☇ Avis sur la situation actuelle ; l’avis de Fiona sur la situation actuelle est biaisé par l’éducation qu’elle a reçue et ses sentiments envers la disparition de son père. Elle sait parfaitement qu’il est au service du Lord et, quoiqu’il ait tenté de l'en protéger, elle n’ignore pas le genre d’horreur qu’il a dû exécuté. Ou les gens qu’il a dû exécuter. Mais Fiona aime son père par-dessus tout et ses idéaux sont les siens, tant qu’elle peut croire à une vie où ils seraient tous deux réunis et en sécurité. Égoïstement, elle ne prête que peu d’attention aux rebuts et aux insurgés, bien qu’elle soit persuadée que s’il avait dû arriver malheur à son père, ces derniers en seraient responsables. Il est plus facile de reporter sa colère sur eux plutôt que sur les mangemorts. Elle préfère croire tout ce qui sort de leur bouche plutôt qu'imaginer que son père ait pu décevoir le Lord, qui l’aurait "puni".

☇ Infos complémentaires ; Serdaigle Fiona a été répartie chez les Aigles, davantage pour son esprit curieux, imaginatif et réfléchi que parce qu'elle était studieuse ou très intelligente. Elle a passé sa première année à attendre devant la porte de sa salle commune qu'un camarade veuille bien l'aider à résoudre l'énigme permettant d'entrer. Ce fut une grande frustration pour elle, car Fiona déteste se retrouver coincée quelque part. • Débrouillarde imaginative et pleine de ressources, Fiona se veut grande et indépendante, capable de s'en sortir seule. La vérité est que même si elle n'avait pas beaucoup d'amis à Poudlard, elle avait grandement besoin d'eux. Elle supporte mal la solitude et recherche facilement la compagnie. • Princesse c'est le surnom qu'on lui donnait à Poudlard en raison de sa candeur et de sa gentillesse. On la trouvait souvent trop naïve, idéaliste même pour une fille de mangemort. Elle était peut-être trop gentille. Elle n'a jamais donné son avis sur les agissements des serviteurs du Lord, pourtant. • Soins aux créatures magiques et métamorphose étaient les deux branches dans lesquelles elle excellait à Poudlard, pour des raisons évidentes. • Lépidoptérophile son père a une passion pour les papillons, et Fiona aussi. Mais en ce qui la concerne, elle préfère les voir en liberté qu'épinglés derrière une vitre. • Tic elle mâchouille les mèches de ses cheveux quand elle est nerveuse, cela lui permet de garder son attention focalisée sur eux afin de ne pas changer leur couleur. • Autre tic quand elle sent que son apparence lui échappe, elle chantonne une berceuse dans sa tête pour se calmer et rester concentrée. • Apparence elle a la plupart du temps l'apparence d'une jeune fille entre 14 et 16 ans, les cheveux longs et blonds, les yeux bleus et de légères tâches de rousseur. Elle serait incapable de dire si ces dernières sont "naturelles" chez elle ou si elle les a inventées. Elle sait qu'elle avait les cheveux blonds à sa naissance, comme sa mère, et a décidé que ses yeux lui venaient sûrement de son père. • Courageuse c'est une qualité insoupçonnée qu'elle se découvre depuis qu'elle a quitté la maison pour partir à la recherche de son père. Fiona ne se pensait pas si téméraire mais peut-être le courage était-il là depuis le début, caché sous une apparence si changeante qu'elle ne l'aura pas remarqué. • Émotions elle a de la peine à déterminer la personne qu'elle est au fond d'elle. Elle se remet beaucoup en question, depuis le début de son adolescence, et a souvent l'impression d'agir par mimétisme. Elle se considère parfois comme un simple miroir qui réagirait aux autres en fonction de leur comportement avec elle. Elle doit régulièrement se rappeler que son don n'altère que son physique, pas sa personnalité ou ses émotions. Son père est la seule personne, selon elle, qui la connaisse vraiment et puisse répondre à ses questions lorsqu'elle se cherche. • Famille elle est fille unique. Ses grands-parents ne sont qu'une ombre au-dessus de la tête de son père, ils ne s'intéressaient pas beaucoup à elle. Elle a appris que sa mère avait un Cracmol dans sa famille et que c'était la raison de leur éloignement. Fiona n'a aucun souvenir de sa mère. Elle a bel et bien un lien avec le fameux mangemort bourreau de créatures dangereuses, feu Walden Macnair, mais il ne s’agissait que d’un parent éloigné et Fiona ne l’a jamais rencontré. • Mangemort son père n’a jamais eu une position très importante chez les mangemorts, il ne porte pas la marque. Avant sa disparition, on pouvait dire de lui qu’il était un membre discret, fidèle et efficace. Voilà pourquoi Fiona ne croit pas qu’il aurait pu décevoir le Lord, ou pire, le trahir. Les causes de sa disparition sont forcément à chercher du côté des rebelles...

❝ Nothing compares to you ❞Deux mots sur l'IRL
Appelez-moi Fio. J'ai la vingtaine, je viens de Genève et j'ai connu le forum via une ancienne partenaire de RP. Si tout va bien vous me verrez connecté(e) 5 jours sur 7. Pour les membres désirant être parrainés uniquement : rendez-vous dans cette catégorie et postez dans le sujet "être parrainé". Pour les scénarii uniquement : j'ai l'aval du créateur concernant ma fiche [] oui / [] non. Un dernier mot ? facultatif.

❝ La nuit la plus longue ❞1989, 1995 & Edimbourg
Fiona était une enfant de la guerre. Une fille des conflits. Athéna ou le dieu Mars avaient posé sur elle le glaive et la balance, attendant qu'elle amorce une destinée toute tracée. D'un côté, il y avait son père. Un homme taciturne, calme et qui la prenait dans les bras avec une grande douceur, comme s'il ne voulait pas la casser. Fils unique, descendant d'une famille de sorciers plutôt ancienne, pas tout à fait pure mais dont les idéaux compensaient quelque écarts sentimentaux du passé. Un mangemort qui avait fait profil bas depuis la chute du Lord mais qui n'hésiterait pas à répondre à son appel l'été de 1994. Fiona n'avait alors que cinq ans.

De l'autre côté, il y avait sa mère. Une sorcière née de parents plus ou moins sorciers eux aussi (à dire vrai, il y avait un Cracmol dans sa famille, mais son époux lui pardonnait ce travers tant il l’aimait) une employée du Ministère tout ce qu'il y avait de plus normal, qui avait rencontré le futur père de sa fille entre deux dossiers destinés au service de liaison des gobelins. Une femme à la fois délicate et passionnée, qui avait étudié à Gryffondor malgré un esprit brillant qui avait fait pencher le Choixpeau pour Serdaigle. Son sourire et sa chevelure d'or illuminaient la vie du mangemort comme aucune autre femme avant elle et il était immédiatement tombé sous son charme.

Entre eux deux, il y eut un mariage, quelques années d'un amour passionné, et bien sûr Fiona. À l'hiver de 1989, dans la nuit la plus longue de l'année, elle naquit sous l’œil bienveillant de sa mère et quelque peu soucieux de son père, déjà fort attaché au bien-être de l'enfant.

« Son visage a une couleur bizarre... chérie, tu ne trouves pas que son visage a une couleur bizarre ? »
« Mais non Ava, les bébés sont toujours très rouge à la naissance, c'est normal. Ils... oh ! »
« Est-ce qu'ils ont aussi les cheveux bleus ? INFIRMIÈRE ! »

Les parents de Fiona ne tardèrent pas à découvrir que cela était, en réalité, tout à fait normal. Pour une Métamorphomage, cela va sans dire... Les premières années de Fiona furent difficiles car jongler avec une telle capacité lorsqu'on ne contrôle pas ses émotions revient à manier des pots de gouache sur une échelle, perchée sur une autre échelle. En d'autres termes, cela fait des taches. Fiona avait le visage bleu, ou vert, ou jaune, quand elle était malade, les cheveux d'une couleur éclatante quand elle riait, les yeux multicolores quand elle s'émerveillait, grisâtres quand elle pleurait. Ses parents avaient du mal à la montrer en public car le quartier où ils vivaient était ouvert aux Moldus. Ils prirent l'habitude de la garder à l'intérieur ou de l'emmitoufler sous trois couches de vêtements lorsqu'ils sortaient. Son père surtout, se montrait extrêmement protecteur.

« Tu ne comprends pas », disait-il souvent à sa femme. « C'est un don très, très précieux. »
« Je sais. C'est précieux », répétait-elle.

Et en disant cela, elle avait un grand sourire, tandis que lui avait juste l'air soucieux. Elle comprit mieux son inquiétude lorsque, entre l'été de 1994 et celui de 1995, on se mit à murmurer dans le monde sorcier, des rumeurs de plus en plus fortes et de plus en plus soucieuses, sur le retour de Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom. Elle n'avait que de vagues doutes au début, rien de plus que des suppositions, mais celles-ci se transformèrent en craintes, en questions... jusqu'à en avoir la confirmation de la bouche de son mari. Lui qui disparaissait de plus en plus souvent et de façon inexpliquée depuis le début des rumeurs. Lui qui rentrait tard le soir, souvent sale et fatigué. Une nuit, avec du sang sur les mains. Elle l'avait interrogé. Elle lui avait arraché la vérité, sa vérité à lui. L'horrible vérité.

« Minou va rester ? »

Fiona regardait son père refermer la petite boîte qui contenait un lézard amputé d'une patte, à qui ils avaient prodigué de bons soins depuis quelques semaines et qui partait pour la chambre d'un cousin amateur de reptiles. Il y avait encore deux hiboux dans la petite volière, mais le premier serait bientôt relâché et le second semblait élire domicile ici lorsque cela lui plaisait. Il n'était pas vraiment blessé ou malade, contrairement à tous les animaux que le père de Fiona ramenait régulièrement à la maison.

Et puis il y avait ce tout jeune chat, auquel elle s'était bien vite attaché, et à qui papa venait d'acheter un panier tout neuf. Fiona était maligne, elle avait fait A + B et ses yeux brillaient d'excitation. Le chat se frotta contre elle en ronronnant. Son père sourit.

« Oui, tu vois ma puce : tu t'es si bien occupée de lui qu'il n'a plus envie de partir... il t'aime trop maintenant ! »

La petite fille s'assit à côté de son père et prit le chaton dans ses bras en riant. Le félin s'ébroua, s'étira et se posa sur ses genoux. Elle le caressa calmement, pensive tout à coup :

« Papa... Est-ce que maman est partie parce qu'elle ne m'aimait pas assez ? »

Avalon Macnair posa la boîte sur la table de la cuisine et se pencha pour se mettre au niveau de sa fille :

« Il ne faut pas penser des choses comme ça, Fiona. Maman t'aimait beaucoup, ce n'est pas pour ça qu'elle est partie. Parfois, les gens s'en vont parce que... parce qu’une vie différente les appelle. Mais je sais qu'elle pense toujours à toi, où qu'elle soit. »

Fiona essaya de sourire. Sa mère ne lui manquait pas vraiment, elle n'avait pas assez de souvenirs d'elle pour cela... Elle était juste triste de savoir que la plupart des autres enfants avaient une maman et pas elle. Elle leva les bras pour avoir un câlin et son père la serra contre lui. Elle enfonça son nez dans sa chemise. Elle était grise, vieille et triste, aussi tachée que son tablier, mais elle avait une odeur rassurante et une douceur familière.

« Je t'aime papa. »
« Et papa t’aimes plus que tout, ma puce. »

❝ Les trois courtes années ❞2000-2003 & Poudlard
Fiona était une enfant de la guerre, née alors que le Lord mûrissait depuis longtemps, trop longtemps, sa vengeance. Elle apprenait à lire et à écrire au moment où il sortait des ténèbres dans lesquelles Le Survivant l’avait plongé quatorze ans plus tôt. Elle allait à l’école alors que Poudlard était déjà aux mains des mangemorts. Elle entrait dans la maison Serdaigle et suivait la cérémonie de répartition durant laquelle on énonçait des règles qui parlaient d’interdits, de cachots, de torture. Jamais elle ne connut le château dans toute sa splendeur. Lorsque les élèves avaient toutes libertés. Lorsque les Sang-Purs n’étaient pas mieux considérés que les autres par le corps enseignant. Lorsqu’il y avait encore des Né-Moldus dans leurs rangs. Non, Fiona n’avait pas connu tout cela. Elle était née en une période troublée et avait grandi en temps de guerre. D’honnêtes sorciers auraient peut-être su l’en préserver, mais elle n’avait que son père. Un mangemort.
Elle le connaissait bien, son père. Elle ne savait pas jusqu’où sa fidélité pour le Lord le menait, mais elle connaissait sa loyauté et son amour pour elle et cela lui suffisait. Il aurait été faux, complètement faux, de dire que Fiona n’avait pas eu une enfance heureuse. Son père l’aimait, il n’avait pas beaucoup de moyens mais tout ce qu’il pouvait lui offrir, il le faisait, pour qu’elle ne manque de rien et qu’elle soit heureuse ici, chez eux, avec lui, malgré tout… malgré lui. Et Fiona le lui rendait. Fiona aimait profondément son père. Il était son modèle, malgré ses travers, ces défauts qu’elle percevait de mieux en mieux en grandissant. Elle l’aimait et elle s’inquiétait de plus en plus pour lui à mesure que le temps passait et qu’elle comprenait où il allait, pourquoi il disparaissait… Mais, enfin, il revenait toujours. Et elle se jetait dans ses bras à chacun de ses retours.

La veille de son entrée en troisième année, son père rentra à la maison sans qu’elle ne l’entende, très tard le soir. Un bruit dans la salle de bains attira son attention et elle se leva, à moitié endormie. Elle entendait l’eau couler depuis un bon moment dans le lavabo. Elle toqua à la porte.

« Papa ? Est-ce que ça va ? »
« Non, non non Fiona, n’entres pas ! »
« Qu’est-ce que tu fais ? »

Elle avait désobéi, mais par réflexe, par inquiétude. Il y avait du sang dans le lavabo et un regard étrange dans les yeux de son père. Il ne se fâchait jamais contre elle, il n’élevait même pas la voix (il n’aimait pas cela) mais il y avait de la colère dans ses yeux. Fiona se sentit confuse, puis penaude. Le regard de son père s’adoucit. Il y eut quelque chose de las et d’un peu triste dans sa voix lorsqu’il ordonna :

« Retourne te coucher. »

Mais Fiona ne pouvait pas le laisser.

« Papa, tes mains… il faut les soigner. »
« Je m’en occupe, ce n’est rien. »
« Laisse-moi juste t’aider, d’accord ? »

Il serra les dents mais se laissa faire alors qu’elle l’aidait à nettoyer les plaies. Fiona ne s’était jamais battue mais elle devinait aisément comment on pouvait se faire ce genre de marque. Il avait frappé quelqu’un, à plusieurs reprises. Il avait combattu sans sa baguette. Ce n’était jamais bon signe, pour un sorcier.

Ce fut la seule nuit où Fiona soigna son père. Il se blessa probablement encore, mais le cacha bien. Elle fut déçue qu’il ne lui fasse pas confiance, mais soulagée aussi. Au fond d’elle, ces marques la dérangeaient. Elle n’aimait pas l’idée que son père se blesse… Ou blesse d’autres gens. Elle y pensait tant qu’elle était à Poudlard et un soulagement incomparable la prenait toujours lorsqu’elle recevait de ses nouvelles par hibou. Elle se demandait si les autres enfants de mangemorts avaient aussi peur qu’elle. Est-ce qu’elle n’était pas un peu faible ? Enfin, elle avait beaucoup à faire de son côté à elle aussi. Son don de métamorphomage avait tout d’une malédiction lorsqu’il s’emballait et elle avait du mal à savoir qui elle était, à se rappeler comment elle aurait dû être… le savait-elle vraiment ? Sur les photos de famille, elle ne se reconnaissait pas. Il y avait toujours quelque chose de différent dans ses traits. Son père disait souvent qu’elle ressemblait à sa mère, mais elle ne voyait son visage nulle part. Ni dans les albums de famille, ni dans sa mémoire.

Depuis ses treize ans, elle avait un rituel, tous les soirs et tous les matins. Quand elle se couchait, elle traçait mentalement les contours de son corps pour les trouver tels quels le lendemain. À son réveil, elle restait allongée dans le lit les yeux fermés. Elle imaginait son corps comme elle l’avait vu la veille et elle imprimait ces traits dans son esprit, encore et encore, jusqu’à être ainsi lorsqu’elle ouvrirait les yeux. S’il y avait un défaut, elle restait devant son reflet jusqu’à le corriger. Tous les jours, elle répétait cet exercice. Pour se connaître par coeur. Pour ne pas oublier. S’oublier. C’était son plus grand cauchemar, du moins était-ce ce qu’elle croyait avant de perdre son père. À Poudlard, pendant qu’elle était en cours ou qu’elle faisait ses devoirs, son esprit était assez occupé pour ne pas se laisser porter par ses émotions, et son don, latent, ne faisait pas de vagues. Elle avait toujours cette apparence de jeune adolescente blonde aux yeux bleus. Mais dès qu’un professeur l’interrogeait trop sèchement, qu’un camarade l’abordait par surprise ou qu’un garçon la faisait rougir, ses cheveux prenaient une teinte bleue : embarras. Gêne. Émotion. Fiona se détestait dans ces moments, elle avait l’impression d’être un phénomène de foire. Et elle n’avait pas l’humour nécessaire pour tourner la situation en sa faveur, pour en rire et faire rire les camarades en affichant des cheveux roses, un nez de cochon ou en imitant des professeurs. Heureusement pour elle, ses amis prenaient souvent sa défense et être fille de mangemort lui attirait les faveurs d’autres élèves dans le même cas qu’elle. Beaucoup avaient des positions plus privilégiées dans la société et les rangs du Seigneur des Ténèbres mais Fiona avait compris qu’une attitude polie et respectueuse évitait souvent les conflits. De toute manière, elle ne revendiquait pas d’ascension sociale ou de sang noble. Elle était simplement la fille de son père et elle ne le cachait pas, n’en avait pas honte. La Princesse n’était peut-être pas une Serpentard ambitieuse au sang pur, mais elle ne faisait pas de vagues, approuvait certainement les idéologies de son père, un fidèle mangemort, et dénonçait parfois les élèves trop rebelles qui attiraient des ennuis au plus grand nombre. « We seize control. For the greater good. »

❝ La nuit des feux d'artifice ❞05/08/02 & Edimbourg
« Putain de Moldus. » Son père évitait de jurer en sa présence, mais il avait eu une sale journée, Fiona le devinait à ses traits tirés et à ses yeux plus fatigués que d’ordinaire. Elle resta silencieuse, consciente qu’il ne s’épanchait pas souvent. Mais que lorsqu’il le faisait, ça pouvait durer des heures. « Tu sais que c’est à cause d’eux si tu dois te cacher et cacher ton don, Fio. Si on avait eu les moyens de partir, on aurait déménagé dans un coin tranquille, fait pour les gens comme nous et loin de cette masse grouillante de... » Il eut une grimace et un geste dégoûtés en direction de la fenêtre. « Mais on n’a pas les moyens, et j’ai passé bientôt quatorze ans de ma vie à te protéger d’eux, en attendant que les choses changent. Et c’est en bonne voie, crois-moi ! Le jour où les Moldus ne seront plus un problème, tu n’auras plus à te cacher. »
« Je sais, papa, et je ne les aime pas plus que toi… Mais je ne vais pas m’empêcher de vivre à cause d’eux, tu ne crois pas ? C’est comme renoncer, comme… se soumettre, ou… »
« Je te jure que ça va s’arranger, ma puce, je te le promets. Mais tu dois être patiente. Je sais que tu es grande, tu veux faire tes propres choix, et je ne t’empêche pas de te promener dans les rues d’Edimbourg, tu le sais bien ! Mais ce soir… Non, ça, c’est hors de question. » Fiona se leva du canapé, les bras croisés. Elle tentait de garder son calme mais la discussion était, comme toujours, difficile avec son père. Il était soit taciturne, soit… complètement borné !
« Qu’est-ce que ça change de d’habitude ? Je les croise tout le temps quand je sors... »
« Il y en aura des tas. Une foule de Moldus. Je ne veux pas te voir dans une foule de sales Moldus, Fiona. » Les mèches de ses cheveux prirent une teinte un peu rosâtre, signe qu’elle était frustrée. « Voilà, ça ! Je ne veux pas voir ça dans une foule de Moldus, reprends-toi ! Comment crois-tu me convaincre avec des arguments pareils ? »
« C’est parce que tu m’énerves... Tu ne veux pas m’écouter ! Mais je suis capable de me contrôler, je le fais tous les jours à l’école et ici, ce n’est pas différent. J’attacherai mes cheveux et je porterai une casquette, et des manches longues, je te jure que je ferais attention, papa... »
« Fiona, non c’est non. » L’adolescente sentit ses cheveux devenir rouge mais cette idée la révolta plus que le refus de son père. Elle dut se faire violence pour se concentrer sur leur teinte habituelle et les forcer à reprendre une couleur normale. Pour montrer à son père qu’elle savait se contrôler :
« Tu vois ? Pourquoi tu ne me fais pas confiance, papa ? Je veux juste, juuuste voir les feux du Military Tattoo. Je sortirai après le coucher du soleil et je rentrerai dès que ce sera fini, personne ne me remarquera et il fera sombre ! S’il te plaît, papa… » Là, elle prit un air suppliant. La petite moue de l’adorable fille à son papa. « Je suis sage, papa, je ne fais jamais rien de travers, s’il te plaît. J’ai vraiment vraiment vraiment envie d’y aller cette année, ça me ferait tellement plaisir… papounet... » Son père se leva du canapé et pointa un doigt accusateur sur elle :
« Tu crois que je ne vois pas ce que tu fais, là ? Avec ton petit air implorant ? On dirait le chien que j’ai ramené la semaine passée. » Mais son ton était moins ferme, et il y avait un sourire au coin de ses lèvres. « Si je te demande le journal, tu vas aller le chercher comme un brave toutou ? »
« Va le chercher toi-même ! » s’exclama Fiona. Elle lui lança un coussin à la figure et courut se cacher dans sa chambre, parce que son père avait pris deux coussins.
« Je vais t’apprendre un nouveau sort princesse, ça s’appelle Coussinus ! Tu veux savoir ce que ça fait ? TE MANGER UN COUSSIN DANS LA FACE ! » hurla-t-il en enfonçant la porte de sa chambre, derrière laquelle elle se réfugiait avec pour tout bouclier son oreiller.
« NOOON ! Papa, arrêtes ! Je me rends, ah ah, arrêtes ! Pitiéééé ! » Son père avait dégainé l’arme ultime : les chatouilles. Fiona se tortillait sur son lit en hurlant de rire. Elle réussit à détourner brièvement l’attention de son père en lui enfonçant une peluche dans la bouche, mais c’était peine perdue. Heureusement qu’il était aussi chatouilleux qu’elle, la bataille était moins inégale. Fiona finit tout de même par rendre les armes en tombant de son lit, le souffle court et les larmes aux yeux. Son père avait encore un rire au fond de la gorge et le regard brillant. Pour elle, c’était aussi rare que précieux. « Avalon Macnair, vous êtes tellement… tellement déloyal ! »
« Je suis un Serpentard, moi, madame. Excusez-moi de ne pas avoir le fairplay d’un Poufsouffle. »
« C’était un compliment », pouffa Fiona en s’asseyant à côté de son père sur le lit qu’il avait remporté dans la bataille. Elle le prit dans ses bras et sourit.
« Et toi, saleté de Serdaigle, tu essayes de m'attendrir en toute connaissance de cause », souffla Avalon en lui rendant son étreinte. Fiona eut un rire étouffé.
« Peut-être. Ça dépend… est-ce que ça fonctionne ? »
« Humpfr », grommela son père.
« Mon papa d’amour que j’aime taaaant... »
« Ça va, c’est bon… tu peux y aller ! »
« Ouaiiis ! »
« Mais tu fais la vaisselle jusqu’à la fin des vacances. »
« Tout ce que tu voudras ! Merci mon papa d’amouuuur... »
« Et je viens avec toi. »
« r… quoi ? Papaaaa... »
« Ne discute pas ou tu te reprends le sortilège du Coussinus. » Fiona soupira bruyamment, partagée entre le rire et la frustration. Son père tira doucement sur une mèche de cheveux, rose. « Qu’est-ce que j’ai dit ? » Elle fit la moue mais se concentra pour reprendre une teinte normale. « Bien. Tu sais ma puce, je sais que tu grandis et… que je ne pourrais pas toujours t’accompagner aux feux d’artifice, ou… ou à King’s cross, et venir te chercher à Noël mais… »
« Papa ? » Il avait un ton un peu lointain. Il cligna des yeux et lui caressa la joue, un geste réconfortant qu’il exécutait toujours automatiquement quand il abordait malgré lui un sujet dérangeant :
« Prouves-moi que je peux te faire confiance ce soir, et je te laisserai y aller seule la prochaine fois. »
« Je te promets. » Elle sourit. « Et toi, promets-moi que tu te détendras un peu et que tu ne lanceras pas des regards assassins à chaque personne qui se retournera sur mon passage ! » Son père renifla avec dédain :
« Ça dépend. Si ce sont des garçons, je ne garantis rien. »

U.C. la disparition du papa. J'ai perdu mon texte, RIP mon âme.

❝ Les trois cris ❞Flashback
Elle tournait en rond dans le salon, comme un lion en cage. Même sa chevelure avait des allures de crinière. Avalon songeait qu'elle n'avait jamais autant ressemblé à une Gryffondor. De temps en temps, son regard se posait sur lui, plein de révolte et de jugement. Oui, elle avait bien eu sa place chez les loyaux et les courageux, quel dommage qu'ils fussent si irréfléchis. Avalon, lui, était quelqu'un de posé. Il ne prenait jamais une décision sans peser le pour et le contre. Il ne s'était jamais emporté, jamais montré téméraire ou inconscient. Jusqu'à cette fameuse nuit avec sa femme, dans le salon. Elle porta la main à sa bouche, comme si elle se retenait de vomir. Elle finit par laisser échapper un petit rire. Un petit rire désespéré. Elle s'arrêta de marcher et commença à pleurer.

«Bon sang Avalon, mais si tu m'avais dit plus tôt... »
« Tu serais partie. »
« Je n'aurais pas mis notre fille en danger ! »
« Qu'est-ce que ça veux dire ? Que moi, je suis un danger pour elle ? Tu sais bien que JAMAIS je ne... »
« Peut-être pas toi, mais les autres, ceux de... ceux de ton... espèce. Je comprends maintenant pourquoi tu n'aimais pas son don. C'est le genre de chose qui serait bien utile à ton maître, pas vrai ? Quand je pense que… Oh, comment ai-je pu être aussi aveugle ?! »

Avalon l'écouta pleurer en silence, la main crispée sur sa baguette. C'était elle qui avait dégainée la première. Elle se sentait menacée, soit. Il ne pouvait rien y faire. Mais il n'aimait pas sa façon de le regarder… et il devinait ses intentions. Ils avaient la même.

« Qu’est-ce que tu t’imaginais faire de Fiona ? Tu penses pouvoir la protéger d’eux ? De la guerre ? Tu ne peux pas la garder sous verre, c’est une petite fille, pas un de tes fichus papillons, Ava ! »
« Je sais... Je sais ce que je fais. »

Elle secoua la tête.

« Non. Je m'en vais, et j’emmène notre fille avec moi. »

Avalon serra davantage sa baguette. Ses mains étaient moites et sa gorge nouée. Il entrevoyait avec horreur la perspective d’une vie sans elle...
Ils ne voulaient qu’une chose, tous les deux.
Protéger Fiona.

« Non. »

Il avait tenté de donner un ton ferme à sa voix, mais elle tremblait. Déjà, sa femme essuyait ses larmes et faisait un pas en direction des escaliers. Il leva son bras. La baguette papillota dans sa direction, comme un insecte attiré par la lumière, un papillon maladroit. Il inspira un grand coup et resserra son contrôle sur son arme et sur sa voix :

« J’ai dit… »

Depuis sa chambre, Fiona entendit un grand cri.

« NON ! »

Elle se cacha sous la couette et n'entendit pas celui de sa mère. Elle ne vit pas non plus l'éclair de lumière verte. Son père ouvrit la porte de sa chambre longtemps après, essoufflé, un peu débraillé et sale, mais entier. Fiona cria en le voyant :

« Papa, j'ai peur ! »
« C'est rien princesse, c'est fini. Je suis là, ne pleure pas. »

La petite Fiona sanglota dans ses bras. Il la rassura, calma ses peurs et l’endormit en lui fredonnant une berceuse. Une de celles que sa mère lui chantait. Avalon Macnair embrassa sa fille sur le front, repoussa une mèche blonde d'une main encore tremblante et chuchota :

« Papa t’aime plus que tout, ma puce. »