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sujet; Drink, drank, punk [Hecate]
MessageSujet: Drink, drank, punk [Hecate]   Drink, drank, punk [Hecate] EmptyDim 30 Aoû 2015 - 20:41

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Le regard perdu au fond de son shooter, Keziah était absorbé, comme hypnotisé par les reflets dansant à la surface du liquide ambré qu'il s'amusait à faire tournoyer à l'intérieur. Ils créaient comme de petits arcs-en-ciel sur la table, à travers le verre. C'était vraiment joli. Très joli. Et rigolo aussi, un peu, se fit-il soudain la réflexion avant de se mettre à  pouffer de rire dans sa barbe. « Hey, boucles d'or, au lieu de te bidonner tout seul dans ton coin, tu joues ? » Une grosse main tomba sur son épaule et Keziah releva alors brusquement la tête. Le monde se mit aussitôt à tanguer autour de lui. Un véritable patchwork de couleurs et de lignes indisctinctes se fondant les unes dans les autres ! Il dut cligner des paupières à plusieurs reprises avant de parvenir à faire le point sur le décors environnant, mais une question existentielle de premier choix s'imposa dans son esprit quand ce fut le cas. Qu'est-ce qu'il foutait là, au juste ? « C'est ton tour. » Le brouhaha des conversations lui revint lentement. L'odeur du tabac et de l'alcool, de la sueur aussi, et le son dur des chopes de bière heurtant le bois des tables. Il était dans un bar. Il ne se demanda même pas comment il était arrivé là. Il n'en avait pas la moindre idée et c'était à des lieux de l'intéresser.

Trois gaillards à l'air pas vraiment commode le dévisageaient. Ils avaient l'air d'attendre quelque-chose de sa part visiblement. Keziah jeta un œil sur la table autour de laquelle ils étaient installés et c'est seulement à ce moment qu'il se rappela avoir commencé une partie de poker avec eux. « Mes excuses. J'étais ailleurs ! » Il s'ébroua alors comme un chien pour se remettre les idées en place avant de faire glisser tous les jetons qu'il avait devant lui au centre de la table. « Tapis ! » chantonna-t-il gaiement, sans prêter attention aux regards carnassiers que ses compères échangèrent. Ils le prenaient pour un pigeon, un pauvre type complètement saoul qui ne savait plus ce qu'il faisait après avoir perdu déjà pas mal de gallions aux tours d'avant. Une proie facile en somme, et ils avaient misé gros ce coup-ci. Alors ils faillirent bien s'étrangler avec leur bière lorsque le blondin posa une quinte flush au pique sur le tapis. « Tadaaa ! Impossible ! Oh, c'est facile, il suffit de compter les cartes les premiers tours et d'attendre le bon moment. C'est impossible, personne ne peut faire ça. Ah oui ? Vous avez deux paires, non ? Et vous, continua-t-il en se tournant vers son voisin de gauche, vous n'étiez vraiment pas mal partie ! Vous attendiez l'as de cœur pour compléter votre quinte flush royale. Un nouveau gloussement lui échappa. Ma faute, désolé, je l'ai gardé quand j'ai coupé tout à l'heure. » D'un tour de poignet, il tira l'as de sa manche pour l'exhiber aux yeux de tous.

Un silence de plomb s'abattit autour de la table. Il n'y avait que Keziah qui pouffait doucement comme s'il avait fait une blague particulièrement drôle. Malheureusement pour lui, ses compagnons du soir ne partageaient pas le même humour. « Sale fils de troll. » Le plus solide des trois sorciers l'empoigna par le col, et en moins de temps qu'il n'en faut pour dire Quidditch, Keziah se retrouva sur la pointe des pieds, à souffrir l'haleine du gaillard. « Woh, oh, doucement. Tu te crois malin, l'artiste ? Plutôt, oui, c'est une de mes qualités. J'vais te faire manger tes dents par la racines, espèce d'enfoiré. » Non, vraiment, ils n'avaient aucun sens de l'humour !
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MessageSujet: Re: Drink, drank, punk [Hecate]   Drink, drank, punk [Hecate] EmptyLun 31 Aoû 2015 - 14:58

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-Vous comptez boire toute la bouteille?

Hécate jeta un regard qui en disait long à l'insolent barman qui avec un air patibulaire venait de poser devant elle une bouteille remplie d'un liquide au vert relativement inquiétant tant il était vif. L'absinthe avait ses qualités et Hécate les estimait grandement, ce qui expliquait pourquoi elle venait de demander à ce qu'on lui donne directement la bouteille au lieu de lui servir verre sur verre. Elle avait horreur de se répéter et ne comptait pas entretenir de rapports humains ce soir là, pas même pour redemander à boire.
Il était rare qu'elle boive à vrai dire voire même rarissime. La biture en bonne et due forme était réservée aux grandes occasions ou comme dans le cas présent, à un état mental proche de la deliquescence la plus totale.

Elle avait survécu à la bataille des rebuts.
Passé deux semaines dans le coma.
Avait affronté au cours de ce dernier un nécromancien tel qu'elle n'en avait jamais vu.
Perdu sa soeur de nouveau par sa faute.
Tué sa soeur, par sa faute.
Avait revécu la mort de cette dernière au travers d'une vision généreusement fournie par le fils Lestrange.
Passé sa visite de suivi à Sainte-Mangouste avec succès.

Succès. Quelle blague. Elle se sentait crever à petit feu. Son humeur était semblable à une porte blindée: on pouvait cogner dessus, pousser, tirer jusqu'à avoir l'illusion de l'avoir faite bouger d'un millimètre, elle restait en place, imperturbablement sombre, imperturbablement maussade, haineuse, dévastée. Seul Félix, dont les visites s'étaient rapprochées depuis leur rencontre à Sainte Mangouste, réussissait à la tirer de ses idées noires juste assez pour lui arracher un sourire, un rire. Mais à la seconde où le mangemort à la gueule d'ange quittait son appartement, les nuages sombres revenaient et Hécate sentait l'envie de briser des choses, de se lancer dans une croisade meurtrière.
Qu'ils crèvent tous.
Qu'ils crèvent pour avoir pris Léda, qu'ils crèvent pour l'avoir prise une seconde fois, pour avoir envoyé son âme en enfer, pour avoir tué une enfant deux fois, chose que même les marqués du niveau 2 n'avaient surement jamais fait.
Qu'ils meurent.
Hécate n'avait rien contre les né moldus. Rien contre les moldus d'ailleurs. Le système des rebuts ne lui avait jamais inspiré que du mépris. Mais les insurgés...ces guérilleros de pacotille aux valeurs aussi fluctuante que les marées et au sens de la morale aussi fuyant qu'un vent d'Ouest, elle les abhorrait.
Et pourtant, certains d'entre eux se battaient précisément pour leur survie, simple né-moldus qu'ils étaient. Hécate n'avait rien contre ce qu'ils étaient, tout contre ce qu'ils avaient fait. Et elle se moquait désormais pas mal de ce qu'elle serait amenée à faire pour qu'ils paient ses larmes et sa souffrance.
Un des grands paradoxes de la guerre. On blâme les autres pour des choses que nous faisons nous même, pleurons nos morts sans plaindre ceux du camp adverse, haïssons des personnes qui auraient pu être des amies.
Il faut peu de choses pour pousser quelqu'un sur la pente de la vengeance et Hécate la dévalait à toute vitesse. Elle n'avait plus de place pour la clémence car on implore pas la pitié d'un coeur en lambeaux.

Alors oui. Chartreuse ce soir. Le lendemain serait dur mais elle avait pris l'habitude de passer de plus en plus de temps dans son bureau, la gueule de bois ne serait pas dure à maquiller. Alors qu'elle laissait le liquide lui couler le long de la gorge - ce qui revenait en quelque sorte à avaler du détergent- elle entendit un remue ménage bien trop important pour elle, à la table voisine.

-Bon dieu, lâcha le barman, et ça commence...

Elle tourna la tête avec un froncement de sourcils. Elle avait choisi ce bar précisément pour rester tranquille, pour n'être dérangée par aucune de ses connaissances et ne rien avoir à penser, ce n'était certainement pas pour avoir à esquiver les tables et les chaises volantes toute la soirée. Alors qu'elle regardait les belligérants, visiblement aux prises à cause d'un partie de poker sorcier, ses yeux se plissèrent. Il y avait une voix dans le tas, qu'elle reconnaissait, elle n'en était après tout qu'à son deuxième verre.

"Woh, oh, doucement."
"Tu te crois malin, l'artiste ?"
"Plutôt, oui, c'est une de mes qualités."
"J'vais te faire manger tes dents par la racines, espèce d'enfoiré."

Une chevelure blonde et bouclée, une attitude insolente....Campbell. Keziah Campbell, aussi nommé "sa majesté des emmerdeurs".  Qui se trouvait visiblement en train mauvaise posture: eh oui, quand on voulait jouer les malins on finissait par se prendre un pain. Elle faillit se détourner. Faillit.
Sauf que quelque chose la perturba.
Campbell était un homme soigné, toujours bien vêtu et bien coiffé alors que signifiait cette attitude débraillée, cette barbe mal rasée? et surtout: pourquoi n'était-il pas aux côtés de sa fille à cette heure de la nuit?

La curiosité d'Hécate aurait pu être étouffée par son immense envie de fermer les yeux, pour une fois. A force d'investiguer tout ce qui l'intriguait, elle se mettait plus de fois que son tour dans de sales draps. Mais la question demeurait: pourquoi n'était il pas chez lui auprès de sa petite fille?
La jeune femme hésita. Un moment. Puis se leva et avança vers le petit groupe avant de sortir sa baguette sans une hésitation et de la poser sur la nuque du premier assaillant, qui tout occupé à stranguler Campbell, lui tournait le dos à elle.

-On se calme mon gars. C'est un débit de boisson ici, pas un débit de baston.


Les conversations s'arrêtent. Tout le monde se tourne vers la table de jeu. Une crevette d'un mètre cinquante cinq vient de dégainer sa baguette et menace une armoire normande faisant deux têtes de plus qu'elle et le triple de son poids. Du jamais vu. La voix rapeuse du joueur de poker retentit dans l'air alors qu'il se met à rire.

-T'es pas un peu jeune pour faire mumuse avec ce genre de jouets ma belle?
-Tu veux vraiment découvrir comment je m'en sers, mon gros?

La voix d'Hécate était plus froide qu'à l'ordinaire.

-Donnes moi une raison de te sectionner les cervicales.
-Baisse ton arme, sale pute. Baisse la ou je jure...
-Que quoi? Tu vas appeler la police? C'est moi la police, pauvre con. Alors à moins que tu ne veuilles te retrouver face à Lestrange pour lui expliquer ce qui m'a poussé à me départir de mon flegme tu vas le lâcher et surtout, surtout, fermer ta grande gueule avant qu'il ne me vienne l'envie de te faire avaler ta langue.

L'homme s'interrompit et elle sentit clairement sa nuque lourde et pataude se raidir. Ses deux comparses avaient sorti leurs baguettes mais semblaient hésiter à les garder levées. Eh oui. Travailler au niveau deux du ministère de la magie avait ses avantages et parmi ceux ci des relations assez haut placées pour se sortir de pas mal de situations épineuses. Avoir tué sa première victime à l'âge de 14 comprenait également un avantage: celui de n'avoir peur d'aucun débordement de violence. Hécate avait déjà tué. Et elle le referait si nécéssaire.
Le joueur lâcha doucement Keziah et leva les mains en l'air en signe de reddition.

-Fais pas de connerie...lâcha-t-il d'une voix sourde.
-Je crois t'avoir demandé de la boucler.

Elle saisit Keziah par le bras, constata sa démarche chancelante et lui jeta un regard à congeler Attila sur place, puis garda en joue les trois compères qui la regardaient maintenant avec des airs de dobbermans enragés. Hécate jeta un oeil à la table de jeu et déclara:

-Je n'aime pas plus les tricheurs que vous, les gars. Prenez l'argent, divisez le en trois. Nous, on part, ça me paraît être un marché équitable. Mais faîtes un geste de travers et je vous assure que vous prierez pour que je vous achève.


Sifflant tout bas, elle se pencha vers Keziah:

-Et vous vous êtes vraiment le roi des cons.

Elle recula de deux pas, saisit le bras de son compagnon de soirée imprévu et transplana.
Les deux réapparurent au milieu de Hyde Park. Le Londres moldu nocturne avait l'avantage d'offrir assez d'endroits discrets en cette fin d'été pour que chacun puisse y aller et venir quand il voulait être au calme. Hécate appréciait cette partie de la ville et savait qu'aucun membre de la brigade magique ne viendrait l'y interrompre. Repoussant Keziah contre un tronc d'arbre, elle applaudit trois fois:

-Bravo, très intelligent! couper les cartes et voler les as, même un babouin ne serait pas aussi stupide! regardez vous! une loque! c'est bien la peine de se pavaner au ministère si c'est pour s'échouer comme le radeau de la méduse à le première occasion! que faîtes vous à vous comporter comme un soulard à cette heure de la nuit?! je vous ai laissé en paix pour votre fille mais visiblement elle a besoin d'une baby-sitter! et ne me sortez pas vos couplets désinvoltes ou je vous castre ici et maintenant!
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MessageSujet: Re: Drink, drank, punk [Hecate]   Drink, drank, punk [Hecate] EmptyDim 6 Sep 2015 - 16:47

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Il y avait une règle d'or que tous les escrocs, les resquilleurs, les bonimenteurs, les voleurs et les menteurs professionnels connaissaient par cœur. Une règle fondamentale qui avait en quelque sorte assuré la survie de l'espèce depuis la nuit des temps : ne jamais ô grand jamais dévoiler sa ruse. Keziah l'avait appris dès l'âge le plus tendre et développé un talent évident dans l'art de duper son prochain. Il y avait toujours eu du panache et une certaine insolence dans sa manière de s'y prendre, mais jamais ou très rarement de l'inconscience. Jusqu'à ce soir. S'il n'avait pas été aussi ivre, il se serait sûrement demandé ce qu'il lui avait pris de balancer son petit tour la bouche en cœur. Les mots étaient sortis tout seul. Ils lui avaient échappés et, bizarrement, ça ne l'inquiétait pas le moins du monde malgré la posture délicate dans laquelle il se retrouvait. Frappe. Vas-y, frappe. Il s'en fichait. Il n'attendait que ça. C'était presque une supplique. Frappe, qu'est-ce que tu attends ?

_ On se calme mon gars. C'est un débit de boisson ici, pas un débit de baston.

Keziah cilla. Hecate Shacklebolt. Il reconnut sa voix instantanément. Il ne se demanda même pas ce qu'elle fichait là. L'espace d'une seconde il eut juste envie de se mettre à crier, de lui hurler de dégager, que ça ne la regardait pas, qu'elle n'avait pas à se mêler de ses affaires encore une fois. Il se sentait si mal tout d'un coup, si dégoûté de lui-même. S'il fallait qu'un gaillard deux fois plus épais que lui lui brise tous les os du corps pour lui donner l'illusion d'une certaine absolution, alors ainsi soit-il ! Mais même ça on le lui refusait. Le sentiment de désespoir qui venait de s'emparer de lui se volatilisa pourtant aussi vite qu'il était venu lorsque l'homme qui l'avait empoigné le relâcha et Keziah alla alors rapidement trouver refuge derrière son improbable bienfiaitrice – non sans manquer de renverser une chaise ou deux au passage.
S'il avait pu être sur le point de fondre en larmes une seconde plus tôt, il se sentait à nouveau d'humeur espiègle et joyeuse. L'alcool ne rendait pas juste son pas incertain, mais ses fonctions cérébrales toutes entières. Mille pensées se bousculaient entre les paroies de son crâne, de la plus anodine – était-ce un cheveu blanc ou un poil de chat sur la robe de Shacklebolt ? – à la plus intellectuelle – quelle était vraiment le lien entre la relativité générale et les principes quantiques applicables à la gravité ? Quand Hecate proposa aux trois sorciers de se partager l'argent, un « Hééé » digne d'un petit garçon indigné lui échappa tout de même mais il décida en son âme et conscience que cela non plus n'avait pas d'importance.

_ Et vous vous êtes vraiment le roi des cons.
_ Le roi des cons ? C'est tout ce que vous avez trouvé ? Les mots peuvent blesser vous savez...

C'est le seul trait d'esprit qu'il trouva à dire avant qu'une espèce de crochet à viande invisible ne le saisisse au niveau des tripes et ne l'entraîne dans un tourbillon. Quand il sentit à nouveau le sol se matérialiser sous ses pieds, l'atmosphère surchargée du bar avait disparu, remplacée par l'obscurité apaisante d'un parc désert. L'espace d'un instant, Keziah crut qu'il allait vomir. Il n'était pas vraiment en état pour un transplanage forcé, mais l'air frais de la nuit lui fit l'effet d'une claque et il parvint alors à inspirer un grand coup. Il heurta tout de même plutôt violemment l'arbre contre lequel le poussa Shacklebolt mais trouva la force de rester debout, ce qui représentait un petit exploit en soi.

_ Oooh, ça tourne. Vous pouvez pas prévenir avant de faire ça ?!
_ Bravo, très intelligent ! couper les cartes et voler les as, même un babouin ne serait pas aussi stupide !
_ Peut-être mais il fallait voir leur tête ! Répliqua Keziah, que le rappel de son petit tour de passe-passe fit à nouveau pouffer de rire.

Cela faisait moins rire son interlocutrice ceci dit. Elle non plus n'avait pas d'humour visiblement et Keziah finit par hausser les épaules face à ses reproches. Il ne comprenait pas pourquoi elle semblait prendre cela tellement à cœur. Elle était véritablement en colère, cela s'entendait à la manière dont sa voix grondait, mais elle n'en avait pas le droit. Elle n'était personne pour lui et, contrairement à l'héroïne pour laquelle elle semblait vouloir se faire passer, il ne la voyait absolument pas comme l'âme charitable l'ayant laissé en paix pour le bien de sa fille, mais seulement comme la harpie qui s'était mis en tête de mettre sa femme en prison...

_ Ma fille est chez ses grands-parents, en Irlande. Ça vous satisfait comme réponse ou il faut aussi que je développe ? Il valait mieux pour elle qu'elle ne reste pas auprès de moi, pas en ce moment, ajouta-t-il sombrement avant de détourner les yeux.

Il ne l'avait plus supporté. Louise était un véritable rayon de soleil. Il l'aimait de cet amour inconditionnel d'un parent pour son enfant mais ses sourires étaient devenus une torture, ses regards débordant d'innocence un constant rappel de sa culpabilité et du crime atroce dont il s'était rendu coupable. Pour elle. Pour la sauver il avait enfin fini par vendre son âme au roi des Serpents et s'apprêtait à lui livrer tant d'autres vies innocentes.

_ Vous ne me connaissez pas. Vous ne savez pas... Vous ne savez pas ce que je suis capable de faire. Ce que je dois faire. Lentement, Keziah tourna à nouveau la tête vers la jeune femme. Le sourire qui courba alors légèrement ses lèvres était emprunt d'une tristesse et d'une tendresse infinie. Pour une fois il ne se fichait pas d'elle et elle le voyait tel qu'il était vraiment peut-être pour la première fois. Vous êtes d'une naïveté incroyable, Hecate Shacklebolt.
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MessageSujet: Re: Drink, drank, punk [Hecate]   Drink, drank, punk [Hecate] EmptyMar 8 Sep 2015 - 12:53

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-Naïveté?

Le mot lui écorcha la bouche, lui infesta le palais comme un suc infect.Elle ne chercha même pas à déguiser son expression à travers laquelle suintait l'amertume la plus totale, le dégoût et une haine diffuse.

Naïve.

C'était ainsi que tous dans ce pays de malheur semblaient la percevoir, à l'exception de quelques rares individus à qui elle avait eu l'occasion de montrer l'étendue de sa "bonhomie". Comme une jeune sorcière petite, frêle, dotée d'une grande gueule et d'un tempérament volcanique mais dépourvue de jugeote et de l'esprit tactique et dur nécessaire à la survie en temps de guerre. Tous autant qu'ils étaient ils la prenaient pour une sauvageonne exotique, une sorte d'amazone sympathique mais légèrement limitée.
Elle le supportait en temps normal, tolérait ce manque de considération, chose qu'elle n'aurait jamais faite chez elle. Mais ce soir là, elle n'avait pas la moindre envie de se montrer conciliante et ce qu'elle ressentait avait dépassé la colère.
Hécate était lasse, elle était triste, seule, amère, et si fatiguée. Si épuisée. Son père la méprisait de toute la puissance de son âme, son frère n'écrivait plus depuis la mort de Léda et elle avait trop souffert de la mort de cette dernière pour pouvoir y repenser. La Louisiane quant à elle lui était inaccessible. Elle aurait pu leur écrire si elle avait cru une seule seconde que les lettres franchiraient la frontière. Ils auraient tous pu être morts, et elle ne l'aurait pas su.

Keziah Campbell n'était que la goutte faisant déborder un tonneau déjà rempli à ras bord. Et s'il ne lui avait pas offert ce sourire si peu caractéristique de sa personne, s'il n'avait pas montré ce visage si abîmé par la peine, elle l'aurait battu comme plâtre, lui aurait sectionné les tendons de la main directrice juste pour lui montrer ce que l'on récoltait quand on se fichait ouvertement d'elle. Mais elle ne trouva la force que de rire, d'un rire qui sonnait comme un grincement. Si elle ne riait pas, elle se mettrait à pleurer, et si elle pleurait, elle savait que jamais elle ne s'arrêterait. Les larmes, qu'elle n'avait jamais affectionné, semblaient couler sans en demander la permission depuis trois mois et sa propre faiblesse la révulsait. Alors elle se mit à rire.

-Ôtez moi un doute, Campbell: vous ne pensez tout de même pas être le seul dans cette ville à subir les conséquences de cette guerre? vous n'êtes tout de même pas stupide au point de vous penser exceptionnel?

Elle s'esclaffa et se passa une main sur le bas du visage avant de reprendre.

-Mon pauvre ami. Bienvenue dans le monde réel! Laissez moi deviner: vous venez de découvrir que nous servons un fou et qu'il vous forcera à tomber dans le terrier du lapin blanc avec lui que vous le vouliez ou non? mieux vaut tard que jamais.

Le ton de la jeune femme était devenu glacé.

-De ce que je peux voir, votre naïveté est la seule digne d'être mentionnée dans cette conversation. Je suis une femme de guerre, je sais exactement ce qu'entraînent les conflits civils et ce dont sont capables les hommes tels que le Magister. Vous n'êtes pas un guerrier, pas un soldat et vous n'avez pas l'habitude de saigner, encore moins de faire saigner les autres. Ne me jetez pas votre condescendance paternaliste à la figure, vous n'êtes pas sur votre terrain et je ne suis pas une fille de l'Elite.

Comme pour prouver ses dires, elle attrapa son couteau à sa ceinture et fit un pas en avant avant de le planter dans le tronc d'arbre, juste à côté de l'oreille de Keziah.
TCHAK.
Le bruit sec resta planer dans l'air alors qu'ils se fixaient. Leurs visages étaient désormais proches et il puait l'alcool. Il puait les regrets, les remords, l'angoisse, la défaite. Et Hécate peinait à se sentir triste pour lui car elle savait que si leurs situations avaient été inversées il l'aurait raillée pour ses choix de vie, pour ses faux pas et ses erreurs. Elle n'avait plus de patience et plus assez de compassion pour verser dans l'apitoiement sur le sort d'autrui. Et pourtant, il y avait dans les yeux de cet homme une sorte d'étincelle de désespoir, comme un appel à l'aide, comme un signal.

Je n'y arrive pas
Je ne sais pas quoi faire
Je ne sais plus


Elle le sonda du regard et souffla:

-Un conseil Campbell: quoi que vous deviez faire qui provoque chez vous une horreur aussi viscérale, cessez de vous apitoyer et commencez à réfléchir. Commencez à mobiliser ce formidable cerveau que vous possédez au lieu de vous comporter comme la majorité de vos compatriotes et de vous résigner tout en réclamant. Ne vous méprenez pas: je n'ai pas la moindre sympathie pour celui qui nous dirige, pas plus que n'apprécie nos pseudo combattants de la liberté. Je fais mes propres choix et si vous voulez être chose qu'une victime, faîtes les vôtres.  Sauvez ceux qui peuvent l'être, détruisez ceux qui vous détruisent. Si nos chemins se croisent sur un champ de bataille je ne vous ferai pas le moindre cadeau mais c'est ainsi que fonctionne la guerre et j'en accepte les règles.

Elle le regarda profondément l'espace d'un instant.

-Pour le moment, je vous parle non pas d'agent à citoyen, mais de femme à homme. Votre coeur semble être à la bonne place, Louise est trop pure pour avoir été élevée par un salopard. Alors reprenez vous et pensez à un chemin de Traverse pour vous sortir du marasme. Choisissez vos alliés, prenez le jeu en main, ou retournez vous faire étaler sur le sol par des piliers de bar. Vous avez le choix.

Elle le lâcha, récupéra son couteau et le rangea. Elle était de plus en plus fatiguée, ses traits se tiraient.

-Vous gagnerez le droit de vous apitoyer sur vous mêmes quand vous aurez pris vos premières claques et assumé vos premières décisions. A ce moment, je vous paierai même un verre. Sauf si bien entendu, vous avez pris la poudre d'escampette pour la forêt de Daeva. Auquel cas...vous aurez au moins le mérite d'avoir choisi un camp.
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MessageSujet: Re: Drink, drank, punk [Hecate]   Drink, drank, punk [Hecate] EmptyVen 25 Sep 2015 - 15:36

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_ J'ai dis que vous étiez naïve, pas que vous n'aviez pas de cicatrices ni que la vie ne vous en avait pas fait baver. Il y a une différence. Vous partez toujours au quart de tour comme ça ? C'est mauvais pour le cœur, vous devriez vraiment essayer de vous dét...

Tchak. La lame qui se planta dans le tronc à quelques centimètres à peine de son visage le coupa net dans son élan. Pourtant Keziah ne cilla pas. Il n'eut même pas de mouvement de recul. Seuls ses yeux se plissèrent légèrement, et du fond de son esprit remontèrent soudain les souvenirs de son enfance. Ceux du chant des sifflements des couteaux dansant autour de lui. Celui plus récent, aussi, de la voix de Mephisto à son oreille. Fool me once, shame on you. Fool me twice, shame on me. You made us a promise, this is for you to remember it. Ce n'était pas la première fois ces derniers jours que quelqu'un le menaçait de la sorte. La fine cicatrice traçant une ligne droite sous sa tempe jusqu'à son oreille en témoignait. Son frère la lui avait laissé, il y avait moins de quarante-huit heures de ça, en gage d'avertissement, scellant dans le sang et dans sa chaire la promesse d'une alliance renouvellée. Pour le meilleur et surtout pour le pire.

Hecate Shacklebolt se trompait sur son compte. Keziah ne réclamait rien, ne s'appitoyait plus malgré les apparences. Il avait fini de se boucher les oreilles et de faire semblant de ne rien voir. Ses yeux étaient grands ouverts et les hurlements du monde lui parvenaient aussi clairement que la voix de la jeune femme. Ce qu'il avait fait, il ne pouvait dorénavant plus le défaire. Il était trop tard. Son cœur n'était pas à la bonne place, non. Il ne l'avait jamais été. Il l'avait prétendu, des années durant, avant même que la guerre ne frappe aux portes de l'Angleterre. Il était parvenu à se vendre ce mensonge confortable dont il s'était fait un manteau, mais c'était terminé. Il l'avait accepté et c'était exactement ce qui lui rongeait le cœur. La certitude de sa propre lâcheté et de son égoïsme.

Tout va bien, je suis là. Tu peux lâcher prise maintenant. Tout ira bien.
Mensonges.

Les mots de l'héritère du Bayou auraient pu le blesser. À son âge, il avait largement eu le temps de prendre plus d'une décision difficile et la vie celui de lui mettre plusieurs paires de claques dans la gueule, pourtant Shacklebolt semblait déterminée à continuer de s'adresser à lui comme s'il avait été un enfant de six ans. Même lui avait du mal à se rappeler la dernière fois qu'il avait été si arrogant. Tout ça parce qu'il avait eu le malheur de la qualifier de naïve... Ce que les gens pouvaient être susceptibles, franchement ! La naïveté n'avait pourtant rien d'un gros mot, et c'était pourtant bien l'effet qu'elle lui faisait si elle croyait vraiment que "choisir un camp" avait le pouvoir de changer quoi que ce soit.

_ Oh pitié, fermez-la deux secondes, s'exclama-t-il soudain en roulant des yeux vers le ciel. Il n'y tenait plus. Vous êtes fatiguante et vous allez finir par me donner mal au crâne. La gueule-de-bois suffira pour ça, je vous remercie. Et maintenant, si ça ne vous dérange pas, j'aimerais bien retrouver un endroit où continuer à picoller tranquille puisque vous avez eu l'amabilité de m'emmener dans ce trou paummé. Où on est d'ailleurs ?

Joignant les gestes à la parole, Keziah se décolla brusquement de l'arbre pour jeter un œil aux alentours, oubliant par la même occasion que son interlocutrice se tenait à moins de quelques centimètres de lui. Ce qui devait arriver arriva alors. Lorsqu'il se cogna à elle, le blondin perdit l'équilibre. Son pied glissa sur les feuilles mortes jonchant le sol et il se ratrappa à la première chose qui aurait pu prévenir sa chute. Hecate, donc. Malheureusement, son gabarit n'était pas vraiment taillé pour retenir celui du langue-de-plomb et ils finirent par s'échouer tous les deux par terre dans la confusion la plus totale. Keziah tomba lourdemment sur le dos, Shacklebolt par-dessus lui. Il en eut d'abord le souffle coupé avant que le parfum de la jeune femme n'envahisse son espace sensoriel. Elle sentait bon, pensa-t-il.

_ Vous êtes directe dis donc... C'est le moment où on s'envoie en l'air, c'est ça ? ♥ Je suis sûr que ça nous permettrait d'évacuer un peu de toute cette tension qui plane entre nous, s'amusa-t-il sur un ton taquin.
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MessageSujet: Re: Drink, drank, punk [Hecate]   Drink, drank, punk [Hecate] EmptySam 10 Oct 2015 - 15:29

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Avant même qu'Hécate ne se rende compte de ce qui était en train de se passer, elle sentit Keziah faire un pas en avant, un pas qui se transforma rapidement en une chute que ni lui ni elle ne parvinrent à empêcher.
Hécate se sentit basculer avec un glapissement et s'écrasa avec un bruit mat contre le torse de Keziah, ce dernier gisant fort peu noblement sur un mélange de terre et de feuilles mortes.

"Vous êtes directe dis donc... C'est le moment où on s'envoie en l'air, c'est ça ? ♥ Je suis sûr que ça nous permettrait d'évacuer un peu de toute cette tension qui plane entre nous"

Son contact la révulsa. Il n'était pas laid, il n'était pas stupide, il n'avait rien de repoussant mais mais Hécate, d'ordinaire déjà farouche, ne supportait plus le moindre contact depuis déjà quelques semaines. Le sous entendu presque graveleux la fit se dégager brutalement et elle se remit sur ses pieds, livide. Elle ne voulait pas qu'on la touche, elle ne voulait pas qu'on la touche. Elle ne voulait pas de cette condescendance, elle ne voulait pas de ses plaisanteries. Pas ce soir là. Quoi qu'elle fasse, il la regarderait toujours comme une idiote à la langue trop bien pendue et elle ne pourrait jamais lui vomir à la figure la moitié de ce qu'elle ressentait à l'égard de sa nonchalance vomitive, de son arrogance congénitale et de son stupide demi sourire qui lui donnait perpétuellement envie de lui éclater la moitié des dents.

Hécate avait besoin de hurler.
Elle avait besoin de haïr.
Elle avait besoin de laisser sortir cette colère qui bouillonnait en elle depuis son réveil du coma, cet atroce sentiment d'impuissance, de faiblesse. Cette impression d'être une enfant grandie trop vite devant jouer dans la cour des grands et n'ayant pas le droit de ployer, pas le droit de réclamer des pansements ou une étreinte pour la consoler.

Furibonde, elle repoussa Keziah, frappant sa poitrine du plat des mains, avec l'intention discutable mais probable de l'envoyer s'écraser dans la fontaine du mémorial canadien, à quelques pas de là. Sa voix était plus aigue qu'à l'ordinaire alors que de sa petite taille, elle avançait sur lui.

-Espèce de sale con! pauvre CON! ça vous fait rire tout ça?! et vous me demandez de la fermer?! VOUS ME trouvez FATIGUANTE?! mais regardez vous! avec vos putains de costumes trois pièces et vos putains de bouclettes! Vous me faîtes CHIER Campbell! j'aurais du vous laissez vous faire écraser la face par ces trois brute, ça m'aurait détendu les nerfs mais non! trop bonne trop CONNE! vous vous foutez qu'on vous aide ou pas il n'y a que votre sale tronche qui vous importe! vos problèmes! vos douleurs!! vous crachez à la gueule de tout ceux qui se compromettent d'un côté ou de l'autre de l'échiquier, mais tout le monde n'a pas le luxe de pouvoir choisir! Allez donc crever si ça vous chante je ne sais même pas pourquoi je vous en empêche, vous êtes tout ce que je déteste!

D'une poussée, elle le fit reculer de plusieurs pas et fit demi tour, bien décidée à s'enfoncer dans le Londres Moldu. On était vendredi soir, les pubs seraient ouverts, la foule nombreuse dans les rues, et les épiceries ouvertes. Elle trouverait dans ces établissement de fortune au coin des rues passantes plus que ce dont elle avait besoin pour oublier et passer le cap de cette ignoble soirée. Furibonde, elle marcha un moment sous les lampadaires de Hyde Park sans même se demander comment ses petites jambes arrivaient à la porter aussi loin. Levant les yeux vers les immeubles luxueux à sa droite qui donnaient sur le parc, elle aperçut par la fenêtre d'un d'entre eux, au troisième étage, deux enfants affairés à jouer près de la fenêtre, soufflant des bulles dans l'air nocturne tandis que la voix de leur mère les appelait à l'intérieur. Les petits riaient, se moquant bien des remontrances, tout à leurs jeux enfantins.
Ils étaient heureux.
Innocents.
Hécate ne vit pas le nid de poule sous son pied et marcha dedans, trébuchant et s'écrasant la face contre la terre, sa cheville se tordant au passage avec une déflagration de douleur. Hécate étouffa un cri et tenta de se mettre debout, mais sa jambe céda sous son poids et elle ne put que claudiquer jusqu'à un arbre en dessous duquel elle s'assit avant de prendre son visage dans ses mains.

Si Campbell n'avait pas de raisons de se foutre joyeusement d'elle, à présent il en avait une, et une belle. Il aurait même pu l'attaquer, bien qu'elle doutât que ce fut son style. Humiliée, faible, incapable, elle massa sa cheville en essuyant rageusement les larmes qui perlaient sous ses paupières.
Elle pleurait beaucoup trop ces derniers temps et se dégoutait elle même de montrer une attitude aussi peu combattante face aux évènements. La Force Rouge avait beau l'avoir prévenue que nombreuses encore seraient les larmes, Hécate tenait à faire face dignement et elle n'y arrivait pas. Ou plutôt, elle n'y arrivait plus. La solitude la tuait à petit feu, elle n'était pas un être solitaire et ce combat l'épuisait, l'éreintait. Tout dans ce pays, était teinté de cynisme, Keziah Campbell en était la représentation parfaite. Hécate voulait le frapper parce qu'il arrivait encore à sourire, même faussement. Parce qu'il lui donnait l'image fantasmée d'un monde où la guerre n'avait encore rien ravagé. Ni les beaux atours, ni les regards taquins, les espoirs. Entendant des pas à côté d'elle et un parfum qu'elle avait senti juste quelques instants auparavant, elle renifla et lâcha sa cheville brusquement, passant son avant bras sur ses yeux en un geste sec de petite fille opiniâtre.

-Vous êtes content? murmura-t-elle d'un ton plus rauque qu'à l'ordinaire, j'ai été punie par le karma et j'ai perdu toute ma superbe. Mazal Tov. Ca vous fera une histoire à raconter à la taverne.
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MessageSujet: Re: Drink, drank, punk [Hecate]   Drink, drank, punk [Hecate] EmptySam 10 Oct 2015 - 23:34

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Keziah avait beau avoir conscience de son charme – trop même, probablement – sa proposition n'avait jamais rien eu de sérieux. Ce n'était qu'une blague idiote née de la cocasserie de la situation, une provocation facile. Trop facile. Pas une seule seconde il ne s'était attendu à ce que Shacklebolt rentre dans son jeu mais, ça, il ne l'avait pas vu venir. Il ne comprit pas tout de suite l'ampleur de la brèche qu'il venait d'ouvrir d'ailleurs. Quand elle le repoussa pour la première fois, il continua d'en rire innocemment en se redressant sur les coudes, mais la plaisanterie mourut rapidement sur ses lèvres dès lors que la jeune femme revint à la charge, furibonde, hurlant et frappant du plat de la main tout ce qu'il avait le malheur de laisser à sa portée. Hecate Shacklebolt n'était pourtant pas bien impressionnante. Ce n'était qu'un petit brin de femme, une crevette qu'il aurait facilement pu maîtriser s'il s'en était donné la peine. Mais Keziah fut trop estomaqué par le déferlement de haine exultant de la sorcière. Il parvint tout de même à parer quelques coups mais capitula rapidement et se recroquevilla alors sur lui-même, les bras enroulés autour de la tête.

L'adulte redevint alors l'enfant. Celui qui se refermait comme une huître face au bâton brandit par les grandes personnes. Keziah se trouva comme replongé des années en arrière, lorsqu'il attendait patiemment que le déluge veuille bien cesser de s'abattre sur ses épaules. Même quand il entendit Shacklebolt se redresser, puis s'éloigner, il resta encore un moment parfaitement immobile, ramassé sur lui-même comme un petit garçon. Elle ne lui avait même pas fait mal. Pas vraiment. Il ne garderait probablement qu'un bleu ou deux de son coup d'éclat, mais elle venait tout de même de battre le record en matière de le faire dessoûler. Lorsqu'il se redressa enfin, il l'aperçut plus loin, en train de marcher furieusement vers les lumières de la ville. Deux secondes plus tard, elle s'effondrait par terre et il n'eut même pas envie d'en rire. Il se sentait vide tout d'un coup. Étrangement apaisé aussi, paradoxalement. Tandis que la sorcière claudiquait pour se réfugier sous son arbre, lui se remit debout et passa une main dans ses cheveux pour chasser les feuilles mortes qui s'y étaient accrochées.

Il aurait peut-être du la laisser tranquille. Elle ne lui en aurait pas voulu s'il s'était contenté de tourner les talons et de partir dans la direction opposée. Elle aurait probablement préférée d'ailleurs, mais Keziah en avait décidé autrement. Elle s'était blessée, non ? Même s'il ne doutait pas une seconde qu'elle soit capable de se débrouiller seule, il n'allait pas la laisser comme ça. Parce que oui, malgré son caractère de cochon et les grands airs farouches qu'elle se donnait, Hecate Shacklebolt lui faisait penser à une gosse. Une gosse qui n'avait jamais eu la liberté d'en être une.

_ Vous êtes content ? J'ai été punie par le karma et j'ai perdu toute ma superbe. Mazal Tov. Ça vous fera une histoire à raconter à la taverne.
_ Ça pour une sortie ratée, c'était raté, je vous l'accorde, glissa-t-il avant de s'accroupir devant elle en sortant sa baguette de sa poche. Face au mouvement de recul qu'il crut deviner chez elle, il s'empressa d'ajouter : Ne soyez pas idiote. Si j'avais voulu vous jeter un mauvais sort je n'aurais pas attendu d'être si près.

Elle devait lui faire confiance. Au moins pour cette fois. Keziah n'était pas un grand spécialiste des sortilèges de guérison mais il en connaissait les bases. Sa mère lui avait appris certaines choses lorsqu'il était jeune mais, plus important encore, il était père d'une petite fille de bientôt huit ans avec un goût prononcé pour l'aventure, peu importe les conséquences. Autant dire qu'il avait eu son lot de bobos à prendre en charge et de larmes à consoler.
Sa baguette décrivit plusieurs cercles au-dessus de la cheville de Shacklebolt. À chacun d'entre eux, une douce sensation de chaleur devait lui donner l'impression d'envelopper peu à peu sa jambe. Si elle s'était cassé quelque-chose, il faudrait sûrement plus que ça pour faire entièrement disparaître la douleur, mais c'était déjà un bon début. Quand il eut terminé, Keziah donna un dernier coup de baguette et une attelle de fortune apparut autour du pied de la demoiselle.

_ Il n'y a pas de honte à pleurer, vous savez ? Se disant, il releva les yeux à la hauteur des siens. Vous en avez autant le droit que n'importe qui d'autre. Si vous gardez tout ça à l'intérieur, vous finirez par exploser.
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MessageSujet: Re: Drink, drank, punk [Hecate]   Drink, drank, punk [Hecate] EmptyVen 30 Oct 2015 - 0:27

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Hécate renifla et détourna les yeux alors que Campbell s'agenouillait près d'elle. Elle avait le coeur gros, la gorge serrée et l'estomac comprimé, mais elle refusait de pleurer. Pas devant lui. Devant personne d'ailleurs. Elle avait fait l'erreur de pleurer deux fois en public depuis son arrivée en angleterre et rien ne lui avait apporté plus de honte.
Les guerriers ne pleuraient pas.
Les princesses guerrières encore moi. On ne pleurait pas, on se battait.

Mais comment se battre? comment se battre face à tout ça? face à la mort d'un être aimé que rien ne ramenerait, face au sang versé, à l'épuisement, à l'hypocrisie d'une société entière, la malfaisance de tout un gouvernement, comment se battre contre une mère désormais proche de la lobotomie, contre un père proche de l'abus, contre un coeur proche de l'abysse?

Hécate n'arrivait pas à se battre, elle n'y parvenait plus. Comme une petite fille tentant de repousser un chien enragé à l'aide d'un baton, elle se bâtait contre quelque chose de plus fort qu'elle. Elle sombrait sans mot, se noyait sans un cri. La jeune femme avait cru que le coma serait le paroxysme de sa souffrance, mais cela n'avait marqué que le début de la descente aux enfers. A la colère avaient succédé la tristesse, le désespoir, la perte de volonté.

Hécate était épuisée. Elle n'y arrivait plus. Elle voulait retrouver les bras de sa mère, la voix de s grand mère, la chaleur de sa famille et de sa terre natale. Si elle avait eu un tant soit peu moins de fierté, elle aurait demandé, supplié qu'on lui accorde un passeport même temporaire pour les USA. Mais elle était trop orgueilleuse et abandonner la bataille en cours de route ne lui ressemblait pas. Campbell avait peut être raison sur certains points. Sur sa fierté trop mal placée, sur sa colère et son entêtement tout enfantins. Et lorsqu'il parla, elle se sentit craquer comme une porcelaine déjà ébrêchée que l'on aurait écrasée sous son talon.

"Il n'y a pas de honte à pleurer, vous savez ? Vous en avez autant le droit que n'importe qui d'autre. Si vous gardez tout ça à l'intérieur, vous finirez par exploser"

Il la regardait et alors qu'elle plongeait ses yeux dans les siens, elle sentit deux grosses larmes rouler sur ses joues. Il paraissait plus vieux. Elle se sentait minuscule. Petite fille déguisée en adulte, elle se comportait avec l'arrogance et l'assurance bravache des enfants perdus, de tous les gamins élevés avec ce que les anglo-saxons appelaient la "street logic". Hécate avait toujours été une petite tigresse armée d'un couteau faisant la taille de son avant bras. Et aujourd'hui, à ce moment précis, elle ne parvenait plus à jouer ce rôle. Alors face à cet homme qui était un père quand elle n'en avait plus, qui chérissait sa fille quand elle n'était plus qu'une disgrâce ambulante, face à cet homme qui souriait encore quand elle ne parvenait même plus à étirer les lèvres, elle se mit à pleurer.

Ca n'avait rien de glorieux, ce genre de pleurs. Les pleurs de désespoir n'ont rien de romantique, de romanesque, de beau: les pleurs de désespoirs se composent de maquillage dégoulinant, de reniflement, de hoquets disgracieux, de larmes ne voulant pas s'arrêter, d'yeux rougis et de cheveux en bataille. Elle avait l'impression que jamais les larmes ne cesseraient de couler. Que maintenant que le sceau de la résilience avait été brisé, elles se déverseraient pour toujours.

Elle était perdue, confuse. Que faire quand votre vie est sur une pente verglacée et vous emmenait droit au fond du gouffre? quand résister mettra en danger votre famille, quand vous serez jugée, condamnée, quel que soit le camp, que ce soit pour votre nom, votre sang ou vos actes? Hécate n'appartenait à aucun camp sinon celui des siens. Et elle aurait déjà déguerpi depuis longtemps si Virgile n'était pas là, garçon de 15 ans en pleine adolescence. Il avait besoin d'elle. Anna avait besoin d'elle. Rabastan avait besoin d'elle. Elle ne pouvait pas, ne voulait pas les abandonner. Mais que pouvait-elle faire? Quelle serait la prochaine étape dans le cirque britannique des horreurs? une éxécution d'enfants? des noyades publiques dans la Tamise, telle que la France les avaient pratiquées au cours du glorieux 18e siècle près de la région de Bretagne?
A cette pensée, elle repensa à la guerre qu'elle avait connue en Louisiane. Aux guerres. Elle n'avait jamais rien connu de tel que ce qu'elle avait sous les yeux en Angleterre. Ce fut la première chose qu'elle dit à Keziah.

-C-cette guerre...est folle. Ils sont tous..fous...ils se battent pour une question...de sang! de...pureté! ou pour une démocratie qui n'en était même pas une!! pour un régime qui utilisait des d-détraqueurs! et ils...ils tuent des enfants pour ça! tous! personne ne vaut rien dans cette guerre! Les insurgés ont pris ma petite soeur, les mangemorts prendront peut être mon frère! je ne peux qu'essa-essayer, d'empêcher ça! de rester au sommet! quand on est en bas...i-ici...ou ailleurs...on meurt. Je ne peux p-pas les laisser mourir...je ne veux pas...mourir...je n'ai même pas aimé..vécu...

Elle s'effondra, posant le front sur ses genoux. L'horreur de sa propre existence d'enfant soldat venait de lui sauter aux yeux.

-Je n'ai même pas vécu...sanglota-t-elle doucement.
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MessageSujet: Re: Drink, drank, punk [Hecate]   Drink, drank, punk [Hecate] EmptySam 13 Fév 2016 - 20:31

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Les yeux de Shacklebolt se remplirent d'eau et un seul battement de ses paupières suffit à faire rouler deux grosses larmes le long de ses joues, ouvrant enfin les vannes qu'elle avait du passer des années à calfeutrer. Jamais elle n'avait autant ressemblé à une enfant que lorsque ses bras s'enroulèrent autour de ses genoux et qu'elle ramena sa tête entre ses jambes. Si vulnérable. Si fragile. Si différente de l'arrogance à la fois solennelle et bravache qu'elle s'était donné tant de mal à lui vendre depuis qu'il l'avait rencontré. Pourtant Keziah ne cilla pas. Il ne dit rien. Ne posa pas non plus de main compatissante sur son épaule. Elle l'aurait probablement repoussé s'il s'y était risqué de toute façon, mais ce n'est pas par pudeur qu'il retint sa main. Il ne le pouvait pas, tout simplement. Il ne pouvait pas oublier qui elle était, ce qu'elle représentait. Aussi misérable et désemparée semblait-elle, elle n'avait aucun droit sur sa compassion. Ni sur sa cruauté. Hecate Shacklebolt n'avait pas choisi de devenir ce qu'elle était devenue. La vie l'y avait forcée, tout comme sa loyauté envers sa famille apparemment. Keziah ne pouvait que respecter cela. Lui-même n'avait-il pas sacrifié tout ce en quoi il croyait par amour ? S'il pouvait retourner en arrière, il n'était pas sûr qu'il agirait différemment, même s'il finirait sûrement par perdre les deux êtres qu'il chérissait le plus au monde à cause du crime immonde dont il s'était rendu coupable. Il soupira à cette pensée, avant de passer une main sur son visage puis sur sa nuque.

_ L'amour n'est pas ce qui vous sauvera. Il peut devenir à la fois la source de votre plus grande force comme de votre plus grande faiblesse, vous combler comme vous détruire du jour au lendemain. Ne vous fiez pas trop à l'amour. Sinon préservez-le aussi longtemps que vous le pourrez, peu importe comment. Ça en vaut quand même la peine.

Il força un sourire doux-amer quand elle releva les yeux vers lui. Ses paroles n'étaient pas vraiment les paroles de réconfort qu'on aurait pu attendre dans ce genre de situation, mais il n'allait pas lui mentir. Quant à la guerre... Il n'y avait rien de plus à en dire. La jeune sorcière avait dit l'essentiel et sûrement déjà compris depuis longtemps qu'elle ne devrait jamais cessé de se battre pour survivre. Contre les autres, mais aussi et surtout contre elle-même, ses désirs, ses peurs, ses faiblesses. Si elle ne trouvait pas le moyen, personne ne le ferait à sa place.
Keziah se redressa. Il tendit ses bras au-dessus de sa tête pour étirer son dos tandis que son regard balayait les environs et qu'il reconnaissait enfin les contours de Hyde Park.

_ Si vous pouvez marcher sans trop de difficultés, j'aimerais vous emmener quelque part pas loin d'ici. Et ne commencez pas à râler, ce n'est ni une taverne ni un club échangiste, ne put-il s'empêcher de glisser avec malice, mais le sourire qu'il lui décocha était si renversant de bonhomie qu'il aurait été difficile pour n'importe qui de refuser.

Il ne lui donna pas son bras pour l'aider à marcher. Il la savait trop fière pour cela et elle ne se débrouillait de toute façon pas trop mal toute seule. Ils avaient rejoint les trottoirs londoniens et avançaient en silence sous les fenêtres illuminées des immeubles victoriens depuis une dizaine de minutes quand les néons multicolores du London's Antique Penny Arcade vinrent égayer la monotonie des éclairages des lampadaires. Un petit attroupement était regroupé près de l'entrée, composé majoritairement de jeunes adultes grillant leur cigarette. Ignorant l'air sceptique de Shacklebolt, Keziah lui tira sa révérence pour l'inviter à entrer. À l'intérieur, ils furent accueilli par le brouhaha joyeux des conversations se mêlant aux cliquetis des automates, aux ronronnements des jeux d'arcade et à la musique légèrement dissonante des dizaines et des dizaines de machines mécaniques disposées un peu partout dans le vaste hangar. Un large sourire s'étira sur le visage de Kezih alors qu'il écartait les bras, comme s'il avait fait découvrir la caverne d'Ali Baba à la jeune sorcière.

_ Par ici, l'invita-t-elle à le suivre après avoir rapidement fouillé le fond d'une machine pour changer ses livres en penny et en avoir retirer quelques pièces. Les enfants en oubliaient toujours derrière eux. Il slaloma ensuite dans les allées jusqu'à un vieux baby-foot où il introduisit la monnaie récupérée, déclenchant aussitôt le mécanisme libérant une petite balle blanche. Vous savez jouer ? Ce n'est pas très compliqué : il suffit de mettre le ballon dans le but adverse en utilisant les manettes pour contrôler les joueurs. Je venais ici parfois quand j'étais jeune. Cet endroit existe depuis une éternité. Vous allez voir, ça va vous plaire !
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MessageSujet: Re: Drink, drank, punk [Hecate]   Drink, drank, punk [Hecate] EmptyMar 16 Fév 2016 - 19:59

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Elle l'avait suivi en silence, sans rechigner, trop absorbée par son propre abattement. Puis les lumières étaient devenues plus crues, les couleurs plus agressives et ils étaient entrés dans un endroit qui pour Hécate revêtit immédiatement un aspect presque sacré.

-...une salle d'arcade
, mumura-t-elle, sous le choc.

Elle n'avait vu un lieu semblable qu'une fois dans sa vie, à l'âge de 13 ans. Lors d'un concile avec les sorciers de la côte Ouest, le clan Sacré, mené par les Saint-Marc, avait envoyé une délégation à Santa Cruz, afin de discuter dans le calme et la chaleur de l'été, les conditions des alliances à définir entre la branche hispanique des mages américains, et la communauté vaudoue. Princesse héritière, Hécate avait été autorisée à accompagner sa grand mère et sa tante vers la ville, dont les sonorités lui avaient à l'époque évoqué exotisme et aventure.
Un soir que les adultes avaient prolongé les débats jusque tard dans la nuit, elle avait fait le mur et avait couru, oui couru jusqu'à la mythique promenade de la cité, the Boardwalk. Une gigantesque fête foraine permanente ou tout sentait le sucre, l'huile de friture, la barbe à papa. Hécate avait traîné dans ce monde de néons, petite gosse aux muscles saillants et à la ceinture de laquelle se tenait, sous son débardeur, une baguette, et un couteau. Ne jamais sortir sans armes. La règle était claire, mais elle avait tout de même eu cette nuit là un précieux moment d'enfance, alors qu'elle se précipitait dans une salle d'arcade moldue et dépensait l'équivalent de vingt dollars de jeux.
Simulation de course, tir, danse...baby foot. Elle avait tout essayé avant de manger deux hot dogs, une barquette de frittes et une énorme glace sur un ponton.
La plus belle nuit de sa vie.

Et Keziah était en train de la ramener, bien que faiblement, à la vie. Hécate s'approcha du baby-foot et le considéra. Puis doucement, très doucement, très lentement et presque trop lentement, ses lèvres commencèrent à s'étirer jusqu'à former un sourire. Elle rejeta la tête légèrement en arrière et empoigna fermement les poignées de la machine avant de fixer Keziah dans les yeux.

-Game on.

Les coups allèrent vite, un peu trop vite pour que les jeunes qui passaient devant eux puissent vraiment l'importance que ce jeu moldu, dépourvu de la violence de la guerre sorcière revêtait pour eux. Hécate fronçait les sourcils et pendant qu'elle attaquait elle perdait progressivement son apparence lissée de gouvernementale. L'alcool bu au bar avait fait son effet, la crise de larmes avait effacé une partie de son inhibition naturelle et peu à peu elle commençait à oublier. Oublier de se tenir très droite, oublier de tenir ses cheveux en place, oublier de ne pas jurer.
Elle passa une main devant son visage pour en chasser une mèche et d'un violent coup de manette envoya la balle dans les buts de Keziah.

-BUT! cria-t-elle.

Récupérant la balle sous la machine, elle la remit immédiatement en jeu et recommença à tourner les manettes comme si sa vie en dépendait. Pourquoi la vie n'était-elle pas toujours aussi simple? pourquoi devaient-ils se battre? pourquoi ne pouvait-elle pas avoir pour une fois dans sa vie, le beurre et l'argent du beurre?

"Et pourquoi pas?"

Ce n'était pas Shacklebolt qui était en train de parler à ce moment, dans un petit coin de sa tête. Pas St Marc non plus, trop attachée aux valeurs de son clan pour d'en détacher. Cette partie d'elle même, Hécate ne l'avait jamais entendue. Ne l'avait jamais écoutée. Elle n'avait pas de nom, pas de racines, sauf peut être ses entrailles, une rage d'enfant qui commençait à enfler dans le creux de son ventre.
Le feu de la révolte. La révolte de l'enfant obéissante, de la petite lionne dont les griffes avaient poussé trop tôt mais qui n'avaient jamais lacéré nulle proie qu'elle ait pu choisir.
Hécate était en colère. Enragée par l'état des choses, par les ordres, et les instructions.

"N'es tu pas une princesse? Depuis quand les princesses baissent-elles la tête?"

Elle n'était qu'une princesse. Pas encore reine. Et ici elle n'était rien.

"Pas encore, Kommanda, pas encore...sauf si tu décides de montrer les crocs."

Non. Impossible. Virgile serait en danger, tout le monde serait en danger à commencer par elle même. Elle ne pouvait pas se permettre de...

"Tu n'es pas née pour tenir compte des limites. Tu veux être reine? tu veux retrouver le goût du pouvoir. Commence par affirmer le tien. Tu n'es pas Hécate Shacklebolt. Tu n'es pas la fille de ce misérable vers de terre rampant, tu es née pour commander, tu es née pour défier. Casses tes chaînes. Brises tes entraves.

Elle ne pouvait pas. Hécate ne pouvait tout simplement pas.

"La vie est une jungle et l'humanité une meute. Tu es devenue la suiveuse d'une bande de loups. Quand les fauves s'inclinent-ils devant eux? quand ils sont lâches. Tu n'es pas lâche. Tu as le pouvoir.

Elle s'interrompit de jouer et considéra le baby-foot d'un oeil pensif, puis elle regarda Keziah.

-...vous êtes au bord du gouffre, pas vrai?

Il n'y avait aucun doute dans sa voix et il n'y en eut pas plus quand, regardant la balle rouler sur le jeu.

-...quoi qu'ils vous aient demandé de faire, vous pouvez l'empêcher.

Puis, inspirant, elle lâcha:

-On peut.

Elle vit qu'il ne la considérait avec toute la suspicion que peut ressentir un homme face à une telle déclaration mais maintenant que son cerveau s'était mis en marche, Hécate comme un automate, avait commencé à penser, à se pencher sur un problème très important: sa vie. Cette vie qui en était devenue si vomitive qu'elle avait fondu en larmes devant un homme qu'elle était sensée traquer. Ca n'avait pas de sens, plus de sens, cette passivité aveugle.

Léda était morte.
Morte.


Et rien ne la ramènerait jamais. Virgile pouvait être extrait du pays avec un peu de ruse, qui après tout sinon elle s'y connaissait en matière de camouflage et de guérilla? Quant à Rabastan...et les autres...elle pouvait les garder en sureté ils n'étaient que des individus.Et si elle appréciait les individus, le système en était venu à lui retourner l'estomac.
Elle était une lâche. Une sale petite lâche se cachant derrière son mal du pays, son deuil et ses indécisions pour retenir ses coups, retenir ses hurlements, pour se retenir de cogner dans les murs. Elle regarda Keziah, vit les cercles noirs sous ses yeux, l'attitude nonchalante de cet homme poussé à bout par une horreur qu'on lui imposait, comme on la lui avait imposée à elle depuis son enfance. Un homme sans sa fille. Bordel de merde. Combien de fois pouvait on voir un père dont l'enfant était en danger dans une vie, sans se sentir concerné? sans décider de faire un choix individuel? Combien d'enfants comme Léda seraient sacrifiés par un camp ou l'autre? Combien de jeunes gens comme Aramis flirteraient avec la mort? Combien d'hommes comme Rabastan seraient-ils brisés sur l'autel d'un maître fou à lier qui les tenait par les tripes et le manque plus que par une quelconque autre attache? Combien de personnes dans un camp et dans l'autre prendraient-elles des coups pour la vision malade d'un tyran?

Assez.
Assez avec ça. La guerre commencerait dans l'ombre mais elle était déclarée.

-Sortons. Faut qu'on parle, tous les deux. De vous...Keziah...à moi. Cat.
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