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« In our family portrait we look pretty happy. We look pretty normal, let's go back to that»
feat. Bill Weasley


Shell cottage. Comme une parenthèse au beau milieu de la guerre qui déchire l'Angleterre magique, la masure qui se dresse à quelques pas de la mer constitue une douce et agréable caresse. Ginny n'a pas été épargnée par la guerre, par les mangemorts, par la cruauté de certains de ces congénères au sang « pur ». Son sang à elle est pur également, mais elle aurait préféré qu'il ne le soit pas, pour n'avoir rien en commun avec ces monstres. Recroquevillée sur elle même, Ginny resserre légèrement sa prise sur ses genoux et colle son menton entre ces derniers. Un soupir lui échappe alors que son regard se perd dans les méandres du vaste océan. Le spectacle du couché de soleil sur la mer, ces teintes chaudes et ces éclats sublimes, réconfortent un peu la cadette de la famille Weasley. Mais même le plus beau et silencieux tableau demeure incapable de l'arracher complètement à la rancœur et à cette détresse constante qui l'habitent, ne lui laissant aucun répit.

Elle creuse le sable du bout de ses doigts de pieds graciles, presque machinalement. Sa retraite a shell cottage est apaisante, mais elle ne peut ni de doit lui suffire. Suite aux blessures qui lui ont été infligées lors de l’exécution des rebuts, Ginny a d'abord été menée au sein du repère des insurgés, où on lui a administré les meilleurs soins afin qu'elle se rétablisse rapidement et complètement. Mais la douleur physique n'était pas la seule à supplicier la jeune femme, et tous les insurgés pouvaient aisément le comprendre. On la laissa donc passer sa convalescence à shell cottage. Ginny parlait encore très peu, l'esprit et le regard ailleurs, mais elle y vola quelques instants de sérénité. Une sérénité qui l'aida à mettre un pas devant, puis un autre, et à vouloir très vite revenir à Londres afin d'apporter son soutien à l'effort de résistance. Mais, finalement, comme si elle était encore convalescente, selon des critères qui lui échappaient et que les autres refusaient de lui divulguer, il fut décidé qu'il était encore trop tôt pour qu'elle apporte sa contribution sur le terrain. Ginny fit des pieds et des mains, poussa Harry dans ses retranchements, s’éclipsa du camps en quête d'utilité, et trouva en son amie Emily une partenaire digne de confiance. Mais aucune mission en propre ne lui a encore été confié. Voilà près de deux mois que Ginny a été délivrée, mais elle reste aussi inactive que lorsqu'elle était une vulgaire captive. Elle n'a pas le luxe de se fondre dans le décors pour autant, et cela en devient littéralement un handicap. La rouquine a la désagréable impression, chevillée au corps, que les insurgés lui mettent des bâtons dans les roues. Par Merlin, pourquoi faudrait-il que d'autres vous jugent apte ou non à aller au charbon ? Pourquoi la volonté et la détermination de Ginny ne leur suffisent donc pas ?

Un frisson la prend alors que le soleil termine sa course par delà la ligne de l'horizon. Ginny est lasse de ce quotidien au sein des insurgés. Mais les épreuves qu'elle a traversé lui ont enseignées la patience. Extirpant ses doigts de pieds du sable, Ginny relâche ses genoux et pose les paumes sur la dune. Ses ongles s'enfoncent légèrement parmi les grains de sable alors que cet appui l'aide à se relever. Debout, elle époussette son jean d'un bleu délavé puis se frotte les mains minutieusement afin d'en déloger jusqu'au moindre grain de sable. Non sans un dernier regard vers l'horizon et le soleil déclinant, Ginny fait volte face pour rejoindre d'un pas pressé la masure où les siens ont élu domicile. Ses occupants étant affairés à des tâches inconnues, les lieux sont relativement calmes lorsqu'elle pénètre dans l'entrée. Ses prunelles furètent légèrement à l'intérieur et, ne voyant personne, la rouquine se précipite vers la chambre qui lui a été assignée. Elle ouvre tour à tour les tiroirs d'une commode en bois authentique et fourre d'un geste précis les vêtements qu'elle récolte dans un sac dont la contenance est plus grande qu'elle n'y paraît. Estimant avoir rassemblé l'essentiel pour un voyage dont elle ignore encore la durée, Ginny referme le sac à dos et en fixe une
bretelle sur son épaule.  

Elle souffle et se lance, franchissant la porte de sa chambre d'un pas déterminé. Elle rejoint l'entrée avec la plus extrême prudence, se faisant aussi aérienne et silencieuse que possible. Captive, elle a développé un art pour la discrétion et la dissimulation, tâchant aussi souvent que possible de se faire oublier, afin de fuir la violence et le vice. Elle franchit la porte, ramène légèrement son sac sur l'avant afin de faire glisser la fermeture éclair et en extirper un bonnet de tissu léger. Elle ferme et fixe à nouveau son sac derrière son dos, passant les deux bretelles et le réajustant d'un coup d'épaule. Puis elle enfonce son bonnet sur ses cheveux. Le sortilège éphémère que lui a enseigné June a cessé de faire effet alors que son regard se perdait encore dans les nuages rouges et orangés du ciel transformé par le soleil couchant. Ginny n'a donc aucune difficulté a cacher complètement sa rousseur sous le bonnet gris perlé.  

En quelques pas, elle s'est déjà éloignée de shell cottage. Ginny n'a pas de destination précise en tête, elle se dit seulement que n'importe où vaut mieux qu'ici et si elle doit tomber entre les crocs acérés de ces serpents de mangemorts ou entre les pattes poisseuses de leurs subalternes, au moins ce ne sera pas sans combattre. Et cette fois, personne ne lui arrachera sa liberté. La mort plutôt que l'abandon.

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Tout allait trop vite, beaucoup trop vite. Espérance avait maintenant un peu plus de deux mois, elle nous éblouissait de ses sourires et de ses babillements un peu plus chaque jours. Nous avions retrouvé Ginny, la famille était “presque” au complet même si elle serait à jamais amputé de deux de ces précieux membres. Même si elle était longtemps restée au campement des silencieux avec les meilleurs médicomages que nous avions chez les insurgés, je savais qu’elle n’allait pas “bien”. Mais je n’avais pas eu le loisir d’avoir une discussion avec elle. Elle restait fermée, évasive et je ne voulais pas la brusquée. Je comprenais à présent Finley, il était plus simple de s’occuper des autres que de sa propre famille lorsqu’il s’agissait de blessures “invisibles”. Tout comme Blair qui m’écoutait d’avantage puisque je n’étais pas son “frère”, Ginny devait se confier ailleurs, du moins je l’espérais sincèrement. Après tout ce qui lui était arrivé elle avait besoin d’en parler, même si cela me serrait le coeur de savoir que ce n’était pas à moi. Elle était la petite dernière et j’étais l’aîné, nous n’avions pas passé autant de temps ensemble que j’avais pu le faire avec Charlie ou même Percy mais elle restait et ça, jusqu’à ma mort, ma petite soeur, un membre de ma famille pour qui je donnerai tout. Malheureusement Ginny n’était pas ma seule et unique préoccupation. Les missions s’enchainaient. Molly semblait plus calme depuis la naissance d’Espérance mais nous ne pouvions pas la laisser seule avec le bébé et Fleur avait besoin d’un peu de repos. Les nuits étaient courtes et les journées épuisantes autant dire que notre vie avait pris un tout autre rythme. Etre sur-occupé ne me dérangeait pas outre mesure, cela m’empêchait de trop réfléchir, de trop penser à tous ceux que nous avions perdus, aux blessés et à tout ce que cette guerre avait entraîné. Aujourd’hui n’avait pas échappé à la règle sauf que c’était Fleur qui s’était chargé de transmettre les vivres de la dernière missions aux campements des silencieux, elle avait ainsi pu en profiter pour voir autre chose que les murs de notre maison. Molly ne m’avait appelé Arthur que deux fois, la présence de Ginny n’était pas anodine à son léger “mieux” et je m’en réjouissais. Après le repas j’avais du me rendre sur d’autres campements insurgés et reprendre contact avec Vincianne et son parrain. Nous allions tous les trois partir dans quelques jours, semaines et ce pour une durée indéterminée. Cela m’angoissait, beaucoup plus que je ne voulais bien le montrer. Laisser ma famille n’était pas dans mon idée première mais il fallait se rendre à l’évidence, pour gagner cette guerre il nous fallait un appui extérieur. La France et l’Egypte était deux pays ou nous avions des contacts fermes mais rien n’était gagné, loin de là. A la nuit tombée je m’étais assis afin de respirer juste quelques minutes avant de rentrer dans la chaumière. Il n’était pas rare que le bruit des vagues me permettent de faire le point, juste quelques minutes rien qu’à moi. Du moins je le croyais jusqu’à ce que des bruits de pas n’attirent mon attention. Baguette en main je cherchais du regard la personne qui s’approchait, elle n’était plus dans le périmètre de protection du fidélitas, c’était peut-être un rafleur. Etre semi-loup avait des avantages, mon ouïe, mon odorat et ma vue c’était vu amplifiée. C’est donc assez rapidement que j’avais repéré ma soeur. Je m’étais approché d’elle sans faire le moindre bruit. Etais-je surpris de la trouver ici alors qu’elle devait se reposer chez moi? Oui et non. N’étant pas devin je ne pouvais pas comprendre tout ce qu’elle pouvait ressentir et comme elle refusait de m’en parler je m’étais simplement efforcé d’être présent lorsqu’elle en avait besoin. J’espérais qu’elle finirait par se confier mais elle préférait la fuite. Je m’adossais à un arbre et annonçais ma présence par une simple question. Où comptes tu aller Ginny?   Nous devions parler, cesser de fuir les problèmes et les affronter. Nous étions sa famille, elle ne pouvait pas nous esquiver comme elle le faisait depuis son retour et en tant qu’aîné je prenais l’entière responsabilité de cette conversation qui devait avoir lieu tant pour elle que pour moi. Je refusais de partir en mission ne sachant pas ou elle était.
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« In our family portrait we look pretty happy. We look pretty normal, let's go back to that»
feat. Bill Weasley


Le soleil déclinant n'est plus qu'une lueur vacillante lorsque Ginny franchit l'extrême limite de la zone protégée par le fidelitas. Elle ne regarde pas en arrière, espère n'avoir jamais plus à faire demi-tour. Les années ont transformé la cadette Weasley. Elle n'a plus été aussi déterminée depuis longtemps. Elle retrouve tout juste le goût de prendre ses propres décisions et de croire en elle. Les mauvais traitements l'ont affaiblie et Ginny ne se réappropriera sans doute jamais vraiment la flamme qui brûlait jadis en elle, faisant d'elle une redoutable adversaire. Aujourd'hui, ses jambes tremblent alors qu'elle s'éloigne de ce qui s'apparente le plus à un foyer. Mais elle ne peut pas continuer à faire semblant plus longtemps. Les siens ne lui apportent pas le réconfort espéré. La peine inonde leurs regards alors qu'ils se posent sur elle. Fleur a sans doute été briefée par Bill, elle n'en demeure pas moins d'une douceur qui n'a rien de naturel en sa présence. Elle sent l'atmosphère se modifier lorsqu'elle passe une porte, et voit la sorcière prendre des pincettes là où avant elle tentait avec un enthousiasme épuisant de se comporter comme une grande sœur avec elle. Ginny constate les efforts déployés pour la mettre à l'aise, la volonté avec laquelle ils tentent de panser ses plaies. Mais là où elle devrait voir compassion et bienveillance, la rouquine ne distingue que pitié et condescendance. Et ses propres réactions face aux gestes de bonté la font vomir. Elle leur en veut à tous, sans comprendre exactement pourquoi, et s'en veut également à elle même d'être incapable de simplement accepter leurs égards. Elle ne se reconnaît pas, ne se reconnaît plus, dans la façon qu'elle a de répondre à la gentillesse par l'aigreur et la fuite.

« Où comptes tu aller Ginny?   » A ces mots, Ginny s'arrête et se raidit légèrement. D'un regard circulaire, elle scrute les environs, jusqu'à discerner son frère aîné. Adossé à un arbre, il la fixe d'un regard où se mêlent curiosité et colère. Non, pas de la colère. Ginny le dévisage longuement, sondant ses traits en fouillant dans ses souvenirs à la recherche des clés qui l'aidaient autrefois à comprendre Bill. Cet éclat qui luit au fond de ses prunelles brunes, Ginny le reconnaît soudain. Elle a vécu avec presque toute sa vie, avant d'être vaincue par les tourments et la rage. « Efface le soucis dans tes yeux, Bill. » Sa voix s'élève, douce et sévère à la fois. Elle serre ses poings autour des larges bretelles de son sac. « Je ne peux pas rester, mais tu n'as rien à voir avec ça. » Peut-il réellement la faire changer d'avis ? Contrairement à ce qu'elle laisse entendre, Ginny sait qu'il a cette capacité en lui. Ce n'est pas anodin si elle s'enfuit à la tombée de la nuit, sans un mot ni un regard pour les siens. « Alors laisse moi partir, et retourne prendre soin de ... » La voix de Ginny se brise, elle n'arrive pas à prononcer les mots suivants, pas alors que Bill la fixe de son regard implacable. Bill a toujours beaucoup impressionné son unique petite sœur. Elle ne lui a jamais dit à quel point ses faits et gestes comptaient pour elle. Le fait qu'il puisse être un modèle à ses yeux n'avait aucun intérêt à être énoncé à voix haute. Comme shell cottage, c'était un secret jalousement gardé, mais qui emplissait le cœur de Ginny d'une joie intense, et lui allégeait l'esprit à chaque fois que la fierté transparaissait dans les yeux de son aîné. Mais aujourd'hui, ce n'est plus à le rendre fier que la rouquine aspire. Alors qu'elle s'apprête à fuir comme une voleuse, elle espère simplement qu'il ne sera pas trop déçu. Son regard touche le sol. Elle a conscience d'être devenue une immense source de déception, elle, la sœur qu'il a fallu s'échiner à sauver trop longtemps après qu'elle ait préféré se laisser enfermer à Azkaban que d'être délivrée au moment opportun. Le poids brisé qui, désormais, n'est d'aucune utilisé à la résistance. Si seulement elle avait accepté d'être délivrée, si seulement elle avait su se montrer suffisamment égoïste pour ne pas laisser passer sa chance...

« Occupe toi juste de maman et d'Espérance. » Les yeux toujours rivés sur les cailloux, elle ajoute : « Fais en sorte que ta fille soit épargnée. » Ginny relève un regard brillant vers Bill. Elle a conscience d'éluder la question, mais elle n'a pas la force d'expliquer à Bill ce qui la bouleverse, ce qui lui donne envie de hurler tout en la condamnant au silence. Ginny inspire une grande bouffé d'oxygène puis retient sa respiration, verrouillant en elle même ce qui lui reste de courage. « Protège ce qu'il reste de la famille, » c'est dit, alors elle expire. « et laisse moi partir. » La rouquine, cachée sous son bonnet de laine, n'est plus la petite sœur souriante et énergique qu'il a connu. Ginny n'est que l'ombre, sombre et écorchée, de cette sœur qu'une vie cruelle a emporté.

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Comment ne pourrais-je qu’une seconde penser à mettre de côté un membre de ma famille? Savoir Ginny loin des nous pendant autant de temps avait été une torture de chaque instant, mais je n’avais jamais eu le loisir de montrer ma peine ou mon angoisse. Depuis la mort de notre père j’étais devenu “l’homme de la maison” celui sur lequel on compte, le pilier de notre famille vacillante. Je me devais d’être à la hauteur, un soutien pour ma mère, une aide et un model pour mes frères mais quel image avait donc Ginny de moi? Incapable de la sauver, de l’extirper de cette demeure et des mains de Parkinson. Voilà bien des questions que je refusais de poser à haute voix, même si j’avais pleinement conscience qu’un jour ou l’autre elles seraient énoncées. Mais la voir aujourd’hui, voir qu’elle tentait de nous fuir, nous sa famille, était aussi douloureux que de la laisser dans un camp insurgé ou nous n’étions pas. Son sac à dos sur les épaules, elle semblait bien décidée. Malgré moi je revoyais l’image de cette petite fille portant mon propre sac à dos lorsque j’avais quitté la maison pour rejoindre l’Egypte. L’angoisse de l’inconnue lié à l’euphorie de l’instant, lui-même mêlé à l’excitation de la découverte. Mais ou qu’elle souhaite se rendre rien ni personne n’attendait Ginny, nous étions tous là, famille, amis, connaissances... A Shell Cottage ou dans les camps alors pourquoi vouloir partir? Une chose était certaine, je ne pouvais pas la laisser faire. Ma baguette roulait entre mes doigts, réflexe que j’avais maintenant de naturel, toujours sur mes gardes, une simple question de survie. Elle observait autour d’elle, me cherchant. Je ne me cachais pas, bien au contraire. Je l’observais, l’écoutais ne pouvant pourtant répondre par l’affirmative à ses souhaits. Comment effacer le soucis, l’inquiétude de mon regard alors qu’elle voulait partir? Je la laissais s’exprimer, préférant mille fois l’entendre parler plutôt que de la savoir murer dans un silence destructeur. Je m’approche d’elle, d’un pas tranquille comme j’aurai approché un chaton qu’on tente d’apprivoiser. Je ne lui demande pas sa permission, elle se retrouve dans mes bras. Je l’étreins tout contre moi, respire son odeur, caresse son dos. Elle est là, elle est près de moi et j’attendais ce moment depuis des mois. Oui, bien sûr, je l’avais prise dans mes bras après avoir “raccourci” sa crinière lorsqu’elle était en flamme mais je n’avais alors qu’une jeune fille brisée, anesthésiée par toutes les souffrances qu’elle avait subit, aujourd’hui c’est bien ma soeur que j’avais dans mes bras. Même si ses cheveux n’étaient pas aussi long, même si elle conserverait à jamais des marques elle était en vie, debout et vivante dans mes bras. J’embrassais le dessus de sa tête comme l’aurait fait notre père. Sans le vouloir je lui ressemblais de plus en plus dans ces marques d’affections envers les nôtres.   Tu sais bien que je ne peux pas faire ça. Je me recule légèrement, la laissant reprendre son espace vitale. Pourquoi nous fuir Ginny? Je préfère que tu me parles, que tu me hurles dessus plutôt que de te voir fuir de la sorte. La fuite n’était jamais une solution, après la mort de George, Fred avait bien tenter de s’éloigner de nous tous mais fort était de constater que nous étions plus puissants en famille. Les Weasley, tous ensemble formait un tout quand bien même nos corps et nos âmes étaient meurtris nous restions debout car l’amour des nôtre nous faisait tenir. J’ai besoin de te savoir en sécurité, besoin de savoir que je peux compter sur toi. Et besoin de l’entendre même si ce n’était pas agréable, même si je savais qu’elle avait des raisons de m’en vouloir, elle devait comprendre qu’il lui serait plus profitable de m’en parler même si cela revenait à me blesser. Plutôt moi que mes frères. Alors vide ton sac Ginny, il n’y a que toi et moi. S’il te plait.  
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« In our family portrait we look pretty happy. We look pretty normal, let's go back to that»
feat. Bill Weasley


Avec patience et respect, Bill laisse sa cadette s'exprimer jusqu'au bout. Perçoit-il la détresse qu'elle tente maladroitement de dissimuler en fixant les cailloux à ses pieds ? Peut-il discerner le tracas dans sa voix, la brisure dans ses gestes, le poids sur ses épaules ? Comprend t'il à quel point la fuite est importante pour elle ? Obnubilée par ses propres émotions, déployant des trésors de volonté pour masquer les marques d'asthénie dans son comportement, Ginny peine à s'ouvrir à l'empathie. Ses propres sentiments, l'agitation dans ses veines écorchées vives, la submerge avec une intensité telle qu'il lui est presque impossible de s'ouvrir à un quelconque sentiment extérieur. Elle ignore que cette ouverture, cette connaissance des blessures d'un autre, pourrait l'aider à avancer, à faire le deuil des troubles qui saisissent chaque parcelle de son corps et de son âme. Ginny ne pêche pas par égoïsme, mais bien par négligence, et parce que la surcharge émotionnelle avec laquelle elle doit composer jour après jour l'empêche de raisonner correctement.  

Le regard légèrement hagard, elle observe Bill. Il s'approche d'elle avec une infinie prudence. Elle fronce les sourcils, et n'a pas le temps d'esquisser un mouvement de recul. Son aîné a été bien plus rapide qu'elle. Et il la presse désormais contre lui, d'une étreinte pleine de chaleur, se voulant rassurante. Sa main bienveillante se promène doucement dans son dos, et Ginny ne peut s'empêcher de fermer les yeux. Elle les presse davantage alors que la durée de cette étreinte s'étire. Ginny redouble de volonté. Son cœur se gonfle et s’alourdit à la fois. La torture est complète, brutale. Il y a dans ce geste d'amour véritable davantage de douleur que dans les jeux malsains de Pansy ou les sévices des Carrow. L'humain est capable de s'adapter, de s'habituer aux pires traitements, au point qu'il finit par les considérer comme la marque de référence. Ginny peine, sa gorge se serre et des picotements effleurent l'arrête de son nez pour se diffuser au coin de ses yeux clos. La rouquine ne peut se laisser aller, elle le sent, le sait. Le geste de Bill et ses marques de tendresse la déstabilisent fortement. Ginny n'a pas pu s'y préparer et la surprise la fige dans une attitude rapidement gagnée par la tension. Les émotions tourbillonnent dans son esprit et dans son cœur, et Ginny sent sa tête lui tourner prodigieusement. Malgré le trouble, elle s'accroche à une certitude. Elle ne peut pas rendre son étreinte à son frère, elle ne peut pas lui accorder le lâcher prise qu'il cherche à obtenir d'elle. Elle en est incapable. Laisser les émotions la submerger complètement, la noyer, n'est pas une alternative envisageable, et elle s'acharne à ériger plus haut encore le mur qui les retient enfermées.

Lorsque l'aîné des Weasley se détache légèrement d'elle, ses muscles se crispent, comme s'ils avaient deviné la nouvelle marque de tendresse à venir. Celle-ci est insidieuse, car lorsque les lèvres de Bill effleurent son front et y appose un baiser fraternel, c'est le père que ce geste lui rappelle. Ginny ne repousse pas immédiatement Bill, mais s'enfonce un peu plus dans cette douleur lancinante qui plonge plus profondément ses racines en elle tandis qu'elle se refuse à laisser éclater ses sentiments. Sa cadette est devenue livide alors que Bill s'éloigne juste assez pour pouvoir la regarder, non sans lui glisser calmement : « Tu sais bien que je ne peux pas faire ça. » Elle a du mal à contrôler son regard, la peine en a prit possession, et ses lèvres tremblent légèrement lorsqu'il ajoute :  « Pourquoi nous fuir Ginny? Je préfère que tu me parles, que tu me hurles dessus plutôt que de te voir fuir de la sorte. » Un souffle passe la barrière de ses lèvres, mais Ginny ne rend pas les armes. Elle lutte contre son cœur brisé, contre le besoin de chaleur qui la transit, maintenant que les bras de Bill ont cessé de l'envelopper. « J’ai besoin de te savoir en sécurité, besoin de savoir que je peux compter sur toi. » Les prunelles de la rousse se teintent d'une lueur vagabonde et furieuse à cette remarque. Mais elle contient sa pensée, incapable pour l'heure de mettre bout à bout des mots qui puissent prendre sens dans une phrase cohérente. «  Alors vide ton sac Ginny, il n’y a que toi et moi. S’il te plaît.   » Que croit-il ? S'imagine t'il que Ginny n'attend que sa permission pour agir ? Il ignore tout du chaos qui règne sur son âme. Combien de fois a t'elle voulu crier, s’époumoner, hurler au monde qu'elle existe ?  Et combien d'échos lui sont revenus en pensée, la faisant sombrer dans l'abîme de ses terreurs, de ses incertitudes, de sa folie ?

« Je ne peux pas Bill. » Elle résiste, se débat pour demeurer à la surface. Contrairement à ses états d'âme, le timbre de sa voix est clair et déterminé. Un tic lui fait néanmoins refermer légèrement les yeux, l'espace d'une infime seconde, indice fugace du combat qu'elle livre en son for intérieur. « Je n'ai pas de sac à vider. » Sous l'allure du mensonge éhonté se cache la vérité cruelle que Ginny ne peut dévoiler, même au plus âgé de ses frères. « Les reproches ne feront qu'attiser la peine, la douleur.  » Elle avale péniblement sa salive et lève un regard qui se veut serein vers Bill. Mais la tension fait tressaillir sa voix par instant. « Je n'ai pas besoin d'être protégée. Votre sécurité m'étouffe. » Une lueur vacillante pique subitement ses prunelles claires, qui se mettent à briller, pénétrantes et fragiles. « J'ai été livrée à moi même durant des mois, des années. Et subitement, il faut me garder en sécurité. » Ses lèvres parviennent à afficher un air résolu, et ses bras se croisent sur sa poitrine, cherchant la stabilité et le réconfort d'une stature qui se veut imperturbable. « Je ne fuis pas, je prend ma vie en main. »

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Bien sûr qu’il était égoïste de ma part de demander à Ginny de redevenir cette petite sœur qui m’avait tant manqué mais le temps n’était pas un luxe en ma possession. Je n’ignorais rien des sévices auxquels elle avait eu le droit depuis Poudlard jusqu’aux flammes d’il y a peu de temps et j’avais assez d’imagination pour avoir des images en tête de tout ce qu’elle avait pu subir. Pourtant je n’avais pu retenir cette étreinte, elle m’était presque vitale. Sentir son parfum, ressentir son cœur battre dans sa poitrine, tant de petits détails tangible qui me permettait simplement de respirer. Elle restait figée, presque froide, je ressentais sa respiration quasi-douloureuse et elle fit rapidement écho à la mienne. Provoquer pareil souffrance n’était en aucun cas mon but. Comment faire autrement ? La laisser s’enfuir sans rien dire ? Lui donner ma bénédiction d’aller se faire tuer un peu plus loin ? Jamais. Pas maintenant que nous pouvions veiller les uns sur les autres, pas maintenant que j’avais entre mes doigts un semblant de contrôle. Tout ne pouvait pas TOUJOURS m’échapper. J’étais déjà un grand frère protecteur mais ajoutez à cela ma condition de semi-loup et la perte de notre père et vous obtenez un cumul détonnant mais je savais que je pouvais être très étouffant, c’est d’ailleurs ce qu’elle me disait. Je n’étais pas obtus (pas toujours !), je comprenais mais il m’était très compliqué d’agir autrement. Nous n’étions pas que tous les deux, j’avais à ma charge femme et enfant maintenant et j’aurai aimé qu’elle soit présente, qu’elle joue son rôle de tante. Elle était ma seule sœur et si Gabrielle était également une tante pour Espérance à mes yeux ça n’était pas tout à fait la même chose. Ginny était un modèle de force, de courage et de ténacités faites femme. Malgré ses paroles, ses actes je savais qu’elle cachait de lourds et douloureux sentiments. Des rancœurs, des plaies bien trop à vif pour être laissées à l’air libre comme elle semblait le souhaiter. Je secouais doucement la tête de droite à gauche, non elle ne pouvait pas se taire. Tu peux et mieux que ça, tu dois. Malgré tout ce qui lui avait été fait, elle avait toujours sa langue, elle avait récupérer la liberté de tout dire et j’étais prêts à tout entendre. Ne me mens pas Ginny. Tes mots sonnent faux, tes gestes, ta respiration, tes yeux eux me disent l’inverse. Parce que tous les Weasley étaient d’atroces menteurs, notre nez s’allongeait au moindre petit mensonge même un simple vole de cookie ne passait jamais inaperçu ! Tu peux me reprocher tout ce que tu veux mais je ne te laisserai pas dire que nous nous préoccupons de toi et de ta sécurité subitement. Non, je ne pouvais pas la laisser sous-entendre que nous n’avions rien fait depuis toutes ces années. Elle aurait pu être sauvée bien plus tôt si elle avait accepté la main tendue à Poudlard au lieu de quoi, noblement, elle avait épargné d’autres élèves. Tu ne prends rien en main, tu fuis, tu fuis notre amour, notre présence, tu étouffes tes rancoeurs et tes douleurs et crois-moi ça ne vas rien arranger. Parce que je parlais en connaissance de cause, parce que j’avais toujours été l’aîné, le modèle qui ne montre ni ses failles ni ses réels besoins ou envies. Tu m’en veux, tu nous en veux à tous et je ne peux que le comprendre. Je conserverai toute ma vie la culpabilité de ne pas avoir pu te libérer plus tôt. Tu as le droit d’être peiné, de te sentir trahi. Tu as le droit d’exprimer tes sentiments et tu dois le faire peu importe la peine que cela entraînera parce que, saches le, ce qui me peine le plus c’est de te voir comme ça. Parce qu’elle peut se montrer forte et fière mais cela ne fonctionnera pas, pas avec moi. Tu n’es plus une petite fille, je ne peux qu’imaginer que tout ce que tu as traversé t’as transformé mais tu resteras toute ta vie ma petite sœur. Tu seras toujours essentielle à ma vie, c’est pour ça que je suis pesant, étouffant parce que je t’aime. C’est aussi pour ça que j’ai envie de te secouer te dire que nous n’avons pas été inactifs, te dire que j’ai cherché un moyen de te libérer… Parce qu’elle ne le saura sans doute jamais, tout ce que nous étions prêts à faire pour la libérer, tout ce que j’avais pu faire pour être certain qu’elle soit débarrassé de son tatouage quitte à tester des sortilèges de magie noire à user d’ancienne magie aussi douteuse que douloureuse. Parce que non, nous n’étions pas restés à Shell cottage à nous tourner les pouces. …te dire qu’il n’y avait pas une seule seconde ou tu n’étais pas dans nos pensées…
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« In our family portrait we look pretty happy. We look pretty normal, let's go back to that»
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Garder l'air impassible dans la douleur, Ginny sait bien le faire. On lui a enseigné, par le froid et la violence, des années durant, à afficher un air égal même dans les plus cruelles épreuves. Laisser voir sa détresse, sa douleur, revient à signer son arrêt de mort. Car les psychopathes qui l'on torturée auraient pris davantage de plaisir en la voyant se tordre, ils se seraient appliqués davantage, jusqu'à lui infliger la blessure ultime, le doloris qui serait venu lui arracher son dernier souffle de vie. Ginny reflue ces émotions qui souillent son âme, et s'accroche au regard de Bill. « Tu peux et mieux que ça, tu dois. » Elle se cramponne à sa voix. Son frère n'a rien à voir avec ces monstres qui l'ont bouleversée. Pourtant, ses lèvres bougent à peine, un léger tremblement les fait vibrer alors que Bill lui offre davantage de sincérité dans un regard qu'elle n'en a connu en plusieurs années de captivité. Mais elle est incapable de sourire, incapable de lui livrer les mots qu'il brûle d'entendre, et de sauter dans ses bras comme la gamine insouciante qu'elle était jadis. « Ne me mens pas Ginny. Tes mots sonnent faux, tes gestes, ta respiration, tes yeux eux me disent l’inverse.  » La rouquine, sous son bonnet de laine, déglutit légèrement. Certains signes ne trompent pas, et Ginny sait que ses émotions prennent trop facilement le dessus, contrairement à ses vœux. Depuis sa libération, les visages connus qu'elle retrouve, les mots qu'on lui susurre à l'oreille, certains gestes, la perturbent davantage que les souffrances qu'elle a vécu. Pour être plus exact, son corps a enduré la violence, s'est modifié à son contact récurrent, endurci, insensible. Son âme s'est accoutumée aux sévices, s'étiolant doucement sans y prendre garde. Et tant qu'elle était prisonnière de cette routine, Ginny endurait, se battait en son for intérieur pour ne pas se perdre complètement dans les ténèbres. Tout a changé le jour de sa libération. Les couleurs sont devenues plus vives, les gestes plus tendres, les regards chargés d'émotions qui ne trahissaient ni le meurtre, ni la souffrance. Alors malgré l'inflexibilité à laquelle elle s'était accrochée durant des mois, des années, Ginny a chancelé. Elle a laissé ces marques nouvelles de bienveillance s'immiscer en elle, par les nombreuses fêlures qui parsèment son être. Mais l'impact était trop soudain, le changement trop brutal. Ginny ne peut pas. Est incapable d'assimiler toutes les émotions qui l'assaillent. Elle tente de les refouler, d'ériger un mur en elle, afin de garder le contrôle. Ce peu de contrôle qu'elle a retrouvé, après plusieurs semaines à fuir le monde, à craindre les plaies qui recouvrent désormais son corps, à passer outre le feu qui a brûlé son être durant l'exécution des rebuts. Et ce contrôle, c'est tout ce qu'il lui reste. Elle ne peut imaginer ce qu'il adviendra s'il lui glisse entre les doigts.

« Tu peux me reprocher tout ce que tu veux mais je ne te laisserai pas dire que nous nous préoccupons de toi et de ta sécurité subitement. » Le regard de Ginny s'est voilé, perdue dans les méandres de ses pensées. Il retrouve subitement un brin d'éclat et revient percuter les prunelles brunes de son aîné. « Tu ne prends rien en main, tu fuis, tu fuis notre amour, notre présence, tu étouffes tes rancœurs et tes douleurs et crois-moi ça ne vas rien arranger. » Soutenir le regard de Bill est une épreuve, bien plus douloureuse que lorsqu'il s'agissait du regard de ces héritiers nantis qui l'ont persécutée alors qu'elle était rebut chez les Parkinson. Car Bill, malgré tout le mal qu'elle a subi, est son frère, son propre sang, son idole d'autrefois, lorsque le monde était moins cruel. « Tu m’en veux, tu nous en veux à tous et je ne peux que le comprendre. Je conserverai toute ma vie la culpabilité de ne pas avoir pu te libérer plus tôt. » Entre deux mots, Ginny trébuche émotionnellement. L'aveu de l'aîné Weasley n'a rien d’anodin.  « Tu as le droit d’être peiné, de te sentir trahi. Tu as le droit d’exprimer tes sentiments et tu dois le faire peu importe la peine que cela entraînera parce que, saches le, ce qui me peine le plus c’est de te voir comme ça.  » Chaque mot cherche à s'enraciner en Ginny, qui lutte en vain pour repousser la douleur de ces vérités épurées et tranchantes. « Tu n’es plus une petite fille, je ne peux qu’imaginer que tout ce que tu as traversé t’as transformé mais tu resteras toute ta vie ma petite sœur. Tu seras toujours essentielle à ma vie, c’est pour ça que je suis pesant, étouffant parce que je t’aime. » Un souffle plus vif échappe à Ginny. La dernière fois qu'on lui a fait un tel aveu remonte à avant la guerre. «  C’est aussi pour ça que j’ai envie de te secouer te dire que nous n’avons pas été inactifs, te dire que j’ai cherché un moyen de te libérer… » Les yeux de la rouquine se sont mis à briller, les paroles de son frère créant un terrible écho dans son âme. «  …te dire qu’il n’y avait pas une seule seconde ou tu n’étais pas dans nos pensées…  »

Une larme perle au coin de son œil droit, glisse sur sa joue, laissant un sillon sur son passage. Elle baisse les yeux, ses cils battent pour chasser l'intruse, perfide. Et lorsqu'elle relève les yeux vers son aîné, son regard est trouble, scintillant sous le poids des émotions. « Bill ... » Elle voudrait lui répondre, répliquer qu'elle l'aime aussi, terriblement, et que cet amour pour chacun des membres de sa famille a été une flamme dans l'obscurité. Elle leur en a voulu, elle a hurlé, intérieurement, pour qu'ils viennent la sauver, et a été blessée, chaque jour, à espérer qu'un Bill, un Charlie, un Fred, un Percy, et même un Ron vienne l'arracher à ses chaînes. Et malgré la peine créée par cet espoir vain, elle n'aurait rien été sans lui. Sans cet espoir, cette chimère, elle aurait baissé les bras dès les premiers jours, se serait éteinte psychologiquement pour résister à la douleur. « Si je suis encore ta petite sœur, c'est grâce à vous, chacun d'entre vous. » Son timbre est bas, sa voix est à peine plus qu'un murmure. Les mots qu'elle s'apprête à prononcer sont restés longtemps coincés dans sa gorge. Seul l'amour dans les yeux de Bill est assez fort pour déverrouiller le cadenas qui bloque leur propagation. « Vous avez toujours été dans mes pensées, vous aussi. » Chaque son lui coûte, lui rappe les cordes vocales. « J'ai espéré si fort que vous veniez me libérer. » Sa voix meurt sur ces derniers mots. Pourtant, Ginny n'en a pas fini, elle n'est pas au bout de ses aveux. Elle lève la main, agrippe le bras de Bill, et plonge son regard en lui, cherche la force dans son contact. « Vous en vouloir, vous reprocher de m'avoir abandonnée, c'est si facile. » Elle fronce les sourcils, peinée, et une nouvelle larme roule sur sa joue. « La vérité, c'est que sans vous … je me serais perdue. » Comme une image à ses paroles, elle perd son regard sur la veste que porte Bill. Ses doigts s'accroche davantage, pincent presque son bras lorsqu'elle le tire à elle. Bill est si proche désormais, elle sent la chaleur de son corps contre son visage, n'aurait qu'à avancer de quelques millimètres pour venir se blottir contre lui.

« Aucun esprit sain ne peut survivre à ces tortures. Elles nous arrachent une partie de nous même. » Toujours sans lever les yeux, sans oser confronter le regard de son frère, Ginny poursuit : « Certains disparaissent pour survivre. Leur corps est toujours là, mais leur esprit est … parti. » Elle avale péniblement sa salive, sent les larmes souiller ses joues diaphanes. Puis relève subitement les yeux, pénétrant les prunelles aimantes de son aîné. Elle agrippe de sa main libre le vêtement sur son torse, et se presse contre lui. « Je me suis battue, pour les gens que j'aime, parce que je savais que vous étiez là, quelque part, à vous battre pour moi. Je l'ai toujours su, Bill. » Cette fois, les larmes la submergent totalement, et elle se blottit contre son frère, enfouissant son visage sous son menton, pressant sa joue contre son torse. Elle n'est plus assez forte, aujourd'hui, pour refouler ses sentiments.
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C’était étrange, douloureux, le loup en moi grondait sans que je ne puisse faire quoi que ce soit. Je serrai les poings, mes phalanges blanchissait à vue d’œil, l’envie de frapper, de mordre brulait tout mon être. Je doutais pouvoir retenir une telle violence si j’étais en présence du moindre membre de la famille Parkinson en face de moi. Simplement imaginer les tortures infligés à me petite sœur me donnait envie de vomir et nourrissait le loup d’une haine bileuse (sans mauvais jeu de mot) qui devrait être un jour rassasié. Cette impuissance que je ressentais face à ma petite sœur me vrillait le cœur et m’enserrait l’estomac. J’avais l’impression d’être gauche, maladroit, de mal faire, mal agir, d’être trop, de ne pas être assez, en bref de tout faire de travers. Je ne pouvais m’empêcher de tendre l’oreille sur le moindre battement de son cœur, cillement de cils, tout était prétexte à tenter de la comprendre, tenter de l’aider. Sa respiration, sa déglutition parfois difficile me rendait bien plus nerveux que je ne voulais bien le montrer. Je suis né en premier, je suis l’aîné, j’ai l’habitude mais pas du rôle de père, je ne peux me substituer à notre père, c’est trop douloureux, je n’ai ni la carrure ni les réflexes adéquates et j’ai l’impression d’envenimer la situation. Alors oui, je suis devenu acteur de ma propre vie, comédien, pantin désarticulé soumis aux aléas de la vie. Mais le contrôle factice que j’arbore ne fait qu’envenimer la situation au plus profond de mon être. Parce qu’il y a bien longtemps que Bill n’est plus seul dans son corps, il y a de longues années maintenant que je partage ma vie avec une bête qui jamais ne sera contrôlable. Mais c’était mon combat, mes guerres intestines dont personnes et surtout pas ma famille ne devait en subir les conséquences. Voilà qui ajoutaient à ma culpabilité envers Ginny, cette impression de la décevoir quoi que je puisse faire. Je lui avouais mes remords, mes regrets mon sentiments puissant de responsabilité quant à la lenteur de sa libération, déposais sur ses épaules un fardeau de plus, un poids de trop ? Pourtant ses mots me rassurent autant qu’ils m’attristent. Je supporte avec difficulté de la voir dans cet état. De voir ses yeux baignés de larme sans pouvoir l’étreindre et les sécher d’un simple câlin comme avant. De soigner ses blessures par des « bisous magiques » comme savait si bien le dire nos parents. Mais les plaies étaient trop profondes et les émotions bien trop fortes. Cela ne m’empêchait pas de la couver du regard, de lui apporter tout le soutien possible au travers du moindre de mes gestes. Je la laisse s’approcher, serrer mon bras, ma veste. Tout est à elle. Ma main, chaude se pose sur sa joue et de mon pouce j’efface la moindre trace du passage d’une larme. Nous serons tous présents pour toi, pour t’aider à te reconstruire.   Parce qu’il était inconcevable de la laisser s’éloigner de nous parce qu’elle avait perdu une part d’humanité sous les coups et les réprimandes de monstres. A ton rythme.   Parce que je pouvais être pressant et que j’en avais pleinement conscience. Mes bras s’enroulent autour d’elle. Je l’étreins avec une grande douceur, l’emprisone de tout l’amour dont je suis capable et embrasse le haut de sa tête. Tu as toujours été une fille très forte Ginny, un feufollet, une tornade blanche et ça rien ni personne ne pourra jamais te l’enlever.   La seule fille des Weasley aimé, choyé par les siens mais terriblement forte, presque garçons manqué si elle n’avait pas cette beauté si particulière qu’on les dames. J’ai besoin de toi, tout comme n’importe quel membre de notre famille. Tu es un modèle pour Espérance. Ma fille, mon ange. Maintenant tu dois te battre avec nous. Je ne t’exclurai pas des missions, des combats mais promets-moi de ne jamais te mettre en danger inutilement. Promets-moi de toujours tout faire pour revenir à la maison. De vivre, de survivre. Une de mes mains frottait doucement son dos. Je la laissais pleurer de tout son saoul entre mes bras. S’il te plait, rentre avec moi ce soir, ne pars pas sans rien dire aux autres.   Je pourrais, bien sûr leurs mentir, dire que je l’avais moi-même envoyé dans un camp d’insurgé afin qu’elle reprenne confiance en elle et en ses capacités mais j’étais un piètre menteur quand il s’agissait de quelqu’un d’autre que moi. Notre mère ne méritait pas un autre départ, pas de façon aussi brutale. Je vais devoir m’absenter et j’aimerai te l’expliquer mais pas ici… rentrons… ensemble.   J’étais parfaitement capable de la contraindre, là dans mes bras elle n’avait aucune porte de sortie possible mais je ne voulais pas l’obligé à quoi que ce soit même si une réponse négative serait douloureuse.
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La faille est là, béante et dévastée. Elle laisse s'écouler les larmes de Ginny, simplement. Les souffrances subies ont eu raison de sa volonté. Les yeux de son frère également. Elle ne peut plus, ne veut plus se battre contre les siens. En se blottissant contre Bill, elle fait la paix avec cette partie d'elle même qui lui en a voulu, leur en a voulu à tous, de manière irraisonnée. Elle enterre la hache de guerre, pour un soir au moins. Car elle a juste besoin de soutien, de la paume de Bill sur sa joue, pouvoir ainsi relâcher la pression, cesser de griffer, hurler dans le vide, de se battre dans cet immense trou noir qu'est désormais son esprit. Du bout du doigt, son aîné chasse une larme. Il fait rempart, et Ginny sent sa poitrine se gonfler, soulevée par ce sentiment dont elle a perdu l'habitude. Elle peine à se souvenir du sens qu'il emprunte, de tout ce qu'il représente. « Nous serons tous présents pour toi, pour t’aider à te reconstruire. »  Quelques instants auparavant, un rictus fade se serait immiscé sur ses lèvres, et elle aurait rejeté en bloc la compassion de Bill. Elle aurait fait barrage pour qu'aucun sentiment ne l’atteigne, pour ne pas faillir, ne pas laisser ses faiblesses et ses insécurités reprendre le dessus. Mais la finesse et la bienveillance de son frère ont eu raison de ses piètres défenses. Bill a beau être bourru par instant, il n'imagine sans doute pas toute la tendresse qui émane de lui naturellement. « A ton rythme.  » Un autre ne serait pas parvenu à un tel résultat avec elle. Mais lui … Ginny ne s'explique pas la facilité avec laquelle il a renversé la situation. Elle ne se sent plus la force de fuir. Elle n'aspire qu'à profiter de ces instants d'infinie douceur. Au beau milieu du vacarme qu'est sa vie, le répit que lui offre son aîné est providentiel. Et elle chérit cette offrande, cette aide accordée sans retenue.

Elle se presse davantage contre Bill alors qu'il lui offre la protection de ses bras. Elle frissonne lorsqu'il dépose un baiser sur son front, paternel. « Tu as toujours été une fille très forte Ginny, un feufollet, une tornade blanche et ça rien ni personne ne pourra jamais te l’enlever.   » Les larmes continuent à couler contre ses joues, mais ses sanglots se sont légèrement calmés. Elle échappe néanmoins un hoquet à ces mots. Pourras t'elle redevenir un jour ne serait-ce que la moitié de cette force de la nature qu'elle était jadis ?  «  J’ai besoin de toi, tout comme n’importe quel membre de notre famille. Tu es un modèle pour Espérance. Maintenant tu dois te battre avec nous. Je ne t’exclurai pas des missions, des combats mais promets-moi de ne jamais te mettre en danger inutilement. Promets-moi de toujours tout faire pour revenir à la maison » Elle inspire ostensiblement entre deux sanglots, puis enfouit à nouveau son visage contre le t-shirt mouillé de Bill. Ces mots lui font du bien, ils la laissent entrevoir un avenir qui ne serait pas seulement souffrance. Les paroles de Bill coulent en elle, imprègnent ses pensées,  renforcent ses émotions. Elle sent la main de son frère lui frotter doucement le dos, et ses paupières se closent presque naturellement. « S’il te plait, rentre avec moi ce soir, ne pars pas sans rien dire aux autres. » Une oreille pressée contre le torse de Bill, l'autre frôlée par son bras droit, Ginny perçoit ces mots comme entourés d'un épais nuage. Elle pourrait faire mine de les ignorer, acquiescer silencieusement pour tromper la vigilance de son aîné à la première occasion. L'idée fixe de Ginny ne l'a pas quittée. Elle s'est simplement tue, laissant les velléités de la cadette des Weasley faire profil bas. Et elle ne souhaite pas y accorder davantage d'attention, pour l'heure. Trop occupée à se serrer contre son frère aîné, à profiter de cette grâce, à faire preuve de … gratitude. La voilà, cette émotion retrouvée sur laquelle elle n'arrivait jusque là pas à mettre de mot. Elle en est reconnaissante à Bill. Elle ne le remerciera jamais assez de lui offrir cette occasion de faire la paix, avec lui, avec ses frères, avec elle même. De lui permettre de verser ces larmes trop longtemps réprimées, ravalées pour ne pas accorder à ses tortionnaires la réjouissance de sa peine.

« Je vais devoir m’absenter et j’aimerai te l’expliquer mais pas ici… rentrons… ensemble. » Ombre au tableau qui la fait frissonner. Elle recule légèrement son visage, lève les yeux vers Bill, et réalise que ses pleurs ont cessés. Les sillons formés par ses larmes restent néanmoins vivaces. « Je ... » Après les pleurs, le son de sa voix lui paraît ténu, lointain. Elle force davantage sur ses cordes vocales, plongeant des yeux rougis dans les prunelles vives de son aîné. « Merci, Bill. » Elle quitte le giron de ses bras. L'air s'est rafraîchi, et un frisson lui secoue soudain les épaules. Elle se frictionne alors doucement les bras, et offre un visage rasséréné à son aîné. « L'air est frais. » Tout en opérant ce constat, elle délaisse ses bras et attrape du bout des doigts l'une des mains de Bill. Ses lèvres se soulèvent subrepticement à ce contact. « Rentrons. » La clarté de son geste et de ses paroles lui font doucement tourner la tête. Agréable concession.
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