| « Il n’a jamais été question de rester passif. Suivre Potter, oui, les bras ballants, non. On est là pour l’aider, lui fournir les ressources qu’il lui manque, lui insuffler la confiance dont il a besoin. Toi, moi, tous les Insurgés… Nous ne voulons qu’une chose : la fin de cette guerre. » Une guerre qui, malheureusement, durait plus longtemps que prévu. Au départ, Vyk s’était dit que les choses rentreraient vite dans l’ordre. Mais plus le temps passait, plus la situation régressait. Au lieu d’avancer, on reculait. Et l’optimisme naturel de Vyk s’en voyait ébranlé. Pour autant, il ne s’apitoyait pas sur son sort. D’une parce que sa situation était tout à fait correcte, comparée à d’autres. De deux, parce qu’il n’en avait pas le droit : en période de guerre, inutile de faire savoir aux autres les difficultés et les problèmes rencontrés. Au contraire même, c’était plutôt le moment de distribuer de l’espoir, du courage… L’attente d’un renouveau. Vyk pariait que Morgana serait plutôt du genre à rester obstinément réaliste, à reprocher aux sorciers comme Hawkstone de répandre un espoir qui serait au final vain. Mais auprès des jeunes sorciers, manquant d’expérience, apeurés à la simple idée des rafles, cette méthode s’avérait être efficace. Vyk lui-même ressentait le besoin de se dire qu’ils ne se battaient pas en vain, que quelque chose de plus positif les attendait tous, dès lors qu’ils parviendraient à mettre Voldemort et son foutu gouvernement au tapis. « Morgana… ne te prends pas la tête comme ça. » murmura Vyk, en s’accroupissant face à son amie, le regard allumé d’une étincelle de bienveillance. Traitez-le de naïf si vous le souhaitez, mais Vyk aurait adoré rebooster le moral de Morgana. Lui trouver une raison d’être, de vivre. De se battre pour pouvoir profiter par la suite d’une vie faite de paix. Mais sans savoir pourquoi, une intuition lui disait que cette jeune femme était trop détruite pour pouvoir goûter à nouveau au simple bonheur. Elle semblait être passée par des choses si horribles, qu’il lui était peut-être impossible d’aller de l’avant, concrètement. Au lieu de quoi, elle menait cette vie de sauvage, tuant sans le moindre remord. Peut-être que Vyk ferait mieux de prendre un peu exemple sur elle… Après tout, c’était les sorciers comme lui, incapables de se détacher de ses principes et de ses valeurs morales, qui tombaient les premiers dans une guerre. A trop vouloir se montrer bon, il finirait par se faire avoir, par décéder dans cette boucherie humaine. Une idée qui lui glaçait le sang… il n’avait pas encore fait son choix, entre mourir ou sauver sa peau en tuant. Jusque-là, il était toujours parvenu à éviter les mangemorts, les représailles et Azkaban, sous son apparence de partisan fidèle à Voldemort. Mais viendrait un moment où il allait devoir se salir les mains, au risque d’y passer. « Une véritable aubaine… » souffla-t-il, pensif, lorsque l’Insurgé souligna l'absence de malédiction. A vrai dire, il avait encore la tête à l’idée de guerre, à la froideur implacable de Morgana, à la notion de bien ou de mal… Il secoua brusquement la tête, décidant de suivre son propre conseil. Ce n’était pas le moment de se prendre la tête. Il se redressa sur ses deux jambes, puis il se tourna vers l’Opaloeil. Majestueux et sévère. Puissant, malgré sa soumission. Vyk en était toujours autant impressionné, comme au premier jour. Parfois, il se surprenait à se demander quelle image il renvoyait, de lui-même. Morgana le voyait-elle comme un puissant allié ? Un allié de confiance ? Ou juste un lâche, qui avait choisi la place en société, plutôt que les Insurgés ? C’était clairement le moment de faire ses preuves. « Je trouverais sûrement plus d’informations détaillées dans le bureau de mon supérieur, quant à ces sortilèges. Ca sera un jeu d’enfant pour toi, j’en doute pas. On se donne soixante-douze heures ? Le temps que tu puisses prévoir une façon de revenir dans cette réserve. » Il se doutait bien que ça n’avait pas dû être une tâche facile pour elle de parvenir à s’infiltrer dans le coin. Néanmoins, il ne doutait aucunement de son amie : elle était pleine de ressources, intelligente et talentueuse. Plus rusée qu’un renard. Elle saurait se débrouiller, elle n’avait clairement pas besoin de l’aide de quiconque. « Sur ce, je dois te laisser. Du travail m'attend encore ailleurs. » Vyk tendit une main en direction de son amie, toujours assise dans l’herbe fraîche. Il l’aida à se relever, avant de lui donner une brève accolade, durant laquelle il se permit de dire d’une voix presqu’inaudible : « Veille bien sur toi, Ives. » Trois pas pour se reculer, et un sourire aux lèvres. Leur échange s’arrêtait là. Et Vyk repartait avec une mission, une façon pour lui de faire ses preuves, de trouver sa place dans cette guerre, un rôle près des Insurgés. « Au fait, attention au dragon. Ca mord, ça griffe, et ça brûle en plus. » lâcha-t-il d’un ton moqueur, dans une dernière réplique faite d’humour et de légèreté. Sur ces paroles avisées, Vyk transplana. Fin du sujet. |
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