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sujet; (6 février 2003) like smoke darknin' the sky - bastus

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Il y a des choses qui devraient te dépasser mais qui se contentent de te passer au-dessus de la tête sans que tu t’en chagrines.
Il y a des gens que tu dépasses, pas en taille certes, mais qui ne parviennent pas à saisir ta logique pourtant implacable. Ta moralité désordonnée et pourtant si claire.
Et puis, il y a des choses qui te dépassent plus que d’autres. Des choses qui aux yeux des autres, paraissent tout à fait simples.
Et d’autres dont ils n’auraient même pas idée qu’elles puissent se produire. Comme par exemple, l’initiative de ton patron de t’offrir une nuit de folie entre les cuisses d’une prostituée de luxe, sous prétexte que vous étiez nés le même jour. Rien que ça.
Quelqu’un à la réactivité normalement constituée se serait méfié et aurait poliment, avec plus ou moins d’affolement, décliné l’offre. Ce qui aurait eu le don sans aucun doute de mettre Rookwood dans une colère noire et glaçante.
Mais pas toi. Tu t’es contenté de bafouiller quelques remerciements –ce qui avait eu le don (mais est-ce encore un don à ce rythme-là, puisque c’était toujours comme ça ?) de faire doucement ricaner Rookwood, planté comme tu étais devant le fait accompli, qui se présentait ce jour-là sous la forme d’une jolie jeune femme bien apprêtée. Sans doute parce que la demoiselle avait les cheveux blonds, des feux d’artifice dans les yeux, et l’air de se moquer de toi sur la bouche. D’où l’intérêt de lui occuper la bouche à autre chose.

En revanche, ce qui paraissait naturel dans ton crâne de piaf, c’était de venir faire ton rapport auprès de ton patron après avoir fait ta petite affaire, comme s’il venait tout simplement de t’envoyer en mission, et non de t’envoyer en l’air.
Mission qui s’était révélée non moins périlleuse, parce que tu n’as jamais su comment aborder la gente féminine, et encore moins quand celle-ci avait de bonnes manières et était payée pour épancher ton plaisir le temps d’une soirée. Autant dire que la première approche fut bien trop brusque à son goût, parce que c’est pas comme interpeler un rebelle au coin d’une rue. Ni même d’immobiliser au sol un Rebut indocile.
Bref, c’était tellement pas gagné que tu t’en es tapé la tête contre les vitres embuées de la douche, tandis que la belle retouchait son maquillage, avant de passer au client suivant.
Tu ne savais même pas si tu avais davantage honte de ton manque de tact ou du fait de ne pas avoir profité comme il fallait du présent fait par ton supérieur hiérarchique…
C’est la demoiselle qui a fini par te faire sortir de la salle de bain, avant que tu ne brises tes dernières connexions neuronales et par la-même tous les miroirs, à force d’y donner des coups de boule.

C’est donc en docile chien de garde que tu prends congé de la demoiselle (que tu as sans doute trouvé bien trop charmante pour ne pas vouloir la revoir, quitte à y sacrifier tes dernières économies), après avoir pris le temps de la raccompagner, car tu étais on ne peut mieux placé pour savoir que les rues étaient mal fréquentées, puisque toi-même tu faisais partie de la faune peu recommandable de la ville.
Vos routes se séparent alors que tu prends le large pour Herpo Creek, retrouvant ton chemin avec une facilité déconcertante et qu’on ne t’aurait pas cru, quand on voit ta dégaine qui faisait terriblement tache dans le décor. Tu te rappelles, les premières visites que tu avais dû rendre à ton patron, et qui s’étaient mal profilées à l’horizon, puisque tu t’étais retrouvé coincé par tous les sortilèges qui protégeaient les riches fessiers de la société sorcière. Et encore aujourd’hui, bien que tu aies reçu l’autorisation de pénétrer la zone, on ne manquait pas de te rappeler de derrière des regards haineux et des changements de trottoir soudains, que tu n’appartiendrais jamais réellement à ce quartier.
Mais toi, grand seigneur, tu t’en fous. Tu veux juste aller voir ton patron.

Et loin de toi l’idée gênante de lui parler de ta poussiéreuse libido. Non, il s’agissait simplement de lui dire que c’était fini, comme tu l’aurais fait après avoir terminé une mission, les mains encore brunes de sang séché. Les détails, il les avait par la suite dans un rapport maladroitement rédigé de tes doigts gourds, souvent corrigés par la suite par madame la secrétaire.
Mais ici, il n’était pas question de rapport, bien entendu. Si ce n’était de rapport physique, ahah. Une p’tite blague était toujours la bienvenue avant que tu n’aies à affronter la sévérité si délicieuse de ton supérieur, quand elle n’était pas doublée de celle de sa bonne à tout faire tirée à quatre épingles…
Tu te surprends à espérer qu’elle ne soit pas là, sans faire cas de l’heure avancée de la nuit.


Dernière édition par Bacchus A. Murdock le Dim 24 Avr 2016 - 14:52, édité 1 fois
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Ladah devait être partie depuis quelques heures et Augustus, seul dans la maison en ce charmant samedi soir, profitait de la fraicheur de la nuit en fumant une cigarette devant chez lui. Il aimait regarder la ville silencieuse, les quelques passages nocturnes, les hiboux au loin, les regards effrayés qu'on lui lançait parfois. Il avait encore cette étrange bonne humeur en lui, ce résidu d'une bonne nuit de sommeil et ce résultat des plans qui progressent bien. Sa nouvelle secrétaire était véritablement une femme compétente et intéressante, elle promettait de belles choses. Il avait hâte de voir comment elle allait évoluer...
Du souvenir de Ladah vint l'image du raffleur, Bacchus, cet imbécile qui partageait le même anniversaire que lui, pour d'obscures raisons du destin. Cela faisait bientôt six ans que la brute le suivait, toujours plus fiévreusement. Il lui échappait sur plusieurs points, mais sa fidélité, sa brutalité, sa malléabilité lui avait été utile en de nombreuses occasions. Augustus avait toujours cruellement besoin de personnes fidèles et loyales, aussi dérangeant et dangereux cela pouvait être. Les personnes comme Ladah qu'il savait ici principalement par profit ou raison personnelle le rassurait davantage. Il comprenait ce genre de raison. Pas l'aveugle fascination dont le raffleur pouvait faire preuve.
La compétition entre Ladah et Bacchus l'amusait beaucoup, et les motivait tous deux à lui plaire, ce qui lui était terriblement utile. Il aimait leur dispenser des avantages à l'un ou à l'autre de manière plus ou moins aléatoires pour les voir s'insurger ou se féliciter. C'est peut-être pour cela qu'il avait payé cette fameuse nuit avec une prostituée à Bacchus. C'était peut-être pour qu'il puisse rétorquer quelque chose d'autres que des borborygmes lorsqu'elle le traitait de puceau. C'était peut-être simplement pour lui faire plaisir, ou pour voir sa réaction, ou le rendre encore plus redevable. Lui-même n'aurait pas su jauger exactement quelle raison pesait plus ou moins dans la balance.

Il réfléchissait distraitement à cela, fumée au vent, lorsqu'il vit l'homme en question passer devant lui sans le voir pour aller toquer à la porte de la maison des Rookwood. Il avait vraiment tendance à avancer des œillères celui-là. Que pouvait-il bien faire ici ? Avait-il fait du mal à la pauvre fille ? Avait-il été incapable d'aller jusqu'au bout ? Avait-elle fui en courant à la vue de sa barbe mal taillée ? Et même dans ces cas-là, pourquoi venir le voir, lui, Augustus Rookwod, au beau milieu de la nuit ? La logique et les habitudes du Murdock, pourtant souvent simples et rudimentaires, étaient tant guidées par l'instinct qu'Augustus se retrouvait souvent surpris, contre toute attente, par ses actions. Dans tous les cas, il était curieux de savoir ce qu'il se passait.
Il le suivit donc sans un bruit, se trouvant à quelques mètres derrière lui, en contrebas du porche, lorsqu'il toqua à la porte de la demeure vide. Si la maison ne fut que silence en réaction, une voix s'éleva derrière lui, un brin surprise mais pas mécontente : « M. Murdock ? Est-ce bien vous ? » Il attendit qu'il se retourne pour pouvoir bien juger de son état d'esprit et n'ayant pas l'air spécifiquement affolé ou traumatisé, il supputa que la soirée avait bien du se passer. « Que me vaut le plaisir de cette visite ? Quelque chose s'est mal déroulé avec Mlle Coralie ? » Il était formal, la demoiselle avait été complètement payée avant le début de la soirée. Il espérait vraiment que ce n'était pas une histoire d'argent...
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Te faufiler dans les rues, ça, tu sais faire ; avoir l’air glauque juste parce que tu jettes une capuche sur ta tête aussi. Mais dès que tu t’arrêtes sur le pas de la porte de la demeure de ton patron, c’est comme si tu perdais toute contenance. T’es déjà pas bien grand de nature, mais c’est complètement minuscule que tu te sens chaque fois que tu te retrouves devant chez lui. Comme une symbolique de comment tu te sentais dans tes bottes quand vous vous trouviez dans la même pièce. Parce que justement, tes bottes, elles sont sales, et que ta peau est encore moite de ce début de soirée, malgré la longue douche prise après vos ébats.
Tu tapes machinalement le bout de tes bottes contre le perron, décrochant la terre et les gravats de pavé coincés entre les crampons. Tu étais en train de les glisser tout en subtilité sous le paillasson lorsque tu entends sa voix derrière toi. Tu sursautes, engoncé dans ton manteau, parce que quand tu n’étais pas en mission, tu avais la capacité d’attention d’un blanc de poulet rôti. Tu fais volte-face comme un chiot aux aguets et dévales en cavalant les mètres qui te séparent d’Augustus, sans doute pour qu’il ne te fasse pas de remarque sur son devant de porte tout crotté.

T’as cette petite courbette, le temps de reprendre rapidement ton souffle. Le genre que t’as pour personne d’autres, parce que c’est beaucoup plus rigolo de tenir tête aux chefs Rafleurs. Et qu’accessoirement, la première et dernière fois que tu avais tenu tête à Rookwood, tu en avais payé de ta personne, la truffe au sol et une magnifique cicatrice à l’oreille en récompense.
« Non-non… tout s’est passé… disons correctement ? » réponds-tu, encore un léger goût de fer sur les lèvres, après que la demoiselle t’ait collé une pichenette parce que tu avais été bien rustre à son égard pour commencer. C’est qu’elle aurait voulu que tu coupes cette vilaine barbe. Et qu’en conséquence, tu te serais mal vu à manipuler maladroitement la lame de rasoir, quitte à t’entailler un peu trop les joues et lui faire encore un peu plus peur.  Parce que c’était évident que ça n’était pas toi qui avais fait appel à ses services. Ce qui voulait dire que tu n’étais pas friqué, et n'avait donc aucune chance d’être distingué. D’un autre côté, à ne pas pouvoir lui acheter la lune et les étoiles rien que pour ses beaux yeux, tu ne t’étais permis de faire ce que tu voulais d’elle.
T’étais bien trop humble pour ça. Et tu ne parles même pas de la honte que ça aurait été si elle en était venue à se plaindre à Rookwood en personne. Bah ouais, on sait jamais.

« C’est juste que… j’ai fini » passons l’expression qui donne l’impression que tu viens d’achever ton dîner –quoique, dans un sens, cela revenait au même, puisque la surprise avait été telle que tu en avais oublié de manger. A t’entendre, on dirait que t’es venu le voir pour qu’il t’essuie les coins de la bouche. « et j’voulais vous r’mercier, même si c’est… un cadeau un peu étrange… »
Etrange est aussi ton regard qui ne se pose nulle part, alors qu’il voudrait se poser sur lui, sur son complet trois pièces. C’est celui qu’il avait la semaine dernière, quand il a tenu la réunion au ministère. T’es pas un stalker ; t’as juste le souci du détail, le bon sens de l’esthétique. Parce que les gens qui s’habillent bien, ils le font pour eux autant que pour les autres. Alors tu sais apprécier. C’était sans doute la seule chose (ou pas) que tu ne pouvais reprocher à ta collègue et meilleure rivale Ladah, toujours impeccable elle aussi, même si elle ne traînait pas encore comme Rookwood la lourde cape invisible, à laquelle tu étais particulièrement sensible, et qui faisait que tu avais autant peur qu’envie de le suivre, là-même où la morale n’avait pas sa place.
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Il était venu pour... quoi, lui donner le bilan de sa mission ? De son acte ? Les détails sordides, aussi, peut-être ? La logique de Bacchus lui échappait vraiment, même s'il savait que d'autres motivations moins louables avaient poussé l'homme à aller jusqu'à chez lui au milieu de la nuit. Le genre de motivation qu'il avait senti pointer dès le moment où leur pacte avait été scellé, et qu'il avait observé grandir, s'étendre, jusqu'à tout gangrener chez cet être particulier.
Aujourd'hui, Bacchus Murdock était en sa complète possession, et s'il restait inquiétant sur certains points, cela permettait au mangemort de ne pas avoir à faire d'efforts pour le garder, notamment dans la tâche parfois hasardeuse et épuisante de simuler une romance, et les rapports sexuels consécutifs. Le genre de chose qu'Augustus se résolvait souvent à effectuer lorsqu'il voulait contrôler quelqu'un. Mais non. Plus il était froid, distant, ferme avec Bacchus, plus il s'accrochait à lui avec ferveur. Et cela rendait l'homme assez reposant.

Il le regarda se précipiter vers lui avec le sourire du maître voyant accourir son chien pour récupérer son os. Il n'avait aucun charme, aucun charisme, à peine un peu de présence. Il avait la beauté de la brute, la grâce de la barbarie. Il était l'excès, la colère, mais domptée, en laisse et entre ses doigts. Et il était fier d'avoir dressé ce monstre.
Son sourire s'agrandit, tendre, aux remarques du pauvre imbécile. Il voyait dans ses yeux qu'il n'y comprenait vraiment rien, mais que cela ne l'inquiétait qu'à peine, ne le faisait en rien douter. Cela l'amusait. Une main d'Augustus se leva et se posa sur l'épaule de Bacchus, dans ce geste paternel et habituel auquel il s'adonnait souvent, à moitié pour le féliciter, à moitié pour le déstabiliser. « Je suis ravi d'apprendre que vous avez pu profiter de l'affection de Mlle Coralie. Vous méritiez tous deux un bon moment, je n'ai fait que le provoquer. C'est un honneur d'avoir pu vous aider ainsi. » Il cherche un instant une différence, un indice sur le dépucelage de son employé. Il est curieux des modifications que cela a pu provoquer en lui, sûrement trop subtiles pour être facilement visible sur cet être si brut, si entier. Après avoir retiré sa main et avoir fait quelques pas pour le dépasser sur le chemin du manoir, il se retourna donc pour lui proposer : « Mais entrez donc, nous pourrons parler plus confortablement. Vous avez besoin de vous réchauffer, et personnellement je commence à avoir soif. » Et sans douter une seule seconde que l'homme n'oserait décliner son offre, malgré de potentielles réticences marmonnées, il pénétra de nouveau dans la maison, laissant son mégot dans une poubelle au passage, guidant rapidement son étrange invité jusqu'à son bureau, dans l'aile ouest.
Le manoir était trop grand pour deux, et seules peu de salles étaient véritablement occupées. Celle-ci en faisait partie, avec les nombreux livres, dossiers, instruments d'Augustus. C'était autant son bureau de travail que de réception pour ses collègues et amis, et plusieurs fauteuils ainsi qu'une table basse permettaient de s'y installer sans que la pièce ne semble encombrée. Sobre et impersonnelle, elle représentait bien plus le froid de la vie d'Augustus que sa chambre fournie en meubles familiaux et autres objets qui ne lui rappelaient aucun souvenir, aucune tendresse.

S'étant délesté de son manteau dans l'entrée, n'ayant pas pris la peine de proposer de prendre celui de Bacchus (autant essayer d'arracher son os à un chien), il se dirigea vers le buffet. « Prendrez-vous du scotch avec moi, Mr. Murdock ? Ou souhaiteriez-vous plutôt du thé afin de vous réchauffer ? » Il commença directement à servir son verre en attendant sa réponse.
Augustus regardait rarement Bacchus. Le plus souvent, il vaquait à ses occupations, réfléchissait, fixait l'horizon. Le raffleur était devenu son paysage, un détail dans son entourage, comme une constante qu'il sentait toujours rodant près de lui. Il se disait parfois qu'il pouvait même sentir sa présence magique, les yeux fermés, comme une espèce de trou béant continuellement dans un coin de sa pièce. Il n'avait qu'à y appliquer sa volonté, et le trou se remplirait, agirait, obéirait, dans la joie d'être nécessaire.
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every time i see you look me in the eye i look straight back 'cause a part of me will die
Il te met la main sur l’épaule. Tu n’aimes pas trop quand il te met la main sur l’épaule, parce que tu as peur de trop aimer quand il te met la main sur l’épaule. Parce que comme il est plus grand, quand il met sa main, ça appuie un peu, et comme t’as pas un cerveau très grand mais qu’il tourne beaucoup, un peu dans tous les sens, t’as l’impression qu’il te pousse en bas. Qu’il t’enfonce, comme à l’époque t’enfonçais la tête des élèves de première année dans l’eau des cabinets de Mimi Geignarde, parce que t’étais le seul capable de faire la sourde oreille quand elle piaillait.
Il t’enfonce, comme la main familière et anonyme d’un camarade, quand tu t’entraînais en cachette à l’apnée dans le lac de Poudlard. Comme quand tu t’entraînais tout seul à tomber le plus loin possible dans le fond de l’eau. Toutes les eaux. Et plus encore, le silence au fond de l’eau. Le silence pesant si lourd, qui étouffe, comme les mains glacées de l’amant un peu dérangé.
Depuis que t’avais croisé sa route, c’était comme si t’avais arrêté de respirer. Il aurait fallu que tu ouvres la bouche pour appeler à l’aide, pour dire que tu avais peur, que tu avais envie, et l’eau serait rentrée et tu serais mort.
T’étais p’t’être un trou noir dans un coin de sa vie, mais lui c’était une fosse marine dans laquelle tu t’étais jeté à corps perdu et âme guidée même si tu verrais sans doute jamais le fond. Parce qu’il a pas fini de te sourire ainsi.

C’était un honneur pour lui… Tu comprends pas. Quand on a fait en sorte de ne connaître que le devoir et l’obéissance, il était toujours déconcertant de se voir accorder par son supérieur hiérarchique une telle marque d’affection qui, pour les plus enhardis et les sans gênes, aurait pu être interprétée comme une considération d’égal à égal. Tu comprends pas pourquoi. Pourquoi t’as l’impression que t’es important quand il dit ça ? T’es pas quelqu’un d’important, t’as pas de bureau dans le Ministère. Toi, quand tu rédiges maladroitement tes rapports de mission, c’était sur un coin de table encombrée au quartier général des Rafleurs. T’es tellement pas important. Alors pourquoi cet honneur ?
De fait, loin de t’imaginer une telle promotion, tu acceptes du bout des lèvres –faut pas que l’eau elle entre - maugréant un peu dans ta barbe, alors qu’il te conduit à l’intérieur de la demeure.

Un scotch avec moi. Ch’uis toujours avec vous, patron. J’vous lâche pas, parce qu’en fait, je vous tiens pas, donc j’peux pas vous lâcher. C’est lui qui te tiens, Bacchus, par la peau du cou, comme on traînerait un chiot. Par le cou, à deux mains, au-dessus du vide. Il t’a déjà lâché, mais c’est comme s’il t’étranglait encore. Et ça fait du bien comme l’apnée.
Vous êtes dans son bureau. Comme chaque fois, ça te fait tout chose d’être dedans, même s’il n’y a rien dedans qui ferait être tout chose. Parce que ce bureau ne doit rien montrer d’autre que le professionnalisme et le sérieux de l’homme. On n’a aucune chance de savoir que sa nièce habite ici. Son bureau est aussi grand que le reste, et t’as toujours peur de te perdre tellement y’a de fauteuils.
« J’vais prendre avec vous » que tu déblatères, même pas conscient de ta bêtise de langage, à voir la manière que tu as de longer lentement les sièges et les divans, hagard, comme perdu dans le sommeil, apnée du sommeil, l’index s’attardant parfois discrètement de dedans ta manche sur une matière particulière, grattant une broderie.
« Mais du coup, moi, j’vous ai pas fait d’cadeau… » fais-tu ensuite remarquer en te défaisant finalement de ton encombrant et boueux manteau, reprenant comme si de rien était le fil hasardeux de votre échange. Tu te rappelles jamais vraiment beaucoup comment te comporter devant les gens de la société. Devant lui.
Beauté de la brute contre brutalité du beau.
T’as beau être plus jeune que lui, si bien qu’un petit rigolo aurait pu assimiler ta naissance à un cadeau pour les 26 ans de Rookwood –tu te refuses d’imaginer ce à quoi il avait pu ressembler à cette époque -, à voir comment tes yeux font l’apnée sur son dos, c’était à se demander si ce n’était pas plutôt lui qui te faisait le cadeau d’être en vie.
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Augustus n'avait pas véritablement attendu la réponse de Bacchus pour commencer à préparer mentalement le verre de scotch de l'homme. Il savait comment il allait répondre. La logique de Bacchus était assez simple à comprendre, une fois que l'on avait intégré ces lois étranges qui échappaient à la compréhension profonde d'Augustus : il lui était absolument dévoué. Il était obnubilé par son existence, d'une façon bien plus profonde, bien plus tordue, vicieuse et sinueuse qu'un simple sentiment amoureux. On avait plusieurs fois aimé Augustus, certains diraient à tort, d'autres tiraient à perte. Mais ce mélange de terreur et de fascination était un changement qu'il accueillait pour son utilité et pour son divertissement.
Lorsqu'il revint avec les deux scotch, ce fut le moment que choisi Bacchus pour laisser échapper sa frustration de ne pas lui avoir fait de cadeau. Augustus, à son tour, laissa échapper un sourire. Un sourire léger, cordial, presque tendre, qui laissait voir toute l'indulgence dont il gratifiait Bacchus. Et aussi à quel point il l'amusait. Il lui était dévoué, il était à ses pieds, il allait jusqu'à moduler son choix de boisson pour l'imiter, mais il semblait absolument étranger au véritable fonctionnement d'Augustus. Adelaïde l'approuvait et le soutenait tout en le connaissant et en le comprenant complètement. Bacchus, lui, le vénérait et lui obéissait sans rien comprendre, sans rien savoir, ignorant jusqu'à la plus simple logique du mangemort. Il se disait souvent que sa secrétaire le connaissait mieux que son raffleur, et cela le faisait sourire à l'idée de dévoiler cette information à l'un des deux individus.

D'un mouvement ample, il l'invita à s'asseoir et choisit lui-même le fauteuil juste devant lui, sirotant son verre, épiant avec curiosité la réaction du sorcier devant le goût du breuvage. « Vous n'avez pas à m'offrir quoi que ce soit, voyons, M. Murdock. » Notamment parce qu'il n'aurait pas les moyens de lui offrir quoi que ce soit qui lui plaise. « Vous me laissez déjà bénéficier de vos services dévoués et diligents. Je ne saurais accepter autre chose de votre part. » Comme une once d'intimité avec une bête pareille, aussi domptée soit-elle. Il a un léger rire, quelque chose de frais, de doux, de poli. « Alors laissez-moi plutôt vous laisser bénificier des avantages de mon poste. Je passe trop de temps à satisfaire Adelaïde, il est bon que quelqu'un d'autre profite de ce genre de privilège. » Sacré Adelaïde, et ses soirées, ses robes, ses excès, ses caprices. Il était de la voir dépenser, prendre soin d'elle dans le luxe. Augustus n'avait du se passer de la saveur de l'excès qu'une fois, une fois qui avait duré seize ans, une fois qui lui avait fait promettre de ne plus jamais se laisser tomber dans le besoin, lui ou ses proches.

Il regarda un instant l'intérieur de son verre d'un air pensif. Assis lascivement sur son fauteuil, évident maître des liens, il était bien plus détendu qu'à son bureau, où une posture droite et sévère était sa seule option. Cependant, le contrôle et la maîtrise transparaissait toujours dans chacune de ses postures, chacun de ses gestes, au contraire de son hôte qui n'avait pas l'air de savoir quoi faire de ses propres mains. « Et puis, j'ai toujours été assez généreux avec les autres durant mes anniversaires. Je suis un homme qui aime offrir. » Et qu'on lui soit ainsi redevable. « Et vous êtes un élément important de mon équipe, je voulais remercier à sa juste valeur vos compétences et votre investissement. »
La flatterie était une des armes les plus terribles du mangemort. Il flattait tous ceux qui lui étaient utiles et surtout tous ceux qu'il sentait fragiles et avides de reconnaissance, d'appartenance. Augustus était cette assurance-là. Dans ce monde injuste, cruel, froid, il était le supérieur chaleureux qui, certes, ne pardonnait jamais une erreur mais qui récompensait toujours les efforts, complimentait les qualités. Il faisait des cadeaux, des gâteries, laisser glisser des privilèges qui n'était jamais véritablement ignorés. Et Bacchus, tout en étant la première victime de ce genre de schéma, semblait toujours comme étonné de ce genre d'attention, se jugeant toujours indigne. Son étrange modestie pour un homme d'une telle apparence amusait tant le mangemort qu'il le complimentait parfois juste pour le plaisir de le gêner.
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Jusqu’à présent, le seul alcool auquel tu avais eu droit était cette bièraubeurre ou cette liqueur un peu trop bon marché pour être honnête qu’on s’enfilait entre Rafleurs, dans les tavernes, après les heures de service, soit à n’importe quelle heure du jour et de la nuit. Le genre de moment où l’ambiance se voulait bon enfant, où on suivait quatre conversations éméchées en même temps et où on avait presque l’impression qu’on s’entendait bien, même si on n’entendait pas grand-chose dans ce brouhaha. Tu affectionnais relativement ces interludes, puisqu’elles te rappelaient tes deux années post-Poudlard où vous sillonniez les boyaux malfamés de Londres, à la recherche de fuyards à maraver, votre sang pur un peu trop imbibé d’alcool de mauvaise facture. Alors autant dire que le scotch était inconnu au bataillon, bien qu’il vienne des terres sauvages de vos cousins du nord.

Avec sa permission, tu poses ton derrière tout au bord du fauteuil, ramassant pieds et épaules comme si tu craignais de prendre trop de place. T’es même pas plus grand que lui que tu te tiens jamais entièrement droit, vouté et trop bien campé sur tes jambes, comme constamment prêt à bondir à la gorge de quiconque se montrerait menaçant ou tout simplement insultant vis-à-vis de ton maître. Comme s’il avait besoin de ton aide. Ce que tu pouvais être naïf. Mais d’un autre côté, c’était tout à ton honneur puisque Rookwood excellait dans l’art de la flatterie qui fait comme une sensation tiède à chaque fois dans ton ventre.

Roulant ton manteau sous ton bras, de peur de salir le mobilier, tu poses ton nez sur le rebord du verre qu’il t’avait servi, reniflant son contenu avec le culot d’un animal sauvage. C’est que tu attendrais presque qu’il te donne l’autorisation avant de boire, pour ne pas dire que tu l’aurais presque laissé te faire boire. Parce que si tu le regardes trop tu en avalerais de travers. Encore une fois beauté de la brute contre brutalité du beau, comme si les coups de serpe qui avait taillé les angles de son visage t’agressaient la tronche tel l’acide, ou la gorge tel le scotch.
Une sorte de sourire un peu mièvre relevée d’une toux difficilement contenue agresse les coins de ta bouche, lorsqu’il évoque sa nièce. Créature étrange puisque femelle, éphémère dans vos rencontres, pour ne pas dire qu’elle n’en avait rien à faire de ton existence. Combien de fois avait-elle redemandé ton nom, et combien plus de fois encore n’avait-elle pas écouté la réponse ? A cette époque, tu devais certainement encore te bercer dans l’illusion que c’était pour la nièce que tu te sentais tout chose… et pas pour l’oncle, ahah. Petit rigolo.

« Bah, c’est qu’je voudrais pas vous offrir que’qu’chose qui s’rait pas à vot’goût… » parce que plusieurs fois tu avais retourné ciel, terre et échoppes marchandes pour mettre la main sur quelque présent pour monsieur. Mais toujours, tu te décourageais au dernier moment, ravisant ton cadeau, quitte à le rajouter au stock calé dans un coin chez toi, ou à l’oublier sur le présentoir du magasin. Mais ça ne servirait à rien de le lui dire, au risque qu’il insiste pour voir tout de même tes trouvailles et que ça le fasse un peu trop bien rire. Ou alors pas du tout, tant tu pouvais avoir mauvais goût.
T’étais d’ailleurs le seul à être dépourvu d’un semblant de bon sens esthétique (quand bien même tu affectionnais plus que tout au monde l’esthétique des autres) dans le trio infernal que vous formiez, Rookwood, Zaïtseva et toi, le grand méchant et ses deux âmes damnées. Condamnées à ne plus pouvoir se séparer de lui. L’une lui était proche par le style, l’autre par la folie. Si l’on ne doutait pas une seule seconde du bon goût de Ladah, on ne doutait pas non plus de ta loyauté.

Ces compliments t’arrachent un silence que tu passes le nez dans ton verre, avant de finir par oser dire « Cela dit, la dame que vous m’avez trouvé a de bonnes manières et elle sent bon… » T’en sais quelque chose de l’odeur des gens, hein, Bacchus ? Que serait le pas si fin limier que ça de Rookwood sans un sens de l’odorat pointu et parfois même un peu trop sélectif.
Parce que si on dit que l’habit ne faisait par le Mangemort, tu étais certain que l’odeur, elle, ne trompait jamais. Parce qu’elle se maîtrise pas, flottant dans l’air comme un fantôme ; et que le naïf qui croit pouvoir la dissimuler sous des vapes de parfum était le premier vers qui se tournaient les suspicions.
Toi t’avais plutôt à tourner ton museau là où ça fleurait bon l’humain de bonne santé. Alors autant dire que Rookwood avait dû te surprendre à plusieurs reprises, les ailes du nez palpitant dans sa direction, le visage un peu levé, comme si tu prenais l’air après avoir trop nagé sous l’eau.
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Augustus regardait Bacchus regarder son verre. Cet homme était véritablement le pire des rustres. Rookwood avait pensé qu'au moins, l'alcool, il saurait. C'était quelque chose pour les gens de sa classe non ? Mais visiblement il avait l'air aussi surpris et démuni qu'à son habitude, comme un poisson hors de son bocal, essayant désespérément d'avoir l'air humain. Malheureusement, Augustus voyait clairement la mascarade. Et cela le faisait sourire, intérieurement, de voir le chien dans ses vêtements d'humains. Il se demandait parfois comme il avait pu le garder aussi longtemps, cet énergumène.
Ce fut en buvant une gorgée de son propre verre qu'il surprit le quasi-étouffement de Bacchus à l'évocation du nom d'Adelaïde. Aussitôt, il sonda l'expression de l'homme plus en détail, cherchant la raison de ce genre de chose. Il n'avait, jusque là, rien noté de particulier entre les individus. Il comprit vite, vu comment le visage du raffleur lui rappelait parfois certaines de ses expressions lorsqu'il était surpris à le fixer trop fort. Son obsession était visiblement maladive et corrompait tout ce qui touchait son patron. Cela l'amusait et l'intéressait à la fois, comme toujours lorsqu'un sang pur s'intéressait à sa nièce. Surtout lorsque c'était un futur mangemort à ses ordres, à ses bottes, à ses pieds. Rien de mieux pour contrôler la tempête qu'était la dernière représentante vivante de sa famille.
Mais ils n'étaient pas pressés, il n'était pas temps d'effrayer l'individu de suite. Le temps de les présenter viendrait bien assez tôt.

Ce fut avec un mouvement de main presque dédaigneux qu'il envoya valser la remarque suivante de Bacchus. « Je suis un homme aux goûts simples M. Murdock, sans prétentions, j'aime la bonne nourriture, le bon thé, le bon scotch et le travail bien fait. Vous me faites ce cadeau tout au court de l'année, à de rares exceptions, cela me suffit. » Les exceptions étant souvent les excès de zèle du monstre. Sa haine des moldus était vraiment effroyable, et manquait cruellement de bon goût. Augustus avait plusieurs fois essayé de lui expliquer que les moldus étaient beaucoup plus quelque chose à mépriser et utiliser qu'à détruire comme un cafard inquiétant sur le mur, mais la peur et la haine entremêlées guidaient ses gestes. Et si les ordres d'Augustus l'empêchait de faire de trop grosses imbécilités, ils n'étaient pas à l'abri de quelques horreurs.
Quelle idée de tatouer « Mudblood » sur le cou d'une victime... C'était inutile, vulgaire et cela leur donnait le moyen de se dresser en temps que martyr et non pas comme les déchets de la société qu'ils étaient. Ceux qu'on pourrait garder pour faire plaisir à la grand-mère, mais qu'il était vraiment nécessaire d'emmener à la poubelle pour pouvoir faire peau neuve. Si seulement grand-mère pouvait mourir plus vite pour arrêter de geindre sur sa porcelaine...

Il se fit sortir de ses pensées par Murdock qui ne semblait jamais vouloir se remettre de l'avalanche de compliments qu'il venait de recevoir. Le pauvre enfant, se disait-il parfois, il était véritablement absolument démuni face aux techniques d'Augustus. Personne n'avait du vouloir le charmer jusque là, honnêtement ou non, et les compliments ne devaient pas être son domaine. Il n'y avait qu'à voir comment il complimentait cette charmante demoiselle... Elle sentait bon ? Véritablement ? Faisait-il partie de ces animagus inversés des contes ? Ces animaux qui arriveraient à se transformer en homme ? Parce qu'ici, la subtilité entre les deux était fine.
Augustus choisit d'approuver sans commenter sur la terminologie utilisée. Faisant tournoyer les glaçons dans son verre, il eu un sourire un peu rêveur, comme se rappelant un bon souvenir : « Oui effectivement, Mlle Coralie est une charmante jeune femme, il faut bien l'avouer. J'ai eu l'occasion d'apprendre un peu son parcours de vie, qui est assez impressionnant. Je pense que vous avez du remarquer son accent français, elle était prostituée là-bas pour les nobles de Paris. » Il laissa l'information s'installer tandis qu'il se finissait lentement son verre, comme on sirote du thé. « Elle m'a d'ailleurs expliqué qu'elle était même spécialiste de dépucelage lorsqu'elle était là-bas. N'est-ce pas fascinant ? » Et il lui servit un large sourire tendre, tout en se resservant un verre et, grand magnanime qu'il était, proposa d'un geste de remplir aussi le verre de Bacchus, qui n'était pourtant pas spécialement vide.
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L’expression de ton visage se contrit un peu. « A de rares exceptions ». A de rares exceptions certes, tu lâchais ta baguette magique pour finir ta victime aux poings. A de pas si rares exceptions, tu n’attendais pas qu’elle ait fini de te supplier pour achever ta besogne. A de encore moins rares exceptions, tu ne te rendais pas compte que les seuls sortilèges que tu connaissais étaient ceux, interdits, et ceux qui mettaient le dedans au dehors, tordaient le dehors dans tous les sens, effaçaient des bouts du dedans. A de pas rares exceptions du tout, il était vrai, tu voulais terminer le travail plus tôt que prévu, le plus souvent, quand Rookwood n’était pas derrière ton épaule, à hausser du sourcil face à tes méthodes somme toutes radicales. Parce que tu voulais vite en finir. Pour traverser Herpo Creek ou le Ministère, te retrouver minuscule face à son bureau et face à lui, et lui donner ton rapport, arraché non sans forces et malices aux mains de Ladah qui ne trouvait pas ça très délicat de ta part de n’épargner personne des détails sordides censés expliquer dans quel état on avait retrouvé tes victimes, réduites à néant.

En effet, comme tu ne te considérais pas comme un humain, t’avais plutôt intérêt à descendre ton estime des moldus et des nés-moldus encore plus bas que terre et eau pour pouvoir leur éclater la gorge et le cœur sans que cela ne t’empêche de dormir. Parce que c’est là que résidait toute l’horreur des exactions auxquelles tu t’étais prêté avant et pendant les rafles, embrigadé que t’étais à l’époque, à pas chercher à comprendre sur qui vous tapiez, ou plus exactement sur quoi vous tapiez. Il y avait alors quelque chose d’absurde dans cet aveuglement borné, ces quelques fois où vos pauvres victimes, avant de rendre l’âme, vous avaient mis en face de votre propre stupidité, en vous demandant en vain pourquoi vous faisiez ça. Parce qu’à l’époque, tu n’avais pas encore le confort de dire que tu suivais simplement les ordres, puisque vous vous les partagiez vous-mêmes, au sein de votre petite bande de malfrats policés. Ainsi, si on passait en revue tous les fuyards que vous aviez mis hors d’état de nuire, on pouvait constater que tu ne connaissais pas le moindre d’entre eux, pas même de vue ni de nom.
De fait, à ce jour, t’étais encore incapable de tuer un humain, ou du moins, quelqu’un que tu considérais comme tel. A l’instar de cette femme que tu avais décoré du bout d’une lame mal taillée, dans un excès de rage parce qu’elle avait l’air trop intelligente alors qu’elle devait pas être une femme. Cette manœuvre que tu avais pensée doter d’un minimum de style s’était avéré en réalité la marque cuisante d’un échec tout aussi cuisant, puisque tu avais perdu les pédales. Et Rookwood, il aime pas quand tu perds les pédales alors qu’il l’a pas demandé.

Tu hoches pensivement la tête, avec une certaine tendresse dans le jeu de lumière dans tes yeux. Parce que même si tu t’étais pas conduit comme le parfait gentleman, t’avais pas eu à souffrir de l’intelligence trop lumineuse de la madame Coralie Coco. Loin de la comparer à ta vivacité d’esprit –disons que vous n’exerciez pas exactement le même job (même si des petits jaloux auraient sifflé le contraire) -, tu ne l’avais pas pour autant trouver totalement sotte, et à un moment elle avait même fait un commentaire sur un truc de l’art que t’avais pas compris, sûrement parce que ça avait été en français dans le texte.
S’ensuivit un mauvais timing puisque tu manques de t’étouffer avec une nouvelle gorgée alors qu’Augustus vante les mérites français de la demoiselle. T’essuyant d’un revers de manche, t’as un mouvement brusque de la main que tu achèves en lui tendant effectivement ton verre encore à moitié plein, pour sauver les meubles. Tu chopes son regard à la volée, presque blessé dans ta fierté de bonhomme, si seulement t’en avais été complètement un.
« Qu’est-ce que vous voulez dire par là ? » Tes sourcils se froncent. Tu mets pas longtemps à dénicher le parfait coupable. L’ombre droite d’Augustus qui appréciait tout autant que toi que vous soyez justement deux à partager son ombre. De fait, tu avais pris l’habitude de mettre sur le compte de Ladah la plupart des mesquineries de votre patron, surtout lorsqu’elles ne te plaisaient pas. « C’est encore vot’ secrétaire » pour ne pas dire bonniche « qui vous raconte des bêtises sur moi ? » T’en fais pas, mon grand, Augustus n’avait pas besoin de son autre sous-fifre officiel pour officier sur ton cas.
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Augustus cacha un sourire dans son rêve. Il se délectait de la détresse de Bacchus. Sans sadisme, sans cruauté, il appréciait les palettes de ses réactions comme on observe le comportement d'un animal dans un zoo, comme on pousse un cri de joie quand le lion a enfin fini de dormir ou que le serpent te lance un petit regard blasé. Sauf qu'ici l'animal était sous ses doigts, et vibrait toujours de rugissements contenus.
Augustus cachait sa malice dans un regard doux, presque étonné, d'une telle réaction, de telles accusations. Comment, Ladah proférerait des immondices, des insultes et du mépris sur le compte du Murdock, que son dos soit tourné ou non ? Immondes foutaises, viles calomnies ! Qui oserait sous-entendre de pareilles horreurs ? En tout cas c'est ce que semblaient crier les pauvres petites pupilles du mangemort, qui prenait cependant beaucoup de temps pour finir sa longue gorgée. (Son incapacité à être saoul était navrante.)

Finalement, il baissa le verre, dévoilant un sourire calme, léger, mondain. Il se pencha en avant pour reposer son verre, tout en regardant Bacchus avait un petit air inquiet. « Mais monsieur, je n'ai rien voulu sous-entendre par de tels propos. » Comme si la moindre phrase d'Augustus n'avait pas au moins cinq objectifs lorsqu'elle passait ses lèvres. « Et je suis navré à l'idée que vous ayez senti une insulte dans mes propos ou dans mes actions. Je ne cherchais qu'à partager quelque chose avec vous, rien de plus.» Une main bouge, coule, traverse les quelques centimètres qui, au fond, les séparent, pour se poser sur une main de son employé. Le regard est franc, la main, elle, perfide dans cet effleurement volontairement douloureux. Il était en parfaite possession de la situation, et dans celle-ci il jouait avec sa proie, ce petit être qui s'était laissé entraîner ici, dans l'antre du diable, en cette heure taquine de la nuit. « Je ne sais ce qui vous a fait réagir ainsi, et je ne sais pas ce qui vous empêche toujours de pouvoir avoir une relation cordiale avec Ladah » et le prénom, précis, jamais utilisé, vrilla l'air et perfora sa cible plus qu'elle ne la toucha « mais je suis toujours profondément navré de voir tout espoir de bonne entente échouer. » Les phrases s'enchainaient, doucereuses, délicates, si tendres, si douces et mélodieuses.
Finalement il s'écarta, il le lâcha des doigts, se saisissant de son paquet de cigarettes sans fin, laissant bientôt planer une épaisse fumée parfumée dans la pièce. Il se délectait de l'objet tout en se délectant de l'état de son employé, véritable amusement, passe-temps, pour ses sombres nuits d'insomnie.

« Vous n'avez pas l'air très en forme, Mr Murdock. » Et la remarque était abominable entre ses lèvres, et la situation était charmante à ses yeux. Il jeta un regard à l'horloge et sa surprise fut réelle en découvrant l'heure avancé. « J'oublie toujours à quelle heure vous êtes censé dormir, je suis navré de vous avoir retenu aussi longtemps, vous devez être épuisé. » Il parlait un brin au hasard, sachant relativement qu'il était très tard, sans arriver à réaliser si le métier, l'âge, le sexe ou les habitudes du raffleur le mettait plus ou moins dans l'équipe de ceux qui se couchaient plus ou moins tard. Il avait oublié les détails de ce concept qu'était de moduler son heure de coucher dans l'objectif de dormir plusieurs heures d'affilées.
L'idée de se coucher lui était devenue si étrangère. Le contact de son lit lui était lui-aussi étranger, en dehors des quelques visites nocturnes qu'il recevait parfois. Ces visites étaient souvent des caprices de sa part lorsqu'il s'agissait d'hommes, des moyens de faire avancer ses projets lorsqu'il s'agissait de femmes, dans le premier cas cela ne se réitérait jamais, dans le second cela durait le temps que cela devait durer. Dans tous les cas, ses draps ne goûtaient jamais l'odeur de son sommeil... Non, Augustus ne dormait plus que dans les quelques minutes volées qu'il attrapait dans son fauteuil, parfois une demie-heure qui lui échappait sur un canapé, rarement une heure, clandestine, dans un lit qui n'était pas le sien, dans une réalité autre où il n'avait pas de nom, très loin, bien loin de tout ce qu'il connaissait.

Et parfois il haïssait Bacchus d'une haine jalouse, pour l'avoir vu s'endormir n'importe où, n'importe comment, pendant des périodes qui lui paraissaient effarantes. Et l'idée de le laisser partir pour qu'il puisse s’adonner à ce plaisir qui lui était aujourd'hui interdit crispait quelque chose en lui.
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