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sujet; Open your eyes (Daphtoria)
MessageSujet: Re: Open your eyes (Daphtoria)   Open your eyes (Daphtoria) - Page 2 EmptyLun 27 Oct 2014 - 17:47

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Open your eyes : you got to let me go
Daphné & Astoria



La nuit soupira, expiant cette éternelle retenue en son sein mortifère, l'insensible murmure abyssale du monde qui s'affaissait sous le poids des sentiments si brûlant qu'il consumait les êtres et les dévastait. L'agacement fardant ses lèvres belliqueuses, de constater à quel point l'aînée ne laissait rien transparaître de ce qui la dévorait, alors qu'Astoria murmurait cette vérité pernicieuse qui glissait le long de son être pour venir mourir au creux de ses reins comme tant d'autres réalités. Le venin s'ébrouait à l'air libre, se roulant dans la rosée nocturne, cherchait à poignarder l'autre pour qu'une émotion, une bien trop réelle ne parvienne à submerger celle qui lui faisait face. Celle qui la retenait en ces lieux, la laissant vomir de toute sa haine cette prison végétale qui respirait, frissonnait, amante honnie qu'elle ne faisait que subir chaque jour un peu plus. Mais elle restait insensible, comme si ce qu'elle savait pouvoir l'atteindre ne parvenait à l'ébranler, ou ne serait-ce qu'à l'effleurer. Pourtant il y eut cette dernière insanité qui déserta ses lèvres, venant gifler de la vérité qu'elle la perdait la joue de celle qu'elle disait haïr grâce à son aide. Mais plus les heures s'égrenaient, plus sa réalité se faisait criante et douloureuse, lacérant sa chair, dévorant sa vie, et plus tout ceci perdait de sens à ses yeux. Les mots la surprirent, laissant son regard se braquer sur celui fardé de la froideur endeuillée de sa douleur qui ne l'avait désertée. Elle réclamait à présent la sienne sur l'autel mystique sur lequel sa sœur l'avait fait grimper des années en arrière, en y sacrifiant ce qu'elle se devait d'oublier, ce qu'elle n'avait pu écraser entre ses doigts délicats, dans son cœur dans lequel s'étirait cette plaie béante et sanguinolente qui pourtant ne souillait nul tapis dans la réalité.

Mais cela ne dura qu'un instant, aussi éphémère que l'emplacement de la lune dans le ciel, inconstante saveur sur la langue du savant, déjà Daphné se retranchait-elle derrière cette attitude désinvolte, levant un bras après s'être approchée... et le mépris nargua ses prunelles dans l'idée que peut-être une nouvelle gifle viendrait compléter la première. Au lieu de cela, ce ne fut qu'une ébauche, qu'une caresse qui n'en demeurait pas moins cruelle, comme si des griffes s’affairaient à lacérer sa joue. Mais le contact trop éphémère s'interrompit de lui-même, alors que seule l'expression de sa rancune glacée persistait dans l'éclat douloureux de ses prunelles aux langueurs de l'azur rappelant presque sournoisement celles de leur père. Pourtant, rien ne pouvait être si dissemblable que ces dernières, car si glaciales et distantes, c'était cet océan de douleur qui la bouffait, la dévorait, lui arrachait les entrailles sous un plaisir presque malsain et destructeur.

Mais Daphné s'approcha, laissant les lèvres s'entrouvrir sous les gestes presque cajoleurs de son aînée, ses lèvres venant ébaucher l'emplacement où ses doigts avaient marqué sa joue. Un baiser, unique, précédant d'autres paroles qui la laissèrent se tendre dans ses bras. Ses doigts s'unirent, poings devenus si douloureux pour celle qui ne cessait de se heurter au mur inébranlable de son aînée. Ses dents mordirent avec férocité la peau fragile à l'intérieur de sa joue, laissant une douleur presque trop douce irradier son corps, divaguer à l'intérieur de son être bafoué, de sa liberté dérobée. Elle n'eut pourtant pas un geste de recul, pas une once de rejet à l'exception de cette raideur glacée. La laissant finalement reculer sous le regard de celle qui retenait encore le moindre geste... alors qu'un hurlement bestial trancha l'air, redonnant sa voix à l'obscurité putrescente, à l'odeur presque aussi haïssable que les lieux mêmes qu'elle ne supportait plus. Un frisson sinua vulgairement le long de son dos jusqu'à s'égarer à quelques millimètres de sa fin, sans qu'elle ne fasse l'ombre d'un geste. Si la nuit n'était pas ce qu'elle était, si les maîtres n'étaient carnassiers, si leurs crocs ne luisaient pas d'une manière terrifiante à la lueur de la lune que sa sœur observait à cette seconde.

Sans doute aurait-elle rejetée sa proposition avec obstination, mais elle savait ne pas pouvoir se le permettre, tout comme elle savait à la venelle qu'empruntèrent les iris de Daphné qu'elle ne lui laissait pas réellement ce choix qu'elle lui fournissait pourtant avec toute la fausseté du délicat ourlet de ses lèvres qui se jouait des mots comme elles avaient appris à le faire dans un autre monde. Mais Astoria se noyait sous cette multitude de sentiments qui la possédaient, sous ces âmes aux allures décousues qui se pavanaient de leurs pensées contradictoires dans l'esprit de celle qui sentait son souffle peiner à passer le rempart de ses lèvres, comme si ses doigts étaient tout aussi sales que les siens de terre et de sang, comme si elle en portait la faute et la culpabilité parce qu'elle était incapable de s'y soustraire. « Peut-on remettre cette dispute à demain ? » Un sourire ironique nargua ses lèvres sans même qu'elle n'en ait conscience à sa question... et demain, qu'est-ce qui aura changé ? Demain, qu'est-ce que Daphné aura pu apprendre de ce dont elles avaient pu parler ? Rien. Le mot lui écorchait les lèvres sans même les traverser. La réalité lui lacérait la gorge, la rendant comme incapable de déverser d'autres paroles... non parce qu'elle était fatiguée, mais parce que les seules mots qu'elle pourrait cracher à la lune seraient l'équivalent d'un nouveau rejet. Quelque chose, pourtant, avait changé, comme une invisible possibilité qui se nichait au creux de son ventre et grandissait à l'image de ce fils dont l'absence la rendait plus acerbe et venimeuse... elle trouverait un moyen de partir. Ainsi, comme à nouveau docile, elle n'esquissa pas un mot, se contentant d'embrasser la timide impulsion sans ouvrir les lèvres. Elle tomberait en essayant... Elle essayerait en trébuchant... Elle trébucherait dans de nouvelles tentatives qui ne seraient pas ultimes. Se forçant à ravaler sa rancœur, elle acquiesça d'un geste sans doute trop raide, mais elle le fit, avançant en sa compagnie, avec docilité jusqu'à l'endroit où les loups et les menaces acides de Daeva ne pourraient les atteindre.

I can hold my breath. I can fake a smile. I can force a laugh.
I can dance and play the part. If that's what you ask. I can do it.
But I'm only human, and your words in my head, knives in my heart.
I bleed when I fall down.

To be continued...

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