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sujet; Let me love you [Alan]
MessageSujet: Re: Let me love you [Alan]   Let me love you [Alan] - Page 2 EmptyJeu 1 Sep 2016 - 22:36

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Le débat semblait plus que jamais stérile, chacun engoncé dans sa fierté propre, dans ses idées, dans ses pensées. La jeune sorcière ne parvenait à mettre le doigt sur ce qui avait dérapé, et pourquoi. Sa grossesse ? D’autres mâles auraient été fiers d’avoir réussi à ensemencer, preuve irréfutable de leur virilité, descendance assurée. Mais lui… Cet ours aussi rustre que le dernier des gobelins ? Il ne voulait rien savoir, rien entendre, se moquant délibérément de tout ce qu’elle pouvait avancer comme argument. Peu à peu, le calme dont elle faisait preuve était en train de s’amoindrir, agacement venant déformer ses lèvres, les incitant à se plisser pour ne pas rétorquer de mot plus haut qu’un autre, les couleurs quittant peu à peu ses joues pourtant joliment rosées. Pis encore, les phalanges ne cessaient de repousser la longue chevelure en arrière, signe irréfutable que la sorcière était en train de perdre patience, ce qui n’arrivait jamais aussi rapidement, encore moins facilement. Elle tiqua furieusement sous le « petite », ses prunelles céruléennes se figeant dans celles de son amant, le défiant d’en rajouter plus que nécessaire. Elle n’était plus une enfant, et n’agissait plus comme tel depuis bien longtemps. Certes, elle portait encore au sommet quelques caprices, mais quel adulte ne le faisait pas ? Serrant de même le poing, ses ongles retrouvèrent la cicatrice d’enfance, petites marques ancrées définitivement dans la paume. Cette dispute était au moins tout aussi douloureuse que le souvenir cuisant de la marque infligée sur sa nuque, la douleur était la même à un degré différent. Elle le laissa monologuer, manquant de rire jaune sous sa remarque, si seulement il savait ! S’il savait ce qu’elle était, laisserait-il alors leur progéniture rester avec elle ? Mais il ne savait rien, ne voyant que ce qu’il désirait voir. Il la voyait comme la petite élite naïve, à la bourse un peu trop sonnante, rien de plus, rien de moins. Il la voyait comme l’occasionnelle à souiller, désormais, elle l’était, définitivement, prête à donner vie au fruit de leur union honnie. Stupide mâle. Stupide femme. Le poing se serra plus que jamais, l’ongle enfoncé définitivement dans la chair, lacérant cette peau trop fine, laissant les premières gouttes de sang se noyer sous le cuticule. « Évidemment que je ne sais pas ce que je demande ! Tu ne me parles pas ! Ta confiance en moi est tellement grande que je ne sais même pas ton prénom !! Ton prénom !! »

Elle manqua bien de rajouter quelque chose, mais retint ses paroles, se mordant furieusement la langue, tandis que l’autre main vint définitivement protéger le petit ventre qu’elle portait. La confiance qu’elle portait en son amant était en train de s’amoindrir, et son esprit ne pouvait que se lancer dans mille et un scénarios, dont celui d’un attentat contre son enfant. L’homme n’était pas celui qu’elle côtoyait les mardis ou les jeudis. Il n’était pas l’homme tendre qui venait s’enquérir du parfum de sa peau, ou s’approprier avec férocité et possessivité ses lèvres. Il n’était rien de cela, se muant dangereusement en un ennemi contre lequel elle n’hésiterait pas à lever la baguette. Bientôt, la pensée que sa propre mort l’aurait certainement arrangé vint s’ancrer dans son cœur, le serrant bien malgré elle.

L’ongle s’enfonça plus loin encore dans la chair, d’autres mots venant la blesser. Il voulait qu’elle trouve quelqu’un d’autre ? Il voulait qu’un autre la touche, s’empare de ce qu’il avait prit, mais certainement pas aimé. « Alors pourquoi es-tu ici ? » Pourquoi venir la chercher à la danse s’il n’avait pas le temps pour ce genre de futilités ? Pourquoi persister à venir les mardis ou les jeudis s’il se moquait éperdument d’elle ? Elle peinait à croire ce qu’elle entendait, et pourtant, les mots étaient bien prononcés, glissant à son oreille, venant s’ancrer définitivement dans son esprit.

Trouve toi un gars qui ne fera pas de magie dégueulasse. Nouveau tic, insulte suprême envers la magie elle-même. Qui était-il pour juger, lui qui se déclarait prêt à donner la mort par vengeance, qu’importent les retombées ? Il ne valait pas mieux que le groupe auquel elle appartenait malgré elle, mais sa cause était plus juste. Elle plissa de nouveau les lèvres, se retenant de répondre, refusant de lui donner raison sur un sujet aussi sensible que celui-ci. Elle avait déjà tout dit de toute manière. Ce serait lui, pas un autre. Son enfant n’aurait pas d’autre père, et certainement pas un homme pour éviter le scandale. Par Raspoutine, il ne valait pas mieux qu’Alekseï. Assurément, ces deux-là pourraient s’entendre à merveille s’ils n’étaient pas opposés l’un à l’autre.

Puis la phrase de trop. Les paroles qui eurent raison de sa patience, la paume claquant violemment contre la joue, l’ongle rougie par son propre sang venant taillader la peau de l’amant. Trop, c’était bien trop désormais, trop tard pour revenir sur le mal, trop tard pour revenir sur les paroles échangées. Aucun regret ne vint s’afficher sur son visage, seulement la colère, la haine face à cette situation, face à l’homme qu’était devenu son amant. « Tais-toi. » Murmura t’elle dans un calme trop placide, le bleu de ses yeux s’assombrissant sous sa colère visible. Elle avait perdu ses couleurs, définitivement mal à l’aise, mal en point. « Tu as oublié ton humanité, любовь. Il est temps que tu te souviennes de ce que c’est. » Elle n’avait eu qu’à jeter un coup d’œil sur sa joue pour voir que les sangs s’étaient mêlés, trace du sien balayant la zébrure formée par ses griffes humaines. Sa main de cœur s’était emparée de sa baguette, idéale pour les malédictions et les maléfices, totalement façonnée pour les arts que l’homme semblait répugner. Elle n’avait pas eu à réfléchir bien longtemps sur la malédiction que ses lèvres étaient en train de formuler dans sa langue natale, concentrant toute son âme et son énergie sur celle-ci, priant pour que sa magie ne lui fasse pas défaut comme elle avait souvent tendance à le faire depuis qu’elle était enceinte. Un souffle, un murmure, l’écho de ses paroles résonnant dans l’anathème délivré, puis l’abaissement de sa baguette. « Quand tu en auras assez, tu sais où me trouver. » Si elle daignait se montrer, tournant les talons pour repartir d’où elle était arrivée, ne pouvant transplaner sans risquer la vie grandissante. Désormais, elle partageait sa colère, mais plus encore sa douleur, cette peine tatouée sur son cœur… Ainsi qu’une irrémédiable envie d’aller aux toilettes.
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