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❝ Reality cuts me like a knife ❞ Novembre 2002

Mort. Son regard est dépourvu de vivacité, d’intérêt particulier. Les journées s’enchainent, se succèdent, vides. Même les mystères médicaux ne parviennent plus à attirer son œil expert. Vayk erre d’un bloc à l’autre, d’un étage à l’autre sans vraiment trouver de solution. Ses doigts s’agitent de spasmes douloureux à chaque opération trop méticuleuse et la Hongroise se blâme pour sa propre stupidité. Elle avait cru tout pouvoir régler seule, ne partager avec personne l’entrevue avec Bellatrix Lestrange et les stigmates qu’elle avait laissé. Bêtement, elle s’était même appuyée sur les capacités de la louve pour que tout redevienne comme avant. Plus ou moins. Chimère, évidemment, éternelle poursuite d’une passé révolu. Chaque acte engage une conséquence, et rien n’était jamais comme avant. Elle devrait le savoir, à force de rentrer dans les murs pour trop se parer d’œillères. Les certitudes de la louve s’effritent avec ses compétences. Démunie et incapable d’effectuer le moindre mouvement précis sans étouffer un couinement de chiot blessé, elle ne sait que se morfondre.
Comme d’habitude, elle a laissé la situation pourrir. Comme elle a mis des semaines avant de prendre le chemin d’Ollivander pour l’achat d’une nouvelle baguette, elle a mis des jours à réaliser que la blessure transperçant sa main droite de part en part ne guérirait jamais sans aide et qu’à moins d’être Shiva, elle ne pouvait le faire d’elle-même. Des jours encore décortiquer les possibilités qui s’offraient à elle : demander à ses internes ou se tourner vers le personnel de Ste Magouste. Choisir entre la peste et le choléra puisqu’Adele n’était pas une option viable. Trop proche, trop de questions curieuses (plus encore qu’avec le personnel s’entend) à laquelle elle s’exposait, avec Owen Avery en Damoclès, ce qu’elle préférait largement éviter. Et des heures, désormais, qu’elle se torturait autour de la seule et unique option qu’il lui restait en la personne d’Anna Grimaldi.
Ses doigts se pressent sur la blessure recousue par Lestrange dans un acte de bonté tordu, grimace amère fendant ses lèvres pour se ponctuer d’un soupir douloureux. Les points enflés courent le long de la paume meurtrie aux couleurs douteuses que la Hongroise ne peut s’empêcher de fixer avec un dégoût mêlé de fascination indécente. Elle n’aurait pas elle-même été le sujet de torture qu’elle en aurait trouvé le cas médical particulièrement intéressant.
« Trevor ! Vous direz à vos camarades que je veux un rapport sur les analyses du cas Maltese d’ici demain soir. Je vous laisse en charge pour le reste de la journée. » Hurle-t-elle à travers le couloir à son interne le moins empoté, enfin décidée à sortir pour se trainer jusqu’au bureau de Grimaldi.
Crac. A son plus grand désarroi, la louve n’a d’autre choix que de transplaner, le déplacement en balai étant exclu d’office par l’état désastreux de sa main et son empressement voulant qu’elle évite, pour une fois, de marcher jusqu’au Ministère.
« Je viens voir Anna Grimaldi. » Elle articule avec soin pour la secrétaire qu’elle suppose un peu stupide, l’estomac encore retourné par le voyage, se promettant comme à chaque fois de ne plus jamais transplaner sauf en cas d’urgence. Sec et péremptoire, le ton n’appelle aucun refus ni délai. Le regard intense qu’elle darde sur la malheureuse derrière le bureau achève de la convaincre de lui offrir une réponse dans la seconde suivante.
« Elle n’est pas là aujourd’hui. » Glisse la voix morne, hérissant les poils de la louve et agitant la colère endormie. Bien. Fort. Bien. Elle n’était même pas capable de savoir quand, exactement, son amie était disponible. Même « amie » est un terme qui prend une ampleur bien trop grande au regard des derniers évènements.
Crac. Voyage. Nausée. Dégoût. Faiblesse. Et la Bran Tower se dessine lentement devant ses yeux embués. La Hongroise se traîne avec plus ou moins de grâce jusqu’à l’appartement d’Anna, priant tous les dieux du panthéon nordique qu’elle soit disponible et que sa cousine n’ouvre pas la porte à sa place. Pas qu’elle ne l’apprécie pas, une mangemort était toujours bonne à quelque chose (enfin a priori) mais Vayk ne pourrait assurément pas essuyer un second échec. Après avoir passé des jours à s’interroger sur l’approche à adopter, des jours pour se décider à enfin se lever pour aller pleurer dans les jupes de Grimaldi, revenir au point de départ sonnerait certainement le glas de ses capacités de médicomage. Et elle n’aurait plus qu’à se trancher la main (qui a dit « dramaqueen » ?).
D’un geste plus précipité qu’elle le voudrait, la louve martèle la porte de sa main encore valide, soucieuse de l’état de sa blessure après deux voyages successifs… Et accessoirement peu désireuse de rendre son thé matinal si elle restait debout trop longtemps.
« Anna ? C’est Vayk… Esterházy. » Elle ne sait pas vraiment pourquoi elle précise le patronyme. Londres n’abrite pas des centaines de personne au prénom semblable au sien. L’accent hongrois qui effleure les mots, éveillé par la panique et la précipitation, ne trompe personne, de surcroît. « Je vous présente mes excuses si je vous dérange mais j’ai besoin... » Un temps d’arrêt. Un silence durant lequel la louve se laisse glisser le long de la porte, silhouette pathétique pour apaiser les tripes nouées. « J’ai besoin de votre aide. » Comme à chaque fois qu’elle doit requérir une aide extérieure, les mots s’étranglent et Vayk manque de souffle, angoisse millénaire d’essuyer un refus, peur de mal faire, mal formuler.

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WIZARD • always the first casuality
Anna Grimaldi
Anna Grimaldi
‹ inscription : 07/06/2015
‹ messages : 1824
‹ crédits : mathy.
‹ dialogues : #e95353.
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‹ âge : trente-quatre
‹ occupation : guérisseuse au service d'infection par virus et microbe magique et co-présidente de l'association "Rosier's Disease Research Trust".
‹ maison : Serdaigle
‹ scolarité : 1980 et 1987.
‹ baguette : est en bois de charme, contient une plume de phénix et mesure 26,4 centimètres.
‹ gallions (ʛ) : 5557
‹ réputation : je suis fragile et que j'ai été manipulée par mon compagnon.
‹ particularité : occlumens.
‹ faits : je suis de sang pur, que je fais partie de la famille Grimaldi, que je suis d'origine italienne, que j'adhère aux idées insurgées mais que je me suis résolue à ne jamais les rejoindre pour le bien être de ma fille, que je suis une ancienne guérisseuse et que je sais donc comment soigner les gens de diverses pathologies, que je me défends en duel, que j'adore lire, que j'apprécie les jolies choses.
‹ résidence : dans un petit studio sur le chemin de traverse que le gouvernement a bien voulu me donner pour mon implication de guérisseuse durant la guerre. La demeure des Grimaldi à Herpo Creek ainsi que mon appartement à la Bran Tower avaient été saisis. Je dispose toujours d'une résidence secondaire et tertiaire à Brighton (maison d'été) et à Florence (terres italiennes).
‹ patronus : un lapin, patronus de Thomas
‹ épouvantard : un entassement de corps, celui de mes enfants et des êtres qui me sont chers.
‹ risèd : ma famille heureuse et recomposée.
http://www.smoking-ruins.com/t1958-anna-loooove-me
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Longue nuit, douce nuit … Lorsqu’elle ouvrit les yeux ce matin-là, elle ne réussit qu’à sentir le vide viscéral qui lui tordait les entrailles. L’appartement était trop silencieux, trop calme … Plusieurs jours, plusieurs semaines même, mais elle ne s’y habituait toujours pas. Elle avait renvoyé sa gouvernante chez elle, Cara était quant-à-elle encore sur le terrain à traquer des insurgés ou des traitres. Depuis qu’elle lui avait enlevée toute raison de rentrer à la Bran Tower, Cara n’accordait plus vraiment d’importance à cet appartement qu’elles avaient pourtant choisi de prendre ensemble il y a quelques mois de cela. Traînant des pieds dans le couloir, tout en resserrant les pans de sa robe de chambre, elle regardait ce loft quasi-inhabité avec tristesse et désespoir. Cet appartement qu’elle trouvait autrefois clair, lumineux et vivant était devenu terne et sinistre. Qu’avait-elle fait ? Elle plaqua ses mains contre son visage et se retint de fondre en larmes. Le principal était que tout le monde était en sécurité et que Cara ne lui ait pas mis de bâtons dans les roues, même si elle lui en voulait. N’était-ce déjà pas un pas dans la bonne direction ? Dans un soupir elle se dirigea vers la cuisine, prit son petit déjeuner, avala ses médicaments et se prépara pour une nouvelle journée de travail. Joie et optimisme, essaya-t-elle de se convaincre.

Epoussetant sa robe bleu marine, elle fixait les dossiers ornés du sceau du ministère, étalés sur toute la longueur de la table à manger, et ceux qui avaient été renversés par terre trainant par ci, par là, dans le bazar qu’avait laissé le département de la justice magique après leur fouille des lieux. Elle avait toujours trouvé que la perquisition d’appartement n’était qu’un défouloir pour les agents qui s’en chargeaient. Ils n’avaient aucun respect pour le mobilier et les affaires des autres, tout ce qu’ils voulaient c’était trouver et détruire. Ils ne savaient pas doser leurs actes et détruisaient tout sur leur passage. La veille, elle les avait regardés faire, impuissante, mais également rassurée de ne plus rien avoir à cacher. Cependant aujourd’hui était un autre jour, celui du rangement, celui des constats et du travail. Ces dossiers que sa toute nouvelle secrétaire avait soigneusement rangés et classés ne ressemblaient plus qu’à un amas de papier sans sens, ni organisation. Heureusement, elle l’avait bien formée et la jeune débutante avait soigneusement marqué les feuilles de chaque dossier de façon à ce qu’un coup de baguette suffise à réordonner les feuilles. Pure expérience personnelle, elle avait déjà vécu ça, et ne voulait pas qu’une mauvaise organisation impacte sur son nouveau travail de directrice adjointe. Elle sortit sa baguette, tapota le bout de celle-ci sur la table, puis vers le sol, et elle regarda pendant quelques minutes, les feuilles se ranger d’elles-mêmes dans leurs pochettes et former de jolies piles. Les mains sur ses hanches, son cerveau était à moitié ailleurs. « Parfait ! », dit-elle finalement lorsque toute la pièce fut mise en ordre. Elle porta son regard sur l’horloge au-dessus de la cheminée et finit par s’asseoir devant cette flopée de travail qui l’attendait. Des lectures, des relectures et des signatures principalement, mais ce travail était fastidieux, et la moindre erreur commise lui retomberait dessus, donc elle devait être soigneuse.

Alors qu’elle apposait sa signature sur un énième contrat, elle sursauta sous l’assaut des coups martelés à la porte. Peu habituée à accueillir des gens chez elle, elle se demandait qui pouvait bien venir lui rendre visite à cette heure-là, et surtout en ce contexte peu sain où tout bon citoyen serait enclin à éviter les potentiels traîtres. Elle fixait la porte sans même tenter d’amorcer un mouvement dans la direction de celui ou celle qui venait pilonner à sa demeure. « Anna ? C’est Vayk… Esterházy. » Elle agita la tête de droite à gauche. Voilà un moment qu’elle n’avait pas vu Vayk. A quand cela remontait-il ? Plusieurs mois sans doute, peut-être même plus. Elle n’arrivait pas vraiment à resituer ce jour avec exactitude. Elle avait déjà du mal à se souvenir de la façon dont elle devait se comporter avec elle. Elles ne se sont jamais détestées, elles ont eu de longues discussions plaisantes et distrayantes … Mais cela faisait-il d’elles des amies ? Elle voulait le croire. Elle se leva alors que la voix étouffée de Vayk poursuivait. « Je vous présente mes excuses si je vous dérange mais j’ai besoin... » Ce suspens eut le don d’attiser sa curiosité. De quoi pouvait-elle avoir besoin ? Suspendue au-dessus de ses escarpins à talons, elle s’arrêta devant la porte, fit glisser sa baguette au niveau de l’interstice et les loquets se déverrouillèrent les uns après les autres. « J’ai besoin de votre aide. » Elle ouvrit la porte et dut baisser les yeux pour voir la mine fatiguée de la jeune hongroise. D’instinct, son regard se portèrent sur la blessure de Vayk et elle supposa comprendre où son aide serait requise. Son invitée ne semblait vraiment pas très en forme et elle crut bon de le préciser. « Tu sembles … malade … » Après quelques années de rupture avec son héritage noble de sa famille, elle avait perdu quelques habitudes ; notamment le fait de vouvoyer des personnes potentiellement plus élevées ou à son niveau dans l’aristocratie. Elle ne se souvenait pas exactement où Vayk se plaçait précisément, mais après ce qu’elles avaient déjà vécu dans leur passé, elle pensait pouvoir faire abstraction de ces politesses.

Elle se baissa et aida Vayk à entrer à l’intérieur. « Tu ne sembles pas dans ton état normal. Tu es très pâle … » Que des constatations qu’elle aurait pu se garder de faire au vu des connaissances égales qu’avait son amie en matière de médicomagie. « Viens, assieds-toi et dis-moi comment je peux t’aider … » Elle présenta le canapé à la hongroise et la regarda avec bienveillance. « Attends, je vais t’apporter un verre d’eau … » Elle se dirigea avec précipitation vers sa cuisine ouverte et manqua de renverser une de ses piles de dossier. Revenant plus calmement vers son invitée, elle lui tendit le verre et s’assit en face pour mieux l’observer. « Alors, en quoi puis-je t’être utile ? »
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❝ Reality cuts me like a knife ❞ Novembre 2002

Quelques secondes suffisent pour qu’Anna ouvrent enfin la porte. Quelques secondes qui lui paraissent une éternité nauséeuse. Les ambres se lèvent sur l’Italienne, entre la porte qui s’entrouvre et un ersatz de sourire vient fendre ses lèvres. En d’autres circonstances, elle serait heureuse – plus ou moins – de croiser son regard après plusieurs mois. « Tu sembles … malade … » Un claquement de langue agacé accueille le constat, avant même qu’elle n’ait pu le retenir. Plus fort qu’elle, que les manières auxquelles elle s’astreint, le mépris agacé traverse brièvement ses traits, le fond des prunelles qu’elle pose placidement sur Anna Grimaldi. Le tutoiement allié au diagnostic suintant de banalité lui laisse un goût amer et elle en viendrait presque à regretter de ne pas avoir choisi Adele pour l’épineux problème. Bien sûr elle pourrait lui faire remarquer qu’elles n’ont plus la proximité de leurs dix-sept ans, ni l’innocence, d’ailleurs, arguer que la formule manque de cette distance polie qu’elle affectionne tant. En même temps que la mèche qui lui tombe sur l’œil, elle écarte les reproches qui fusent, s’emmêlent au bout des lèvres. D’un geste dédaigneux, plus destiné à sa propre personne qu’à Grimaldi, elle fait taire l’orgueilleuse Louve qui gronde, prête à mordre la main qui la nourrit. Pas le moment pour attaquer, bien que l’animal blessé tende à claquer les crocs à la moindre approche, réflexe agressif de la bête acculée.

Avec toute la dignité qu’il lui reste, elle vacille quelques instants avant de se redresser définitivement, légèrement agrippée au bras qu’Anna lui tend, la fierté jetée au diable. « Tu ne sembles pas dans ton état normal. Tu es très pâle … » Nouveau claquement de langue alors qu’elle entre dans l’appartement parfaitement rangé, les inquiétudes qu’elle écarte comme les constats inutiles, purement descriptifs. A force des jouer les secrétaires, Anna a peut-être perdu de ce qui faisait d’elle une guérisseuse talentueuse… « Le mal des transports, ne t’en fais pas, ça ne durera pas longtemps. » croasse-t-elle en haussant vaguement les épaules, plus sèche qu’elle ne le voudrait. Sa voix traîne, insiste sur les symptômes pour que le malaise ne soit pas confondu avec le mal véritable. « Viens, assieds-toi et dis-moi comment je peux t’aider … » Docile, elle obtempère, cherche les mots pour expliquer, la force pour formuler mais voilà qu’Anna est déjà partie, heurtant une pile de dossier qui attire son regard. « Attends, je vais t’apporter un verre d’eau … » La curiosité de la Hongroise s’emballe, informations sur le gouvernement ou les insurgés, soupçons confirmés qu’elle pourrait rapporter ventre à terre au Magister, les théories lui agitent l’esprit et un instant elle songe à passer à l’action. Secondes de flottement et d’angoisse exalté, ses yeux rivés aux dossiers qu’elle voudrait parcourir et cette partie d’elle qui refuse d’admettre que l’amie, quoi que lointaine, puisse se faire traîtresse. La fidélité trop ancrée, trop mal placée se dispute à l’ambition, au besoin plus grand de guérir, désir jaloux sous la peau. Et Anna qui revient, trop placide et trop parfaite, un calme composé sur les traits que Vayk ne peut s’empêcher d’apprécier à sa juste valeur. Elle sait d’expérience, pour connaître Anna depuis plus longtemps qu’elle le voudrait, que, dans la tempête, Grimaldi plie mais ne rompt pas. Fait s’appliquant même aux rumeurs de trahison qui voguent, pernicieuses, insidieuse entre deux discussions. Curiosité toujours trop grande bouillonnant dans les veines, gratter le vernis pour mieux mettre au jour les motivations qu’elle soupçonne. Vayk a toujours à l’esprit la Grimaldi frondeuse et des centaines de questions se pressant aux lèvres. La Hongroise en oublie presque qu’il s’agit d’elle et non de la flamboyante italienne. Que c’est elle qui, pour l’instant, a besoin d’aide. « Alors, en quoi puis-je t’être utile ? » Elle enroule ses doigts autour du verre tendu et en boit une gorgée dans un silence religieux. Ses prunelles fixent le liquide comme s’il détenait les réponses, quoi que la blessure puisse parler d’elle-même. « Merci. » Le premier mot qui sort enfin, clair et sans aspérité, le regard de nouveau ancré dans celui de l’Italienne. Elle a récupéré son assurance, la louve, toujours blessée mais plus aculée, les instincts farouches repoussés au plus profond des entrailles. « Ta cousine n’est pas là ? » Indiscrétion autant que crainte d’être interrompue, blessure qu’elle ne montre qu’à ceux qu’elle a choisi – plus par honte que par choix conscient. Et Anna ne juge pas. Du moins elle l’espère.
D’un geste précautionneux, elle repose le verre sur la table, laisse apparente la main meurtrie sans pour autant la tendre, les phalanges pressant son poignet comme pour le retenir. « Comme tu peux le voir, j’ai eu… un léger accident. » De l’index, elle désigne les points boursoufflés lui traversant la paume, prenant grand soin de ne pas les effleurer. La louve exhale un soupir résigné, presque fatigué. « Je ne peux pas le faire moi-même. » L’aveu d’impuissance qui lui arrache les lèvres. « Tu es la seule à ne plus être reliée directement à Ste Mangouste. J’espère que tu comprends… » La seule qui ne posera peut-être pas des questions nécessitant une réponse sincère laissant d’amères traces sur un dossier médical déjà chargé.  

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‹ baguette : est en bois de charme, contient une plume de phénix et mesure 26,4 centimètres.
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‹ réputation : je suis fragile et que j'ai été manipulée par mon compagnon.
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‹ faits : je suis de sang pur, que je fais partie de la famille Grimaldi, que je suis d'origine italienne, que j'adhère aux idées insurgées mais que je me suis résolue à ne jamais les rejoindre pour le bien être de ma fille, que je suis une ancienne guérisseuse et que je sais donc comment soigner les gens de diverses pathologies, que je me défends en duel, que j'adore lire, que j'apprécie les jolies choses.
‹ résidence : dans un petit studio sur le chemin de traverse que le gouvernement a bien voulu me donner pour mon implication de guérisseuse durant la guerre. La demeure des Grimaldi à Herpo Creek ainsi que mon appartement à la Bran Tower avaient été saisis. Je dispose toujours d'une résidence secondaire et tertiaire à Brighton (maison d'été) et à Florence (terres italiennes).
‹ patronus : un lapin, patronus de Thomas
‹ épouvantard : un entassement de corps, celui de mes enfants et des êtres qui me sont chers.
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Aider les autres était une vocation qu’elle avait toujours eue. Durant toute son enfance, elle avait vu son père être attentionné, prendre soin de sa famille et de ses amis, toujours être là quand quelqu’un avait besoin de lui. Même sa mère s’était montrée particulièrement attentive au bien-être des autres. Cette dernière avait beaucoup donné, même si Anna elle-même avait peu reçu. Tout autour d’elle, les gens se dévouaient pour les autres, offraient de leur temps et de leur personne pour que le monde se porte bien. Faire passer les autres avant soi-même, voilà sa politique, voilà son idéal … Être meilleure pour les autres que pour elle-même. Douce, délicate et attentionnée, elle a su imposer sa force et ses convictions dans son métier. Ses formateurs lui avaient beaucoup appris, mais pour être la guérisseuse qu’elle était aujourd’hui, elle avait dû puiser dans ses propres ressources et ses propres connaissances. Elle aurait pu s’épanouir dans ce métier, devenir une personne influente et réputée. Le soin qu’elle portait à mener chacun de ses patients vers la guérison avait fait d’elle une femme déterminée et pleine d’ambitions altruistes. Elle était parfaite pour ce métier … Mais elle ne s’attendait pas à ce que la mort et le traumatisme l’empêchent d’exercer ce pour quoi elle était faite. Quel gâchis ! se souvenait-elle avoir entendu de la bouche de sa mère. Les gens n’avaient pas compris, elle n’avait pas expliqué non plus. Le silence valait parfois bien mieux que mille mots. Lovée dans le confort du mutisme et du déni, l’obscurité l’avait gagnée, consumant et anéantissant toute sa bienveillance et son savoir. La guérisseuse n’était plus que l’ombre d’elle-même. Elle continuait à soigner, mais lorsque cela était nécessaire. Autrement, la trousse de premier soin, les chaudrons, les potions, tout était enfermé dans une malle pour un usage personnel. Elle se gardait bien de partager les remèdes émanant de ses propres connaissances – égoïsme protecteur – pour ne pas soigner celui qui ne le méritait pas. Elle s’était faite juge et partie ; préférant abandonner les victimes plutôt que de soigner les bourreaux. Parfois, ce sentiment de culpabilité la pinçait au cœur et la rappelait à la raison ; mais jamais assez longtemps pour lui faire regretter ses choix. Elle était directrice adjointe du département de coopération magique internationale, et se satisfaisait à présent de sa position.

Assise en face de Vayk, ses sens s’étaient mis en éveil. Malgré la relation parfois amicale parfois conflictuelle qu’elles partageaient, Anna avait toujours fait en sorte de maintenir une bonne entente entre la jeune hongroise et elle. Ne partageant pas les mêmes opinions, mais malgré tout pas si différente, elles se donnaient l’une l’autre assez de sympathie pour entretenir leur amitié. Ses yeux fixaient la plaie apparente de son invitée, examinant avec attention ce qui semblait être la raison de sa venue ici. « Merci. » Elle détourna son regard de la blessure, passa une main dans ses cheveux avec gêne et fit un petit signe de tête. « Ta cousine n’est pas là ? » Ce sujet était assez tabou ces derniers temps. Anna n’avait pas trop envie que des rumeurs ne soient lancées à partir d’une mauvaise interprétation de ses paroles. Elle hésita quelques instants et finit par délivrer une explication plutôt plausible et véridique. « Non. A vrai dire, ces derniers temps, elle rentre très peu. Le ministère lui donne beaucoup de mission et en tant que rafleuse, il y a toujours des indésirables à ‘chasser’ ! » Un sourire sincère souleva ses lèvres. Lorsque Vayk dévoila sa blessure, son regard se baissa instinctivement sur la main meurtrie et elle se surprit à penser que son cas était désespéré. « Comme tu peux le voir, j’ai eu… un léger accident. » Léger était un euphémisme. Comment soigner une blessure aussi avancée ? Cela ne se ferait pas en quelques heures, avec seulement quelques points de suture. La personne qui s’était occupée des premiers soins l’avait fait de façon bâclée et peu soignée ; les cicatrices étaient difformes et les boursoufflures qui surmontaient les contusions étaient rougies par une inflammation – si ce n’était une infection - . Anna s’imaginait que Vayk avait pris soin de protéger la plaie d’éventuelles complications, et elle l’espérait vraiment pour son amie, mais pour l’instant, elle avait beaucoup de mal à être optimiste quant à l’issue de cette blessure. « Je ne peux pas le faire moi-même. Tu es la seule à ne plus être reliée directement à Ste Mangouste. J’espère que tu comprends… » Elle acquiesça, cet air pensif fixé sur son visage. Silencieuse, elle tendit ses mains vers Vayk pour recueillir l’objet meurtri qui se présentait à elle. Sans toucher la plaie, elle observait la blessure de plus près. Puis subitement, elle se leva, attrapa sa baguette et d’un léger mouvement, fit parvenir jusqu’à elle, une petite malle en bois. « J’imagine que tu te doutes que je ne peux pas faire grand-chose avec le peu dont je dispose chez moi. Il faudrait que je puisse avoir accès à du matériel un peu plus spécialisé. » Ses mains se parèrent de gants et elle sortit une petite boîte ronde, alignant sur la table tout son nécessaire à sutures. « Je pense que je vais commencer par te refaire des points, plus propres … Parce que la plaie a beaucoup de mal à cicatriser ainsi. » Ne pas poser de questions, se baser sur les faits et la théorie. Elle savait ce qu’un tel service nécessitait, elle savait ce que Vayk avait sous-entendu lorsqu’elle lui avait demandé de l’aider. Anna connaissait trop bien les travers de l’homme à toujours vouloir connaître le pourquoi du comment et à lancer des rumeurs lorsqu’il n’obtenait pas ce qu’il attendait. Elle-même se retenait de le demander, son visage s’était d’ailleurs crispé dans une grimace difforme pour ne pas laisser s’écouler tous les questionnements qui lui torturaient l’esprit. Concentre-toi sur les soins. Elle découpa les sutures du bout de sa baguette et attrapa une aiguille surmontée d’un fin fil miroitant. « Un anesthésiant local te suffira ? » Elle fixait la hongroise, son esprit continuant à chercher des réponses.
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