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❝ Silencio and listen ❞Charlie & Fleur

Charlie est au sommet de la tour d’Astronomie. D’où il se trouve, il peut voir tout Poudlard et la campagne qui entoure le château à perte de vu. C’est une belle journée de mai ou de juin peut-être. Il ne sait pas ce qu’il fait là, il se contente d’observer la nature qui disparaît derrière l’horizon. Il profite du soleil qui réchauffe son visage parsemé de taches de rousseur et du vent qui fait frissonner sa robe de sorcier. Soudain, un cri strident résonne dans la vallée et le ciel se déchire, comme un verre qu’on éclate contre le sol. Le ciel devient noir, Poudlard est en feu et dans la cour du château, les sortilèges volent dans tous les sens. Des sorciers d’à peine plus de quinze ans crient, pleurent, meurent, alors que les mangemorts, lâchement dissimulés derrière leurs masques d’argents prennent le dessus sur les derniers résistants debouts. « Charlie ! » Appelle une voix. C’est plus fort que lui, il transplane dans le cœur de la mêlé, vers la voix, juste à temps pour voir son frère tomber raide mort contre les pierres recouverte de mousse de la cour. Il sort sa baguette. Trop tard. « Avada Kedravra » Siffle une femme à l’air débraillé. Un éclair vert l’aveugle complètement et Charlie se réveille en criant.

Le calme du petit cottage désoriente Charlie qui se force à sortir des couvertures de son lit. Il manque de trébucher sur le drap, mais parvient à s’en extirper sans blessures. La douleur sur tout son côté gauche recouvert de bleus fait enfin surface, la brume du sommeil finalement envolée. Un souvenir de sa dernière mission qui ne fut d’ailleurs pas un très grand succès. Certes, Charlie avait réussi à récolter quelques informations sur les mangemorts qu’il suivait et oui, c’est vrai, il avait réussi à revenir en vie auprès de sa famille, mais depuis trois jours, il n’arrive pas à chasser le goût de trop peu qui s’est gentiment installé dans le fond de sa gorge.

Il ne croise personne jusqu’à ce qu’il arrive en bas des escaliers. Encore en pyjama, il ignore complètement l’heure qu’il est. Depuis son arrivé à la chaumière au coquillage, Charlie n’a fait que dormir, descendant occasionnellement dans la cuisine pour ne pas mourir de faim et de soif. Il a rarement été si épuisé après une mission et les cauchemars qui le hantent chaque fois qu’il ferme les yeux ne l’aident pas à se reposer. Et quand ce n’est pas les cauchemars, il est réveillé par les pleurs d’Espérance qui a inopportunément commencé à faire ses dents ou par Molly qui lui demande où est passé Arthur.

Pour être tout à fait honnête, Charlie est plutôt satisfait de vivre en décalé du reste des habitants de la chaumière. Il a beau les aimer de tout son cœur, il n’a pas vraiment la force de faire la causette au petit matin et les quelques bribes de conversations qu’il a entretenues depuis trois jours ont largement rempli le quota d’interactions sociales du plus si jeune Weasley. « Oh mon chéri, tu vas à la cuisine ? » Commence Molly en passant une main tremblante dans la barbe de son fils. Charlie hoche la tête et pose une main prévenante sur l’épaule de sa mère. « N’y va pas. Fleur est en colère. Très en colère. » Sans attendre une réponse ou même le regarder, Molly s’éloigne en continuant de murmurer « Oh oui, très en colère. Fleur. Très très en colère. Oh oui. » Pour Merlin, combien il déteste la voir comme ça. Il déteste le brouillard dans ses yeux par dessus tout. Il donnerait tout ce qu’il a pour les revoir briller avec cette flamme si particulière qu’avait Molly Weasley, il y a à peine quelques années. Il passe une main absente dans ses cheveux et bravant l’interdit de sa mère, qui est à présent en train de compter les planches du parquet du salon, il pousse la porte de la cuisine.

Molly n’a pas menti, Fleur est là, assise bien droite à la petite table de la cuisine avec toute la distinction que ce doit d’avoir une ancienne élève de Beauxbâtons. En feignant, l’ignorance, Charlie lance à sa belle-sœur un sourire chaleureux. « Bonjour Fleur, tu as bien dormi ? » Un peu trop tard, il se souvient qu’il n’a pas la moindre idée de l’heure qu’il est et il espère vraiment que l’après-midi n’est pas trop avancé. Ça risquerait de ne pas arranger sa situation. Pour rapidement changer de sujet, il ajoute : « Espérance ne s’est pas réveillée cette nuit, c’est agréable quand elle fait ses nuits. Surtout pour toi et Bill ! » Malheureusement, la mine renfrognée de Fleur ne disparaît pas de ses jolis traits. Charlie se résigne à contre cœur à lui tourner le dos afin de préparer quelque chose pour le monstre qui fait grogner son estomac. Plus inquiet de la tornade que sa belle-sœur lui réserve que de n’importe quel mangemort, Charlie attends que la tempête se lève.


Dernière édition par Charlie Weasley le Ven 1 Avr 2016 - 14:01, édité 1 fois
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❝ Silencio and listen ❞Charlie & Fleur

Fleur n'avait rien contre les tâches ménagères. Honnêtement, Molly et sa mère lui avaient appris quelques tours bien pensés pour gagner du temps, et c'était avec joie qu'elle s'en servait. Elle n'avait rien non plus contre les frères de son mari – et dans ce cas précis, Charlie – qu'elle se faisait toujours un plaisir d'accueillir chez eux. Ils étaient bruyants, envahissants même, mais c'était sa famille et elle les aimait – un peu malgré elle parfois, soyons francs. Les deux premiers jours, elle ne s'était donc pas formalisée de la sieste prolongée de Charlie, qui rentrait d'une mission difficile il faut le dire. Elle avait même, dans sa grande bonté d'âme, monté plusieurs plateaux de nourriture avec ses plats préférés – tarte aux poireaux, œufs au plat, pain grillé – espérant le faire sortir de son hibernation. Sans grand succès, puisque le jeune homme avait simplement mangé les plats, puis reposé le plateau sur le pas de la porte, sans sortir davantage. Quand est-ce qu'il se lave les dents? s'était-elle alarmée. Ah, les hommes. Seulement, 56 heures s'étaient écoulées exactement depuis que Charlie était rentré de mission, et elle n'avait toujours pas vu le bout de son nez. Pire – le seul signe de sa présence était l’amas de sous-vêtements (plus précisément, de slips) qu'il avait déposé sur le pallier. Il avait même enchanté l'un d'eux pour qu'il répète aux visiteurs « Viens me laver, je suis un mauvais garçon, je suis sale » Lave mes caleçons, Fleur, lave mes caleçons. La plaisanterie avait beaucoup fait rire Bill jusqu'à ce qu'il croise le regard furax de Fleur de l'autre côté du couloir. « Oui, euh, bon je vais mettre ça dans la buanderie, hein ? » avait-il bredouillé, échappant de peu au t-shirt que sa femme avait envoyé dans sa direction. « Dis à ton frère de faire sa propre lessive ! Et de se doucher, aussi, je peux sentir son odeur à travers la porte » avait-elle lancé avec une aigreur à peine dissimulée. « Je suis siiiiiiiii sale » s'était lamenté le caleçon en s'éloignant. Agacée, elle avait toqué à la porte, qui était manifestement elle aussi enchantée. « Non, Fleur, il ne veut pas sortir. Ni se laver. Ni même se raser, alors n'insiste pas » l'informa la poignée. Elle avait baissé les yeux pour trouver Espérance en train de jouer avec l'un des caleçons de son oncle (qui se faisait les dents sur un caleçon de son oncle, plus précisément). Fleur avait laissé échapper un cri de rage avant de prendre Espérance pour transplaner quelque part ailleurs afin de ne pas exploser. La dernière fois qu'elle s'était énervée de la sorte, elle avait été contrainte de faire changer toutes les vitres de la maison.

Quelques heures plus tard, elle revint avec dans ses bras un bébé bien endormi. Molly, qui astiquait la cuisine, lui avait aussitôt repris sa fille pour lui donner à manger. « Est-ce que Charlie est sorti de sa chambre ? » demanda-t'elle, doucereusement, pour ne pas faire sursauter sa belle-mère qui ne supportait plus les bruits trop forts. « Charlie est ici ? Depuis quand ? » s'étonna Mme Weasley. Voila qui répondait à sa question. « Seulement trois jours » dit-elle, plus sèchement qu'elle ne l'aurait voulu « Mais comme il ne fait que manger et dormir, ce n'est pas étonnant que vous ne l'ayez pas encore vu ». Molly, qui sentit tout de suite sa mauvaise humeur, lui pinça la joue affectueusement avant de sortir. À bien des égards, elle lui faisait penser à sa propre mère, restée en France, quoi qu'Apolline Delacour soit un peu moins démonstrative. Fatiguée, la jeune femme s'assit sur l'une des vieilles chaises en bois qui entouraient la table. Elle attrapa une tartine de pain qu'elle mordit goulûment, les yeux tournés vers la porte, et avala une gorgée de thé fumant. Les bruits en provenance des escaliers l'informèrent du réveil de son beau frère et elle se redressa aussitôt, arborant une expression sévère. Ce dernier ouvrit la porte comme une, eh bien, fleur, et lui adressa un sourire enthousiaste. Un peu trop enthousiaste pour être complètement honnête. Fleur lui répondit d'un regard glacial, et pinça ses lèvres.  « Bonjour Fleur, tu as bien dormi ? » demanda-t'il, guilleret. « Espérance ne s’est pas réveillée cette nuit, c’est agréable quand elle fait ses nuits. Surtout pour toi et Bill ! » continua-t'il, creusant sa tombe un peu plus à chaque mot. Inspirant à fond,  fermant ses yeux pour l'effet, Fleur claqua une main sur la surface en bois, et arracha un sursaut à son interlocuteur. Elle posa un doigt sous le menton de Charlie, déjà recouverte d'une bonne barbe de trois jours et l'obligea à lever les yeux vers la vieille horloge « Tu sais lire l'heure, je me trompe ? » s'enquit-elle mielleusement « Laisse moi t'aider. Il est 5h20. Un indice, nous ne somme pas le matin ». Elle se remit au fond de sa chaise, bras croisés, pour mieux le jauger. Sa voix était douce, gentille, ce que n'importe qui la connaissant un tant soit peu eut vu comme un signe funeste : « Alors, non, Espérance n'a pas pleuré. Par contre, durant la nuit, elle nous a réveillé trois fois. Ce que tu saurais si tu te réveillais à des horaires convenables. ». Elle attrapa sa baguette, et vit l'appréhension dans les yeux de Charlie alors qu'elle la brandissait vers lui « Capilli Ruentes » murmura-t'elle et vit avec plaisir les poils de sa barbe, de ses sourcils et de ses cheveux tomber « Oops. ».
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❝ Silencio and listen ❞Charlie & Fleur


Charlie ne se fait pas d’illusion, il sait pertinemment qu’il vient de se pointer à son propre procès et il n’espère pas voir Bill ou sa mère entrer dans la cuisine pour le sauver de la Fleur à épines qui lui sert de belle-sœur. Cette dernière a déjà du s'assurer qu'aucun comité de sauvetage ne volerait à son secours. « Tu sais lire l'heure, je me trompe ? Laisse moi t'aider. Il est 5h20. Un indice, nous ne somme pas le matin » Charlie dégluti. Son regard voyage rapidement entre le doigt menaçant de Fleur et la fenêtre, à travers laquelle il peut voir la douce lueur de fin d’après-midi baigner les falaises et la plage qui bordent la chaumière aux coquillages. « Hum... » Il commence, mais Fleur le coupe, aucunement intéressée par ce qu’il peut bien avoir à dire pour sa défense. « Alors, non, Espérance n'a pas pleuré. Par contre, durant la nuit, elle nous a réveillé trois fois. Ce que tu saurais si tu te réveillais à des horaires convenables. » Le ton calme et aimable de Fleur est plus inquiétant que si elle était ouvertement en train de lui crier dessus. Et pour ceux qui s’étonnent de voir un homme adulte, que dis-je, un insurgé avec plusieurs morts à son actif, claquer des genoux devant une petite française de cinq ans sa cadette et bien ceux-là n’ont clairement jamais rencontré Fleur Delacour. Et ce n’est pas l’adoption du nom Weasley qui a changé quoi que ce soit à la férocité de la jeune femme. Après tout, les femmes Weasley sont connues pour leur caractère bien trempé. Fleur ne fait qu’honorer les traditions.

Cela dit, il y a honorer les traditions et il y a pointer sa baguette sur un Charlie encore étourdi par le sommeil. Le rouquin fait un pas en arrière et sursaute quand ses jambes entrent en contact avec la porte d'un placard entrouvert. « Capilli Ruentes » Murmure Fleur, jubilante. Oh non. Oh non. Oh non. « Mes poils ! » S’écrit Charlie en tâtant son visage et son crâne devenus affreusement imberbes. « Mes précieux poils ! » La surprise laisse place à une colère qui ne durent pas, transformée rapidement en un éclair de malice. Charlie envisage de retourner son compliment à Fleur en lui proposant à son tour ses talents de coiffeur. Il pose la main sur le bout de sa baguette qui dort tranquillement dans la poche de son pyjama. Au dernier moment, et Merlin sait que l’air satisfait particulièrement agaçant de Fleur, lui fait regretter cette clémente décision, Charlie se ravise. Écoutez, il est chez elle et il est prêt à admettre qu'il n'a pas été un invité de choix ces derniers jours. Il tentera le diable plus tard.

Sans quitter Fleur des yeux,  autant par insolence que par sécurité, il sort sa baguette et fait repousser ses cils, ses sourcils et ses cheveux, ainsi que sa barbe, légèrement plus longue qu’elle ne l’était avant le maléfice de sa belle-sœur. « C’était petit ça Fleur... » En soupirant de frustration, il se laisse tomber sur une des chaises de la table en face d'elle et  lentement, il commence à se beurrer des tartines. « Et vraiment excessif, si tu veux mon avis. » Charlie se demande si, s’il garde son calme assez longtemps, il parviendra à éviter la colère de Fleur, qui vraisemblablement n’en est encore qu’à son échauffement. Il est près à s’excuser, pour les caleçons ensorcelés et pour son incapacité à savoir l’heure qu’il est. Seulement, avec la fatigue, la fatigue et encore la fatigue qui l’accablent, il se peut que ces excuses, pourtant de mise, ne parviennent pas à arriver de façon respectueuse jusqu’à leur destinataire. Si Fleur pouvait lui laisser cinq minutes, seulement cinq petites minutes pour se réveiller, peut-être qu’une énième bataille de la guerre des sorciers n’éclaterait pas dans la cuisine de la chaumière aux coquillages ce matin. Heu je veux dire cet après-midi.
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❝ Silencio and listen ❞Charlie & Fleur

« Mes poils ! Mes précieux poils ! » s'écrit Charlie, la main sur son crâne et ses sourcils dégarnis. Fleur ne cache pas une moue satisfaite mais retient tout de même un sourire. Pas question qu'il pense s'en être sorti avec si peu. Qu'on lui apprenne, à cet affreux rouquin (plus si rouquin que ça d'ailleurs) à respecter une vélane en colère. Elle le voit poser une main sur sa baguette, et à son expression elle n'a aucun mal à comprendre ce qu'il a en tête. « Oh, Charlie. Je ne ferais pas ça, si j'étais toi »  murmure-t'elle, plus pour elle-même que pour lui. En vérité, elle est curieuse de savoir si Charlie cachait bel et bien ses testicules quelque part, ou s'il allait se dégonfler. Cependant, même Charlie (même Charlie) semble suffisamment intelligent pour ne pas provoquer encore davantage le courroux d'une Vélane (oui, bon, semi-Vélane). Il porte sa baguette à son visage et, avec un regard impertinent, fait repousser ses cheveux. Plus longs qu'avant. Il frotte sa barbe, béat, et Fleur retient de peu un éclat de rire. Il ne s'était pas aperçu de la couleur vert-gazon qui ornait désormais le moindre de ses poils. Mince. Plissant le nez, elle l'observe, regarde son pyjama rouge, ses traits fatigués. Il a l'air mal en point. Et, n'aurait-elle pas trouvé Espérance plus tôt avec l'un de ses caleçons dans la bouche, elle se serait presque sentie d'humeur généreuse. Fleur repose sa baguette sur la table, toujours bien en vue, et passe une main sur son front.  « C’était petit ça Fleur... » lui annonce-t'il, réprobateur, avant de s'asseoir sur une chaise de la cuisine. Il commence à beurrer ses tartines  « Et vraiment excessif, si tu veux mon avis. ». « Je ne veux pas ton avis, Charlie. » rétorque-t'elle. Pas question d'en démordre. Elle inspire, expire, tente de moduler sa voix. Petite, elle avait toujours été dans la retenue. C'était l'enfant calme, presque dédaigneuse, elle contrastait avec sa petite sœur auquel le sourire venait si aisément. Désormais plus vieille, plus mature aussi, elle s'était réchauffée au feu des Weasleys, à leur exubérance, et avait appris à relâcher parfois la pression, à se laisser aller, à ressentir ce qu'elle vivait sans arrière-pensée ni complexe. Et vivre ce qu'elle ressentait sans complexe, parfois, c'était faire regretter les life choices de Charlie.

En fait, la scène était assez cocasse. Cet homme mature de 31 ans qui se faisait engueuler par une (pas si) petite blonde de 26 ans, la queue entre les jambes. Mais Fleur est une fille autoritaire, qui sait ce qu'elle veut et où elle va. Elle aime que les choses se passent d'une certaine manière, et pas autrement, et tend à materner les Weasley. Pour leur plaisir, quand c'était par le biais de bons plats cuisinés, et pour leur plus grand malheur, quand c'est en leur criant dessus. Et Fleur a une belle paire de poumons, et elle sait s'en servir. Quand elle s'énerve façon Cléopâtre, tous les voisins sont au courant. Alors le regard fuyant de Charlie, sa diversion pitoyable - qui constitue apparemment à faire craquer ses biscottes particulièrement bruyamment, n'a aucun effet sur sa terrible humeur. « Charlie » murmure Fleur « Charlie, est-ce que tu penses qu'en évitant mon regard, tu vas éviter mes remontrances ? ». Elle pianote sur la table, ses doigts toujours proches de sa baguette. « Ou c'est peut-être ce que tu espères. » poursuit-elle, sans plus le regarder. Elle se lève et attrape une assiette pour la passer sous l'eau et la laver. « Mais tu vois, Charlie. J'aurais été disposée à te pardonner. Vraiment.  » elle pose l'assiette qui manque de se briser. « SI JE N'AVAIS PAS TROUVÉ TON CALEÇON DANS LA BOUCHE D'ESPÉRANCE. » hurle-t'elle d'un coup. Elle tend le caleçon en question, qu'elle avait gardé à portée de main pour appuyer son argument « Tu vois, CE caleçon. Où tu as mis tes fesses pas si jolies, ni même propres. ». Elle sourit, une dernière fois, plus calme  « Alors tu vois Charlie, je ne suis vraiment pas disposée à écouter tes excuses à deux noises. ». C'est le moment que choisit le caleçon pour annoncer, haut et fort: « Lave moi, Fleur, j'ai été vilain, je suis sale ».
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❝ Silencio and listen ❞Charlie & Fleur


Il n’a jamais prétendu le contraire, Charlie n’est pas une figure de maturité. C’est le genre de gars qui, s’il n’était pas un sorcier rebelle avec un certain nombre d’années d’expérience derrière lui serait à la limite de croire que s’il ne voit pas quelque chose, la chose en face ne peut pas le voir non plus. Quand il était petit et qu’il n’arrivait pas à mettre la faute sur Bill après une bêtise (rarement avouons-le), Charlie avait prit l’habitude d’aller se cacher dans un recoin dissimulé du terrier jusqu’à ce que l’affaire se tasse. Spoiler alert, il n’attendait jamais assez longtemps et finissait toujours par se faire punir quand même. Mais applaudissons sa ténacité. Aujourd’hui, la comparaison entre Molly et Fleur, même si elle peut paraître étonnante au premier coup d’œil, est de plus en plus facile à faire. Quand Molly a sombré dans sa… Quand Molly a sombré, Fleur n’a pas hésité à prendre le taureau par les cornes et à faire entendre sa voix là où Molly ne pouvait plus le faire. Et s’il lui en était reconnaissant la plupart du temps, cela ne présageait rien de bon pour Charlie cet après-midi. MAIS CHARLIE TU AS TRENTE ET UN ANS MERDE ! Hum… Pardon. Nous disions... Ah, oui ! Fidèle à lui-même, Charlie est donc vaillamment en train de beurrer ses tartines en prenant bien soin de ne pas regarder Fleur dans les yeux. Tous sauf ses yeux. Quand Fleur quitte enfin la table, Charlie descend sa garde et il l’observe en train de faire la vaisselle. Sa voix est toujours calme, mais quelques chose au loin, est en train de se rapprocher au galop. « SI JE N'AVAIS PAS TROUVÉ TON CALEÇON DANS LA BOUCHE D'ESPÉRANCE. » Et voilà ! Fleur sort de nuls parts un des caleçons ensorcelés de Charlie qui esquisse un sourire fière devant sa création. Il ignore le commentaire aberrant et tout à fait fallacieux sur son délicat postérieur et se lève, décidé à faire face à Fleur qui reprend doucement son calme. « Non, mais d’accord, ma façon de demander de l’aide n’était peut-être pas la plus judicieuse. Mais pour ma défense, ce charmant caleçon ici présent, qui n’est pas si sale que ça d’ailleurs puisqu’on en parle. » Comme pour confirmer les dires de son propriétaire, le caleçon se met à remuer dans les mains de Fleur qui le lâche brusquement avec dégoût. « Ne prononce ton nom que parce que tu es la personne adulte, la plus proche, en dehors de moi bien sûr. Je l’ai ensorcelé pour qu’il ne me dérange pas. Donc… Forcément... » Charlie contemple le silence gênant dans lequel il s’est lui-même embourbé. Il tousse. « J’aurais pas dû dire ça. » Réalise-t-il en croyant entendre son vieil ami Hagrid, toujours près à divulguer toutes sortes d'informations aux élèves un peu curieux de Poudlard. Il esquisse un sourire au souvenir du géant barbu et de leurs discussions enflammés à l’heure du thé. « Quoi qu’il en soit, il aurait très bien pu tomber sur Bill. » Assure-t-il avec sérieux. Mais étonnamment, ça ne semble pas apaiser Fleur qui prend exactement le même air qu’une des femelles magyares à pointes de la réserve en Roumanie quand Charlie ou un autre soigneur essayait de l’approcher. « Et puis... » Il commence avant de s’arrêter net. Dans le reflet de la fenêtre, il se voit, beau, grand, les yeux brillants et surtout… Les cheveux verts. « Par Merlin ! » Tiraillé entre la surprise et le rire, Charlie pose une main sur sa bouche et fait marche arrière vers les escaliers et vers sa chambre. En chemin, il lance à l’attention de Fleur « T’inquiète pas, tu vas pouvoir continuer tes remontrances comme tu dis, je reviens ! »

Dix minutes plus tard, habillé et roux de nouveau (autrement dit, une fois l'équilibre de l'univers rétabli), Charlie redescend dans la cuisine où il ne trouve que sa mère. Avant qu’elle ne puisse le faire, il met ses tartines encore intactes dans une assiette, range le beurre et le pain à leur place et passe son couteau sous l’eau. Charlie n’est pas un assisté, malgré ce que ces derniers jours peuvent dire de lui. « Maman, tu as vu Fleur ? Je crois qu’elle a encore des choses à me dire. » Un sourire distrait apparaît sur les traits fatigués de Molly. « Elle est dehors, George. » L'’informe-t-elle en dérangeant les flacons d’épices dans le buffet. « Merci. » Charlie embrasse le front de sa mère en essayant de ne pas penser à son frère. Mieux vaut faire comme si de rien n'était pour le bien de tout le monde. Son assiette de tartine à la main, il rejoint Fleur dehors. Il la trouve assise sur le petit banc près de l’entrée, pensive. « Du coup, » commence Charlie en croquant dans une de ses tartines. « Où en étions-nous ? »
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❝ Silencio and listen ❞Charlie & Fleur

Fleur aurait pu exploser, là, tout de suite. Après tout, on ne compare pas les vélanes à des dragons pour rien – ces créatures partagent le même caractère, et la même propension à manger de la chair humaine. Elle n'avait peut-être pas les ailes, le bec et les griffes quand par malheur elle s'énervait, mais n'en était pas moins terrifiante. Mais à quoi bon ? Elle préfère ne pas gâcher sa salive, surtout quand le récepteur de sa colère ne paraît pas suffisamment réveillé pour comprendre ce qu'il se passe autour de lui. Elle soupire, rattrape les assiettes sales et recommence à les laver d'un coup d'éponge énergique, mais plus calmement cette fois. Faire la vaisselle l'aidait à s'apaiser – pour un temps. En fait, quiconque connaissant un minimum Fleur savait que la voir faire la vaisselle était signe d'orage dans l'air – la semi-vélane détestait s'abîmer les doigts. La surprendre en train de frotter les couverts était donc un mauvais présage dans la chaumière aux coquillages, comme une marque des ténèbres dans le ciel. En pire. Comme on le sait, vaisselle rime avec aisselle. Non pardon, je voulais dire arc-en-ciel. Poubelle. Béchamel. Toujours pas. Varicelle. Non non. Hell. Vaisselle rime avec Hell. Fleur ne cherche pas à rattraper Charlie qui n'en faisait de toute façon qu'à sa tête, et était-elle réellement le genre de femme à courir après un homme ? Non. Même son beau frère. Même avec la satisfaction de lui soutirer une moue irritée, ou tout du moins effrayée. Car elle pouvait être effrayante. Ne s'était-il pas astreint de se venger de son sortilège précisément par peur des représailles ? N'avait-elle pas été choisie – elle, et pas une autre – pour représenter l'École de Beauxbâtons ? Pour résumer, quiconque s'y frottait s'y piquait douloureusement. Et les cheveux verts n'étaient qu'un avant goût, oh oui. Fleur en connaissait, des sorts. Pour lui faire pousser des queues de cochon, des verrues, des poils, en des endroits curieux. Pour lui retirer certaines parties – indispensables. Pour transformer ces dites parties en fruits ou légumes, au choix. Est-ce qu'elle les utiliserait ? Non, bien sûr. Mais la perspective seule convaincrait Charlie de ne plus jamais lui montrer le quart du dixième d'un bout de slip.

Elle dépose les plats nettement astiquées dans un coin, s'essuie les mains et se dirige vers la sortie. Elle allait prendre l'air, et si Charlie savait ce qui était bon pour lui il viendrait la rejoindre fissa. « Qui êtes vous ? » la voix de Molly l'interrompt. Soudainement, elle ne se sent plus si énervée, mais triste, simplement. C'est drôle comme son humeur pouvait changer du tout au tout. « Une amie de Bill » répond-elle simplement, sans développer, en franchissant le pas de la porte. Elle n'a pas l'énergie de lui expliquer leur histoire une énième fois, en espérant qu'elle reconnaisse en l'inconnue blonde sa belle fille. La brise fraiche du soir est presque trop glacée, elle se rend compte qu'elle n'a rien pris pour se couvrir. Tant pis, la colère la réchaufferait pour l'instant. Et la frustration. Est-ce que Fleur est véritablement en colère contre Charlie ? Plus vraiment. Elle suspecte qu'il trouve en cette dispute autant de satisfaction qu'elle. La guerre, jusqu'alors, avait toujours été comme ça : l'attente, l'attente, et encore l'attente. Ponctuer ces instants de suspension temporelle rendait l'expectation du moment suivant moins pénible. Fleur s'assoit sur le petit banc blanc qui fait face à la mer, songeuse. Charlie finit par la gracier de sa présence illustre (sarcasme). « Du coup, où en étions-nous ? » dit-il en mâchonnant machinalement ses tartines. Fleur le regarde avec dégoût et dit la première chose qui lui passe par la tête : « Je n'arrive pas à croire que je t'ai embrassé, tu es répugnant. Et en plus tu n'embrassais même pas bien. » claque-t'elle sèchement. Officiellement, elle a l'air énervée. Intérieurement, elle jubile. Quelle meilleure façon de le punir qu'en parlant de la chose qui le prendrait le plus au dépourvu. En fait, Fleur est prête à jouer le jeu jusqu'au bout pour lui apprendre la leçon et le voir se ridiculiser. Elle s'approche de lui et lui lance un regard langoureux, accompagné d'un « Bien sûr, tu peux me prouver le contraire. Il n'y a personne aux alentours, personne ne sera au courant Charlie ». L'enchantement de son sang se débride, et en quelques secondes les yeux de Charlie se remplissent d'une brume caractéristique. Haha. Rire machiavélique intérieur.. Fleur : Score. Charlie : au moins …. moins huit mille.
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❝ Silencio and listen ❞Charlie & Fleur


Février 1995, Poudlard Son rire cristallin perce la nuit. Charlie ne peut s’empêcher de sourire en entendant cette douce mélodie. Quand elle est là, il a le vertige, il devient terriblement conscient de ses cheveux en bataille, de ses ongles pas toujours propres et de sa barbe qu'il a encore oublié de raser. Tout est si parfait chez elle. Qu’est-ce qu’une fille comme Fleur peut bien faire avec lui ? Mais sur Godric Gryffondor, il jure qu’il ne lui a pas donné de filtre d’amour ! Pour être tout à fait franc, Charlie ne l’avait pas vraiment remarquée avant qu’elle ne vienne le voir au campement où on gardait les dragons. Alors forcément, rien de tout ça n'avait été prémédité, du moins pas de son côté en tous cas. La nuit est belle pour la saison, mais il fait froid. Le parc du château est plongé dans l’obscurité et il n’y a qu’un gros chien et un cygne fantomatiques pour éclairer le chemin de Fleur et Charlie qui marchent si près l'un de l'autre qu’ils n’auraient projeté qu’une seule ombre sur le sol s’il avait fait jour. De temps en temps,le patronus de Charlie vient embêter celui de Fleur qui l'ignore sans le moindre remord. Penaud, le levier irlandais va alors se glisser entre les jambes de son créateur avant de retourner trottiner gaiement autour d’eux. « Oh ChaRlie, tu es si drôle. » Dit Fleur en posant une main délicate sur le bras d’un Charlie perplexe. « Je me demandais, comment fais-tu pour t’approcher des dragons à la réserve ? Ça a l’air très dangereux ! » Ravi, de pouvoir parler de son sujet favori, le jeune homme ne se doute de rien et il parle, il parle, donnant à Fleur toutes les informations dont elle a besoin pour réussir la prochaine épreuve du tournoi.

Mars 2003, chaumière aux coquillages Si vous venez d’arriver, il est important que l’on vous parle de deux-trois petites choses au sujet de Charlie Weasley. Lui-même n’y a jamais trop réfléchi, mais ça ne fait aucun doute, il se trouve quelque part sur le spectre de l’asexualité. Pour ceux qui se poseraient la question ou qui s’inquiéteraient pour lui, sachez que ce n’est ni une bonne, ni une mauvaise chose, c’est juste une chose, une partie de la personnalité de Charlie qui ne l'handicape nullement dans sa vie de tous les jours (c’est même plutôt pratique de ne pas avoir de libido en temps de guerre). Non ce qui l'handicape, c’est son manque d’intérêt général pour les relations sociales. Et donc, son retard conséquent dans tout ce qui concerne les sentiments, amicaux ou romantiques. Certes, avec les années, il a fini par s’habituer à l’amitié, plus qu’à l’amour, la pratique étant plus facilement accessible, mais il n’y a qu’autour de sa famille que Charlie est véritablement à l’aise. Enfin… Sa famille et mademoiselle Johnson. Mais ça, c’est une autre histoire (que vous pouvez certainement lire en d'autres lieux si vous cherchez un peu).  Cela dit, il est vrai que Charlie est plus terrifié des choses physiques qu'il ne veut bien l'admettre, sûrement à cause d'expériences passés qui se ont mal terminés pour lui, comme par exemple une jeune Serdaigle qui le trompe avec quelqu'un de plus "démonstratif" et une française qui ne s'est intéressée à lui que dans le but de gagner un célèbre tournoi inter-scolaire. Par Exemple. Bref, maintenant que nous sommes tous sur la même page, commençons.

« Je n'arrive pas à croire que je t'ai embrassé, tu es répugnant. Et en plus tu n'embrassais même pas bien. » Médit, Fleur, en le regardant avec dégoût. Blessé par son attitude plus que par sa remarque, Charlie a du mal à avaler sa bouchée de tartine. Décidément, c'est le pire petit-déjeuner qu'il a à manger depuis le début de l'année. Et c'est dire, car le mois dernier, il s'est retrouvé sans rien d'autre que de la soupe aux champignons, matin, midi et soir, pendant trois jours. Quel est le rapport entre ses caleçons ou son rythme de sommeil et sa façon d’embrasser ? Le cerveau du pauvre Charlie commence déjà à sauter des mesures. Hein ? Quoi ? Mais... Il était bien heureux lui, de vivre dans ce non-dit. Il faut que quelqu’un lui vienne en aide. Il jette un œil optimiste sur la plage déserte. Elle reste malheureusement déserte. Pourquoi maintenant ? Pourquoi après dix ans de silence, Fleur décide que cet après-midi est le moment idéal pour reparler de leur petit idylle passé ? Ça n’a pas de sens. « Vraiment aucun sens. » Pense Charlie à voix haute. Il balbutie quelques mots, le front plissé, le regard fixé sur Fleur dans l’espoir d’apercevoir ce qui se cache dans la tête de la sournoise semi-vélane. Trop tard, il reconnaît l'expression rusée dans ses yeux. Il aurait aimé ne jamais la revoir, cette expression. Silencieusement, il regarde Fleur s’approcher avec la même peur qu’il y a dix ans. Il n’est pas prêt. Il n’a pas envie. Que quelqu’un fasse quelque chose ! « Bien sûr, tu peux me prouver le contraire. Il n'y a personne aux alentours, personne ne sera au courant Charlie » Charlie dégluti et attrape instinctivement sa baguette dans la poche de sa veste. Laissant tomber par la même occasion, sa dernière tartine. « Merde. » Il s'agenouille pour la ramasser. Elle est recouverte de poussière et de sable. Désolé, il la repose dans l'assiette qu'il laisse sur le rebord de la fenêtre. Quand il se retourne vers Fleur, elle est toujours là, près. Il clique des yeux. Une fois. Deux fois. Trois fois. Trop de fois pour continuer à compter. « Fleur. Hum… Qu'est-ce que tu... ? Hahaha, super marrant, je heu... » Charlie voudrait presque la plaquer contre la porte et l’embrasser avec toute la frustration qu’il a héritée d’une autre jeune femme de sa connaissance. Ah ça lui clouerait le bec une bonne fois pour toutes à cette petite prétentieuse. Elle ne s'y attendrait pas à ça, ça lui ferait une belle jambe. Il la prendrait au dépourvu et elle le laisserait un peu tranquille pour une fois. Seulement voilà, il ne peut pas. Il est pétrifié. Il n’a pas envie de la toucher, il a encore moins envie qu’elle le touche ou qu’elle s’approche d’avantage. Peu importe sa beauté, c’est Fleur. Fleur, la femme de Bill. Fleur, la mère d'Espérance. Fleur, cette insupportable française qui refuse de laver ses caleçons, ne serait-ce qu’une fois en plus de cinq ans. « J'ai une super idée ! Et si, je dis bien et si hein je veux te forcer à rien – ça serait déplacé de ma part – tu restais là ? » Charlie se force à rire et avec l’aisance évidente qui l’habite à cet instant, il pose ses mains incertaines sur les épaules de Fleur pour la garder à bonne distance. Pour être sûr, il fait un pas en arrière. « Là comme ça, c'est pas mieux ? Qu'est-ce que t'en dis ? Je trouve que c'est bien comme ça. Oui, c'est très bien même. » Demande-t-il. Il sait parfaitement que Fleur fait uniquement ça pour le torturer. C'est vicieux et injuste, mais ça marche à la perfection. Sauf qu’asexualité ou pas, on ne résiste pas au sang de vélane comme ça et une fois que la surprise est passée, Charlie se sent flancher et perdre de son sang-froid – si je vous jure là c’était Charlie calme. Les yeux de Fleur sont hypnotiques et si… si… Contre toute attente, Charlie fait un pas en avant. Au moment critique et complètement contre sa volonté, il transplane.
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❝ Silencio and listen ❞Charlie & Fleur

Fleur n'était pas une menteuse, en vérité elle détestait jouer la comédie, et avait appris il y a bien longtemps qu'il valait mieux être haïe pour ce qu'elle était, qu'appréciée pour ce qu'elle n'était pas. Cette pensée, devenue plus tard ligne de conduite, l'avait portée tant dans son comportement avec son entourage, qu'avec les hommes et les professeurs. Elle abhorrait les faux semblants, les simagrées, le manque d'honnêteté et les hypocrisies dont les gens usaient sans discernement ni intelligence. La difficulté quand on a du sang de vélane, c'est qu'il est peu d'accomplissements qu'on ne saurait attribuer à votre ascendance. Des notes excellentes ? Elle a séduit le professeur. Le transplanage et la magie non verbale ? L'héritage de ses aïeules, qui facilitait sa maîtrise de l'art. Un admirateur ? Le pauvre bougre est probablement ensorcelé ! Un comportement détestable pour la jeune femme travailleuse et pleine d'ambition qu'elle était. Fleur avait toujours cherché à faire ses preuves, à affirmer au reste du monde qu'elle était plus qu'un joli visage, plus que la douce ambroisie trompeuse qui coulait dans ses veines. Quand elle avait rencontré Charlie, elle était désespérée et perdue. Elle avait appris par Madame Maxime la teneur de la première épreuve, ne s'était pas sentie prête, avait paniqué. Ses yeux s'étaient posés sur le jeune homme – elle avait tout de suite aimé ses cheveux roux, ses grands yeux joueurs, son sourire de mauvais garçon et ses cicatrices (Un goût qui s'était ensuite confirmé en son époux). Il avait un côté rassurant et doux. Fleur avait approché Charlie, par curiosité d'abord, puis par intérêt. Ne pouvait-il pas l'aider après tout ? On ne trouve pas les spécialistes de dragon sous les sabots d'une licorne. Et il était sensible à son charme – ou plutôt à son sang, comme elle l'avait réalisé plus tard durant leurs deux semaines d' « aventure » ; si on peut appeler aventure des baisers volés au détour d'un bosquet. Il lui avait tout dit, il était passionné, il s'animait devant elle avec une candeur touchante. En fait, c'est cette naïveté qui avait fait culpabiliser Fleur, et qui lui avait fait réaliser la médiocrité de son attitude. Ce qu'elle avait fait, soutirer des informations de la sorte, utiliser ainsi sa séduction, battre des cils pour l'émouvoir, ce n'était simplement pas elle. Alors, le jour avant l'épreuve, elle avait changé de stratégie et improvisé. Elle avait trouvé un puissant sortilège de sommeil et l'avait jeté sans remord à la bête féroce qui s'était assoupie comme un nourrisson. Elle ne l'avait jamais dit à Charlie, l'avait caché par orgueil, mais Fleur avait été blessée quand, dans les yeux du dragonologue, elle avait décelé une affection superficielle, incomplète, chose qu'elle s'était refusée à voir un temps avant de se rendre à l'évidence. Il n'était qu'un homme, pas meilleur qu'un autre devant un beau minois, et elle s'était fourvoyée dans sa vanité, bienheureuse et ignorante qu'elle était. Charlie ne fut ni le premier, ni le dernier dans une longue liste de prétendants captivés par son charme. Il y eut Louis, François, Léon, Victor. Roger Davies, au bal de Poudlard, qui la regardait d'un air béat. Le pauvre garçon avait été second choix depuis le début, lot de consolation face à la déception d'une affection trop légère. Michael, plus tard, Irvin, Hugo peu avant de partir pour l'Angleterre définitivement. Et puis enfin – enfin ! - comme la récompense d'un trop long parcours et de trop nombreux déboires, Bill. Bill avait eu l'air indifférent, au début, et c'est sans doute l'hameçon qui l'avait prise au palais et au cœur. Fleur était habituée à l'admiration, mais l'indifférence, c'était nouveau. C'était rafraîchissant. C'était frustrant, aussi, pour la première fois dans sa vie elle avait dû faire les choses comme tout le monde, doucement, avec la sensation de se jeter chaque seconde dans le vide et l'espoir d'être rattrapée ; encore et encore. Ainsi, la petite fille gâtée qu'elle était, avait laissé place à une femme mûre, plus sûre d'elle, moins prompte à prendre la solution de facilité. Ce qui rendait son comportement présent d'autant plus décalé. Fleur ne saurait dire quel strangulo l'avait piquée, était-ce le stress ? Peut-être l'angoisse ? L'anxiété d'une guerre qui s'éternisait, et ne laissait dans son sillage que laideur ?

L'expression déconfite sur le visage de Charlie était une récompense, en soi. Après avoir été toisée avec condescendance par ce dernier qui pensait que l'inquiéter en ne pointant pas le bout de son nez hors de sa chambre pendant trois jours était acceptable, elle était plus que ravie de lui apprendre une leçon, à cet enchanteur de caleçons. Et encore – le jeune homme n'en était pas à sa première offense. En tant que « pièce rapportée », les Weasley avaient d'abord mis un certain temps à l'accepter. Maintenant, quoi qu'elle fut parfaitement intégrée, ils ne semblaient pas réaliser que le cœur de la française s'était élargi pour les inclure chacun, dans leurs qualités et leurs défauts, comme une famille nombreuse qu'elle se serait découverte plus tard. Une pièce de puzzle dont elle n'aurait pas reconnu le besoin avant de voir l'image finale, imparfaitement parfaite. Une mauvaise langue eut pu dire que traiter ainsi son beau-frère n'était définitivement pas une façon correcte de traiter sa famille, mais Fleur gardait le tempérament de feu des créatures qui la précédaient. Alors, elle ne ressentait qu'une culpabilité détachée, amoindrie par la colère. Et puis, comment montrer son affection sans tourmenter un peu sa belle famille ? «  Fleur. Hum… Qu'est-ce que tu... ? Hahaha, super marrant, je heu... » il balbutie, trébuche sur les mots, elle l'a rarement vu si défait et jubile. Fleur redouble d'efforts. Bien sûr, elle ne le laissera pas s'approcher d'elle suffisamment pour l'embrasser, il est des limites que même une vélane en colère ne dépasserait pas, et elle n'avait aucune envie de trahir Bill pour son simple amusement. « J'ai une super idée ! Et si, je dis bien et si hein je veux te forcer à rien – ça serait déplacé de ma part – tu restais là ? Là comme ça, c'est pas mieux ? Qu'est-ce que t'en dis ? Je trouve que c'est bien comme ça. Oui, c'est très bien même. » poursuit Charlie, tentant de s'éloigner, mais il se trouble de plus en plus, ses yeux ambrés plus ronds que jamais. Il flanche, se laisse malgré lui hypnotiser. Il fait un pas en avant, un autre, elle se sait captivante, en fait elle sent ses cheveux voler dans son dos sans qu'un courant de vent ne vienne caresser les vagues. Il est presque là, et elle prend sa baguette, prête à lui envoyer un aguamenti bien senti pour mettre fin à la farce. Il tend une main, touche son bras, elle sort sa baguette et … Sent son souffle se couper brusquement. La sensation d'être dans un tuyau noir, étroit, l'impossibilité de respirer, la tête qui tourne – ils sont définitivement en train de transplaner, ce qui n'était absolument pas prévu. Enfin, ils arrivent à destination et elle tombe, encore et encore, sur plusieurs mètres. L'eau, glacée, la submerge, et elle glapit sous le choc. « CHARLIE » rugit-elle quand elle parvient à garder la tête hors du marais, trempée « Charlie, je suis mouillée ! Et c'est de ta faute espèce de véracrasse! ». Mais elle ne voit pas son beau-frère. En fait, c'est en tournant que finalement, ses yeux se posent sur Charlie, bien au sec sur la berge, l'air toujours sonné par ce trajet imprévu.
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