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sujet; rolfie — THIS IS THE DARKEST TIMELINE.

HERO • we saved the world
Rolf Scamander
Rolf Scamander
‹ disponibilité : always.
‹ inscription : 27/09/2015
‹ messages : 876
‹ crédits : flightless bird, les gifs à tumblr et à maggie stiefvater pour la signature.
‹ dialogues : seagreen.
rolfie — THIS IS THE DARKEST TIMELINE. Tumblr_oesf3sEmR41rktrl8o6_250

‹ liens utiles :
rolf ft. ryan gosling, astoria ft. lily collins, theodore ft. dylan o'brien, édouard ft. bob morley, neville ft. daniel sharman, elijah ft. chris evans, ambroise ft. sen mitsuji, alexander ft. alfie enoch, olivia ft. emeraude toubia, brienne ft. natalia dyer, dean ft. john boyega, gregory ft. alden ehrenreich, priscilla ft. daria sidorchuk, charles ft. james norton, hwan ft. vernon choi, jay ft. gong yoo, hiram ft. abel tesfaye, adidja ft. reece king.


‹ âge : il a l'air d'avoir environ trente-cinq ans mais en a en réalité vingt-huit.
‹ occupation : employé à mi-temps dans un élevage indépendant de licheurs.
‹ maison : serpentard.
‹ scolarité : 1987 et 1994.
‹ baguette : est rigide, sculptée d'une salamandre à sa base, longue de trente-quatre centimètres, est faite de bois de sureau et contient un crin de Kelpie.
‹ gallions (ʛ) : 4333
‹ réputation : je suis quelqu'un qu'il est difficile d'approcher.
‹ particularité : empathe. J'entends et ressens les émotions d'autrui.
‹ faits : je suis empathe et après avoir abusé de l'usage d'un Retourneur de Temps, mon corps est toujours désynchronisé et je parais avoir six ans de plus par rapport à l'âge que j'ai réellement. J'ai fait cavalier seul pendant des mois jusqu'à finalement rejoindre Poudlard mi-juillet 2003, où j'ai rejoint la Renaissance du Phénix. Mon surnom parmi les Insurgés était Oz.

Je vis avec Luna depuis la fin de la Guerre, et avec notre fille née à la fin de la Bataille, Lesath — jusqu'à ce qu'elle ait contracté le syndrome de Rosier et soit en convalescence à Saint-Mangouste.
‹ résidence : dans la maison Lovegood.
‹ patronus : un loup
‹ épouvantard : moi-même, fou à lier, écumant, incapable de sauver la silhouette indistincte d'une femme qui se tord de douleur devant moi.
‹ risèd : rien de particulier. j'ai tout ce que j'ai jamais désiré.
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luna lovegood
some days, you think the sea is but a giant mirror, the vanity of coquettish stars and lazy clouds in passing. / some days, you think it is the fury of our earth mother, her tears and her sorrow saltwater in the breeze. / on all of them, you want to sail its’ lengths; you want to get lost out on the abyss, feel small beneath the sky.


Le soleil embrasait le ciel: des langues de flammes rejoignaient hâtivement l'horizon et les ombres s'étiraient au sol, donnant au monde des allures éthérées et effrayantes. Rolf avançait sans trop savoir quoi faire ou penser, tirant de temps en temps une bouffée de la cigarette qui pendait sur sa lèvre inférieure — un sale vice qui l'avait tenté dès son premier pied posé dans le monde moldu —, s'étouffant parfois sur la nicotine en une toux douloureuse et amère. Mais c'était une douleur familière et réconfortante; quelque chose qui faisait partie de lui; quelque chose qui le gardait sur terre quand sa tête s'évadait dans les nuages, avide d'air à respirer.

Le calme était une nouvelle, et intéressante, sensation. Il n'était obligé... eh bien, Rolf n'était obligé de ne rien faire. Il allait où il l'entendait, quand il le désirait, comme il le voulait; personne pour lui dire non, personne pour lui jamais: il était libre, libre, libre mais cette liberté avait un goût de prison. Il était en danger. Tout le temps, chaque souffle, chaque seconde, chaque instant.

Rolf avait passé les premiers jours le coeur battant, le coeur au bord des lèvres, dans le fond de la gorge, là, à pulser désagréablement: boum-boum, boum-boum, boum-boum. Il les avait passé à courir et à prier, à ne jamais dormir, à ne jamais manger: rien ne comptait d'autre que la fuite, la fuite, la fuite. Et maintenant? Maintenant il fumait presque tranquillement, hantant les ruelles désertes d'un petit village moldu, seulement perturbé par l'étrange ciel qui s'ouvrait au-dessus de sa tête: le soleil se couchait et les derniers retardataires rentraient chez eux en lui adressant un regard interrogateur, mais discret: que faisait un homme inconnu au milieu de leur trou paumé?

Il se trouvait dans le sud de l'Angleterre, en Cornouailles, et de l'autre côté de la Mount's Bay se dressait le St Michael's Mount. Il n'y avait personne dans les rues de Marazion, ce soir-là. Peut-être sentaient-ils le danger dans l'air, ou la magie récalcitrante, ou l'impression que le monde courrait à sa fin; toujours était-il que Rolf était seul, un prince arpentant les rues de son fief, sa cigarette à la bouche et ses yeux dirigés vers le ciel.

Le monde retint sa respiration quand il finit par aller au bout de l'estacade. Dans quelques heures, la mer s'ouvrirait pour laisser se faufiler un chemin de terre et de rochers jusqu'au château de St Michael. Dans quelques heures, il rejoindrait l'endroit qu'il sentait déjà vibrer de magie; son grand-père lui avait parfois parlé de reliques perdues dans des vieilles constructions moldues, et Rolf n'osait pas imaginer la valeur de tel objet magique.

Il était passé à Gringotts avant de fuir et dans l'une de ses poches, le contact rassurant des Gallions et des Mornilles arrivait à le calmer quand la peur de tout avoir plaqué pour rien l'étreignait; mais il savait que cette maigre réserve ne durerait pas éternellement. Et il se devait de devenir autonome dès que possible. C'était comme un jeu, maintenant, duquel il découvrait les règles. Au début, il avait été effrayé; pour l'instant, il était juste exalté, satisfait de sa sensation de liberté. Quant à demain...

Sans plus y penser, Rolf continua d'observer l'horizon en finissant sa cigarette, profitant des derniers rayons de soleil sur son visage.

__

Il avait fini par retrousser le bas de son pantalon et commencé à avancer, même si la marée n'avait pas encore tout découvert de l'estran; il s'en fichait bien. Il était seul au monde et l'océan lui ouvrait les bras. Et peut-être une prochaine richesse impromptue. Ces moldus étaient si simples à berner... Il avait récupéré à The Ark, avant de partir, une cape d'invisibilité qui appartenait à Newt — d'excellente facture, elle était taillée à peu près à sa taille (son grand-père étant plus petit que lui, ce n'était pas gênant) et tiendrait bon pendant quelques mois encore. Il n'aurait qu'à se faufiler entre les gardes s'il y en avait, chercher la fameuse relique magique dont il avait entendu parler, prendre quelques photos si le coeur lui en disant, et s'enfuir à toutes jambes dès que ce pouvait; le crime était presque parfait.

Rolf était en train de grimacer, en équilibre sur une jambe alors qu'il examinait le dessous de son autre pied nu, quand le cri perça l'air.

Strident, désagréable, à en saigner.

Mais Rolf Scamander était difficile à impressionner. Avec tout le calme du monde, il tourna la tête pour regarder par-dessus son épaule quel moldu avait bien pu- -

Une tornade blonde lui fonce dessus. Et elle a l'air prête à en découdre. Rolf n'a le temps de rien faire: l'instant d'avant, il est en train de se redresser et d'ouvrir la bouche pour lui demander si elle n'aurait pas des tongs à lui prêter; l'instant suivant elle lui pointe sa baguette (attendez... quoi? Elle a une baguette? UNE BAGUETTE?) dessus et il se retrouve projeté en arrière, atterrissant dans l'eau à grand fracas et grandes éclaboussures.

Le sac a appartenu lui aussi à son grand-père (il lui a emprunté) et il est étanche. Lui et sa chemise bleue, un peu moins. Il se sent couler et il se débat avec l'eau, de laquelle il a horreur (elle s'infiltre partout, partout, partout, elle remplit sa bouche son nez ses oreilles ses yeux, elle s'infiltre partout) tout en essayant de ne rien perdre dans la lutte. Quand enfin Rolf parvient à buller jusqu'à la surface, à court de respiration, les yeux fous roulant dans leurs orbites, il a un peu de mal à comprendre ce qu'il voit: la femme qui l'a attaqué est en train d'échanger des sortilèges avec... avec quelqu'un d'autre qui, de l'autre côté de la jetée, progresse lentement mais sûrement vers eux. Qu'est-il sensé faire? La jeune femme l'a attaqué; il devrait se venger mais quelque chose l'en empêche. L'eau qu'il a dans les yeux l'empêche de voir mais il a l'impression de la connaître, alors ça lui suffit.

Rolf parvient à attraper sa baguette sous l'eau et à se propulser, d'un sortilège informulé, au-dessus de l'eau pour rouler sur la jetée qui relie le village à l'île. Il s'érafle la joue, les bras, les jambes mais ne lâche rien; à peine arrête-t-il de bouger qu'il lance un sortilège explosif, qui détruit une partie de l'estacade. L'attaquant de la jeune femme est noyé par les flots, mais pas pour longtemps. Il saute sur ses pieds, prêt à courir... mais a comme un moment d'arrêt devant la demoiselle qu'il a sauvé. Et qui semble, rétrospectivement, l'avoir sauvée. Il l'a déjà vue... une insurgée. Oui. C'est une insurgée, il en est sûr; il l'a vue une fois qu'il s'était proposé d'aider la rébellion, sans la rejoindre, merci beaucoup. Elle lui laisse une impression impérissable et indescriptible derrière les yeux. “ On devrait courir, ” est tout ce qu'il parvient à formuler, après avoir craché une rasade d'eau. “ Merci pour le bain.

Spoiler:


Dernière édition par Rolf Scamander le Mer 28 Oct 2015 - 2:09, édité 1 fois
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HERO • we saved the world
Luna Lovegood
Luna Lovegood
‹ inscription : 31/05/2015
‹ messages : 5660
‹ crédits : LUX AETERNA (avatar), TUMBLR + MATHY LA BEST (gifs), KAZUO ISHIGURO (quote).
‹ dialogues : bleu (luna - #669999) ; rosé (marie - #cc6666).
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‹ âge : (depuis le 13/02/04) 23
‹ occupation : aventurière dans l'âme, souvent bénévole, étudiante par correspondance et mère à plein temps.
‹ maison : Serdaigle
‹ scolarité : septembre 1992 et décembre 1997.
‹ baguette : mesure 25, 8 centimètres, a été taillée dans du bois de sorbier et son cœur recèle un ventricule de dragon.
‹ gallions (ʛ) : 10416
‹ réputation : je suis différente ; même je ne suis plus aussi loony qu'auparavant.
‹ particularité : douée d'un sixième sens tel qu'on me soupçonne d'avoir le troisième œil.
‹ faits : Marie n'est plus ; que je me réhabitue à mon nom, mon visage et ma vie d'autrefois, tant bien que mal ; que les conséquences d'une année et demie volée sont rudes ; que je crois en Harry Potter depuis toujours ; que je suis une héroïne de guerre ; qu'il me manque du bon sens et une part d'humanité ; que je ne pourrais pas survivre sans ma fille, Lesath, ni son père, Rolf Scamander, à mes côtés ; que notre famille détonne ; que je suis l'une des sacrifiés scolaires de la guerre ; que Lesath est atteinte du syndrome Rosier.
‹ résidence : dans cette drôle de demeure du Devon, en forme de tour d'échecs, avec Rolf et notre fille, Lesath. Autrefois musée du gouvernement, aujourd'hui réhabilitée, elle s'élève toujours aux abords de Loutry-Ste-Chapsoule.
‹ patronus : un sombral, après de nombreuses métamorphoses (le lièvre et le panda ont été les plus marquantes).
‹ épouvantard : une forme prostrée dans un sous-sol tantôt calciné, tantôt humide (représentation d'un retour en arrière inéluctable, sans Lesath, sans Rolf, sans ceux qui comptent pour moi).
‹ risèd : une longue chaine dorée, sertie de six pendentifs très particuliers.
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the darkest timeline
Just because everything is different
doesn't mean anything has changed

« Elle est partie par-là ! ». Trois. Pourquoi fallait-il toujours qu'ils soient trois ? Le versant tactique de son esprit désapprouvait complètement la stratégie numérique, aberrante et absurde : qui pouvait bien se charger de la sécurité du troisième Râfleur lorsque les deux autres manquaient à l'appel ? Le souffle court, les poumons enflammés, la jeune femme manqua de trébucher en dévalant la rue escarpée qu'elle venait tout juste d'emprunter ; ignorant les lampadaires accrochés aux pierres brutes, aux pierres taillées, des habitations qui signalaient régulièrement sa position aux yeux malavisés ; ignorant les volets bleus, les portes rouges, les piliers rosés, qui se confondaient en mirages multicolores au gré de sa course folle. L'attention de l'Insurgée était entièrement focalisée droit devant elle, vers la liberté tant espérée que lui faisait miroiter la fin de la rue : la fugitive avait toujours trouvé son salut en s'évanouissant dans la nature. Mais le soulagement ne fut que de courte durée. A peine eut-elle foulé le sol de la jetée que l'instinct de survie réinjecta une dose d'adrénaline dans son système et lui fit courber l'échine, alerté par un murmure lointain et menaçant. Violet. L'éclair qui la manqua de quelques mètres fila droit vers l'horizon océanique, s’effilochant par-dessus les vagues à mesure que le sortilège perdait de sa puissance. Comme une étoile filante disparaîtrait de la voûte céleste en un millième de seconde. Dans la précipitation, les pierres qu'elle enjambait, la plage rocailleuse qu'elle investissait, Marie ne se rendit pas compte de la variation émotionnelle qui s'opérait effectivement en elle. Mais ses traits, son faciès d'ordinaire serein, se distordaient instantanément sous l'effet de la colère. Une colère sourde et impitoyable. La proie  était tout simplement outrée par le changement brusque et déloyal des méthodes de traque de ses chasseurs. Une voix moqueuse et familièrement ténébreuse la réprimanda sévèrement : Qu'est-ce que tu crois ? Qu'ils vont t'offrir le thé et les biscuits ? L'interlude de son esprit vaporeux fut sans appel : la garde abaissée n'anticipa jamais le sort qui vint directement lui déchirer les chairs, rouvrant impitoyablement le derme défiguré par son ancien tatouage Rebut. Un hurlement glaçant et douloureux s'échappa du fond de sa gorge et trouva son écho dans l'air salin des côtes anglaises. Très bien. Ils voulaient la guerre ? Ils l'auraient. On ne réveillait pas la lionne qui sommeillait en elle depuis l'incident d'Hyde Park aussi impunément.

La vive douleur tiraillante de son bras gauche ne la laisserait certainement plus s'attendrir pour une couleur, pour un souvenir, par l'obscurité nocturne ou bien une simple pensée loufoque aussi facilement. Quoique. La haute silhouette qui se tenait au bout de l'estacade (haute, masculine, indubitablement bleue) l'empêcha de faire volte face pour passer à l'offensive pure et simple. Les civils, elle avait oublié les civils. Des dommages collatéraux ? Non. L'insurgée n'était pas comme ça, laissant dans la ligne de mire de cette guerre magique des innocents sans défense, et elle ne le serait jamais. Ne rien dire et laisser faire le temps avait déjà anéanti la fugitive par le passé. Réfléchis, Loony, réfléchis. Qu'est-ce qu'elle pourrait bien dire à ce moldu pour l'inciter à détaler au plus vite ? Le Silence, dans son esprit et de l'autre côté de la jetée, fut la seule réponse qu'elle obtint à l'interrogation hâtive. Les Râfleurs devaient très certainement chercher le passage qu'elle avait aveuglément emprunté pour cesser momentanément toute invocation magique. Silence, le rien, le non-dit. Dans l'urgence, parler était souvent bien plus une source d'ennuis que d'agréments. Le choix était fait : elle ne dirait tout simplement rien. Le mouvement vif, le geste agile, ce fut presque à contre-coeur que la baguette en bois de sorbier se retrouva engluée dans la main droite avant de prononcer distinctement un « Repulso » d'une voix ferme et maîtrisée. Le bruit sec et claquant que produisit l'autochtone contre la surface marine apaisa ses craintes (d'impliquer encore une fois une pauvre âme innocente) et anima férocement l'insensibilité qui la possédait dorénavant. Les sorts se déversèrent du bout de sa baguette de façon automatique, entrecoupés seulement par les réponses violentes de la Milice qui la forçaient à lancer ses Protegos souvent in extremis. Par Merlin, ils étaient pires que Miss T... BOUM. La déflagration soudaine détruisit subitement le seul passage qui reliait l'île à la terre ferme en son milieu, soulevant les flots, engloutissant l'un des Râfleurs sous les vagues artificielles. Détraquant par la même occasion l'esprit échaudé de l'insurgée. Que... Quoi ? Les bras ballants (ou plutôt l'un quasiment hors-service et l'autre suspendant la baguette magique dans les airs), bouche-bée, Marie ne put s'empêcher de cligner plusieurs fois des paupières pour s'assurer que la disparition soudaine du Râfleur et la cessation totale des sortilèges étaient seulement réelles ; ou pire, qu'elle ne s'était pas stupidement faite tuer par inadvertance. Jamais elle n'avait lancé ça tout du long de l'échange ! Alors comment... « On devrait courir, », ça y était, elle déraillait complètement. Ce timbre ne pouvait certainement pas se trouver ici. Et pourtant, cette voix qu'elle pouvait reconnaître entre mille résonnait incroyablement vraie tout autour d'elle. Alors que ça ne lui était jamais arrivé auparavant. Dire qu'elle était  abasourdie était certainement l'euphémisme de l'année. Son regard noisette se dirigea lentement vers l'apparition, effrayée d'avoir effectivement rêvé l'instant. Soupir de soulagement. Il était bel et bien là. Bien qu'alternant entre la silhouette détrempée de Rolf Scamander et la vague direction de l'estacade en pierres brisée, Marie ne réussissait toujours pas à se défaire de la teinte surprise qu'avait emprunté son visage, complètement ahurie.

Ignorant totalement la remarque du sorcier à propos de son plongeon forcé – il était bien au beau  milieu du chemin, non ? - Marie lâcha d'une voix brusque une question parfaitement légitime : « Qu'est-ce que vous fichez ici ? ». Mais l'apparition d'un nouvel éclat lumineux réactiva les réflexes de l'Audacieuse, qui força Scamander à s'abaisser, se rappelant qu'ils n'étaient pas juste en train de troquer des informations à ce moment. Là, oui, Marie était d'accord :  ils avaient en effet plutôt intérêt de courir. Délaissant la protection du rocher derrière lequel ils s'étaient réfugiés, Marie repartit en direction de l'île au château tout tirant sur le poignet du sorcier pour l'entraîner dans son sillage. Bad idea. Le simple fait de bouger les doigts de sa main gauche lui électrisait douloureusement l'ensemble du bras et lui firent lâcher l'emprise au bout de quelques secondes. Plus vite, moins vite, plus vite, moins vite. L'instinct de survie commençait à faillir devant le plus grand ennemi des fugitifs : la fatigue physique. Les blessures aussi étaient de véritables plaies lorsqu'il était question de survie. Marie ne s'arrêta que lorsque la sensation de lourdeur fut enfin reconnue par son esprit embrumé, les Converses sombres et le jean délavé alourdis par le poids de l'eau qu'elle avait fendu de son pas erratique. Ils étaient enfin sur la terre ferme et les premières bâtisses de l'île  s'élevaient silencieusement tout autour d'eux. Par Merlin, respirait-elle vraiment aussi fort ? « Je... j'ai... une minute. » La requête se perdit dans le vide, le corps bien plus impérieux que ne le serait jamais l'esprit en cet instant. De la course, elle passa à la marche rapide, aux pas tranquilles pour finalement s'immobiliser complètement. Seule, pourquoi fallait-il toujours qu'elle soit seule pour rameuter tous les Râfleurs de Grande-Bretagne tout autour d'elle ? Pourquoi fallait-il toujours qu'elle parte sans prévenir Hermione ? Pourquoi fallait-il surtout qu'elle soit en danger de mort pour se souvenir qu'elle ne devait pas laisser Luna reprendre le dessus sur elle ?

Marie ressentit le regard perçant de Rolf la jauger plus qu'elle ne le vit directement. « Vous devriez partir, maintenant. ». Restes. « Vous risquez pas mal d'ennuis si jamais les Râfleurs vous tombent dessus ». Toi encore plus, Loony, toi encore plus. Dans l'obscure situation dans laquelle elle s'était encore embourbée, l'Insurgée ne pouvait pas s'empêcher de voir une fois encore le bon côté des choses. L'absence de la silhouette de Scamander sur le Chemin de Traverse, de toutes les scènes publiques, ces deux derniers mois l'avait profondément angoissée. Luna Lovegood était simplement heureuse de savoir Rolf Scamander toujours en vie. Le fait qu'il ne portait pas de chaussures entrait à peine en ligne de compte. A peine.


Dernière édition par Luna Lovegood le Mer 28 Oct 2015 - 7:36, édité 3 fois
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Rolf Scamander
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rolf ft. ryan gosling, astoria ft. lily collins, theodore ft. dylan o'brien, édouard ft. bob morley, neville ft. daniel sharman, elijah ft. chris evans, ambroise ft. sen mitsuji, alexander ft. alfie enoch, olivia ft. emeraude toubia, brienne ft. natalia dyer, dean ft. john boyega, gregory ft. alden ehrenreich, priscilla ft. daria sidorchuk, charles ft. james norton, hwan ft. vernon choi, jay ft. gong yoo, hiram ft. abel tesfaye, adidja ft. reece king.


‹ âge : il a l'air d'avoir environ trente-cinq ans mais en a en réalité vingt-huit.
‹ occupation : employé à mi-temps dans un élevage indépendant de licheurs.
‹ maison : serpentard.
‹ scolarité : 1987 et 1994.
‹ baguette : est rigide, sculptée d'une salamandre à sa base, longue de trente-quatre centimètres, est faite de bois de sureau et contient un crin de Kelpie.
‹ gallions (ʛ) : 4333
‹ réputation : je suis quelqu'un qu'il est difficile d'approcher.
‹ particularité : empathe. J'entends et ressens les émotions d'autrui.
‹ faits : je suis empathe et après avoir abusé de l'usage d'un Retourneur de Temps, mon corps est toujours désynchronisé et je parais avoir six ans de plus par rapport à l'âge que j'ai réellement. J'ai fait cavalier seul pendant des mois jusqu'à finalement rejoindre Poudlard mi-juillet 2003, où j'ai rejoint la Renaissance du Phénix. Mon surnom parmi les Insurgés était Oz.

Je vis avec Luna depuis la fin de la Guerre, et avec notre fille née à la fin de la Bataille, Lesath — jusqu'à ce qu'elle ait contracté le syndrome de Rosier et soit en convalescence à Saint-Mangouste.
‹ résidence : dans la maison Lovegood.
‹ patronus : un loup
‹ épouvantard : moi-même, fou à lier, écumant, incapable de sauver la silhouette indistincte d'une femme qui se tord de douleur devant moi.
‹ risèd : rien de particulier. j'ai tout ce que j'ai jamais désiré.
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some days, you think the sea is but a giant mirror, the vanity of coquettish stars and lazy clouds in passing. / some days, you think it is the fury of our earth mother, her tears and her sorrow saltwater in the breeze. / on all of them, you want to sail its’ lengths; you want to get lost out on the abyss, feel small beneath the sky.


Rolf a l'air un peu mal à l'aise, sa lippe tordue en ce qui ressemble à un sourire — qui n'en est vraiment pas un — et à une moue boudeuse contrariée. C'est très désagréable: il a encore de l'eau dans les yeux, et a l'impression de pleurer, ce qu'il déteste; ses cheveux blonds sont aplatis sur son crâne, et gouttent lourdement sur le sol; sa chemise lui colle à la peau, très désagréablement, alors que le vent frais de septembre vint l'agiter de petits frissons douloureux; et son jean est tellement serré qu'il a l'impression qu'il va mourir, mourir, mourir étouffé dedans. Disons qu'il est plutôt contrarié. Mais plutôt satisfait de son ton égal, de sa voix blanche, presque indifférente — merci pour le bain, du grand génie, Rolf. Mais il y a autre chose, un malaise qui le prend derrière les yeux et lui soulève le coeur; il n'arrive pas à mettre le doigt dessus mais c'est là, juste là... « Qu'est-ce que vous fichez ici ? »

Un sourcil file sur son front, il prend un air à la fois surpris et blessé, comme s'il était véritablement dans son bon droit de se retrouver ici. Pas le moins du monde. C'est vrai que rétrospectivement, flâner et faire du tourisme dans le monde moldu ne sont pas vraiment les codes du hors-la-loi le plus safe de tous les temps. Alors, parce qu'il n'a pas envie de reconnaître qu'il profitait du soleil en s'en allant dérober quelque relique à des moldus, il préfère l'attaque à la défense: “ Et vous alors? ” Mais sa voix est faiblarde et hésitante, il se déteste pour ça.

Il ne voit pas l'éclair filer vers eux, sitôt que sa bouche se referme; il n'a pas vu leur ennemi se hisser hors des flots et les tenir en joue sans aucune forme de pitié. Il ne se rappelle plus du nom de la jeune femme (Molly? Maggie? Mary? Rosie? Oui; il lui semble que c'est Rosie.) mais il apprécie, en tout cas, ses réflexes: elle les force à se baisser pour éviter le sortilège. Rolf serre sa baguette comme un fou: il est prêt à rétorquer et éviscerer l'inconscient (il n'oublie pas la moquerie de son grand-père: mais que feras-tu d'un O en Duels et d'un EE en SACM? Tu deviendras auror? et c'était ça la blague) mais trop tard, déjà Rosie l'entraîne à sa suite, ses doigts comme des serres autour de son poignet et il suit, courant à toutes jambes, presque surpris de la ténacité dont elle fait preuve. Toutefois, pour faire bonne figure, Rolf lance par-dessus son épaule un petit sortilège explosif, un autre — il les adore — pour ralentir leur poursuivant qui n'a pas l'air prêt à lâcher l'affaire. Une nouvelle fois, l'estacade explose, rochers, débris et vagues d'eau et c'est une vision un peu étrange mais belle tout de même.

Ils courent et ils courent et ils courent; pas le temps de s'arrêter. Ses pieds lui font atrocement mal et il a bien envie de s'allonger et de se laisser porter par l'eau vers d'autres contrées; mais pas le temps, pas le temps, pas le temps. Il manque de tomber à plusieurs reprises, trébuchant sur un rocher; doit s'ouvrir le pied trois fois, en plus de ses joue, bras et jambes éraflées; et son coeur bat la chamade; mais Rolf se sent exalté. L'adrénaline commence à faire effet et il a presque un sourire béat sur la lippe, libre, libre, libre, a-t-il envie de crier. Il ne se fait pas de souci. Il est seul et ils sont deux: ils pourraient manger le monde tout cru s'ils le voulaient.

« Je... j'ai... une minute, » souffle Rosie et puis elle se met à ralentir, à trottiner et à marcher et Rolf s'arrête brutalement, toute risette disparue, la regardant entre deux mèches blondes trempées qui lui tombent devant les yeux, son regard brûlant de questions. Il y a toujours ce malaise, au fond de son estomac, qui le prend quand il la regarde. Il n'arrive pas à comprendre, il n'arrive pas à le décrire, ni à l'expliquer. C'est juste là, et c'est douloureux et incompréhensible. Il a envie de hurler.

« Vous devriez partir, maintenant. » De nouveau, son sourcil s'arque sur son front et il la détaille d'un air inquisiteur. Même si elle ne le regarde pas, elle doit sentir le poids de son regard désapprobateur. « Vous risquez pas mal d'ennuis si jamais les Râfleurs vous tombent dessus. Et vous alors? ” répond-t-il aussitôt sans réfléchir. Et puis finalement, quelque chose comme de la déception et de la vexation s'inscrit sur son visage — elle ne veut pas de lui, elle ne veut pas de lui, il ne vaut rien, il n'attire que les ennuis. Il la détaille de haut en bas, la Rosie à moitié trempée avec son air dépité et ses grands yeux chocolat et- - “ Vous saignez. Vous saignez! ” Et l'urgence de la situation le frappe comme un fouet.

C'est comme deux secondes qu'ils ont volé au temps (ah!). Comme deux secondes éternelles; leurs souffles difficiles à reprendre à cause de la course, son regard lourd, le sien déviant, l'impression de mourir de froid et d'eau et de tout, le coeur battant encore la chamade mais en fond sonore, très lointain, le soleil qui brûle encore un halo ensanglanté à l'horizon; deux secondes où il comprend que quelque chose ne va pas, rien ne va: il ne ressent que son angoisse, sa peur, sa douleur, sa liberté, ses émotions.

Son coeur est silencieux et inatteignable.

Et puis tout s'arrête, et le sang coule toujours, et Rolf a envie de rentrer chez lui et de s'enfermer dans sa chambre et de s'enfoncer dans son lit.

Brusquement, il se met à bouger le plus nerveusement possible. Méthodique, pense-t-il. Sois méthodique. D'autorité, sans rien lui demander, il prend son bras. Sa poigne est cruelle, violente; ses ongles s'enfoncent dans sa chair, et il lui tord le bras pour qu'elle le tienne droit. “ Ça va piquer, ” dit-il simplement, tandis que la baguette coure le long de son membre à un centimètre de la plaie qui cesse de saigner. Et maintenant? La plaie n'est pas guérie, loin de là, mais elle ne mourra pas d'une hémorragie. Et maintenant? Silencieusement, toujours très rapidement, les doigts tremblants, Rolf fait passer son sac à dos, sec, sous son bras, l'ouvrant d'un coup de baguette magique et murmurant un accio pressant pour en sortir la cape d'invisibilité de son grand-père. Il les enveloppe dedans et l'instant suivant, ils sont coincés l'un contre l'autre et il est toujours à court d'air et son coeur bat dans ses oreilles. Il ouvre la bouche pour dire quelque chose — ils sont proches, si proches, et il est tout mouillé et elle est à deux doigts de se remettre à saigner — certainement pour détendre l'atmosphère, mais l'homme qui la poursuivait les dépasse et il se tait et il la serre contre elle en se baissant pour éviter que l'autre les voit.

Elle sent un peu de sueur et un peu de sucre brûlé et... du radis?

Leur poursuivant lève sa baguette — il est angoisse, détermination, colère, désir sadique. Avant qu'il n'ait pu les révéler d'un sortilège, Rolf lui lance un sort par derrière qui l'assomme et il s'affaisse, inconscient. Il laisse la cape sur Rosie en se détachant d'elle, pour séparer leur ennemi commun de sa baguette et aussi fouiller ses poches. Il récupère la bourse sonnante de pièces et ce qui ressemble à un paquet de chewing-gum. Parfait: le dîner de ce soir. “ Était-il seul? Votre bras, ça va? Tout va bien? Vous- vous- ” Normalement, il arrive à anticiper les émotions, les réactions des autres  — douleur, incompréhension, curiosité, peur. Mais un mur se dresse entre eux, et Rolf a l'impression que tout va mal, il a envie de mourir et de vomir et de hurler.

Pourquoi est-ce qu'il ne peut pas la sentir? “ Qu'est-ce que vous foutiez, bordel de merde? ” finit-il par s'écrier, nerfs explosant en feux d'artifices. “ Venez! ” Et il ne lui laisse pas le choix, lui arrache la cape et lui attrape le bras, l'entraînant à sa suite dans le dédale de petites rues du petite village, en espérant ne croiser personne, rien, pas un chat, rien du tout, s'il vous plaît, s'il vous plaît.

Il ne sait pas trop ce qu'il fuit mais il le fuit. Et il y a quelque chose de rassurant à fuir avec quelqu'un.


Dernière édition par Rolf Scamander le Jeu 29 Oct 2015 - 1:46, édité 1 fois
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‹ dialogues : bleu (luna - #669999) ; rosé (marie - #cc6666).
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‹ âge : (depuis le 13/02/04) 23
‹ occupation : aventurière dans l'âme, souvent bénévole, étudiante par correspondance et mère à plein temps.
‹ maison : Serdaigle
‹ scolarité : septembre 1992 et décembre 1997.
‹ baguette : mesure 25, 8 centimètres, a été taillée dans du bois de sorbier et son cœur recèle un ventricule de dragon.
‹ gallions (ʛ) : 10416
‹ réputation : je suis différente ; même je ne suis plus aussi loony qu'auparavant.
‹ particularité : douée d'un sixième sens tel qu'on me soupçonne d'avoir le troisième œil.
‹ faits : Marie n'est plus ; que je me réhabitue à mon nom, mon visage et ma vie d'autrefois, tant bien que mal ; que les conséquences d'une année et demie volée sont rudes ; que je crois en Harry Potter depuis toujours ; que je suis une héroïne de guerre ; qu'il me manque du bon sens et une part d'humanité ; que je ne pourrais pas survivre sans ma fille, Lesath, ni son père, Rolf Scamander, à mes côtés ; que notre famille détonne ; que je suis l'une des sacrifiés scolaires de la guerre ; que Lesath est atteinte du syndrome Rosier.
‹ résidence : dans cette drôle de demeure du Devon, en forme de tour d'échecs, avec Rolf et notre fille, Lesath. Autrefois musée du gouvernement, aujourd'hui réhabilitée, elle s'élève toujours aux abords de Loutry-Ste-Chapsoule.
‹ patronus : un sombral, après de nombreuses métamorphoses (le lièvre et le panda ont été les plus marquantes).
‹ épouvantard : une forme prostrée dans un sous-sol tantôt calciné, tantôt humide (représentation d'un retour en arrière inéluctable, sans Lesath, sans Rolf, sans ceux qui comptent pour moi).
‹ risèd : une longue chaine dorée, sertie de six pendentifs très particuliers.
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Et toi, Loony, et toi ? Luna eut à peine le temps de contempler la curieuse coïncidence (entendre sa voix à lui mettre en exergue ses pensées à elle) que déjà Marie réactivait les barrières défensives : et s'il réussissait à lire en elle ? À percevoir son soulagement, sa douleur, sa fatigue, sa peur, sa peine, son insurrection, d'une simple lecture émotionnelle ? L'insurgée avait déjà été confrontée à l'empathe par le passé, lors de ses rencontres illicites avec les rebelles, mais la question ne s'était jamais imposée à son esprit volubile : elle avait toujours été, irrémédiablement et entièrement, Marie. Mais aujourd'hui, qui était-elle ?

Le noisette s'endurcit en croisant la couleur de ciel du regard de Scamander. Hors de question qu'il... « Vous saignez. Vous saignez ! ». Quoi ? Oh. Son attention se dirigea vers le bras meurtri, là où ses chairs étaient les plus fragiles. La veste teintée de sang, déchirée sur quelques centimètres, l'hypnotisa assez longtemps pour ébaucher son expression déconfite. Là où les chairs portaient les stigmates de son passé Rebut. L'aura de Rolf l'enveloppa alors d'un linceul paniqué, totalement ignorante du vide inutile qu'il tentait de combler. Il ne devait pas approché la blessure, non, il ne devait pas s'en occuper, ni la voir ni la toucher. Non, non, non. Marie se recula d'un pas pour lui interdire capricieusement l'accès à son épaule mais son dos rencontra fatalement le mur d'une bâtisse qui se dressait juste derrière elle. Dodelinant frénétiquement sa tête, tentant d'imposer sa volonté d'une façon ferme et définitive, elle laissa ses protestations orales s'évanouir lorsque le blond s'empara de son avant-bras gauche d'une poigne autoritaire et mortifiante. L'avertissement qu'il lui servit en approchant sa baguette magique se perdit quelque part à l'orée de sa conscience, complètement paralysée par un douloureux influx électrique. La réaction fut automatique, ses dents se plantèrent cruellement dans l'intérieur de ses joues tandis que ses ongles attaquaient férocement le bras qui la maintenait en place : tiraillements, élancements, déchirements. Elle avait mal, mal, mal. « Non, ne... ». La seule pensée cohérente que son esprit assiégé par la douleur discerna, ce fut une bonne dizaine de noms de médicomages de fortune, qui comme Scamander, n'attendaient jamais son autorisation pour la soigner. Mais aucun d'entre eux ne s'était autant approché de la tâche sombre de son ancien tatouage. Sauf Hermione et Draco. Il ne devait y prêter attention... Peine perdue. Le Vulnera Sanentur qu'il jeta sur la plaie maudite bloqua net sa respiration et des perles salines franchirent la barrière d'ordinaire hermétique de ses paupières. Des mois, des années, passés dans les cachots Malfoy lui avaient apprit à taire les douleurs : pas à les empêcher. Lui faire faire machine arrière n'était plus possible, de toute manière.

Parfois, Marie se surprenait à penser que si son bras n'était plus là, alors peut-être que la douleur disparaîtrait pour toujours. Souvent, Luna s'accordait le bénéfice du doute et repoussait secrètement la proposition de son double jusqu'à la prochaine crise.  

Mouvement, froissement, soulagement : l'insurgée retrouva ses esprits lorsque la brûlure de son ancien tatouage fut apaisée par le contact glacial du sorcier contre son flanc. Son visage se retourna instantanément, instinctivement, vers le profil de Rolf lorsqu'elle sentit son souffle lui parcourir l'arrière de la nuque. Le visage juvénile qu'elle s'attendait à trouver s'effaça en détaillant les traits altérés qu'il arborait à cet instant. L'évidence même ne lui avait pas sauté aux yeux avant ce jour : il avait vieilli. Pourquoi ne s'en était-elle pas aperçue auparavant ? Pourquoi, pourquoi, pourquoi ? L'angoisse s'effaça lorsqu'il l'attira un peu plus contre lui, enserrant sa taille dans une étreinte protectrice. Pourquoi avait-il vieilli ? Tu ne veux pas savoir, lança soudainement la voix originelle, rêveuse, de Lovegood dans son esprit battant, lui commandant de se laisser aller contre l'homme qu'elle avait toujours considéré comme son ami. Pour une fois, les deux entités étaient sur la même longueur d'onde : il faisait toujours aussi bon d'être aux côtés de Rolf Scamander.

La parenthèse temporelle s'évapora lorsqu'un éclair discret s'échappa du bout de la baguette magique du sorcier. Ici et maintenant, ressaisis-toi. Le regard noisette eut à peine le temps de suivre la trajectoire du sortilège que déjà, la silhouette de l'un de ses poursuivants s'écroulait au sol. A pas de velours, le sorcier s'échappa de la protection textile pour s'agenouiller aux côtés de l'inconscient et le délester de son arme – laissant Marie plantée là avec la désagréable et terrifiante impression qu'elle était seule au monde. « Était-il seul? Votre bras, ça va? Tout va bien? Vous- vous- », elle ne se rendit compte de la qualité invisible de la cape que lorsqu'elle sortit la tête, et sa main mouchetée de sang, de sous le drapé soyeux. « A quelle question suis-je sensée répondre en premier ? », lança le léger accent français à la volée, d'un ton suffisamment irrité pour voiler le véritable trouble qui sommeillait en elle. Pourquoi tous les hommes de son entourage s'évertuaient à la bombarder de questions, de conseils, d’impromptus soins curatifs, pour finalement « Qu'est-ce que vous foutiez, bordel de merde? » exploser dans des colères subites et insensées qui la blessaient fatalement ? Harry, Bill, Draco, Fred et les autres ? C'était à croire qu'aucun d'entre eux ne pouvait accepter le calme et la sérénité avec lesquels elle évoluait, qu'importe les circonstances !

(Sa naïveté et ses mises en danger perpétuelles comme véritable cause de ces explosions subites lui traversait à peine l'esprit).

Avec la ferme intention de se défendre, prête à synchroniser son propre éclat de voix avec celui de Scamander, Marie prit une profonde inspiration et « Venez ! » elle la laissa se perdre dans un glapissement exaspéré. D'une pierre, deux coups, l'insurgée se retrouva déchargée de la cape d'invisibilité et entraînée à travers le dédale pittoresque du village sans plus de cérémonies. Pourquoi les hommes de son entourage s'évertuaient toujours à user de la force pour l'obliger à agir selon leur bon vouloir, (alors qu'une simple parole – comme celle d'Hermione ou d'Octave – suffisait à la rendre réfléchie, sensée et stratège) elle se le demandait encore... Un coup d’œil par-dessus son épaule la rassura : soit les autres Râfleurs étaient toujours bloqués de l'autre côté du passage, soit ils barbotaient toujours joyeusement dans les flots de l'Atlantique. Dans tous les cas, ils avaient plusieurs minutes d'avance.

Les ombres des maisonnées couvraient leur avancée hasardeuse dans le village désert de l'île. Entres deux détours, l'insurgée se rendit compte de plusieurs choses, simultanément. Un, Marie était toujours aussi peu douée pour assurer sa propre sécurité. Deux, Rolf était trempé jusqu'aux os. Trois, Marie excellait lorsqu'il s'agissait de la protection des autres. Quatre, leurs mains s'étaient entrelacées sans même qu'elle ne s'en rende compte. Cinq, les traces humides qu'ils semaient derrière eux les trahiraient en moins de temps qu'il ne lui en fallait pour dire Énormus à Babille. Six, elle n'était pas en état pour les faire transplaner tous les deux où que ce soit. Sept, il était hors de question qu'elle se laisse ballotter par Scamander plus longtemps sans savoir la véritable raison de sa présence ici, complètement défait, plutôt que dans les rues citadines de Londres.  

Hors de question qu'elle mette quelqu'un d'autre en danger, ce soir.

La main toujours détenue par Rolf le stoppa dans sa progression et d'un mouvement de la tête, elle lui indiqua la dernière maisonnée qui se trouvait à l'orée du village. Faute d'une meilleure alternative, Marie décréta que la chaumière aux volets clos serait leur refuge pour les heures à venir. D'un Alohomora marmonné, le verrou céda et la sorcière ne pénétra à l'intérieur de la vieille bicoque poussiéreuse que lorsque Scamander eut dépassé le seuil d'entrée. Elle ne referma le battant de la porte que lorsque la baguette en bois de sorbier effaça et reporta les empreintes suspectes en direction de la colline verdoyante du château de St Michael. À l'instar de la nature, la chance avait toujours été sa plus fidèle alliée dans ce genre de situation. Dans un grincement désagréable, la porte se verrouilla de nouveau et priva l'intérieur de l'habitat des derniers rayons crépusculaires des côtés anglaises. Pas besoin d'être voyant – ou de jeter un Hominum Revelio – pour savoir qu'ils étaient seuls dans cette planque de fortune : la poussière et l'odeur de renfermé suffisaient amplement. En revanche, sa clairvoyance lui aurait bien été utile avant d'avancer à reculons dans le couloir : elle rencontra fatalement Rolf, le sorcier n'ayant pas bougé d'un pouce. D'un Lumos maîtrisé, les pieds entamant un cent-quatre-vingt degré parfait, Marie leva la pointe de sa baguette entre eux deux pour illuminer leurs visages d'un faible éclat bleuté. « En sous-effectif, la retraite reste la meilleure solution ». Règle numéro un du parfait fugitif : toujours s'assurer que votre binôme ne causerait pas votre perte. Il voulait resté ? D'accord, il resterait. Dans le regard perçant de Scamander, malgré son expression sévère, elle pouvait lire l'amusement provocateur qu'il servait toujours aux insurgés lorsqu'il leur servait d'indic. Elle n'avait jamais été négociatrice. Toujours protectrice. Et encore aujourd'hui, la gardienne se trouvait toujours autant ennuyée de voir cette expression trouble sur le visage de Rolf : elle ne réussissait jamais à prédire ses réactions futures. La française avait beau incarner l'imprévisibilité à l'état pur, cela ne voulait pas dire qu'elle adorait y être elle-même confrontée. Paradoxe.

Un sourire amusé gracia le coin de ses lèvres et après avoir recouvert la source lumineuse de sa paume écarlate, la sorcière le dépassa pour partir à la découverte du sanctuaire abandonné. Couloir, salon, petite cuisine. Le minuscule cottage ne devait être que très rarement utilisé, voire abandonné depuis des années. Dans la cuisine, Marie se débarrassa difficilement de sa besace en cuir (son bras s'engourdissait lamentablement à mesure que l'adrénaline s'évaporait de son système) et elle la déposa sur la table qui trônait au beau milieu de la pièce. Pas de chaise. Great. Tant qu'ils n'attiraient pas l'attention sur leur refuge, et que nul traceur ne composait le joyeux trio qui s'était évertué à la pourchasser plus d'une vingtaine de minutes, ils seraient en sécurité ici. Au moins le temps de panser sa plaie d'une bande imbibée du peu de Dictame qui lui restait et ce, sans que l'empathe ne se remette à jouer les infirmiers. « Je cherchais des pierres de lune. », offrit-elle pour seule réponse lorsqu'elle entendit le parquet grincer sous les pas de Rolf. « Et vous ? »

Elle détesterait viscéralement Marie, ce soir.


Dernière édition par Luna Lovegood le Mer 28 Oct 2015 - 7:36, édité 1 fois
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‹ âge : il a l'air d'avoir environ trente-cinq ans mais en a en réalité vingt-huit.
‹ occupation : employé à mi-temps dans un élevage indépendant de licheurs.
‹ maison : serpentard.
‹ scolarité : 1987 et 1994.
‹ baguette : est rigide, sculptée d'une salamandre à sa base, longue de trente-quatre centimètres, est faite de bois de sureau et contient un crin de Kelpie.
‹ gallions (ʛ) : 4333
‹ réputation : je suis quelqu'un qu'il est difficile d'approcher.
‹ particularité : empathe. J'entends et ressens les émotions d'autrui.
‹ faits : je suis empathe et après avoir abusé de l'usage d'un Retourneur de Temps, mon corps est toujours désynchronisé et je parais avoir six ans de plus par rapport à l'âge que j'ai réellement. J'ai fait cavalier seul pendant des mois jusqu'à finalement rejoindre Poudlard mi-juillet 2003, où j'ai rejoint la Renaissance du Phénix. Mon surnom parmi les Insurgés était Oz.

Je vis avec Luna depuis la fin de la Guerre, et avec notre fille née à la fin de la Bataille, Lesath — jusqu'à ce qu'elle ait contracté le syndrome de Rosier et soit en convalescence à Saint-Mangouste.
‹ résidence : dans la maison Lovegood.
‹ patronus : un loup
‹ épouvantard : moi-même, fou à lier, écumant, incapable de sauver la silhouette indistincte d'une femme qui se tord de douleur devant moi.
‹ risèd : rien de particulier. j'ai tout ce que j'ai jamais désiré.
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« A quelle question suis-je sensée répondre en premier ? » L'esprit, c'est plus drôle quand c'est lui qui s'en occupe. Son visage se fronce légèrement alors qu'il fait la moue à l'adresse de Rosie, l'air ennuyé; mais pas le temps de trop s'attarder. Pas le temps, pas le temps, pas le temps de rien; il est affreusement en retard. C'est peut-être ça qui entraîne sa colère. Oh, sa colère. Ses colères sont démentes, ses colères sont incompréhensibles. Il est si indifférent, si froid, si distant avec tout le monde; on le voit plus statue qu'homme, parfois. Il est très patient. Il peut rester des heures à regarder les nuages. Et puis tout d'un coup, quelque chose claque dans son coeur, quelque chose se brise dans son esprit; et il n'y a pas de mur, pas de rêne, pas de panneau de signalisation pour l'arrêter: il vocifère s'enflamme devient une bête un monstre une horreur. Il sait que ça fait peur (il se souvient, très précisément, de la tête de Porpentina un jour qu'il s'était emporté envers elle, en sa présence; ses yeux arrondis de surprise, agrandis d'horreur; sa bouche entr'ouverte, indécise, incompréhensive; était-il réellement son petit-fils, ce petit monstre nerveux et terrible? hurlait son regard.). Mais il ne peut pas s'en empêcher; et parfois hurler est la meilleure solution. Alors il s'emporte, contre la petite Rosie au bras encore recouvert de sang, alors il s'emporte, contre la petite Rosie dont il ne sent rien rien rien, néant et c'est ce qu'il a désiré toute sa vie, pourquoi ça le dérange autant?

(Sa vie n'aurait-elle aucun sens? Ça fait plus de vingt ans qu'il vit avec cette malédiction, cette horreur logée au sein de son coeur; et là, devant elle, il n'a aucune force, il n'a rien; il ne ressent rien, elle ne ressent rien; comment ça se fait? Il a tant sacrifié pour ça, pour lui, pour pouvoir dire je suis maître de mon don et maintenant qu'il est confronté, enfin, à quelqu'un qui ne le perturbe pas émotionellement, il a envie d'hurler à l'injustice. Pourquoi? Pourquoi, pourquoi, pourquoi?)

Alors il court. Il fuit. C'est tellement plus simple. Ce n'est pas de la liberté, qu'il ressent, juste une légèreté étrange, quelque chose comme du soulagement. Sa chemise lui colle à la peau et c'est insupportable; son sac trop chargé rebondit contre ses reins douloureusement; sa peau le pique aux endroits où il s'est éraflé et la plante de ses pieds lui fait affreusement mal à mesure que les enjambées se multiplient, de plus en plus vite, sur les pavés inégaux et le gravier traître du petit village. Mais la main de Rosie est chaude dans la sienne — si petite, si petite; il pourrait en briser chaque doigt d'un mouvement — et sa présence a quelque chose de rassurant. Il a été seul pendant si longtemps qu'il a oublié comment respirer en compagnie d'un autre.

La main de Rosie se fige dans la sienne et son bras se tend, le lance; elle l'arrête, juste comme ça et quand il se retourne pour lui adresser un regard noir surmonté de sourcils froncés, il la trouve plutôt jolie et charmante, avec son air vaguement affolé mais à la fois tellement... tellement lunaire, tellement stratège, tellement careless qu'il a envie d'effacer les stigmates de douleur sur son visage d'une caresse du bout des doigts. D'un mouvement de menton, elle lui adresse une maisonnée isolée et, sans comprendre où elle veut en venir, Rolf la suit machinalement, lui emboîtant le pas sans lui lâcher la main, sans lui lâcher la main, la tenant même un peu plus fermement dans la sienne, possessif et protecteur. Elle a sa baguette dans l'autre main et, dans un murmure, ouvre la porte de la chaumière et... le regarde. Elle le regarde, ses grands yeux clairs le transperçant de parts et d'autres et il a juste envie de lui crier de lui faire comprendre: il n'arrive pas à repérer analyser comprendre ses émotions, comment est-il supposé être à même de faire ce qu'elle désire? Toute sa vie, il a désiré la paix et le calme, le silence et la tranquilité; il voulait, plus jeune, que le monde arrête de ressentir, que les esprits se vident, que les coeurs s'arrêtent; mon royaume pour un moment de sérénité. Il a sacrifié tellement, tellement pour y parvenir (il se souvient des larmes de Ma lorsqu'il l'a quittée pour Sainte-Mangouste; il se souvient des cris et de ses propres pleurs quand la douleur était trop forte, le besoin entêtant, des milliers de voix, des milliers de souvenirs dans son esprit; il se souvient de l'impression de vide face à un miroir, à se regarder, pour la première fois, ses tempes trop rapidement grises, les ridules au coin de ses yeux, ses vingt-cinq ans comme autant de couteaux dans le coeur). Elle n'a pas le droit de le séparer de ses émotions. Elle n'a pas le droit.

Il entre dans la petite maison.

Ca sent le renfermé et la poussière. Il ne se rend pas compte qu'il a lâché la main de Rosie jusqu'à tendre le bras pour effleurer, comme il en a l'habitude chez lui, le mur du bout du doigt. Le bois est étrange sur sa peau, alien. Son estomac se serre de culpabilité à l'idée qu'il s'introduit chez quelqu'un et il a presque envie de le dire à Rosie. Quand il ouvre la bouche pour lui faire part de son sentiment, elle recule et le percute légèrement. Il ne peut pas s'empêcher de sourire — pourquoi sourit-il? Il a oublié ses mains qui tremblent anxieusement, son coeur qui fait des bonds dans sa poitrine, la nervosité qui monte monte monte en lui? — alors qu'elle se retourne, illuminant leurs visages d'un léger sortilège bleuté. La lumière ne lui fait pas gloire; mais elle est quand même charmante, avec son sourire coincé sur sa lippe, la fossette sur sa joue, ses yeux à l'éclat doux. Il ne peut pas s'empêcher d'être amusé, tant par leur proximité que de son visage; et il garde au fond de sa mémoire l'attitude qu'il a toujours eu envers ses petits comparses, les Insurgés qui gracient les journaux de leurs visages. « En sous-effectif, la retraite reste la meilleure solution, » lui souffle-t-elle au visage et le charme est rompu: il se recule d'un pas, machinalement, la chemise collant à sa peau rendant leur proximité encore plus dérangeante. Et dangereuse, peut-être. “ Je ne remets pas en question votre courage, mais ne serait-ce pas une remarque de lâche? ” siffle-t-il, le serpent perfide, la couleuvre tentant d'être intimidante; mais ça ne doit pas fonctionner, car elle sourit toujours et, prenant toute la lumière avec elle, le contourne et le quitte.

Il devrait partir. Partir. Partir. Partir. La laisser ici, dans ses propres soucis, pour mieux rattraper les siens au vol; mais quelque chose l'en empêche et l'instant suivant il lui emboîte machinalement le pas, découvrant avec elle la petite maison dans laquelle ils viennent de pénétrer. Il la suit, lui laissant quelques mètres d'avance en croisant le regard d'une vieille photo accrochée au mur: elle montre une famille heureuse et souriante et son coeur se serre à cette idée. La curiosité est telle qu'elle le ronge peu à peu, alors qu'il évolue dans l'endroit, couloir, salon mal décoré, cuisine à l'agencement nul; ses yeux tombent sur les petites reliques, les petits souvenirs des inconnus chez lesquels ils viennent de pénétrer: photos, dessins signés d'il y a quelques années, une tasse de thé vide laissée en plan sur la table basse. L'endroit a l'air abandonné depuis quelques temps. Maison de vacances, peut-être. Il y a de la poussière qui s'accroche au fenêtre. L'endroit est sombre mais il peut quand même voir Rosie dans la cuisine, derrière le comptoir qui la sépare du salon; lui reste planté au milieu des fauteuils, ses yeux glace la fixant sans mot dire. Il trempe le parquet à grosses gouttes.

Il voit son malaise avec son bras blessé. Il ne lui propose pas son aide; il se souvient de son regard affolé; de son expression paniquée; de ses ongles s'enfonçant dans sa chair (il ne lui en veut pas, vraiment, mais il y avait quelque chose de désespéré dans ce geste qu'il préfère ne pas comprendre); de sa tentative de le repousser. Est-il si terrible à regarder? Si terrible à côtoyer? « Je cherchais des pierres de lune. » lui dit-elle sans le regarder. « Et vous ? » Elle ne sait pas qu'il est en fuite. Elle doit se souvenir de lui comme la dernière fois qu'ils se sont vus, il y a quelques mois; elle distante et méfiante; lui silencieux mais volontaire, prêt à aider sa cause pour un peu d'informations sur une ancienne connaissance en fuite. Oh comme il avait été idiot! Il s'était mis en danger pour rien; pourtant, il ne le regrettait pas; aujourd'hui, cette entrevue lui permettait de mettre au visage de la jeune femme en face de lui le prénom de Rosie. Rosie. Comme une rose, pense-t-il, une rose un peu abîmée. Elle semble si fragile. “ Il n'y a pas de pierres de lune par ici, il me semble, ” dit-il. “ Et les pierres de lune n'attirent pas les... vos ennemis. Je crois qu'ils sont plus intéressés par les musées, ” et il a un sourire de loup qui traîne sur la lippe, alors qu'il évite sa question sans subtilité aucune.

Puis il soupire longuement, fait glisser le sac de ses épaules d'un mouvement habitué pour y fourrer la cape d'invisiblité qu'il tient toujours dans sa main, coincée avec sa baguette. Il le pose au sol avec un grognement de soulagement, avant de s'étirer de tout son long et de retirer ses chaussures trempées — toujours lacées autour de son cou — pour les poser elles aussi parterre. Soudainement, alors que l'adrénaline retombe et que son coeur arrête son concert dans sa poitrine, il sent le froid, le froid, le froid terrible qui s'infiltre en lui et il n'est pas sûr d'avoir pris les meilleures décisions de sa vie ces dernières quarante-huit heures. “ Si cela ne vous dérange pas, vous pourriez mettre de l'eau à chauffer? ” dit-il finalement, tant qu'on y est, autant en profiter. Il pourrait mourir pour une bonne tasse de thé brûlante. Se détournant de Rosie, il déboutonne sa chemise et la retire trempée pour la sécher d'un petit coup de baguette magique. Il espère que l'obscurité cache son corps à la jeune femme — il se sent déjà suffisament gêné en sa présence comme ça — et qu'elle ne fait pas attention à lui. Et puis après tout, pourquoi s'intéresserait-elle à son cas? Pourquoi se soucie-t-il même de son opinion? C'est donc avec ce qui ressemble à un soudain regain de nervosité que Rolf se débarasse de la même manière de son jean pour le sécher, se retrouvant en sous-vêtements trempés au milieu d'une maison dont il ignore tout, espérant que le comptoir et le dossier du canapé suffiront à cacher ce qu'il préfère garder pour lui-même.

Finalement, il se rhabille de vêtements chauds, passant par-dessus sa nouvelle chemise noire un pull en laine qu'il apprécie particulièrement, et il contourne le canapé pour aller rejoindre Rosie dans la cuisine. D'un coup de baguette impatient, il tire les rideaux du salon et de la pièce dans laquelle ils se trouvent pour les éclairer, ensuite, de la flamme d'une bougie posée là. À la lumière changeante de la flamme, avec les ombres qui jouent sur son visage comme des folles, Rolf ne peut pas s'empêcher de la trouver, encore une fois, charmante. Alors il sourit légèrement, en coin, avec ce qui ressemble à un amusement profond et qui n'est qu'une lassitude profondément ancrée, une mélancolie caractérielle. “ Vous n'avez pas lu les journaux, récemment? Le mot est que je suis un traître, ” et il dit ça d'une telle manière, que l'on dirait Indiana Jones le survivant qui parle des avantages de son métier. Comme si ça allait l'aider à le rendre plus attirant; en cet instant, Rolf a juste l'air fatigué et un peu angoissé. “ Je suis venu ici... en touriste. ” Il sourit encore plus. Elle ne rit pas. C'est vrai que ce n'est pas très drôle. Est-ce réellement une blague? “ J'ai entendu parler d'une... de je ne sais pas trop quoi, au château de Saint Michael. Pensais aller voir ce que c'était de mes propres yeux. Et pour mes propres poches. ” Il hausse les épaules. “ Un homme doit vivre, ” et il détourne les yeux, un peu honteux, en faisant mine de trouver quelque chose à faire dans la cuisine exigüe, jetant son dévolu sur le frigo sur lequel s'amoncellent magnets et post-its décrépis. “ Votre bras, vous voulez que j'y rejette un coup d'oeil? Un vrai? Je dois bien avoir quelque chose pour vous aider dans mon sac, si vous voulez.

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‹ crédits : LUX AETERNA (avatar), TUMBLR + MATHY LA BEST (gifs), KAZUO ISHIGURO (quote).
‹ dialogues : bleu (luna - #669999) ; rosé (marie - #cc6666).
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‹ âge : (depuis le 13/02/04) 23
‹ occupation : aventurière dans l'âme, souvent bénévole, étudiante par correspondance et mère à plein temps.
‹ maison : Serdaigle
‹ scolarité : septembre 1992 et décembre 1997.
‹ baguette : mesure 25, 8 centimètres, a été taillée dans du bois de sorbier et son cœur recèle un ventricule de dragon.
‹ gallions (ʛ) : 10416
‹ réputation : je suis différente ; même je ne suis plus aussi loony qu'auparavant.
‹ particularité : douée d'un sixième sens tel qu'on me soupçonne d'avoir le troisième œil.
‹ faits : Marie n'est plus ; que je me réhabitue à mon nom, mon visage et ma vie d'autrefois, tant bien que mal ; que les conséquences d'une année et demie volée sont rudes ; que je crois en Harry Potter depuis toujours ; que je suis une héroïne de guerre ; qu'il me manque du bon sens et une part d'humanité ; que je ne pourrais pas survivre sans ma fille, Lesath, ni son père, Rolf Scamander, à mes côtés ; que notre famille détonne ; que je suis l'une des sacrifiés scolaires de la guerre ; que Lesath est atteinte du syndrome Rosier.
‹ résidence : dans cette drôle de demeure du Devon, en forme de tour d'échecs, avec Rolf et notre fille, Lesath. Autrefois musée du gouvernement, aujourd'hui réhabilitée, elle s'élève toujours aux abords de Loutry-Ste-Chapsoule.
‹ patronus : un sombral, après de nombreuses métamorphoses (le lièvre et le panda ont été les plus marquantes).
‹ épouvantard : une forme prostrée dans un sous-sol tantôt calciné, tantôt humide (représentation d'un retour en arrière inéluctable, sans Lesath, sans Rolf, sans ceux qui comptent pour moi).
‹ risèd : une longue chaine dorée, sertie de six pendentifs très particuliers.
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Marie trouvait la petite cuisine plutôt chaleureuse malgré son agencement spartiate. Ses trois plaques électriques, son évier disproportionné, ses quatre meubles de rangements disparates, son frigidaire tapissé de bas en haut par des papiers multicolores, sa minuscule table : toutes ces antiquités moldues avait pour effet d'apaiser sa nervosité grandissante aussi sûrement que si elle s'était retrouvé dans sa propre maison. Un pas. Tout lui rappelait la maison, ici et maintenant : dans cette chaumière, en sa compagnie. « Il n'y a pas de pierres de lune par ici, il me semble... » Tiens, maintenant qu'elle y pensait. Rolf était certainement la dernière personne de son passé à être toujours en vie. Deux pas. L'insurgée jeta un coup d’œil curieux vers sa silhouette détrempée et remarqua qu'il la suivait toujours du regard. « … Et les pierres de lune n'attirent pas les… vos ennemis. » Trois pas. D'un Nox informulé, la baguette magique plongea cuisine et salon dans leur pénombre initiale. « Les vôtres aussi, maintenant... », souffla-t-elle sombrement dans un murmure à peine voilé. « Je crois qu'ils sont plus intéressés par les musées. » Quatre pas. Sans piper mot, l'insurgée se détourna de l'air mi amusé, mi-inquisiteur, de Scamander. Elle ne réussissait pas à déterminer laquelle de ses remarques (l'absence évidente de pierres de lune dans le secteur ou le pillage massif qu'avaient subis les musées sorciers) la mettait le plus mal à l'aise. Dans l'une comme dans l'autre situation, Marie ne saurait lui faire dire ce qu'elle désirait entendre sans se mettre en porte-à-faux elle-même. Après tout, que pourrait-elle bien lui dire ? Qu'une feuille et un rocher avaient vraisemblablement à la détourner de ses recherches ? Que même si elle savait que les premiers vandalismes culturels n'étaient pas du fait des rebelles, elle ne pouvait pas non plus affirmer que les insurgés n'avaient pas profité de ce coup de théâtre pour en faire de même ? Non, vraiment, rebondir sur ces accusations induites ne pourrait que lui faire du tort. Et puis, nébuleusement, l'idée qu'il puisse lire en elle commença à s'infiltrer insidieusement en elle. Un instant, elle se surprit même à espérer qu'une horde de Joncheruines vivait entre ces murs : ces créatures hypnotiques lui embrouilleraient certainement l'esprit pour l'empêcher de comprendre la dangereuse ambivalence de son esprit fantasque.

Pourquoi la suivait-il toujours du regard ?

Calant quelques mèches folles derrière son oreille, Marie se détourna vers le frigo à côté duquel elle s'était retrouvée et trompa sa nervosité de nouveau grandissante en lisant les nombreux feuillets ternis qui en recouvraient la porte métallique. Rendez-vous importants et de trop nombreuses 'to do list' inachevées, elle s'évita le désagrément de nouveaux tremblements paniqués en décomptant le nombre exact de déclarations d'amour (seize cœurs dessinés et dix-huit surnoms affectueux jetés à la volée) qui agrémentaient systématiquement la moindre liste de courses. Mama avait l'habitude de faire ça, aussi, quand elle était petite… « Si cela ne vous dérange pas, vous pourriez mettre de l'eau à chauffer? » Acquiesçant d'un léger signe de la tête, ravie de pouvoir sauter sur une telle occasion distractive (au fait, ne devais-tu pas panser cette plaie ? Panses cette foutue blessure!), Marie se mit à fouiller les placards étrangers avec une facilité déconcertante – l'insurgée ne se ne se formalisait plus d'emprunter allègrement les biens des autres pour survivre (et à la fin de la guerre, par Merlin, tu remplaceras tout, Luna !). Placards du haut : bols et verres. Placards du bas : à gauche, assiettes et saladiers ; à droite, poêlons et casseroles en tout genre. L'intendance des camps (sans parler de celle du manoir Malfoy) fermement implantée en elle, l'insurgée redressa l'échine pour demander à Scamander la quantité exacte d'eau dont il aurait besoin pour… quoi déjà ?  

Ce n'était pas comme si la vision à moitié dénudée de Scamander la troublait. Certainement pas.

Ce qui l'étonnait le plus, c'était de s'apercevoir qu'elle avait purement et simplement ignoré les trop nombreux interstices (de taille plus ou moins variables) qui zébraient les volets de la façade arrière de la chaumière. Avait-elle réellement déambulé dans la pièce principale avec un Lumos à peine voilé quelques minutes auparavant ? Très intelligent, Loony. Peut-être devrait-elle l'avertir qu'elle les avait mit dans une fâcheuse…

Really, que devait-elle lui demander déjà ?

La sorcière avait une notion de la pudeur qui ne correspondait absolument pas aux mœurs de la Grande-Bretagne sorcière. Des îles britanniques tout court, à dire vrai. De mémoire, elle pouvait citer une bonne vingtaine de contrées exotiques que ses parents et elle avaient sillonné en long, en large et en travers sans que la nudité humaine ne devienne un tabou aussi puissant que dans leur contrée d'origine. Elle se souvenait même de la voix douce de sa mère répondre à ses interrogations juvéniles. 'Pourquoi est-ce qu'ils portent des cordes, Mama, et pas des robes sorcières ? - Les huoaranis vivent nus, Sweety Lou, c'est dans leur culture.- Est-ce qu'ils vont s'habiller comme nous ? - Non, Luna. - Est-ce qu'on doit s'habiller comme eux ? - Non, Lou. C'est ce qu'il y a de fabuleux, ici. Tant que les autres les considèrent comme leur égal, alors, ils t'accepteront toujours telle que tu es. Restes toi-même et n'oublies jamais, la différence est belle et on doit toujours l'accepter si l'on veut vivre en harmonie. - Je ne veux pas être leur égal, je veux être comme eux Mama... Est-ce qu'ils ont des cordes bleues ?' Au jour d'aujourd'hui, elle souriait tendrement en se souvenant de la petite fille qui l'avait recouverte des mêmes pigments colorés dont son frère et elle se paraient lors de festivités dont les noms lui échappaient désormais. Scellant leur étrange amitié  en ajoutant un croissant de lune aux arabesques symboliques tandis que leur parents respectifs partageaient des savoirs ancestraux sous sous une cahute faite de terre séchée et de lianes tressées. Jungle, désert, Amazonie, Amérique du Sud, Afrique, Inde, les territoires où déambulaient des hommes, des femmes et des enfants, de tout âge, partiellement ou complètement nus, avaient rendus la dernière des Lovegood certainement plus ouverte d'esprit qu'elle ne le laissait paraître. Ces expéditions en terres inconnues lui lui avaient même été plutôt bénéfiques dans les camps rebelles, là où l'intimité devenait, d'année en année, un luxe qu'ils ne pouvaient pas toujours se permettre. Égale à elle-même, impassible et stoïquement lunaire, ni Luna ni Marie n'avait jamais détourné le regard ni fixé plus que de raison ses congénères lorsqu'un morceau de peau inhabituel se présentait à elle, retournant à ses occupations comme si rien ne s'était passé.

Donc non, elle n'était certainement pas choquée ni même gênée d'observer Rolf se dévêtir et ainsi s'éviter une pure et simple pneumonie. Elle n'était absolument pas choquée, ni gênée, de remarquer que le sautoir de sa chaîne reposait toujours contre sa nuque. Elle n'était absolument pas gênée, ni choquée, de découvrir quelques grains de beauté lui parsemer le dos et aller se terrer jalousement sous la ligne de son jean.  

Ce qui l'assomma, en revanche, s'était de sentir le rouge lui monter aux joues en se rendant compte des longues secondes écoulées où Scamander resta parfaitement immobile, les muscles soudainement contractés par une nervosité indubitablement maladive. Marie se détourna instantanément de la scène pour faire de nouveau face au mur terne de la cuisine et son meuble bancal. C'était très certainement à cause de la perte sanguine qu'elle avait l'impression d'avoir été prise la main dans le bocal de cookies sans autorisation. Qui expliquait la bouffée de chaleur qui lui enflammait le visage. Et c'était certainement à cause du mouvement brusque qu'elle se laissait étourdir par un étrange vertige, amplifié par ses tempes battantes et le boucan que produisait Scamander depuis le salon…

Oh, Right ! Petite casserole ou faitout énorme ?

Optant pour la plus grande contenance (ses chairs elles-mêmes hurlaient pour un peu d'eau brûlante) , elle déposa sa trouvaille dans l'évier et d'un Aqua Eructo, le bois de sorbier en replit un peu plus des trois-quart. Elle se demandait si les chaudrons moldus résistaient aussi bien que les leurs, quand il s'agissait de Magie... Ne lui restait plus qu'à faire bouillir le liquide pour pouvoir expliquer sereinement la coloration désagréable qui lui graciait toujours le haut des pommettes. Piece of cake, on ne devenait pas insurgé accompli sans détourner de leur fonction première les sortilèges les plus basiques. C'est à ce moment là qu'une petite flamme vint illuminer la petite cuisine ; agression qui pouvait s'avérer douloureuse pour qui, comme Marie, n'avait complètement perdu ses aptitudes de Nocturne. Elle dut cligner plusieurs fois des yeux avant de percevoir nettement le visage souriant de Rolf à ses côtés. Étrangement, ses lèvres s'étirèrent de concert avec les siennes. Problème empathique soudainement jeté aux oubliettes. Plus amusée que mal à l'aise de le sentir la scruter  sans discontinuer. Avant que son cœur ne se serre en prenant finalement conscience de la fatigue (de la fuite, d'être ici, d'être là-bas, de devoir subir les émotions des autres, de se sentir… seul?) qui possédait ses iris glacées.

Elle avait déjà vu ce regard le hanter auparavant et elle ne l'avait compris qu'en le surprenant dans le reflet d'un miroir à double-sens vide. Elle ne l'avait compris qu'en tentant, encore, et encore, et encore, de joindre son père – pourquoi restait-il désespéramment éteint ? – des semaines après sa mort. Dés le moment où Xenophilius Lovegood eut franchi le Voile, elle avait compris ce qu'être seul voulait véritablement dire. Pour la première fois de sa vie. Pourquoi se sentirait-il seul alors qu'elle savait que Porpentina Scamander était toujours à ses côtés, malgré les vents et les marées ? L'idée qu'elle puisse être partie transforma son expression aérienne en un masque de sévérité qu'elle pensait de circonstance. « Vous n'avez pas lu les journaux, récemment? Le mot est que je suis un traître, ». Plus le sourire de Rolf grandissait, plus son regard s'assombrissait. Et plus Marie revêtait un air dubitatif, choqué, atterré. « Je lirai la Gazette le jour où je ne croirais plus en rien. », lança-t-elle d'un ton outré, plongeant le bout de sa baguette en bois de sorbier dans l'eau d'un geste sec et vexé (il ne pensait pas à mal, peut-être mais : avait-elle vraiment une tête à parcourir les mensonges de la Gazette quotidiennement ? Elle était hors d'elle de savoir que le Gouvernement n'autorisait plus que ce nanard pour informer les sorciers, refusait les journaux concurrents d'un simple claquement de doigts). Son regard restait fermement planté sur l'eau qu'elle pourfendait de la pointe de sa baguette magique, les entrailles soudainement nouées par la colère (de le savoir dans cette situation, obligé de pénétrer dans un manoir pour y dérober quelque… je-ne-sais-pas-trop-quoi pour financer son incroyable épopée, sans s'en être rendu compte avant). « Relashio », le jet rougeâtre se dilua une seconde dans le liquide avant que la sorcière ne retire sa baguette magique des bulles féroces qui explosaient à la surface du faitout. L'adaptabilité était définitivement souveraine dès l'instant où vous vous clamiez ennemi du Magister : ne pas utiliser les sorts normalement, rendre trouble votre frontière entre le bien et le mal… « Un homme doit vivre ». Déçue par sa réaction enfantine, Marie tourna de nouveau son attention vers Rolf pour lui faire savoir qu'elle était désolée (de sa réaction, de ne pas avoir su, de sa situation) mais il fixait désormais le frigidaire d'un œil qu'elle trouvait critique. Peut-être que les Joncheruines vivaient là-dedans, finalement : ce meuble moldu avait au moins le don de faire oublier quelques instants. De sa main toujours veinurée de carmin, elle lui transmit toute la réassurance dont elle était capable, serrant bien maladroitement son avant-bras à cause du nouvel influx douloureux qui lui martelait le bras.  « Vous êtes aussi lâche que moi. On s'y fait avec le temps… Ce n'est peut-être pas du courage mais… s'accrocher à la vie est beaucoup plus héroïque que vous ne le pensez. ». Abandonnant l'eau chaude au bon soin de Scamander, elle lui passa une nouvelle fois devant pour rejoindre le salon, frôlant la laine de son pull d'une caresse volubile pour s'arrêter une nouvelle fois devant la petite table et sa besace en cuir. « Votre bras, vous voulez que j'y rejette un coup d'oeil? Un vrai? Je dois bien avoir quelque chose pour vous aider dans mon sac, si vous voulez ».

« Je ne pense pas que vous ayez une potion de régénération sanguine là-dedans... », daigna-t-elle répondre une fois arrivée près du sac à dos de Scamander. Se laissant littéralement choir sur le sol, elle retira ses Converses trempées et les déposa sous la table basse avant d'y fourrer la paire de soquettes qui méritait, au même titre que le bas de son jean, une rafale endiablée de sortilèges réchauffants. Réprimant un rire, elle s'amusa de voir ses orteils fripés par la baignade fortuite qui l'avait aidé à échapper aux Râfleurs. « … mais si vous n'utilisez pas toute l'eau, je veux bien en avoir un peu. ». Leste, elle fit glisser sa veste le long de son dos d'un simple coup d'épaules mais grimaça en s'apercevant que la manche gauche était maintenue en place par le sang coagulé de sa blessure. Va pour la réouverture inutile et d'un geste sec, elle détacha l'emprise qu'avait le vêtement sur la masse informe et défigurée qui lui entachait sa peau laiteuse. « Pour nettoyer mon bras. », crût-elle bon d'ajouter d'une voix qui ne souffrait aucunement de la douleur lancinante qui  pulsait pourtant férocement sous l'écusson difforme. Presque un an qu'elle se baladait avec le stigmate affligeant de la décadence du Magister. Vulnera Sanentur. De sa baguette s'échappa un léger éclat qui vint directement refermer la plaie, encore une fois. Presque un an qu'elle évitait autant que possible le moindre miroir qui se présentait à elle parce qu'elle ne voulait pas croiser le visage de Marie àla place de son reflet. Vulnera Sanentur La cicatrice rosâtre fut engloutie par une nouvelle boursouflure obscure. Presque un an qu'elle espérait chaque jour que rien ne viendrait perturber le sommeil léger de la marque maudite. Et il y avait des jours où ses souhaits n'étaient pas exaucés, simplement étouffés par la douleur des brûlures qu'Elle provoquait, des élancements électrisants qui lui paralysaient toujours le bras, par la magie noire qui allait s'étendre un peu plus sous les chairs lorsque les sorts de soins venaient la titiller un peu trop souvent. Presque un an. Elle se rassurait pourtant : plus le temps passait, plus la cicatrice devenait méconnaissable. Peut-être qu'un jour, elle oublierait aussi le nom qui l'avait marqué comme du bétail pour le restant de ses jours.

Rolf la surplombait alors. L'insurgée ne pourrait pas dire exactement depuis combien de temps il se tenait là mais devant le fait accompli, elle se fichait éperdument qu'il ait entraperçu la marque. Elle ne pouvait jamais retourner en arrière pour éviter ce genre de catastrophe d'arriver de toute manière. Et puis, se précipiter pour La cacher, ce serait lui donner l'importance qu'Elle ne méritait absolument pas. « Qu'est-ce que vous avez fait de si affreux pour devenir un homme à abattre ? ». La voix exténuée Marie s'éleva dans les airs, contrairement à son regard, qui lui ne quittait par un seul instant des yeux sa main gauche qu'elle ouvrait puis refermait succesivement. Se concentrer, ne plus y penser, détendre les muscles toujours tétanisés. Elle avait très vite remarqué que de serrer, desserrer, serrer, (et desserrer encore) le poing l'aidait à récupérer sa faculté de mouvement plus vite. « Vous vous êtes montré à l'une de leur soirée mondaine vêtu de votre plus beau pull en laine, hm? », si elle jetait toujours autant de propos décalés aux situations dans lesquelles elle se trouvait, la sorcière cultivait toujours le versant mutin de sa personnalité. A l'instar de sa rêverie (risible comparée à celle dont Luna pouvait véritablement faire preuve), Marie balançait son optimisme sous toutes ses formes et sous toutes ses coutures sans trop se préoccuper des opinions (ou de l'ego) des autres.

Elle considérait que le rire était plus bien plus curatif que les pleurs. Les situations cocasses bien plus apaisantes que le souvenir de nos malheurs. Le Riddikulus était le bouclier idéal contre les Epouvantards, non ? Marie (surtout Luna) préférait passer pour une simple d'esprit pour alléger les cœurs les plus alourdis.

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Rolf Scamander
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‹ âge : il a l'air d'avoir environ trente-cinq ans mais en a en réalité vingt-huit.
‹ occupation : employé à mi-temps dans un élevage indépendant de licheurs.
‹ maison : serpentard.
‹ scolarité : 1987 et 1994.
‹ baguette : est rigide, sculptée d'une salamandre à sa base, longue de trente-quatre centimètres, est faite de bois de sureau et contient un crin de Kelpie.
‹ gallions (ʛ) : 4333
‹ réputation : je suis quelqu'un qu'il est difficile d'approcher.
‹ particularité : empathe. J'entends et ressens les émotions d'autrui.
‹ faits : je suis empathe et après avoir abusé de l'usage d'un Retourneur de Temps, mon corps est toujours désynchronisé et je parais avoir six ans de plus par rapport à l'âge que j'ai réellement. J'ai fait cavalier seul pendant des mois jusqu'à finalement rejoindre Poudlard mi-juillet 2003, où j'ai rejoint la Renaissance du Phénix. Mon surnom parmi les Insurgés était Oz.

Je vis avec Luna depuis la fin de la Guerre, et avec notre fille née à la fin de la Bataille, Lesath — jusqu'à ce qu'elle ait contracté le syndrome de Rosier et soit en convalescence à Saint-Mangouste.
‹ résidence : dans la maison Lovegood.
‹ patronus : un loup
‹ épouvantard : moi-même, fou à lier, écumant, incapable de sauver la silhouette indistincte d'une femme qui se tord de douleur devant moi.
‹ risèd : rien de particulier. j'ai tout ce que j'ai jamais désiré.
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luna lovegood
some days, you think the sea is but a giant mirror, the vanity of coquettish stars and lazy clouds in passing. / some days, you think it is the fury of our earth mother, her tears and her sorrow saltwater in the breeze. / on all of them, you want to sail its’ lengths; you want to get lost out on the abyss, feel small beneath the sky.


« Les vôtres aussi, maintenant... » Oui, comment l'oublier? Ses dents viennent entailler sa lèvre un instant, rien qu'un instant. Rolf repense à sa situation, tout ce qu'il a laissé derrière lui — Merlin il se déteste. Merlin il se déteste; il aurait dû... qu'aurait-il dû faire? Des fois, il ne peut pas s'empêcher de penser à ce qu'aurait été sa vie s'il était resté parmi les sorciers, parmi cette Élite qu'il a toujours détesté sans jamais chercher à la quitter. On ne connait pas la valeur de ce qu'on a jusqu'à le perdre, n'est-ce pas? Mais maintenant, il a tout perdu, il n'a plus rien (sauf le souvenir doux-amer des yeux pleins de larmes et d'incompréhension de Porpentina, une vision qui le tourmente jusqu'au plus profond de ses cauchemars). Alors, s'il se mord la lèvre, Rolf n'ose rien dire, se contente de soutenir son regard en lâchant du bout des lèvres une pique qui n'en est pas vraiment une, une réplique vaguement intelligente.

En revanche, son autre trait d'humour n'atteint pas son objectif car quand il fait référence aux médias — ou, d'une manière plus sûre, aux rumeurs au sein de l'Élite, il n'est pas arrogant au point de penser que la Gazette parle de sa trahison et sa défection comme le pire crime jamais commis dans le royaume —, Rosie le regarde avec un air presque... attéré? affligé? Non. Elle semble heurtée qu'il puisse oser dire que... dire que quoi? Il ne comprend pas cette femme, elle est une énigme. Cruel, de nouveau, le vide s'impose à lui. Le vide derrière ses yeux, le vide dans le coeur de Rosie, dans son Bruit. Il a tellement pris l'habitude de pouvoir lire les gens d'un coup d'oeil, juste en les effleurant, en les fréquentant... Mais avec elle, il ne sait pas quoi penser. Il a toujours cru que c'était une bonne chose, ces gens incompréhensibles, ces trous dans l'équation. Ces gens illisibles. Il a toujours cru que c'était ce dont il avait envie, ce qu'il désirait plus que tout au monde: pouvoir parler à des gens sans savoir comprendre entendre ressentir leurs propres émotions. Mais face à elle, Rolf se sent désarmé et fragile. Il se sent mal à sa place. « Je lirai la Gazette le jour où je ne croirais plus en rien, » lâche-t-elle finalement avec une ardeur qui réveille, quelque part dans le cervelet de Scamander, quelque chose comme un souvenir. Pendant un instant, son cerveau fait une connexion entre ce qu'elle vient de dire et quelqu'un qu'il a connu il y a si longtemps... mais avait qu'il ne mette un nom et un visage sur cette impression, la connexion s'interrompt et le revoilà enfoncé dans ses idées noires.

Il se sent un peu coupable de voler. De faire des choses... illégales. Rolf est un mec réglo, vraiment. Il ne pète jamais de travers. Il fait tout pour rester dans le cadre, entre les marges, dans les petites boîtes qu'on lui présente; après tout, c'est comme ça qu'il peut garder une bonne position au sein de cette société, c'est comme ça qu'il peut faire briller les yeux de son grand-père avec quelque chose comme de la fierté. C'est comme ça qu'il peut se regarder dans un miroir sans penser au fait que, possiblement, ses parents seraient fiers de lui. Fiers de lui... Le seraient-ils à le regarder s'échapper des carcans d'une société vérolée? Le seraient-ils à l'observer prendre refuge dans une maison abandonnée, voler les ressources de pauvres moldus en danger? « Vous êtes aussi lâche que moi. On s'y fait avec le temps… Ce n'est peut-être pas du courage mais… s'accrocher à la vie est beaucoup plus héroïque que vous ne le pensez. » Ses yeux fixés sur le frigidaire se tournent le temps d'un battement de coeur vers elle, ses épais sourcils blonds froncés sur son front. Il semble peser le pour et le contre de la véracité de ses paroles, prêt à la reprendre ou prêt à abonder dans son sens... mais à quoi bon? Il n'est pas de la trempe à s'avouer lâche; et il est encore moins de la trempe à penser qu'il est courageux. Rolf Scamander n'est pas courageux. Rolf Scamander fait ce qui doit être fait, rien de plus. Lawful Evil. Pour ça, pense-t-il parfois, il n'a pas trop de mal à imaginer Artémis et Dana fiers de lui. Ne sont-ils pas morts pour ce en quoi ils croyaient? Rolf en serait-il capable?

Croit-il seulement en quelque chose?

Il repousse cette pensée dérangeante loin de lui. Il se concentre sur le frigo, les bras croisés fermement contre sa poitrine, son regard à mille lieues de là. Il se rend compte que c'est la main de Rosie qui vient de serrer son bras quand elle se détache de lui (à son grand regret; la pensée lui tord l'estomac; il la repousse elle aussi), laissant un énorme vide obscur derrière elle. Elle le dépasse une fois l'eau bouillante, pour rejoindre le salon, et il peut attraper l'odeur discrète de son parfum. « Je ne pense pas que vous ayez une potion de régénération sanguine là-dedans... » laisse-t-elle échapper en faisant référence à son sac. Rolf ne répond pas, faisant mentalement la liste de ce que contiennent les multiples poches du sac de Newton, alors qu'il ouvre toutes les armoires jusqu'à trouver deux tasses (l'une d'elle est un cadeau de touriste, à l'effigie des pyramides de Gizeh; l'autre lit my husband went to New York and all he got me was this lousy cup) dans lesquelles il verse l'eau chaude, avant d'y glisser les deux sachets de thé qu'il vole d'une boîte sur une autre étagère. « … mais si vous n'utilisez pas toute l'eau, je veux bien en avoir un peu. Pour nettoyer mon bras. Oui, ne vous en faites pas. Je vais vérifier, pour la potion. Du sucre, dans votre thé? ” répond-t-il d'un ton absent en rajoutant deux cuillères de sucre à sa propre tasse. Rien de tel que du thé pour étouffer ses émotions, Rolf est expert en la matière même si son coeur ira pour toujours au café.

Une tasse fumante dans chaque main, Rolf retourne dans le salon où il dépose sur la table basse leurs thés. Il retourne dans la cuisine pour aller chercher le faitout, qu'il tient à deux mains avant de s'arrêter au niveau de Rosie qui est en train de nettoyer la plaie de son bras. Il ne voit pas grand chose — la pièce est trop obscure, et entre le sang et les ombres joueuses, il n'est pas sûr de voir vraiment la silhouette de la plaie — mais il fronce néanmoins du nez. “ Ça n'a pas l'air très beau, votre blessure. ” On dirait qu'il se sent obligé de le dire. Il regrette aussitôt. Ce ne doit pas trop être encourageant d'entendre quelqu'un vous dire ça. « Qu'est-ce que vous avez fait de si affreux pour devenir un homme à abattre ? » Sa voix le ramène sur terre. Il pose lentement le faitout sur la table basse, avant de le faire léviter d'un coup de baguette magique qu'il récupère dans sa poche (il ne faudrait pas abîmer le bois de la table après tout) en s'asseyant sur le fauteuil confortable à côté duquel est assise Rosie. « Vous vous êtes montré à l'une de leur soirée mondaine vêtu de votre plus beau pull en laine, hm? » Il ne put s'empêcher de sourire légèrement, en coin, le début d'une esclaffe s'étouffant dans sa gorge. “ Comment avez-vous deviné? ” répond-t-il d'un ton pince-sans-rire, sérieux à en mourir, avant d'éclater de rire, pour de vrai.

Autant qu'on peut en rire.

En fait, après deux battements de coeur, son rire s'étrangle dans sa gorge. Il baisse les yeux. Soupire. “ Accio, ” finit-il par incanter en désignant son sac du bout de sa baguette, et le sac vole jusqu'à ses genoux. Il fouille à l'intérieur pendant un temps interminable avant de refermer ses longs doigts sur une fiole à moitié pleine d'une liquide vert fluo. “ Wiggenweld, ” indique-t-il en la jetant sur les genoux de Rosie. “ Sans doute pas aussi performante pour la regénération sanguine... mais ça peut toujours aider. Tout comme le thé. ” Il soupire légèrement en avalant une gorgée brûlante du sien (douleur familière, douleur bienvenue) avant de se laisser glisser parterre à côté d'elle, du côté de son bras gauche. Sans lui laisser le choix, sa main se referme autour de son poignet et il lui force à tendre le bras. Il s'en fiche bien qu'elle essaie de se défaire; son désir est princier et il pose son autre main sur son genou. “ Du calme. Je veux juste aider, ” dit-il doucement, de la même manière qu'il parlerait à une créature sauvage. Il la regarde dans les yeux, avec détermination, l'air de dire qu'il n'abandonnera pas; et imperceptiblement, il la sent se détendre et abandonner. Il baisse les yeux vers sa blessure. La Marque.... “ Du calme, ” répète-t-il, plus doucement, mécaniquement, en se rapprochant légèrement de la plaie. Par Merlin... “ Du calme, ” souffle-t-il à nouveau.

Il laisse lentement sa main glisser sur sa cuisse, jusqu'à quitter sa peau. Il s'empare de sa baguette et le faitout encore plein d'eau chaude s'abaisse, et un filet de tissu s'échappe de son sac et vient s'imbiber lentement. Alors que la magie fait son oeuvre, la prise de Rolf autour du poignet de la jeune femme s'adoucit lentement, et il arrête de la forcer à tendre le bras. “ Je- j'ai... j'ai trahi la Cause, dirons-nous, ” marmonne-t-il. (C'est le genre de moment où il faut chuchoter ou murmurer.) Il récupère le premier tissu imbibé d'eau chaude et le fait lentement passer à la surface du bras de Rosie, avant de doucement effleurer la plaie déjà bien cicatrisée par les sortilèges. Mais la boursouflure (qu'il sent sous ses doigts) douloureuse (il la voit frémir) ne lui dit rien qui vaille, alors il continue de lenter effacer les dernières réminiscences de sang alors qu'un second morceau de tissu s'imbibe et qu'une autre fiole, appelée d'un sortilège informulée, flotte paresseusement vers eux. “ Je n'ai pas fait ce que mon devoir de citoyen exigeait. J'ai... refusé de me soumettre à la loi. ” Il laisse tomber le tissu rose de sang sur le côté, récupère le flacon d'onguent pour en étaler une noisette sur la plaie de Rosie. Rolf est attentif, concentré sur ce qu'il fait, focalisé sur son bras, ses mains, le sang qui goutte encore un peu, sa peau humide. “ Le devoir moral l'exigeait. À chaque fois, je me demande si je rendrais mes parents... fiers. La réponse est rarement positive. Mais quand elle l'est, alors je suis obligé de faire quelque chose, vous voyez? J'étais obligé de partir, je le devais. Mais je me surprends à penser que peut-être... ” sa voix s'efface lentement, engloutie par les ténèbres. Il masse un peu la peau de Rosie, machinalement, à deux mains maintenant. Puis récupère le second morceau de tissu humide, qu'il enroule lentement autour du bras de la jeune femme. Il fait un beau noeud à l'extérieur de son bras, une fois la Marque entièrement recouverte, comme pour l'effacer de la surface du monde. Après une légère hésitation, son coeur battant la chamade, son pouce remonte le long de ses veines jusqu'à son poignet et sa main s'empare de la sienne, qu'il serre avec détermination. Il plante les yeux dans les siens. Elle a la peau douce, même s'il peut sentir quelques cals sur sa paume. Cette idée réveille quelque chose en lui qu'il repousse à nouveau.  “ Vous êtes forte, ” dit-il simplement.

Et vide. Si vide. Il a l'impression de lui parler et que les mots rebondissent sur elle sans faire d'accrocs. Il a l'impression qu'elle n'éprouve rien, pour lui, pour rien, pour personne. Il ne sait pas pourquoi cette pensée lui pince le coeur. Comme s'il avait été brûlé, Rolf lâche sa main et il se redresse lentement, le faitout revenant gentiment se poser sur la table basse alors qu'il dépoussière machinalement les jambes de son pantalon. “ Faites gaffe, la prochaine fois, ” et le conseil qu'il lui donne en détournant les yeux, avant de grommeller quelque chose à propos de toilettes et de s'éclipser en marmonnant. Il ouvre plusieurs portes à la volée jusqu'à trouver la salle de bains, dans laquelle il s'enferme. Il allume l'eau et l'applique, glaciale, sur son visage à plusieurs reprises avant de tirer sur le col de son pull pour s'essuyer avec. Il se regarde dans le miroir. Ce qu'il y voit lui brise le coeur.

Quand il revient dans le salon, il tremble un peu et il a les cheveux humides et décoiffés. Il s'assied de nouveau sur le fauteuil sans jeter un regard à Rosie, s'empare de sa tasse — désormais froide (combien de temps a-t-il passé dans cette salle de bains? trois éternités) — pour la finir d'une traite. Il ne sait pas trop pourquoi, mais il se sent bavard. Surtout quand ses yeux tombent sur les Converses, négligemment laissée à l'abandon sur le tapis sur lequel il l'a soignée, le tapis sur lequel il a croisé son regard... pourquoi est-ce qu'il se sent si gêné? Il sait que rien ne pourrait jamais arriver entre lui et Rosie. Ils sont si... différents. Si diamétralement différents. Elle est forte et convaincue et vide émotionellement alors que lui il est trop dans tous les sens du terme. Il ne devrait même pas entretenir de telles pensées pour quiconque. Alors pourquoi est-ce qu'il n'arrête pas de lui jeter des regards en coin? Pourquoi il ne peut pas s'en empêcher? “ J'avais une... amie il y a longtemps. Elle portait tout le temps ce genre de chaussures, ” dit-il, les yeux perdus dans ses souvenirs, en pointant du bout du pied les chaussures laissées à l'abandon. “ C'était il y a si longtemps... je l'aimais beaucoup. Elle me faisait toujours rire — enfin je veux dire, elle me rendait toujours heureux, je ne sais pas trop pourquoi. Il y avait... quelque chose à son propos. Une légereté. Une... joie de vivre, je crois? Je ne sais pas trop, je n'ai jamais réussi à la percer à jour. Je suis très bon pour percer les gens à jour, normalement. Les gens me font peur parce que je n'ai jamais eu du mal à lire en eux comme dans un livre. Mais cette... cette amie, impossible. Elle était tout et l'instant suivant, elle était rien. Comme un trop-plein de tristesse caché derrière un trop-plein de bonheur. Du coup je n'ai jamais trop su si je la rendais triste ou heureuse... nous ne sommes pas beaucoup vus. Mais j'ai un souvenir très précis d'elle. Et je ne peux pas regarder ce genre de chaussures ou les couchers de soleil ou certaines espèces d'animaux sans penser à elle et son grand sourire rêveur. On peut toujours utiliser un peu de rêve, de temps à autre.

Son regard est perdu autre part. Dans un autre monde où il a pu lui dire au revoir correctement. Où il a fait son éloge funèbre. Où il ne l'a pas considérée avec un dédain arrogant la plupart du temps. Un monde où il n'a jamais eu besoin de lui dire au revoir.

Elle est morte, ” lâche-t-il finalement, la finalité de la phrase coupant brutalement et brusquement le silence. Il semble s'éveiller d'un cauchemar, sursautant machinalement et reposa sa tasse sur la table, tournant ses yeux trop clairs vers ceux de Rosie. “ Vous croyez que c'est safe pour sortir?
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Luna Lovegood
Luna Lovegood
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rolfie — THIS IS THE DARKEST TIMELINE. C9rrp50

‹ âge : (depuis le 13/02/04) 23
‹ occupation : aventurière dans l'âme, souvent bénévole, étudiante par correspondance et mère à plein temps.
‹ maison : Serdaigle
‹ scolarité : septembre 1992 et décembre 1997.
‹ baguette : mesure 25, 8 centimètres, a été taillée dans du bois de sorbier et son cœur recèle un ventricule de dragon.
‹ gallions (ʛ) : 10416
‹ réputation : je suis différente ; même je ne suis plus aussi loony qu'auparavant.
‹ particularité : douée d'un sixième sens tel qu'on me soupçonne d'avoir le troisième œil.
‹ faits : Marie n'est plus ; que je me réhabitue à mon nom, mon visage et ma vie d'autrefois, tant bien que mal ; que les conséquences d'une année et demie volée sont rudes ; que je crois en Harry Potter depuis toujours ; que je suis une héroïne de guerre ; qu'il me manque du bon sens et une part d'humanité ; que je ne pourrais pas survivre sans ma fille, Lesath, ni son père, Rolf Scamander, à mes côtés ; que notre famille détonne ; que je suis l'une des sacrifiés scolaires de la guerre ; que Lesath est atteinte du syndrome Rosier.
‹ résidence : dans cette drôle de demeure du Devon, en forme de tour d'échecs, avec Rolf et notre fille, Lesath. Autrefois musée du gouvernement, aujourd'hui réhabilitée, elle s'élève toujours aux abords de Loutry-Ste-Chapsoule.
‹ patronus : un sombral, après de nombreuses métamorphoses (le lièvre et le panda ont été les plus marquantes).
‹ épouvantard : une forme prostrée dans un sous-sol tantôt calciné, tantôt humide (représentation d'un retour en arrière inéluctable, sans Lesath, sans Rolf, sans ceux qui comptent pour moi).
‹ risèd : une longue chaine dorée, sertie de six pendentifs très particuliers.
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the darkest timeline
Just because everything is different
doesn't mean anything has changed

Un sourire franc avait fendu son visage avant même de l'entendre rire, illuminant ses traits qui étaient jusque là assombris. « Comment avez-vous deviné ? » Elle avait beau faire comme si elle ne le connaissait pas, Luna gardait tout de même en mémoire ces quelques fois gravement contenues avant qu'il ne cède et ne se laisse envahir par la joie. Plus que la scène imaginée, ce fut l'éclat grave et joyeux de Rolf qui poussa Marie à s'esclaffer comme une oie. Une oie, oui. Marie avait une très jolie voix, avait-elle remarqué les premiers jours qu'elle avait passé à se familiariser avec ce corps étranger qui était désormais le sien. Elle pouvait chanter, aussi. Mais son rire frôlait le ridicule à l'état pur et il était rare qu'il ne décoche pas un sourire à Hermione lorsque la tension palpable dans les campements devenait trop forte. Alors lorsque le rire de Rolf se stoppa net, effaçant par la même occasion son gloussement nasal, elle se demanda si elle avait fait quelque chose de mal, espérant de tout son cœur ne pas l'avoir vexé par erreur. Luna se fichait bien de l'avis des autres, c'était certain. Mais Marie, beaucoup moins, c'était indéniable. Elle détestait vraiment perdre le peu de contact humain qu'elle réussissait à établir – les autres avaient désormais tendance à la rejeter non pas parce qu'elle était bizarre, étrange, loony mais parce qu'elle était française, fouineuse, optimistic. Alors elle s'obligeait, parfois, à prendre en considération des données qu'elle n'avait jamais jugé utiles auparavant. Le malaise se dissipa lorsqu'une fiole atterrit sur ses jambes et : « Winggenweld, » la peur, qu'elle croyait avoir abandonné à l'entrée du village, reprit sa route insidieuse en elle, rendant le corps tout aussi figé que l'esprit à la simple évocation de cette potion de malheur. C'est un antidote, tentait-elle de se raisonner, à moitié consciente des mérites tout relatifs que la voix de Scamander continuait de lui distribuer. Juste un antidote. Vain effort, seule la douleur de son réveil d'entre les morts lui revenait en mémoire, lui martelant douloureusement le crâne. « Tout comme le thé. »

Les deux billes noisette se dirigèrent vers la tasse qu'il avait déposé juste devant elle. Concentres-toi sur le thé. Marie invoquait les pierres de la pyramide de Gizeh lorsque Rolf s'échoua à ses côtés et lui empoigna le bras sans aucune forme de cérémonie. Le temps avait pansé ses blessures physiques – en estompant les plaies à l'état de cicatrices blafardes, en réduisant les hématomes à néant, en modifiant l'ossature friable en une structure d'acier trempé - mais pas les coups déformant son esprit. Aucun navire ne peut éviter un iceberg s'il ne discerne pas sa partie immergée. Alors ? Comment pouvoir guérir des plaies que l'insurgée ne voulait pas reconnaître ? Son unique protection, sa résilience parfaite, c'était Marie : au-delà du masque et des bras d'Hermione, rien ne réussissait à apaiser Luna Lovegood lorsque vous approchiez trop près de sa vérité – la main se referma sur le poignet – et lui, lui, il était trop près – il la força à tendre le bras – c'était douloureux, physiquement mais c'était douloureux aussi de se rappeler que Rolf l'avait connu, la Luna d'avant, c'était douloureux de ne rien pouvoir dire – et il affirma sa volonté en serrant un peu plus fermement le poignet toujours endormi – c'était douloureux de devoir composer avec un passé si lointain qu'il ne paraissait plus être le sien. Ces séquelles de l'invisible, elles avaient donné naissance à un animal blessé, apeuré. Qui ne voulait pas se laisser approcher, toucher, aider – seule Hermione savait, seule Hermione comprenait, seule Hermione apaisait. La paume de Scamander déposa contre son genou une chaleur rassurante, étrangère, qui attira naturellement l'attention de l'animal effrayé sur lui, sur le réel. « Du calme. Je veux juste aider. » Le regard troublé de Marie quitta le théâtre de sa jambe pour se fixer sur le visage de Rolf – dans l'obscurité, elle devinait les traits soucieux malgré la lueur coriace qui faisait briller ses iris. « Du calme. » Il ne réclamait pas le calme lorsqu'il pénétrait dans sa geôle. Il invoquait la peur, la souffrance et l'effroi. « Du calme. » Rolf n'était pas lui. Elle n'était pas  Luna. Marie, dernier rempart, rendit les armes sans véritablement remettre en cage la bête – tu es en sécurité, ici, en sécurité. Même si elle y croyait – ou n'y croyait pas – elle ferma les yeux pour se concentrer uniquement sur la voix de Rolf. Revenir de ces soubresauts primaires, ces réflexes chaotiques nés tardivement au beau milieu d'un cachot lugubre, avait toujours été le plus difficile pour elle. Marie détourna le visage en sentant la caresse volubile de Rolf s'envoler loin. Elle ne voulait pas abandonner et lui céder, gamin capricieux qui, même s'il lui continuait de lui faire mal, ne desserrait toujours pas son bras. La seule fois où elle avait été confrontée à ce genre de tête de mule (pourquoi vouloir à tout prix la soigner quand elle pouvait le faire seule?), il lui avait suffit d'accepter pour qu'on la laisse tranquille le plus rapidement possible.

Et Merlin seul savait que la cicatrice maudite ne méritait qu'on s'y attarde trop longtemps ni de trop près.

Elle ferma les paupières à mesure qu'elle s'avouait vaincue, la force et la tension mises dans ses muscles s'amenuisant à mesure qu'elle cessait de se débattre. Seule la logique, la raison, pouvait la ramener vers Marie. Dire qu'elle se concentrait sur les paroles de Scamander serait mentir : les soins qu'il lui prodiguait l'empêchait de penser correctement. Seul un mot sur deux était appréhendé et là où certaines personnes se seraient senties honteuses, Marie se contenta de fermer un peu plus les paupières pour se laisser bercer par la voix et les mains de Rolf. L'eau chaude apaisait tout autant la peau endolorie qu'il ne la faisait serrer un peu plus les dents. « ...trahi... », elle ne gémissait plus de douleur, ne bronchait pas non plus pour lui faciliter la tâche. Assise en tailleur sur le sol, son genou se cala contre la jambe de Rolf, oubliant les formes des meubles se dessinant dans la pénombre pour vider entièrement son esprit. Une remise à zéro, voilà ce qu'elle faisait pour revenir. « … devoir… J'ai… refusé de me soumettre à la loi. » Et cette remise à zéro fonctionnait toujours. Elle revenait peu à peu et, même si la voix de Scamander frôlait la douce confidence, elle avait l'impression de l'entendre hurler. Il avait décidé de partir, d'obéir, et il avait tout abandonné à cause de… Les yeux noisettes se rouvrirent pour se poser sur le visage fermé, concentré, du sorcier qui la regardait sans même la voir. Elle ne faisait ni attention au tissu imbibé d'eau et de sang, ni aux dernières notes métalliques qui embaumaient l'air tout autour d'eux. Soudainement hypnotisée par Rolf. La sorcière se demandait ce qu'il pouvait bien se passer sous cette caboche lorsqu'elle remarqua l'espace d'une seconde qu'il n'était plus la menace mais bel et bien le point d'ancrage qui la faisait revenir. Vue, ouïe, touché, odorat : tous ses sens s'étaient instinctivement raccrochés à lui. « Le devoir moral l'exigeait. À chaque fois, je me demande si je rendrais mes parents... fiers. La réponse est rarement positive. Mais quand elle l'est, alors je suis obligé de faire quelque chose, vous voyez? J'étais obligé de partir, je le devais. Mais je me surprends à penser que peut-être... ». Sa gorge et son estomac se nouèrent rien que d'imaginer son propre père désappointé par elle... Mais non, Xenophilius l'avait toujours soutenue, cette fille qu'il avait élevé et aimé. Même lorsqu'elle était venu le voir pour lui demander (demander seulement, jamais elle n'avait dû supplier Xenophilius) de croire en Harry, bien des années auparavant. De lui offrir la possibilité de révéler au monde sorcier le retour de Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom. Xenophilius s'était publiquement soulevé contre le gouvernement sur la simple croyance de sa fille de quatorze ans. Il avait trahi ces mêmes croyances, attiré les foudres des Mangemorts et de l'Ordre,  pour seulement la maintenir en vie lorsqu'elle en avait seize. Le baume que Rolf appliquait sur sa peau la réchauffait à mesure que ses mains lui parcouraient le bras, l'entourant complètement parfois. D'un ton tout aussi bas que le sien, alors qu'il nouait le bandage propre là où la chair pulsait toujours douloureusement, elle lui demanda : « Pourquoi ? » Et elle se rendit compte qu'elle ne pouvait pas aller plus loin. 'Pourquoi s'infliger ça ? Pourquoi s'imaginer la haine des siens sans même les avoir connus ?' voulait-elle lui demander. Elle était simplement triste, Luna Lovegood, de ne pas pouvoir lui parler franchement. Sa perception de la mort était tout aussi unique qu'elle. Comme le Quibbler, ce sujet aussi était devenu tabou. Elle était triste de ne pouvoir offrir qu'un soutien bancal à son ami. Mais elle n'hésita pas lorsque la main de Rolf s'empara de nouveau de la sienne, entrelaçant leurs doigts avec une volonté ferme. Plus Rolf serrait, plus Marie resserrait sa propre emprise, recouvrant ses fines cicatrices d'une poigne sensiblement plus petite que la sienne. Luna n'avait pas que des mots pour faire comprendre aux autres qu'elle était là, qu'elle serait toujours là, pour apaiser leur peine. Son cœur s'allégeait sous le regard et les mains de Rolf, son esprit se sentait en sécurité avec cet homme qu'elle avait craint par deux fois depuis qu'elle lui était tombé dessus.

« Vous êtes forte, », et son emprise se desserra imperceptiblement avant qu'il ne se recule brusquement d'elle. Elle savait aussi quand il fallait abandonner pour mieux aider, aucunement vexée lorsqu'il lui conseilla d'éviter les ennuis à l'avenir. Ses lèvres s'étirèrent dans un sourire qui se voulait rassurant. La sorcière avait retrouvé son instinct et ça lui suffisait pour le moment. Retrouver ses marques signifiait une chose : elle pouvait ne plus le craindre, désormais – normalement, peut-être, qu'importe, il avait déjà frôlé la partie qu'elle détestait le plus d'elle-même. Marie s'empara de son thé lorsqu'il bredouilla une excuse et s’éclipsa du salon. Ses lèvres asséchées acceptèrent le breuvage aromatisé avec une avidité maîtrisée tandis que depuis le couloir, les ouvertures et les fermetures de porte résonnèrent avant de laisser place au silence naturel du cottage (le grincement du bois, le vent contournant les murs extérieurs, l'eau coulant dans la salle de bain). La respiration de la sorcière retrouvait son rythme calme et maîtrisé, totalement apaisée maintenant qu'elle était revenue dans l'ici et maintenant. Du bout des doigts, elle attrapa la Wiggenweld perfide et la déposa près de la tasse de Rolf, sans sourciller une seule fois. Elle ne voulait pas la boire, ni la reconnaître, occultant totalement la teinte fluorescente qui contrastait avec le reste de la pièce. Le peu de lumière qu'ils avaient eu disparaissait de plus en plus, à mesure que le soleil disparaissait sous la ligne de flottaison de la mer. Lentement, l'insurgée se releva, baguette et tasse de thé en main pour se diriger dans la cuisine et y récupérer la bougie qui continuait de brûler sur l'un des plans de travail. Elle les savait relativement en sécurité puisque s'ils n'étaient pas les seuls êtres doués de magie sur l'île, la minuscule flamme aurait assurément attiré les regards suspicieux des sbires du Lord. Marie pinça ses lèvres entre elles lorsqu'une question s'imposa brutalement à son esprit. Rolf avait-il effectué le fameux service civique du Magister, emportant, emprisonnant, raflant, le moindre opposant de son régime totalitaire ? Il avait dit qu'il s'était enfui. Les paroles occultées un peu plus tôt lui revenaient progressivement en mémoire. Trahi la cause. Devoir Moral. Fuite. Il avait fui. Cette simple donnée effaça les suspicions soudaines, malvenues, qu'ele venait d'avoir contre Scamander. Elle avait confiance en lui, il ne pouvait pas avoir fait une chose pareille. Après avoir récupéré la bougie, Marie repartit dans le petit salon, ignorant complètement les mises en garde qui lui venaient en tête. Et encore une fois, celles-ci revêtaient la voix d'Hermione. Marie ignorait cette nouvelle voix de la raison lorsque sa véritable propriétaire  n'était pas dans les parages… et à chaque fois, ça l'avait mené dans des situations désastreuses. Luna se jura de commencer à l'écouter (lui obéir, surtout) plus attentivement demain.

Demain. Lorsque Scamander retournerait sur les routes, loin de son quotidien d'insurgée.

Lorsqu'il réapparut dans le salon, sa tasse de thé était vide, la Wiggenweld loin d'elle et la moindre trace de sang avait disparu de la pièce (elle avait ramassé les linges souillés et les avait fourrés dans sa besace avec l'idée de pouvoir les lui rendre plus tard… question de principe). Ce demain, elle pourrait le rencontrer grâce à Rolf. Si sa course ne l'avait pas menée jusqu'à lui, qui sait où elle aurait pu être en ce moment. Marie souriait même si la situation n'avait rien de joyeux – morts ou vivants, peu importait l'état des personnes qui avaient essayé de lui nuire. Comme au département des mystères, cette époque si lointaine, où tout ce qui avait compté c'était qu'eux s'en sortent vivants, qu'eux, les Six de l'A.D. puissent échapper aux Mangemorts. Sa reconnaissance se lisait sur ses traits fatigués, sur ses lèvres lorsqu'elle captait les regards en coin qu'il lui jetait, dans son regard en le voyant reprendre place sur le fauteuil derrière elle. Elle allait le remercier, vraiment le remercier cette fois, lorsque soudain, il s'aventura sur un terrain qu'elle n'avait jamais, ô grand jamais, foulé par le passé. Il y avait eu des rumeurs, oui, mais jamais on ne l'avait directement confronté à pareille situation. « J'avais une… amie il y a longtemps. Elle portait tout le temps ce genre de chaussures ». Son regard avait suivi la jambe étalée du sorcier qui lui montrait ses souliers. Ces chaussures si familières et si étrangères à la fois. Jusque là, pas de quoi paniquer, s'était-elle dit… les noires étaient si communes qu'elles se confondaient parfois avec le bitume (loin, loin, loin, de celles qu'elle possédait, elle). Mais lorsqu'il reprit son récit, Marie resta plantée sur ses chaussures usées plutôt que de le regarder, lui. Longtemps. Rire. Heureux. Joie de vivre. Elle avait toujours grandi avec le sentiment qu'il, comme beaucoup d'autres avant lui et tant d'autres après lui, avait été obligé de la côtoyer parce qu'il n'avait pas eu le choix. She didn't mind that. Tant qu'on l'écoutait, qu'on lui répondait, qu'on lui souriait parfois, Luna s'était toujours sentie heureuse. « Je suis très bon pour percer les gens à jour, normalement. Les gens me font peur parce que je n'ai jamais eu du mal à lire en eux comme dans un livre. Mais cette... cette amie, impossible. » Les paroles s'égrenaient jusqu'à son esprit mais elle ne parvenait pas à analyser la signification de ces dernières. Ni même le fait qu'il l'ait un jour considéré comme son amie. Il 'avait jamais rien dit, ni lors des voyages pour le Quibbler, ni dans les locaux du journal, ni même les mois communs qu'ils avaient eu à Hogwarts. Elle était choquée, Luna, encore aujourd'hui, de se voir prêter assez de confiance et de reconnaissance pour être qualifiée d'amie. Elle qui avait uniquement grandi avec l'amour de ses parents et les réticences des autres enfants, ne comprenant pas pourquoi les autres n'acceptaient que très rarement la différence – de penser, de voir, de réfléchir, de respirer, de vivre. Sa gorge se serra à la simple idée de n'avoir jamais osé lui demander de son  vivant. Elle était tout et elle était rien. Marie rabattit ses genoux contre sa poitrine, déposant son menton contre le tissu râpeux de son jean, avec l'impression d'avoir une tête aussi lourde qu'une enclume. Au final, était-elle toujours aussi heureuse d'avoir croisé son chemin ce soir ? Tu mens. Tu triches. Tu ne redeviendras jamais celle que tu étais avant. « Comme un trop-plein de tristesse caché derrière un trop-plein de bonheur. Du coup je n'ai jamais trop su si je la rendais triste ou heureuse... nous ne sommes pas beaucoup vus. Mais j'ai un souvenir très précis d'elle. Et je ne peux pas regarder ce genre de chaussures ou les couchers de soleil ou certaines espèces d'animaux sans penser à elle et son grand sourire rêveur. » Les suppositions n'étaient plus, c'était une certitude depuis longtemps : il parlait d'elle en ce moment. Et pourtant, elle l'écoutait avec la plus grande attention, surprise même de pouvoir ébaucher cette chimère qu'il évoquait du bout des lèvres. La sorcière était certaine qu'il parlait d'elle mais... alors… pourquoi avait-elle l'impression de découvrir le passé d'une parfaite étrangère ? Elle était triste, Luna, elle était triste. Pour la première fois depuis le début de la guerre, pour la première fois de sa vie, elle prenait enfin conscience d'elle-même. Elle avait mal, Luna, elle avait mal parce que plus jamais elle ne pourrait retourner à (vers) celle qu'elle était (est) avant (toujours). La prise de conscience résonnait comme une sentence. « On peut toujours utiliser un peu de rêve, de temps à autre » Si elle, Luna, ne se reconnaissait plus, alors, qui la reconnaîtrait le jour où elle ne se présenterait plus sous les traits de Marie ? Qui serait assez rêveur (mais surtout assez compréhensif) pour l'accepter tel quel une fois le moment venu ? Mama n'était plus là. Daddy n'était plus là. Titi n'était plus là. Il n'y avait plus qu'Hermione qui saurait, accepterait, mais Hermione était tout aussi hantée par la Guerre pour regretter le passé. Une lueur d'espoir teinta ses iris, l'idée que lui, Rolf, pourrait peut-être comprendre – il était empathe, non ? Il (ne) pouvait (pas) la lire, pas vrai ? Ses bras entourèrent les tibias à mesure que le visage s'inclinait pour capter ne serait-ce que le profil cassé, harmonieux, de Scamander. Elle entrouvrit les lèvres pour le rassurer, pour lui dire que les rêves étaient parfois mieux que la réalité. Que les morts restaient à jamais à nos côtés. Qu'il suffisait de croire assez fort pour que l'impensable puisse se réaliser. Daddy le lui avait assez répété : ce sont ceux dont la croyance s'est envolée qui ne peuvent pas voir les Crumple-Horned Snorkacks. Peut-être que lui pouvait la« Elle est morte ».

Le cœur manqua un battement. L'espoir implosa en un instant. 'You're dead, you're dead, you're dead' répétait encore et encore la voix Hermione, dans un leitmotiv glaçant. Harry la méprisait lorsqu'elle était Marie. Fred la haïssait lorsqu'elle était Marie. Elle n'avait toujours pas réussi à décrypter les signaux renvoyés par Bill. Alors, Luna ? Qui serait assez rêveur pour te ramener à la vie ? Les ongles s'enfoncèrent dans la peau, assez pour la ramener ici et maintenant, assez pour lui faire oublier que la Luna d'avant n'existerait plus jamais, dorénavant. « Vous croyez que c'est safe pour sortir ? » Marie jeta un coup d’œil vers la porte du salon, comme si ce rapide état des lieux lui soufflerait la réponse, distillerait en elle la science infuse. « Oui. Oui, on peut y aller. » Elle ne savait pas, ne ressentait rien, ne voyait rien. Peu importait ce qui pouvait arriver une fois la porte du cottage atteinte, elle était certaine qu'elle (lui) s'en sortirait indemne. C'était juste une impression, une emprunte volubile, que son instinct lui murmurait au creux de l'oreille mais tant qu'elle (il) s'en sortait, que pouvait-elle espérer de plus ? Rapidement, elle renfila les soquettes humides (ses orteils se contractèrent nerveusement au contact du tissu rigide) ainsi que les converses trempées avant de se relever. A mi-chemin entre le sol et le plafond, l'équilibre parfaitement maintenu dans l'obscurité relative, elle plongea son regard dans celui de Rolf. « La mort n'est qu'un renouveau. Il ne vous empêche pas de rêver. » Rapidement, elle plongea les tasses vides dans le faitout et rapporta le tout dans la cuisine, déposant les ustensiles dans l'évier en inox sans un mot. Quand elle le rejoignit près de la causeuse, le sac perché sur son épaule et la Wiggenweld hors de vue, elle repassa son blouson déchiré avant de s'abaisser pour récupérer la bougie posée sur la table basse. A la lueur de la flamme, Scamander avait tout autant l'air d'un diable que d'une âme en perdition. « Les morts veulent que vous pensiez aux vivants, Rolf », et alors que son souffle éteignit la flamme dans une odeur de soufre, le bras libre de Marie s'empara de celui du sorcier pour l'entraîner à l'extérieur du cottage.

Les illuminations du château St Michael l'éblouirent une fois dehors, loin de l'atmosphère saturée en poussière de la bicoque investie. Elle pouvait sentir le sang pulser sous ses doigts, les muscles de Scamander tendus sous les vêtements de rechange tandis qu'il se contorsionnait pour verrouiller le cottage qu'ils venaient de profaner pour moins d'une heure de répit (elle ne voulait pas le lâcher, pas après ce qu'il venait de risquer pour elle, pas après qu'il lui ait à moitié avoué que Luna avait un jour comptée pour lui...). Elle voulait le serrer dans ses bras, lui faire oublier qu'il était loin de la sécurité de son manoir, de sa famille, de sa vie (elle n'avait plus rien, elle savait ce que c'était. Luna savait ce que c'était que de n'avoir plus aucune famille, plus aucun foyer, plus aucune sécurité). Alors qu'ils engageaient quelques pas, suspicieux quant à l'absence criante des Râfleurs, elle lui demanda : « Vous avez désobéi à la loi mais… qu'est-ce qu'ils vous voulaient ? » La rébellion ne dormait jamais vraiment. L'insurgée était avide de détails afin de combler les lacunes qu'ils avaient tous emmagasinés, les pièces du puzzle qu'ils n'avaient pas su assembler, suite à l’exécution de juillet. Pourquoi Rolf Scamander était-il proclamé traître alors que la veille, il était un parfait enfant de l'élite ? Le bras droit et la main gauche de Marie resserrèrent leur emprise autour de celui de Rolf avant de lui demander : « Où est-ce que vous allez ? ». Pas ailleurs, supplia-t-elle inconsciemment. Pas ailleurs, espérait-elle avidement. Le manque de visages connus se faisait ressentir dans la vie de la sorcière et s'il venait à lui dire qu'il allait disparaître, elle se sentirait abandonnée. Comme lorsque sa mère s'en était allée. Comme son père, dont le corps restait introuvable. Comme Hermione, qui tentait tant bien que mal de maintenir le cap de la barque. Comme Harry, qui espérait échapper à son destin sans pouvoir oublier celui des autres. Un coup d’œil et puis, elle se souvint une fois encore de la dérangeante vérité.

Elle n'était pas Luna Lovegood. Et le jeune Rolf Scamander ne ressemblait en rien à celui qui était à ses côtés ce soir.

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HERO • we saved the world
Rolf Scamander
Rolf Scamander
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‹ dialogues : seagreen.
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‹ âge : il a l'air d'avoir environ trente-cinq ans mais en a en réalité vingt-huit.
‹ occupation : employé à mi-temps dans un élevage indépendant de licheurs.
‹ maison : serpentard.
‹ scolarité : 1987 et 1994.
‹ baguette : est rigide, sculptée d'une salamandre à sa base, longue de trente-quatre centimètres, est faite de bois de sureau et contient un crin de Kelpie.
‹ gallions (ʛ) : 4333
‹ réputation : je suis quelqu'un qu'il est difficile d'approcher.
‹ particularité : empathe. J'entends et ressens les émotions d'autrui.
‹ faits : je suis empathe et après avoir abusé de l'usage d'un Retourneur de Temps, mon corps est toujours désynchronisé et je parais avoir six ans de plus par rapport à l'âge que j'ai réellement. J'ai fait cavalier seul pendant des mois jusqu'à finalement rejoindre Poudlard mi-juillet 2003, où j'ai rejoint la Renaissance du Phénix. Mon surnom parmi les Insurgés était Oz.

Je vis avec Luna depuis la fin de la Guerre, et avec notre fille née à la fin de la Bataille, Lesath — jusqu'à ce qu'elle ait contracté le syndrome de Rosier et soit en convalescence à Saint-Mangouste.
‹ résidence : dans la maison Lovegood.
‹ patronus : un loup
‹ épouvantard : moi-même, fou à lier, écumant, incapable de sauver la silhouette indistincte d'une femme qui se tord de douleur devant moi.
‹ risèd : rien de particulier. j'ai tout ce que j'ai jamais désiré.
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luna lovegood
some days, you think the sea is but a giant mirror, the vanity of coquettish stars and lazy clouds in passing. / some days, you think it is the fury of our earth mother, her tears and her sorrow saltwater in the breeze. / on all of them, you want to sail its’ lengths; you want to get lost out on the abyss, feel small beneath the sky.


Rolf ment. Il ment. Il a toujours menti, chaque seconde de sa vie passée à sourire; pourtant, il n'a jamais tissé un mensonge aussi cruel. Il n'a jamais menti avec autant d'impunité, avec autant de panache et avec tant d'accents sincères dans sa voix. Oh oui, Randolf Scamander est excellent acteur: il porte les masques et les illusions en étendard et il serait presque impossible — à moins d'être son grand-père ou sa grand-mère — de lire ses émotions en filigrane sur ce grand visage pâle et fermé. Il est excellent acteur mais un bien piètre menteur, tout compte fait: il a toujours préféré se taire que de dire des sottises, peut-être par péché d'orgueil, par désir de solitude.
Mais cette fois-là, il ment et ne s'en rend compte qu'à la fin, quand les mots finissent de se délier sur sa langue: “ Elle est morte. ” Morte, morte, morte. La dure finalité de la vie, dont il n'ignore rien. Et pourtant, quand ces mots finissent de résonner, il sent ses poils sur sa nuque s'hérisser et ses bras s'agiter d'un spasme incontrôlable; parce qu'il repense à Luna, avec ses yeux et son sourire et il trouve ça injuste, bien évidemment, tout bonnement injuste. Elle est morte et il ne la reverra jamais et elle méritait tout sauf ça.
Elle ne méritait sûrement pas un pauvre gars comme lui. Que fait-il maintenant? Il écrit une éloge funèbre pour une fille qu'il a méprisé toute sa vie? Pour une fille qu'il n'a jamais considéré qu'avec agacement, qu'avec mépris, qu'avec une arrogance méchante? Rolf n'a jamais pensé à Luna, sauf quand elle était sous ses yeux et qu'il était obligé de souffrir sa présence. Rolf n'a jamais pensé à elle sauf quand son père l'évoquait; il n'a jamais pensé à elle sauf quand on lui a annoncé qu'ils allaient partir avec elle en Chine; il n'a jamais pensé à elle autrement qu'en tant que la fille de Xenophilius. Il n'a pas le droit de faire semblant de la connaître et de l'évoquer ainsi.
Mais une fois lâchés, les mots font mouche. Il se sent alourdi de culpabilité mais allégé de sincérité et il ne sait pas très exactement pourquoi alors il se referme, ses yeux se voilant de souvenirs et d'un désir certain de changer de sujet, alors qu'il évoque quelque chose d'entièrement différent.
« Pourquoi ? » lui avait-elle demandé quelques instants plus tôt, et Rolf n'avait pas su quoi répondre et n'avait fait que lui adresser un regard douloureusement neutre. Un regard bien travaillé, un regard d'acteur, un regard d'orfèvre: tout y était pensé, entre le doute et la douleur, entre l'indifférence et l'arrogance. Ce regard était un chef d'oeuvre qui trompait tout le monde. Mais il lui avait semblé, quelques instants plus tôt, quand il avait serré sa main et qu'elle avait serré la sienne en retour, que Rosie n'était pas dupe. Elle était vide d'émotions et de sentiments, une nouvelle pour Rolf; mais elle n'était pas dupe et pour la première fois de sa vie, Rolf avait l'impression de faire face à quelqu'un qui parvenait mieux à le lire qu'il parvenait à les lire.

« Oui. Oui, on peut y aller. » Retour au moment présent. Rosie semble si sûre d'elle-même que Rolf se détend imperceptiblement. C'est une survivante. Elle survivra à tout. Alors pourquoi son coeur se serre à l'idée que quand ils iront, quand ils sortiront de ce havre de paix qu'est ce petit cottage, alors ils se sépareront et il ne la reverra sans doute jamais? (Un peu comme Luna. Un peu comme Luna dont il ne se souvient même pas de la dernière fois qu'il l'a vue. Il a appris que Lucius Malfoy l'avait achetée (Luna. Achetée par un sorcier, telle une esclave) peu avant sa mort mais même si la tentation était grande, a toujours refusé de visiter les Malfoy, même pour l'apercevoir. Il ne pense pas qu'elle aurait apprécié de toutes manières.)
Il aimerait que cette impression de sûreté dure pour toujours. Il aimerait rester ici pour toujours, comme un enfant boudeur. Quand les moldus reviendront chez eux, ils leur lanceront des sortilèges d'Amnésie et de Confusion et ils ne reviendront plus jamais. Ils barricaderont les fenêtres et feront disparaître les portes. Ils vivront de petits larçins et d'eau fraîche et d'espoir. Ils riront beaucoup, et réfléchiront énormément. Ils parleront, aussi, même les fois où Rolf n'a pas envie. Rosie le repoussera dans ses retranchements et lui il découvrira les mystères qu'elle garde gravés sur sa peau et dans son coeur. Ils y resteront jusqu'à la fin du conflit, jusqu'à la fin des temps. Ils seront en sécurité.
Mais il sait que c'est impossible. Tout comme il était impossible pour lui de rester chez ses grands-parents, il lui est impossible de rester ici.
Alors il hoche sèchement la tête en reculant un peu, la laissant se relever habilement dans le clair-obscur de la pièce. Lui-même se relève sans un mot, s'affairant pour ranger dans son sac toutes ses affaires et pour vérifier qu'il n'oublie rien avec une nervosité grandissante. Il se rend compte, quand il se penche pour ramasser les morceaux de tissus imbibés et la fiole de Wiggenweld à peine vide, que ses doigts sont agités de spasmes et une fois qu'il a rassemblé le plus gros de ses affaires, il se redresse et croise les bras sur sa poitrine pour les empêcher de trembler. « La mort n'est qu'un renouveau. Il ne vous empêche pas de rêver. »
Il ne répondit pas, comme souvent. Ils étaient un savant mélange de confessions et d'interrogations, de silences et de creux. Une fameuse harmonie de déséquilibre et d'envie, de confusion et d'une affection ne menant nulle part. Un beau désordre, un beau désastre. Il laissa la phrase de Rosie s'enfoncer dans son esprit. C'était une pensée plutôt déplaisante. Sa grand-mère lui avait appris une astuce quand il était petit: dans son esprit, il faut toujours garder la porte de devant et la porte de derrière ouvertes. Comme ça, les pensées déplaisantes ne font qu'aller et venir, et elles ne vous embêtent jamais. Ça ne sert à rien de les repousser; elles reviendront toujours. Alors normalement, quand une réflexion comme ça ne lui plait pas, Rolf écoute d'une oreille et l'oublie de l'autre. Mais là, c'est Rosie. C'est Rosie alors il la garde précieusement, entre ici et là, et ne peut pas s'empêcher de se demander: que sait-elle des morts? que sait-elle de la mort? que sait-elle de mes morts?
Mais ce sont des questions pour une autre fois.

Ils finissent de se préparer en silence. Rolf sèche les chaussures qu'il portait autour du cou d'un sortilège avant de les enfiler à la va-vite, laissant les lacets ensorcelés se faire d'eux-même. Il glisse nerveusement un oeil vers la fenêtre pour voir si il pleut ou grêle ou vente trop: peut-être parviendra-t-il à la convaincre de rester si la météo est si terrible? Mais non, aucun bruit, aucune goutte. Alors dans un soupir, il glisse à nouveau son sac sur ses épaules, roule des mécaniques pour vérifier qu'il ne lui fait pas mal et s'apprête à quitter la pièce. Il n'y a que le regard de Rosie qui le retient. Il est dirigé vers elle: elle tient la bougie posée sur la table en évidence d'une main et l'observe, silencieuse et presque sentencieuse si bien que pour un peu plus, Scamander pourrait presque se sentir gêné sous ce regard brillant. Encore une fois, il a l'impression qu'elle le comprend mieux qu'il ne la comprend elle; il a l'impression qu'elle sait des choses qu'il ignore; qu'elle comprend des choses auxquelles il est lui-même aveugle et indifférent. Rosie porte ses mystères comme un manteau froid, cruel, qui donne à Rolf l'envie de la bombarder de questions. Ce n'est pas tous les jours qu'il se retrouve confronté à une énigme. « Les morts veulent que vous pensiez aux vivants, Rolf, » souffle-t-elle avant d'éteindre la bougie et de le prendre par le bras pour les sortir de là.
Il choisit de ne pas répondre. De garder cette pensée dans une petite poche innocente dans un coin de son esprit; de garder cette pensée pour les heures de questionnements. Les morts veulent que vous pensiez aux vivants. Ça le rend un peu amer et un peu triste. Rosie le rend un peu amer et un peu triste mais encore une fois, il n'est pas sûr de pourquoi. Elle ne lâche pas son bras même quand ils sont dehors, à sa grande surprise (et son certain plaisir), même quand il la repousse un peu pour fermer le cottage derrière eux. Non, la main de Rosie serre son bras, ses ongles s'enfonçant dans la laine épaisse de son gros pull, comme des serres d'oiseau. En parlant de ça... Il lève les yeux; inutile. Le ciel de début de soirée qu'ils ont quitté s'est habillé de son ciel étoilé pendant qu'ils se reposaient dans le cottage: la nuit est noire, et terrible. Il va falloir qu'il siffle Erlkönig pour lui indiquer où il se trouve.
Ils font quelques pas dans les rues désertes. Rolf a l'impression qu'il y a une tension dans l'air, une pression nouvelle. Il ignore d'où elle vient; il sait juste qu'il se fait méfiant, ses yeux balayant les alentours avec prudence. Le Saint Michael Mount est trop éclairé, ça fait un peu mal au coin de ses yeux. « Vous avez désobéi à la loi mais… qu'est-ce qu'ils vous voulaient ? » lui demande Rosie. Elle est toujours accrochée à son bras — et c'est toujours une agréable surprise — et il lui jette un regard en coin. Cette proximité ne le dérange pas, se rend-t-il compte avec un peu de surprise. De son autre main, il fourrage sous sa chemise pour récupérer le pendentif qui ne le quitte pas: il le sort et les alliances de ses parents rebondissent sur son torse en même temps que la montre à gousset qui ne fonctionne plus depuis longtemps et un petit sifflet en os ensorcelé pour que son piaf de compagnie soit le seul à l'entendre. “ Ils voulaient m'utiliser. J'ai des... dons particuliers qui leur auraient été utiles. Alors j'ai fui. Mon grand-père a été très- il a été très prompt à me déclarer comme traître. Je ne peux pas retourner à la maison. ” Maintenant qu'il le dit à haute voix, tout semble... idiot. Si ça n'avait pas été pour l'entêtement de son père, et sa faculté à tout médiatiser, peut-être qu'il aurait eu une chance de rentrer. Peut-être qu'il aurait pu s'excuser et mettre son don au service du Magister sans y repenser. Peut-être qu'il aurait eu cette chance.
L'aurait-il prise? La réponse à cette question l'effraie; il la repousse brusquement dans ses pensées.

Rolf prend le sifflet, le défait habilement du pendentif pour le glisser entre ses lèvres; il siffle trois fois, trois longues fois. C'est un son silencieux pour son oreille à lui et pendant un instant — comme toujours —, il se demande si ça a bien fonctionné. De toutes manières, ce qui est fait est fait. Et Erlkönig finira bien par retrouver son chemin de toutes manières. Il tend l'oreille en espérant entendre le piaf voler vers eux à toute vitesse mais sent la prise de Rosie se resserrer sur son bras, alors il se concentre sur elle et tourne le visage vers elle. Il aimerait pouvoir lire les visages. Mais il ne sait pas faire: il s'est toujours basé sur les émotions ressenties que sur celles évidentes sur les traits d'autrui. « Où est-ce que vous allez ? » Un sourire tremble sur les lèvres de Scamander. “ Avec vous, n'importe où, ” lâche-t-il dans un souffle sur le visage de Rosie, un sourire déchirant encore plus ses lèvres alors qu'elle a l'air mi-consternée mi-agacée.
Il détourne le visage pour observer les environs, un petit sourire fier de lui collé aux lèvres. Il ne sait pas trop d'où ça lui est venu mais il n'aime pas trop ça. Ce n'est pas le moment pour plaisanter ou pour flirter. “ J'aimerais rejoindre la France mais je n'y crois pas trop. Sinon je- - Il s'interrompt. Pince des lèvres. Je ne sais pas. Je trouverai bien... ” Il soupire légèrement, sortant sa baguette de sa poche au cas où. Le silence est moins lourd, étrangement. Les rues sont juste désertes. Les Rafleurs doivent penser qu'ils ont transplaner pour aller ailleurs; c'est ce qu'ils auraient dû faire effectivement... Rolf essaie de ne pas y penser. “ J'ai entendu dire qu'il y avait une relique magique d'une puissance et d'une valeur certaines là,Je pensais- - ” Il s'interrompt brusquement. Bruits de cavalcade, bruits de chair, hurlement; l'instant suivant, Rolf est presque propulsé au sol par un corps le percutant à toute vitesse et de tout son poids, entraînant Rosie avec lui en arrière alors qu'il pousse une exclamation difficilement étouffée.
Erlkönig piaille à lui scinder les tympans, picore son cou et son épaule et bat des ailes, giflant Rosie au passage et s'aggripant de ses serres au pull et surtout au ventre de Rolf qui essaie de le repousser comme il le peut. Il lâche Rosie et l'éloigne d'une bousculade maladroite avant de s'occuper de l'oiseau qui, trop nerveux d'avoir perdu son maître, ne veut pas le lâcher. “ Ne vous inquiétez pas! s'écrie Rolf entre deux effusions de plumes, alors qu'il se bat presque avec l'animal. C'est un ami! ” C'est une véritable prise de catch qu'il doit exercer sur le long cou tortueux de l'hybride pour qu'il se calme et cesse d'essayer de l'emmener à sa suite dans les airs; et finalement, d'éclater d'un long rire réjoui quand Erlkönig se fait une raison et accepte, dans un dernier piaillement indigné, de se poster sur son épaule, ses serres rentrant sans pitié aucune dans l'épaule rembourrée de son sac à dos, l'une de ses ailes entourant le visage de Rolf comme pour le protéger de la dureté du monde extérieur.

Un peu à l'aveugle, Rolf se tourne vers Rosie. “ Excusez-le. Il devient... nerveux quand il a l'impression de m'avoir perdu. Je suis un peu- ” Il s'interrompt. Gêné, il fait mine de s'occuper de l'état déplorable du pull tout propre qu'il vient de remettre: le devant a été labouré sans pitié par l'animal et il est maintenant à moitié recouvert de plumes. “ - sa mère, ” lâche-t-il d'un ton défaitiste, dans un soupir, avant de lever un minuscule sourire sincère vers Rosie. “ Vous voyez, je suis bien accompagné. Vous vous faites du souci pour moi, donc? ” dit-il d'un ton absolument insupportable, l'accent enfantin de son sourire devenant presque arrogant et séducteur — malgré l'imposante aile essayant tant bien que mal de dissimuler son visage à la face du monde.
Et puis le ciel lui tombe sur la tête — as it is bound to happen.

Il ne voit pas le sortilège mais le sent l'effleurer, glisser sur sa peau malgré pull, chemise et t-shirt, brûlant l'épiderme pour y dessiner une cicatrice qu'il gardera toute sa vie au niveau du flanc. Le sort aurait été mortel, pris en plein coeur; mais ici, on s'amuse et on garde en vie. Il sera long à torturer et long à parler et long à comprendre que ce n'est que cruauté gratuite; mais Rolf est un bon gibier. Il hurle de douleur et Erlkönig s'envole machinalement, surpris et déjà en train de fouiller de ses yeux de rapace les environs — à moitié pygargue et à moitié phénix, Rolf l'a aussi dressé pour la chasse plus par péché d'orgueil que véritable intérêt — alors que son maître tombe à genoux, surpris par la douleur incandescente qui lui ronge les entrailles. Déjà, les sortilèges pleuvent autour de lui et de Rosie qui, à quelques mètres seulement, ne peut déjà plus le rejoindre; les sorts crépitent sur le sol, tentateurs et viles, les séparant. Il ne saigne même pas mais la douleur ne reflue pas. Il cherche leurs opposants du regard sans les voir. Qui sont-ils? Combien sont-ils? Sont-ils les mêmes que tout à l'heure? Leur attaque est moins frontale, plus cruelle. Non, ce sont peut-être des nouveaux arrivants. Comment les ont-ils trouvé?
Autant de questions qui n'ont pas leur place ici. Rolf gémit en se relevant, tendant sa baguette tremblante autour de lui même si il sait que c'est inutile. Les maléfices font le bruit de mille pétards. Ils captent les yeux aussi affolés que les siens de Rosie. “ COURREZ DANS L'AUTRE SENS, ” lui hurle-t-il.
Il regrette le cottage, leur havre de paix, leur fausse tranquilité. Il regrette de ne pas avoir insisté pour qu'ils restent. Il regrette d'avoir menti à propos de Luna. Il regrette de ne pas lui avoir proposé de l'accompagner voler des moldus. Il regrette de ne pas lui avoir demandé de rester avec lui. Il regrette de ne pas avoir eu le courage de lui demander son aide. Il regrette beaucoup de choses. Peut-être que c'est la dernière fois qu'il la verra jamais; peut-être qu'ils se reverront autre part; peut-être qu'il va mourir dans quelques minutes. Ce n'est pas très important, en cet instant précis, mais ça semble l'être. Ça l'est. “ NE VOUS RETOURNEZ PAS, dit-il ensuite, et il le regrette aussitôt. DANS CINQ. QUATRE. TROIS. DEUX. ” Il finit le décompte en sifflant avec sa bouche, son incisif et strident qui ordonne à Erlkönig de fondre sur une cible; de là où il est, Rolf entend un gargouillement de mauvaise augure et un hurlement de douleur, qui vient d'un peu plus loin sur leur droite, à une dizaine de mètres peut-être? Il n'a pas le temps d'y penser. Il lève sa baguette et une lumière trop forte et trop vive illumine la scène le temps d'une seconde: il voit précisément les deux Rafleurs qui les bombardent de sort depuis la protection d'un buisson sur le côté de la rue, l'un d'entre eux se débattant alors qu'Erlkönig semble décidé à lui arracher les yeux, l'autre hésitant à lancer un sortilège pour aider son collègue. Mais bientôt, la lumière avale les détails, puis les couleurs, puis les formes; au dernier moment, Rolf tourne les yeux vers Rosie qui est en train de se détourner pour courir, et leurs regards s'accrochent.
Et sans un mot, lui-même lui tourne le dos et se met à détaler.
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