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sujet; all this bad blood here +hecate
MessageSujet: all this bad blood here +hecate   all this bad blood here +hecate EmptyMer 14 Déc 2016 - 22:43

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won't you let it dry
We were young and drinking in the park There was nowhere else to go And you said you always had my back, Oh but how were we to know ? That these are the days that bind you together, forever And these little things define you forever, forever. All this bad blood here, Won’t you let it dry ? It’s been cold for years, Won’t you let it lie ? If we’re only ever looking back We will drive ourselves insane As the friendship goes resentment grows We will walk our different ways. But those are the days that bind us together, forever And those little things define us forever, forever. All this bad blood here, Won’t you let it dry ? It’s been cold for years, Won’t you let it lie ? ~ bad blood, bastille.


Hecate était dans la merde. Des pieds à la tête. Elle y nageait, essayait même très certainement de s'y complaire ; à sa place, Letha avait tenté d'en faire autant. La sorcière baissa de nouveau son nez vers le dernier parchemin que sa cousine avait envoyé, notant mentalement l'heure et le lieu de leur rendez-vous – une première depuis des lustres. La sorcière avait l'impression d'avoir oublié le visage d'Hécate, le son de sa voix, sa façon bien à elle de lui faire comprendre qu'elle était cool, dans une société dans laquelle Letha était réellement tout sauf ça. Elle lui manquait, pourtant, et la jeune femme ne croyait pas un mot de ce qui se disait à son propos. Proche de Rabastan Lestrange ? Et puis quoi encore ? Letha croyait volontiers que sa cousine avait certainement dû faire de mauvais choix au cours de cette foutue guerre – comme tous ceux concernés de près ou de loin par cette société qui avait lentement fini par s'effilocher – mais elle refusait de la penser mauvaise. C'était impossible. Pas Hécate, surtout pas Hécate. Le seul individu qui n'avait plié face à l'adversité – et Letha, qui ne se fiait pas aux photos que l'on voyait dans les journaux ou sur les affiches de recherche, dénigrait le charme certain que Rabastan possédait. Allons bon, un homme ! Hécate n'avait jamais posé un seul putain de genou à terre. Et ce n'était très certainement pas pour les yeux d'un mangemort qu'elle – qu'elle aurait – non. Ou bien elle n'était plus consciente de ses faits et gestes. Ou bien – plein de choses. Letha enserra ses doigts autour du papier déjà froissé, prise à la gorge par un doute violent qui raffermissait toujours un peu plus sa prise autour de ses beaux idéaux. C'était plus difficile qu'elle ne l'avait imaginé, d'accepter la culpabilité de sa cousine, sans lui chercher d'excuse, sans tomber dans le déni. C'était plus compliqué, et plus douloureux. Mais il s'agissait de sa famille, celle qui comptait encore sur elle, et cette sombre idiote était loyale.

La carte Virgile avait fait surface à peine avait-elle posé un pied chez ses parents. Letha avait également retrouvé les explications de cette situation dans la première lettre d'Hécate. Si elle comprenait les raisons pour lesquelles les enfants étaient retirés de leurs parents, si ces derniers étaient de fervents adorateurs de la suprématie des familles de sang-pur, la jeune femme bouillonnait de rage en s'apercevant que le Ministère temporaire ne faisait aucune différence entre les bons et les mauvais sorciers, entre les bons et mauvais foyers. Que Virigile ne soit plus sous l'autorité d'Hécate, soit, pourquoi pas, les gratte-papiers possédaient une certaine logique derrière tout ça – elle pouvait l'accepter, Hécate était en fuite après tout. Mais qu'ils refusent de leur rendre Virgile, à eux, les pauvres quémandeurs de Shacklebolt qui n'avaient jamais rien demandé à personne et qui s'étaient battus aux côtés des insurgés pour certains. Niet, nada, que dalle – allez tous bien vous faire foutre et merci pour les services rendus à la NATION, wink wink, une petite tape sur le cul et ça repart. C'était un scandale que Letha était toutefois prête à affronter, même si ses derniers entretiens avec les malfrats (ou plutôt les sous-malfrats, puisque les grands génies qui avaient eu cette idée scabreuse n'étaient jamais disponibles pour se faire engueuler) qui s'occupaient du placement de Virgile étaient aussi agréables et ouverts d'esprit que des Détraqueurs. Face à ce genre de comportement, Letha peinait à croire qu'elle avait quitté une dictature, ayant engendré une ségrégation importante, pour en rejoindre une autre. Elle glissait un regard de dégoût à tout ce que ses comparses avaient pu accomplir, à tout ce qu'elle avait fait à une échelle toutefois moindre ; tout ça pour se retrouver à feuilleter des dossiers, à réclamer Virgile, à dire que les Shacklebolt n'était pas comme les autres. Que c'était une grossière erreur. Qu'ils étaient les gentils de l'histoire, si on considérait ces quelques dernières années sous un prisme manichéen.

Mademoiselle Shacklebolt est en cavale cependant, et elle était la gardienne de Virgile. Nous comprenons votre intérêt pour cette affaire mais on voulons ce qui est de mieux pour cet enfant. Nous ne pouvons pas le laisser sous votre surveillance avant de nous assurer que - c'était sa famille, comment osaient-ils. Comment osaient-ils mettre en doute leur intégrité, comment – vous remplissez nos conditions d'accueil et que Mademoiselle Shacklebolt n'a pas perverti Virgile. Perverti Virgile, perverti Virgile,  perverti Virgile. De qui se foutait-on ?

Letha roula la lettre en une boule compacte et la jeta dans les flammes. Aucune preuve, pensa-t-elle, brutalement satisfaite par la vision du papier léché par le feu. Se concentrer sur Virgile l'empêchait de penser à Alice. La vie sans Alice. L'après-guerre sans Alice. Comment pouvait-elle espérer se sevrer de sa souffrance en se livrant corps et âme dans une lutte qui concernait un autre enfant ? Il y avait des choses qu'elle ne pouvait pas expliquer, comme ce soulagement latent qui l'attendait parfois au bout du tunnel lorsqu'elle passait ses journées à travailler. Elle avait découvert que travailler longtemps, sans s'octroyer la moindre minute de repos, lui permettait de se vider l'esprit, même si rien de ce qu'elle faisait n'avait le moindre sens dorénavant. Le fossé entre ce qu'elle avait été, et ce qu'elle était aujourd'hui, était large et lui semblait infranchissable. Elle sauterait un jour. Un jour, pas aujourd'hui, pas maintenant.


• • •


Le pub moldu était bondé. Letha avait trouvé une place au bar, maudissant sa cousine pour avoir proposé un lieu qui paraissait insalubre, alors qu'elle en avait l'habitude. Après avoir passé des années à patauger dans la boue, la sorcière rêvait désormais de bains aux senteurs aphrodisiaques, jusqu'aux jolies robes qu'elle voyait en boutique mais n'osait pas acheter, retenue par ses vieux démons qui ne comprenaient pas cette soudaine envie d'être chouchoutée. Elle percutait toutefois – ici, le risque de se faire choper était quasiment inexistant. Hécate aimait ça, être aux côtés des moldus, elle s'y sentait à l'aise. Ce n'était pas la cuppa de Letha, mais elle s'y accommodait bien volontiers s'il était question de vie ou de mort. Lorsqu'elle sentit une présence à ses côtés, soutenue par un léger contact d'épaules, Letha sentit son estomac se plomber d'un poids dont elle aurait voulu se débarrasser. Elle ne voulut pas tourner la tête, mais ne put s'y empêcher, observant le profil de sa cousine. En un instant, elle crut avoir oublié tout ce qu'elle était supposée lui reprocher – à commencer par les rumeurs abjectes qui courraient à son sujet. Un peu perdue face à la bonne façon d'entamer l'échange, Letha regarda tout autour d'elle, à la manière d'un suricate, s'attendant à voir Rabastan débarquer à tout moment dans le pub. Cette image avait quelque chose d’irréel, de grotesque presque – sa cousine, et un mangemort. L'idée la fit, pour la toute première fois depuis qu'elle y prêtait attention, esquisser un sourire. « J'espère que tu tiens le coup » souffla Albertha en se positionnant correctement face au bar, ses mains bien à plat sur le bar. « Si tu savais ce qu'ils racontent à ton propos, ça te rendrait folle, j'ai moi-même du mal à rester calme. Sérieusement, j'ai l'impression d'avoir fait un bond en arrière, comme si tout ce qu'on avait fait pendant cette guerre avait été inutile. Les sang-purs prennent désormais la place des nés-moldus au niveau de toute cette merde ségrégationniste, quel retournement de situation fameux. A crever d'rire. » Car rien n'était vrai, évidemment. Sa cousine était un dommage collatéral. Elle n'avait rien fait de répréhensible, rien du tout. « Enfin, en ce qui te concerne, ce n'est qu'un malentendu et ils vont bien finir par s'en rendre compte. » Sa cousine n'avait rien fait. RIEN. Elles avaient perdu contact depuis – depuis des années. Depuis le moment où Letha avait décidé de rejoindre les insurgés avec sa fille, Alice, alors âgée d'un an. Cela signifiait qu'Hécate ne savait certainement pas qu'Alice était morte. Shacklebolt sentit sa gorge se serrer. Elle ne voulait pas parler de ça, pas maintenant. Elles devaient d'abord mettre les choses en exergue, les rendre limpides – et puis Virgile était plus important, lui était encore en vie.


Dernière édition par Letha Shacklebolt le Mer 21 Déc 2016 - 19:32, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: all this bad blood here +hecate   all this bad blood here +hecate EmptyMer 14 Déc 2016 - 23:29

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Tout s'était écroulé. Dans une effroyable apocalypse, tout s'était effondré. Il y avait eu du sang, des larmes, de la sueur, de la bile, de la boue, de la tourbe puante et empoisonnée, une merde infestée de démons qui avait vu sombrer le régime, et avec lui, la seule carte qu'Hécate pouvait encore espérer jouer pour préserver ceux qui comptaient.

A quel moment devient-on un monstre?
A quel moment précis, bascule-t-on du mauvais côté de la barrière en pensant faire les bons choix, ou du moins, les choix qui nous sauvent la vie?

Elle était venue en Angleterre, pour Virgile et Léda. Léda qui avait hérité son nom de sa cousine Létha et dont elle avait la beauté. Léda qui était morte, fauchée dans une escarmouche insurgée, comme un fragile petit fétu de paille, inutile dans leurs statistiques.

Elle était venue de Louisiane pour eux. Pour les protéger de leur père. Elle avait échoué.

Elle avait rejoint l'équipe de Rabastan Lestrange pour obtenir justice. Elle avait échoué.

Elle était tombée amoureuse du seul homme dont elle aurait du se tenir éloignée à tout prix, et elle avait tenté de l'aimer, autant que son coeur de petit enfant soldat habitué aux brimades le pouvait. Elle avait échoué.

Elle avait voulu protéger ce qu'elle avait. maintenir les siens loin de la mort, de l'humiliation et des exactions. Elle avait échoué.

Tout raté. Comme une grande. Comme la disgrâce que sa grand mère voyait désormais en elle. Et désormais elle n'avait plus rien : ni maison, ni argent, ni statut, ni nom, ni père, ni soeur, ni frère. Virgile serait confié à une autre famille, plus saine et équilibrée, on lui apprendrait que sa soeur était l'équivalent de ce que les moldus nommaient les nazis, qu'elle croyait en la ségrégation du sang, en la supériorité de la pureté, qu'elle croyait aux génocides, et à la haine, à la violence et au meurtre, à la torture, au désespoir des peuples et la jouissances des fanatiques. Virgils grandirait et un jour, il aurait tout oublié à part ce qu'on lui aurait répété. Il la haïrait. Elle, serait probablement morte, enterrée très loin de sa terre natale et des corps de ses proches défunts, de sa soeur, si tant est qu'on daigne lui donner une sépulture. Elle était une femme, bientôt elle serait un souvenir.

Elle avait raté sa vie, dans les grandes largeurs.

Ni héroïne de guerre, ni mangemort, ni admiratrice de Voldemort, ni amie de la résistance, ni douce ni attirante, elle ne pouvait pas même faire valoir ce qu'elle avait tenté de mettre en pratique pour sauver ce qui pouvait l'être. Elle n'avait sauvé qu'une vie. Que deux. Un dossier "perdu", une procédure interrompue. Des broutilles de collabo. Elle n'avait rien. Aucune excuse et aucune justification, à part la mort d'une enfant. Sa propre mort sentimentale, dont personne n'avait rien à foutre. Parce qu'une enfant, tout le monde s'en foutait. Un nom ce n'était rien, un visage ce n'était rien.

Mais pour elle, c'était tout. C'était tout, putain....c'était son monde qu'ils avaient tué ce jour là.

Et à force de vouloir les voir bruler à la flamme de sa haine, c'était elle qui s'était consumée jusqu'à finir en cendres.

Lorsqu'elle arriva devant le pub moldu dans lequel elle avait donné rendez-vous à Létha et repensa à ses grands yeux noirs dans lesquels avaient toujours brillé une lueur d'optimisme, voire d'utopie qu'Hécate admirait. Comment pouvait on enfermer une telle galaxie de pensée et de poésie dans un corps aussi mince et aussi petit que celui de Létha. Elle avait été la fleur délicate et dégageant un parfum d'espérance quand Hécate n'avait grandi que pour être un tas de ronces. Létha était la vie, dans toute sa splendeur brillante, Hécate la mort dans son implacable tragédie. Croyait-elle qu'elle était innocente?

Sans doute.

Comment t'expliquer Létha? que la douleur m'a abattue, jetée à terre, et que j'ai cédé à tout ce que tu déteste? Comment te dire que j'ai été faible et que que tu as été forte, quand tu as toujours cru que j'étais celle de nous deux destinée à me tenir droite? Comment te dire à quel point tu as grandi pour devenir un modèle quand je n'ai fait que me courber jusqu'à racler le sol? Tu as fait le choix du courage, j'ai incarné la lâcheté. Deux faces de la même pièce. J'aimerais que tu m'aime Létha, que tu me regarde comme tu le faisais quand nous étions enfants. Pour toi j'étais une reine, je me sentais invincible quand tu m'observais, je n'avais peur de rien ni de personne, aucun combat n'était trop dur pour moi.
Je voulais que tu sois fière.
Je voulais que vous soyez tous fiers de moi.
Je voulais que vous ayez le bonheur auquel personne ne m'avait laissé le droit de prétendre. Et si je te déçois, moi je t'aime. Avant qu'on se voie, je veux juste...me le dire. Une fois ou cent. Je veux me rappeler à quel point je t'aime, pour pouvoir affronter ta haine. Parce que moi je n'ai pas le droit à la colère. C'est ton privilège et tu as mérité le droit de te mettre en colère. Moi je n'ai le droit que de t'écouter et que d'accepter que tu as pris la couronne que je ne peux plus réclamer.

Elle entra dans le pub. Létha était là. Belle. comme d'habitude. On pouvait enfermer une fleur dans du béton, elle poussait, et elle brillait, la fleur. Létha était semblable. C'est avec une infinie tendresse qu'elle la regarda un moment sans même oser s'approcher, puis elle se décida et s'assit près d'elle, sans rien dire. Hécate avait mauvaise mine, et elle le savait. Plus mince. Les traits tirés, les cheveux grossièrement attachés. La mine des batailles qu'elle avait connues en Louisiane, la tête de celle qui côtoie la mort et danse avec les plaies et les bleus.

« J'espère que tu tiens le coup »

Tenait-elle? non.
Non.
Elle savait au fond pourquoi sa grand mère avait été si dure, cruelle et inhumaine avec elle. Parce qu'on oubliait vite d'être fort et de tenir le coup. la douleur s'oubliait trop vite, et elle elle avait oublié, c'était pour cette raison qu'elle avait l'impression de glisser le long d'un mur trop friable pour qu'elle y prenne appui.

« Si tu savais ce qu'ils racontent à ton propos, ça te rendrait folle, j'ai moi-même du mal à rester calme. Sérieusement, j'ai l'impression d'avoir fait un bond en arrière, comme si tout ce qu'on avait fait pendant cette guerre avait été inutile. Les sang-purs prennent désormais la place des nés-moldus au niveau de toute cette merde ségrégationniste, quel retournement de situation fameux. A crever d'rire. »


Aurait il été ironique de dire qu'elle l'avait vu venir, elle? qu'Hécate avait toujours vu, toujours, ce côté de la rébellion? qu'elle avait redouté ce moment? depuis le premier jour? ces nuits ou les sang-purs paieraient les péchés de leurs semblables, ou on lyncherait les indésirables et que les pleurs des enfants nés moldus seraient remplacés par ceux des petits que l'on jugeait trop bien né?
C'était pour cette raison qu'elle n'avait jamais changé de camp, malgré tout ce qu'elle avait vu.

Létha. Létha, ma chérie. Tu n'avais jamais vu la guerre. Mais moi si. Et je sais que c'est toujours elle qui gagne, jamais nous, jamais les hommes. La soif de sang est universelle et la douleur ne finit jamais. Nous sommes tous le diable de quelqu'un et on brûle le diable. Je voulais nous protéger de cela. Mais il est trop tard désormais. Sois forte. Ce n'est que le début.

« Enfin, en ce qui te concerne, ce n'est qu'un malentendu et ils vont bien finir par s'en rendre compte. »
-Létha.

La voix d'Hécate était trop rauque. C'était celle d'une personne ayant perdu l'habitude de se servir de ses cordes vocales.

-Il n'y a pas de malentendu.

Elle vit la lueur d'incompréhension dans le regard de cette soeur de coeur qui n'était après tout que son reflet, un miroir face auquel elle ne pouvait à ce moment pas tenir la comparaison. Hécate la regarda dans les yeux.

-J'ai servi le niveau II, de la "justice magique". J'ai servi Rabastan Lestrange. Pour une raison qui ne parle qu'à moi, et que personne ne comprendra. J'ai fait tomber notre nom si bas que je doute que même toi puisse le redorer, même si je sais que tu es la meilleure restauratrice possible de tout ce qui est précieux.

Cette phrase longue lui fit mal à la gorge et elle ne parvint qu'à lâcher:

-J'ai besoin de savoir que tu veilleras sur Virgile. Nous avons perdu Léda. Dis moi qu'il ne sera pas le prochain. Je le mérite mais lui, certainement pas.

Elle ne lui parla pas du fait pour lequel elle était réellement recherchée avec autant d'assiduité : le fait que Lestrange n'était pas seulement son patron. Létha ne savait pas. Ou peut être que si. Mais Hécate n'abordait jamais les sujets dont elle ne voulait pas parler. Elle avait perdu Rabastan, elle l'avait quitté, effrayée par son incapacité à faire ses propres choix, par son admiration aveugle pour un monstre qui méprisait sa vie. Elle l'avait quitté, et elle n'avait aimé que lui. Se justifier de quelque chose d'aussi fort était au delà de ses forces, pour elle qui n'avait pas l'habitude d'assumer ses sentiments. Prise d'une bouffée de désespoir, elle regarda Létha:

-Tu as le droit de me détester. Tu es du bon côté de la barrière et je suis fière de toi. Mais ne me défends pas, ne te mens pas, tu dois te préserver dehors...et là dedans.


Elle tapota très doucement le front lisse de sa cousine.

Je t'aime tellement. Je n'attends pas que tu me comprennes. Mais je t'aime tellement Létha.
Sois pure, sois droite. Sois forte, sois ce que tu es.
Ce que je ne pourrai jamais être.

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MessageSujet: Re: all this bad blood here +hecate   all this bad blood here +hecate EmptyJeu 15 Déc 2016 - 23:58

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won't you let it dry
We were young and drinking in the park There was nowhere else to go And you said you always had my back, Oh but how were we to know ? That these are the days that bind you together, forever And these little things define you forever, forever. All this bad blood here, Won’t you let it dry ? It’s been cold for years, Won’t you let it lie ? If we’re only ever looking back We will drive ourselves insane As the friendship goes resentment grows We will walk our different ways. But those are the days that bind us together, forever And those little things define us forever, forever. All this bad blood here, Won’t you let it dry ? It’s been cold for years, Won’t you let it lie ? ~ bad blood, bastille.


Non.

Non. Letha refusait d'y croire. Alors que la vérité avait été délicatement placée sous ses yeux par la principale concernée, alors qu'Hecate lui avouait absolument tout. Aucun malentendu. Non, aucun, pas le moindre. Rien. Elle était bien celle sur qui les sorciers crachaient, celle après qui les rumeurs scabreuses galopaient. Ce que la sorcière avait entraperçu de sa cousine dans les mots des passants, ce qu'elle avait cherché à repousser – tout était réel. Vrai. Pas faux. Vérité. VERITE. Elle était celle que Letha était supposée détester. Pour une raison qui lui échappait, elle l'aimait encore à en crever (c'est ma famille), elle lui vouait un amour inconditionnel et une fidélité sans faille (j'ai mal) malgré tout. Cette douleur émotionnelle était devenue physique, la faisant se crisper comme sous l'effet d'un coup qui aurait pu lui être asséné. Son estomac était lardé d'un poids qui lui filait la nausée. Sa gorge était crispée, elle peinait à déglutir ou à émettre le moindre son. Silencieuse, elle se contentait d'écouter ce que sa cousine (traîtresse) avait à lui dire. D'explications concrètes, peut-être elle n'en aurait aucune. Savaient-ils tous pour quelles raisons ils avaient mené une guerre ? Avaient-ils des raisons valables à donner ? Les yeux exorbités, les lèvres pincées, Letha ne parvenait pas à ravaler son aigreur. Le chagrin qui l'envahissait l'enfonçait toujours un peu plus six pieds sous terre (POURQUOI), tant la situation lui paraissait incompréhensible. Insurmontable. Ainsi donc, elles avaient toujours été l'une et l'autre d'un différent côté de la barrière. De manière étrange, visiblement mécanique et saccadée, la sorcière se dévissa pratiquement le cou afin d'observer les traits du visage d'Hecate ; elle n'avait pas changé d'un pouce et pourtant elle ne coïncidait plus avec l'idée que Letha se faisait d'elle. Elle n'était plus Hecate. Son fantôme, peut-être même son ombre, mais elle était chargée de ténèbres et ne parvenait plus à s'en défaire. Elle était – une autre (où est ma cousine) – une sorcière qui avait fait les mauvais choix (NON), qui avait trahi les siens pour honorer une ségrégation qui aurait pu en finir avec les meilleurs de ce monde en un battement de cils.

Hecate ne le niait pas. Elle ne cherchait pas à se défendre, à lever un bouclier faiblard qui aurait été réduit en cendres à la moindre altercation. Elle acceptait son destin avec une telle bravoure que Letha fut forcée de détourner de nouveau son visage vers le barman qui servait les consommations aux moldus qui n'avaient pas la moindre idée de ce qui se produisait pourtant à quelques mètres d'eux, le coude posé sur le bar et le menton enfoui dans le creux de sa main. Elle avait un mal de chien à ne pas chialer comme une foutue gosse, ou à aboyer des obscénités à la gueule d'Hecate, à l'accuser de tous les maux de la terre, à lui rendre la monnaie de sa pièce. Elle le méritait sans doute (combien de personnes a-t-elle tuées), elle lui ouvrirait sans doute les bras en l'entendant s'écorcher la gorge (combien d'enfants) et courberait volontiers l'échine (combien d'amis) parce qu'elle acceptait ce qu'elle avait fait, ne cherchait pas à s'en détourner. Courageux. Mais, pourquoi elle (et pourquoi pas ?), c'était une autre histoire, une autre question qui la tourmentait. Elle aurait aimé imaginer sa cousine soumise à une sortilège puissant. Elle aurait voulu tant de choses qu'elle était impossible de les lister. Les faits étaient là. A son tour de les accepter. Letha n'esquissa pas le moindre mouvement lorsque les doigts d'Hecate vinrent doucement tapoter son front. Elle lui parlait de Virgile, elle lui chantait ses louanges – mais tout ce qu'elle pouvait lui dire était drapé dans une amertume qui la faisait grimacer.

Grincement de dents. Regard assassin. « Et Rabastan Lestrange, le fameux, l'incalculable, tu te le tapes aussi ? demanda Letha d'une voix sans âme ; elle cherchait à faire mal, à piquer, à lui faire prendre conscience des monstruosités qui avaient pris possession de sa chair à partir du moment où elle avait cherché à rendre ces inepties réelles. C'est ce qu'ils disent tous, que vous baisez ensemble. » Répugnant. Ses prunelles en disaient long sur ce qu'elle pensait de cette rumeur – qui s'avérait peut-être être aussi véritable que les (nombreuses) autres. Albertha était en colère. Il lui fallait le montrer, l'afficher ouvertement, ou elle imploserait – et si elle implosait, elle mourrait. « Et arrête putain, arrête de dire ça. Je suis fière de toi Letha, tu es du bon côté de la barrière Letha, tu as fait les bons choix Letha, singea la sorcière en adoptant une attitude qui attira l'attention de ceux qui les entouraient, frappant sur le comptoir alors qu'elle scandait : non, non, NON ! Si tu as conscience de ce qui est bien, alors pourquoi t'as pas fait les mêmes choix que moi ? Pourquoi tu me laisses toute seule maintenant ? Et Virgile ? T'y as pensé deux secondes, à Virgile ? » Letha avait besoin d'Hecate, maintenant plus que jamais. Maintenant. A l'heure où la famille lui importait plus que tout, au moment où sa fille était morte et ne reviendrait jamais vers elle, à l'instant où tous les regrets l'avaient assaillie ; elle avait eu besoin d'Hecate. Hecate, qui n'était plus là, plus vraiment. Le rocher sur lequel elle avait pris l'habitude de s'appuyer commençait à prendre la flotte et à rouler sous les flots, emportant avec lui un paquet de belles histoires, et ne laissant à la surface qu'une souffrance cuisante. « T'as pas le droit de me dire tout ça. Tu peux pas me féliciter alors qu'on est dans ce trou à rat et que tu n'arriveras certainement jamais à sortir de ton putain de merdier. C'est fini, tu comprends ? C'est fini pour toi, Cat. » Ils allaient la retrouver, et l'enfermer. Ils allaient lui faire subir le baiser du Détraqueur. Cette possibilité la fit paniquer. « Et je peux rien faire pour t'aider. » elle n'était qu'une incapable, dont l'inutilité lui sautait désormais aux yeux. Sa cousine était là, une barrière invisible dressée entre elles et leurs idéaux sans doute bien différents. Elles se heurtaient l'une et l'autre à un mur, et Letha n'en démordrait jamais : elle était prête à tout pour sa cousine, mais sa déception était si intense qu'il lui fallait du temps pour s'en remettre.

Alors, oui. Elle aiderait Virgile, elle essaierait de récupérer sa garde – même si ces connards impuissants du Ministère rejetteraient ses demandes encore, et encore, et encore. Hecate ne pouvait pas être sauvée. La guerre avait été remportée par les insurgés et la tête de sa cousine était mise à prix, avec en prime des jugements écœurants aux verdicts plus que douteux. Elle n'était pas prête à perdre Hecate, l'idée même de la laisser partir définitivement la rendait hystérique. Quelque chose, peut-être un morceau de sa raison, lui soufflait cependant que la distance avait déjà été prise, qu'Hecate avait fait son choix et qu'elle n'y pouvait rien.

C'était fini.


Dernière édition par Letha Shacklebolt le Mer 21 Déc 2016 - 19:33, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: all this bad blood here +hecate   all this bad blood here +hecate EmptyVen 16 Déc 2016 - 13:48

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Hécate écouta Létha parler, aussi longtemps que la jeune sorcière en eut besoin, mais si sa cousine avait attentivement observé sa gestuelle, ou même sa manière de se tenir, elle aurait pu voir qu’elle s’engageait sur une pente atrocement glissante et qu’Hécate, même réduite à ce qu’elle était devenue -une ombre résignée- n’accepterait pas de se faire marcher dessus de cette manière, ou du moins…pas avec certains de ces arguments.

-C’est donc ça, le fond du problème, n’est ce pas ? dit-elle d’une voix plus basse qu’à son habitude, si je « baise » ou pas avec un mangemort. Si je me « tape » l’ennemi. C’est bien ça, Létha ? La grande question n’est pas véritablement ce que j’ai pu faire, ou pourquoi. Non, la véritable interrogation, qui déterminera si je suis coupable ou non, c’est si j’ai ouvert les cuisses à Rabastan Lestrange. Parce qu’on pardonne peut être aux collabos, mais pas aux putes à mangemort, j’ai raison ?

Elle eut une sorte de petit rire, qui suintait tellement l’amertume -et le mépris soudain pour tout le monde et même un peu pour sa cousine adorée- que c’en était désagréable. Elle vit que Létha allait réagir, après tout, les termes employés étaient assez crus pour provoquer l’indignation, mais Hécate abattit sèchement le plat de sa main sur le bois de la table, et en un instant, elle redevint exactement ce que Létha semblait mourir d’envie de voir : celle qu’elle avait été, avant tout ça.

Mais ce que Létha avait toujours ignoré, dans sa grande pureté, c’est que sa cousine adorée n’avait jamais correspondu à ce qu’elle pensait d’elle. La noirceur avait toujours été là, avant cette guerre, et même bien plus avant cette guerre. Hécate avait été élevée comme un soldat, formée comme un soldat, battue et humiliée comme un soldat.

Premier meurtre à neuf ans : pas le genre de chose qu’on raconte à sa cousine, notamment lorsqu’on meurt d’envie de s’en faire aimer.
Premier kidnapping de guerre à 13 ans : Létha aurait été trop inquiète de savoir ce qu’Hécate avait subi pendant ces quatre longs jours
Première bataille à 14 ans : le sang, la mort, la boue, les cris, les larmes, les innocents qui brulent et les coupables qui rient.

Alors était-ce cette personne là qu’elle voulait voir ?

-Tu veux des explications n’est-ce pas ? Je t’ai dit que tu avais le droit de me détester, mais je ne t’ai pas autorisée à te montrer aussi vulgaire et ignorante. Alors puisque tu prêtes visiblement une oreille très attentive aux ragots de quartier, permets moi d’éclairer un peu ta lanterne.

Hécate avait mal. On n’aurait jamais dû avoir à défendre bec et ongle le fait d’aimer quelqu’un, et de se sentir complet, ou valable. Et pourtant elle était là, comme dans un procès, à devoir raconter tout ce qui faisait d’elle une épave, pour satisfaire la curiosité de ceux qui avaient une morale, et un sens de l’honneur. Parce qu’elle devait se justifier d’être tombée amoureuse, se justifier d’avoir donné son cœur à quelqu’un dont tout le monde connaissait le nom et dont personne ne connaissait l’âme. Il aurait été tellement facile de jeter Rabastan sous le bus, de raconter n’importe quoi. Mais elle n’avait pas l’habitude de faire preuve de lâcheté. Alors elle se pencha vers Létha et parla vite, pour ne pas lui laisser le temps de l’asperger avec un autre sermon.

-Je n’ai jamais « baisé » avec Rabastan Lestrange. Je ne me le suis jamais « tapé ». Ni au bureau, ni dans mon lit, ni sur le sol, peu importe ce qu’on raconte. Mais je l’ai aimé. Et il m’a aimée. Autant que deux personnes peuvent éprouver de l’amour l’une pour l’autre. Ca te dégoute ? eh bien d’accord. Soit. Tu peux aller vomir, les toilettes sont juste au fond. Mais tu sauras, juste avant d’aller te décharger de toute cette répugnance, que la seule toute petite raison pour laquelle je suis là devant toi à m’expliquer, c’est qu’il m’a sauvé la vie. Plusieurs fois. Y compris quand mon porc de père allait m’achever sur le sol de mon appartement. Sans lui je serais morte. Sans lui j’aurais tué mon père. Et sans moi il serait devenu fou, parce que ça vous l’ignorez sans doute, mais la plupart de ces mangemorts qui ne sont qu’un nom passent leur temps à se droguer et à se lobotomiser eux-mêmes pour éviter de se souvenir qu’ils sont aux ordres de quelqu’un qu’ils ne peuvent pas fuir et qu’ils ont ruiné leur propre vie en plus de celle des autres !

Le ton était monté, et elle ferma brièvement les yeux, pour s’empêcher d’envoyer voler son verre de bière à l’autre bout de la pièce. Elle était belle, tiens, la plaidoirie pour criminels de guerre. Fébrile, elle se massa le front un moment. Elle était fatiguée. Et elle n’avait pas le cœur d’expliquer tout ça. Ni au monde, ni à Létha, mais Létha le méritait. Elle était peut-être la seule personne à avoir le droit de savoir ce qui s’était passé de l’autre côté du miroir.

-Je voulais la justice. Pour Léda. Et si tu crois que sa mort n’était qu’une erreur, une victime collatérale, alors tu te mens à toi-même. Parce que tu sais parfaitement bien que le pire reste encore à venir, et que vous avez destitué un tyran pour en promouvoir d’autres. Les victimes changeront simplement de camp. Les morts seront juste plus acceptables à tes yeux. Mais les choses vont continuer de la même exacte manière et c’est une vétérane de guerre qui te le dit. J’ai choisit de défendre le régime qui protégeait Léda. Qui protégeait Virgile. Qui protégeait mon père, et dieu sait si je le hais. J’ai choisi de protéger le régime qui à une époque, te protégeait toi. J’aurais préféré CREVER que de vous voir tous mourir pour les valeurs humanistes de quelqu’un d’autre, alors ne dis pas que je n'ai pas pensé à vous. j’ai assez PERDU d’êtres chers pour les combats des autres, les grandes idées des autres, les utopies des autres !

C’était beaucoup trop dur de commencer à parler et de se rendre compte que non seulement on ne parvenait plus à s’arrêter, mais qu’en plus, on avait une sorte de besoin presque viscéral de se justifier. De dire la vérité. Létha était la cousine qu’elle avait aimé plus que n’importe quelle autre, presque une jumelle, et elle la perdait. Elle avait raison : tout était terminé et ce n’était plus une question que de « si » elle avait perdre la vie, mais quand. Alors autant être honnête.

-J’ai déjà perdu mes amis, mes oncles, mes tantes, mes cousins, ma mère, ma petite sœur, j’ai perdu l’amour de ma vie, parce qu’il doit être mort maintenant, et je suis fatiguée d’être celle qui continue à vivre au milieu d’un charnier ! Moi ce que je voulais c’était arrêter de voir tous ceux que j’aime MOURIR ! TU COMPRENDS CA ?!

Les autres clients se retournèrent vers elle, et elle leur lança un regard venimeux.

-Quoi ?! vous voulez ma photo ?!

Ses yeux brûlaient tant elle avait envie de pleurer. Elle les essuya rageusement et conclut :

-Penses ce que tu veux, après tout, qu’est-ce que j’en ai à faire. Tu l’as dit, c’est fini : alors promets-moi juste de t’occuper de Virgile. Et de lui dire que je l’ai aimé. Je ne veux pas qu’il se souvienne de moi comme ça. Il est exceptionnel, il est…brillant. Et il savait tout, pas besoin de lui mentir. Mais ne le laisse pas oublier. Ce qu’on a vécu. Et pourquoi on l’a vécu. Dis-lui aussi…qu’il pourra bientôt retourner chez nous, en Amérique. Et qu’il faut qu’il reprenne ce qu’on a laissé là-bas. La maison, et maman. Les frais de soin sont réglés mais l’hospice c’est pas bon pour elle et j’ai écrit au…

Elle s’interrompit.

Létha. Regarde ailleurs, je ne veux pas que tu me voies comme ça. C’est moi la cousine forte, c’est moi qui est sensée veiller sur toi, moi je ne pleure pas, je ne pleure jamais, ce n’est pas mon truc. Je ne pleure pas. Je suis juste fatiguée, c’est juste de l’épuisement, mais ça va, tu peux continuer à être en colère, je tiens le coup, je tiens toujours le coup. C’est juste un moment de vide. C’est juste un moment de vide.

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MessageSujet: Re: all this bad blood here +hecate   all this bad blood here +hecate EmptyJeu 22 Déc 2016 - 17:04

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won't you let it dry
We were young and drinking in the park There was nowhere else to go And you said you always had my back, Oh but how were we to know ? That these are the days that bind you together, forever And these little things define you forever, forever. All this bad blood here, Won’t you let it dry ? It’s been cold for years, Won’t you let it lie ? If we’re only ever looking back We will drive ourselves insane As the friendship goes resentment grows We will walk our different ways. But those are the days that bind us together, forever And those little things define us forever, forever. All this bad blood here, Won’t you let it dry ? It’s been cold for years, Won’t you let it lie ? ~ bad blood, bastille.


L'amertume était grandissante, tant Letha se sentait impuissante. Sur Hecate, elle ne possédait aucun pouvoir, pas la moindre force pour la guider de la manière telle qu'elle le désirait. Il était grand temps pour elle de conclure l'affaire, d'accepter et d'aider, ou de cracher sur les idéaux contraires qui animaient sa cousine et de lui tourner le dos. Purement et simplement. La loyauté familiale était-elle plus importante que ce pour quoi elle avait rejoint les insurgés ? Oui, la réponse était automatique, évidente. Cette facette d'Hecate que Letha ne connaissait pas la rendait toutefois malade, et le chemin que prenait leur conversation ne faisait qu'animer son besoin de la confronter de manière encore plus virulente. Elles se crachaient des obscénités à la tête, partageant la fameuse compétition de qui dérangera le plus les autres clients  ? Tous les regards étaient dirigés vers le petit couple qu'elles formaient. Il n'était sans doute qu'une question de temps avant qu'elles ne se fassent éjectées du pub sans autre forme de procès. Et dire que Letha avait attendu cette rencontre avec une impatience démesurée, et sa déception n'avait donc été que plus grande. Hecate était une personne différente de ce qu'elle avait bien voulu imaginer – Hecate n'était pas cette guerrière, cette force de la nature, à laquelle Shacklebolt avait le privilège de s'accrocher. Elle était autre, finalement, et que savait-elle réellement de sa cousine, hormis ce qu'elle voulait bien lui dire ? Murée derrière un silence imperturbable, Letha écoutait sagement les explications de sa comparse, ne soufflant mot, tout ce qu'Hecate avait à lui dire, tout ce qu'elle avait pu lui confier, sous l'emprise d'une émotion qu'elle peinait visiblement à contrôler. Étrangement, alors que tout semblait les séparer, jamais Letha n'avait ressenti une telle proximité émotionnelle avec son interlocutrice. C'était à la fois dévastateur et satisfaisant ; enfin, la sorcière avait l'étrange mais honnête impression de ne faire qu'un avec Hecate. Leurs choix avaient simplement été différents, mais elles puisaient leurs forces dans leurs nombreux désirs, notamment celui de justice.

Letha comprenait la direction envisagée par Hecate – si elle se forçait à faire preuve d'empathie –, même si elle était répugnée à l'idée d'avoir mis le mauvais masque sur le visage de sa cousine. Elle l'avait adulée, elle l'avait mise sur un piédestal et l'avait acclamée – l'avait même protégée face aux ragots et autres rumeurs qui couraient à son sujet. A présent, que pouvait-elle dire ? Qu'était-elle susceptible de faire ? Tout ce qui passerait ses lèvres ne serait qu'une poignée de mensonges gros comme le monde, aux reliefs malheureux et détestables. Personne n'y croirait, déjà que personne n'y croyait aujourd'hui alors qu'elle y mettait toute sa force. Sa force l'avait à présent désertée. Rien, plus rien, ne l'animait. Letha se mordit la lèvre inférieure jusqu'au sang, laissant dans le creux de son épiderme une marque douloureuse qui lui donna envie de gémir. Elle avait peur de l'issue de cet échange, mais elle ne pouvait rien changer – et aller de l'avant semblait impossible d'une certaine manière. Pas avant d'avoir crevé l'abcès. Et Hecate, elle ne voulait pas la perdre, pas avoir bravé des événements qui auraient pu lui enlever la vie. Si sa cousine n'était plus à ses côtés, alors sur qui pourrait-elle se reposer ? Son cœur sembla rater un battement. Elle n'avait plus sa fille, Alice, elle n'avait plus Hecate, elle n'avait plus rien de tangible dans sa vie. Elle était seule et cette réalité lui arracha un frisson désagréable dans le creux de l'échine.  

Hecate semblait aux prises avec des sentiments contradictoires. Elle paraissait malheureuse, même si elle essayait de le dissimuler – avec brio, plus ou moins. « Je suis peut-être vulgaire et ignorante, et tu peux même me dire que je suis la dernière des incapables, mais je ne suis pas une traîtresse. J'ai perdu ma fille pendant la guerre alors ne me parle pas de tous ceux qui sont morts autour de toi ; je n'avais qu'Alice, et elle est morte à cause de moi. » parvint-elle à articuler dans un souffle. Letha sentit son visage se froisser, ses traits se décomposant au fur et à mesure des larmes qui apparaissaient au coin de ses yeux. Elle avait fait fausse route en ce qui concernait Hecate – la famille était pourtant plus importante que tout le reste, et elle avait déjà tout perdu. Il lui fallait du temps pour l'assimiler. « Je comprends parfaitement ton besoin de justice, c'était ce qu'on recherchait tous, nous insurgés, et..si tu te fiches de ce que je pense, très bien pour toi, si tu veux que je dégage de ta vie, aucun problème, mais ne me demande pas de rester silencieuse face à ce que tu as fait alors que j'ai passé des semaines à dire à tous ces gens qu'ils n'étaient que des idiots. » Elle aurait mieux fait de se taire, comme d'habitude, au lieu de parler alors qu'elle ne savait pas, se fiant seulement à ce qu'elle ressentait, à son instinct qui ne lui jamais fait défaut. Alors que tout semblait s'effriter autour d'elle, dans un concert assommant où vérité et mensonge faisaient leur cirque. « En ce qui concerne Lestrange, tu fais ce que tu veux avec qui tu veux, j'essaie pas de te juger » même si c'était exactement ce qu'elle avait essayé de faire « et si ça a mal tourné au final avec ton père, j'en suis désolée. Tu méritais mieux que ça. » Tu méritais mieux qu'un mangemort, tu méritais mieux qu'un avenir où tout espoir était vain. Le retour de la pièce. Les conséquences inespérées.

Letha se pencha un peu vers le bas, saisissant la main d'Hecate entre ses doigts tremblants. Elle aurait volontiers haussé le ton, comme elle savait bien le faire, comme elle l'avait toujours fait, au gré de ses émotions contradictoires. Elle aurait voulu faire plein de choses, mais elle en était incapable. Tout ce qu'elle percevait au fond du gouffre dans lequel elle se trouvait, c'était qu'elle ne pouvait décemment pas perdre Hecate au moment où elle avait le plus besoin d'elle. Était-ce cela l'opportunisme dont elle était affublée ? Sûrement, mais elle n'en avait cure. Albertha avait besoin d'elle, autant que Virgile avait besoin de quelqu'un pour le sortir de là. « Je peux pas- je peux pas comprendre les raisons pour lesquelles tu as fait ce que tu as fait. Je peux pas comprendre pourquoi on est là, aujourd'hui, mais je.. je l'accepte. » parce qu'elle l'aimait plus qu'elle ne le laissait entendre, parce que la présence de sa cousine était tout ce qu'elle recherchait. Elle était prête à tout accepter, tout faire pour racheter Hecate aux yeux de la société post-guerre. Elle avait beau dire que tout était fini – mais ce n'était pas le cas. En désespoir de cause, elle resserra sa prise autour de la main de sa comparse. « J'essaie pas de te dire que je te pardonne, j'suis personne pour t'accorder mon pardon mais-mais je veux juste que tu saches que, peu importe ce que tu as fait, je suis là pour toi malgré tout. Et je suis là aussi pour Virgile, ils ne s'en sortiront pas comme ça. »

Car peut-être qu'elle avait raison, Hecate. Peut-être que craindre les insurgés une fois au pouvoir était chose aisée ; Letha constatait jour après jour les jugements bafoués, et la loi idiote qui consistait à retirer les enfants à leurs parents de sang-pur. Et un retour impossible, évidemment. N'était-ce pas une onde de tyrannie qui semblait se dessiner au loin ?

Plutôt crever que de l'admettre.

C'était fini.
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MessageSujet: Re: all this bad blood here +hecate   all this bad blood here +hecate EmptyJeu 22 Déc 2016 - 23:45

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Alice était morte.

Hécate eut devant les mots de sa cousine, une atroce montée de bile. Alice, sa si petite filleule, avec ses boucles noires et ses grands yeux, comme deux billes ouvertes sur le monde. Alice qui ne méritait pas de mourir. Comme Léda. Comme la petite fille qu'Hécate avait retrouvée sous les décombres de Sainte-Mangouste, écrasée comme un fruit trop mûr par un pan de roche.

On ne peut pas se figurer la douleur d'une mère. C'est une chose si inconcevable que la seule métaphore possible est peut-être, celle de l'arrêt du temps. Les secondes se figent à la seconde où la chair de notre chair s'éteint. Le temps est fixe, les minutes, infinies, les jours traînent en longueur et chaque matin, il y a cette seconde.
Cette terrible seconde durant laquelle on oublie. Cela ne dure qu'un très bref instant, juste le temps d'ouvrir les paupières, mais pendant cette seconde, on est de nouveau mère, ou soeur, on est de nouveau qui on était. On aime. On vit.
Puis vient la première respiration, le monde reprend sa place et le silence retombe, en même temps que tombe également la froide réalité.
On est seul.
La chambre de l'autre côté du couloir, est vide. Les dessins inachevés ne seront jamais aboutis, les peluches prennent la poussière, les vêtements seront toujours à la bonne taille, le journal intime sera figé à une date précise, sans plus d'aventures à raconter. Le berceau ne tangue plus, les céréales sucrées pourrissent au fond du placard, le lait pour enfants caille dans le réfrigérateur et la petite voiture à pédale du jardin prend la rouille, comme la balançoire.

Les choses sont figées.

-Aucun parent ne devrait avoir à enterrer son enfant.

Face à ce que Létha à dit, face à tout ce qu'elle vient de lui dire, c'est la seule phrase qu'Hécate parvient à répondre. Létha est habituée à passer sur ce qui la blesse comme une brise, doucement, de manière ténue, pour que personne ne réalise le gouffre à l'intérieur. Mais Alice elle aussi méritait mieux que ça. La vie n'est pas juste et ce sont leurs trésors respectifs qui ont été arrachés les premiers, comme pour les punir elles de quelques crimes dont seul le karma a connaissance. Mais quels crimes pour Létha? à part le fait d'avoir été au mauvais endroit au mauvais moment?

Hécate ne comprenait plus rien à cette guerre, et plus rien à cette existence. On lui avait reproché d'être trop dure, et elle avait appris à aimer, mais perdu ceux qu'elle aimait, ou donné son coeur aux mauvaises personnes. Sa famille se détachait d'elle quand elle ne vivait plus que pour eux. Le conflit et la mort du tyran laissait place à une bande de loups affamés, sortis de leur tanière pour flairer le sang et déchiqueter les petits de leurs ennemis.

Plus rien n'avait le moindre sens. Aussi Hécate trouva-t-elle presque étrange le contact de la main de Létha sur la sienne. C'était son premier contact humain depuis Pré-Au-Lard. Et elle était incapable de savoir s'il lui faisait du bien ou pas. Létha la méprisait, elle pouvait le sentir, elle la jugeait, de cet oeil si particulier des justes et des bons. De ceux qui avaient une belle âme. Hécate ne voulait pas qu'on ait pitié d'elle, mais elle ne supportait pas mieux le dédain.

-Tu n'aurais pas du me défendre avec autant d'ardeur. Je ne suis pas comme toi, Létha. Tu me prends pour un roc. Mais on ne m'a jamais appris à faire ce qui est juste. On m'a appris à survivre. C'est tout. C'est ça, et rien que ça. Je ne suis rien de plus que ça.

Elle sentit ses yeux la brûler. Elle ne voulait pas pleurer devant sa cousine, mais soudain, une grosse larme, ronde comme une perle et brillante, vint s'écraser sur la table, suivie d'une autre. Elle décevait la seule personne qu'elle avait toujours voulu impressionner, celle dont le regard important plus encore que celui de sa grand mère ou de ses parents. Létha, cette presque-jumelle qu'elle s'était toujours appliquée à défendre, pour parfois sentir son coeur d'enfant se gonfler de fierté, et rêver au jour où elle aussi, elle serait une vraie princesse.

Pas une princesse comme sa grand mère l'entendait, avec des armes et des hommes de guerre. Non une princesse comme Létha. Bien éduquée, intelligente, jolie, sociable, douée de ses mains, sensible, artistique. Les adultes avaient toujours dit qu'Hécate était leur gloire, mais que Létha était leur trésor. Et Hécate, même enfant, même simple petite fille d'à peine cinq ans, avait toujours parfaitement comprit la nuance de ces deux termes. Elle avait adoré Létha, l'avait copiée et admirée d'une admiration sans bornes.

Et désormais, elle n'était plus qu'un ersatz de ce qu'elle aurait pu être, une sorte de combattante déchue, plus même capable de tenir l'armure et l'épée qui étaient pourtant ses seuls atouts. Elle avait un moment cru être capable de devenir un peu plus comme Létha. En acceptant de venir en Angleterre, en acceptant de travailler au ministère, de se plier aux ordres, de servir au lieu de décider et de protéger les petits au détriment de leur honneur familial. Elle avait aussi cru être plus qu'une sauvageonne. Parce que Rabastan la regardait comme si elle était la plus belle chose du monde, et qu'il l'appelait toujours "Mon trésor". Elle avait vraiment cru arriver à tout concilier. tout réparer. Tout maintenir à flot en dépit de la tempête.

Et où en étaient-elles toutes les deux?
Elle essuya ses yeux d'un geste de la manche et bu une partie de son verre pour se redonner une contenance, sans beaucoup de succès.

-Excuse moi.

Avec un reniflement, elle remit de l'ordre dans ses cheveux.

-Je ne peux pas retourner en Amérique. même avec Virgile. Même si tu parvenais à...

Elle s'interrompit, baissa la tête.

-J'ai défié ma grand mère. Elle voulait organiser une vendetta ici, venger la mort de Léda. Si elle avait mené ce plan à bien...je ne sais même pas ce qu'elle aurait été capable de faire. Les plaies d'Egypte seraient sans doute revenues ravager la population. Les rivières de sang, les insectes, la mort du premier né de chaque famille...ce genre de jeu de massacre. Elle a menacé et j'ai refusé d'infiltrer nos guerriers sur le territoire. Je suis bannie. Si je reviens, c'est la mort.


Elle eut un rire un peu aigre.

-D'autant que "salir le clan" en batifolant avec un anglais, c'était peut être la dernière chose à faire. Elle aurait préféré un fanatique de son cru, à elle. Le genre qui coupe les têtes.

Le rire qu'elle avait continua, et soudain, elle n'arriva plus à s'arrêter, pleurant en même temps.

-Je deviens c-complètement f-folle...putain mais qu'est ce que j'ai fait...putain mais comment j'ai fait pour tout rater à ce p-point...

Létha je t'en supplie aides moi. Je ne sais pas qui je suis, je ne sais plus.
Aides moi.


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MessageSujet: Re: all this bad blood here +hecate   all this bad blood here +hecate EmptyMar 10 Jan 2017 - 21:47

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won't you let it dry
We were young and drinking in the park There was nowhere else to go And you said you always had my back, Oh but how were we to know ? That these are the days that bind you together, forever And these little things define you forever, forever. All this bad blood here, Won’t you let it dry ? It’s been cold for years, Won’t you let it lie ? If we’re only ever looking back We will drive ourselves insane As the friendship goes resentment grows We will walk our different ways. But those are the days that bind us together, forever And those little things define us forever, forever. All this bad blood here, Won’t you let it dry ? It’s been cold for years, Won’t you let it lie ? ~ bad blood, bastille.


La tension semblait s'être avachie du côté de Letha – malgré tout ce qu'elle ressentait, et il s'agissait d'émotions qu'elle n'avait pas encore eu le courage de nommer, elle essayait d'être calme. L'heure n'était pas à la guerre entre les membres d'une même famille. Elle devait comprendre, accéder à une solution qui lui paraissait peut-être plus agréable que de rester sur le territoire qui percevait maintenant sa chère cousine comme une ennemie. Elle tournait et retournait le problème dans sa tête – seul le visage de Rabastan lui sautait en pleine poire, l'attaquant avec le pouvoir de la suggestion. Elle n'était pas capable pour le moment d'assimiler la nouvelle personnalité, le statut révélé, qu'Hécate avait pris le parti de lui montrer. Il lui aurait été facile de mentir. Il lui aurait facile de dire que, oui, les rumeurs étaient infondées et injustes. Même à travers le prisme de la criminalité, Hecate était flanquée d'une conscience de ses actes étonnante – elle était responsable malgré tout.

« Beaucoup de parents ont dû enterrer leurs enfants. Beaucoup de familles ont été décimées. Notre famille en est la preuve vivante. Ce sont des dommages collatéraux, qu'ils disent tous. » et ça lui arrachait la langue de considérer son enfant unique comme un dommage collatéral – rien de plus que ça. Rien de plus que quelque chose sur lequel il n'était pas question de s'attarder. Tous les dommages collatéraux avaient un nom, une histoire et un avenir. Alice avait tout ça. Letha papillonna des paupières, essaya de chasser tout ce chagrin qui commençait à l'assaillir et qui la faisait le plus souvent délirer. « Bref. » La bouche sèche, la langue lourde et pâteuse, la sorcière baissa les yeux vers ses doigts agrippés au bar. Elle n'avait rien de plus à dire – elle ne voulait pas en parler. Pas maintenant. Hecate était en vie, tandis qu'Alice ne l'était plus. Alors, elle devait accorder toute son attention à celle qui risquait aujourd'hui sa peau. Le passé au passé. « Je ne regrette pas de t'avoir défendue. T'as des circonstances atténuantes voyons, tous les gens qui ont soutenu le gouvernement ou qui ont travaillé pour lui ne vont pas aller en procès. Ce serait une perte de temps et d'argent. » elle y réfléchit l'espace de quelques secondes « Tu n'es pas considérée comme une criminelle de guerre, maintenant que j'y pense. Je veux dire... tu es une fugitive mais tu n'es pas vue comme étant si mauvaise que ça, alors... » alors peut-être que tu pourrais te rendre, te manger dix ans dans la tronche et ressortir d'Azkaban aussi fraîche que la rosée du matin ? L'idée lui traversa l'esprit mais elle ne prit pas la peine de la formuler. Jamais Hecate ne se rendrait et, en un sens, cela lui plaisait. Elle restait farouche et indomptable. « ..alors, ouais non, laisse tomber ces conneries. Je suis sûre qu'ils te mettent de toute façon dans le même panier que Lestrange sans même chercher à comprendre pourquoi. » Letha ne les comprenait pas bien non plus ces raisons qui n'appartenaient qu'à Hecate. Elles la dépassaient complètement en réalité mais elle était sage, elle adoptait un silence réservé et ne soufflait mot à ce propos. Mais dès qu'elle se retenait, dès qu'elle prétendait oublier, Rabastan Lestrange revenait hanter son esprit du rire railleur qui lui était très certainement propre.

Alors, en désespoir de cause, Letha prêta toute son attention – qui était distraite par les gloussements infernaux de l'ancien mangemort – à ce qu'Hecate essayait de pointer depuis le début de leur conversation. Bannie du clan. Réduite à rester en Angleterre où sa sécurité était mise en jeu. Parce qu'elle avait osé défier une vieille gargouille ayant eu soif de vengeance. La sorcière se pinça l'arête du nez, son cœur tombant d'un étage en entendant les bégaiements paniqués d'Hecate. Hecate ne paniquait jamais. Letha releva les yeux vers sa cousine, légèrement gênée par ce qu'elle ne pouvait pas contrôler – elle avait peur de la perdre, et Hecate semblait perdre peu à peu pied. « Oh, non, je suis désolée pour ce qui s'est passé entre toi et ta grand-mère... » souffla-t-elle enfin presque timidement, alors qu'elle n'avait pas hésité à donner de la voix depuis le début de leur échange. « ..mais il n'y a pas que le Royaume-Uni ou les Etats-Unis sur la carte. Lorsqu'on récupérera la garde de Virgile, puisque les si ne sont plus acceptés entre nous – je te préviens, tu auras le monde entier à ta portée. Faut pas te limiter déjà, faut y croire. Même si c'est con, même si t'as l'impression que c'est irréalisable, faut y croire. » Elle laissa le silence s'étendre quelques secondes avant de reprendre, presque sur la défensive « A moins que tu ne veuilles pas quitter le pays ? » et cette option était pire que tout. Si elle restait, elle ne serait jamais en sécurité. Si elle restait, un avenir incertain l'attendait et les chances d'avoir de nouveau une vie normale seraient inexistantes. Risibles.

Hecate lui brisait le cœur. C'était un sentiment inédit venant de sa cousine qui n'avait jamais rien fait comme les autres. Les lippes tendues de Letha s'affaissèrent, refoulant cette envie malsaine qu'elle avait de s'apitoyer avec sa comparse sur son sort – mais non, elles n'avaient pas le temps de faire ça. Pas le temps de pleurer. Pas le temps de chercher des excuses qui lui serviraient d'exutoire. « Dis pas ça, on fait tous des choses qu'on regrette, ça ne fait pas de toi une mauvaise personne » marrant la manière dont elle réduisait sa trahison à quelque chose de facilement effaçable – mais elle le pensait, lorsqu'il s'agissait d'Hecate « ça fait de toi quelqu'un qui a fait les mauvais choix et qui a..bon, qui est un peu dans le pétrin maintenant, mais on va trouver une solution, on va te tirer de là. Mais pour ça, il faut que tu restes maître de toi, d'accord ? Evite de paniquer, ou de..well, trop penser à ta situation. Garde ton sang-froid et tu verras les choses clairement. Je suis là pour t'aider. » répliqua Letha, faussement philosophique alors que son cerveau carburait pour trouver les-dites supposées solutions. Elle n'en voyait aucune. Les criminels de guerre étaient traqués en priorité mais les salopards qui avaient été placés à la tête du gouvernement provisoire ne feraient aucun cadeau à la traîtresse Shacklebolt s'ils la retrouvaient ; elle faisait partie du cercle très fermé des familles de sang-pur que certains souhaitaient dératiser. Elle était face à un mur, dans le pétrin comme elle le disait – se retenant face à la politesse de sa cousine. Elle avait envie de dire que c'était un puissant merdier comme elle en avait rarement vu auparavant. Elle n'aiderait pas, c'était certain, mais elle lâcherait ce qu'elle avait sur le cœur – toute cette anxiété qui allait en s'intensifiant et qui lui plombait le peu de force qu'elle avait réussi à conserver ces dernières années.
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