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sujet; La Brute et le Truand [Alan]
MessageSujet: La Brute et le Truand [Alan]   La Brute et le Truand [Alan] EmptyMer 8 Juin 2016 - 14:56

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Ses doigts glissèrent doucement sur les draps, sur la couverture à moitié bouffée par les mites, son contact rugueux lui arrachant un sourire alors qu'il se rappelait la dernière fois qu'il s'était retrouvé emmailloté à l'intérieur ; son corps repus enlacé autour de celui de Victoria après l'amour, et leur fou rire idiot dès que l'un d'eux se piquaient les fesses contre cette foutue couverture. Keziah attrapa alors le traversin abandonné à la tête du lit et le porta à son visage, humant, cherchant à travers la fabrique l'odeur de l'irlandaise, délicat mélange d'herbe fraîche, de sel et d'un il-ne-savait-quoi d'ambré sur lequel il n'était jamais vraiment parvenu à mettre le doigt. Mais elle s'était déjà dissipée, emportée par le temps qui passe, et il laissa retomber l'oreiller dans un soupire, la joie ayant brièvement éclairé son visage un instant plus tôt se fanant au bord de ses lèvres comme la dernière neige fondant sous le premier soleil de printemps. Qu'est-ce qu'il foutait là en fait ? À quoi jouait-il ?

L'air sombre, il releva la tête et fit glisser son regard autour de lui. Le lit d'appoint sur lequel il était assis composait à lui seul la quasi totalité du mobilier que des moldus avaient un jour du se donner la peine d'installer dans cet ancien cabanon de chasse. Une table branlante trônait au milieu de la pièce, entourée d'une unique chaise. Les débris de la seconde traînaient dans un coin, à côté d'une vieille commode à laquelle il manquait deux tiroirs sur trois. Et puis c'était tout. Rien d'autre. Aucun tableau pour égayer les murs, aucun tapis poussiéreux pour atténuer l'aspérité du parquet bourré d'échardes. Si l'on y prêtait attention, on pouvait même apercevoir les reflets verts et roux de la forêt à l'extérieur, à travers les nombreuses fissures que les intempéries avaient fini par creuser dans le bois, et Keziah prit soudain conscience de l'état pitoyable des lieux quand une bourrasque de vent s'engouffra à travers, sa triste complainte suffisant à faire trembler les murs.

C'était Davius qui lui avait parlé de cet endroit. Ce vieux cabanon avait servi de lieux de rendez-vous entre les Loups Belliqueux et leurs informateurs à une époque, mais sa position avait fini par être compromise et cela faisait plus d'un an maintenant que personne n'y mettait plus les pieds. L'endroit idéal, si l'on pouvait dire ça ainsi, pour deux amants d'échapper ne serait-ce que quelques heures à la folie de la guerre qui faisait rage à l'extérieur. Keziah n'aurait plus su dire depuis combien de temps exactement il avait commencé à venir ici alors même que personne ne l'y attendait. Il ne savait même pas pourquoi il venait en vérité. C'était comme s'il était soudain pris d'un moment d'absence. Quand il revenait enfin à lui, il était là, seul, ignorant pourquoi et même parfois comment il y était arrivé. Il s'asseyait alors sur le lit et restait ainsi des heures durant, immobile, l'esprit vide et le cœur lourd. Il attendait souvent que l'obscurité ait fini par s'étendre jusqu'aux derniers recoins de la pièce avant de se relever, puis de repartir comme il était venu. Comme un fantôme ne laissant derrière lui aucune trace de son passage.

Parfois, il espérait presque que quelque chose se passe. Que Victoria franchisse la porte ou que toute une escouade de Rafleurs la défonce avec fracas, que le jour ne cède jamais sa place à la nuit ou que l'ennui ait raison de lui. N'importe quoi.
N'importe quoi pourvu que se taise le silence.

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MessageSujet: Re: La Brute et le Truand [Alan]   La Brute et le Truand [Alan] EmptyJeu 7 Juil 2016 - 13:33

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Rien cette fois-ci. Alan raffermit néanmoins sa prise sur sa baguette magique avant de sortir prudemment de la planque qu'il venait d'explorer. Rien ne lui indiquait qu'un piège n'allait pas se refermer sur lui une fois qu'il en aurait franchi le seuil dans le sens inverse. C'était la troisième cachette dans laquelle il avait osé rentré depuis son départ temporaire de Poudlard, à la recherche des insurgés restant pour leur conseiller d'aller rejoindre le reste de la résistance au château. Il savait qu'il en restait. Il connaissait certains de ceux qui avaient fait exploser l’hôpital sur le Magister, le ratant de peu mais éliminant une partie du public à la place. Il n'en avait retrouvé aucun pour le moment.

À cause de cette « monstrueuse tragédie », les belliqueux n'étaient plus vraiment en odeur de sainteté auprès des autres insurgés qui dénonçait la violence aveugle dont ils avaient fait preuve. Comme s'ils en avaient quelque chose à foutre. Ils avaient été plus près de tuer le Magister que n'importe qui d'autre dans le camp. C'était ça qui mettrait un terme à la guerre, pas de rester planqué dans leur camp en attendant qu'il consolide son pouvoir.

Aucun Mangemort ni aucun Rafleur ne l'attendait à la sortie. Dommage. Planque suivante. Il se concentra et transplana, suivant la liste des lieux à visiter qu'il gardait en tête. Il n’apparut pas directement devant l'entrée mais à plusieurs minutes de marche, cette précaution lui avait permis de ne pas tomber dans un piège tendu par les hommes du Lord devant ancien quartier général, à l'asile. Il ne regretterait pas les courants d'air, mais aurait aimé récupérer les minimes affaires qui étaient conservées là-bas.

L'endroit où il se rendait à présent était un ancien poste de rencontre, un vieux cabanon de chasse abandonné qui leur avait servi de lieu de rencontre avec les messagers de Davius jusqu'à ce que l'endroit soit compromis. La menace était-elle réelle ou imaginaire à l'époque ? Alan n'en savait rien, mais ils avaient aussitôt laissé tombé l'endroit et s'étaient installé ailleurs. Peut-être certains d'entre eux y étaient-ils retournés dans l'espoir qu'on vienne les chercher. Si c'était le cas, Alan allait répondre à leurs prières.

Lorsque la cabane fut enfin en vue, au milieu des arbres, Alan s'arrêta et en fit le tour, restant à une distance suffisante pour ne pas déclencher d'éventuel piège et suffisamment à couvert pour ne pas servir de tir en cas d'occupation hostile de la cabane. Tout semblait normal, quelques sortilèges de plus suffirent à le lui confirmer, en revanche l'un d'eux avait détecté une présence humaine à l'intérieur. Ami ou ennemi ? Il faudrait vérifier pour en être sûr.

Alan fit craquer sa nuque et s'avança jusqu'à la porte, prenant le soin de pencher son immense carcasse pour évité d'être repéré pendant son approche puis, une fois devant la porte, il se redressa et jeta un sort sur la poignée avant de donner un coup d'épaule dans le battant qui émit un gémissement de protestation et de diriger sa baguette vers le seul être vivant de grande taille qui se trouvait ici.

Les yeux d'Alan s'agrandir alors en voyant qui se trouvait là, solitaire et nettement moins soigné que lorsqu'il avait fait la une des journaux. Il ne baissa pas sa baguette, mais un sourire mauvais lui étira les lèvres.

-Tiens tiens tiens, Monsieur Sourire le Plus Charmeur. T'es pas occupé à trouver comment tuer le plus d'enfants possible ? Qu'est-ce tu fous là ?

Lui qui cherchait à retrouver les siens, il tombait sur un cadeau inattendu.

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MessageSujet: Re: La Brute et le Truand [Alan]   La Brute et le Truand [Alan] EmptyLun 8 Aoû 2016 - 14:57

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Mais le silence s'étire et s'étale, engloutissant jusqu'au dernier recoin de forêt qui lui résistait encore lorsque le bouvreuil pivoine qui chantait non loin de là se tut brusquement. Il en devint alors soudain presque assourdissant, ouvrant comme un gouffre sans fond quelque part devant les yeux de Keziah ou comme un trou béant dans sa mémoire à travers lequel il se sentit sombrer avant même d'avoir pu s'en empêcher. La tête lui tourna tout d'un coup. Il eut la sensation désagréable de tomber de haut sans tomber vraiment et se rattrapa alors brusquement à la couverture sous lui, tandis que ses paupières se froissaient l'une contre l'autre, fort, dans une ultime tentative de se raccrocher à la réalité fuyante. Mais il était déjà trop tard. Émergeant des confins de sa mémoire, là où il avait tenté de l'y enterrer profondément, le souvenir de Marcus Powell s'imprima sur ses rétines aussi nettement que s'il s'était tenu face à son regard vitreux. Aussi clairement que lorsqu'il avait surplombé son cadavre après l'avoir assassiné de sang-froid.

Keziah sentit son cœur manquer un battement dans sa poitrine et rouvrit alors brusquement les yeux, à l'instant même où la porte du cabanon s'ouvrait à la volée et alla frapper violemment contre le mur. L'entrée fracassante du nouveau venu ne sembla pourtant pas susciter le moindre émoi chez lui. Il ne sursauta pas, ne cilla même pas. Ce fut à peine s'il daigna tourner la tête dans sa direction et afficher un air relativement surpris, presque poli, en découvrant l'homme qui venait de faire irruption dans la pièce tel un petit ouragan. Grand – plus que lui en tout cas – une mâchoire carrée, les traits durs et le regard brûlant. Un insurgé. Il ne se posa même pas la question, la certitude entrant dans sa tête aussi sûrement que la lame d'un couteau dans une motte de beurre. N'importe quel rafleur sillonnant le pays à travers champs et forêts aurait pu arborer la même dégaine négligée pourtant, mais aucun ne dégageait cette impression sous-jacente de juste colère. Une colère entière, fière et farouche, au subtil parfum citronné. Une colère dangereuse, aussi, de ceux qui n'avaient plus rien à perdre. La même que celle que Keziah avait si souvent perçu chez Davius ou chez les hommes qu'il avait brièvement côtoyé lors de son passage parmi les Loups.

Il ne se souvenait pas avoir jamais croisé celui-là. Les deux premières semaines qu'il avait passé dans le bunker des Belliqueux étaient encore un peu floues, il n'avait pas l'esprit très clair à l'époque, mais il se serait souvenu de son visage. Il se serait souvenu de son sourire mauvais et de la manière dont celui-ci fit pétiller son regard quelque part entre l'excitation et le mépris.

_ Tiens tiens tiens, Monsieur Sourire le Plus Charmeur. T'es pas occupé à trouver comment tuer le plus d'enfants possible ?
_ Et moi qui pensais que le lectorat de Sorcière Hebdo était exclusivement composé de jeunes fashionistas en fleur et de ménagères en quête de frissons, rétorqua-t-il du tac-au-tac, sur un ton nonchalant dénotant un cruel manque d'intérêt pour la question.

Il n'avait pas pu empêcher ses yeux de se plisser jusqu'à ce qu'ils ne soient plus que deux fentes réprobatrices en entendant l'allusion peu subtile de l'inconnu, mais il ne lui fit pas le plaisir de rebondir dessus. Qui qu'il soit, il ne savait foutrement rien de cette histoire, et même s'il l'avait pu Keziah ne se serait probablement pas donner la peine d'éclairer sa lanterne vu l'entrée en la matière qu'il venait de faire.

_ Qu'est-ce tu fous là ?
_ Rien. C'était la vérité. Il ne faisait strictement rien depuis qu'il avait foutu les pieds ici. Conscient que l'homme attendait une réponse sûrement un peu plus élaborée que ça, il poursuivit pourtant. Davius Llewellyn m'a parlé de cet endroit. Il m'a dit que les Insurgés ne l'utilisaient plus depuis un moment déjà et que je pouvais venir m'y réfugier de temps à autre. C'est calme. C'était calme en tout cas.

Il haussa les sourcils, son regard venant souligner ses paroles en lorgnant brièvement la porte à moitié sortie de ses gonds qui pendait contre le mur.
Il n'avait pas attendu pour mentionner le nom de son vieil ami. Keziah savait qu'il n'était pas en odeur de sainteté chez les Insurgés et qu'il risquait peut-être autant en leur compagnie qu'avec les Mangemorts. Davius avait utilisé sa position de leader parmi les Loups pour s'assurer que ses hommes ne s'en prendraient pas à lui – une décision qui n'avait pas fait l'unanimité – mais cela ne faisait pas tout. Aussi notoire l'influence de l'ancien auror soit-elle parmi les Insurgés, il ne parlait pas pour autant en leur nom à tous...
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MessageSujet: Re: La Brute et le Truand [Alan]   La Brute et le Truand [Alan] EmptyJeu 25 Aoû 2016 - 15:32

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C'est qu'en plus il se croyait drôle, le bougre. Comme s'ils avaient besoin de meurtrier avec de l'esprit. Comme s'ils avaient besoin que des gens comme Campbell jouent aux plus fin. Il n'était pas vraiment en position de faire des siennes, c'est lui qui était menacé par la baguette d'Alan, pas l'inverse. Rien ne l'énervait plus que ça, des imbéciles qui croyaient intelligent de se la ramener alors qu'ils étaient menacés. Le prenait-il pour un clown ?

-Hilarant, c'est les mangemorts qui t'ont appris à faire des blagues ou bien est-ce que tu te planques là parce que tu te croyais si malin que t'as proposé une perruque à face-de-serpent ?

Le nom qui sorti de la bouche de Campbell fit froncer les sourcils d'Alan. Davius Llewellyn. Le loup en personne. Bah tiens. Comme c'était pratique de sortir l'un des noms les plus connus des insurgés pour se tirer d'affaire. Comme si Davius allait proposer une petite cabane confortable à un assassin dans son genre.

-T'es en train de me dire qu'un type comme toi a des contacts amicaux avec Llewellyn ? Tu me prends pour un mariole ? La moitié des insurgés serait absolument ravie de mettre la main sur toi et tu sais quoi ? Je crois que je vais leur faire le plaisir de te ramener devant eux.

On verrait s'il gardait son sourire et ses bons mots en face d'une bande d'insurgés furieux. D'autant plus furieux d'ailleurs que leur propre camp avait fait exploser un hôpital sans le consentement du grand complet. Les gens qui avaient fait ça savaient déjà que jamais ils ne l'auraient eu, cette approbation. Ils avaient simplement choisi de porter le coup au moment propice avec l'espoir d'atteindre leur cible de toujours, enfin à découvert. Raté, malheureusement. C'était là leur seul tort aux yeux d'Alan.

-Lève toi, on a de la route à faire.

Poudlard n'était pas la porte à côté et il était impossible d'y transplaner. Un avantage lorsqu'il s'agissait de garder les mangemorts à l'écart, mais un inconvénient lorsqu'il fallait rentrer au bercail rapidement. Ils allaient devoir trouver une solution pour remplacer les elfes de maison, Alan n'aimait pas dépendre de ces être dont il ne comprenait pas la loyauté. Ne s'étaient-ils pas révoltés en partie contre leurs anciens maîtres ? Rien ne garantissait qu'ils ne se retourneraient pas contre les insurgés aussi.

-T'inquiète pas, je vais pas te jeter dans la fosse aux loups, je pense que tout le monde a envie d'entendre ton histoire. Dommage d'ailleurs. J'aurais bien aimé m'occuper de ton cas personnellement. Tu vois, on est pas des monstres.

Personne ne l'aurait su. Alan pourrait le tuer ici même pour punir l'homme qui avait commis toutes ces horreurs, personne ne l'en blâmerait. On retrouverait un jour son cadavre et on se dirait qu'il n'avait eu que ce qu'il méritait. Heureusement pour lui, les belliqueux avaient besoin de reprendre un peu de crédit auprès des autres. Pas qu'il s'en soucie personnellement, mais à présent qu'ils créchaient tous au même endroit, il aimerait éviter d'avoir à mener une guerre civile dans leurs propres rangs.
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MessageSujet: Re: La Brute et le Truand [Alan]   La Brute et le Truand [Alan] EmptyVen 2 Sep 2016 - 21:25

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Keziah leva les mains en l'air et haussa innocemment les épaules lorsque l'Insurgé commenta son sens de l'humour, l'air plus angélique que jamais. Il savait qu'il ne risquait pas de berner son interlocuteur ainsi pourtant. Ce dernier ne semblait en effet pas être le genre de personne que son numéro de charme pouvait attendrir et il en eut la confirmation quand il l'attaqua sur sa soi-disant relation avec Davius. Great, pensa-t-il alors, il était tombé sur un type qui ne connaissait sûrement l'ancien auror que de nom et n'avait pas les deux connexions nerveuses nécessaires pour faire le rapprochement entre son nom et celui de la petite brunette aux grands yeux verts considérée comme la seconde du Gallois ! Keziah se tendit malgré lui. Il se sentait tout à fait éveillé et alerte maintenant, et il n'était pas certain d'aimer la tournure que prenait les événements ni la menace explicite que l'homme ne tarda pas à faire peser sur lui.

Il était hors de question qu'il se laisse traîner jusqu'à Poudlard ou Merlin seul savait-où encore. Même si l'intention première de Davius avait été de le protéger – à la fois de lui-même et de l'influence grandissante de Gwydion – quand il l'avait enfermé un mois durant dans le bunker des Belliqueux, Keziah n'en gardait pas particulièrement un bon souvenir. Il était né nomade et en avait conservé un goût immodéré de la liberté et de l'indépendance même s'il avait fini par se détacher de leur mode de vie. De plus, il doutait fort que les intentions de l'homme lui faisant face aujourd'hui soient aussi louables que celles de son vieil ami l'avaient été... Mais s'il croyait qu'il allait pouvoir le ramener à ses petits copains comme un vulgaire trophée dans l'espoir de récolter une caresse sur le haut de la tête, il se foutait la baguette dans l’œil ! Keziah n'avait pas de temps à perdre avec ces conneries. Il était si près du but qu'il s'était fixé. Il ne s'était déjà que trop laissé distraire par toute cette histoire avec Marcus Powell, par cette haine qui l'avait consumé comme il ne l'aurait jamais cru capable.

_ Lève toi, on a de la route à faire.

Il n'eut pas besoin de le dire deux fois. Keziah fut sur ses jambes en moins de temps qu'il n'en fallait pour dire Quidditch, sa vivacité soudaine contrastant sévèrement avec la nonchalance dont il avait fait preuve depuis l'arrivée de son curieux compagnon d'infortune. Il ne s'avança pas vers lui cela dit, glissant plutôt le long du mur jusqu'à ce qu'il se soit retranché le plus loin possible de son imposante silhouette. On aurait dit un lapereau pris au piège devant le grand méchant loup mais cela lui importait guère. Il se moquait comme d'une guigne de ce dont il pouvait avoir l'air aux yeux de l'Insurgé. Cela faisait longtemps qu'il avait abandonné l'idée de s'accrocher à son ego lorsqu'il se retrouvait ainsi acculé par une force de la nature visiblement plus prompte à user de ses poings que de la diplomatie.

_ Je suis désolé mais je me vois dans l'obligation de décliner l'offre. Aussi tentante semble-t-elle, je suis plutôt occupé en ce moment.

Comme si cela suffirait à le convaincre. Bravo, Campbell, encore un argument infaillible de la sorte et peut-être que le gars te filera l'accolade ! Keziah déglutit avec difficulté. Ce n'était pourtant pas son genre de se retrouver ainsi empêtrer dans une situation où il ne voyait pas de manière élégante de s'en sortir. Réfléchis, réfléchis, lui intimait une petite voix dans sa tête, mais c'était comme si quelqu'un c'était amusé à verser du sable dans les rouages de son cerveau.

_ Je ne mentais pas pour Davius. Victoria Campbell, la femme qui l'accompagne, c'est ma femme. C'est comme cela que l'on s'est rencontré, ils travaillaient ensembles à la Brigade Magique avant le retour de Vous-Savez-Qui. Je connaissais ses filles, Ava et Gemma, et sa femme, Jillian. C'est elle qui lui a offert le pardessus avec lequel il se trimballe tout le temps, c'est pour ça qu'il refuse de s'en séparer même s'il est complètement élimé. J'étais là le jour où elle lui a donné. Je ne dis pas que Davius Llewellyn cautionne les erreurs que j'ai pu commettre par le passé, mais simplement qu'il m'a laissé une chance d'essayer de les réparer.
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MessageSujet: Re: La Brute et le Truand [Alan]   La Brute et le Truand [Alan] EmptyJeu 8 Sep 2016 - 9:15

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Mr. Sourire le Plus Charmeur se releva avec vivacité lorsque Alan lui en donna l'ordre, laissant le grand barbu légèrement surpris mais satisfait pendant une demi seconde avant qu'il ne se rende compte que l'homme se dirigeait dans la direction opposée à celle prévu, c'est à dire le plus loin possible de lui et de la porte, cherchant la sécurité relative qu'un mur pouvait apporter à son dos, faisant pousser un soupir à Alan.

-Oh, occupé, pardon, dans ce cas je repasserais sans doute plus tard. Mardi ça te va ? Dit-il d'un ton conciliant avant de reprendre en élevant la voix. Arrête de te payer ma tronche, abruti ! M'oblige pas à venir te chercher !

Il commençait déjà à s'avancer vers Keziah, la baguette en avant et l'air menaçant lorsque celui-ci repris son baratin à un débit suffisamment rapide pour caser le plus d'informations le temps que l'insurgé n'arrive devant lui. Insurgé qui s'arrêta net à la mention d'une certaine personne, tout au début de son discours, le visage figé dans une expression de léger dégoût. Il était marié à la Grande Mégère en personne ? Celle qui lui pourrissait la vie à chaque fois qu'il croisait son chemin ? Celle qu'il évitait comme la peste dès qu'il la savait dans les environs ?

-Bon sang, c'est ta femme ? Merlin ! T'es encore plus tordu que je le croyais.

Alan n'avait pas été élevé de telle façon à critiquer les femmes ou à leur manquer de respect, mais celle-ci atteignait les sommets lorsqu'il s'agissait de le mettre en rogne. Parfois un simple regard suffisait et heureusement qu'ils ne se croisaient qu'occasionnellement, sinon Alan était persuadé qu'il y aurait guerre civile au sein même des Insurgés.

-Je comprends pourquoi t'es resté chez les Mangemorts d'un coup, marmonna-t-il dans sa barbe. Mais bon, c'est moi qui ai dû me taper toute le merde qu'elle pouvait pas te lancer à la figure alors voilà une excellente raison de plus de te ramener à Poudlard.

Il termina de s'avancer vers Keziah pour le saisir à l'épaule d'une main sans cesser de le menacer de l'autre, espérant qu'il ne rendrait pas les choses difficiles. Il n'avait pas l'air bien vaillant, mais Alan avait pu observer des avortons se débattre comme des diables et savait d'expérience qu'ils n'étaient pas forcément les moins coriaces. Keziah ne faisait pas partie de la catégorie avorton et devait donc malgré tout être suffisamment vif pour lui mener la vie dure s'il décidait de faire l'imbécile et de s'enfuir.

-Tu prétends être un ami de longue date de Davius d'accord, je veux bien te croire. En plus de ça ta femme est parmi nous d'après ce que tu dis, alors franchement, pourquoi est-ce que tu résistes hein ?  Le pire qu'il puisse t'arriver ça sera quoi ? On a pas de détraqueurs sous la main, on a pas de bourreau et on a un tas de gens encore un minimum civilisé qui sont totalement contre l'idée de transformer les gens en passoire à coup de sort. T'auras même droit à un procès équitable si ça se trouve !

Bien sûr une grande majorité des gens à Poudlard souhaitant sans doute tout simplement lui refaire le portrait, Alan en haut de la liste comme pouvait en témoigner sa poigne sans doute un peu trop serrée pour être totalement neutre, mais avant de l'assommer pour le jeter sur son épaule et y aller, il voulait lui laisser une dernière chance de se ranger à des arguments plus ou moins convaincant. Un type comme ça devait sans doute penser pouvoir s'en sortir à coup de parlote, alors bien sûr il risquait l'emprisonnement et une probable raclée de la part des belliqueux qui restaient, à l'abri des regards, mais c'était les risques du métier après tout !
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MessageSujet: Re: La Brute et le Truand [Alan]   La Brute et le Truand [Alan] EmptyLun 12 Sep 2016 - 16:37

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Il aurait fallu être aveugle pour ne pas déceler la moue que la simple évocation du nom de Victoria suffit à provoquer chez l'Insurgé, sa réaction illustrant bien toute l'antipathie qu'il ressentait à son égard. Keziah en fut un peu surpris. La nature compatissante et profondément honnête de sa femme avait en effet tendance à lui attirer la sympathie de ses pairs plutôt que leur animosité. C'était une personne difficile à ne pas aimer, voire à admirer. Le blondin se renfrogna à l'idée de ce que cela lui disait de son interlocuteur... Il se garda de faire le moindre commentaire cela dit, soulagé que sa petite tirade précipitée ait eu l'effet escompté et soit parvenue à stopper l'Insurgé dans son élan. Il avait juste besoin de le tenir à distance encore un peu plus longtemps, le temps de remettre de l'ordre dans son cerveau et de trouver un moyen de se sortir de là sans y laisser trop de plumes. Son compagnon d'infortune ne lui en laissa pas le temps malheureusement. Il traita les nouvelles informations qu'il venait de lui donner plus rapidement qu'il ne l'aurait pensé, et reprit alors son avancée menaçante. Keziah se ratatina un peu plus contre le mur, tendant les mains devant lui dans le vain espoir de ralentir l'inéluctable, mais cela n'empêcha pas sa grosse patte de lui tomber sur l'épaule.

_ S'il vous plaît, non. Je ne peux pas. Je vous l'ai dit, j'ai... quelque-chose... à faire. Je... je dois...

Sa voix avait commencé comme une supplique presque, alors qu'il essayait de se dépatouiller de l'emprise de l'Insurgé sans oser non plus faire trop de vagues sous la menace de sa baguette. Rapidement pourtant, son articulation avait prit une tournure laborieuse, plus hachée, comme s'il devait fournir un effort démesuré pour formuler ses mots et leur permettre de franchir ses lèvres. Keziah ferma alors les yeux et pressa ses paupières l'une contre l'autre aussi fort qu'il le put pour lutter contre la sensation d'étranglement qui venait de le saisir. C'était comme si un étau s'était soudain resserré autour de sa gorge. Sa langue lui donnait l'impression de s'être changée en plomb, et il sut immédiatement qu'il n'était pas si éloigné que ça de la réalité. Il avait failli parler. Pressé par l'insistance de l'Insurgé à vouloir le ramener au bercail avec lui, il avait failli déroger à la sacro-sainte règle d'or régissant l'existence des Langues-de-Plomb et s'assurant leur servitude. Celle du silence. Un feulement furieux roula alors dans la gorge de Keziah. Ses mains se plaquèrent contre le torse de l'Insurgé et il le repoussa violemment, l'envoyant tituber plusieurs mètres en arrière.

_ Foutez-moi la paix, par Merlin !

Keziah n'était pas un homme violent, loin de là, mais sa douance s'était toujours accompagnée d'une émotivité extrême. Il avait une fâcheuse tendance à ressentir tout trop fort, et le savant mélange de colère et de frustration qui faisait battre son cœur à cet instant suffit à lui faire déployer une force que l'on ne lui aurait jamais soupçonné. Mais Keziah pouvait surtout s'avérer particulièrement mauvais lorsqu'il était poussé dans ses retranchements... Il n'avait alors soudain plus rien d'un ange malicieux et tout de l'intelligence froide, implacable, vous disséquant sur place.

_ Vous me faites pitié, cracha-t-il après avoir repris sa respiration. Vous vous êtes regardé dans un miroir dernièrement ? Toute cette colère. Toute cette haine. Vous vous dites que vous vous battez pour de beaux principes pour justifier la violence aveugle qui vous anime, mais vous vous bercez d'illusions. Elle est devenue une partie de vous, le feu qui vous réchauffe la nuit tout en vous bouffant de l'intérieur. C'est la seule chose qu'il vous reste. Alors vous vous y accrochez désespéramment tout en redoutant le jour où vous devrez la laisser partir. Vous doutez d'y parvenir, n'est-ce pas ? La guerre vous a tout prix sauf elle. Elle vous a détruite, réduit à moins que rien, mais vous croyez encore pouvoir vous en venger sans comprendre qu'elle vous tient encore et qu'elle ne vous lâchera jamais. C'est ridicule.
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