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MessageSujet: Watch out boy, she'll chew you up   Watch out boy, she'll chew you up EmptyVen 13 Nov 2015 - 5:00

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Le 12 novembre

Les doigts nerveux lissent sa chemise, son pantalon, repassent avec un tremblement sur un col dûment empesé, effleurent un cou rasé de frais, une barbe taillée au poil près, des cheveux placés soigneusement, frottent nerveusement sa Marque, son alliance de fiançailles, ses lunettes à la monture d'argent, une nouvelle fois sa Marque, avec plus de force, le noir dessin invisible sous la chemise. Le reflet dans le miroir est moqueur, lorsqu'il en croise le regard, et il ne peut ignorer le « On croirait que tu vas rencontrer ta nouvelle épouse, Werner » que lui lance sa réflexion narquoise. Il en peut l'ignorer et il ne peut absolument rien objecter.

« Dara ! Il dévale les escaliers de la maison, scandant le prénom de sa domestique une seule et unique fois. Celle-ci apparaît aussitôt au pied de l'escalier, le regard levé à la hauteur des épaules de Louis. Monsieur ? Vous avez congé pour la soirée. Ou, mieux, allez aider Hedvig en cuisine, mais je ne veux pas vous voir. Jamais de toute la soirée. Bien Monsieur. Pas même un peu, ou par accident, que ce soit pour venir faire quoi que ce soit. Pas du tout. Elle hoche légèrement la tête. Oui, Monsieur. Et vous répéterez la chose à Hedvig. Si j'en vois une seule de vous deux... si Mrs Lestrange vous voit... » Il est rare qu'il répète, rare qu'il insiste autant, mais le nom qu'il a prononcé fait brusquement trembler la domestique, avant qu'elle disparaisse aux cuisines. Bien. Elle le savait, évidemment, tout comme la cuisinière le savait, mais répéter, appuyer, insister, n'est pas nuisible, ici. Pour une fois, il aime presque répéter. Répéter pour mieux se rappeler que ce soir, il reçoit Bellatrix Lestrange à dîner. Répéter pour mieux tenter d'assimiler la chose, de l'accepter. Après tout, c'est bien son invitation, qu'elle a gracieusement accepté.

Ce n'est pas sorti du néant, cela dit. Les rumeurs ont filtré entre les bavardages des Mangemorts – tous bavards comme des pies, comme de jeunes étudiantes, comme les Poufsouffle qui occupaient la rangée derrière lui en Potions, avant qu'il ne laisse de côté cette matière honnie. Ont filtré et filé jusqu'à ses oreilles, avant d'être confirmées par des commentaires plus précis de la part de Rigel. « Bellatrix souhaite te rencontrer », qu'elle avait dit, l'air de rien, au cours d'une discussion portant sur la prochaine exposition de sa tendre mère. Il n'avait rien dit, sans doute trop tétanisé pour penser à une quelconque parade fière, mais il n'avait pu empêcher sa tête de penser. De réfléchir. À ce qu'il avait bien pu faire pour mériter cela.
Parce que peu importe ce que vous pouvez penser de Bellatrix Lestrange, elle n'en reste pas moins une femme d'exception. De toutes les exceptions. Et qu'elle désire le rencontrer, positivement ou négativement, pour plus qu'un simple regard désintéressé jeté a détour d'un couloir au quartier général, reste un événement. Un événement qu'il a lui-même provoqué, au final, au détour d'une lettre écrite de son écriture nette et droite la conviant à un simple dîner en sa modeste demeure de Herpo Creek.

Et elle a accepté, n'est-ce pas ?

Les minutes filent, les dernières, jusqu'à ce que le carillon de la porte d'entrée se fasse entendre. Il bondit, presque, la main déjà sur la poignée, l'ouvrant sur la silhouette de la sang pure. Pas de domestique, ce soir, pas non plus de fiancée, de toute façon prise au cabaret pour la soirée (et bien effrayée par la seule perspective de partager le même air que son invitée). « Mrs Lestrange. Pile à l'heure. Il aime les gens ponctuels. La voix est basse, le calme prenant le pas, comme toujours, sur la nervosité, sur la hâte. N'y a-t-il pas, cela dit, un certain empressement ? Quelque chose dans le sourire, de trop grand, de presque adolescent ? Quel plaisir de vous voir ce soir. » La pote est ouverte un peu plus, le chemin laissé libre pour qu'elle entre. La maison est modeste, bien plus que plusieurs membres de l'Élite, mais parfaitement décorée, soignée. Il n'est pas fils de collectionneur et de peintre pour rien.


Dernière édition par Louis Werner le Mer 18 Nov 2015 - 4:09, édité 1 fois
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« UGLEY ! » vociféra-t-on dans la demeure des époux Lestrange. Le timbre incisif de la maitresse de maison était reconnaissable entre tous. L’elfe n’eut de choix que d’apparaître auprès de sa propriétaire dans un POP retentissant. Il s’inclina si bas que ses saillantes oreilles frôlèrent le parquet ciré de la chambre. Le globe oculaire gauche de la créature était recouvert d’un cache-œil de fortune, élaboré avec des morceaux de tissu et de cuir glanés dans les ordures. « Apporte-moi la nouvelle robe », ordonna la sorcière sans même lui prêter un semblant de considération. Il se courba davantage que la première fois, menaçant ses côtes usées d’une énième fracture, et clopina jusqu’au mannequin de couture qui revêtait le vêtement récemment acquis. C’était une œuvre d’art, de la couture de haute voltige, achetée auprès de ce petit styliste en vogue chez Tissard et Brodette. Une pièce maitresse n’était pas de trop dans la garde-robe renouvelée de Bellatrix Lestrange.
En membre des Mangemorts, elle avait trop longtemps négligé les traditions des femmes de pureté. L’élégance devenait pourtant de plus en plus nécessaire pour faire oublier à la plèbe que le régime avait encore du mal à faire face à ses nouvelles responsabilités et aux assauts des insurgés. Son coffre, sans parler de celui de son mari, restait l’un des plus conséquent de Gringotts. Elle pouvait se permettre ces fantaisies. L’hiver approchait à grand pas et les étoffes plus épaisses restaient les bienvenues pour affronter cette saison glaciale. Terminant l’arrangement de sa chevelure domptée à l’aide de la magie, la Favorite du Maitre en profita pour s’admirer, passant un index précis sur la ligne de ses lèvres rougeoyantes pour éviter un quelconque surplus de matière cosmétique. Elle se sourit en reconnaissant l’élégante femme qui réapparaissait sur ses traits moins émaciés mais toujours aussi redoutables.

La thérapie qu’elle avait engagée avec le docteur Vayk Esterházy lui faisait le plus grand bien. Livrer le contenu de son esprit retord se révélait salutaire et lui permettait de devenir fréquentable. Ô, bien sûr, Bellatrix ne serait pas la même si ses tripes n’étaient pas gangrénées et agitées sans cesse par la démence et les pulsions ravageuses.  Il fallait juste qu’elle se contrôle pour se repentir auprès de son mari. Si elle ne l’aimait pas comme Rodolphus l’aurait voulu, le sorcier lui avait fait un peu de peine. On ne pouvait rester tout à fait hermétique à un compagnon de route aussi résistant dans la durée. Le voisinage de l’ancienne détenue n’était déjà pas confortable alors partager son lit relevait d’un acte de bravoure. La Lestrange apprenait à respecter son mari à moitié pour elle-même et l’intégrité des Black, à moitié pour montrer au Maitre qu’elle appliquait à la lettre l’idéologie qu’ils affectionnaient. Cela lui demandait bien plus d’efforts et de sacrifices que d’apprendre les profondeurs des ténèbres.
En se redressant de sa chaise, quittant des yeux le miroir de la coiffeuse, la Mangemort s’élevait en sous-vêtement dévoilant un corps affiné par son hystérie et lissé par une alimentation prospère. « Habille moi, qu’est ce que tu attends !». Le ton se faisait sec et tranchant. Un claquement de doigt de l’elfe suffit pour faire disparaître la robe du mannequin qui se dévoila instantanément au corps de sa négrière. Satisfaite, elle délaissa l’idée de torturer sa créature et lui asséna à la place un élégant coup de pied, chaussé d’escarpins pourpres en peau de python.

Arrivée par transplanage à destination, elle observa l’espace d’un instant la demeure de Louis Werner. Il était apparenté à Rigel Werner, une lady avec laquelle, étrangement, Bellatrix avait lié ce qui se rapprochait d’une amitié sincère. Tout ça n’était encore que des rumeurs de Mangemorts néanmoins l’information était assez exceptionnelle pour s’être répandue, au même titre que cette invitation à dîner. La dentition arrangée par un sortilège esthétique, Bellatrix Lestrange sourit à son hôte. « Monsieur Werner ». Son sourire avait quelque chose de pré-pubère, comme une jeune fille que l’on invite à un premier rencard. Voilà bien longtemps qu’on ne l’avait pas conviée à un tête-à-tête. Certes, Louis n’avait pas eu trop le choix. Néanmoins, le fait que l’invitation vienne du sorcier plut instantanément à la lieutenant du Magister. Reprenant des vieilles habitudes, elle passa le doigt sur un meuble du hall d’entrée. Pas – ou en tout cas peu – de poussière. « C’est humble mais c’est propre », lâcha-t-elle après avoir parcouru le décor d’un regard scrutateur.  Au compliment du violoniste, elle adressa un bras longiligne, terminé par une main négligemment relâchée. En bonne représentante d’un âge perdu, l’épouse Lestrange s’attendait à un baisemain. Tâcherait-il de la débarrasser de sa veste en velours, veste qui soulignait sa taille de guêpe en s’arrêtant au terme de ses côtes ? « Le plaisir est partagé, Louis, s’amusa-t-elle à dire dans un large sourire carnivore, comment se porte Rigel ? ».
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Au sourire adolescent de Louis répond celui de Bellatrix, semblant rayonner de ce même éclat fébrile de jeunesse. « Monsieur Werner. » Elle pénètre dans la maison, le regard déjà à l’affût, prêt à juger, à condamner. Il guette avec nervosité ce doigt mince qui circule sur un meuble, se relevant sans la moindre trace de poussière. Sa gorge est sèche, son cœur battant. « C’est humble mais c’est propre. » C’est un certain poids qui se lève de ses épaules, poids dont il n’avait pas conscience précédemment. Humble, mais propre. Venant d’une Lestrange, d’une Black encore plus, c’est un compliment à chérir. Il a l’impression de pouvoir respirer de nouveau.

« Le plaisir est partagé, Louis, comment se porte Rigel ? »
(son sourire, il y a quelque chose dans son sourire)
(c’est une prédatrice)
La main vient prendre celle négligemment tendue de Bellatrix, les lèvres chaudes venant y apposer un baisemain dans les règles de l’art (ni trop long, ni trop court, appuyé juste ce qu’il faut). Les conventions sociales, il les connaît par cœur, les maîtrise depuis qu’il est gamin, depuis que son père lui a enseigné L’importance de tous ces gestes, de toutes ces attentions, cette façon de fonctionner au sein d’une élite qu’il a la chance de côtoyer. De peupler. La veste de velours est retirée des épaules, sans jamais les toucher, pour être suspendue de façon à ne pas être pliée, ni froissée. « Bien; ses sortilèges pour modifier les mémoires sont toujours aussi efficaces, bien plus que d’autres utilisés auparavant, et le recours à un Legilimens et à une empathe en même temps facilite grandement les choses. Elle en est très satisfaite. » Parler de cela avec légèreté, avec une réelle fierté; parler de modifier des esprits, des mémoires, de tordre les pensées, sans penser que d’autres s’en horrifient. Non : Louis est réellement fier de sa tante, d’être l’élève d’une telle femme. « Comment vous portez-vous ? Cette création vous va à ravir. » Nul doute que si sa fiancée était de la partie, elle saurait approuver ce choix de tenue, d’une haute couture remarquable. Trop austère, sans doute, pour Melusine, mais impossible de ne pas remarquer la qualité du vêtement, qui sied si bien à sa propriétaire.

La main est posée au creux du dos, au niveau de la taille étroite de Bellatrix. Les portes du salon, vers lequel il l’entraîne sans empressement, s’ouvrent d’un geste négligent de sa baguette. Les luminaires à l’huile y brûlent doucement, accompagnés de chandelles, et la musique discrète qui y joue ne nuit certainement pas à l’atmosphère paisible de la chaleureuse pièce. Sur la table du salon, déjà les bouteilles sont sorties, ainsi que son présentoir à cigarettes et à tabac, au goût de la Lestrange. Dara fait un bon travail, dans son obligation de rester invisible. Il n’a pas d’elfes de maison, il refuse catégoriquement que des créatures entrent chez lui, mais ses domestiques ont l’avantage d’être admirablement domptées. Il n’est pas un mauvais employeur. Il y a pire (comme il y avait pire maître pour sa rebut). « Je vous propose un verre, avant de passer au dîner. J’ai d’excellents whiskys, ainsi qu’un non moins excellent crémant rosé d’Alsace, si vous désirez quelque chose de plus léger. » Il se pliera lui-même au choix de son invitée. Un fauteuil s’approche des deux sorciers, prêt à accueillir le séant de Bellatrix, alors que le violoniste s’occupe de verser dans les verres appropriés le choix d’alcool effectué par la Mangemort. Il est calme, toujours, mais l’envie de fumer le démange, subitement, son vice qui trahit qu’il n’est certainement pas aussi calme et en contrôle qu’il désire constamment le paraître. Le verre de la Lestrange lui est tendu et il attend qu’il soit entre ses doigts pour s’adresser à elle à nouveau, avant de prendre place dans son propre fauteuil : « Puis-je vous appeler Bellatrix ? Ou serait-ce trop osé de ma part ? » La question brûle sa langue, presque interdite, presque trop audacieuse. Il n’ose pas s’imaginer cet honneur, préfère se voir refuser la chose. Il a encore des frissons (d’horreur, peut-être) de l’avoir entendue prononcer son prénom.
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Elle ressent dans un frisson les attentions de Louis Werner. Le baisemain performé avec délicatesse et la veste retirée inonde ses gencives d’une salive d’autrefois. A cet instant, Bellatrix se prend pour son élégante mère dont elle a vu mille fois les façons mondaines. Concernant Rigel, la sorcière n’écoute que d’une oreille discrète. Son regard scrute plutôt le décor. Le manoir qu’elle occupe n’a pas cette sobriété moderne. Néanmoins, depuis qu’elle en a détruit le salon, des améliorations sont possibles. Rodolphus ne pouvait rien lui refuser. « Je ne doute pas de sa satisfaction ». Les femmes de l’Elite britannique portaient la fierté en étiquette sous de multiples modalités. Le port altier d’une longue Rigel Werner faisait autant impression que l’orgueil anguleux qui sculptait le visage de l’ainée des Black. Il était primordial de reconnaître ses égaux dans une société aussi compétitive. Plus le haut de la pyramide se rapprochait et plus trouver des semblables étaient difficile. Question de confiance et de hiérarchie. C’est sans doute pour cela que Bellatrix Lestrange ne figurait dans aucun organigramme, dans aucune institution officielle. Depuis longtemps maintenant, elle se tenait à la droite du Maitre. Le pillage des musées et son attitude exemplaire lui avaient valu de reprendre un rôle à part entière. Cela lui en avait fait presque oublier Narcissa… La vie devait bel et bien continuer pour la plus grande des tortionnaires.

Lui enlever sa veste dévoilait l’œuvre qui revêtait ses épaules. Nul doute qu’au regard de Louis, elle su que son investissement était tout à fait justifié. Bellatrix arborait toujours un sourire franc, toujours trop étiré, la faute à ses zygomatiques surentrainés par la démence. « A vrai dire, je me porte très bien, lâcha-t-elle étrangement calme, le Maitre et moi sommes parvenus à de récentes avancées ». La formulation était volontairement floue, assez pour ne vouloir rien dire. On savait que la plus fidèle des partisanes des ténèbres voyaient régulièrement Lord Voldemort, au ministère la plupart du temps. Au planning horaire, des monologues glaçants approuvés frénétiquement par l’épouse Lestrange et des plans machiavéliques en présence du Cercle. On épargnait à la compagne de Rodolphus les rapports ministériels sur les insurgés et les récentes affaires. La dame était forgée pour l’action, et seulement pour cela. Rester attablé avec les bureaucrates n’avaient aucun sens. Son mari se chargeait de la synthèse tandis que le Lord définissait les grandes lignes lors d’entrevues plus restreintes. Son avis ne comptait que peu puisqu’elle n’avait que l’affirmative comme réponse au Magister. Personne n’aurait osé déroger à cette règle. Contrarier Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom n’avait jamais été au programme de l’engagement de la Marque.

Les talons frappent le sol en vrais souliers de Général des Armées. La guerrière n’a pas à se forcer pour avoir transformé le charme de jeune fille en élégance martiale de quinquagénaire redoutable. Ici, il n’était pas question d’être le prédateur de pitoyables proies. Elle se racle la gorge en écoutant la musique d’ambiance qui l’ennuie, mais elle se force à la supporter. L’invitation chez le violoniste comportait cette petite contrariété, elle s’y était préparée. Bellatrix n’appréciait que le tumulte des brasiers et des cris d’effroi, ou le silence complet. Ce n’était pas une mélomane accomplie ni même une amatrice d’instruments quelconques. « Une Bièraubeurre. Artisanale de préférence. Triple. Ecossaise. Fraiche. Dans un grand verre avec une paille. » Le ton monocorde annonçait son sérieux. C’est ce qu’elle voulait maintenant et tout de suite, comme une envie de femme enceinte en un peu plus dangereuse cependant. « Je n’aime pas les produits français ». Un mépris venimeux habita l’espace d’un instant les lignes fuselées de son visage. Elle ne comprenait pas, en femme d’un autre temps, cet engouement pour les produits importés d’on ne savait où. Cet attrait pour ce qui se trouvait à l’est de l’Angleterre était plus que déplacé. Ce décalage s’exprimait avec force, accentué par les années d’isolement dont les conséquences se voyaient très peu en cette soirée agréable.

Ses doigts manucurés terriblement vinrent capturer sans résistance une cigarette. « Appelez-moi Bellatrix si ça vous chante. » Fascinée par l’objet qu’elle avait observé si fréquemment dans la bouche des autres, elle avait répondu un peu sèchement. La fumée légère ne pénètrerait pas dans sa gorge. Bella préférait quelque chose de plus épais. Elle voyait cette chose comme hérétique et elle prit un cigare à la place, un Snuff Bocks, célèbre dans l’Allée des Embrumes pour son tabac noir aux volutes écœurants. Son père était un éminent client de cette boutique. Elle avait retrouvé un ton moins mielleux en prenant son verre comme si la bière qu’elle buvait en immenses gorgées rinçait son gosier courtois. Les expirations presque opaques l’entouraient d’émanations verdâtres. La Lestrange ressentit comme une évidence le besoin qu’avait Louis de prendre aussi un bâton de tabac. Aucune barrière ne l’empêchait de pénétrer dans l’esprit du violoniste Werner. C’était un petit livre ouvert pour elle, si douée. Elle se retint pourtant de jouer aux curieuses. Elle en savait assez sur son hôte pour pimenté la conversation. « Vous voir hurler en recevant la marque m’a rendue intime de votre parcours. » Bellatrix écrasa le cigare à peine entamé sur l’accoudoir en toussotant comme une enfant. Son caprice paternel n’avait pas duré longtemps et c’était une manière de dire au Werner qu’elle n’avait pas la même éthique. Aussi hypocrite ou avenant qu’il était, la favorite du Maitre n’était pas cette femme du monde comme les autres. C’était un bras armé, en toutes circonstances.
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