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sujet; "Don't wanna be an american idiot!" (Jessie J. Jenner / Hecate Shacklebolt) - pré EVENT#7

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"Don't wanna be an american idiot!" (Jessie J. Jenner / Hecate Shacklebolt) - pré EVENT#7 Empty


Encore une belle journée faite de hurlements et de dossiers volant au niveau 2. Hécate avait finit par prendre goût à ce niveau, à cette ambiance survoltée, et elle ne se formalisait plus des insultes des uns, des agacements des autres, de l'air suprêmement arrogant et empli de morgue des mangemorts en visite aux côtés des "simples" lieutenants et autres gradés non marqués, dont elle faisait partie.
Il régnait au niveau 2 une atmosphère où se cotoyaient stress, angoisse parfois, combattivité, compétition et franche camaraderie. Ici les engueulades résonnaient aussi fort que les rires des inspecteurs, qui étaient moins souvent motivés par la souffrance de leurs victimes qu'on aurait pu le croire. On rigolait surtout du retard de l'un, du mauvais canulard de l'autre, on se délectait des petites choses du quotidien, des petits plaisirs parfois totalement ingénus qui venaient bousculer les horreurs de la guerre.
Billy avait demandé sa compagne en mariage.
Astonius avait glissé dans les escaliers et fait un roulé-boulé jusqu'au rez-de chaussées avec tous les dossiers fraîchements triés de la veille.
Scipio s'était pris une porte trop violemment ouverte.
Morgwen planquait des patacitrouilles dans son casier et le stock était devenu si important qu'il lui était tombé dans la figure lors de l'inspection générale.
Une sorte de fraternité de caserne pouvait parfois s'instaurer lorsque les rafleurs cessaient de crier à tout va et que le niveau traversait une période de relatif "calme", calme qui ne faisait le plus souvent qu'annoncer une nouvelle tempête dont tout le monde, pour oublier les futurs effets, tentait d'exorciser la présence invisible et sourde.

C'était une de ces journées. Et Hécate avait pris l'habitude de saluer les secrétaires ainsi que ses nouveaux collègues depuis déjà quelques mois. Ses relations de disciple avec le directeur ainsi que les missions de terrains au cours desquelles elle s'était illustrée (tout le monde avait encore en tête le serpent de sang géant qu'elle avait produit lors de la bataille des rebus) lui avaient permis de passer du stade "d'immigrée américaine sans attache" à "Shacklebolt, la vaudou". Son nom n'était plus même associé à celui de son père ni -c'était heureux- à celui de son oncle, Kinglsey. Elle avait son propre pedigree, sa propre réputation : celle d'une forte tête à la colère facile et dont l'expérience de la guerre -que l'on devinait dans ses mots, son vocabulaire, sa manière d'appréhender le combat - lui valaient sinon du respect, du moins une certaine paix.
Personne n'avait oublié l'épisode fracassant durant lequel elle avait fait ramper un mangemort sur le sol du couloir, au risque de récolter un avada kedavra entre les dents.
Personne n'avait oublié la bataille des rebus.
Personne n'avait oublié qu'elle venait des Amériques, une terre dont on savait au final peu de choses lorsqu'il s'agissait de ses communautés les plus reclues et les plus exclusives, telles que les vaudous.
Et surtout personne n'oubliait l'ombre menaçante de Rabastan qui l'accompagnait très souvent alors qu'elle marchait dans les couloirs et qu'elle se permettait de monter le ton.
Elle était un spécimen.
Et les spécimen pouvaient espérer une chance de survie dans la fosse aux lions. Il y en avait d'autres, des spécimen.
Rabastan lui même, qui régnait sur cette jungle comme un lion au tempérament ombrageux, Aramis son fils, seigneur glacé des tireurs d'élite et dans un tout autre genre, un personnage nommé Jenner, qu'Hécate n'avait encore jamais eu l'occasion de rencontrer mais dont certains parlaient parfois dans les couloirs, jamais assez longtemps cependant pour tirer une liste complète des attributs du monsieur.

"Jenner et sa mentalité de cow-boy..."
"Tu vas voir qu'un de ces jours, Jenner débarquera en short"
"Je sais pas comment Jenner fait pour avoir ce genre de résultats avec sa dégaine. Tu l'as regardé? encore un peu et des sandales lui poussent aux pattes."

Jenner, Jenner, Jenner, le mystérieux homme du niveau 2 qu'Hécate n'avait toujours pas croisé depuis qu'elle s'intéressait réellement à la vie de ce microcosme agité. Auparavant, elle se moquait pas mal de qui elle croisait au quotidien, mais sa vie avait tant changé, que désormais elle connaissait le nom de chacun. Elle n'était plus l'agente fermée et mordante du bureau des renseignements, elle avait rejoint l'équipe, l'unité, la meute. Et dans cette meute, peu d'individus étaient encore hors de son radar à ce jour.

Jenner en faisait partie.

Ce fut donc peut être la providence qui la fit recevoir un interrogatoire signé de la main du dit inspecteur ce jour là, à vérifier, à recouper, à re-rédiger  -"repeigner" comme on disait dans le milieu- puis à faire approuver. Les inspecteurs étaient comme les chercheurs d'or parcourant les rivières, les renseignements comme les tamiseurs qui triaient l'or de la caillasse. Aux premiers, l'extraction, la recherche brute, aux seconds, le soin de séparer le grain de l'ivraie, l'info vitale du détail. Aucun ne vivait sans l'autre et c'était parfois un véritable calvaire, mais aussi l'occasion de bons partenariats.
L'interrogatoire de Jenner était frappant de précision, mais surtout, de morale. L'homme prenait visiblement son rôle de défenseur de la justice très au sérieux et il recommandait d'ailleurs la relaxe du suspect sur un manque évident de preuves. Hécate considéra le nom du suspect, inspecta ses propres dossiers et après une petite demi-heure de reflexion, apposa sa propre signature, entérinant l'avis de Jenner, avant d'envoyer le dossier voler vers le bureau de Rabastan.
Mentalité de cow-boy...Jenner avait plus visiblement une mentalité de shérif old-school. Ou de noble officier américain "To protect and serve". Il lui rappelait ce qu'elle aspirait à être il y encore un an.
Une femme d'honneur, une combattante aux avis affirmés et aux positions fermes. La vie en avait décidé autrement et peut-être Jenner avait-il d'ailleurs ses vices cachés.

Elle cessa de s'interroger sur la question quand elle quitta le bureau afin d'attraper un rapide café et de donner le coup de fouet nécessaire à la fin de sa journée de travail. Alors qu'elle arrivait près de la machine magique, elle remarque que celle çi, comme à son habitude, émettait des bruits stridents et que sa complexe machinerie industrielle semblait enrayée. Devant, un jeune homme au teint bronzé et aux cheveux en pagaille observait le remue ménage sans ciller puis finit par décocher un coup de pied adroit mais calme dans la machine qui cette fois, consentit à lui verser un café serré, noir, bourré d'excitant. Alors qu'il appréciait l'arrivée de son breuvage d'un sourire paisible, Hécate le détailla.

"Je sais pas comment Jenner fait pour avoir ce genre de résultats avec sa dégaine. Tu l'as regardé? encore un peu et des sandales lui poussent aux pattes."

Les paroles de l'employé du niveau 2 venaient de la frapper. C'était forcément lui, ça ne pouvait être que lui. Aucun employé de bureau ne se serait permis son attitude nonchalante -trop guindés et pressés- aucun mangemort ne correspondait à son profil. Elle hésita face à ce curieux énergumène, s'approcha pour prendre sa propre boisson et remarqua alors un détail qui lui fit ouvrir de grands yeux. L'homme portait un bracelet de cuir tressé sur lequel une plaque de métal portait l'inscription "Straight outta Miami".
Miami.
Hécate hésita encore une brève seconde puis commenta:

-Un café noir plutôt que du thé, les cheveux longs, le bracelet...vous vous donnez le genre "ex-colonie" pour foutre en rogne la hiérarchie?

Elle attendit sa réponse. Elle savait que sa propre voix avait déjà tout dit de ses origines, mais l'accent qui lui répondrait confirmerait la possibilité qui à ce moment lui donnait des poussées d'excitation. Est ce que lui aussi, il venait de chez elle? de la côte Est?. Est ce que lui aussi, il était un enfant du jeune continent?

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L'art subtil du ukulélé ne semblait définitivement pas toucher les oreilles délicates des anglais avec lesquels je travaillais, ce qui restait assez en accord avec ce que je constatais depuis ma scolarité à Poudlard, au pays des pluies et du vent. L'instrument ne semblait tout simplement pas adapté à leur humeur, comme si tout le soleil que l'on apercevait entre ses cordes ne faisait naître qu'un sentiment d'amertume mêlée de jalousie dans le cœur de ceux qui adoraient un pays où les nuages colonisaient le ciel plus des trois quarts de l'année.

Ce qui était amusant était que cet agacement à l'encontre de mon instrument s'étendait également à mon accent ou à ma façon de parler, de m'habiller et même ma démarche. Tout ça je n'en avais que légèrement conscience. Je pourrais couper mes cheveux, je pourrais adopter la démarche type balais dans le fondement du type qui a mangé du ciment et faire la tête comme pas permis. J'avais été à bonne école pour ça, l'une des personnes qui comptait d'ailleurs le plus pour moi était sans doute la boudeuse la plus efficace de tous les temps. Cependant à quoi bon se dénaturer ? S'il y avait bien une chose que mes parents m'avaient appris, s'était de faire exactement ce que je voulais comme je le voulais et quand je le voulais. Voilà pourquoi je me permettais de prendre mon ukulélé pour les temps de pause au travail et que je laissais mes cheveux pousser. Les couper serait de toute façon un crime, ils étaient presque trop beaux pour être vrais.

Je remis soudainement un pied dans la réalité et me rendis compte que j'attendais sans rien faire devant la machine à café depuis au moins cinq bonne minutes si je me fiais à l'horloge accrochée non loin. J'étais certain d'avoir déjà payé mon café, je me contentais donc de donner un coup de pied nonchalant dans la machine qui fit enfin le travail qu'on lui avait attribué. Cette machine n'était pas vraiment différente de celles des moldus, quand j'y pensais. Ce fait me fit d'ailleurs sourire, pour une société qui cherchait actuellement à se démarquer de toutes ses forces des moldus, de les faire passer pour inférieurs, avoir une machine à café aussi semblable aux leurs était comme un coup d'ironie narguant les sorciers. Je trouvais soudainement un air légèrement sarcastique aux bruits mécaniques qu'elle produisait.

Mon café désormais dans ma main, je ne bougeai toujours pas, perdu dans cette réflexion sur les points communs entre les deux mondes, sans doute plus nombreux que la plupart des sorciers le pensaient, jusqu'à ce qu'une voix venue d'ailleurs ne m'interrompe. Bordel, cette voix. Cet accent. Ça venait pas d'ici tout ça, ça sentait pas le froid des anglais. Ça y est, c'était fichu, l'Amérique me manquait trop, j'entendais des voix pleines de soleil aux sonorités des vagues de chez moi. Un peu plus et je pouvais sentir le sable sous mes chaussures. Jusqu'à ce que je tourne la tête vers la personne bien réelle qui venait de me parler et qui s'attendait sans doute à une réponse. Ma surprise s'afficha sur mon visage, mais fut vite balayée par un grand sourire chaleureux.

-Oh, ça la fous en rogne ? J'avais pas fais gaffe !

Les chanceux, ils n'avaient qu'une seule personne ici dont le comportement les mettaient en rogne. Personnellement, c'étaient tous les anglais qui me déprimaient profondément avec leurs manières moyenâgeuses, toujours tirés à quatre épingles, qu'un simple contact semblait rendre fous de panique. J'ai besoin de contact moi ! De chaleur humaine, de chaleur tout court ! Pas de faux semblant, juste de la détente et du soleil.

Mais pour le moment je n'étais que curiosité. Son timbre me semblait familier. Ne l'avais-je pas déjà entendue hurler alors que je traînais dans un couloir ? Pourquoi ne l'avais-je jamais rencontrée avant ? J'étais ici depuis un moment à présent et elle n'avait pas vraiment la tête d'une nouvelle recrue. Son accent me plaisait. Clairement, c'était un accent de chez moi, je voulais en entendre plus, me rapprocher encore de mon pays, autant que je le pouvais.

-C'est juste pour pas que les anglais oublient que quelque part dans le monde, il y a un endroit où les gens sont vraiment vivant.

Encore un débat qui secoue mon existence. Les gens d'ici ne sont clairement pas au courant qu'ils sont en vie, qu'ils doivent en profiter. La preuve, ils n'arrêtent pas de se prendre la tête sur des problèmes sans importance. Si tout le monde se rendait compte de la chance qu'ils avaient d'être en vie, ils arrêteraient bien vite de s'entre tuer et s'en iraient faire quelque chose de beau à la place, comme trouver la satisfaction totale, celle que je n'atteignais qu'une fois entouré des miens, au milieu des rires et sous le soleil de chez moi, de l'eau jusqu'à la taille. Je me rends soudainement compte que je ne me suis pas présenté.

-Au fait, je m'appelle JJ. Et toi ? Je fais une légère pause. Tu sonnes pas vraiment locale toi non plus. Tu viens d'où ?

La question est assez directe, mais dénuée de toute malignité. Je suis juste curieux et content de parler à quelqu'un qui n'a pas l'air d'avoir avalé un citron entier. Au début, entendre l'accent un peu classieux des anglais est amusant, mais à la longue c'est surtout usant. Histoire de faire bonne mesure, j'avale une gorgée de café, constatant comme tous les jours que cette boisson n'était définitivement pas leur point fort.
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En l'écoutant, Hécate avait elle aussi glissé une mornille dans la machine a café et donné le traditionnel coup sur le côté que tout employé devait fournir pour être servi. Elle se sentait sourire alors que la voix pleins de "r" machés et de voyelles avalées lui répondait.

Jessie Jenner.

JJ.

Ca tombait sous le sens, et pourtant Hécate se sentit ragaillardie, presque remplie de soleil par cette simple formulation, par fait qu'il emploie ses initiales en guise de présentation.
Pourquoi personne ici n'employait-il les surnoms? les vrais surnoms comme les leurs? pourquoi les Jacob n'étaient-ils pas surnommés Jake, pourquoi les William n'étaient pas affectueusement appelés Willy, pourquoi n'y avait-il pas de Beth, de Cody, de Jenn, de M.J de Zak ? peut-être était-ce une caractéristique américaine, cette manie de tout raccourcir dès lors qu'on avait franchi avec la personne le stade de la première bière partagée.

"Tu sonnes pas vraiment locale toi non plus. Tu viens d'où ?"


Hécate se tourna vers lui et son attitude se détendit plus que de coutume alors qu'elle laissait revenir son accent naturel -d'ordinaire relativement maîtrisé- et que les sonorités presques créoles, et un peu françaises, venaient mâtiner son anglais-américain.

-Louisiane. La Nouvelle-Orléans. Je fais partie de la communauté des clans sacrés. Tu sais, les vaudous. Côte Est et Caraïbes. Toi....laisse moi deviner...Miami?

Elle haussa un sourcil en regardant de nouveau le bracelet de Jenner et enchaîna aussitôt:

-Moi c'est Hécate. Shacklebolt, ou Saint-Marc si tu veux éviter de me foutre d'une humeur de chien... mais tu peux m'appeler Cat si les noms à rallonge te plombent, "J.J".

Elle s'assit sur le rebord d'une fenêtre et avala une gorgée de café.

-Oh bon dieu c'est dégueulasse. Je jure qu'un de ces jours je vais envoyer une lettre à la maintenance. S'ils ne veulent pas nous faire de café qu'ils s'abstiennent plutôt que de nous donner ça. Il faut tuer qui pour avoir accès à du vrai café ou de vrais pancakes dans ce pays? Tout ce que je trouve en ville ce sont leurs trucs là, les scones et leur café dilué. Alors pour peu qu'il pleuve ensuite, ça annonce la couleur de la journée.

Inhabituellement bavarde, elle s'interrompit. Elle avait perdu l'habitude de converser avec des compatriotes, qui même si sa communauté était réputée pour son autarcie culturelle, étaient tout de même infiniment plus proches d'elle que les Anglais dans leur majorité. Mais les Américains, notamment ceux de l'Ouest et des côtes ensoleillées, avaient le dialogue facile, la poigne ferme et une énergie peu commune. Rien à voir avec l'hostilité larvée que l'on pouvait souvent rencontrer dans les régions rurales du Sud du pays. Ceux qui avaient grandis face à la mer semblaient en avoir le calme et la force, l'ouverture, la disponibilité.
Se remémorant soudain quelque chose, une anecdote survenue quelques mois plus tôt, la jeune femme avala une nouvelle gorgée de son immonde breuvage et s'exclama:

-Attends une seconde! c'est toi l'agent au ukulele? celui qui jouait "Male Kalikimaka" lors de Noël dernier?! le service en a parlé pendant toute une semaine en se demandant si c'était un sortilège américain!

Elle éclata de rire.

-Un conseil quand même : évite les références moldues affichées dans le coin. Toi et moi on sait peut être conduire et se servir d'une machine à laver, mais ici ils ne sont pas trop dans le trip "melting pot", au cas où ça ne se verrait pas bien. Il va falloir garder la musique Hawaïenne et le nom des équipes de basket-ball en sourdine pour un moment si tu veux qu'on te fiche la paix. Ils sont plus branchés chants en choeur et quidditch.

Elle se surpris soudain elle même de son manque de clairvoyance. Elle ne le connaissait pas et voilà qu'elle lui parlait comme s'ils se connaissaient depuis deux mois. Hécate fut tentée de penser que cette attitude familière et sympathique n'était due qu'à l'appréciation qu'elle avait eu concernant l'interrogatoire qu'il lui avait remis, mais la vérité était que -naïvement peut être- elle se sentait aux côtés de Jenner en terrain connu. Il avait l'attitude des jeunes de Miami Beach, cette dégaine droite mais détendue, légèrement penchée sur le côté pour reposer le poids du corps sur une jambe. Il avait aussi les boucles brunes, le teint mat, l'oeil pétillant, l'accent détendu et chaud.

-...Si tu trouves mes propos déplacés tu peux toujours aller dire au directeur que je fais de l'anti-patriotisme. Mais vu le caractère du monsieur et le niveau sonore de ce matin, j'éviterais, il est de très mauvais poil et s'il voit ta tête de surfeur en perdition il va te renvoyer chez toi avec un pied au cul, fit elle avec un sourire malicieux.

Le calme de Jenner était contagieux. Ca faisait du bien de se dire qu'on était pas seul dans ce putain de pays. De savoir que d'autres personnes connaissaient le Super Bowl, les slushies colorés, la promenade de Santa Cruz, les "vieilles dames" de San Francisco, les skate parks de Los Angeles, les bayoux et les cyprès de Louisiane, les sapins bleus du Colorado, les lacs de l'état de New-York, les parcs, les canyons. Les Ours, les pumas, les ratons-laveurs, les myriades d'oiseaux des forêt, les alligators, les serpents, les chevaux tachetés des plaines, les vaches des ranchs et les grandes routes d'asphalte perçant l'horizon et serpentant au travers de ce pays-continent, passant parfois devant un motel, une gaz station ou un bar de bikers aux blousons cloutés. Les sorciers étaient moins attachés au sang en Amérique, la vie moldue était intrinsèquement liée à la leur et subsistaient -paradoxalement- dans leur communauté magique, les mêmes débats que chez les moldus : le passé trouble de la période esclavagiste, la défiance entre communautés ethniques, chacune mettant en valeur sa magie, son héritage. Les USA avaient leurs coutumes, leurs rivalités, leurs champs de bataille. Mais une autre chose qu'ils avaient était cette formidable communication entre les mondes, cette incroyable facilité de passer de l'un à l'autre, du moins pour les sorciers. Londres était une cage dont on ne sortait qu'avec un sauf conduit. Les USA étaient un écheveau complexe de pièges, d'illusions qui permettaient aux sorciers d'évoluer entre les univers moldus et magique comme des poissons dans l'eau. Jenner semblait en être la preuve, son bracelet n'avait rien de sorcier, et les chansons qu'il chantait au bureau -selon les rumeurs- non plus.

Il est parfois des instants dans une vie, des rencontres où la personne en face de vous envoie en votre direction un signal si fort que tout votre corps crie "je veux apprendre à te connaître. Tu m'intrigues. Soyons amis". Le signal était là. Et Hécate comptait bien ne pas le laisser passer.
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Je sens la glace se briser au moment même où je prononçais mon prénom. Enfin un climat de détente, enfin un peu moins de rigidité ! Elle ouvre la bouche et même son accent a changé, comme si elle se laissait enfin aller après l'avoir contenu pendant trop longtemps. Le sien est un peu différent, mais indubitablement américain également, ce qu'elle confirme en lui parlant de la Louisiane et des clans vaudous. Mon sourire s'élargit alors, un air de musique country venu tout droit des années soixante-dix me venant en tête.

-Louisiana woman ! Peu de chance de te trouver un Mississipi man dans le coin !

Je ne pouvais pas m'empêcher de faire la blague, bien sûr. Peut-être que je devrais me méfier remarque, si ça se trouve elle connaissait effectivement un gars du Mississipi. Je ne me faisais pas trop de bile malgré tout, si elle souhaitait me coller une malédiction vaudou aux fesses, rien de ce que je pourrais faire ou dire ne l'en empêchera, pas même mon sympathique accent qui avalait la moitié des mots et en contractait la moitié des autres entre eux. Je levais mon bras orné d'un bracelet pour touristes en souriant.

-Dans l'mille, Cat !

Le fait qu'elle ai précisé un surnom pour que je l'utilise en disait long sur l'endroit où l'on se trouvait actuellement. Avant même qu'elle ai fini la présentation, j'avais déjà naturellement le « Cat » ou « Cate » qui m'était venu. Je m'esclaffe gentiment lorsqu'elle manque de cracher son café au goût de flotte que la machine avait accepté de nous refiler. La mention de pancake me fait penser à toutes les saloperies à côté desquelles on pouvait passer puisqu'elles n'étaient potables qu'en Amérique.

-Si tu veux, je te passerais une recette, le plus chiant c'est le nappage, y a rien de comparable à ce qu'on a à la maison !

Je m'accoudais de l'autre côté de la fenêtre magique qui nous montrait un extérieur inexistant, ravi d'avoir trouvé quelqu'un avec qui râler sur tout ce qu'on pouvait trouver ici. Mon sourire s'élargit encore lorsqu'elle évoqua mon ukulélé. Rien ne me faisait plus plaisir que d'en gratter les cordes à la moindre occasion et lorsque Noël était arrivé, toujours aussi glacial et humide (quel est l'intérêt d'être dans un pays froid si on ne peut même pas avoir de fichu neige pour Noël ?) Je fis un geste désinvolte de la main pour la rassurer.

-T'inquiète, je suis sûr qu'aucun de ces gens n'a jamais foutu un putain de pied en dehors de leur putain d'île !

Le mot n'était même pas utilisé comme une insulte, juste pour le plaisir de pouvoir utiliser l'expression « goddamn » sans que quelqu'un ne défaille d'indignation, et j'exagère à peine ! Je ne sais pas combien de fois j'ai cru que les professeurs de Poudlard allaient s'étrangler avec leur dignité en m'entendant parler. Je me demande à quoi ils s'attendaient, je suis le fils d'un foutu rockeur ! Évidemment que j'allais pas parler comme le petit anglais moyen bien poli, bien coincé ! Je reviens sur mon nappage, soudainement, trouvant une information capitale à faire passer à ma compatriote.

-Tiens, si jamais t'es en manque de sirop pour tes pancake, t'as juste à m'en parler, mes parents sont en Amérique et ma mère m'en envoi souvent !

Puis soudain, comme si l'idée du siècle m'était venu, je m'illumine encore plus, mon sourire s'élargissant.

-En vrai je serais carrément ravi que tu passes chez moi un de ces quatre, c'est pas grand, mais pour prendre le petit dej c'est parfait !

Je pris un instant de réflexion. Ça n'était pas le moment d'aller se prendre un petit déjeuner à la cool chez moi, mais il serait idiot de passer à côté d'une bonne occasion de discuter de l'Amérique et de ses bienfaits. En plus de ça je me demandais depuis combien de temps elle n'avait pas mangé de la malbouffe comme on en fait chez nous. Ou presque. Elle était visiblement bien trop adapté au milieu, elle avait besoin d'un léger retour aux sources.

-Elle est quand ta pause déjeuner ? Ça te tente un hamburger ?
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La voilà. Elle était là l'Amérique : dans son invitation à passer chez lui, à rejoindre son univers, à se joindre au sien. Elle était là la chaleur que l'Angleterre ne connaissait pas, cette propension à aller vers l'autre, à ne pas attendre la dixième rendez-vous avant de se confier un tant soit peu sur sa vie. Elle hochait la tête à chaque remarque de J.J, et finit par vigoureusement opiner du chef lorsqu'il prononça le mot sacré, concept dominant toute une culture et déterminant plus surement que n'importe quel contrat la conclusion d'une alliance:

Hamburger.


Hécate n'avait pas mangé de hamburgers depuis une éternité, sans doute parce que le plat évoquait pour elle une sorte de...festivité, de joie, qu'elle n'avait pas beaucoup connu en Angleterre. Quand elle était arrivée, trois ans auparavant, la première chose qu'elle avait faîte après avoir posé le dernier meuble de son appartement avait été d'aller chercher Virgile et Léda afin de leur montrer quelques rues et de leur faire manger un hamburger. Les petits s'étaient goinfrés sous l'oeil de la serveuse moldue, ravie de voir d'aussi bons clients et des enfants aussi admiratifs de sa cuisine. Elle était elle même californienne et avait partagé avec eux un excellent moment où les discussions se mêlaient à l'odeur des frites, de la pâte en train de cuire et à la saveur du sirop d'érable ou du nappage au chocolat.
Il y avait eu les anniversaires de Virgile, et Léda, les années suivantes, à l'occasion desquels ils avaient filé en douce du Londres sorcier afin d'aller déjeuner du côté moldu, les deux petits ayant l'avantage extrême d'être nés hors période scolaire.

Puis Léda était morte.

Et il n'y avait plus eu ni sorties, ni rires, ni pancakes, ni hamburgers, ni quoi que ce soit. Virgile avait commencé à rester à Poudlard durant les vacances scolaires, la tension avec leur père étant devenue insoutenable, et Hécate avait fait le deuil de cette petite tradition fraternelle, comme elle avait du faire le deuil de bien d'autres choses. Et soudainement, son estomac se mit à rugir comme si le précieux organe voulait se rappeler à son bon souvenir, dans une somatisation étrange.

Elle sourit, d'un sourire qui transpirait quelque chose de plus profond que l'amabilité ou le simple plaisir d'avoir été invitée. Il y avait comme du soulagement, comme une reconnaissance terrible que Jenner ne pouvait pas comprendre et ne comprendrait pas à moins qu'Hécate ne se livre. Il n'était certainement pas le moment de le faire, mais en attendant ce moment, qui viendrait -elle pouvait le sentir dans ses tripes- elle pouvait au moins être quelque chose qui avait tendance à s'effacer, à se diluer depuis de longs mois : elle même.

-Ma pause est dans très exactement quarante-cinq minutes. Juste le temps de revoir un ou deux interrogatoires. Donnes moi les tiens si tu en as, je ne suis pas d'humeur à jouer à un grand jeu de traduction avec ces crétins de rafleurs. Pour peu qu'un Murdock ou un Rasberry vienne encore lâcher son tas de feuilles au service des renseignements, j'en ai pour une heure à déchiffrer leurs pattes de mouches...

Elle sauta du rebord de la fenêtre et lui fit un clin d'oeil.

-A tout à l'heure, Jenner. Sois pas en retard.


Les trois quarts d'heure suivants furent une torture. Comme prévu, sa pause café avait été comme un signal silencieux pour la bande des rafleurs toujours à l'affût d'une brèche sans son système bien rodé consistant à les envoyer aux plottes. Dès lors qu'elle s'absentait, ils profitaient tous de l'ouverture pour déposer sur son bureau tous les dossiers problématiques pour lesquels ils auraient en temps normal récolté un regard meurtrier voire une petite gueulante dans les règles de l'art.Elle soupira une bonne centaine de fois et s'acquitta de son devoir en bonne pénitente du niveau 2, tentant de juger les cas avec toute l'impartialité dont elle était capable, sans tenir compte des souvenirs que Jenner avait fait remonter à la surface et qui la rendaient mois prompte à la clémence qu'en temps normal.

La mention "insurgé" et "récidiviste" la firent ainsi signer d'un trait rageur le rapport et voler rapidement vers le bureau de Rabastan sans une arrière pensée, sans un doute, sans l'once de ce dépit et de ce dégoût d'elle même qu'elle avait ressenti lors de son ultime rencontre avec le criminel Keziah Campbell, aujourd'hui recherché activement. Il fallait continuer, pas pour elle, mais pour ceux qui dépendaient encore d'elle. Elle savait ce qui se produirait si la pyramide venait à tomber avant qu'elle ait trouvé une solution de sortie, une échappatoire, un moyen de revenir vers ce pays où était sa vraie place : ils paieraient tous la folie de leur père qui les avait ramené, la folie d'un pays qu'ils n'aimaient pas, ne connaissaient pas, d'une guerre qui n'était par la leur mais le devenait rapidement.

Alors Hécate continua de juger, de recouper les renseignements, de sortir ses propres dossiers, d'approuver, de réfuter, d'ajouter l'expertise de son oeil à celle des rafleurs et autres enquêteurs, ses pensées dérivant parfois jusqu'au bureau de Rabastan, qu'elle ne voyait plus guère depuis quelque temps. Enfin, il fut l'heure et contrairement à ses habitudes, elle jaillit de son bureau comme si elle eut été montée sur ressorts. et se dirigea tout droit vers les bureaux des enquêteurs. Bonjour par çi, salut par là, comment tu vas, alors cette blessure, le tintouin habituel. Puis elle localisa Jenner qui semblait absorbé par la contemplation silencieuse d'une petite plante en pot posée sur son bureau. Un palmier nain qui dodelinait tout seul, comme entraîné par une musique et qui devait venir d'une pépinière magique telle que celles qui existaient au nord de la ville.

Hécate resta elle même absorbée par la contemplation de l'étrange végétal et s'accroupit près de lui pour le regarder elle aussi, leurs yeux suivant les ondulations des feuilles et du tronc. Ils avaient l'air de deux chats aux yeux écarquillés face à un pendule. Il semblait relativement évident que passé un certain temps l'un d'entre eux, dans un élan primal d'amusement, allait dégainer les griffes et tenter d'épingler le malheureux palmier dont la magie le forçait bien contre son gré à secouer du tronc comme une vahiné.

-Il m'en faut un. lâcha Hécate, ses grandes billes noires toujours grandes ouvertes alors que le palmier dodelinait de plus belle, comme flatté par toute cette attention porté à sa petite personne.

Puis, s'arrachant à sa transe presque hypnotique, elle s'exclama:

-On bouge J.J, on bouge! le hamburger ne nous attendra pas! il n'attend personne! et il faut aussi trouver des Nachos! avec du fromage, sur chaque Nacho! et des hot wings! On a trop de choses à faire Jenner il faut décoller! Allez!

Et le tirant par le bras, elle le fit se lever, plus de force que de gré, trépignant presque d'excitation, laissant son accent américain revenir comme pour montrer qu'à cette seconde précise il y avait le reste du monde et eux, eux, les amateurs de bons sodas et de mauvais choléstérol, les enfants dopés au soleil et recevant l'eau de mer en intraveineuse, ceux qui avalaient leurs syllabes et savaient quel plaie pouvaient représenter les raccoons une fois rentrés dans les poubelles.

Elle avait le sourire aux lèvres. Et les enquêteurs se dirent tous que c'était une étrange expression à observer sur son visage.

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Je ne sais comment, je me suis retrouvé téléporté dans mon bureau avec la promesse d'un hamburger et d'une heure ou deux à se rappeler l'Amérique avec la passion des gens qui parlent fort sans considération pour leurs voisins. C'est sans doute ce qui frappait le plus chez les anglais. En dehors de leurs concerts de punk rock où les foules se déchaînent, les anglais semblent vouer un culte au silence et aux chuchotements, comme si parler trop fort risquait d'attirer la foudre sur leur tête. En revanche, ça ne les empêche absolument pas de transmettre des commérages plus vite que les tabloïds Américains.

Quarante-cinq minutes à occuper, ça passe vite quand on sait comment faire. Un moment passer à jouer avec le bon vieux Philibert, un moment à faire semblant de chercher un dossier égaré dans fatras de documents qui dissimulait parfaitement mon bureau aux yeux des plus curieux, faisant carrément détourner le regard avec horreur pour d'autres. Ils ne comprenaient rien de toute façon. Mon bureau n'était absolument pas en bordel, je suis juste partisan de l'idée que le chaos est une partie intégrante de la vie. Il y avait donc de la vie dans mon bureau. À partir de là, quoi de plus beau que la vie ?

C'est d'ailleurs en feignant de chercher quelque chose que j'ai mis la main sur cette plante plus ou moins vivante qui semblait étouffer sous les dossiers. Encore quelques minutes fascinées à regarder la plante à l'article de la mort jusqu'à ce que je lui fasse part d'un aguamenti revigorant qui lui rendit un peu de sa vitalité première. Terrible à quel point en cherchant du rien on trouvait tout de même quelque chose. C'était l'exact objéification de ce qui c'était passé à la machine à café ce matin. Qu'étais-je allé cherché ? Rien. Rien qu'une boisson amère dont le seul avantage était la chaleur qu'elle apportait. Qu'avais-je trouvé ? Un hamburger. D'ailleurs « Hecate » commençait par un « h », tout comme « hamburger ». Décemment, ça ne pouvait pas être une coïncidence. Mais du coup, mon nom à moi commençait par un « J », tout comme « Junk food » ou « Jordan ». Peut-être que je devrais me mettre au basketball.

Encore une dizaine de minutes passées à penser à ma future carrière de basket en pro et Hecate vint me rejoindre dans ma contemplation contemplative. Un hochement de tête approbateur lorsqu'elle déclare en avoir besoin dans sa vie. Qui n'aurait pas besoin d'un objet à la portée philosophique aussi étendue que ce drôle de palmier oscillant de droite à gauche dans une folle imitation de vie ? Puis soudainement, le chaos à nouveau. Je me retrouve arraché à mon siège par Hamburger pour acheter des Nachos au fromage.

-Tournée des fast food ?

Voilà quelque chose que j'avais toujours rêvé de faire sans trouver personne d'assez décalé pour le faire avec moi, malgré tous les étranges individus que je fréquentais. Bien entendu je prends la tête, pas par domination ou quoi, mais lorsqu'il s'agit de bouffe moldu londonienne, je suis une valeur sûre. Je dois représenter un bon pourcentage du capital du McDo du bas de la rue en sortant du ministère, les hot wings ne poserait pas de problème, mais où trouver des Nachos ?

-D'abord, mise en bouche, on se fait un domac et on enchaîne sur les hot wings parce que c'est à côté, pour les nachos... et je sens le drame lentement s'imprégner dans ma voix, je crois qu'on va devoir s'en remettre à la chance.

Je n'ai jamais quitté le Ministère aussi vite. Un junk-foodathon ça prenait du temps et la pause déjeuner n'était pas interminable. À peine avons nous jaillis du Ministère que je surgis dans le McDo dont l'odeur grasse de malbouffe surchargea immédiatement mes narines, l’œil avide, envahi par un sentiment que seul les médecins urgentistes peuvent connaître. J'ai une patriote à ré-animer à coup de malbouffe. Je m'avance le premier, autant pour la galanterie et je plante mes yeux avec gravité dans ceux de la caissière.

-Salut, je voudrais deux double big mac et le plus gros hamburger que vous pouvez faire.

Sans en être certain, j'avais le sentiment que Cat n'avait pas d'argent moldu et lui donnait directement mon porte-feuille. Bien entendu j'ai confiance en elle pour ne rien me piquer, elle gagne plus que moi de base et les Américains n'ont pas vraiment le même tabou que les européens sur l'argent.

-Tiens, commande ce que tu veux, sauve l'Amérique qui est en toi ! Lançais-je alors à Cat devant une employée qui faisait désormais la tête de la future victime débordée.

Spoiler:
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Hécate le suivit dans les rues avec quelque chose qui ressemblait à de l'empressement, cavalant derrière lui, puis à côté de lui, dans cette folle épopée qu'allait constituer leur quête de malbouffe. Elle avait envie qu'il se remette à parler, rien que pour pouvoir entendre dans les sonorités de sa voix un peu lente où paraissait le soleil de l'Amérique.
L'espace d'un instant elle eut même la tentation de lui sauter le dos, comme cela était si commun chez elle, même chez les compagnons de soirée.

Une scène apparut devant ses yeux alors qu'ils marchaient du même pas décidé et enthousiaste. La jeune femme vit soudain les campus de Boston où des jeunes gens à leur image se rendaient aux matchs de base-ball, de basket-ball ou de football, les mains pleines de hot-wings, vêtus des blousons chatoyants de leur université. Les filles avaient tressés leurs cheveux et portaient les couleurs de leur équipe à même la peau, les garçons arboraient des gants géants ou des drapeaux bigarrés. Le match se déroulait dans une atmosphère surchauffée et plus tard, les bandes empruntaient les voitures d'un parent, un père, une mère conciliante, pour aller finir la soirée à la piscine municipale -escaladant les grilles- ou en haut d'un promontoire, la vue perdue sur les lueurs vacillantes de la ville.

C'était une jeunesse normale, ça. Une jeunesse où les préoccupations étaient de savoir si les notes permettraient ou non l'intégration d'une prestigieuse firme en tant que jeune stagiaire, si on épouserait son College Sweetheart, si on collecterait assez d'argent pour le springbreak et si le job d'été dans le fast-food permettrait oui ou non, de regarder l'avenir confiant. La vie n'était certes pas rose, il y avait parfois l'alcoolisme latent d'un père, l'adultère, la toxicomanie d'un frère paumé ou les affres d'une société inégalitaire et raciste. Ces aspects existaient. Mais Hécate les aurait acceptés immédiatement en échange d'une existence routinière et passée dans un lotissement calme du Midwest, à rêver de la New-Yorkaise ou Californienne.

Elle aurait eu des amis, des gens exactement comme Jessie, des skater boys et des dance girls, des adolescents colorés et énergiques dévorant le monde et roulant sous la lumière des lampadaires une fois la nuit tombée, perchés sur des vélos décorés de loupiotes clignotantes. De jeunes être pleins de vie se colorant la langue à coup de slushies et dansant au milieu de la queue des fast-food à la première musique entraînante. Ils se seraient entraidés pour les examens, auraient campé à la bibliothèque, économisés pour traverser le pays et échouer à Santa-Cruz puis au festival de Coachella.

Elle fantasmait et elle le savait. Mais elle aurait voulu quelque chose dans ce goût là. Et pouvoir se tenir près de gens comme Jessie, pouvoir dire:
"Mes potes sont là. Ce sont les mecs là bas. Avec le grand brun. Ils sont géniaux."
Même maintenant, il avait l'air plutôt génial, Jenner. Et lorsqu'il lui tendit l'argent moldu, il devint en une seconde chrono, plus que génial. Il deint quelqu'un qu'elle voulait avoir pour ami, quoi qu'il lui en coûte.

"Tiens, commande ce que tu veux, sauve l'Amérique qui est en toi !"

L'air déterminée et amusée, comme une élève devant passer un test d'intronisation devant la fraternité la plus réputée du campus.

-Un maxi best of...CBO. Grande Frite, Coca...mettez moi aussi un royal cheese et un Mc Flurry avec caramel. Double dose de caramel. Et le truc là, le Daim. S'il vous plaît.


La serveuse la regarda d'un air effaré, comme si elle doutait sincèrement de la capacité de cette brindille à avaler autant de malbouffe à elle toute seule mais Hécate se contenta de lui sourire et lui donna l'argent. Elle en avait tendu beaucoup trop mais savait que n'étant pas capable de calculer ce qu'on lui rendait, ni même ce qu'elle avait donné, elle prit ce qu'on fit glisser vers elle et le rendit à Jessie, trépignant presque d'impatience.

La première bouchée du hamburger fut comme une libération et elle laissa échapper un long bruit de contentement, surement celui que devaient pousser les prisonniers à leur sortie de taule, lors de leur premier véritable repas. La table d'à côté lui jeta un regard éberlué mais Cat se contenta de leur mâcher lointainement à la figure avant de retourner son attention sur Jenner. Elle était aux anges.

Aux anges.

Rien ne pouvait égaler la nourriture. Ni le pouvoir, ni l'argent, ni le sexe -si c'était aussi bien que ce que l'on prétendait, ni même plonger dans un lac après une journée d'été lourde et orageuse.

-Alors, fit-elle la bouche pleine, dis moi tout Jenner. Qu'est ce qu'un gars comme toi...fais dans un pays comme celui çi? Les murs ont des oreilles, alors je rentrerai pas dans les détails. Mais qu'est ce qu'un type aussi...soigné...peut bien faire au même niveau qu'un Dolohov ou un Murdock?

Elle ne mentionna pas Rabastan. Lui était différent. Il était différent. Mais les gens comme Dolohov...second gradé du niveau 2...représentaient tout ce que le gouvernement adorait et tout ce que le peuple abhorrait : un animal à sang froid et calculateur, rigoureux et ambitieux, dévoué à ses intérêts propres quitte à vendre père et mère. Il y avait de tout au niveau 2. Et de plus en plus, Hécate se surprenait à dénouer les fils de ce microcosme, et à en comprendre la complexité. Jenner était encore un genre nouveau.

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C'est avec fierté que je l'écoute commander son menu. C'est toujours quelque chose, un premier mcdo, une expérience absolument inoubliable, un rite de passage obligatoire vers l'âge adulte, ou plutôt, vers la béatitude. C'est un peu comme écouter du Green Day pour la première fois, revivre les concerts de Queen, ou se défoncer en écoutant les Rolling Stones. En tout cas, sa réaction à la première bouchée résume un peu tout ça en un seul grognement exprimant parfaitement la libération que je ressens moi-même quand l'Amérique vient envahir mon palais. La malbouffe, y a que ça de vrai.

-Ça se voit pas ? Je suis là pour apporter le soleil aux anglais !

J'ai le sourire, c'est exactement mon but premier. Les anglais sont si moroses que ça me déprimer quotidiennement. Comme si le fait que le soleil fasse la gueule ne suffisait pas, ils devaient en rajouter une couche en se calquant sur la grisaille qui nous écrase de son omniprésence. J'attends d'avoir assez d'espace dans la bouche pour pouvoir parler à nouveau.

-Je suis né ici juste avant que la carrière de mon père s'envole et qu'il retourne en Amérique avec moi et ma mère. J'ai grandi là-bas, mais on m'a fait revenir pour que je passe par Poudlard. Pire décision de leur vie, je te jure j'en ai pleuré en quittant la Californie. J'y retournais régulièrement jusqu'à la fermeture des frontières, mais à la fin des études, j'étais déjà plus ou moins installé ici, alors je suis resté là. Puis j'ai l'impression que les anglais ont plus besoin de moi que les Américains, surtout en ce moment.

C'est délicat, avec tous les problèmes que causent les Mangemort d'un côté et les Insurgés de l'autre, impossible de repartir chez moi l'esprit tranquille. J'ai envie que ça soit réglé une bonne fois pour toute avant de retourner me dorer la pilule à Miami. D'ici là j'aurais sans doute un dossier en béton pour me faire accepter dans la police Américaine et me la couler douce avec mes potes de là-bas jusqu'à la fin de ma vie !

-Et toi alors ? On dirait un poisson hors de l'eau que je viens de mettre dans un verre d'eau en attendant de trouver mieux, qu'est-ce tu fous là ?

Un besoin de justice de sa part aussi ? Des obligations familiales ? Un faible pour les Monarchies ? Ou tout simplement l'impression d'avoir sa place parmi les anglais ? Je terminais mon premier hamburger et entamait mon deuxième en essayant de me rappeler ce que je savais d'elle. Je lui envois mes rapports la plupart du temps, ça c'est un fait. On a déjà du se croiser dans les couloirs, mais je fais si peu attention aux rumeurs et ce genre de choses que je n'arrive pas à recaler ce qui aurait pu sortir de son bureau.

En tout cas, son exubérance me rappelle une des amies que j'ai en Californie, le genre un peu grande gueule, mais avec le cœur sur la main, toujours prête à écraser sa planche de surf sur le nez du premier gars qui lui aura fait une réflexion un peu trop limite. Je devrais lui écrire une lettre d'ailleurs, les moldus n'ont heureusement pas la possibilité de créer des beuglantes, sinon elle ne se serait pas gênée à se rappeler à mon bon souvenir par cet intermédiaire.

Je revins rapidement sur Cat et les hamburger, me rendant compte que je m'étais à nouveau perdu.

-Tu savais qu'en Amérique ils en font des trois fois plus gros, dans leur McDo ?
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Hécate mordit dans son hamburger et hocha la tête, amusée.

-Mec tu parles à une gamine qui s'échappait du quartier sorcier pour aller au Mc Do.


Elle sourit et enfourna des frites avant de développer:

-Quand j'étais petite...il y avait souvent des blocus. Autour de la Nouvelle-Orléans sorcière. Les ennemis mettaient en place des scellées autour de nos accès à la zone moldue, pour nous affamer. Alors on trouvait des voies de Traverse pour rejoindre les quartiers de banlieue et ramener des provisions. Tu aurais du nous voir, on arrivait par groupe de quinze dans les supermarchés et les fast-food, on avait la peau sur les os parfois et on mangeait comme des boeufs.


Souriant, elle prit une gorgée de coca-cola et plissa le nez:

-Fais pas cette tête, c'était la guerre. Et je suis pas morte. Mais j'ai eu l'occasion de flâner pas mal dans le quartier moldu dès que ça chauffait trop dans le mien. J'ai traîné dans les rues, les salles d'arcades, un peu partout. On était une vraie bande d'enfants perdus. Pour certains c'était intolérable de nous laisser comme ça. Surtout pour le gouvernement de Boston. Mais pour nous c'était ça la vie! c'était cruel, c'était violent, mais c'était notre vie! et on avait des bons moments!


Elle plongea le doigts dans le pot de sauce de Jessie et tout en machouillant, elle continua:

-Je suis venue ici pour mon frère et ma soeur. Mon père a plaqué ma mère et a obtenu la garde des petits. Je savais qu'il les emmènerait ici. Je le savais, et je sais qu'il est dangereux. Alors j'ai décidé de les suivre, pour qu'au moins il y ait une personne dans ce putain de pays, qui ait les intérêt des enfants à coeur.

Elle soupira et garda le regard fixé sur la table:

-J'ai plutôt foiré jusqu'ici. Ma soeur a été tuée par des insurgés, alors qu'elle allait à Pré-au-lard. mon frère a du quitter Poudlard. Je le garde pour que mon frère ne remette jamais la main sur lui. Sinon...

Elle fit un geste vague de la main et reprit des frites. Puis, elle eut un petit rire.

-Vie de merde, comme disent les français. Mais hey : faut continuer à regarder devant. La justice magique...ou du moins, la "loi", c'est un moyen comme un autre d'avancer. Parce qu'au delà des exactions, des moments de dérapage, il y a des fois où on arrête de vraies ordures. Les mêmes que chez les moldus. Des meurtiers...des pédophiles, des violeurs, des pervers, des types violents et abusifs. A chaque fois que j'enquête sur un de ces gars, à chaque fois que j'en mets un derrière les barreaux et que je vois sa tête se désagréger en apprenant qu'il pourrira à Azkaban c'est comme une vengeance. J'ai pas besoin de les tuer. J'ai pas besoin. Ils iront dépenser le reste de leur vie de merde dans cette prison. Ca m'aide, de me dire qu'au moins un peu de ce job va aider la population au lieu de lui donner l'impression de vivre dans un carcan.

Finissant son hamburger, elle commença le second et sourit:

-Gardes ça pour toi. Tout le monde n'a pas mon opinion sur les méthodes du niveau 2 et on sait que ça coûte cher de ne pas hurler avec les loups. Dans tous les cas merci pour l'invitation, tu es vraiment un chic type. C'est dingue qu'on ne se soit jamais rencontré avant! Je vais être obligé de te faire passer le US Test!

Devant l'air un peu surpris de Jessie, elle éclata de rire:

-Le US Test! le test que n'importe quel américain digne de ce nom doit passer en terre étrangère en présence d'un compatriote! allez : quel est ton plat préféré en été et en hiver? ton état favori? ton équipe de quidditch fétiche? ton équipe de basket préférée et bien entendu, la question phare : Maïs grillé ou pancakes au sirop d'érable? Attention Jenner. Chaque question a un rôle extrêmement important dans l'établissement de ton profil psychologique. Tu ne veux pas être un redneck?

Le mot redneck la fit sourire. Les ploucs des ploucs. Les empereurs des pignoufs. Les chevaliers de la Beauferie, et les ambassadeurs du mauvais goût.

Jenner n'avait pas la tête d'un redneck, il avait typiquement l'allure d'un florida-boy, ou d'un california dude. Le genre de mec élevé au grand air et nourri à l'iode depuis le sein maternel. Souvent de doux rêveurs et des êtres amoureux de la nature et de leur planche de surf, au détriment de toute autre relation. Des voyageurs, des oiseaux de passage. Hécate n'était pas de ce genre, mais cette mentalité la fascinait. Jenner était comme une mouette, qui planait au dessus du grand large, libre. Elle était plus semblable à un rapace, attaché à son nid et à son territoire. Tous les oiseaux étaient pourtant fascinants. Et on avait pas toujours la chance de rencontrer un authentique oiseau libre.

Il fallait voler un peu avec eux tant qu'on le pouvait, dans leur route vers l'horizon.



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Évidemment qu'elle savait que les Américains aimaient les hamburger trois fois plus gros. Si elle connaissait le mot « McDo » et qu'elle était Américaine, elle savait tout ce qu'il y avait à savoir sur ces fast food. Je souris lorsqu'elle parla de son enfance à aller chercher de la malbouffe moldu, mais la suite me fit froncer les sourcils. Tout n'était pas rose de son côté du paradis non plus apparemment, une habituée des guerres et de la violence, mais la preuve vivante que même dans les pires situation, les moments d'exceptions existent toujours.

Les moments d'exceptions sont exactement ce qui rythme ma vie, ces choses que je recherche par dessus tout, ces moments où rien d'autre n'a d'importance que le moment vécu en l'instant même. C'est ça qui permet de survivre dans un endroit aussi inhospitalier que l'Angleterre en cette période trouble. C'est ça qui me confortait dans ma conviction que les Anglais valaient la peine de s'expatrier pour les protéger, pour essayer de faire ressortir le meilleur d'eux. Car n'était-ce pas dans les moments les plus troubles que le meilleur comme le pire de l'humanité ressortait enfin ? Il y avait beaucoup de mal ici bas, mais tellement de bien aussi, comme par exemple ma nouvelle amie qui dévorait ses sandwich devant moi.

-Les bons moment, rester en vie, c'est ça qui compte, approuvais-je d'un air entendu avant de mordre dans mon hamburger.

Mon premier venant de terminer sa vie dans ma bouche, je m'occupais du cas du second. Pourquoi rester en bonne santé quand on pouvait s'empoisonner avec les fastfood moldus ? Elle continue cependant et je me sens triste pour elle en apprenant la mort de sa sœur, tuée par des insurgés. Elle devait être jeune à l'époque pour avoir été tuée en sortant de Poudlard. Ma compassion naturelle me pousse à soupirer et à m'affaler un peu plus sur le dossier de ma chaise. J'avais un temps admiré les idéaux insurgés, mais les méthodes ? Jamais. Dès qu'ils frappaient, la mort les accompagnait. Ils prétendaient protéger le peuple eux aussi, servir ses intérêts, mais en quoi les tuer allait servir leurs intérêt ? Voulaient-ils libérer l'Angleterre dans le sens biblique du terme ? En tuant tout le monde ? J'étais profondément contre l'idée de tuer des gens. Je ne tuais personne pendant mes interventions, je capturais toujours les criminels vivant. La justice se chargeait du reste et ces temps-ci la justice était devenue très sévère.

C'est pourquoi je comprenais parfaitement ce qu'elle voulait dire en m'expliquant que la justice magique était un moyen d'avancer pour elle. Voilà quelqu'un qui partageait mes valeurs, qui savait pourquoi la police existait. Je ne m'étais pas engagé dans cette voie par vengeance, mais bien pour purifier les rues, permettre aux honnêtes gens de n'avoir pas plus de soucis qu'ils n'en avaient déjà.

-T'inquiète pas, les potins et moi on a jamais été très accordés !

Lorsque le US test vint sur le tapis, je m'illuminais. Je n'avais aucune idée de ce que ça pouvait être, mais j'avais très envie de le découvrir. Comment moi, un authentique américain d'Amérique, ne connaissait pas une telle merveille ? J'écoutais les questions avec attention avant d'éclater de rire et de terminer mon deuxième sandwich. Il fallait encore qu'on aille se chercher des hot dog après et d'autres joyeusetés.

-J'espère être digne de pas en être un, ça ferait mal à un gars comme moi ! Alors attention, t'es prête à noter ? En été c'est tout simple mais j'adore les hot dog, ça me rappelle les sorties avec mon père pour aller voir les match de baseball moldu lorsque la saison battait de son plein. Un vrai gros hot dog, aussi grand que moi à l'époque et que j'engloutissais en regardant des gars baraqués frapper dans une balle qui file parfois aussi vite qu'un balais de course ! En hiver c'est la volaille, poulet, dinde, tout ce que tu veux, tout ce qui me fait penser aux fêtes de là-bas. C'est pour ça que j'arrive pas à devenir végétarien, tout ce qui a une saveur de souvenir, ça a le goût de la viande !

Je secouais la tête d'un air désolé. Mes ambitions de devenir végétarien étaient souvent renouvelées, je tenais quelques semaines, parfois quelques mois, puis le naturel revenait immédiatement et au galop ! Se passer de la viande était compliqué.

-Je suis pas trop le Quidditch je t'avoue, j'aime surtout les bonnes ondes, les ondes de la foule en plein match. J'allais toujours voir les match de Quidditch à Poudlard, mais en dehors de prouesse technique, c'était surtout pour les supporters que j'étais là. Y a rien de mieux qu'un bon bain de foule au milieu de l'excitation, de l'énervement, des cris et de la joie ! C'est ça qui est vraiment magique dans ce sport.  Et pour le basket, les Miami Heat, évidemment ! Je lève mon bracelet Miami avec un sourire. Ce sont les gars de chez moi quoi ! Et pancake au sirop d'érable, désolé mais cette quantité de sucre redonne tellement d'énergie à tout mon organisme que je peux pas choisir autre chose ! Mais tu sais ce qui me manque vraiment en Amérique ? La bouffe mexicaine. Te marre pas, sérieusement, y a que les Mexicains qui vivent en Amérique qui savent la préparer et ça vaut teeeellement le coup ! J'adore les épices, c'est du feu, c'est parfait !

Comment expliquer l'amour de la cuisine mexicaine ? Je ne savais pas, c'était un mystère, c'était la vie. La cuisine du soleil et des après midi passés avec les potes avant d'aller à la plage. L'un de ces restaurant m'attend encore là-bas, je le sais. Il y avait même une photo de moi avec mon groupe d'ami affiché au mur le jour où l'un des bras cassés du groupe avait relevé le défi de manger le piment le plus corsé du restaurant pour avoir des tacos gratuit à vie. Il ne faisait pas le fier sur la photo, mais j'étais sûr qu'il allait réclamer ses tacos gratuit régulièrement. Je racontais alors l'anecdote à Hecate avant de lui demander :

-Et toi alors ? Même question ! Et je veux savoir le résultat du test !
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