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sujet; fast bind, fast find. (darjory) |
| gregory goyle & darja valkov, janvier 2003 Une lumière si vive qu'elle ne parvient pas à voir devant elle. Complètement aveuglée. Elle tourne la tête vers la gauche, ses iris caressant l'herbe verte, d'un vert si pur... Les rubans dans les cheveux des enfants, à leurs poignets, à leurs vêtements. Le monde qui tourne tout à coup, leurs rires se faisant angoissants. Leurs visages radieux la heurtent. Elle voudrait les bousculer, couvrir le soleil, brûler cette verdure, brûler la terre. Au lieu de ça, c'est son visage qui brûle. La lumière fait littéralement fondre sa peau. « … pour que tous sachent qui tu es. » Elle tourne la tête, vers la droite. Paysage familier, déjà plus sombre. Elle reconnaît les bois du manoir familial. Une fillette blonde qui s'y enfonce, se retourne vers elle. Elle a le sentiment de la connaître, vaguement. La gamine se met à sauter entre les feuilles des arbres, et le sol s'effondre tout à coups sous ses pieds. Alors que Darja se précipite pour s'assurer qu'elle est saine et sauve, elle s'aperçoit que le trou qui s'est formé dans la petite forêt est... Une bibliothèque. De la lumière, et des murs couverts de livres. Elle s'assied sur le flanc de la crevasse et se laisse glisser.
Un sentiment de chute qui la fait s'éveiller, dans un sursaut. Elle est en sueur. Les dernières traces d'Orviétan qui s'évadent de son système, causant leurs derniers dégâts. La veille avait été placée sous le signe de la démesure. Un moment avant cela, qu'elle ne s'était laissée aller à un instant de répit, un véritable weekend, loin du travail et des tracas quotidiens. Il y avait eu beaucoup de choses à oublier, beaucoup de soucis à noyer. On avait fêté la fin, on s'était imaginé que rien ne valait plus rien, que pour quelques heures, le monde avait stoppé sa course effrénée, et à présent, il fallait se remettre en selle, il fallait regrouper les douloureux souvenirs, huiler la machine éreintée, surmenée, et retourner au combat, au front, sur tous les fronts. Son front à elle, trempé. Elle peine à remettre de l'ordre dans ses pensées. Alors qu'elle pivote sur le lit pour passer en position assise, un violent flash lui indique le niveau de faiblesse de son corps. Trop haut. Ou trop bas ? Qu'importe. Comme si elle avait jamais écouté les avertissements qu'on lui donne. Elle met pied à terre. Le navire tangue, flanche. Ses jambes tremblent, cèdent presque, mais elle combat sa pitoyable condition, parvient jusqu'à sa salle de bains, prend son reflet dans le miroir comme un jet d'eau glacé, la pâleur de sa peau est risible, les cernes sous ses yeux d'un comique... Un cadavre, l'expression n'a jamais eu autant de sens à ses yeux : on voit les veines se dessiner sous sa peau, hurler d'agonie. Elle pose ses mains sur le marbre froid du lavabo. Ça la revigore, lui refile un peu de forces. Pourtant, encore, son ventre se tord, ses intestins menacent de ternir la blancheur propre, parfaite des lieux. Juste à temps. Elle passe ses mains réfrigérées sur son corps, fourre une brosse à dents dans sa bouche, comme s'il s'agissait d'un thermomètre.
D'un coup, la presque-morte mangemorte se fige. En un quart de seconde, sa lucidité lui est revenue, complète. Le monde s'est arrêté de tourner. La brume de son esprit s'est évaporée. Elle vient d'entendre un bruit. Il y a quelqu'un dans son appartement. Encore. Et ce n'est pas son frère, bien sûr que non, ce n'est pas son frère. Elle connaît chacun des sons qu'il émet, peut sentir sa présence par-delà les murs, par-delà les mètres qui les séparent. Ce n'est pas lui, c'est un autre, un intrus de plus sur son territoire. Cet appartement va terminer dans les flammes, maudit soit-il. Cette fois, en tout cas, pas question d'affronter le danger sans armes. Elle allait le foutre dehors en un rien de temps, après lui avoir fait subir les plus dures des tortures. Hors de question d'être une victime à nouveau. Hors de question que la peur la paralyse une fois de plus. C'était chez elle, son domaine, ses frontières. Qu'avaient-ils tous soudainement contre ça ?
Sa tenue de combat ? Un débardeur et un tanga. Elle n'y pense pas. Il faut exterminer la vermine, le plus vite possible. Sa baguette entre les doigts, elle arpente l'appartement le plus silencieusement possible, jusqu'à la source du bruit. Elle se serait sentie plus en sécurité avec ses potions qu'avec sa baguette, mais elle n'a pas réellement l'intention de foutre le feu à la Bran Tower. Elle cherche un sortilège qui pourrait lui être utile, là, tout de suite, dans le mince registre de ceux qu'elle maîtrise plutôt bien. Enfin, devant la salle de bain principale – la fratrie Valkov en possède trois, en tout -, elle s'arrête, ferme les yeux, se concentre. Faire irruption, frapper son adversaire. « Incarcerare. » Une silhouette masculine s'écroule sur le sol alors qu'elle vient de lui entraver les membres. Elle met plusieurs longues secondes à mettre un nom sur ce visage... « Goyle ? » Se rendant compte que le jeune homme n'est pas dans la plus favorable des positions – la serviette enroulée autour de sa nudité ayant été... déplacée au passage, elle s'empresse de se retourner avant que son regard ne s'attarde trop. Attendez. Pause. … Il sort de sous la douche ? « Qu'est-ce que tu fous ici ? » |
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| La paupière se soulève, doucement, se referme immédiatement, tentant d’échapper à la luminosité soudaine, brûlant la rétine. Un léger grognement, rauque, et le corps s’étire paresseusement, réveillant les douleurs enfouies et la décadence de la nuit passée à s’enivrer. La soirée avait été longue, suffisamment pour qu’il ne s’en souvienne plus vraiment. Pulsations sous son crâne, flashs des heures noyées dans l’alcool, les visages flous et les gestes hésitants. La résistance qu’il a développée, au fil du temps, au fil des semaines devenus mois, ça remonte à longtemps, la dernière fois, la dernière journée passée sans chope serrée entre ses doigts. Et puis, les limites à l’endurance. Gargoyle s’amuse à les dépasser, un peu par inadvertance, à chaque fois, le verre de trop, les jambes qui plient et la réalité distendue, les conneries qu’il balance, il se fait plus bavard, plus éloquent, grande gueule au poing vif et destructeur. Ça se termine toujours à feu et à sang, carmin retraçant sur ses phalanges endolories les combats et les histoires dont il ne se souvient déjà plus, la violence au creux du ventre, engloutissant tout sur son passage. Le whisky pur feu, en particulier, lui fait ça : barrage de lucidité qui craque sous les flots ininterrompus de la rage première, et il devient meurtrier, l’œil mauvais et le rire jaune. Il suffit d’une parole déplacée, un mot de travers et il est parti, justicier qu’il n’est pas, guerrier un peu raté, le rôle du bourreau qui lui colle à la peau.
Il ouvre enfin les yeux pour constater qu’il n’est pas chez lui, et ça le remue un peu, d’avoir atterri ici. Les lendemains difficiles, et le hibou qui vient l’emmerder dès le lever du soleil, c’est ce à quoi il est habitué, se traînant miraculeusement jusqu’à son appartement. Pas cette fois-ci, cependant : ses prunelles claires sondent les lieux, le dos encore confortablement enfoncé dans le canapé, décortiquent l’agencement semblable, la richesse de l’élite si foutrement prévisible, et pourtant si différent de son logis. Les images de la veille surgissent, brusquement, et le visage de Valkov se dessine dans un recoin sombre de sa mémoire, le soutenant pour qu’ils transplanent ensemble. T’as déconné, Goyle. Il entend encore la voix trainante, écho entêtant alors qu’il se passe la main sur le visage. Remarque qu’elle tremble, mais n’en pense pas grand-chose, la nausée au bord des lèvres. Les tremblements sont légers, mais de plus en plus réguliers, réveils après réveils, nervosité qu’il ne parvient pas à contrôler, qu’il ne cherche même pas à maîtriser. Une bièraubeurre, et ça repart, pas de quoi s’inquiéter. Il n’use pas assez sa tête pour créer des liens qui lui déplairaient, des associations dégueulasses avec le père et l’alcool qui le rendait mauvais, lui aussi. Personne ne s’est encore risqué à le faire, peut-être Crabbe aurait-il osé, de son air goguenard, et il se serait pris un poing dans la gueule, et ils n’en auraient plus parlé. Il aurait osé, ça n’aurait probablement rien changé. Mais il l’aurait fait, avec sa manière d’ouvrir sa gueule pour sortir des faits inutiles et dont l’autre ne se souciait pas, juste pour le prévenir, juste pour lui montrer qu’il savait. Il l’aurait fait, et ça l’aurait fait chier. Seulement Crabbe n’est plus là, et son compagnon n’avait été que Valkov, amitié fade au goût de l’excès, camaraderie fondée sur une forme de respect (et il n’est toujours pas coutumier de la sensation, Goyle qu’on ne regarde plus de haut) et un goût certain pour les bonnes choses. Qu’aurait-il pu lui dire ? T’as déconné, Goyle. Il se redresse quelque peu, grimaçant en sentant ses muscles gronder, s’extirpant de son lit de fortune pour s’étirer.
« Valkov ? » La voix enrouée lui rappelle que sa gorge, elle aussi, le fait souffrir, et il ne se fatigue pas à appeler une deuxième fois. Membres endoloris et tête lancinante, l’idée d’une douche revigorante, calmant les douleurs qu’il s’est sans doute infligé à lui-même. Le craquement des os contre sa mâchoire, et la hargne qu’il a eue à riposter, le vague regret du lendemain alors qu’il s’avance dans l’appartement, l’air hagard et probablement un peu con, ses vêtements de la veille froissés et dégueulasses. Trouver la salle de bain, se débarbouiller et se casser. Le comparse doit encore être endormi, et il ne tient pas vraiment à le réveiller. Ni à lui parler. À qui que ce soit, d’ailleurs, l’ours ne cherchant qu’à retourner dans sa tanière pour en sortir la nuit venue, le prochain entraînement arrivé, solitude dans laquelle il se complait tranquillement, oubliant souvent que le monde continue à tourner sans lui. Il passe quelques minutes à déambuler, ouvrant des portes au hasard sans aucune douceur, ne se souciant pas de tirer qui que ce soit du sommeil (il ne lui en voudrait pas, n’est-ce pas ?). Finalement, il atteint son but, et s’engouffre dans la pièce avec soulagement.
L’eau brûlante, et sa peau qui vire au rouge vif alors qu’il ferme les yeux, essayant d’ignorer l’envie de gerber qui le prend aux tripes. Il n’y reste pas longtemps, juste assez pour apaiser les hématomes qui auraient déjà dû couvrir son corps, mais qui ne s’y trouvent pas. Peau aussi épaisse que du cuir, ne marquant pas, la douleur invisible qu’il encaisse sans broncher, courbatures qu’il ignore en remontant sur son balai, prêt à en découdre à nouveau. D’une main, qui tremblote toujours un peu, il se saisit d’une serviette. Chancèle, la buée rendant l’air pesant et pratiquement irrespirable, manque d’oxygène et perte d’équilibre, une seconde où son esprit s’égare. Fraction de temps qui lui échappe, à peine plus qu’un instant, et la porte s’ouvre violemment, il n’a pas le réflexe assez rapide pour réagir. « Incarcerare. » Alerte qui rugit avec un moment de retard, et il est à terre, les cordes venant s’enrouler, bien serrées, autour de lui. Jurons qui s’échappent d’entre ses lèvres, charabia sans queue ni tête, quand la sienne a heurté violemment le sol, réveillant la migraine que la douche avait réussi à éloigner. « … vermine. » Il s’interrompt un peu brutalement, discours haineux tué dans l’œuf, réalisant que ce n’est pas Andel devant lui, mais sa foutue sœur, qu’il n’a jamais fréquentée que de loin. Et certainement pas dans ces conditions. « Goyle ? » Elle s’empresse de se détourner, et il ne voit plus d’elle que son dos, se demandant pourquoi elle avait décidé de ne plus lui faire face. Une, deux, trois secondes de réflexion, et la serviette qu’il n’a plus sur lui. Par Salazar, c’est tout ce qui lui vient à l’esprit, et son visage pâlit quelque peu alors qu’il gigote pour essayer de s’en approcher. « Qu'est-ce que tu fous ici ? » Bonne putain de question – il ne se souvient pas avoir entendu l’autre mentionner qu’il vivait avec elle. Il se souvient plus de grand-chose, ceci dit, ça l’étonnerait pas tant qu’il ait en fait été au courant. « J’me l’demande. » Il grogne, l’humeur orageuse, tentant de se défaire des liens qui l’entravent sans magie, sa baguette étant tranquillement déposée par-dessus la pile de ses vêtements, à quelques mètres de lui. Dégager doucement la main, et les cordes lui vrillent les poignets alors qu’il s’acharne à tirer dessus. « Foutu Valkov. » Un millimètre. Deux. Trois. « Il m’a ram’né ici hier soir. J’crois. Pas sûr. J’m’amuse pas à m’introduire chez les gens, en tout cas. » Marmonnements indistincts, et deux de ses doigts arrivent finalement à saisir le bout de tissu qui lui manquait, s’acharnant à le tirer un peu sur lui tout en recommençant à jurer. Ça ne fonctionne pas. Foutue journée de merde. « Libère-moi ! » Le ton agacé, défait de ne pas être parvenu à ses fins par lui-même, sachant pertinemment que certains sorciers auraient pu se délier tout seuls, sans baguette. Pas lui, bien qu’il essaie lamentablement de se répéter en silence un finite incantatem. Les sorts informulés, il sait pas vraiment les maîtriser, alors sans sa baguette, c’était foutu d’avance, et il ne sait même pas pourquoi il s’est fatigué. « Mais te retourne pas. » Vague menace, à laquelle il essaie de lier toute sa colère pour lui donner plus de poids, bien que sa position soit tout bonnement ridicule. « J’vois qu’t’accueilles les invités avec courtoisie » ajoute-t-il, sifflant et mauvais. Merlin, qu’il a mal au crâne.
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| Gregory Goyle, ce n'était pas grand-chose, pour Darja Valkov. L'acolyte de Crabbe, le toutou de Malfoy, voilà la réputation qui lui collait à la peau, à Poudlard. Et même lorsqu'il avait commencé à fréquenter Andel, leurs liens ne s'étaient pas resserrés pour autant. Ils avaient toujours gardé entre eux une distance de sécurité. De ce qu'il lui explique, c'est précisément grâce à son frère qu'il est là, maintenant. Elle avait cru entendre qu'il était devenu quelqu'un, que son nom était scandé par les foules, dorénavant. Quidditch. Jamais été sa tasse de thé, ça non plus. Elle se contentait jusque-là d'aller soutenir son frère, simplement parce qu'elle savait que ça avait la plus grande importance pour lui, mais même après le visionnage de tous ces matchs, elle ne parvenait pas à comprendre ce qui motivait autant les sorciers à se les cailler dans le froid, à brailler de toutes leurs forces, à soupirer comme s'il s'agissait de leur propre échec. Ce qu'il y avait de pire, c'était définitivement de se retrouver dans une pièce pleine de fans de Quidditch : ça parlait de composition des équipes, de salaires des joueurs, de qui s'était blessé, et leur prochain entraîneur... Ça finissait toujours en sortilège d'isolement, d'être témoin de ce genre de discussions.
Toujours est-il, ce jeune homme qu'elle connaît à peine se trouve présentement dans l'une de ses salles de bain, sur le sol, dénudé, pieds et mains liés. Maintenant que la menace a été éradiquée, elle sent la chaleur dans cette pièce, la vapeur qui remonte. Pas un bon cocktail, quand on le mélange aux composants de son état actuel. Aussitôt rassurée que la voilà qui rechute, de légers tremblements secouant son corps affaibli par sa dernière sortie, par le manque de sommeil, et par le dernier coup de stress. A terre, Gregory marmonne. La Langue-de-Plomb l'entend remuer, ramper, puis s'expliquer – si l'on peut définir ainsi les quelques mots qu'il aligne afin de justifier sa présence en ces lieux. « Pas sûr. J’m’amuse pas à m’introduire chez les gens, en tout cas. - Ouais, ben c'est une pratique à la mode, en ce moment, pourtant... » Bien entendu, elle fait référence au fou furieux qui s'est introduit chez elle trois mois auparavant. Celui qui a retourné son appartement, y a installé ses quartiers, et a été jusqu'à la toucher sans sa permission. Pouvait-on vraiment lui en vouloir alors de réagir de manière si excessive ?
« Libère-moi ! » L'impératif lui fait immédiatement serrer la mâchoire. L'agacement qui point dans sa voix, les poings. Elle fixe son regard bien devant elle, coupe sa respiration en attendant que l'élan de rage qui vient prendre possession de ses sens, de son corps, ne s'évapore. Darja avait toujours eu du mal avec les ordres, directs, concis, ceux auxquels on ne mettait pas de formes. Ça avait le don de la figer, de la faire ruminer, ça rendait le monde rouge autour d'elle. L'espace de quelques secondes. Juste le temps qu'elle retrouve son calme légendaire, que ses sens se fanent, que l'univers redevienne terne, fade. « Mais te retourne pas. » Un sourire étire ses lèvres, parce qu'elle sait, déjà, ce qui va suivre. Elle sait qu'elle ne saura retenir cette lueur qui se meurt en elle d'éclabousser un peu l'extérieur, le sol de la salle d'eau, et Gregory Goyle avec. « J’vois qu’t’accueilles les invités avec courtoisie - Je vois que tu as une grande reconnaissance pour ceux qui t'offrent l'hospitalité... » Sur ce, elle se retourne, bravant l'interdit terrifiant que lui avait soumis Greg. La blonde s'approche de son corps entravé, se penche pour récupérer la serviette de laquelle il était si proche et si éloigné, et la laisse tomber, dans un geste théâtral, sur les parties à préserver de ses yeux chastes. « Il n'y avait pas grand-chose à voir, de toute manière. » Elle s'accroupit, joue un peu avec sa baguette, puis se décide à mettre un terme à son calvaire. Comme tout le reste, ce n'était amusant qu'un tout petit instant. « Finite incantatem. » Enfin, les liens se desserrent, et l'injustement agressé retrouve sa liberté de mouvement. Elle retourne se placer dans l'embrasure de la porte, et admire le spectacle, à présent qu'elle en a le loisir – du moins, sans être prise pour la reine des perverses. « T'as faim, sinon ? Je ne voudrais pas qu'on m'accuse de te laisser crever la dalle, en plus de tout le reste., et t'as même pas l'air en état de pouvoir monter deux étages. » |
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| Son crâne. Il a l’impression de crever, cette fois, et ça devrait être suffisant pour l’avertir que quelque chose ne tourne vraiment pas rond. Devrait, ne fonctionne pas. Il repousse la douleur, s’estime assez endurant, ignore les nausées et les tremblements. Rien qu’une gueule de bois, rien qui ne se soigne pas. Elle marmonne quelque chose à propos de mode, des gens qui s’introduisent chez elle, et il doit faire une grimace un peu étrange, il ne comprend pas de quoi elle parle. Ça le déstabilise encore davantage, il se demande vaguement s’il s’est déjà introduit chez elle, ou quelque part, et le fait de ne pas pouvoir assurer avec certitude que ce n’est jamais arrivé aggrave sa migraine. Merlin, de quoi elle parle ? Décide de ne pas s’en formaliser, et s’en retourne à sa condition actuelle, bien plus préoccupante. La nudité, le sort informulé sans baguette qui, bien sûr, ne fonctionne pas, et ces liens qui l’entravent et commencent franchement à le faire chier. Il a beau lui demander de le libérer, elle ne réagit pas, pas assez vite à son goût en tout cas. Sa mauvaise humeur s’accroît en même temps qu’il arrête le combat, conscient qu’il ne parviendrait pas à se défaire de ses chaînes. Putain de mauvaise journée. « Je vois que tu as une grande reconnaissance pour ceux qui t'offrent l'hospitalité... » Il ouvre la bouche pour rétorque que c’est le frère qui l’a hébergé, et pas elle (et vu sa réaction, on ne peut pas vraiment parler d’hospitalité, n’est-ce pas) qu’elle se retourne malgré son interdiction. Son visage vire au blanc tandis qu’il lâche un hé ! pas franchement convaincant, se jurant de lui faire payer une fois libéré. Comment, il ne sait pas, il a pas pensé jusque-là. C’est pas comme s’il pouvait faire grand-chose, en soi. Gargoyle rechigne, par principe, à lever le poing sur la gente féminine, bien qu’il ne soit pas non plus tout à fait opposé à l’idée (parfois, elles le cherchent autant que ses comparses masculins, c’est comme ça). De là à ce que la Valkov le mérite, c’est un grand pas qu’il ne tient pas spécialement à franchir. « Il n'y avait pas grand-chose à voir, de toute manière. » … Ou peut-être que si, tout compte fait. Ses joues s’empourprent légèrement, de colère et de gêne, tranchant avec la pâleur de son teint, et il ressemble à une midinette de treize ans. Passer de bourreau à victime, l’humiliation suprême sous son regard moqueur, à quelques centimètres de lui, accroupie et apparemment décidée à contribuer à l’une de ses pires foutues journées de sa vie – et pourtant, il en a eu, des putains de mauvaises journées. Il lui lance un regard furieux, promettant torture et autres joyeusetés, la répartie tardant à venir, comme d’habitude. Il trouverait quelque chose à rétorquer plus tard, quand il s’écroulerait dans son lit et qu’Arès viendrait se nicher dans son cou alors qu’un hibou n’y a absolument pas sa place. Trop tard, mais au moins, il y penserait, c’est ce qu’il se dit à chaque fois pour se réconforter. Tout le monde n’avait pas une langue acérée ; lui c’était dans le silence et le sang qui coule qu’il se faisait respecter. Une façon comme une autre.
Valkov le libère enfin, et il se redresse un peu plus difficilement qu’il ne l’aurait voulu, serrant la serviette contre lui comme un bouclier précieux. Ça l’emmerde, d’être en position de faiblesse, ça l’emmerde, qu’elle se mette à l’embrasure de la porte pour l’observer, et par Salazar, ça l’emmerde, l’air moqueur qu’il croit déceler dans ses traits. « Pas trop tôt. »Il marmonne, sur ses pieds, se saisissant de ses habits passablement propres (moins que lui maintenant, en tout cas). Le monde tangue un peu, et il secoue l’une de ses mains pour qu’elle cesse de trembler autant tout en essayant d’enfiler ses vêtements sans révéler quoique ce soit de plus de son anatomie – il préfère oublier le fait que ce soit trop tard pour ça –, plutôt sûr qu’elle ne l’écouterait pas s’il lui demandait une nouvelle fois de se retourner. L’opération est compliquée, surtout dans son état, et il grogne encore entre ses dents, rêvant de son appartement en bordel, sauf si Gwen est passée faire le ménage, et de son unique oreiller. Il pourrait théoriquement transplaner, mais il est pas sûr que ce soit une bonne idée. Les histoires sur le transplanage qui se passe mal lui ont toujours fait froid dans le dos. « T’as faim, sinon ? » Il tourne les yeux vers elle après avoir essayé de l’ignorer, l’intérêt venant jouer au creux de ses yeux injectés de sang. « Je ne voudrais pas qu'on m'accuse de te laisser crever la dalle, en plus de tout le reste, et t'as même pas l'air en état de pouvoir monter deux étages. – J’suis totalement capable d’monter les deux étages qui m’séparent de chez moi » rétorque-t-il, presque prêt à bomber le torse. Elle parlait de Gargoyle, bien sûr qu’il pouvait assumer sa gueule de bois. Sauf qu’il est pas sûr d’avoir quoique ce soit à manger chez lui. Si Gwen n’est pas passée, c’est un non assuré. Il veut pas vraiment s’y risquer, veut pas non plus accepter quoique ce soit de sa part après qu’elle ait joué avec sa dignité. Il en a certes pas beaucoup, mais le peu qu’il a lui est précieux, et elle l’a piétinée avec ses manières et ses insinuations. Il boutonne tant bien que mal sa chemise, devant s’y reprendre à deux fois pour ne pas commencer au mauvais bouton (il devrait pas l’ouvrir, juste la faire glisser, puis la réenfiler, beaucoup plus simple). « T’as quoi ? » Un peu sur la défensive, Gregory se saisit de sa baguette, qu’il glisse dans la poche de son pantalon, au cas où elle se déciderait à l’attaquer à nouveau sans foutue raison, et qu’il doive se défendre. « Pas sûr d’vouloir, quand tu proposes comme ça. » Il lui jette un regard noir. « L’empoisonnement, t’as l’air de savoir faire. » Les mots sortent difficilement, bouche pâteuse et fatigue qui l’assomme. Pas assez pour qu’il se méfie pas, la paranoïa comme seconde nature. Un autre point d’intérêt, néanmoins, qui le décide à accepter pour de bon alors qu’il se dirige vers la sortie de la salle de bain. « T’as d’la bièraubeurre ? » |
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| | | | | fast bind, fast find. (darjory) | |
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