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sujet; Les fantômes du passé - Hazel
MessageSujet: Les fantômes du passé - Hazel   Les fantômes du passé - Hazel EmptyMar 5 Jan 2016 - 0:51

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Je me suis arrêté devant ma porte en rentrant aujourd'hui. J'entendais la chatte gratter pour que je lui ouvre et que je vienne lui faire les caresses qu'elle me demandait dès que je passais le pas de la porte, mais j'étais perdu dans mes pensées, la main sur la poignée, la tête aussi légère qu'une plume. Après tout, les pensées c'est ça, c'est du vent, c'est de la fumée invisible qui rentre et qui sort par tes oreilles, par ton nez, partout.

J'avais été frappé par l'évidence que j'étais moi-même une taupe quand on y pensait. Je suis un magicien, un sorcier comme dans les films des moldus parmi lesquels je m'infiltre, j'évolue sans même y penser. Je réfléchis à mes amis Floridiens qui attendent de mes nouvelles, au chaud à la plage. On a toujours insisté pour que je m'achète un téléphone, mais j'ai jamais voulu, donc on s'envoie des lettre avec eux et ils y mettent des photos pour que je ne les oublie pas. Comme si je pouvais. J'ai déposé tout mon espoir dans ces gens là, des gens simples qui produise souvent cette fumée qui s'infiltre par mes oreilles, mon nez, tout ce que vous voulez pour finir dans mon esprit figé sur cette poignée de porte. Une bouffée d'air chaud, voilà ce qu'il sont, en opposition à cette fraîcheur qui règne sans arrêt dans ce pays des pluies.

Une autre personne avait rencontré mes Espoirs. Mes amis Américains. Je me rappelle de la Hazel qui a été sur les plages de mon enfance. Je me rappelle de la Hazel qui n'avait peur de rien à Poudlard, mais qui avait peur de tout en même temps. La dualité des choses, encore. Je me rappelais de la Hazel qui a essayé de me convaincre de la suivre parmi les insurgés. Je me rappelais de la Hazel que j'avait revu des années plus tard, sur cette place pleine de rebuts prêts à se faire exécuter. Je l'avais aidé à s'enfuir sans en avoir l'air et j'avais été assez discret dans la confusion pour ne pas se faire repérer. Un vrai ninja. Peut-être que je devrais me mettre au Kung Fu.

Une preuve de plus que la magie existe, à peine le nuage Hazel était-il passé entre mes oreilles que mon voisin moldu surgit de son appartement pour se diriger vers moi en commençant à bavarder. Je me demande à quelle vitesse se déplace les pensées du coup, car ce qu'il me tend au milieu de son discours décousu n'est autre qu'un lettre que j'emporte avec moi après avoir dit au revoir à mon moldu de voisin.

Enfin je passe la porte. Je ramasse le chat au passage et je jette mon manteau sur une chaise, le lettre entre mes dents avant de m'asseoir dans l'un des seuls fauteuils pas trop encombré pour gratter Clearwater derrière les oreilles tout en ouvrant manuelle ma lettre. Un rendez-vous, tiens, ça alors. La lettre n'est pas signée, mais je reconnais parfaitement l'écriture. C'est dangereux. Un frisson me parcours l'échine. Peut-être en a-t-elle assez des insurgés. Peut-être revient-elle enfin à la raison et souhaite-elle que je l'envoie dans un avion moldu dans un autre pays. Ma famille l'apprécie, ils seront ravi de prendre soin d'elle si elle le demande. Je mémorise la lettre, puis je la brûle d'un coup de baguette magique. Je ne veux pas d'ennuis. Je ne veux pas être obligé de fuir. Comment vais-je protéger le peuple si je ne suis plus là ?

Alors j'attends. J'attends encore. J'attends en vivant ma vie jusqu'à la bonne date, la bonne heure, puis je m'éclipse pour la rejoindre hors de Londres, dans un village qui ne connaît sans doute rien à la magie à part ces pseudos magiciens qui font sortir des lapins de chapeaux haut de forme. Braves moldus, ils inventent n'importe quoi pour se divertir. Une fois là-bas je marche, je marche jusqu'à être pile à l'endroit qu'elle m'a indiqué et j'attends, emmitouflé dans mon écharpe, les cheveux coincés dans un bonnet et les mains enfoncées dans les poches pour ne pas perdre des doigts. Je me demande si elle viendra sous sa véritable forme ou si elle aura prit la précaution d'avaler du polynectar pour l'occasion.
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MessageSujet: Re: Les fantômes du passé - Hazel   Les fantômes du passé - Hazel EmptyLun 11 Jan 2016 - 2:49

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Une bouteille à la mer, message d’espoir envoyé sans même y réfléchir à deux fois. On a besoin de cibles ; ils ont toujours besoin de cibles, pions à déplacer, à écraser sous le poids de leur révolte. Contacter l’autre monde, celui de ceux qui se réveillent chaque matin bercés par l’illusion de la sécurité, tendre le bras et refermer le poing pour arracher les informations à ceux qui n’en avaient pas vraiment besoin. Elle n’est pas coutumière de ces tentatives désespérées pour mettre le grappin sur quelque chose qui pouvait être utile à la résistance, se faisant discrète avant sa capture et bien plus meurtrière que stratège après sa libération. Son visage s’est pourtant imposé à son esprit, son sourire nonchalant et les plages de la Floride où elle refusait alors de lézarder, préférant gouter la nuit américaine, le poignet de l’autre soigneusement entraîné par ses doigts fins. Vivre à cent à l’heure, spécialité d’une gamine mal éduquée qui ne voulait pas s’arrêter, de peur d’avoir le temps de penser. Époque lointaine qui lui reste sous la peau, d’une certaine façon, l’une de ces dizaines de cicatrices qui parcourent son corps blessé par la guerre et les batailles qu’elle n’a pas réussi à mener. Jessie, il fait partie de ses plus grands échecs, et elle se souvient avec un haut-le-cœur du visage qui se ferme, des pupilles qui lui renvoient l’incompréhension et la désapprobation, se heurtant à son indignation à elle. L’abandon qui mord la chaire et meurtrit l’âme, si proche de celui de l’autre, traître premier. Elle en a crevé, de son refus de l’accompagner, elle a joué des poings et des mots vicieusement balancés, sans espoir aucun de le voir céder. Alors elle était partie, sortant par la porte de derrière, la tête haute mais le menton légèrement baissé, et elle a couru, aussi loin d’eux qu’elle le pouvait, la vengeance battant au creux de son ventre. Plus tard, il l’a aidée à s’enfuir, une main tendue entre deux sorts fatals, et sans doute aurait-elle dû en être reconnaissante, mais ce n’était pas assez. Une vie entière, qu’il lui doit, à ses yeux à elle, histoire de possessivité mal assumée et des autres dont elle pense pouvoir disposer.
Une lettre, donc, griffonnée d’une écriture mal assurée, des mois qu’elle ne s’était pas servie d’une plume et d’un papier. Et un rendez-vous fixé, sans trop y croire, avec la certitude de devoir quand même essayer. Elle s’est rendue dans le monde moldu, l’angoisse dans le cœur qui bat un peu trop fort, si loin toutefois de l’endroit où réside sa famille. Elle a la tentation de s’y rendre, rien qu’une foutue seconde volée au temps qui lui échappe, coller son œil au portail derrière lequel se trouve Carlton Towers, soigneusement déguisée par le Polynectar qu’elle a ingurgité pour ne pas être arrêtée. Hazel Fitzalan, sorcière fugitive davantage recherchée dans le monde moldu que dans le monde sorcier, bombe prête à exploser et putain d’ironie qu’elle a du mal à digérer. Elle a lutté, ayant délibérément choisi un lieu aussi éloigné que possible de sa vie d’avant, ses cheveux, blonds pour l’occasion, venant cacher la mélancolie du regard fatigué.  
Déjà, elle s’approche du point de rencontre, et distingue son ancien ami, les traits disparaissent sous l’écharpe épaisse et le bonnet qu’elle a le réflexe de juger comme n’étant pas à son goût. Probable qu’elle lui aurait dit d’un ton moqueur, quelques années plus tôt. Ses pas se font plus rapides, claquant contre le sol, respectant le rythme effréné de son cœur qui semble vouloir s’échapper de sa poitrine. Elle ne s’est jamais vraiment demandé s’il lui manquait, souvent obsédée qu’elle était par un autre visage, parfois trop occupée à observer la lune, un pli inquiet venant froisser son front. Maintenant qu’elle le voit, pour de bon, elle réalise que c’est le cas, et la colère ne fait qu’enfler, prenant à présent toute la place, au point où elle en oublie presque la raison de sa présence ; la prunelle se fait sombre et orageuse, et elle s’arrête juste en face de lui, marchant si vite qu’elle donne l’impression de se stopper net, à en perdre l’équilibre. « Merci d’être venu. » Voix formelle, intonations contenues, elle s’essaie au contrôle et échoue lamentablement. Sa bouche se tord dans un pli amer. « ‘Faut croire que tu n’as pas abandonné tout sens commun. » Elle ajoute déjà, premier tacle, les hostilités sont ouvertes ; bonjour Jessie, comment vas-tu ? Le masque de froideur tombe déjà, elle n’a jamais été particulièrement douée pour le conserver, et c’est la fureur qui ressurgit, à peine teintée d’une vague reconnaissance qu’elle ne pense pas lui devoir. Ils ne sont pas là pour des retrouvailles, mais bien pour parler boulot (si tant est que ce qu’elle fait puisse s’apparenter à un travail). « Comme tu dois t’en douter, je suis pas là sans raison. J’ai besoin de toi. » Les contours s’adoucissent quelque peu, sonorités un peu plus aigües, l’éclat de l’ancienne relation enterrée tout au fond, quand elle se précipitait à son encontre pour lui demander de l’aide, battant exagérément des cils juste pour le plaisir de le voir râler. Des siècles, maintenant, et elle ne parviendra plus jamais à réintégrer ce rôle, pas totalement. Elle sait qu’il aurait voulu la voir essayer, tapie au fin fond de la Floride dans la demeure familiale. Elle n’en a pas été capable, tout comme il n’a pas été foutu de se lever pour se battre. Tant pis.
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MessageSujet: Re: Les fantômes du passé - Hazel   Les fantômes du passé - Hazel EmptyLun 11 Jan 2016 - 18:12

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Et soudain elle est là et moi je reste sans mot dire, dévisageant un faciès aux traits totalement étrangers mais porteur de cette expression crispée que je connais si bien. Je sais que c'est elle car elle me parle et que dans ses mots je reconnais cette intonation formelle, trop formelle qu'elle a l'habitude d'utiliser contre moi lorsqu'elle m'en veut. Je sais que c'est le cas. Je sais qu'elle m'en veut. J'ai terriblement besoin de me passer une main sur le visage, mais je sais ce que je risque. En l’occurrence : mes doigts.

Le ton change, l'expression aussi. C'est la Hazel que je connais, la rageuse, celle que je pouvais calmer il fut un temps et qui acceptait de se montrer raisonnable à condition qu'on se montre un peu compréhensif. Sauf que maintenant je ne comprenais plus. Peut-être n'avais-je d'ailleurs jamais rien compris à ce qu'elle était. Peut-être était-ce la raison pour laquelle elle avait toujours l'air si fâchée quand elle me voyait, mais dans ce cas elle n'avait elle-même pas compris qui j'étais. Je ne suis que le pur produit de la tolérance de ma mère et l'anticonformisme de mon père. Je voue un amour inconditionnel à la race humaine et c'est pour ça que je ne peux ni m'allier avec des terroristes, ni m'en aller rejoindre d'affreux Mangemorts incapable de voir plus loin que les fentes de leurs masques de mort.

-Salut ma belle.

Ce vieux surnom. Je passe sur le fait qu'elle me parle de sens commun. Je suis sans doute l'un des seuls êtres de toute la Grande Bretagne à en avoir encore une once. Quand à elle, elle a été abandonnée par la logique et l'instinct de survie. Elle aurait été si bien parmi les Américains. Elle aurait pu s'y épanouir, tout comme cet été qu'elle avait passé avec moi, chez les miens. Au lieu de ça, je garde en moi ce souvenir poignant de mon amie de Poudlard qui se détourne de moi, les poings serrés alors que je ne fais pas un geste pour la retenir. À quoi bon ? Elle n'aurait pas été en sécurité avec moi non plus. Je n'aurais jamais su comment la faire rester, ou au contraire, la faire partir. Elle préfère se battre.

Aujourd'hui elle a besoin de moi et c'est un sursaut d'espoir qui me transperce. Dieu du ciel, est-ce qu'elle est enfin devenue raisonnable ? Est-ce qu'elle accepte de partir chez moi ? Je peux la mettre dans un avion demain, je le pense sincèrement. Elle n'a qu'un mot à dire. Peut-être ai-je pensé trop vite en me disant qu'elle n'avait plus de bon sens. D'ailleurs, à présent je ne peux pas m'empêcher de sortir les mains de mes poches et de faire un pas vers elle, puis un autre, puis de l'enserrer dans mes bras sans même lui demander son avis. Je ne le lui ai jamais demandé pour ça. En vérité, on aurait pu croire que je cherchais à la tuer tant je la serrais fort.

Était-ce ma faute si j'avais toujours débordé d'affection pour elle ? Affection parfois confondue, parfois nuancée, mais toujours si forte. Hazel, pourquoi avais-tu décidé de nous quitter, nous tes amis pour te battre ? Pourquoi ne pas avoir suivit nos conseils ? T'être mise en sécurité ? À quoi bon se battre d'ailleurs ? Je me reprends, mais je garde mes mains gantées sur ses épaules. J'aurais aimé l'observer, ou plutôt, observer sa vraie forme, à quel point elle avait changé.

-Tu m'as manqué. Réellement. De quoi est-ce que tu as besoin ?

Je lui ai souris, comment aurais-je pu ne pas sourire ? Elle était là, devant moi et semblait résolue à accepter l'idée qu'elle devait s'enfuir. En Floride s'il le fallait. Ailleurs sinon. Loin de la violence en tout cas, je l'espérais.
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MessageSujet: Re: Les fantômes du passé - Hazel   Les fantômes du passé - Hazel EmptyLun 11 Jan 2016 - 22:30

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Le corps qui ne lui appartient pas lui permet de prendre une certaine distance, comme si la scène ne lui arrivait pas vraiment à elle. Emmitouflée dans une veste trop grande pour sa silhouette frêle, elle repousse une mèche de cheveux bouclés d’un air légèrement irrité. Elle ne prend pas souvent la peine d’utiliser du polynectar, jugeant, sans doute à tort, que sa tête n’est pas assez reconnaissable pour qu’on se jette sur elle au beau milieu d’un parc ; cette habitude qu’elle a de flirter avec le danger, un sourire carnassier aux lèvres. Ici, cependant, elle n’a pas le choix, ses parents l’ayant fait porter disparue il y a deux ans. La noblesse jusque dans la disparition de la surface de la Terre, son visage placardé sur les unes des journaux pendant plusieurs mois. Depuis, ça s’était calmé, et elle ne peut qu’imaginer l’espoir qu’on leur avait arraché en ne la retrouvant pas. La colère terrifiante de la mère suprême, considérant probablement les enquêteurs comme de bons-à-rien, la tentative ridicule de pot-de-vin. Ils n’auraient jamais pu la trouver, et sa génitrice aurait dû s’en douter, le bon sens perdu quelque part entre l’inquiétude et les reproches faits au mari désespéré, tu n’aurais jamais dû l’envoyer là-bas. Là-bas, pour ne plus prononcer le nom maudit de l’école qui avait réduit son ambition démesurée à néant, lui volant sa fille aînée et écrasant le destin sur-mesure qu’elle avait préparé pour elle. Et Hazel imagine, encore, le gamin collant devenu grand, frère de sang étranger, grandissant dans le drame familial qu’elle était la seule à avoir causé. Les flashs ressurgissent, souvenirs dont elle se débarrasse rapidement d’un froncement de sourcil.
Jessie lui fait face, et il semble plutôt content de la voir – elle n’est pas sûre d’apprécier le constat. « Salut ma belle. » Les intonations traînantes, nonchalantes, ce je-m’en-foutisme caractéristique qui plie les barrières qu’elle tente tant bien que mal d’ériger entre eux ; coup sous la ceinture, les mots qu’elle n’a plus entendus depuis des années. Son front se plisse davantage, et elle lui adresse une œillade glaciale. L’avertissement est silencieux, appuyant sur les limites à ne pas dépasser, même si elle sait déjà qu’il n’en aura cure. Elle n’aime pas devoir lui demander de l’aide, mais elle n’a pas le choix, tout contact est bon à prendre, et s’il aime tant se décrire comme quelqu’un qui veille à la sécurité des autres, il obtempèrera. Jolie petite histoire qu’elle se raconte, repoussant de toutes ses forces la voix qui lui murmure que ce sera le pire fiasco du foutu monde. Elle ne lui fait pas confiance, plus maintenant, et elle ne sait pas comment agir devant cette nouvelle version de lui-même (c’est à peine si elle est capable de distinguer ses propres nuances à elle). Un sourire, un peu tordu, un peu contraint, et elle ne le voit pas approcher pour l’enlacer. Corps qui se raidit dans ses bras, elle ne sait pas quoi faire de ses mains, qui reposent stupidement aux côtés de ses flancs tandis qu’elle cherche à récupérer un semblant de respiration. Il l’étouffe, ce con. Quelques effroyables secondes, latence, les effluves de son parfum et le cerveau en bouillie, et elle se détend enfin. Pas longtemps, mais suffisamment pour lui rendre l’étreinte, la mâchoire serrée et luttant contre l’envie de partir en courant. C’était une mauvaise idée, une putain de mauvaise idée.
Le contact se relâche, mais il garde ses mains sur ses épaules, la surplombant de presque deux têtes, l’enveloppe corporelle revêtue pour l’occasion la rétrécissant considérablement. « Tu m'as manqué. Réellement. » Et peut-être que ça devrait lui faire plaisir, mais elle reçoit la marque d’affection comme un affront ; se referme à nouveau, dardant son regard dans celui de l’autre, à la recherche de celui qu’elle avait connu une vie plus tôt. Incapable de se rendre compte qu’il est toujours bel et bien là, que c’est peut-être elle qui n’y est plus vraiment. D’un coup d’épaule, elle déloge l’une de ses mains, comme pour lui signifier que rien n’était pardonné. La rancune sous la peau, les griefs dont elle ne parvient pas à se soustraire quand il semble avoir maîtrisé la technique. « Je n’ai pas beaucoup de temps. » Et elle désigne le visage illusionniste avec une grimace presque comique pour souligner les minutes qui passent sans jamais servir à rien. Bientôt, la racine de ses cheveux redeviendra brune, et ce sera le début de la fin. « N’en perdons pas à parler de conneries dans ce genre-là. » Sa voix claque dans l’air frais de janvier, elle ignore délibérément la confession de l’autre pour éviter d’avoir à faire la sienne. Pour éviter, aussi, de lui cracher à la gueule qu’il n’avait qu’à pas la laisser tomber. La verve sur le bout de la langue, le venin qu’elle insuffle sans y penser, elle les retient douloureusement, et ça lui retourne les tripes d’avoir à se taire. Se concentrer sur la mission.
Peut-être qu’elle l’imagine, mais elle est plutôt sûre d’avoir vu une ombre passer sur son visage. Alors elle fait un pas en arrière, et son épaule gauche est à son tour libérée de l’emprise de l’ami traître. « J’ai besoin d’informations. » Peut-être pensait-il à autre chose, un autre type de demande, et elle est certainement désolée de le décevoir. Mais ils n’en sont plus à ça près. Plus que jamais, elle a le combat ancré dans sa chaire, comme le tatouage de rebut qu’elle a dû porter pendant plus d’un an sans que jamais il ne se soucie de déterminer le bien du mal. Elle en oublie, toute à sa rage, qu’elle a elle-même enterré ces deux notions si profondément qu’elle flirte à présent bien trop souvent avec la part d’ombre qu’elle n’aurait jamais soupçonnée chez elle. « Tu travailles à la Brigade. » Constat plus que question, doucement elle l’entraîne sur le terrain, l’air qu’elle a souvent quand elle s’apprête à l’embarquer dans une autre de ses conneries. Cette fois-ci, toutefois, la connerie devient meurtrière, gamine intrépide aux ambitions devenues impossibles à cadrer, kamikaze funeste luttant pour la liberté. Espérant probablement voir un peu plus de sang couler, tant que c’est dans l’autre camp. « J’aimerais que tu me parles de l’organisation du marché de Noël. » Subtil euphémisme, la voix qui se baisse un peu, ridicule impression de conspiration, et elle se fait droite et impériale dans son mensonge éhonté. Test de la confiance qu'elle n'est pas sûre de devoir lui accorder, le marché de Noël devient cible potentielle, ces histoires qu'elle raconte depuis toujours, si convaincue qu'elle en devient convaincante. Et le prétexte qui sert à vérifier son allégeance à lui, pathétique subterfuge qu'elle aurait voulu ne pas devoir utiliser. Pas face à lui. Elle n’est pas certaine de faire le bon choix, sitôt les mots envolés. Pas certaine qu’il ne la trahisse pas une nouvelle fois, et elle sent un frisson parcourir son échine à l’idée du retour à la captivité, la question franchit même son esprit embrumé : serait-elle capable de le tuer pour s’échapper ? Deuxième frisson, la peur de ce qu’elle est capable de faire s’il en vient à se retourner contre elle. Elle s’accroche désespérément à l’idée que même s’il refuse de l’aider, de les aider, il ne fera rien contre elle non plus. Bouée de sauvetage créant l’illusion de la sécurité.  
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MessageSujet: Re: Les fantômes du passé - Hazel   Les fantômes du passé - Hazel EmptyMar 12 Jan 2016 - 2:42

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Je ne savais plus quoi penser. Elle a fait exprès de s'éloigner. Elle l'a fait. Elle n'aurait pas été plus claire si elle m'avait donné un tape sur les mains. Pourtant je le sais, je l'ai senti, pendant au moins un instant, elle m'avait rendu mon étreinte et tout était de nouveau parfait dans ma vie. Car comment la vie pouvait-elle être parfaite sans toutes ces personnes qui gravitaient les uns autour des autres ? Je ne suis pas un électron libre. Ce n'est pas moi. Ça n'a jamais été moi. Moi j'ai besoin de gens autour de moi, j'ai besoin d'être entouré. Je suis comme ces bancs de poisson argentés qui filent à toute allure, tous ensemble. Ils ne font qu'un et pourtant ils sont tellement d'individus. Comme un loup qui a besoin de sa meute pour s'épanouir. Ma meute est dispersée. Les poissons ont fuit le danger ou bien on décidé de s'enfoncer dans la gorge du requin. Les loups ont prit peur devant un ours et n'arrivent plus à se retrouver.

Je retire mes mains de ses épaules, mais c'est son regard qui me fait le plus de mal. Est-ce que c'est ce qu'on est devenu, Hazel ? Après tout ce qu'on a traversé ? Après tout ce qu'on a représenté l'un pour l'autre ? Cette amitié qui nous paraissait si logique, si évidente doit-elle s'effondrer à son tour sous les coups du temps et de ce qui le compose ? Je n'ai jamais su cacher mes émotions, elles s'affichent sur mon visage, tout comme je sens au plus profond de moi que sa froideur est réelle. Nul besoin de mon don d'empathe pour le comprendre, mais s'il est bien faible comparé à celui de ma merveilleuse mère. Dieu que j'aurais besoin d'elle aujourd'hui.

-Des conneries ? Hazel, tu te rends compte de ce que tu dis ? Tu te rends compte de ce que tu balances comme ça, comme si rien n'avait existé ? Comme si plus rien n'existait ?

Pourquoi avait-il fallu qu'elle change ? Qui avait-elle rencontré ? Pourquoi ces personnes l'avaient détourné de moi qui l'aimais tant ? J'ai l'impression qu'on vient de me voler ma sœur, qu'on vient de la transformer en quelque chose ou quelqu'un qu'elle n'est pas au fond d'elle.

-C'est pas des conneries pour moi, ça devrait pas être des conneries pour toi non plus ! J'ai cru mourir de peur quand je t'ai vu au milieu de tous les autres rebuts, quand les Insurgés sont arrivés et que ça a commencé à tirer dans tous les coins.

Si je n'avais pas été là je crois qu'elle n'aurait pas pu s'en sortir. Pourtant je n'avais pas hésité un seul instant au risque de me faire prendre par les Mangemort, d'être accusé de trahison moi aussi et de finir à Azkaban ou pire sans doute. Ça je l'ai fait pour elle. Je l'ai fait parce que je ne peux pas m'imaginer un monde où Hazel n'existe plus. Tout comme je ne peux pas m'imaginer un monde sans l'air aventurier d'Âqen, ou sans le rire joueur de Lila. Pourtant à présent tout ça c'était des conneries pour elle. Moi aussi j'étais sans doute une connerie pour elle. Elle me parle de l'organisation du marché de noël mais je en l'écoute même pas, je ne sais plus qui est la personne que j'ai en face de moi. Alors je recule d'un pas et je retire mon bonnet pour passer une main toujours aussi gantée dans mes cheveux. J'ai besoin d'air frais sur mon crâne. J'ai besoin que le vent morde mes oreilles et c'est exactement ce qu'il fait.

-Qu'est-ce que tu es devenue ? Pourquoi tu m'as oublié ? Est-ce que tu as oublié les autres aussi ?

Pourquoi les gens changeaient-ils avec la guerre ? Je suis resté le même et je resterais sans doute toujours le même, mais dans mes souvenirs Hazel n'était pas la femme dure que je voyais aujourd'hui. Oui elle avait son caractère. Oui elle me jetait parfois des regards à faire couler un Titanic, mais je savais qu'à l'époque il m'aurait suffit de sourire et de lui dire deux mots, ou une simple plaisanterie pour qu'elle cesse de m'en vouloir.

-Tu me fais peur, déclarais-je finalement en remettant mon bonnet sur ma tête.

Que dire d'autre ? J'avais l'impression qu'elle souhaitait briser mon affection pour elle et en envoyer les morceaux voler aux quatre vent, loin de moi, loin d'elle, loin de nous même si ce nous ne semblait plus exister que dans mes rêves enfantins de temps visiblement depuis longtemps oublié par la meilleure amie que j'ai jamais eu.
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MessageSujet: Re: Les fantômes du passé - Hazel   Les fantômes du passé - Hazel EmptySam 16 Jan 2016 - 20:03

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Il s’anime, apparemment révolté de la voir s’éloigner avec hargne ; elle exulte presque, son air trahi qui fait écho au sien, des années plus tôt, ces mots qu’il n’a pas su écouter, cette main qu’il n’a pas su tendre au bon moment. Il est sans doute toujours persuadé d’avoir fait les bons choix, peut-être un peu désolé de la voir si différente de la jeune femme qu’il avait laissée tomber, mais dans son putain de bon droit. Jessie Jenner, justicier planqué, auréolé de la bêtise qu’elle associe aux chevaliers blancs, venu la secourir de la menace des rebelles, quel foutu bon cœur. Un léger sourire, fugace, effleure ses lèvres fines tandis qu’elle voit son visage se décomposer, la revanche dans la douleur de l’ami, et ça lui brise le cœur, quelque part au fond, d’en profiter comme ça. À la surface, elle est toutefois triomphante, le menton relevé dans une attitude de défi et les prunelles hurlant sa rage, ce rôle d’insurgée qui lui colle à la peau, ces colères si faciles qui ont fini par prendre le dessus sur ses rires et ses larmes. À le voir se démener à créer une illusion de relation entre eux, simulacre de ce qu’ils partageaient avant, elle se rend compte qu’elle est bien là, plus de retour en arrière possible. Regrette son choix, d’être venue ici, d’avoir cru pouvoir l’affronter après si longtemps, la gifle des souvenirs qui la cloue sur place et la rancœur qui achève de la noyer.  Elle perçoit les années qui ont passé et le fossé infranchissable qu’il tente tant bien que mal de combler par ses sourires et ses accolades maladroites. Elle n’y arrive pas, elle, et quand il s’en rend compte, il rugit sa douleur, sans être capable de prendre en compte son calvaire à elle.
« Des conneries ? Hazel, tu te rends compte de ce que tu dis ? Tu te rends compte de ce que tu balances comme ça, comme si rien n'avait existé ? Comme si plus rien n'existait ? » Coup vicieux, presque par surprise, qu’il lui jette ça à la gueule, à en perdre le souffle. Ses yeux s’écarquillent légèrement, de cette expression incrédule qu’elle a parfois, et elle encaisse mal la violence des paroles acides. Quelques secondes, elle le dévisage, attendant presque de le voir rire et lui dire qu’il plaisante, parce que ça ne peut qu’être ça, une vaste blague qu’elle ne comprend pas. Cependant, il reste implacable, persuadé de ses mots risibles et vides de sens, et elle a envie de lui cracher à la gueule, soudainement. Ses poings se serrent alors qu’elle l’observe avec une haine nouvelle. Comme si rien n’avait existé. C’est sa vie à elle qui est en miettes. Son existence, ses proches, sa foutue carrière qu’on lui a arrachés. Il continue à vivre normalement, chaque jour bien ordonné, le Ministère, l’appartement chez les moldus, les soirées et les rires, les confidences qu’il fait sûrement à quelqu’un d’autre, maintenant. Mais Jessie ne voit rien, ne veut rien voir, et il poursuit son discours de petit con en martelant qu’il ne comprend pas. « C'est pas des conneries pour moi, ça devrait pas être des conneries pour toi non plus ! J'ai cru mourir de peur quand je t'ai vu au milieu de tous les autres rebuts, quand les Insurgés sont arrivés et que ça a commencé à tirer dans tous les coins. » Il ne comprend foutrement rien, en effet. Hazel éclate de rire, froidement, les doigts toujours serré en un poing déterminé. Elle est prête à attaquer en retour, toutes griffes dehors, tandis qu’il ôte son horrible bonnet et se passe la main dans les cheveux, ignorant superbement sa demande à propos du marché de Noël. Une envie de le prendre et de le secouer, qu’il embrase une fois pour toute sa réalité. Les règlements de compte sont loin d’être sa priorité, mais elle se laisse avoir en deux secondes, presque soulagée de lui lancer tout ce qu’elle a rêvé de lui dire durant toutes ces années. Elle s’apprête déjà à ouvrir la bouche, mais il poursuit sans même s’arrêter à ce qu’elle lui dit. « Qu'est-ce que tu es devenue ? Pourquoi tu m'as oublié ? Est-ce que tu as oublié les autres aussi ? » Un autre rire, cette fois-ci carrément méprisant. Elle n’a oublié personne. Ce sont les autres qui l’ont laissée tomber comme une merde sur le bas-côté. Le temps lui échappe, bien trop de minutes passées à démêler ces histoires qui n’ont plus d’importance, mais c’est trop tard ; elle est pendue à ses lèvres, dans l’anticipation de la morsure de la rancœur, dans l’excitation du combat qui n’en est pas un. À ses yeux à elle, sa vie entière est une guerre qu’elle se doit de mener jusqu’au bout, et il n’y échappera pas, cherchant des raisons qu’il ne maîtrise pas. Tu me fais peur. Il conclut, comme un poing dans le ventre.
« Tu as peur de moi ? Tu as eu peur quand les Insurgés sont arrivés ? Les Insurgés m’ont sauvé la vie. » Et elle piétine allégrement le fait qu’il l’ait aidée, l’oubliant parce que c’est plus simple, indignée qu’il puisse toujours penser qu’elle fait partie du camp des mauvais. Indignée qu’il croie toujours qu’être neutre est le seul choix possible, qu’il pense que se défendre ne sert à rien, alors qu’elle est fermement convaincue qu’en ne disant rien, il consent. Or, s’il cautionne l’ennemi, il devient l’ennemi. La vision en noir et blanc, elle catégorise méthodiquement et les sentiments n’ont plus rien à faire là-dedans. « Et pourtant, j’en avais rien à foutre qu’on me sauve la vie, pour tout te dire. Je n’avais pas peur. Je n’en avais juste plus rien à faire. » Le souvenir de l’effroi, cette cage qui l’enserre et les larmes silencieuses qui s’insinuent dans son crâne. Elle n’avait rien fait. Ni gémi. Ni parlé. Ni pleuré. Elle avait même été incapable de penser. S’accrocher à sa dignité, du mieux qu’elle le pouvait, c’était devenu sa priorité ; s’élever contre le statut animal qu’on lui octroyait pitoyablement. La foule comme une masse grondante et les visages qu’elle ne voulait pas y apercevoir. Il y était. Âqen aussi. Tant pis. « Tu dis que plus rien n’existe pour moi, mais tu n’es même pas capable d’imaginer ce que j’ai vécu. Tu ne voudrais pas le faire, de toute façon, ça risquerait de t’ouvrir les yeux sur le système que tu cautionnes. Et regarder les choses en face, tu n’as jamais été très doué pour ça, n’est-ce pas ? » Le venin qu’elle insuffle à chacune de ses paroles, alors que le nez qui n’est pas le sien se retrousse en signe clair de dédain. « Tu n’étais pas là, et tu ne sais rien. » Elle crache presque, avançant d’un pas, l’étincelle meurtrière au fond de l’œil sombre. « Lila était avec moi aux enchères, et je ne t’y ai pas vu. Je n’y ai pas vu Shafiq – » L’envie de vomir au bord des lèvres, prononcer ce nom qu’elle déteste. Celui qui ne l’a même pas reconnue quand il aurait dû, un mois, des siècles plus tôt. « Personne. Alors, qui a oublié qui, Jessie ? Pendant que j’étais vendue comme un putain d’animal, t’étais où ? » Nulle part, connard. Elle ne l’ajoute pas, mais aurait tout aussi bien pu le faire tant son corps vibre de rancune tout juste contenue ; assez pour ne pas se jeter sur lui. « C’est ta lâcheté qui me fait peur. Tu es pire qu’eux, tu ne fais rien pour nous aider, tu ne crois en rien. T’es juste là, à subir le temps qui passe. Et tu voudrais que je sois comme toi ? » Syllabes détachées, la colère qui monte par vagues, prêtes à la clouer au sol. Un autre pied vers l’avant, cherchant à atteindre celui qui essaie à présent de la fuir, jeu du chat et de la souris, de son point de vue souillé par la vengeance. Elle voudrait marquer sur sa chaire à lui la douleur qu’elle a subie, la sensation d’abandon, les siens qui meurent ou disparaissent, le tatouage de l’autre et ses espoirs réduits à néant. Elle a besoin d’un moteur, Hazel, un moteur pour continuer à avancer. Course au succès devenue chasse à l’ennemi, elle se fait ambitieuse puis impitoyable, et elle arrive encore à s’étonner qu’il ne la reconnaisse pas. « J’ai survécu comme j’ai pu. Tout le monde n’est pas capable de rester les bras croisés sans en avoir rien à foutre des gens qui crèvent. Tu croyais quoi, Jess ? Que j’allais te sourire tranquillement après ce que tu m’as fait ? Que j’allais faire comme si cinq ans n’était pas passés depuis notre dernière discussion ? » Elle crie presque, à présent, et s’attire les regards des moldus qui les entourent, l’air quelque peu ennuyés d’assister à ce qu’ils pensent sans doute être une scène de ménage. Peut-être aurait-elle préféré. Au lieu de ça, elle est en train de réduire en lambeaux ce qu'il leur restait de relation, méthodiquement, avec une fureur qui la dépasse presque ; la mission bien enterrée sous le besoin de lui jeter ses tripes en pleine gueule.
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MessageSujet: Re: Les fantômes du passé - Hazel   Les fantômes du passé - Hazel EmptyMar 19 Jan 2016 - 22:32

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Je n'aime pas le visage étranger qui se trouve devant mes yeux. Je n'aime pas ces traits qui me crient leur dédain et leur colère. Je n'aime pas non plus cette moue satisfaite de voir le malheur qui me frappe alors qu'il devrait nous toucher tous les deux. Je pourrais tenter de me persuader que je n'ai pas vu Hazel, que ce n'est pas elle, que ce n'est pas du polynectare qui couvre son corps et son visage mais effectivement une personne différente. Ça aurait pu l'être si seulement je me montrais malhonnête envers moi-même, mais ça, je m'y refusais. Tout comme je refusais l'idée de ne pas avoir vu Hazel alors qu'elle était devant moi. Même pour ça. Même pour qu'elle m'assassine avec ses regards tandis que ses mots me blessent plus encore.

Elle sert les poings et je me demande si elle compte me frapper. Elle l'a déjà fait, plusieurs fois, dans la colère, mais ils ne m'ont jamais arraché autre chose qu'un rire. J'aimerais pouvoir en rire aujourd'hui aussi, j'ai presque envie qu'elle le fasse finalement, qu'elle me frappe. J'ai presque envie de lui demander de le faire, juste pour me montrer que la Hazel que je connais n'a pas totalement disparu. Car oui, pour le moment j'ai peur d'elle. J'ai peur de l'influence que ces gens ont eu sur elle. Qu'ils ont encore.

-Ne dit pas ça.

Pourtant la culpabilité m'envahit immédiatement lorsqu'elle reparle de ce jour là quand je l'ai vu avec tous les autres rebuts, prête à mourir par la main de Mangemorts pendant qu'une foule de sorciers avaient été conviés à l'événement. Je me rappelle de ce sentiment de profonde impuissance, moi qui était sensé les encadrer, moi qui devait maîtriser la foule en cas de pépin avec les autres policiers. Je n'aurais pas pu le supporter, mais je n'ai rien fait. L'idée de voir la vie quitter son corps m'horrifie. Sans doute n'aurais-je même pas été capable de la regarder, une fois son tour venu. Je n'aurais jamais pu la sauver, elle ne doit la vie qu'à ces barbares qui s'imaginent sauver le peuple tout en le détruisant avec leurs actions néfastes. Qu'allaient devenir les anglais si les agresseurs et les sauveurs les tuaient ensemble ?

Elle s'avance mais j'ai détourné le regard, fixant le sol sans mot dire alors que ses mots s'enfonçaient en moi comme autant de projectiles qui me transperçaient. Elle ne comprenait pas, je n'ai jamais cautionné le système, je n'ai jamais cautionné les Mangemorts, je n'ai jamais cautionné quoi que ce soit de ce qui arrive en ce moment. Je ne suis qu'un gardien de la paix qui cherche à faire son travail dans ces temps troublés. Je suis moi aussi l'esclave de ce Gouvernement, mais la différence c'est que je sais que dans mon rôle d'esclave je suis bien plus utile que si j'étais un homme véritablement libre.

Encore un pas et je lève les yeux. Je ne suis pas un lâche. Je ne suis pas cette personne qu'elle me décrit depuis tout à l'heure. Je ne l'ai pas oublié, jamais. Je n'ai jamais oublié que je lui ai dit de fuir mais qu'elle ne m'a pas écouté, préférant se jeter à bras le corps dans un combat perdu d'avance. C'est la seule chose que je ne cautionne pas. Les gens ne sont pas prêts à se battre pour renverser le Gouvernement. Les Insurgés ne pourront rien faire tant qu'ils n'auront pas leur réel soutient.

-Je ne reste pas les bras croisés. Tu sais avec qui je travaille, Hazel ? As-tu la moindre idée de pourquoi je travaille encore ? Ce n'est pas ma guerre ! Ce n'est pas mon peuple ! Ce n'est même pas mon putain de PAYS ! Je ne suis ici que parce que je veux protéger ce qu'il reste de personnes décentes ici, je reste parce que je sais que l'anglais moyen a besoin de moi ! Il a besoin de gens comme moi pour tenir, de gens croient encore que la paix et l'amélioration est possible ! Tu crois que je soutiens tout ce qui se passe dans le Ministère ? Non, ce n'est pas le cas !

Je me suis redressé pour balayer les environs du regard, comme si je cherchais le courage qui me manquait pour simplement avouer que j'avais fait une erreur. Cependant je me devais d'être honnête avec Hazel. Si je ne l'étais pas avec elle, avec qui le serais-je ? Elle aurait pu être ma sœur. Nous aurions pu être si loin de tout ça, elle, moi, les autres avec nous. À la place je m'étais décidé à rester pour m'occuper de gens à qui je ne devais rien, dans un pays que je n'aimais pas et à présent il était trop tard pour reculer.

-Je n'aurais pas dû te demander de partir. Je n'aurais pas dû te dire de quitter le pays.

J'aurais du lui foutre un putain de coup sur la tête pour l'emmener directement chez mes parents ouais.

-Pourtant je ne regrette pas d'avoir essayer de te mettre à l'abri. Je crois que tu ne te rends pas compte d'à quel point tu comptes pour moi, d'à quel point tu as toujours compté pour moi et à quel point ça me rend malade que tu me dises ça alors que tout ce que j'ai toujours voulu c'est que tu sois en sécurité !

Ça faisait cinq ans que je ne l'avais pas vu. Cinq longues années et même maintenant qu'elle était devant moi je ne pouvais pas voir son visage alors que le mien n'avait sans doute pas changé malgré toutes ces années.

-Tu es comme une sœur pour moi, tout ce que j'ai envie c'est de te ramener à la maison et de te serrer dans mes bras jusqu'à ce que le monde disparaisse !

Ce qu'il semblait être en train de faire, quand j'y pensais. L'Angleterre n'était qu'une île qui sombrait de plus en plus, bientôt chacun d'entre nous serait noyé par cette violence qui la submergeait par tous les côtés. Je ne pouvais pas cautionner les agissements des mangemorts, mais je ne pouvais pas non plus cautionner la violence que les Insurgés apportaient avec eux.

-Je ne veux plus de tout ça ! Je ne veux plus que tu sois aussi loin, je ne veux plus sentir cette rage et cette violence que tu as, même contre moi alors que putain si tu pouvais lire dans mon cœur tu ne verrais rien d'autre que tout l'amour que j'ai pour toi, même maintenant, même alors que j'ai peur de toute cette violence que tu décides de cautionner toi aussi !

Car c'était ça. Bien sûr que je l'aime. Tout comme j'aime Âqen. Tout comme j'aime Lila, Vince, June. Tant de noms que je n'entends plus prononcer. Tant de personnes qui avait décidé de suivre le chemin d'Hazel sans que je ne puisse y changer quoi que ce soit.

-Je ne suis pas un lâche Hazel, je refuse simplement de me laisser entraîner dans une spirale de violence qui n'ira qu'en empirant et qui détruira tous ceux que j'aime. S'il te plaît ma belle, tu me manques, tu manques à Âqen aussi, je le sais. Je ne veux pas qu'on soit séparés à nouveau. On peut partir, ensemble, loin s'il le faut.

J'avais toujours été comme ça, des mots d'amour et des mots d'espoirs plein la tête et plein la bouche. Pourtant au fond je savais que ces espoirs n'avaient pas lieu d'être. Que Âqen ne quitterait pas le pays à cause des liens qui le retenaient et que Hazel aimait trop l'idée de se battre pour m'écouter.
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MessageSujet: Re: Les fantômes du passé - Hazel   Les fantômes du passé - Hazel EmptyDim 24 Jan 2016 - 15:19

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Le temps lui est compté, déjà, et elle devrait essayer de se concentrer sur la raison de sa venue, mais elle l’a perdue de vue. Peut-être qu’au fond, tout ce qu’elle voulait, c’était blesser Jessie comme il avait pu la détruire, des années plus tôt. Peut-être qu’elle savait, dès le départ, que la rencontre ne mènerait à rien, rien qu’à retourner le couteau dans la plaie tout juste cicatrisée. Âqen, un mois auparavant, et cette fenêtre ouverte sur le passé, ce besoin qu’elle a eu, régler ses comptes, une bonne fois pour toutes. Elle ne l’avouera pas, Hazel, drapée dans la dignité de la mission sacrée, les sentiments enfouis assez loin pour qu’ils ne lui explosent pas à la gueule ; jamais elle ne laissera échapper le regret nourri par les nuits passées à se retourner dans le lit de fortune.
Ne dis pas ça, qu’il oppose, pour seul argument, à sa diatribe révoltée. Elle lui offre en contrepartie une moue dédaigneuse, un peu ravie qu’il n’arrive pas à assumer. Elle aimerait rétorquer qu’elle dit bien ce qu’elle veut, de cet air hautain qu’elle a toujours trimballé, durant les années qu’ils ont partagé ensemble. Elle s’est toujours crue au-dessus de tout, au-dessus de lui aussi, l’aura des plus puissants, dans son monde à elle, c’était justifié. Personne ne lui dit quoi faire, les ordres qu’elle balaie d’un geste de la main, sauf si ce sont les siens. Elle s’avance, et elle est si proche à présent qu’elle pourrait tendre la main. Tendre la main pour prendre la tienne, tendre la main pour la transformer en poing. Toujours tant d’issues, qu’elle s’y perd, à ne plus savoir que faire. Elle aimerait avoir la tranquillité d’esprit de Jessie, la loyauté d’Âqen, l’instinct de préservation de Lila, pour ne pas s’être souciée du reste, pour pouvoir rentrer chez elle et laisser le monde brûler autour d’elle. Mais elle ne peut pas, et elle enrage qu’ils ne la comprennent pas, elle en hurle, à l’intérieur, de les voir s’acharner à lui dire que ça ne vaut pas la peine, son combat et chacun de ses coups, inutiles, à les entendre. Elle, elle n’a que ça, et elle n’a pas le choix : ça doit être suffisant. Si ça ne l’est pas, elle ne sait pas ce qu’elle fera, c’est son seul foutu moteur. Sans, elle s’écroule, et c’est tout, c’est comme ça.
« Je ne reste pas les bras croisés. Tu sais avec qui je travaille, Hazel ? As-tu la moindre idée de pourquoi je travaille encore ? » Pour rien, dans ses pupilles sombres, pour rien, et il est trop con pour s’en rendre compte. Il s’érige en protecteur des citoyens, mais il ne sert foutrement à rien. C’est tout ce qu’elle en pense, à le voir là, se défendre de ses accusations, mais n’a jamais libéré personne, lui, n’a jamais vu la vie quitter les yeux du diable, la mort bien en face, pour le bien commun. Un bon mangemort est un mangemort mort, et ce n’est pas en collaborant qu’il aide qui que ce soit. Il n’est qu’une putain d’épine dans son pied, dans les leurs, insurgés méprisés mais luttant vraiment. « Ce n'est pas ma guerre ! Ce n'est pas mon peuple ! Ce n'est même pas mon putain de PAYS ! »  Elle lui rit au nez, l’américain qui renie l’horreur à l’extérieur, ça lui rappelle quelqu’un. La Harpie et ses manières rustres, parasite dans le camp des Audacieux. Ils devraient rentrer chez eux, tous les deux. Il a grandi ici, pourtant, a étudié les mêmes cours, fréquenté les mêmes visages ; traits tordus par la terreur, à présent, du sang plein les mains ou les entrailles en sang, choisis ton camp, Jenner. « Je ne suis ici que parce que je veux protéger ce qu'il reste de personnes décentes ici, je reste parce que je sais que l'anglais moyen a besoin de moi ! Il a besoin de gens comme moi pour tenir, de gens croient encore que la paix et l'amélioration est possible ! » Et il y croit vraiment, ça en devient désolant. L’anglais moyen lui crache à la gueule, s’il ne le fait pas, c’est qu’il cautionne aussi. Elle s’agite, voudrait le couper en plein élan, mais ne parvient qu’à passer une main nerveuse dans ses cheveux blonds, bientôt redevenus bruns, le temps devenue chaîne à sa cheville. « Tu crois que je soutiens tout ce qui se passe dans le Ministère ? Non, ce n'est pas le cas ! » Mensonge, et ça gronde dans ses entrailles, l’expression méprisante qu’elle ne cherche même plus à étouffer. Ses bons sentiments, idéaux ridicules et dépassés, la guerre qui aurait dû les avaler tout entiers.
« Tu ne te bats pas contre le Magister, tu le soutiens en ne faisant rien. Tu crois peut-être que tu aides, mais tu ne sauves personne. Je préfère sacrifier quelques têtes pour la justice, que de m’acharner à essayer de secourir quelques illuminés trop stupides pour se battre, ou trop lâches, ou trop décidés à collaborer. » Elle n’a que du dédain pour ceux qui tentent désespérément de rester dans le gris, à moins qu’ils les aident en secret. Pas assez nombreux, ceux-là, bien trop occupés à profiter du peu de liberté qu’on leur accorde encore, les sang-purs corrompus et les sang-mêlés s’accrochant désespérément à l’échelle sociale qui ne veut pas d’eux. Et elle refuse de songer à ce qui se serait passé, si elle avait fait partie de ceux dont le sang n’est pas suffisamment souillé pour être abattus ou poursuivis, la justice qu’elle dresse en étendard, en aurait-elle était capable, alors ? Question qu’elle écrase violemment, son hypocrisie à elle qu’elle ne veut pas voir ; tout ce qu’elle voit, c’est la leur. La sienne, alors qu’il l’écoute à peine, essayant pitoyablement de se défendre, trop tard, le jugement est tombé depuis longtemps déjà. Jamais elle ne lui pardonnera. Si elle survit à tout ça, jamais elle ne lui pardonnera, conviction bien ancrée qu’elle revendique d’un coup d’œil ulcéré.
« Je n'aurais pas dû te demander de partir. Je n'aurais pas dû te dire de quitter le pays. » Ça la prend de court, il la cueille au beau milieu de sa rage, et elle est tout juste bonne à ouvrir la bouche pour la refermer. Mais ce n’est pas suffisant, il aurait dû l’accompagner, c’est tout ce qu’elle lui a demandé, après tout, et il n’a pas été foutu de répondre présent. Fuir, la seule réponse qu’on lui a donnée, à chaque fois qu’elle s’est questionnée. Incapable, l’enfant terrible, de renoncer. « Pourtant je ne regrette pas d'avoir essayer de te mettre à l'abri. Je crois que tu ne te rends pas compte d'à quel point tu comptes pour moi, d'à quel point tu as toujours compté pour moi et à quel point ça me rend malade que tu me dises ça alors que tout ce que j'ai toujours voulu c'est que tu sois en sécurité ! » Elle le croit, sans aucune hésitation, bien sûr qu’il n’a jamais voulu qu’elle soit blessée. Elle le croit, elle y croit, à tout ce qu’il a essayé, au bien-fondé de sa pensée, le seul problème, c’est qu’il n’a jamais compris. « C’est la guerre, Jessie. Je ne serai jamais en sécurité. C’est la guerre, et ce qu’ils veulent, c’est m’arracher tout ce que je suis. Je ne pouvais pas fuir. » L’amertume dans les paroles qu’elle lance, et les sourcils qui se froncent, le cœur attendri mais pas assez pour qu’elle cesse de se débattre. « Toi, par contre, tu pouvais te battre avec moi. » Son visage se ferme à nouveau, la dureté de la réalité, ce qu’ils pouvaient faire, tous, mais n’étaient pas parvenus à lâcher leur univers confortable et leurs espoirs dépassés, quand elle avait vu, elle avait su, ce qu’il fallait accomplir. Mais il continue, inlassablement, lui parlant de la maison qu’elle n’a plus, et son nez se fronce, elle s’en fout, elle ne l’écoute plus. Et le monde, le monde qui a déjà disparu, son monde à elle réduit à néant, et elle trépigne, à vouloir lui faire rentrer dans le crâne ses rêves anéantis et ses succès oubliés entre deux cicatrices marquées au fer sur sa chaire.
« Je ne veux plus de tout ça ! Je ne veux plus que tu sois aussi loin, je ne veux plus sentir cette rage et cette violence que tu as, même contre moi alors que putain si tu pouvais lire dans mon cœur tu ne verrais rien d'autre que tout l'amour que j'ai pour toi, même maintenant, même alors que j'ai peur de toute cette violence que tu décides de cautionner toi aussi ! » Son éraillé entre ses lippes rageuses, elle cautionne et embrase, Jessie, toujours un temps de retard. Il fallait venir plus tôt. « (…) S'il te plaît ma belle, tu me manques, tu manques à Âqen aussi, je le sais. Je ne veux pas qu'on soit séparés à nouveau. On peut partir, ensemble, loin s'il le faut. » Le coup de massue, qu’elle se ramasse sans l’avoir vu venir, le prénom qu’il n’aurait pas dû prononcer et le coup qui part, sans qu’elle ne l’ait prémédité. Un éclair, les doigts qui se referment, poing bien serré, mâchoire heurtée ; plus l’épaule, plus le torse, plus d’étincelle taquine au fond de l’œil, temps révolu et enterré, la force qu’elle a amassée au fil du temps. Elle l’a frappé, elle s’en rend compte en le voyant vaciller, partant en arrière sous la violence de l’impact. Déjà, il est à terre, et elle l’observe d’un air moqueur, satisfaite, oubliant presque qu’il s’agit de son ami, consumée par ces quatre foutues lettres qui l’ont détruite, encore plus que lui.
« Tu veux qu’on parte où, Jenner ? Il n’y a nulle part où courir. » Elle passe au nom de famille, distance qu’elle impose tout en agitant ses phalanges endolories, c’est qu’il a la tête dure, ce con. « Je ne veux pas courir. J’en ai rien à foutre de tes bons sentiments, je ne fais pas partie des gens que tu appelles décents. Il y a les bons et les méchants, on est en guerre, il faudrait penser à te réveiller. » La vision en noir et blanc, encore, qu’elle abat sans merci, ne laissant aucun doute sur ce qu’elle voit en lui.
« C’est trop tard pour regretter, maintenant, vous avez tout détruit. » Et l’image d’Âqen qui s’impose devant elle, le souvenir rageur de leur entrevue, des poings qui se déchainent et de la violence qui explose, incapable de la contrôler, incapable de se contrôler, dans un tourbillon d’émotions qu’elle n’avait jamais appris à maîtriser. « Tu crois que je manque à Shafiq ? Tu devrais peut-être le voir, vous avez des choses à vous dire, entre connards de traîtres. J’aurais dû me douter que si l’un me lâchait, l’autre en ferait de même. » Le meilleur ami et l’âme-sœur, du moins c’est ce qu’elle avait osé penser, lui tournant le dos tous les deux, pendant qu’elle crevait à hurler, à appeler à l’aide. La colère est plus vive que jamais, il ne l’a pas reconnue, il n’a pas voulu la voir. « Shafiq voulait m’amener au Magister, la dernière fois que je l’ai vu. C’est comme ça que tu vois la paix, Jess ? Les dissidents ramenés et tués, pour que tous ceux qui restent, les putains de lâches dans ton genre, puissent vivre tous ensemble ? » Elle a le rictus haineux, elle voit déjà la ronde harmonieuse, dansant sur les corps des désaxés, des dissidents, des voleurs de magie et des incorruptibles. Les regards des moldus se font plus insistants, groupe qui se rapproche légèrement, l’air de rien, elle les sent, elle pourrait presque se retourner pour se déchaîner sur eux aussi, un pas de travers et elle explose pour de bon. « Si c’est ça, ta putain de paix, je n’en veux pas. Je ne veux rien avoir à faire avec ça. Je ne veux rien avoir à faire avec toi. » À bout de souffle, à court de temps, les racines qui se colorent déjà légèrement, le polynectar qu’elle a pris trop tôt, aurait sans doute dû l’avaler juste avant de démarrer, mais le monde moldu impose de ne pas transplaner ; et voilà, c’est trop tard. Elle le surplombe d’un regard incandescent, la moue dédaigneuse toujours affichée sur les traits qui ne seront bientôt plus ceux empruntés, vulgaire marionnette qui ne sert à rien.
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MessageSujet: Re: Les fantômes du passé - Hazel   Les fantômes du passé - Hazel EmptyLun 25 Jan 2016 - 12:19

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À peine son nom avait-il franchi mes lèvres que son poing me cueillit à la mâchoire. C'est étrange, j'avais vu tellement de film moldu où les coups portés à main fermée comme la sienne produisent un bruit sourd et caractéristique en frappant la chaire, mais la réalité est toute autre. Je n'entends rien quand elle me frappe, sinon mes dents qui s'entrechoquent et tremblent dans le châssis de ma mandibule inférieure. Je m'attendais à ce qu'elle me frappe à un moment ou un autre, mais au visage, vraiment ? Hazel Qu'est-ce que tu es devenue ?

Je bascule en arrière alors que me traversent les souvenirs d'un temps révolu passé à se chamailler et à se réconcilier. Ça n'était pas le premier coup que je recevais d'Hazel, vraiment, mais jamais auparavant elle ne l'avait porté aussi fort et jamais à la tête. C'est la guerre, qu'elle ose m'asséner après son discours extrémistes et tellement manichéen que ça en devient ridicule. Pour elle je suis l'ennemi par défaut parce que je ne suis pas l'allié. Je suis le lâche, le débile de ne pas avoir su me lever quand il le fallait pour prendre les armes et mourir pour un pays qui n'était pas le mien. C'est la guerre et elle ne pouvait pas fuir, mais moi j'aurais pu rester me battre.

Enfin, mes fesses touchent le sol et je dois avoir l'air bien ridicule alors qu'elle me surplombe avec cette arrogance que je reconnais parfaitement, autrefois nuancée d'affection, désormais excité par la colère et la rage. Partir loin, voilà ce qu'ils auraient dû faire depuis le début. Partir dans son beau pays, l'Amérique. Partir loin des problèmes qui ne pouvaient que s'envenimer avec le temps. Encore une fois elle m'étale son manichéisme à la gueule, mais tout ce que j'entends c'est la haine que je sens au fond de sa gorge et qu'elle me vomit à la figure. Je frotte ma mâchoire douloureuse, les yeux fixés sur ses genoux en songeant qu'elle se trompe tellement qu'elle va finir par se rendre compte qu'un adolescent privé de sortie par ses parents aurait pu tenir le même discours. C'est ça ton problème Hazel, t'as jamais passé le cap de l'adolescence. Tu es en constante crise et tu es toujours persuadée d'être frappée par une injustice imaginaire. Tu es une enfant qui essaye d'être une adulte mais tu n'arrives qu'à paraître capricieuse à mes yeux.

Je me relève finalement lorsqu'elle enchaîne sur Âqen, en remarquant au passage que nous n'avons plus le droit à nos prénoms sans doute devenus trop impures pour elle. Il y a tellement de Shafiq, il y a tellement de Jenner, mais il n'y a qu'un seul Âqen et il n'y a qu'un seul JJ dans sa vie. Je ne lui en veux pas de m'avoir frappé. Je ne lui en veux pas non plus d'essayer de mettre cette distance en usant de nos patronymes. En revanche je n'aime pas qu'elle s'imagine que notre affection est tellement volatile qu'un coup de politique pourrait changer ce que lui et moi ressentons pour elle. Comme si Âqen avait des opinions politiques suffisamment fortes pour influencer ce qu'il ressentait. Comme si Âqen avait des opinions politiques tout court. Elle n'avait sans doute jamais connu cet homme si c'est ce qu'elle pensait de lui.

Lâche, encore ce mot. Je détourne les yeux, mais c'est plus par ennui que par gêne cette fois-ci. Je ne suis pas un lâche, mais il me semble l'avoir déjà dit, donc c'est inutile de le répéter. Je ne vais pas répondre de la violence à sa violence. Ça n'est pas dans mes principes, ça ne l'a jamais été et ça ne le sera jamais. Autour de nous les regards commencent à se faire lourds de sens et de suspicions et mon regard revient sur Hazel alors qu'elle termine enfin son terrible pamphlet dirigé contre moi et toute mon espèce. Mon visage se peint alors de surprise et je retire une nouvelle fois mon bonnet pour le lui enfoncer de force sur la tête en priant pour qu'elle ai suffisamment de bon sens pour ne pas prendre ça pour une agression. Je reprends la parole d'une voix assez forte pour que les moldus qui nous espionnent puissent nous entendre.

-Écoute, pourquoi ne pas discuter de tout ça chez moi, autour d'un verre ? Vient je t'accompagne, cette histoire sur le conflit Israélo-palestinien est parfaitement passionnante malgré nos positions différentes sur le sujet.

Voilà de quoi brouiller les pistes pour les anglais et faire comprendre à Hazel que non, je n'allais certainement pas l'emmener boire un verre chez moi malgré mon envie sans doute flagrante de revenir au bon vieux temps, mais simplement me perdre dans la campagne environnante avec elle pour éviter que les moldus n'assistent à son changement de visage et à la suite de ce débat stérile qui nous opposait visiblement à une échelle trop profonde pour que l'on ne se départage.

Je l'entraîne donc à pas rapides hors de la ville sous les regards suspicieux des quelques moldus qui osent nous dévisager ouvertement et je marche encore un peu en récupérant mon bonnet une fois hors de vue des curieux, plus loin, à distance suffisante pour même transplaner si on le souhaitait. Je me tourne à nouveau vers elle et j'ouvre la bouche pour parler mais je la referme et serre les dents en la dévisageant. C'est vraiment elle à présent. Je la reconnais. Je la connais de toute façon si bien que je pourrais la dessiner si j'en avais l'envie et le talent. Encore une fois je cède. Encore une fois ma tendresse s'oppose à sa violence, mes bras répondent à ses poings alors que je la force dans une nouvelle étreinte qu'elle doit sans doute désirer encore moins que la première. J'en m'en balance. J'ai envie de chialer tout ce que j'ai dans le cœur, tout ce qu'elle m'a manqué. Je pourrais pas la détester. Je crois qu'elle pourrait me tuer elle-même que mon fantôme ne lui en voudrait pas. Il regretterait juste de ne pas pouvoir la tenir contre lui comme je le fais en ce moment.

-C'est vraiment toi putain.

Ma voix tremble, mais je ne la lâche pas. Je vais sans doute me prendre un autre coup, un sort, un coup de tête. Elle va peut-être me péter le nez ou me briser les couilles d'un coup de genoux pour que je m'écarte, mais si je dois agoniser sur le sol au moins j'aurais eu la satisfaction de la serrer contre moi sous sa vraie apparence. J'aurais serré la véritable Hazel dans mes bras.

-Tu te trompes sur lui. Tu te trompes sur moi aussi. S'il avait voulu te ramener au Magister, il l'aurait fait.

Sauf qu'il était revenu vivant et visiblement elle l'était aussi. Ils ne s'étaient pas quittés en de bons termes sans doute, je n'en savais foutrement rien, mais ils s'étaient quittés vivants et c'était la seule preuve qui importait à mes yeux. Je la lâche à contrecœur et je m'écarte, mais pas trop, comme si faire un pas en arrière risquait de l'inciter à fuir. Tant pis si je m'en reprends une.

-Mais il faut que tu ouvres les yeux Princesse. L'Insurrection ne peut pas réussir sans le soutient du peuple. Sauf que pour le moment le peuple à peur, mais pas seulement du Gouvernement. Le peuple à peur de toi. Il a peur de vous, les insurgés. Il ne veut pas échanger un tyran pour un autre. Je sais ce que les tiens sont capables de faire et tu crois vraiment que c'est comme ça que vous allez réussir à obtenir le soutient qui vous est nécessaire pour réussir ?

Mine de rien, j'avais passé des nuits à y réfléchir, à me mettre à la place des autres car c'est ce que je savais faire le mieux, aidé par mon don. Ou plutôt, mon demi-don. Leur cœur n'avait pas de secret pour moi, tout comme leur aura que je sentais parfaitement bien lorsque je m'approchait suffisamment. C'est pour ça aussi que je comprenais la colère d'Hazel mais que je ne pouvais pas la partager. Je posais mes mains sur ses joues pour qu'elle me regarde, qu'elle ne me quitte pas les yeux, je voulais qu'elle m'écoute et qu'elle comprenne ce que j'avais à lui dire.

-Réfléchis un peu Hazel ! Imagine toi mère de deux enfants, avec d'un côté les Mangemorts qui te laissent tranquille tant que tu es assez rapide pour passer ton chemin rapidement et de l'autre côté les insurgés qui font tout péter presque aléatoirement au risque que toi ou ta famille y passe au passage ! Même si tu ne soutiens pas le gouvernement, est-ce que tu risquerais la vie de ta famille en rejoignant des hommes et des femmes remplis de haine qui risquent de toute façon de faire exploser un endroit fréquenté par tes amis ? Tes proches ? Vos actions sont inconsidérées et ne jouent vraiment pas en votre faveur, vous ne faîtes qu'effrayer encore plus le peuple qui est pris entre deux feux, d'un côté par les Mangemorts fondamentalement mauvais et de l'autre par des insurgés sensément bon mais qui agissent comme des menaces également !

Mais pourquoi s'arrêter pour réfléchir n'est-ce pas ? Autant faire tout péter une bonne fois pour toute, comme ça la menace Mangemorts est éliminée et au pire une bonne partie de l'Angleterre sorcière est morte avec, mais qui s'en soucie ? Ils sont morts, mais ils sont sauvés ! Et après elle se demande pourquoi je ne voulais pas rejoindre les insurgés. Je devrais me construire un radeau et tenter la traversée de l'Atlantique. Je soumettrais l'idée à Âqen, il sera sans doute emballé. Je n'arrivais tout de même pas à croire que Hazel pouvait embrasser un idéal aussi bancal. Elle n'avait certes jamais été raisonnable, mais à ce point là ? J'essayais de ne pas trop me disperser, mais malheureusement je ne pouvais m'empêcher de la dévisager. Qui sait quand je la reverrais à nouveau ? Je la lâche enfin et je me mords la lèvre pour ne pas sourire.

-Putain j'ai beau être en total désaccord avec ce que tu racontes, je suis putain de content de te voir.

Je n'avais pas envie qu'elle s'en aille, mais je savais qu'elle ne resterait sans doute pas beaucoup plus longtemps. J'aurais presque eu envie de la suivre jusqu'à chez ces fous furieux d'insurgés juste pour rester avec elle un peu plus longtemps. Cependant, elle et moi on savait que ma place n'était pas là-bas malgré l'atout que je pourrais représenter pour eux. Je suis un excellent tireur de baguette après tout.
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MessageSujet: Re: Les fantômes du passé - Hazel   Les fantômes du passé - Hazel EmptyDim 7 Fév 2016 - 2:37

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Le bonnet qu’il retire, et enfonce sur son crâne, l’air sérieux, presque alerte. Elle ne moufte pas, pour une fois, rare silence qu’elle lui accorde, comprenant que le temps a fini par lui échapper pour de bon. Vague panique au creux du ventre, la peur qu’on la reconnaisse, qu’on la pointe du doigt, la peur de tomber nez à nez avec Kinvara. Et peut-être que ce ne serait pas si terrible que ça, elle imagine les retrouvailles inquiètes, le bain qu’un domestique ferait couler pour elle et la sérénité, la guerre et ses souvenirs atroces derrière elle. Elle revoit avec précision les dorures ornant les murs de sa chambre, le lit si immense qu’elle avait parfois l’impression de s’y perdre, la boîte à bijoux qu’elle oubliait chaque année avant de rentrer à Poudlard, qu’elle a laissée là-bas après avoir emménagé avec Âqen, comme la promesse d’un retour. Une fraction de seconde, seulement, elle espère que quelqu’un, quelque part, la saisisse pour la ramener à la maison, au tout début, au jour où cet homme au costume trop grand avait irruption dans sa demeure pour tout foutre en l’air et réduire ses illusions à néant. Une fraction de seconde, et ça paraît si long, comme un sanglot qui remonte sans jamais faire surface, la carapace trop dure à percer, et c’est trop tard, c’est déjà passé. Le visage se durcit à nouveau, fugace, la façon dont il s’est décomposé, elle se sent minuscule et terrifiée mais se fait impériale pour compenser. « Écoute, pourquoi ne pas discuter de tout ça chez moi, autour d'un verre ? Vient je t'accompagne, cette histoire sur le conflit Israélo-palestinien est parfaitement passionnante malgré nos positions différentes sur le sujet. »« Bullshit. » Elle marmonne, pour elle-même autant que pour lui, alors qu’il l’entraîne déjà à sa suite sous les regards intrigués et insistants des moldus présents. Ça revient, latent, l’envie de leur cracher à la gueule la vérité, la guerre de l’autre côté et sa véritable identité. Peut-être qu’elle pourrait se rouler par terre en riant, accuser le comparse de l’avoir kidnappée, scandale et bonne à faire enfermer, le chaos et la folie bien cloisonnés dans l’esprit tourmenté, prêts à s’échapper. Il l’emmène à l’écart, et son cœur se serre à l’idée qu’il puisse l’attirer dans un piège, la confiance qu’elle n’a plus vraiment, les pas qui le suivent pourtant, vestige de la foi aveugle qu’elle avait en lui. Elle est cassée, un peu, deux parties bien distinctes, et le choc de la rencontre avec l’autre court encore sous sa peau, elle ne sait plus à qui se fier. Surtout pas à elle-même, de ça, elle est certaine.
Ils avancent rapidement, en silence, et son corps redevient le sien, pas après pas, les vêtements lui vont mieux, soudainement, les jambes qui s’agrandissent et la pointe de ses cheveux qu’elle reconnaît enfin. Ca la soulage autant que ça la blesse, cet excès de réalité quand elle faisait tout pour se distancer. Un coin désert, la campagne et le calme qui lui vrille les oreilles, elle croise son regard et n’a pas le temps de se préparer à la seconde étreinte, celle qui vient violemment heurter la rage qu’elle se tue à monopoliser. Les bras l’enlacent, et elle n’a plus le courage de le repousser. Boule dans la gorge, eau salée qui vient emplir les prunelles à nouveau vertes, elle se perd dans ce qu’elle est et ce qu’ils ont été, s’ordonne en silence d’arrêter de penser. « C'est vraiment toi putain. » Sa tête vient se loger dans son cou, sans doute qu’elle le serre un peu trop fort, prière silencieuse, ne jamais la laisser repartir, l’enfant épuisé qu’elle est encore, l’adolescente révoltée qui hurle pour la liberté, et au milieu des deux, la femme brisée qu’elle essaie de réparer comme elle peut, d’un pied à l’autre, d’un extrême à un autre, l’équilibre jamais atteint et les pensées qu’elle préfère arrêter en plein vol, avant s’effondrer. Alors elle se l’autorise, Hazel, ces quelques moments de répit, le monde s’efface et il n’y a plus que son ami et elle, elle rêve de Poudlard et des retrouvailles de septembre, elle rêve des jours où il l’a suivie, comme souvent, alors qu’elle s’énervait pour rien, comme tout le temps. Elle se persuade, un temps, qu’il ne s’agit que de ça, le cœur battant la chamade et les larmes qu’elle ravale.
« Tu te trompes sur lui. Tu te trompes sur moi aussi. S'il avait voulu te ramener au Magister, il l'aurait fait. » Le charme est rompu, brusquement, la mention d’Âqen qui s’infiltre dans son esprit, elle se crispe et il s’éloigne, comme s’il était capable de sentir la tempête avant qu’elle ne s’abatte sur lui. Les yeux troubles, remplis des pleurs qu’elle ne laissera pas couler, le sonde, animal blessé. « S’il avait voulu me ramener au Magister, il serait mort. » Elle lâche, sur la défensive, répliquant rapidement, le poison des mots plutôt qu’un autre poing qui se dresse. Et elle sait que c’est faux, pourtant, elle se rappelle son impuissance, allongée sur le béton glacé, souffle court alors qu’il gisait à ses côtés. Impuissante et faible, comme elle l’avait été un instant plus tôt, s’abandonnant à une étreinte dont elle ne voulait pas. Dont elle ne pouvait pas vouloir. Il est si près d’elle, malgré tout, et cette fois-ci, elle ne peut se résoudre à s’écarter davantage, levant le menton et le défiant du regard. Brûlant de lui montrer jusqu’où elle serait prête à aller, revendiquant cette force qu’elle ne possède pas, plus après les avoir vus. Si lamentablement usée, que peut-être qu’elle ne se débattrait pas, s’il la traînait de force jusqu’à ses parents.
« Mais il faut que tu ouvres les yeux Princesse. » Elle déglutit, le surnom de Poudlard. Couette-couette, elle entend la voix chantante de Vincianne, de Lila, comme si c’était hier. Princesse tout court, Princesse déchue, au sein de l’insurrection. Il ne sait pas, bien sûr, ce n’est pas son monde à lui. « L’Insurrection ne peut pas réussir sans le soutient du peuple. Sauf que pour le moment le peuple à peur, mais pas seulement du Gouvernement. Le peuple à peur de toi. Il a peur de vous, les insurgés. » Elle laisse échapper un rire éraillé, moqueur. Le peuple a peur de tout. Le peuple ne se soulève pas, et court à sa propre perte. Elle voudrait lui dire, opposer ses arguments à sa rhétorique ridicule, mais il poursuit, tentant peut-être de la convaincre ; sachant sans doute que ça ne sert à rien. « Il ne veut pas échanger un tyran pour un autre. Je sais ce que les tiens sont capables de faire et tu crois vraiment que c'est comme ça que vous allez réussir à obtenir le soutient qui vous est nécessaire pour réussir ? » Les siens. Sa nouvelle famille, les insurgés, son peuple et son clan, ça sonne étrangement à ses oreilles. Pas si faux que ça, pourtant, Alan avec qui elle partage ses nuits, les entraînements, les fêtes où elle croise parfois Vincianne, les relations qui se développent, Ford. Les visages qu’elle a appris à connaître par cœur, comme elle connaissait les leurs, avant. Une nouvelle fracture, deux versions d’elle-même. « Tu te trompes. On n’a pas besoin de soutien. On a juste besoin de les battre. » Il semble ne pas vouloir comprendre, ne pas voir que c’est aussi simple que ça. Il ne s’agit pas d’une foutue élection, ni d’un vote de popularité. Juste d’une bataille, et ce sera celui qui assènera le plus de coups qui s’en sortira, le reste n’a rien à voir avec ça, si ce n’est les recrues qu’ils perdent par peur de leurs extrêmes. Et s’ils ont peur, c’est qu’ils ne méritent pas de se battre à leurs côtés, n’est-ce pas ?
Il vient poser ses mains sur ses joues, l’obligeant à le fixer. Elle ne se débat pas, ne bouge pas, se contentant de plonger son regard dans le sien, y cherchant quelque chose, une étincelle, un rappel de ce qu’ils étaient. Elle doit le trouver, parce que ses lèvres frémissent quelque peu, ébauche de sourire qui ne naît pas totalement. « Réfléchis un peu Hazel ! » Non, elle ne peut pas. Elle voudrait qu’il comprenne, qu’il le sache. Ravale ses paroles, pour l’instant, le laissant terminer. « Imagine toi mère de deux enfants, avec d'un côté les Mangemorts qui te laissent tranquille tant que tu es assez rapide pour passer ton chemin rapidement et de l'autre côté les insurgés qui font tout péter presque aléatoirement au risque que toi ou ta famille y passe au passage ! Même si tu ne soutiens pas le gouvernement, est-ce que tu risquerais la vie de ta famille en rejoignant des hommes et des femmes remplis de haine qui risquent de toute façon de faire exploser un endroit fréquenté par tes amis ? Tes proches ? » La question la prend de court, et son visage s’assombrit légèrement. La vision en noir et blanc qu’il s’acharne à piétiner, mais il ne fait pas mieux, mettant les Insurgés et les Mangemorts dans le même sac, empêtrés dans des idées qui les dépasse, certainement, mais elle ne veut pas le voir, elle ne l’acceptera pas.
« Vos actions sont inconsidérées et ne jouent vraiment pas en votre faveur, vous ne faîtes qu'effrayer encore plus le peuple qui est pris entre deux feux, d'un côté par les Mangemorts fondamentalement mauvais et de l'autre par des insurgés sensément bon mais qui agissent comme des menaces également ! » Il la lâche et se mord la lèvre, peut-être épuisé par son petit discours bien élaboré. Elle s’attend à une salve, une autre leçon de morale, probablement, mais il se contente de lui dire qu’il est content de la voir. « Moi aussi. » Ca fuse, avant qu’elle ait eu le temps d’y réfléchir à deux fois. La vérité, sa vérité à elle, qu’elle n’a jamais su maîtriser, contrôler, étouffer. Elle part dans tous les sens, tout le temps, s’y noie. « Je suis contente de te voir aussi » ajoute-t-elle, et un mais plane dans l’air. « Même si t’es un con. Même si tu mélanges tout. Même si tu refuses de comprendre. » Et elle pousse encore un peu, dans sa tentative désespérée de lui ouvrir les yeux, mission impossible, elle est faite pour ça. « Je n’ai pas le temps de réfléchir. Je n’ai pas le temps de pleurer pour le peuple. » Elle a à peine le temps de dormir, après tout. « Je peux parfaitement imaginer la pauvre mère de famille et ses deux enfants. Je peux imaginer le peuple. Le peuple qui nous a acheté, utilisé, torturé. Pas tous. » Elle concède, une moue dédaigneuse sur le visage. « Mais il l’a fait. Il l’a fait, et on a été pris au piège. Tu me demandes de m’arrêter deux secondes pour penser à ceux qui auraient très bien pu être mes bourreaux, si quelqu’un d’autre ne m’avait pas achetée, comme un vulgaire animal, avant eux. Tu ne veux pas comprendre que je m’en fous. » Et elle s’en fout, la morale à la poubelle, le gris disparaît encore une fois naturellement, plus confortable, moins étouffant. « Je ne me bats pas pour le peuple. Je me bats contre le système qui a été mis en place. Et c’est une putain de différence, Jessie. Je n’ai jamais prétendu partager tes nobles sentiments. Peut-être avant. » Avant d’avoir été sur cette estrade, mise aux enchères, à quelques pas de Lila, avant d’avoir hurlé, les entrailles mises à nu, les entailles venant faire pourrir sa peau. Elle ne lui montrera pas, jamais. Le corps malmené et l’âme étouffée, jamais. Avant, elle pensait un peu comme lui, suivant les Belliqueux comme elle aurait suivi un autre camp, la survie à l’esprit, l’espoir que tout rende dans l’ordre. Et puis il l’a achetée, ce peuple dans lequel elle essayait tant de s’intégrer. Alors tant pis. Elle se mord la lèvre pour ne pas continuer, fierté qui l’enchaîne. « Mais tu ne comprendras pas. Toi aussi, tu te trompes sur ce qu’on est. Tu nous vois comme une menace, alors qu’on essaie simplement de – » De quoi ? Elle ne sait pas, elle ne sait plus. De les arrêter. De danser sur leurs putains de tombe, en ce qui la concerne. Elle ferme les yeux, et quand elle les ouvre à nouveau, le regard est flamboyant, mordant. « J’espère que tu sers à Shafiq le même putain de discours. Parce que si je suis une menace, qu’est-ce qu’il est, à part un meurtrier, à part un foutu larbin ? » Cette façon qu’il a, de le défendre, d’assurer qu’elle lui manque, qu’il ne voulait pas la ramener au Magister. Pardonner les erreurs de l’ami et la fustiger pour avoir le culot de se battre. La boule dans sa gorge revient, lancinante, leur groupe détruit à jamais, les allégeances qu’ils ont choisies. Et si Jessie n’est pas son ennemi, pas directement, pas encore, Âqen l’est. Elle recule d'un pas, non pas pour le fuir, mais pour jeter un regard aux environs, l'horloge s'étant remise en place, le tic tac obsédant lui rappelant qu'elle était attendue quelque part. « Je suppose que tu ne m'aideras pas. » Elle lui lance un regard, la mission venant se rappeler à son bon souvenir, et c'est perdu d'avance, sans aucun doute, mais elle ne peut pas partir sans avoir essayé une dernière fois.
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