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sujet; ARANYSS #5 bis ► one thing you can't hide is when you're crippled inside

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one thing you can't hide is when you're crippled inside

Nobody looks good in their darkest hours. But it's those hours that make us what we are.
25 JUILLET 2002 ; #Aranyss 5 bis




« Va-t-en, supplie-t-elle dans un souffle quand le crac les recrache devant la maison, quand elle sent l’air frais d’une nuit d’été embrasser ses joues trop rouges : pars. » Ne regarde pas. Dans ses fièvres, elle a encore un peu la conscience des jugements portés, la peur du regard qu’il aura pour elle si elle avoue qu’en vérité, rien ne va. Alors, à peine la porte passée, Nyssandra s’agite, elle se débat ; et le corps brûlant s’échappe de l’étreinte pour échouer au sol dans un gémissement, un bruit de porcelaine brisée. « Ce n’est pas moi. Ce n’est pas moi. » Murmure-t-elle dans une fièvre délirante, poupée fragile et vacillante sur ses jambes tremblantes. Dans son corps, tout grince et tout frotte contre ses nerfs et ses chairs ; la mécanique est rouillée, grippée. Et dans la gorge, le souffle râle et craque, trop court, trop pressé. « Non … proteste-t-elle dans un gémissement quand elle sent le plaid autour d’elle, Aramis qui cherche à la ramener – d’un geste faible du bras, elle l’écarte et couine, pitoyable : ne regarde pas » comme je suis laide.

Nyssandra ne veut pas s’exposer dans ses faiblesses disgracieuses, ses misérables incapacités.
Elle veut rester belle, elle veut qu’il l’aime encore un peu. Rien qu’un peu.
Mais elle a le cœur trop plein, prêt à exploser sous les excès de l’empathie boulimique. Au creux de l’âme, il y a encore toutes les émotions de la soirée qui cherchent à la manger ; de la jalousie à l’envie en perfidie, de la colère à l’amertume en inquiétude – tout tape tellement fort, et elle a le cœur trop petit, trop étroit pour tout ça.

Du bout des doigts, le carnage est semé dans le salon bien rangé qu’elle traverse en dérangeant les grimoires de la bibliothèque contre laquelle elle manque de s’effondrer, en déplaçant les cadres aux murs sur lesquels elle s’appuie. A ses pieds, un vase s’éclate, vomit son eau et ses fleurs enchantées sur le cuir des souliers. « Ce n’est pas moi. Je- … tu- » Les murmures fiévreux, elle ne sait plus si c’est pour lui ou elle ; si c’est pour l’éloigner ou pour se garder. Sans doute que c’est un peu des deux ; et un sanglot la brise contre le bureau, la fièvre fait couler des sillons de larmes pour apaiser un peu les feux qui courent sous sa peau. « … tu t’appelles Nyssandra, tu n’es pas ça. Ce n’est pas toi, je suis Nyssandra, je- » Les doigts toujours crispés autour de l'écrin comme autour d'une bouée, le coeur vaguement accroché à l'amour qui s'accroche au velour doux, l'autre main gratte sur le bois, cherche le tiroir à travers la brume et les larmes qui lui voilent la vue. « Ce n’est- ce n’est pas Nyssandra. » Et elle pleure plus fort, la frustration se mêlant à la douleur et aux fièvres pour mieux l’étrangler ; elle tape, ridiculement faible, contre le bois qui résiste, ne veut pas livrer son trésor de poisons. « Je-j- » Un autre coup, et la magie trop malmenée explose ; le tiroir fait craquer ses rails, claquer les fioles vides et pleines de potion qui le remplissent, trahissent le mensonge des dernières semaines. Sur le cristal des fioles, les doigts tremblant peinent à s’enrouler autour de l’une d’elles et dans sa maladresse, Nyssandra ne fait que tout renverser. « -s’arrête. » Pitié, faites que ça arrête de lui bouffer le cœur.


Dernière édition par Nyssandra Lestrange le Ven 27 Mai 2016 - 16:52, édité 3 fois
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25 JUILLET 2002 ; #Aranyss 5 bis


Tu veux juste la tenir un peu plus longtemps contre toi.
Tu veux juste un peu la retenir.

Blotti dans tes bras, tu l'observes. Les cheveux châtains coulent en rivières chaudes dans le creux de ses épaules, et il y a ton cœur qui trébuche, qui s'embrume. Il y a là une envie de toujours la garder contre toi, saine & sauve. « Nyssandra », souffles-tu, tout doucement, écartant quelques mèches de ses cheveux pour poser un baiser sur ses lèvres. Mais déjà, elle s'éventre contre le souffle, en lâchant un « Va-t-en , tu fronces les sourcils, l'observant entre tes cils, de tes yeux bleus inquiets.  Pars. ». Déjà, tu fais non de la tête. Tu ne veux plus jamais la laisser, l'abandonner. Et elle s'agite, se débat, t'échappant en tombant sur le paquet comme une poupée brisée, cassée. Tu blêmis, palis.  « Ce n’est pas moi. Ce n’est pas moi. » , crisse-t-elle, en se  détruisant, en te  fuyant. Les jambes tremblantes, elle vacille comme un funambule imbécile sur son fil. C'est pourtant bien elle, danseuse aux chevilles fragiles, princesse à la plume acérée aux forces insoupçonnées. Et elle panique & tu ne sais pas quoi faire, tu ne sais plus quoi faire.  Tu sais qu'elle va encore t'échapper, tu sais que tu vas encore tout faire foirer.

D'un « accio plaid » lancé d'une voix rouillée, ébréchée, tu cherches déjà à la ramener dans le creux dans tes bras. Tu cherches un peu à la rassurer, à la protéger. « Nyss … Non, un croassement & elle se débat, refusant l'étreinte, refusant ta protection. Et le bout de tissu échoue à tes pieds, sur le cuir vernis de tes chaussures. Tétanisé, elle va te rejeter, elle va t'abandonner dans la morsure, la blessure d'un tourbillon d'émotions. Ne regarde pas » . Et toi, tu veux tout voir, tout apercevoir. Toi, tu veux tout aimer, tout adorer. « Laisse-moi voir », susurres-tu, en tentant un geste avorté pour la toucher, la caresser. « Laisse-moi tout voir. ». Il n'est plus question de se cacher. Il est temps d'avouer.

Et Nyssandra dérape sous tes yeux clairs. Quelque chose la mange, la dévore. Quelque chose que tu ne peux pas toucher, arracher, bousiller. Quelque chose qui se tord, qui mord. Et tu sens impuissant face à ses douleurs, ses horreurs. Tu te sens monstrueux de ne pas réussir à la calmer, à l'apprivoiser.  Tu te sens tellement inutile, tellement futile comme quand les coups tombaient sur Gwen, la pliant, la froissant dans ses pleurs, dans ses peurs. « Nyss, montre-moi, s'il te plait, amour. », et il y a comme un cri de détresse quand tu agenouilles en face  d'elle, quand tu lui réclames de savoir. Tu veux tout apprendre, même ses pires erreurs, ses pires laideurs. Tu veux esquisser les contours de ses imperfections pour lui faire réaliser toute sa perfection.

Et elle te laisse, te délaisse, semant pagaille dans son sillage. Les grimoires menacent de s'étaler dans un défilé de papier ravagé sur le parquet. Les cadres vacillent quand elle s'appuie. Et tu te dresses, te redresses, la cherchant du bout des yeux. Le vase se brise, noyant le sol d'eau & les  fleurs s'étalent en funeste présage, en horrible ravage. « Ce n’est pas moi. Je- … tu- »  , le sanglot te fait mordre ta lèvre inférieure plus fort.  « … tu t’appelles Nyssandra, tu n’es pas ça. Ce n’est pas toi, je suis Nyssandra, je- »  Et tu la fixes, attendant un geste, une demande. Tu veux juste la serrer contre toi, lui rappeler que tout va bien, que tu ne vas pas partir, que tu ne vas jamais la trahir. Elle gratte le bois à la recherche de quelque chose. Tu fronces les sourcils, certain de comprendre entre les lignes. Tu sais où s'agite ta mémoire sans parvenir à mettre le doigt dessus. « Nyss, dis-m-Ce n’est- ce n’est pas Nyssandra ». Et les larmes tombent tels un collier de perles cassées entre angoisse & frustration. Et elle pleure, pleure comme tu ne l'as jamais vu pleurer. Le tiroir explose, laissant valdinguer son contenu. Les fioles pleines & vides trébuchent dans un son de verre pressé. Un peu péniblement, un peu faiblement, tu réalises comme elle t'a menti. Colère. Elle se déverse en flux amers, enflant dans tes veines d'une sensation de haine brutal, animal. Tristesse. Elle tombe aussi sûrement que celle des yeux de Nyss, sans pour autant s'échapper, se  frayer un passage. Elle ne te fait pas confiance. Elle ne peut pas te faire confiance, hein ? Elle sait que tu n'arrives jamais à aider, que tu fais tout empirer. Et pourtant, il y a l'Amour. Agile & lent, il s'enroule à toi, un peu abîmé, un peu fatigué. Elle a tellement menti. Elle a tellement trahi. Et tu veux juste un peu la soigner, l'aider. « Ollivander, le murmure est un peu rude, un peu abrupte. Tu avales la distance, combles la méfiance. -s’arrête. Oui, je sais. Elle souffre tellement, depuis tellement longtemps, toute seule. Tellement seule. Je vais t'aider, d'accord ? ». Tu espères qu'elle comprend. Et en douceur, tu saisis une fiole. Le liquide est précieux, signifiant la fin de ses tourments, signifiant pourtant le début des tortures, des usures. Tu rapproches Nyss d'une main passée sur ses reins. Elle est tellement belle, malgré les larmes. Tu avales le contenu de la fiole & tu te baisses pour l'embrasser, pour laisser glisser la mixture dégueulasse de ses lèvres aux tiennes. « Avales », soupires-tu, en essuyant ton menton. « Tout. », rajoutes-tu. Tu veux l'apaiser, la calmer et puis la coucher avec le dîner.

Tu caresses doucement les cheveux, observe la potion agir, refermer les horreurs, les douleurs. Et pourtant, ta haine reste greffer à ton cœur. Tu les détestes tous  de l'avoir laissé subir ça, tu te détestes d'avoir laissé faire. Tu n'as rien vu, rien entendu. « Depuis combien de temps ? », un silence qui vous enlace, qui vous fracasse. Finis de jouer, de se cacher, tu veux la vérité. « Qui te fait prendre ses merdes ? Qui les a créé ? ». Tes lèvres ne forment plus qu'un pli bien serré, tes yeux ne sont plus que glace monstrueuse, porteuse de bien des supplices, des caprices. Dans ta posture, dans ta figure, tu es prêt à tuer. Tuer ceux qui te l'ont volés.
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25 JUILLET 2002 ; #Aranyss 5 bis


« Laisse-moi voir » Le geste de la tête trace le refus. S’il te plaît, non. C’est trop difficile de tout montrer, de dévoiler les faiblesses laides et tous les monstres d’égoïsme sous les soies, le maquillage et le sourire. C’est trop douloureux de se dire qu’il va la quitter s’il découvre tout. S’il réalise qu’elle est juste pitoyable, juste faible – tellement inutile, tellement décevante. Il va la quitter, et elle n’aura plus rien. Ou, pire, il va la mépriser. « Laisse-moi tout voir. » Qu’il parte, pitié. Nyssandra jure qu’elle sourira mieux demain, qu’elle ira mieux, qu’elle sera belle – qu’elle fera la belle, l’enfant mondaine et la reine de cœur. Elle promet, mais – pas maintenant, pas ce soir. Elle a le cœur bouffé, explosé sous les fils tranchants, brûlants des émotions tyranniques. Elle est jalouse, elle est triste, désespérée, ravie déçue, en colère, méprisée, méprisante, trompée, amusée, malmenée, angoissée ; elle est toutes ces choses qui tirent dans tous les sens et elle ne sait même pas pourquoi. « Nyss, montre-moi, s'il te plait, amour. » Instinctivement, elle ramène ses jambes contre elle, elle évite le contact dans le souffle court d’un animal traqué.

Elle fuit, elle cherche refuge près du secrétaire en bois, elle cherche la protection des potions-poisons, des tueuses de cette empathie anarchique qui dévaste son identité. Nyssandra, Nyssandra, Nyssandra. Elle est Nyssandra ; et elle s’accroche au nom, au mot, même si elle ne sait plus bien ce que ça signifie. Est-ce que ça ne signifie encore quelque chose ?

« Ollivander » Quelque part dans les brumes fiévreuses, le mot éveille des souvenirs, de vieux réflexes qui bousculent l’équilibre précaire ; et malgré les doigts accrochés au tiroir, la fiole roule au sol, déverse le contenu sur les lattes du parquet.  « -s’arrête. » Les larmes coulent plus fort, les articulations sont blanches sur le bois. « Oui, je sais. Je vais t'aider, d'accord ? » « J-je veux mourir. » Tout fait mal du corps au cœur. Et elle veut juste que ça cesse, que ce soit fini. Un sanglot pitoyable l’étrangle. Qu’on la tue, qu’on assassine l’empathie. Pitié, que ça s’arrête. Elle a mal, elle a tellement mal, perdue dans les tempêtes d’émotions étrangères.

La proximité la brûle, elle gémit douloureusement quand le bras d’Aramis se glisse autour d’elle. Ça fait - « -mal. » Sanglote-t-elle, n’ayant plus la force de s’échapper, de se sauver. Les émotions d’Aramis ont toujours été fortes, trop fortes comme des vents d’Eole trop longtemps enfermés dans leurs outres. Sa mère n’a jamais compris que tout brider ne les rendait que plus sauvages, plus furieuses. Sur l’empathie hypersensible, c’est comme un tison sur ses nerfs à vif. Et c’est encore pire quand leurs lèvres se scellent, que le contact s’établit. Le cri de douleur se noie dans la potion, les doigts se crispent plus fort sur la chemise. « Avale. » L’obéissance est naturelle, tant elle est perdue, désespérée. Nyssandra se jetterait du haut d’un pont si on le lui disait. « Tout. » Alors elle avale, ça la fait tousser, ça brûle dans sa gorge – mais elle obéit (parce qu’il a promis d’aider). Et elle déglutit plus fort, et elle tousse encore, encore quand la potion étend son emprise sur le don, ramène, puis étouffe l’empathie qui a tiré sa magie partout en elle. Peu à peu, le noir se fait, le froid revient, elle s’éloigne d’elle-même, de sa propre nature – dans les bras d’Aramis, elle frissonne comme une enfant qui a peur de la nuit. « Depuis combien de temps ? » Attaque-t-il, elle ne répond pas tout de suite. Sa gorge fait mal encore, quelque chose tambourine de nouveau dans sa tête – comme une migraine. (tais-toi, tais-toi, tais-toi) « Je- ce n’est pas … » Le mensonge vacille sur le fil d’une voix qui déraille. Et aussitôt, il continue son attaque, chercheur de vérité sans repos. « Qui te fait prendre ses merdes ? » A nouveau, la bouche s’ouvre, puis se referme quand les mots se refusent à elle. (tais-toi, tais-toi, tais-toi) « Qui les a créé ? » « C’est- » (tais-toi, tais-toi, tais-toi) Et involontairement, les muscles se tendent, amorcent la fuite. Mais ses jambes fragiles tremblent sous elle, lâchent et elle retombe en arrière. « C’est- » Les lèvres essaient d’esquisser la vérité (tais-toi, tais-toi, tais-toi) mais rien ne vient, tout est étouffé dans la litanie fiévreuse d’une voix dans sa tête. (tais-toi, tais-toi, tais-toi) Avec un hoquet de douleur, les bras s’enroulent autour du crâne, le souffle s’affole, erratique dans sa poitrine. (tais-toi, tais-toi, tais-toi) Mais elle veut lui dire, elle veut se confier. Elle ne veut pas lui mentir. (ne dis rien – tu vas le tuer, tu vas le tuer, tu vas le tuer) « C’est un secret, couine-t-elle entre deux respirations sifflantes (tu vas le tuer) : Tu vas mourir sinon. » (c'est ça, tu vas le tuer, tu veux le tuer ?) « Non, je ne veux pas. Je ne le supporterai pas. »
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25 JUILLET 2002 ; #Aranyss 5 bis


Tu n'as jamais saisi, compris.

Tu as toujours cru que c'était plus facile. Tu as toujours cru qu'en les ignorant, en les balayant, elles s'en iraient, te délaisseraient. Tu as toujours su, pourtant, qu'elles te rattraperaient un instant, un moment. Tu sais qu'elle se brise, qu'elle se bousille sur la crise des émotions, des tensions. Tu sais que c'est de ta faute. Les sentiments tambourinent, s'assassinent, enveniment le don. Et vous avez perdu tant de temps à vous engueuler, à vous engluer dans ces maux, dans une overdose de maux.

La cage dans laquelle tu les as enfermé n'a jamais rien arrangé, l'a toujours dérangée. Tu te souviens de ses larmes, des douleurs & de ta rancoeur. Elle n'est pas si loin de ton coeur. Tu te souviens n'avoir pas compris, tu lui en veux. Tu lui en as toujours voulu de savoir te lire, t'écrire, te décrire. De savoir mieux que toi. Et pourtant, cette fois, tu ne veux pas fuir, tu veux la retenir. Cette fois, tu n'écouteras pas. Tu n'as jamais été bon pour écouter.  « J-je veux mourir. » , souffle-t-elle, les cils bercés de larmes, le maquillage ravagée par les traces du chagrin. Quelque chose étrangle ton coeur & tu souffles un « Non » lent. Ne sait-elle pas ? Ne comprend-t-elle pas ? Elle n'en a plus le droit depuis qu'elle est dans tes bras, qu'elle est à toi.

Et tu promets.
Tu jures que tu promets de l'aimer, la protéger, la garder.
De tout réparer, même si tu dois en crever, même si tu dois te damner.

« -mal. » , et tu es désolé de lui faire encore un peu plus mal. Et tu es navré d'encore l'étrangler dans tes sentiments, dans tes ressentiments. Mais bientôt, tout s'en ira, tout ira bien. Et elle crie, silencieuse, malheureuse ( tout est de ta faute). Elle crie entre vos lèvres liées, ses pleurs se perdant dans ta barbe. Encore un peu, veux-tu lui souffler, pour te faire pardonner, pour la laisser avaler. Encore un peu & on se vengera de ceux qui t'ont fait ça. D'une main, tu essuies ce qui a glissé sur ton menton, figé dans tes masques alors que les bourrasques soufflent colère, soufflent culpabilité, douleur amère. Elle tousse, la respiration difficile, le cœur en équilibre instable. Contre toi, le nez dans ta chemise, elle peine à parler, s'exprimer.

Et tu voudrais avoir un peu de patience, de décence. Tu voudrais ne pas la brusquer. Mais ça t'agace. Merlin, qu'est-ce que ça t'emmerde. Les mensonges se sont toujours entassés, se sont toujours bloqués dans ta gorge.  « Je- ce n’est pas …»  Quoi ? , la fusilles-tu des yeux bleus orageux. Grippé d'une maladie excessive d'amour, tu refuses de la voir se casser de la gueule au coeur. Tu refuses de ne rien faire en voyant l'enfer dans laquelle elle est jetée. « C’est- »  , souffle-t-elle, essaie-t-elle et tu sens le contrôle se rétrécir tel une peau de chagrin. La pupille rétrécit dans son orbe givré, damné, signe d'une envie de violence, d'une envie de tout casser, tout briser. « Parle. », caresses-tu d'une voix douce où pourtant se cache une fureur difficilement masquée. Les muscles jouent sous la peau & elle amorce la fuite. ( Tu vas craquer, tout envoyer valser, la pulvériser. ) Les pas à peine esquissés sont déjà comblés. Il en est hors de question. « C’est- »  « C'est   quoi ? Tu inspires, expires brutalement, la mécanique déjà enrayé par une poussée de chaleur au fond des tripes. Merlin, Nyss si tu ne parles pas, je vais - » , tu te stoppes la voyant souffrir, se détruire. Quelque chose vomit en toi, quelque chose bruisse, dégueule sa haine.  « C’est un secret,  le bras se tend aussitôt, faisant s'effondrer le secrétaire dans une poussée brusque. Les fioles explosent, éclatent, les lettres s'effondrent. Le bois tremble, martyrisé.  Tu vas mourir sinon. ». Un sourire s'affiche, s'épaissit ; « Au cas où tu n'aurais pas remarqué, tu humectes tes lèvres. Je ne compte pas crever. » « Non, je ne veux pas. Je ne le supporterai pas. » , souffle-t-elle. Et tu grimaces ; « Soit, tu ne veux pas. »


Mais, toi, tu veux. Et on ne te dit jamais non impunément. « Alors, je le prendrai. »,  ombre féroce, tu te penches au-dessus d'elle, enroulant tes doigts autour de sa gorge blanche. Tu la forces à lever les yeux. Terre humectée de larmes contre océan violent, tu souffles doucement, lentement. Tu  inspires te vidant la tête de toutes pensées parasites, de tous sentiments trop puissants, trop collants, « Ne bouge pas. ». Et brutalement, tu tires sur la magie aux alentours, l'avalant à grandes doses, te noyant dans ses bras. Ta pupille se dilate, le passé s'étale, s'emballe. Les visages s'entremêlent, se démêlent. Tu remontes le fil, dans les tremblements de ton corps. Tu tires plus vite, plus fort. Et ce que tu vois te dégoûte, ce que tu vois t'arrache le ventre. Le cœur est rapide, se suicide dans ton torse. Tu trembles un peu en retirant tes doigts ; « Bones & Rookwood. », scelles-tu comme une promesse. Une promesse de les abattre, de les foutre plus bas que terre, l'enfer.

« Si tu crois que je vais les laisser me tuer. », un silence. « Tu te mets le doigt dans l'oeil jusqu'au coude, Ollivander. Une caresse sur son visage. Si tu crois que je vais te laisser à eux, un regard où filtre le dégoût pour ceux qui ont osés la toucher, l'effleurer, tu ne me connais toujours pas. » Tu l'observes ; Combien de fois, ont-ils osés te la voler? Combien de fois, l'ont-il pris pour acquise ? « Tu es à moi. », vérité affirmée, scandée, tu ne la laisseras à personne d'autres que toi. Tu ne la laisseras jamais qu'à tes bras, qu'entre tes draps. Et tu les maudis, ceux-là qui croient qu'ils peuvent rester impunis, dans le déni. Tu les maudis car ils n'ont jamais connus la fureur des Lestrange. Ils n'ont jamais bravés la tempête qui va exploser, tout pulvériser. « Juste à moi. », la voix exprime une possessivité mal maîtrisée, à peine retenue dans tes yeux clairs. Et tu te damnes, tu t'enflammes juste pour elle, juste contre elle. La raison décline, s'épuise contre l'amour qui t'étrangle les veines.

Un soupir, tu la relâches, te rétractes un instant dans un pas de distance. « Tu veux vraiment que je parte maintenant ? », cales-tu, te calmant doucement, progressivement. Tu te grattes le crane, observant de tes yeux clairs la brune. « C'est à toi, je crois. », murmures-tu, et dans un regard fuyant, sans faux-semblant, tu laisses la bague au creux de ses doigts. Puisqu'au fond de toi, il y a un besoin de la garder un peu. Puisqu'au creux de ton ventre, il y a toujours trop d'amour pour l'Ollivander.
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