this kind of torture, I just can't bare,
I want you here ,
This isn’t fair, this nightmare
27 MAI 2003
La magie court encore sur tout ton corps. Elle te parasite, tel un poison toxique. Pathétique, tu sens ta poitrine se creuser à chaque souffle douloureux, monstrueux. Apathique, tu as le souffle court à chaque clic clac de ta canne, sur ta jambe branlante, vacillante. Et dés que la porte sera poussé, tu sais qu'il n'y aura plus que la solitude & ses tentacules. Tu sais qu'il n'y aura plus que toi.
Tu n'as pas voulu te briser, te casser devant lui. Les dents serrés, tu as avancé, tu as résisté. Tu ne voulais pas t'effondrer devant lui, devant eux. Ils n'attendent que ça, n'est-ce pas ? Qu'une faiblesse traîtresse pour vous balayer, pour vous terrasser. Ils attendent la chute des monstres. Ils attendent la fin de votre règne de terreur, d'horreur. Ils vous fixent, patients, menaçants. Et vous montrez encore les dents. Animaux blessés mais pas encore terrassés, pas encore tués. «
M'sieur L'strange ? Le cocher te salue bien sobrement, bien lentement. Il y a quelques mois, tu prenais cette même calèche avec Draco. Il y a quelques mois, vous avez sacrifiés Susanna pour sa traîtrise, sa bêtise. Tu te souviens de tes mains tremblantes après la vision. Et la colère tourne encore, faisant des ronds de danse & d'insolence. Et tu sais, tu sais que tu n'as pas hésité, que tu le referais encore. Mais Draco, c'est
un peu différent. Tu ne l'as pas vu. Et tu ne veux pas le croire. Tu ne veux pas le voir.
Z'avez b'soin d'aide ? Non. » Les yeux clairs sont bordés de mépris, de questions sans réponses, d'incompréhension. Mais aussi de certitudes, de tellement de certitudes. ( Draco est parti.
Il t'a abandonné. Nyssandra est partie
et l'absence de magie mêlée à la tienne te rend taré. Gwen est morte
et tu n'as pas pu t'excuser, regretter. ) La marche entre le carrosse & le sol pavé est douloureuse. Forcé de t'appuyer sur ta canne, tu dois pousser les muscles, achever la douleur de la fracture à peine guérie. ( De son coeur à son odeur, il y a les élans du manque qui te crevassent, qui te chassent.
Ses doigts te parcourent encore, sa chaleur s'évapore entre tes grandes mains. Et il y a sa peau si douce, si trouble. Et les draps s'enroulent à vous en soupirs, en sourires, en rires. Nyssandra, tu sais que je t'aime ? ). Il y a un grondement, un grognement, un frémissement. La goutte de sueur glisse dans ton dos, retrace la forme d'un grain de beauté qu'elle adore(ait) embrasser. «
M'sieur ? Tu t'affales dans la banquette confortable, la canne s'accrochant fermement à tes doigts, à toi.
Chemin de Traverse. Où vous savez. »
La calèche se stoppe brusquement, brutalement. «
Merci. Tu crois sentir un tremblement dans ta voix. La gorge est tellement noué, les cordes vocales cassées d'avoir trop crié.
Pour votre peine, et tu ne te vois pas lui jeter la bourse pleine, en descendant ( douloureusement ), en sentant les odeurs de nourriture appétissante.
Partez. », lâches-tu. Et le cocher file comme une ombre dans le noir, sans chercher à nourrir ton désespoir. Pas très loin de toi, un couple sort avec leur diner. Ils ont le sourire aux lèvres, et quelque chose se bloque en toi, se disloque. Tu as juste une porte à pousser. Tu dois juste poser tes doigts contre la pogné, ne pas faire attention à ton cœur fracturé. Tu as peur de parler, soudainement. Tu sais que si les lèvres s'ouvrent,
tu vas craquer, tu vas sombrer.
Tu voulais lui acheter une maison en Irlande, manger ses crêpes. Tu voulais de l'amour pour toujours. Tu voulais son amour pour toujours. «
Ah monsieur Lestrange ! Voici votre clé ! Votre épouse (...) ». Elle parle trop, cette blonde décolorée. Elle parle d'elle sans la connaître, sans effleurer Nyssandra de ses paroles & tu ne parviens pas à l'écouter, à assimiler. Tu sens tes mains trembler & tu ne parviens plus à écouter. (
Je veux juste Nyssandra. Rendez-moi mon amour. ) Lentement, doucement, tu bouges, en la snobant. Tu ne dois pas regarder tes mains.
Tu ne dois pas regarder. Tu dois
juste te cacher.
Alors tu avances plus vite, trop vite, forçant sur ta jambe malade, forçant sur ton corps un peu en panne. Le manque de nourriture, de sommeil, d'elle te rend barge & tu veux juste craquer, vaciller. Tel un damné, tu te jettes sur la porte, faisant sauter la serrure dans un mouvement inconscient. Tu t'engouffres dans l'appartement, dans votre appartement. Et le sac est là, bien rangée, présentée religieusement sur la table basse comme tous les jours depuis une éternité. Et tu sens le hoquet, tu te sens te fendiller dans un sanglot secoué, pressé. Et quatre millions de regrets dansent, se moquent de ton imprudence, de ce silence.
Tu ne l'as pas assez aimé. Et tu tombes à genoux.
Tu ne l'as pas assez protégé. Et tu effleures le tissu précieux.
Tu as encore échoué. Tu te souviens avoir passé des heures dans la petite boutique de mode. Tu te souviens t'être intéressé à ces vastes conneries de ce qui est
in ou
out. Tu as tourné & retourné, une vendeuse un peu trop familière sur tes talons. Et tu l'as choisi de ce noir profond aux reflets violine, simple & pourtant précieux. Tu veux juste qu'elle revienne. Tu veux juste un peu plus de temps.
Encore du temps. Un
peu de temps.
Nyssandra.
Nyssandra.
Reviens-moi. «
Amour. », la douceur de sa voix.
Oh Merlin, oh Salazar, oh tous les saints moldus ou sorciers, merci, merci, merci. Tu te redresses, les yeux rougis, injectés de sang, les larmes dégoulinants sur tes joues, creusant des mers acides, perfides. Le coeur exalte de cet espoir un peu fuyant, un peu éreintant que c'est bien elle, que ce n'est pas juste un joli rêve. Et elle court, court et tu tends les bras.
Pitié, pitié, Rowena fais qu'elle ne disparaisse pas. Le canif enfoncé dans ton ventre sait que tu te mens. Et tu éclates d'un sanglot brutal en la sentant,
si chaude,
si réelle,
si vivante. «
N-Nyss. », les bras se referment plus fort, à l'en étouffer, au risque de la briser. Et ta voix éclate en mille éclats, trébuchant, sonnant contre un chagrin vertigineux, orageux. «
Nyss. Il y a un baiser salé qui s'écrase sur ses lèvres.
Mon amour. Tu veux juste la sentir un peu, encore un peu.
Ne pars pas. Ne me laisse plus. ». Et tu ne veux plus la lâcher, tu ne veux plus t'écraser dans la réalité. «
S'il te plait … S'il te plait. J-Je ne veux plus être seul. ». Et tu sais, tu sais, qu'elle va encore te quitter & si loin de toi, s'envoler, s'échapper. Et tu ne veux pas. Tu ne veux
vraiment pas. «
Je promets … Je promets de mieux t'aimer. J-Je promets de t'acheter cette … maison en Irlande. On mangera des crêpes. On fera l'amour alors … s'il te plait. Tu sens ta voix chuter.
S'il te plait, ne me quitte plus. ». Les doigts s'enfoncent dans la peau, laissant des marques bleus,
tellement, tu as peur.
Tellement, tu ne veux plus vivre ce vide, cette mort.
Tellement, tu sais qu'elle t'est vitale. «
Je t'en supplie, Nyss. Un murmure alors que tu sèmes sur sa peau des myriade de baisers.
Je promets sur la Magie. Un souffle.
J-Je promets de tellement mieux t'aimer. »
Et son odeur se mêle à la tienne.
Sa chaleur s'écrase contre ta poitrine.
Elle est
si réelle. Elle semble
si éternelle.
Pitié, pitié, ne me l'enlevez pas.