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12 octobre 2002

Logan Boyd. Dumfries, Écosse.
Lila Sweeney. Coventry, Angleterre.
Clinton Farrow et  Wes McNamara. Londres, Angleterre.

Quatre enfants.
On ne leur fera pas croire qu'ils sont incapables de gérer tout cela à deux.

Louis vient d'arriver au repère des Mangemorts, les poches emplies de parchemins et de fioles suspectes. Le bruit des talons de ses souliers résonne sur le parquet et contre les murs, alors qu'il se rend au point de rendez-vous établi avec Lazarus Carrow. Son expression est pincée, agacée, et il tente brièvement de relever les manches trop grandes de la robe qu'il porte – en vain. Le tissu coule à nouveau sur ses poignets, cachant la chair, le tatouage sombre. Il ne se plaint pas de ce qu'ils doivent accomplir, à deux, cet après-midi. Sa baguette et sa personne sont au service du Seigneur des Ténèbres et de ses désirs, de ses exigences, et l'ordre en est un de bon sens, quand on s'y penche un minimum. Ce dont il se plaint, c'est de l'habit de mascarade qu'il a dû passer, afin de mener à bien leur entreprise. Un seul regard dans la glace ternie du salon vert le décourage et le fait tourner les yeux.

Il ne s'est jamais autant habillé en sorcier. La musique l'a habitué aux habits certes élégants, mais pratiques, le laissant libre de ses mouvements. Ce qui est bien loin des considérations des professeurs de Poudlard, qui ont toujours préféré ces saletés d'habits vieillots assortis avec des robes ridicules et poussiéreuses (sans parler des chapeaux, par Salazar, les chapeaux). Cela dit, pour le bien de la mission et surtout, pour le bien d'entretenir tout le folklore moldu au sujet des sorciers, il doit bien avoir l'air d'un sorcier autant que possible – et certainement pas du violoniste bon chic bon genre qu'il est en temps normal. Louis a alors fouillé dans les meilleures boutiques, afin de trouver quelque chose de décent à passer. Le résultat lui donne, sans aucun doute, l'air d'un sorcier vraiment très sorcier (et franchement, s'il savait quels costumes ridicules ont porté ses camarades Mangemorts pour des incursions incognito en territoire moldu, il ne se plaindrait pas autant de devoir porter des vêtements plus traditionnels). Le tissu riche, grenat, de la robe, ouverte sur un habit violet à la ligne dorée. Des broderies sur la robe rappellent le doré de l'habit, tandis que le chapeau noir achève l'ensemble. Les couleurs ne sont certainement pas aussi vives que celles portées par d'autres sorciers, mais... franchement, il n'a pas de quoi rougir. Puis, c'est la meilleure qualité que l'on peut trouver.
Le musicien rajuste ses lunettes sur son nez (bien les siennes, celles-là), et lève la tête dès qu'il entend un pas, au loin, qui s'approche jusqu'à être aux abords du salon vert. Le pas de son partenaire de la journée. Un regard à sa montre à gousset. Pile à l'heure.

Il aime les gens ponctuels.

« Mr Carrow. Un sourire froid, un signe de tête pour le saluer. Ne perdons pas de temps, je ne désire pas m'éterniser sur cette tâche. » Non, parce que même si la tâche en question est pour le bien commun... il ne risque pas de se vanter d'avoir assassiné quelques enfants (même si ce sont des voleurs de pouvoirs). Un premier parchemin est sorti de sa robe – premier enfant. Bien qu'il connaisse toutes les informations par cœur (nom de l'enfant, des parents, coordonnés), il se permet de les vérifier, ses iris sombres courant sur sa propre écriture droite et nette. « Le premier enfant est non loin d'ici, en Écosse, à Dumfries. Logan Boyd. Les prunelles se relèvent, croisent celles de Lazarus. Mr Rookwood vous a-t-il remis les potions ? » La clé.
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Eliminer des enfants n é-moldus.  Certains se concentraient sur le terme enfants. Lazarus Carrow, lui, parlaient uniquement de sang-de-bourbe. Il ne s’embarrassait pas de scrupules. Leur âge ne comptait pas, seule leur élimination était importante. La culpabilité, la tristesse, la pitié, il les laissait à d'autres sans autre forme de procès. Lazarus Carrow était l'homme des mesures difficiles, des actions impossibles, des actes sanglants, menés proprement, avec une efficacité presque industrielle et une précision chirurgicale. Il ne faisait ni plus ni moins que ce qu'il fallait, ce qu'on lui demandait, réservant les initiatives et ce qu'il nommait dommage collatéral, c'est-à-dire tous les meurtres inutiles pour le fond mais jouant un rôle majeur dans l'imaginaire des gens aux seuls cas où le Lord demandait du zèle et de faire dans le théâtral.  Mais pas aujourd'hui, car il fallait que ce soit quelque chose de discret. Et efficace.

Comme toujours.

Cela dit, avec l'accoutrement qu'il se coltinait, Lazarus n'était pas tout à fait sur – voire même pas du tout – que la discrétion soit au rendez-vous lors de cette mission. Il était un habitué des costumes chics et chers, mais pratiques (puisqu'il devait souvent passer de réunions bureaucratiques pures à de la torture salissantes) et réservait les robes de sorciers pour les occasions particulières – enterrements et cérémonies officielles,  des choses assez proches si on y réfléchissait.  

Peu importait. Carrow faisait typiquement sorcier avec sa robe d'un vert profond – vert bouteille, même la désignation officielle est émeraude - brodée d'argent, avec un élégant col gris perle passée par dessus un habit d'un gris plus foncé, et bien sur, une cape, verte elle aussi. Sans oublier un chapeau, qui, de manière originale et imprévue, était également vert. Ses lunettes rondes, teintées de noir, lui donnaient un regard un peu mystérieux qui allait plutôt bien avec le rôle. Mais n'empêche, es moldus allaient leur jeter des pierres, Lazarus le sentait.

Mais la CIMS ne verrait rien, normalement. Aucun moyen de faire le rapprochement entre Louis Werner et Lazarus Carrow et deux professeurs de Poudlard venus annoncer à des parents moldus que leurs enfants avaient des talents exceptionnels. Leur mort serait d'ailleurs exceptionnellement banale.  Et tout le monde oublierait cette histoire.

Vive Rookwood et les poisons du département des Mystères. C'était nécessaire, imparable, mais en fait, du coup, il trouvait ça un peu lâche. Un avada kedavra en pleine figure, par contre…

Cette mission ne plaisait pas à Lazarus, mais on ne lui demandait pas son avis, et de toute façon, le sous-secrétaire d’État n'avait pas envie de le donner, ça restait des nés-moldus et les éliminer était la meilleure chose à faire. La seule chose à faire. Les erreurs devaient être corrigées. C'était pour cela qu'il était là, aujourd'hui, traversant à grands pas le repère des mangemorts.

Pour une fois, ce qui était rare le connaissant, il était tout à fait à l'heure. « Werner. » Ce n'était pas dit d'un ton méprisant, pour une fois, c'était même plutôt dit poliment. Il connaissait un peu le musicien, ils avaient en commun une passion pour la musique et Lazarus appréciait l'ouverture d'esprit de Louis, sans compter qu'ils fréquentaient tous deux Lowell, mais pas assez pour l’appeler Louis et trop pour l'appeler monsieur quelque chose – un titre de politesse qu'il n'attribuait de toute façon à personne. « Moi non plus. Je pense que nous pourrons partir immédiatement. » Il gommait progressivement son accent londonien pour accentuer sur celui venu tout droit des origines irlandaises ancestrales de la famille Carrow. A la limite, puisqu'ils allaient devoir raconter quelque chose incluant des fées, des licornes, et une école de sorcellerie, l'accent irlandais passerait mieux – plus folklorique, plus conforme à l'imaginaire moldu. Parce qu'un sorcier avec l'accent limite cockney, évidemment, ça ne pouvait pas exister. Bien sur. Il posa sur la table la mallette en cuir, presque une malette de guérisseur, remise par Rookwood et l'ouvrit, dévoilant de petites bouteilles non étiquetées, soigneusement rangées  : « Il y a cinq fioles. Une par enfant, plus une en cas d'imprévu. Une dose suffit, normalement. » Ils se répartirent les fioles. Il ne leur restaient plus qu'à transplaner.

Dumfries était une ville moyenne d'Ecosse dont l'activité économique avait progressivement décliné. Logan Boyd vivait en banlieue. On était dans la fin de l'après-midi et les enfants jouaient dehors, près des pavillons. Ils les regardèrent passer comme des bêtes curieuses. Lazarus les ignora. « Je ne comprends toujours pas comment ils font pour vivre là, ce sont de vraies cages à lapin. » Ils avancèrent encore. « 2,6,8...voilà le 10. Monsieur Luke and Rita Boyd. » Il ne restait plus qu'à sonner.

« Bonjour, votre enfant a des dons exceptionnels, pouvons nous entrer ? »

Pouvons-nous éradiquer votre descendance ? Pouvons-nous, je vous prie, continuer ce que nous appelons un génocide nécessaire ?
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Tiens. L'accent est plus irlandais, moins londonien. Il résonne, plus âpre, dans la voix de Lazarus. Ça rajoute à la composition du personnage, il doit l'avouer.
L'un en vert, l'autre en violet. La sorcellerie à son meilleur.
Il se penche légèrement pour voir le contenu de la mallette de cuir. « Il y a cinq fioles. Une par enfant, plus une en cas d'imprévu. Une dose suffit, normalement. » Bien. C'est plus que suffisant. Ça n'a certainement pas la propreté d'un Avada Kedavra, qui n'a rien de louche pour les moldus mais qui a toutes les clés de la compréhension pour les sorciers, mais ce n'en est pas moins ingénieux. Sa curiosité à propos du Département des Mystères et des travaux effectués sous la gouverne d'Augustus Rookwood a toujours été vive et ce genre de résultats... lui colle un frisson dans le dos. Pas tout à fait désagréable. Il prend deux des fioles et laisse les trois autres à son aîné, préférant se fier à son expérience en ce qui concerne les possibles problèmes qu'ils pourront rencontrer (même s'il n'imagine aucunement que ces vulgaires moldus pourraient leur causer des problèmes).

Ils transplanent non loin de l'habitation des Boyd, derrière un terrain de jeu désaffecté et probablement envahi par les punchs (vous savez, ces types étranges aux cheveux colorés et aux vêtements déchirés et rapiécés avec du tartan) lorsque la nuit est tombée. Il a déjà visité les lieux, pour permettre le transplanage, et c'est donc lui qui s'est occupé du transport. Avec atterrissage parfait. Louis sent les regards interloqués glisser sur eux, pour ensuite se désintéresser de leurs robes, de leurs chapeaux. Les moldus. Ils ne savent pas regarder, ils ne savent pas voir. Ils ne se souviendront pas d'eux. Pas même besoin d'effacer leur mémoire. « Je ne comprends toujours pas comment ils font pour vivre là, ce sont de vraies cages à lapin. 2,6,8...voilà le 10. Monsieur Luke and Rita Boyd. » La maison est petite, peu luxueuse. Quelques secondes à fixer la porte, puis le violoniste prend l'initiative de frapper. Trois coups secs. Quelques autres secondes passent, un « ... 'rive ! » étouffé lui parvient de l'intérieur. Une grande femme aux cheveux auburn leur ouvre la porte, un poupon dans les bras. L'expression sur son visage, d'abord exténuée, passe rapidement à la surprise – compréhensible – puis à la méfiance – idem : « Oui ? Mrs Boyd ? Professeur Edmund Abberline, enchanté. La voix a pris une chaleur surprenante, qui ne ressemble absolument pas au ton distant qu'affecte Louis dans plusieurs de ses rapports. Mon collègue et moi aimerions vous parler au sujet de votre fils, Logan. Pouvons-nous entrer pour en discuter plus à notre aise ? »
Qu'on ne parle pas de sorcellerie sur le perron de votre maison.
L'accoutrement excentrique des deux sorciers semble convaincre la femme d'ouvrir un peu plus la porte – ces banlieusards, tous semblables, tous si influençables quand on parle des apparences. La porte refermée derrière eux, lui-même se sent déjà mieux. Sans tous les regards de tous ces sales gamins moldus sur lui. Il lui suffit de ne pas regarder de trop près la décoration de la maison et... tout va bien aller. « Ne regardez pas le ménage. Mon époux est en déplacement et c'est... est-ce que je peux vous servir quelque chose... professeurs ? Le regard a toujours cette once de méfiance – il a bien vu le poupon être serré plus étroitement contre sa poitrine, le visage se durcir, la mention malencontreuse de son époux absent s'interrompre au milieu de sa formulation. C'est sûr qu'ils n'ont pas la dégaine de professeurs comme une moldue peut les imaginer. Uniquement si vous prenez également quelque chose à boire, Mrs Boyd. »

Trois verres d'eau sont servis et apportés au salon, dans un désordre qui dénote bien la mère pour le moment seule et aux prises avec un bébé et un gamin de onze ans. Le bébé est déposé dans un couffin berçant, que Rita Boyd fait balancer du bout du pied. « Je ne savais pas que l'école faisait des visites à domicile. L'école ? Elle doit parler de l'école moldue. Qu'est-ce qu'il a encore fait ? »

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Dernière édition par Louis Werner le Mar 20 Oct 2015 - 19:37, édité 1 fois
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Une chanson moldue défile en fond sonore dans la maison des Boyd. Lovely Rita, meter maid...Lazarus s'arrêta pour écouter. La femme, qui venait de s'assoir, se releva immédiatement pour éteindre le poste de radio. « Excusez moi, j'écoute toujours cette chanson. C'est parce que j'ai l'impression qu'elle parle de moi, vous comprenez, j'ai été contractuelle moi aussi. Vous connaissez, sans doute ? » « Non, navré.» Oui. Mais il n'allait pas expliquer à cette femme qu'il connaissait les Beatles, c'était totalement incompatible avec son rôle de sorcier venu d'un autre monde. Il n'expliquerait pas non plus à Louis qu'en tant que mangemort il avait pu se retrouver à se faire passer pour un moldu pour traquer des traitres et donc à écouter Sergent Pepper (qu'il soit maudit) lonely heart's club band. Rita Boyd le regarda avec des yeux ronds, se demandant sans doute de quelle planète il venait. « Excusez moi, je ne me suis pas présenté, par ailleurs. Professeur Atticus O'Neill. » Les yeux de la femme s'agrandirent encore comme si elle se demandait quel genre d'homme pouvait s'appeler Atticus.

Un homme bien plus intelligent qu'elle qui comptait détruire une partie de sa vie, son enfant. En attendant, il n'était pas très à l'aise, il ne l'était jamais avec les moldus, et il voulait repartir vite. Cependant, Lazarus se força à adopter un sourire aimable et une voix plaisante pour préciser : « Je crains qu'il n'y aie une légère méprise. Nous ne sommes pas, euh...de l'école habituelle de votre fils. Et nous ne venons pas exactement vous rapporter un incident nécessitant que votre fils soit sanctionné. » Uniquement qu'il disparaisse de la surface de la terre, rien de moins, ce n'est rien. Lazarus guetta la surprise, mais ce fut la méfiance qui vint. Il ne laissa cependant pas le temps à la femme de continuer et reprit : « Je pense que la scolarité de Logan a été marquée par une série d'incidents étranges dont il prétend ne pas être responsable. Des choses bizarres, que personne ne peut expliquer. Est-ce que je me trompe ? »

Non, il n'était pas madame Irma, mais il savait, oui, il comprenait, il était là pour ça. « Je ne...enfin...oui, oui, c'est arrivé, il y a eu cette histoire, il ne pouvait pas être sur le toit du préau, mais enfin qu'est-ce que ça veut dire ? Pour qui est-ce que vous travaillez ? » Il y eut soudain des larmes dans les yeux de cette mère qui semblait épuisée, fatiguée. « Vous êtes d'une institution spécialisée, c'est ça ? Mon fils n'est pas malade, je ne veux pas que vous l'emmeniez ! »

Allons bon, qu'est-ce que c'était que ça, encore, une institution spécialisée ? Lazarus retint un soupir. Il aurait du lui foutre une baffe et la sommer de se rassoir, mais non, il n'en fit rien, il fallait faire illusion. « Nous ne sommes pas exactement d'une institution spécialisée, enfin pas celles auxquelles vous pensez. Logan n'est pas malade, madame Boyd. C'est un sorcier. Comme moi et mon collègue. »

Il espérait réellement, par pitié, qu'elle n'allait pas lui demander une démonstration, la CIMS s'en donnerait à cœur joie pour les tracer, même si c'était faisable, bien sur. Elle paraissait estomaquée. « C'est une caméra cachée, c'est ça ? » Lazarus fronça les sourcils. Elle ne semblait pas le croire. Enfin, c'était quand même du bon sens, personne ne mettait un chapeau comme le sien pour le simple plaisir. « J'ai peur de ne pas comprendre. Je ne plaisante pas, madame Boyd. Réfléchissez un instant. Vous conviendrez que le fait que Logan utilise la magie est la seule explication rationnelle. Mais peut-être pourrions nous le rencontrer, lui demander son avis. Le professeur Abberline saura vous expliquer ce qui va se passer ensuite, j'en suis sur.» « Vous... » Lazarus fit son possible pour avoir l'air rassurant, ce qui n'était pas un pari gagné à la base, d'autant moins qu'en réalité, il était plus qu'excédé.  « Madame Boyd. Ecoutez moi. Nous ne sommes pas là pour faire du mal à votre famille. C'est précisément le contraire. Nous sommes là pour aider Logan. »

Il avait réussi à dire la vérité parmi tous ses mensonges.

C'est précisément le contraire.

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Ses yeux sombres restent immobiles, fixés sur Rita Boyd, pendant toute la discussion aux allures de monologue que Lazarus échange avec la femme, sur le fond étouffé d'une musique moldue. Les talents de diplomate du Carrow sont mis à contribution, d'une façon franchement admirable. Enfin, on les a convié ici pour qu'ils soient capables de ne pas terroriser ces pauvres hères sans aucune idée de l'ampleur d monde qu'ils ne fouleront jamais réellement, pas pour les éliminer en faisant brûler leur maison de fond en comble (bien que ça aurait été plus simple). Chaque intervention est ponctuée, de sa part, de petits signes de tête, de sourires rassurants, surtout au moment de la révélation finale.
Du « [...] Logan n'est pas malade, madame Boyd. C'est un sorcier. Comme moi et mon collègue. »

Si son collègue espérait qu'elle ne demande pas une démonstration (trop facile à tracer par la suite, de connaître tout leur parcours), Louis espère plutôt qu'elle ne devienne pas complètement dingue. Qu'elle hurle, tente d'appeler les autorités, pleure, les frappe, etc. Parce que faire un innocent tour de passe-passe pour impressionner une moldue, passe encore : devoir l'immobiliser parce qu'elle hurle au meurtre, c'est moins... dans leurs plans. Heureusement, tout se passe bien – dans la mesure des choses. Il enchaîne aussitôt Lazarus ayant terminé de parler, prêt à prendre la relève : « Madame Boyd. Faites venir Logan. Nous pourrons alors lui expliquer la situation, ainsi que son futur d'élève scolarisé au sein d'une très ancienne école de sorcellerie. Qui est entièrement gratuite. » Sa voix est conciliante et dès qu'il prononce le réel mot magique, gratuite, les yeux méfiants de Rita s'adoucissent un peu. Son corps perd un peu de tension et telle un automate, elle se dirige vers la porte d'entre, l'ouvrant pour lancer un « Logan ! C'est l'heure de rentrer ! ». Victoire.
D'où il est, il ne peut pas voir la porte. Seulement l'entendre se rouvrir et se refermer avec force, la cavalcade de pieds qui se déchaussent, une voix stridente de jeune gamin qui ne muera pas avant quelques années encore : « On mange déjà ? Non, ces messieurs voulaient - Je peux avoir un jus ? » Rita revient dans son champ de vision, poussant doucement son fils devant elle. La gamin affiche une tignasse du même auburn que les cheveux de sa mère, hérissés sur son crâne d'une façon impossible. Le minois est parsemé de taches de rousseur et de terre, les mains sales, la taille déjà grande. « Logan. Veux-tu te joindre à nous, s'il te plaît ? Je te présentes les professeurs... Abberline et O'Neill. La voix de Rita tremble légèrement. Les yeux de Logan les détaillent, intrigués, mais certainement pas effrayés. ... vous êtes vraiment habillés bizarre. Logan, sois poli. Je peux avoir du jus ? Léger soupir. D'accord. Surveille ton frère. »

(devrions-nous tuer le bébé également ? on ne sait jamais, et s'il était sorcier également ?)

Le gamin s'assit dans le canapé, devant le couffin berçant, sans les quitter des yeux. Il sait que la mère tend l'oreille, à la cuisine, attentive aux mots prononcés par le violoniste : « Le professeur O'Neill et moi-même enseignons dans une école privée, où tu es inscrit depuis ta naissance. Nous sommes des sorciers. Aucune hésitation. La mère le sait déjà, après tout, et le scepticisme qui s'inscrit sur le visage de Logan est bien normal. Pour vrai ? Louis consent à sortir sa baguette magique, sa courbe mince et élégante, le bois clair d'acacia reposant confortablement contre sa paume. Pour vrai. Et toi aussi, tu es un sorcier. » Bouche bée, le gamin. Et toujours pas terrifié. Toujours pas effrayé. Les gamins comprennent rapidement. Savent, au fond d'eux. C'est presque dommage de devoir tuer un sorcier, qui aurait pu être un esclave utile, une main d’œuvre bas de gamme. Ce sont les parents, qui devraient être tués, plutôt. La baguette est encore exposée à ses yeux, qui deviennent avides. Curieux. « Tu viendras étudier à Poudlard, école fondée il y a plus de mille ans par de grands sorciers. Tu y étudieras, dans une des quatre maisons, les Sortilèges autant que la Botanique, l'Astronomie, ou le Vol sur balai. »

La vérité, ou presque.
Il ne connaîtra jamais Poudlard et ses mystères, ses bonheurs, sa vie. Il ne connaîtra rien, même, de la réelle magie, de sa puissance. Il ignorera toujours tout et c'est pour cela que le sourire de Louis se fait sensiblement plus dur quand le gamin parle à nouveau, la voix soudainement un peu rauque, touchée, sans regard pour le verre de jus d'orange posé juste devant lui à ce moment par une mère sentant probablement la suite :

« Montrez-moi. »

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