurs. Et peut-être que tu es plus rassuré lorsqu'elle demeure sous la baguette de l'insurgé. Peut-être que tu as peur qu'il la casse, qu'il la fracasse encore & encore, le prince capricieux, affamés par ses insolences & ses imprudences. Tu aurais dû claquer, ravager ton cousin pour l'avoir maltraité, abandonné. Tu aurais dû.

Les doigts glissent & elle sème la pagaille dans tes cheveux. La moue se fait boudeuse, peu victorieuse. Ton bras craque dans un grimace lorsque tu fais retomber la mèche. Le corps est tellement usé, abîmé. Tu as abusé. Tu as encore abusé. « Eh, tu détruis mon charme, là. », l'humour croasse sur les hésitations, les frissons d'horreur. La tentative est maladroite, peu adroite. Tu ne vas pas bien. « Comment te sens-tu ? Comment vas-tu ? » , la moue s'efface, elle te terrasse. La vérité est le jeu. Tu perds si tu mens. Tu perds si tu te perds dans tes travers. Égoïste fier, tu ne veux pas qu'elle voit ses plaies. Tu ne veux pas qu'elle réalise que tu as d'avantage perdu que vaincu. Tu te traînes, t’entraînes dans ses souffrances, dans le manque d'innocence. Le monstre s'enfuit, t'a déjà réduit en charpie. Il grignote, gigote. « Mieux. », souffles-tu. Pour autant, tu ne vas pas bien. Il paraît qu'il y a des stades de douleur, qu'il y a des peurs féroces, véloces. Il paraît que tu as peur d'avouer. Tu n'es pas si parfait. Tu ne parviens jamais vraiment à les protéger, à bien les aimer.

Sans doute, es-tu le pire.
Sans doute, qu'elle devrait te fuir.

Tu tousses un peu, la gorge sec, encore enflammée par les piqûres de la fumée. Ta main se tend, tremblante, vacillante. Le verre d'eau se porte à tes lèvres, noyant les vieux rêves. Vous avez tellement renoncés. Peut-être trop. « Pas vraiment bien. », finis-tu par la laisser gagner, s'approprier. Les voix s'élèvent de l'escalier. Ta mère hurle, s'allume dans les ravages de sa folie, de ses interdits. « Oh oh oh, Susanna, tu n'as pas passé le dragon encore. », le sourire se fait plus franc, plus insolent. Elle se fait chien de garde de tes bras, de tes draps. Tu te redresses, jette par-dessus les voix. « Mère, tout va bien, j'ai invité Susanna. », mens-tu, calcules-tu, la faisant grogner, grimacer. Elle se tait, ne sait pas que ses jours sont comptés. Et elle se dresse, se redresse, frôlant ton front du sien. Tu n'es pas effrayé, elle peut te toucher, t'aimer, semer les baisers contre ta peau, effacer tous les maux. Tes doigts se mêlent à sa chevelure brune, caressent la peau pâle de la nuque. Elle va bien, elle n'a rien. Un soulagement perce, te traverser, te renverse.

« Je suis fière de toi… » , et ça te fait tiquer, soupirer. Tu as échoué, il n'y a rien de quoi être fier. Il n'y a rien à revendiquer, toute à éradiquer. Tu claques ta langue, agacé, prince pressé. Tes doigts s'enfuient dans le dos, dans une caresse amicale, brutale puisque la toucher est tellement évident, tellement pressant. Puisqu'elle aussi, tu as peur de la voir s'enfuir. Dans sa voix glisse la magie de son être. Susanna est un peu de ses nymphes. Sa beauté sombre ne sombre jamais vraiment, jamais totalement. Et tu plies sous le poids de ses demandes, elle est la moitié de ce toi. Elle est l'amie d'enfance. Elle a tout subi, tu as mille fois détruis & pourtant, elle te calme, te désarme. Elle est fière. Elle reste indélébile, sensible. Et tu la serres à toi. Tu grondes en douceur, en lenteur ; «  C'est stupide, je n'ai pas réussi à la sauver. », crisses-tu, blessé, dépassé. « Je n'ai pas été là. ». Encore.

Tu avoues dans cette colère amère, dans ce chagrin qui martèle, te détériore & t'arbore. « J'ai échoué. », murmures-tu en la laissant s'échapper, s'envoler. Tu échoues toujours. Tu tombes cruellement, puissamment. Enfant, tu pleurais de ce don, de ses passions sanglotantes, sanguinolentes. Elle a vu tes larmes, elle a vu les armes. Tu t'es assassiné sous les drames. Tout ça n'a pas vraiment changer, ne peut pas tellement t'échapper. Un rire jaune claironne, détonne. Tu frottes ton visage fatigué, égratigné. Tu es tellement, tellement, tellement las. Tellement, tellement, tellement au bout de tes larmes. Tellement, tellement, tellement usé. Tellement brutalité, désarmé. Tellement, tellement, tellement fragilisé, désarmé.  Déjà tellement, tellement, tellement cassé.

Le courage a depuis tellement déserté ton visage. Le voyage s'est arrêté à l'autre bord du rivage, sur le bord de tes ravages. Tu voudrais juste t'arracher le cœur, ne plus entendre toutes ses douleurs. « J'ai toujours peur de ne pas être assez. », caresses-tu d'une voix lente, presque traînante. De ne pas faire assez. Nyss pourrait te quitter, t'oublier. Nyss pourrait juste encore te jeter, te piétiner. Le cœur bat, s'emballe. « Tu sais. Tu te te hais, hésitant, tremblant, tendant le bras pour frôler sa main, caresser, presser cette peau. Sa beauté est tellement fragile, tellement gracile. Susanna a été taillée pour être aimée, caressée. Elle n'est pas de ces princesses solaires, passionnelles & peu éternelles. Elle est de ces fantasmes sourds, lourds, crépitant sous l'overdose d'horreurs, de douleurs, de douceurs. On se noie pour l'aimer. On ne peut plus l'abandonner, ni renoncer. Tu n'as jamais renoncé à son amitié, à la beauté de cette tendresse fraternelle. Je pense à l'épouser. », la timidité frappe, s'amasse. Le cœur vacille, se ramollit. Elle sait, elle a toujours su. « Je veux l'épouser. », claques-tu d'une voix où se mêle l'ombre de tous les amours, de toutes les cours. L'urgence déborde de toi. Tu veux aimer à en crever. Tu veux l'aimer, la posséder, ne jamais y renoncer. Tu veux du temps. Encore du temps, toujours du temps. Et sous les ecchymoses, tu traces les courbes d'une addiction, d'une passion sur tes lèvres closes. « C'est sûrement ridicule, non ? Elle ne va peut-être pas accepter. », tu baisses les yeux, un peu honteux, un peu douloureux. ( Tu l'as abandonné aussi. Tu les as toutes abandonnés. ) ( Tu ne la mérites pas. ) ( Tu n'as jamais rien mérité )

Peut-être qu'il est trop tard.
Avec toi, il est toujours trop tard.
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Dès que tu l’aperçois, encore vivant, respirant le même air que toi, tu sens le soulagement glisser en toi. Il est en piteux état, mais ça tu t’en doutais, on ne sort pas indemne de pareille sort, absolument pas, mais il est vivant. Il est allongé là, heureux de te voir, aussi soulagé que toi. Inquiet. Tu ne peux pas en demander plus, tu ne sais pas te montrer plus gourmande, plus exigeante, envers la destinée, celle qui vous a toujours cruellement mis à l’épreuve. À travers des proches, des parents, incapable de se montrer à la hauteur, à travers une vie ingrate qui c’était toujours amusé de vos tourments. Tu t’es tant inquiétée pour lui, tellement que tu te réfugie près de lui, avec ce besoin irréfutable de le toucher, de vérifier que c’est bel et bien lui. Que sa peau est tiède et que son cœur bat. « Tu n'en as pas besoin. » Il raconte des bêtises et tu secoues doucement la tête, des mèches sombres menaçant de s’échapper de ta coiffure. Il ment. Évidemment que tu en as besoin. C’est là l’un de tes rôles, d’être son amie, de veiller sur lui, plus que sur son bonheur, tu considères avoir le droit de veiller sur son état physique, sur son état psychologique. Évidemment que tu t’es inquiétée, quel idiot. « Bien sûr que si ! » Le reste de tes inquiétudes se perdent dans ton regard, c’est lui qui ajoute du poids à ta réplique. C’est ton regard qui insiste avec un « as-tu seulement vu ton état, Aramis ?! » Mais non, il ne voit rien le bel homme, il n’a jamais rien vu. Pas plus sa beauté que ses qualités, il n’a jamais été conscient que de ce qu’il perdait et du peu qu’il possédait autour de lui. Il ne comprend pas que le perdre, ce serait comme de perdre une partie de toi. Il est un bout de ton âme, tout comme tu es un bout de la sienne. Un lien qui a dépassé les barrières du sang, quelque chose de précieux et de rarissime. Il est bien plus qu’un ami, plus que le meilleur, plus que le favoris, il est Aramis. Et ton inquiétude est contagieuse, un défaut que vous possédez tous les deux, le fruit d’une amitié durable, impérissable : « Ils ne t'ont pas maltraités ? » Sa question réveille un sourire sur tes lèvres, un frémissement incrédule et à la fois émue. Parce que même à travers la douleur, à travers les angoisses qui le déchire et la torture physique perpétuelle, il arrive à s’inquiéter de ton sort. Tu t’en veux aussi, terriblement, de ne pas être plus mal en point. De ne pas pouvoir pleurer devant lui, pauvre femme malmenée. Mais peut-être que tu as déjà trop pleuré Susanna ? Peut-être.

Alors tu lui caresse tendrement la tête, tu l’apaise comme tu le ferais avec un enfant, Scorpius si petit et abandonné de sa mère, un autre Aramis, plus petit. Mais pas moins précieux à tes yeux, jamais. « Je vais bien. » Et ton regard ne ment pas, pas plus que ta voix, faible mais sincère. Tu vas bien. Mais tu ne sais pas si c’est  bien, tu n’arrives pas à te décider. Peut-être ne le pourras-tu jamais. Surtout pas devant lui, Aramis au corps brisé, ton frère de cœur à l’intérieur écorché, ton meilleur ami au cœur émietté, ton confident à l’âme abîmé. Guéris-t-on des remords ? Des regrets ? Pas vraiment et c’est bien ce qui t’inquiète. Tu le connais Susanna, tu le connais bien, et tu sais qu’il s’inquiète assurément pour sa sœur, la si douce Guenièvre, mais aussi pour Nyssandra, l’amour de sa vie. Son âme sœur. Pourtant, malgré la douleur, malgré ses hésitations, il arrive à faire de l’humour. « Eh, tu détruis mon charme, là. » Tu en ris presque, mais tu ne sais que sourire quand il est dans cet état. Pas quand sa voix se brise à chaque nouveaux mots, pas quand son visage souffre, tout est assurément pire à l’intérieur, tu le connais assez pour savoir qu’il ravale tout ce qu’il peut. Il repousse au loin ce qui lui écorche l’âme, il ignore son corps douloureux, mais tu poses tout de même ta question. Pour savoir à quel stade il se trouve, pour voir à quel point tu peux véritablement t’inquiéter. Comment va-t-il ? « Mieux. » Un tout petit mot qui ne veut pas dire grand-chose et tu soupires, le visage défait, par la peur de ce qu’il traverse, par un remord monstrueux de ne pas pouvoir lui prendre un peu de sa douleur, de ne pas avoir la possibilité de le soulager. Pas mieux que Severus. Mais au moins son orgueil est-il intact et c’est là ta seule consolation. Jusqu’à ce qu’il tousse, tes mains cherchant aussitôt le verre, l’aidant à l’attraper, à le porter à ses lèvres.

Ton pauvre Aramis, ton pauvre ami, que tu couves d’un regard malheureux, inquiète comme une mère devant son petit malade. Jamais tu ne t’es présentée comme une future mère acceptable, jamais, mais face à lui, POUR lui, tu serais prête à tout. Et là, la gorge apaisée, il consent à se montrer honnête quant à son état. « Pas vraiment bien. » Mais tu ne lui reproches rien, absolument pas. Tu reprends tout simplement le verre, pour le reposer, ne le quittant que très brièvement du regard. Comme si de le fixer pouvait l’aider, mais tu as peur qu’en quelques battements de cils, son état ne soit pire. Ton raisonnement n’est plus logique, mais l’affection, l’amour, l’est-il seulement ? Non. Mais ça, tu réalises que sa mère ne l’a probablement jamais compris, cette femme qui hurle plus loin dans la demeure et tu as un bref instant de regret, pour ta propre mère. Pour la pauvre Delilah qui doit être totalement dépassée face à la folie de la Lestrange. « Oh oh oh, Susanna, tu n'as pas passé le dragon encore. » Tu aimerais rire à sa remarque, mais tu te contentes d’un petit air navré, un peu brouillon, parce que trop occupée à t’inquiéter de son état. Mais Aramis gère tout, il se redresse et déjà tu le repousse doucement contre le lit, sa voix s’adressant à sa mère : « Mère, tout va bien, j'ai invité Susanna. » Cette fois, tu souris un peu, reconnaissante et souffle un merci tout bas, un frémissement des lèvres, parce qu’il retombe doucement sur le lit, parce qu’il t’a toujours aidé ainsi, sans exiger de demande de ta part. Parce que c’est naturel pour lui. Alors tu te penches sur lui, presses délicatement ton front au sien et soupire, quand sa main glisse contre ta nuque. Là, vous êtes ensemble et c’est apaisant. Presque rassurant. Si seulement il ne souffrait pas autant. Si seulement tu pouvais prendre un peu de sa douleur. Et là, ça t’échappe, tu lui souffles des mots réconfortants, un aveu qui ne lui plaira assurément pas. Tu le connais assez pour ça. Aramis est dur avec lui-même, bien trop dur.

Il tangue, entre son refus de voir ce qu’il a fait de bien et l’envie de te croire, de te faire confiance. Il t’attire un peu plus près et sans te questionner, tu le serres doucement contre toi, de crainte de lui faire mal, mais avec ce besoin de le sentir plus près. Aramis est vivant. Aramis va vivre. C’est tout ce qui compte. Ron aussi est en vie. Le pire est écarté. « C'est stupide, je n'ai pas réussi à la sauver. » Déjà tu hoches doucement la tête, dans ses bras, tes doigts trouvant doucement son bras, où tu enfonces le visage. C’est faux. « Je n'ai pas été là. » Tu secoues à nouveau la tête, alors que tu fronces les sourcils. Il ment. Il a tout faux. « Ce n’est pas vrai. » Si la douleur vit dans sa voix, si elle s’est installée dans tout son corps, jusque dans son cœur, le bout d’âme qu’il a logé en toi, refuse de subir le même sort. Toi, tu crois en lui et tu ne cèderas pas. Jamais. « J'ai échoué. » Il a tort, tellement tort. Mais il a aussi mal, tellement mal. Tu le vois sur son visage, tu l’entends dans sa voix, tu le comprends dans cette façon qu’il a de détourner les yeux. Il meurt de honte devant toi, il se torture sous la culpabilité, sous les remords qu’il accumule dans ses bras, comme de précieux trésors maudits. Il les amasse autour de lui, il se fait roi des malheureux, prince des malheur, monarque sanguinolent et tu ne peux pas le lui reprocher, par Morgana, tu ne peux pas. Parce qu’Aramis a déjà tant subit, trop vécu, on l’a entaillé si souvent par le passé, même aujourd’hui. Tu ne peux que passer tes mains délicates sur lui, en tentant de remettre tout en ordre, de refermer les plaies tant bien que mal. Sauf que tu n’as pas assez de main, tu n’as pas même assez de larme pour les nettoyer toutes. Mais tu peux essayer et tu secoues la tête plus fort, te détachant de lui, tes mains trouvant les bords de son visage. « Non, c’est faux ! Elles sont vivantes, Aramis, elles vivent. » Il doit le comprendre, il doit se concentrer sur ce miracle.

La guerre floue les limites, il n’y a plus de noir ou de blanc, il n’y a plus que des teintes de gris. Rien n’est entièrement pure dans son manteau, rien n’est entièrement sombre, pas même Voldemort. Il est dorénavant impossible de gagner sans blesser qui que ce soit, sans faire du mal aux autres, mais plus personne n’est innocent. Il faut qu’il se le pardonne, il faut qu’il le comprenne et tu fronces les sourcils, avec cette impression de ressentir sa douleur en toi. Tu souffres avec lui, un peu du moins. Tu souffres de le voir aussi malheureux. Aramis va mal, alors ton âme se froisse un peu, timide écho de la sienne, de ce que tu laisses avec lui, toujours. « Les choses ont changés, il n’y a plus de victoire sans sacrifice, sans dommage, il n’y a plus de bien ou de mal, il n’y a que nuances. Que des dégradés. Tu as fait tout ce que tu pouvais, je le sais ! » Et tu es fière de lui, fière qu’il soit encore en vie, fière qu’il soit ici, chez lui, tout près de sa sœur. Fière qu’il ait combattu la douleur et qu’il sache encore te parler des autres, de combien il les aime à travers ses remords. Aramis mérite tant d’amour, il mérite tant d’attention et de promesse. Il mérite d’être heureux, il mérite tellement plus, il mérite ce que tu as obtenu, toi. Et si tu pouvais, tu le partagerais avec lui, ce bonheur qui couve en ton sein, qui se loge contre une petite médaille, entre tes seins. Une promesse de chaleur, de bonheur, pas tout de suite, mais plus tard. Qu’importe le temps que cela prendra, tu sauras attendre. L’espoir fait vivre et tu veux que lui aussi, il le trouve.

« J'ai toujours peur de ne pas être assez. » Son aveu t’atteint en plein cœur. Tu sens la secousse jusque dans tes mains, toujours contre son visage. Parce que tu comprends ce qu’il ressent, cette peur tu la connais bien, trop bien oui. Vos craintes sont jumelles, de détestables entités qui brouillent tout ce qu’il y a de meilleur. Mais devant toi, elle n’a pas lieu d’être, elle n’a pas le droit de se montrer, ni d’exister. Parce que jamais tu ne douteras d’Aramis, jamais. Tu lui livrerais ta vie sans craindre quoi que ce soit, peut-être que Ronald ne le comprendrait pas. Après tout, avec lui, tout est noir ou blanc, mais ta loyauté est pareille à la sienne : grandiose. Or, si tu n’as pas fait les mêmes choix qu’Aramis, si toi tu n’as pas désiré servir le Lord, tu n’en restes pas moins lié à l’homme qui souffre sous tes yeux. Et tu souffres avec lui, un peu plus fort quand sa voix traine douloureusement dans l’air, hésitante, chancelante. «  Tu sais. » Tu crains la suite, tu le supplies du regard de ne pas continuer, de ne pas te briser le cœur. Il a assez souffert, tu ne peux pas supporter qu’il se fasse plus de mal et déjà tu secoues doucement la tête. Ses mains trouvent tes mains et tu souffles quelques mots, en vain. « Je t’en prie… » cesse de te torturer. Cesse de croire que tu fais le mal, alors que tu cherches à protéger les tiens. Vous vous ressemblez bien trop tous les deux, à veiller les gens que vous aimez sans avoir à y réfléchir, qu’importe qu’ils soient bons ou mauvais, vos proches sont à vous. Mais il tient bon et la suite te surprend. « Je pense à l'épouser. » Tu bats doucement des cils, surprise, comme émergeant d’un rêve, pour retirer lentement tes mains de son visage, les déposant plutôt gentiment contre son torse, serrant doucement ses mains des tiennes. Tu sais de qui il parle, tu revois le visage de Nyssandra dans ton esprit et un petit sourire trouve le chemin de tes lèvres. « Il était temps… » plus que temps oui.

Tes craintes s’écartent doucement, laisse des sentiments plus nobles, plus réconfortant, prendre leur place. L’angoisse se tasse au fond de la pièce, avec la honte et les doutes. Il ne reste que du soulagement auprès de toi, une pointe d’amusement qui se presse à ta cuisse et le bonheur vaporeux, qu’Aramis ait enfin trouvé son espoir. Tu sais combien il aime Nyssandra, tu l’as toujours su. Il n’a jamais cessé de te parler d’elle, parfois pour râler, mais bien plus souvent pour te vanter sa beauté, son intelligence, sa bonté et sa droiture. Tu sais à quel point il l’admire, à quel point il a été jaloux pour elle, à quel point il a veillé sur elle, de loin, parfois de plus près. Pas toujours comme il le fallait, pas toujours avec les bons mots, rarement avec la délicatesse qu’exige les femmes, mais jamais elle n’a quitté ses pensées. Jamais. Et maintenant qu’il parle de l’épouser, tu sens la souffrance s’écarter. « Je veux l'épouser. » Le verbe est mieux conjugué et légèrement amusée, mais surtout fière de lui, tu serres doucement ses mains, les yeux brillants de quelque chose de tendre. Morgana que tu l’aimes, ce grand idiot au cœur ébréché, à des endroits bien trop similaire au tien. « Voilà qui est mieux. » Le verbe est plus joli ainsi, plus vibrant, mais déjà il se dérobe. « C'est sûrement ridicule, non ? Elle ne va peut-être pas accepter. » Il reprend ses terribles joyaux et courbe l’échine, s’enfonçant dans sa douleur, se drapant de sa torpeur. Et ça, tu refuses de l’accepter, encore moins de l’encourager.

Tes mains serrent doucement les siennes et tu fronces les sourcils, pour te pencher sur lui. Il est hors de question qu’Aramis rate, une fois de plus, sa chance avec Nyssandra. Tu te rappelles encore très bien de la soirée de fiançailles de ton amie, de votre amie oui, de combien il en avait été affecté et du temps que cela avait pris, pour ne serait-ce que panser ses blessures. Il ne recommencera pas. Pas cette fois. Pas avec toi. Pas si tu peux l’empêcher. « Je sais que tu la vois. » Tu te veux franches, à la fois douce et ferme, tes yeux sombres posés sur lui. Tu cherches son regard et le croise, un soupire s’échappant de tes lèvres. « J’ai passé la nuit avec Eris, évidemment elle m’a parlé de son fameux sorcier étranger, mais elle m’a aussi parlé de vous. Elle ne sait pas garder de secret et puis… j’avais noté des changements chez toi. » Il n’avait pas à te le dire, ça tu le comprends. Tu ne lui reproches rien, absolument pas. Toi non plus, tu ne lui as pas parlé de Ronald. À la fois pour le protéger lui, mais aussi pour protéger le cœur que tu cherches à faire tien. En attendant, tu mènes ses mains à tes lèvres, lui embrassant le dessus, tendrement. Comme pour l’apaiser, comme pour le rassurer, un « je suis là et je n’irais nulle part sans toi » qui n’a de sens que pour lui. « Elle ne dira pas non… et ça n’a rien de ridicule. » Cette fois, tu souris avec tendresse, sans hésitation, sans remord. Tu t’inclines même un peu vers lui, de l’espoir dans les yeux, de l’amour dans la poitrine, jusque dans ton ventre. Parce que quand tu penses à l’amour, au bonheur, un visage parsemé de tâche de rousseur te vient en tête, parce que les cheveux en bataille de Ron viennent te chatouiller le nez et qu’il te semble impossible de ne pas laisser cette vision te contaminer le cœur. Tu chuchotes la suite avec ferveur, pauvre folle guidé par l’espoir qu’il a niché en toi : « Tu l’aimes, Aramis. Tu l’aimes depuis si longtemps… » Et c’est tellement beau, tellement touchant de le voir l’aimer autant. Tu sais qu’il donnerait sa vie pour elle, mais qu’il ne saurait pas la vivre sans elle. C’est à la fois beau et tragique, c’est typiquement lui oui. Alors tu serres encore doucement ses mains, les yeux brillants plus forts. Humides. « Tu as le droit de l’aimer et tu as assez attendu. Tu l’as amplement mérité et vous serez heureux. Je veux que tu sois heureux. » Tu lui embrasses à nouveau les mains, tendrement. Comme une sœur. Comme une mère. Comme ce double qu’il devrait avoir dans le miroir. Tu es son reflet, n’est-ce pas ? Oui. Et tu lui accordes le droit d’aimer, tu l’encourages à se lancer. « Ara… tu DOIS être heureux. C’est un ordre, tu comprends ? » Et il n’a pas le droit de désobéir. Pas à celui-ci.
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