☇ Infos complémentaires ;Il possède des cicatrices provenant des griffes d'un loup-garou sur le torse et la gorge. A cause de cela, il ne porte quasiment que des chemises ou des vêtements à col haut ainsi qu'un écharpe ou un foulard. • Il a perdu pas mal d'appétit depuis la guerre et ne se nourrie quasiment plus que de pain, de viande, de lait et de thé. • Bien qu'il ait toujours été d'un tempérament solitaire, Elijah se sent de plus en plus seul depuis les derniers événements qui ont ébranlés sa vie et il lui arrive de ne pas fermer les yeux plusieurs nuits d'affilé. • Il déteste la violence mais prend volontairement la place des plus jeunes ou des plus faibles lorsqu'une mission se présente. • Il a toujours adoré l'astronomie et regarder les étoiles le calme. • Il se montre parfois superstitieux et garde toujours, accroché au cou, un pendentif dont sa jumelle possède l'exacte réplique.

❝ Nothing compares to you ❞Deux mots sur l'IRL
Appelez-moi Hanae. J'ai 23 ans, je viens de France et j'ai connu le forum via Bazzart. Si tout va bien vous me verrez connecté(e) 3 à 5 jours sur 7. Pour les scénarii uniquement : j'ai l'aval du créateur concernant ma fiche [] oui / [x] non. Un dernier mot ? vous êtes beaux  

❝ Early years ❞1986 - Poudlard
Elijah enroula son écharpe jaune et noire autour de son cou pour se protéger de la brise fraiche d'octobre. Le ciel se couvrait déjà et, peu à peu, les dernières chaleurs de l'été laissaient leur place au temps plus sec et rigoureux du début de l'automne. Les feuilles mortes voltigeaient au milieu du terrain, soulevées par le passage des joueurs de Quidditch sur leur balais. Le match n'était pas encore commencé, mais les deux équipes s'échauffaient et se jaugeaient déjà du regard, d'un bout à l'autre du stade. C'était le premier match de la saison et les élèves étaient déjà plein de ferveur, acclamant leurs joueurs favoris et sifflant l'équipe qu'ils appréciaient le moins - une jolie cacophonie qui emplissait les gradins d'un vent de bonne humeur. Le jeune Poufsouffle avait toujours apprécié cette ambiance particulière. A vrai dire, c'était plus pour elle que pour le sport en lui-même qu'il assistait aux matchs de Quidditch. Oh, bien sur, il était toujours impressionné de voir les cascades et les pirouettes que pratiquaient les joueurs en plein vol, mais rien ne le mettait plus en joie que la chaleur d'une foule unie pour la même passion. Entouré de deux de ses rares amis, Elijah avait le sourire jusqu'aux oreilles. Tobias hurlait déjà le nom du batteur des Poufsouffles tandis que Remi, plus sage, se contentait de filmer la scène du bout de sa baguette. "Pour revivre les meilleurs moments plus tard," qu'il disait. Elijah, lui, préférait vivre l'instant présent.

Le jeune homme avait toujours été d'un naturel solitaire. Il n'accordait pas sa confiance facilement et mettait un certain temps avant de s'acclimater dans un nouvel espace. A Poudlard, pourtant, il y avait rapidement trouvé sa place ; loin des regards d'envie de son père et des excès d'autorité de sa mère, il respirait enfin et apprenait à apprécier et maîtriser sa magie. Sa jumelle, Clara, n'était jamais très loin de lui et s'ils se retrouvaient régulièrement pour se chuchoter leurs secrets et leurs espoirs, ils apprenaient aussi à se séparer l'un de l'autre et à construire leur propre destin. Lui excellait dans la majorité des cours, en particulier en histoire de la magie et en arithmancie, où les cours le gardaient étrangement captivés. "He Eli, regarde ! C'est pas Septima là-bas ?" Le jeune homme tourna la tête pour apercevoir l'éclat carmin des robes de leur professeur, un peu plus haut dans les tribunes réservées au personnel. Le garçon grommela quelque chose d'intelligible et reposa son attention sur le terrain où les joueurs s'agitaient encore. "Elle est mignonne, non ? J'crois qu'elle regarde dans notre direction," renchérit Tobias en lui donnant des coups de coude pas discrets du tout. "Ouaih, et alors ?" "Et alors elle est mignonne, non ?" "Tu débloques, c'est notre prof." "Ca n'empêche qu'elle est mignonne." Son ami haussait les sourcils de haut en bas d'un air désespérément comique et Elijah ne put s'empêcher de sourire face à ses bêtises. Effectivement, elle avait un certain charme - il aurait menti s'il avait assuré que ses cours étaient la seule chose qui l'intéressait lorsqu'il pénétrait dans sa classe. Une amourette d'adolescent qui ne réussissait qu'à le rendre encore plus maladroit en compagnie des autres. La solitude avait cela de bien que, seul, il ne pouvait jamais faire un pas de travers. Avec les autres, par contre, il devait tout mesurer : ses gestes, ses attitudes, ses paroles surtout. Plus d'une fois il avait vexé ses compagnons de chambre à cause d'une réplique un peu trop franche. "Eeeeet le match débute avec une passe en triplé de la part de Gryffondor -" Les yeux pétillants, Elijah suivit des yeux les silhouettes folles, mêlées de rouge et de jaune, qui s'affrontaient un peu plus bas. Il encourageait son équipe, bien sur, mais admirait tout autant les meilleurs mouvements des joueurs adverses. L'une des batteuses de Gryffondor faisait d'ailleurs preuve d'une force admirable. Plus d'une fois, son cognard manqua d'arracher un membre à l'un des Poufsouffles, ce qui le faisait se crisper sur son siège en priant pour qu'elle n'achève pas complètement leur équipe. A la fin du match, sous les banderoles, les cris et les confettis, Elijah avait rejoint la petite troupe qui se pressait au bas du terrain pour applaudir les joueurs. "Félicitations pour votre victoire," avait-il glissé avec sincérité lorsque la petite rousse était passée à ses côtés. Elle lui avait jeté un regard avant de s'enfuir, le visage ébloui d'un sourire qu'il trouva adorable.

❝ Something's burning ❞1996 - chemin de traverse
Une pincée d'Asmodée, quelques miettes de nougat et une aiguille de sapin, un certain doigté lors du mélange - 4 fois dans le sens des aiguilles d'une montre, puis 4 fois dans l'autre - et, enfin, un souffle à la surface du liquide ambré pour que la brume s'évapore. Une nouvelle potion était prête, une énième petite fiole en verre qu'il remplit jusqu'au bouchon de liège et qu'il rangea parmi ses camarades, dans une boite en bois qui serait bientôt pleine. L'arrière-boutique dans laquelle il travaillait baignait dans des effluves en tout genre, certaines brises portant des odeurs épicées tandis que d'autres lui coloraient temporairement le bout des oreilles. Il aimait bien cette atmosphère de travail, loin de l'agitation du comptoir et parfaite pour un amoureux des potions. Cela lui permettait même de travailler de ses mains et de ne pas trop penser, un détail qu'il appréciait puisqu'il y trouvait une certaine sorte de méditation. Pourtant, il devait bien se l'avouer : Elijah s'ennuyait. "Buckley, une nouvelle commande de tue-loup, deux douzaines pour 18 heures tapantes !" "Ouaih, ca marche," répondit-il avec un ton qui manquait cruellement d'entrain. Voila son quotidien : des potions à la chaîne pour d'obscures acheteurs dont il n'apercevait jamais le visage ni le nom. Oh, son travail était tranquille, ca c'était certain - peut-être un peu trop, même. La solitude ne lui convenait que lorsqu'il l'avait décidé et celle-ci pesait sur son coeur. Les journées se suivaient et se ressemblaient jusqu'à ce qu'il les confonde toutes et que sa vie se transforme en un long ballet monotone. "Buckley ?!" L'homme soupira et reposa les pattes de poulet qu'il tenait en main pour passer la tête par la porte. "Oui ?" "Ramène un cageot de Veline pour notre client." Elijah acquiesça, jetant un rapide coup d'oeil à la silhouette massive qui furetait parmi les rayons. Le diamètre de ses bras inspirait le respect mais, curieusement, l'homme en lui-même semblait n'être que douceur. Lorsqu'il revint les bras chargés d'un carton d'où dépassait quelques feuilles de Veline, le client se précipita à sa rencontre pour l'aider. "Attendez, je vais vous aider ! Elles sont lourdes celles-ci, pas vrai ? On ne dirait pas comme ça - elles sont tellement minuscules - mais elles pèsent autant que leur prix en gallion," lâcha-t-il dans un rire tonitruant. Surpris par l'attitude décalée du client, Elijah le laissa reprendre le cageot à bout de bras et écopa d'un regard noir de la part de l'apothicaire. En signe d'excuse, le sorcier haussa les épaules. "Alors dites-moi, combien je vous dois ? Oh non, non, gardez la monnaie, vous m'enlevez déjà une sacré épine du pied avec un stock pareil - j'ai crains de devoir aller en cueillir moi-même, nos équipes de ramassage sont tellement débordées..." "Oh ca, avec la canicule, les récoltes furent bien maigres... ce sont les dernières qu'il nous reste ! D'une parfaite fraîcheur, ça je peux vous l'assurer." "Je vous crois, nous n'avons jamais été déçu de votre marchandise." "C'est toujours un plaisir de faire affaires avec vous," minauda le gérant, embauchant la monnaie tout en se courbant jusqu'à ce que son dos en craque de protestation.

"Attendez !" héla Elijah en sortant de la boutique en trombe pour rejoindre l'homme qui s'éloignait à grands pas. Celui-ci se retourna, la mine surprise. "Qu'y a-t-il ? J'ai oublié quelque chose ?" "Non, non," le rassura-t-il d'un doux sourire en parvenant à ses côtés. "Vous parliez de ramassage tout à l'heure... De quoi s'agit-il ?"

Les équipes de ramassage, ou plus simplement appelés les ramasseurs, consistaient en de petits groupes de 4 ou 5 maximum ; rattachés à une herboristerie, ils partaient régulièrement en exploration afin de rapporter les ingrédients les plus rares à dénicher. C'était un métier considéré comme risqué, pas forcément très bien payé et avec des horaires taillés à la serpe. Pourtant, Elijah y avait trouvé un second souffle : chacune de leurs expéditions étaient différentes et il découvrait jour après jour de nouvelles plantes dont il n'avait jamais entendu le nom. Il avait rapidement intégré une petite équipe composée de quatre autres personnes où ils s'entendaient tous comme les doigts de la main. Pourtant, ils n'étaient encore qu'en formation, comme leur chef aimait le leur rappeler : les plantes qu'ils ramenaient n'étaient ni dangereuses, ni parmi les plus recherchées. Il ne leur manquait qu'un seul rite de passage à accomplir afin de pouvoir, à leur tour, prétendre aux quêtes les plus périlleuses : partir à la recherche de Mimbulus Mimbletonia.

❝ Growling ❞1997 - Ecosse
Depuis l'annonce de leur départ, Elijah avait du mal à masquer son enthousiasme. Il savait qu'après cette épreuve, ils seraient considérés comme des ramasseurs à part entière et qu'ils pourraient prétendre à de meilleures conditions de travail. Il lui semblait qu'enfin, il avait trouvé une voie qui lui correspondait, quelque chose qui le faisait vibrer et lui donnait l'envie de repousser ses draps le matin. Même son humeur s'en voyait affectée : il se montrait moins taciturne, moins distant avec ses collègues. "Prêt pour la grande virée ?" demanda Timothée en lui claquant sa main dans le dos. "Et comment. T'as pas intérêt à nous faire lambiner." "Ha ! C'est toi qu'on va perdre sur la route si tu passes ton temps à ramasser tout ce qui traîne !" "On verra si tu continues à te payer ma tronche lorsque les primes vont tomber," glissa Elijah avec un sourire en coin. L'homme lui répondit d'un coup de langue parfaitement mature tandis qu'ils empruntaient le sentier boueux, à la suite de la troupe. Leur chef de section leur avait laissé un plan ainsi que des instructions très claires sur le papier : ils n'avaient qu'à ramener un plan, un seul, et ils seraient considérés comme des ramasseurs à part entière. La dernière ligne droite de leur formation avant d'obtenir un titre légal. Leurs tuteurs n'avaient rien mentionnés de tel, mais le bruit courait que celui qui trouverait personnellement la plante serait plus largement récompensé... Et cette rumeur avait crée quelques tensions au sein de leur groupe d'ordinaire si soudé. L'homme pouvait le sentir à la façon dont les autres avaient pris les devants, marchant beaucoup plus vite et sans vérifier que leurs camarades les suivaient. Elijah avait soupiré, puis serré les dents. La vanité humaine... parfois, sa belle solitude lui manquait. Il aurait cependant tout le temps d'y penser lorsqu'il aurait assuré sa place à l'herboristerie. "Eh les limaçons, on va pas vous attendre toute la journée !" lança la tête de groupe dans un dernier éclat de lucidité. Le sorcier raffermi sa prise sur la lanière de son sac à dos et augmenta le pas.

Le soleil était encore haut lorsqu'ils avaient entamé leur ascension, mais les arbres denses de la forêt leur caché désormais toute lumière, si bien qu'il faisait aussi noir qu'en pleine nuit. Leur marche silencieuse, parfois entrecoupée de chants paillards, était trop monotone pour leur permettre de garder une quelconque notion du temps. Les ramasseurs s'arrêtèrent plusieurs fois, passant la gourde de mains en mains et prenant malgré tout le temps de vérifier si les autres membres tenaient le coup. Ce n'était pas que la marche qui les harassait : cette forêt perdue au fin fond de l'Ecosse était réputée pour ses légendes les plus glaciales. L'une d'entre elle mentionnait la présence d'une brise aux propriétés épuisantes. Au vu de la difficulté grandissante qu'Elijah affrontait afin de prendre la moindre petite inspiration, il n'en doutait quasiment plus. "LA !! ELLE EST LA, JE LA VOIS !" s'extasia soudain le plus jeune du groupe, Ronan, tandis qu'il dévalait soudain la pente devant eux. Elijah eut tout juste le temps de voir sa houppette blonde disparaître derrière le feuillage avant qu'ils ne détalent tous à sa suite. Extatique, le sourire dévorant son visage, l'homme les suivit dans leur course. La pente brute descendait dans un trou d'une bonne centaine de mètre de diamètre, recouvert d'herbes folles et d'arbres gigantesques. Ses compagnons criaient et riaient, se poussant parfois en chahutant sur le chemin qui menait à leur récompense. Ronan avait pris la tête bien sur, et sa foulée rapide le fit rapidement disparaître de leur champ de vision. La dernière chose qu'ils entendirent de lui fut un long et terrible hurlement de douleur. Puis le silence. "...Ronan ? RONAN ?! Est-ce que ça va ?" "Ronan, répond-nous !" Les deux ramasseurs qui les précédaient s'élancèrent à sa suite. D'un geste brusque, Elijah braqua son bras devant Timothée pour l'empêcher d'avancer. "Mec, laisse-moi passer," gronda le sorcier en empoignant sa baguette. La sienne était sortie également, prête au combat. "Non." La peur tremblait dans sa gorge. Il avait un sale pressentiment, le genre de ceux qui vous clouait sur place comme une biche dans les phares d'une voiture. "Faut qu'on aille l'aider putain !!" "Non." "Elij-" "T'as pas remarqué ?" "Quoi ?" "On ne l'entend plus." Un frisson remonta le long de son échine. Seuls l'écho des appels lancés par leurs camarades résonnaient encore dans la clairière. "On peut pas les laisser... Ils sont descendus là-bas," reprit Timothée d'une voix qui tremblait un peu plus. Elijah lui jeta un regard avant d'acquiescer. "D'accord. Mais on reste sur nos gardes."

Les racines craquèrent sous leurs pas tandis qu'ils avançaient en silence, scrutant les trouées afin de déceler le moindre mouvement. Au loin, la voix de leurs collègues se rapprochait doucement. "Vous avez trouvé quelque chose ?" leur cria Elijah, la main crispée sur sa baguette. "Non, rien du tout." "Il a pas pu se volatiliser comme ça bordel !" Une exclamation de stupeur. "Son sac... Regarde..." Elijah s'avança un peu plus, Timothée sur ses talons. Il pouvait enfin apercevoir les deux autres hommes en contrebas, accroupi près d'un arbre. Ils tiraient quelque chose de la terre : le reste du sac à dos de Ronan, éventré sur toute la hauteur. "Qu'est-ce que c'est que ce truc... Qu'est-ce qui se passe dans cette foutu forêt !!" "Ronan ? Ronan ! RONAN !" "Arrête de gueuler son nom, tu vois pas qu'il est MORT ?!" Un silence de plomb s'abattit sur leurs épaules. L'un d'entre eux se mit à hoqueter. Soudain, un craquement retentit sur leur gauche. Elijah se retourna d'un mouvement vif, immobile, ses yeux fouillant l'obscurité naissante. Mais tout était recouvert d'ombre - il n'y avait rien. Puis tout s’enchaîna très vite : le hurlement mêlé aux larmes et aux grognements inhumains, le corps traîné sur la terre froide, le geste désespéré de son camarade qui se jeta sur ses jambes pour tenter de le retenir. "AU SECOURS ! AU SECOURS, PAR PITIÉ !" "Je te tiens ! Je te t-" Mais sa prise glissa entre ses doigts et l'homme se fit emporter dans les ténèbres. "MATTHEW !" Haletant, l'homme se releva, titubant sur ses jambes portées par la peur. Il n'hésita pourtant pas une seule seconde et s'englua dans les ténèbres à son tour, Elijah et Timothée s’élançant derrière lui. Les sorts fusaient, rouge, vert et or, mais rien ne semblait pouvoir arrêter le monstre qui avait planté ses crocs dans l'épaule de Matthew. Il pouvait encore distinguer son visage remplit de larmes et ses yeux suppliants avant qu'il ne disparaisse dans un gargouillement de douleur.

Elijah planta ses pieds dans le sol et s'arrêta, le souffle court. Leurs sorts ne lui avaient absolument rien fait... rien. Une sueur froide courait le long de son dos tandis que ses yeux, éreintés, fusaient tout autour d'eux. Il ne voyait absolument rien. Seul le claquement des dents de Timothée, à ses côtés, lui tenait encore compagnie - leur dernier ramasseur avait disparu avec Matthew. "Eli..." La main du jeune homme s'était agrippée à son bras. Il crevait de peur et Elijah ne savait foutrement pas quoi lui dire pour le rassurer. Ils allaient mourir. La seule incertitude qu'il gardait encore, c'était quand.

Soudain, le loup jaillit de l'ombre. Sa gueule grande ouverte se referma dans le vide tandis qu'Elijah s'effondrait sur le sol, lui offrant au contraire une cible de choix pour y déverser sa colère. Ses griffes déchirèrent sa chemise et sa peau, taillant sa chair jusqu'aux os. Il serra les dents, grognant sous la douleur. A tâtons, il chercha sa baguette tombée dans sa chute mais de nouveau, le monstre était sur lui. Un autre coup cuisant sur la gorge le fit hoqueter. Sa main enserra son cou : il était quasiment détruit, et ses cordes vocales avec. Sa magie lui serait inutile. "DIFFINDO !" Le loup hurla à son tour et dédaigna soudain sa cible pour se retourner vers Timothée. Celui-ci semblait sur le point de s'évanouir - pourtant, il garda sa baguette dressée et ses yeux résolument plantés dans ceux de l'animal. "Minou minou ! Allez, viens par là !" s'écria-t-il avant de s'enfuir dans la direction opposée. Dans un grognement de rage, le loup détala à sa poursuite. Le silence s'abattit soudain dans la clairière. Elijah serra la gorge ; chaque mouvement lui faisait mal, chaque inspiration lui donnait envie de pleurer. Ses bras étaient lourds, trop lourds pour se déplacer. Il n'avait plus la force. Doucement, ses yeux se fermèrent.

❝ Lost ❞1997 - St-Mangouste
Elijah tenta d'abord d'ouvrir les paupières, mais la lumière blanche qui l'assaillit le fit grogner d'inconfort. Puis il voulu avaler sa salive et se rendit compte que quelque chose bloquait sa gorge. Il se releva dans son lit, toussant et crachant jusqu'à ce qu'une infirmière accourt à ses côtés pour retirer le tube qui descendait dan son œsophage. Là, il ouvrit enfin les yeux, haletant, une vive douleur montant de sa poitrine jusqu'au cou. Il leva une main à son torse et prit soudain conscience de l'endroit où il se trouvait : une chambre de Ste-Mangouste. Il était seul. L'homme ouvrit la bouche pour tenter de parler mais il ne réussit à produire qu'un grognement douloureux et incompréhensible. "Ne parlez pas," conseilla précipitamment l'infirmière en remontant son lit pour qu'il puisse s'y adosser. "Vos cordes vocales ne sont pas encore tout à fait réparées. Elles ont été sacrément amochées, ça va prendre un peu plus de temps de prévu." Elijah fit le tour de sa chambre des yeux ; sur une chaise à l'autre bout de la pièce, on avait déposé son sac à dos lavé à la va-vite et une tenue de rechange. A sa gauche, une bouquet de jonquille éclatait de ses couleurs vives et rendait à la pièce un peu de gaieté. Et sous sa main... L'homme froissa le tissu de sa blouse. De larges cicatrices couraient le long de son torse, si gonflées qu'il les sentait même à travers son vêtement. Il remonta doucement ses doigts sur sa peau. Sa gorge arborait le même traitement si ce n'est que des fils en sortaient encore, transportant un liquide ocre d'une petite poche qui pendait à côté du lit. Les souvenirs de cette nuit lui revinrent en mémoire comme un coup de lame. Ses collègues... Timothée... ? L'infirmière du reconnaître la détresse dans son regard puisqu'elle apposa ses mains douces et rassurantes sur les siennes, le forçant à les reposer sur les draps, loin des traces de ce monstre qui défigurait désormais son corps. "Je suis désolé... Vous êtes le seul à vous en être sorti." Elijah hocha la tête. Il revoyait encore le visage de Tim - la peur qui lui dévorait le visage, ses tremblements désespérés, le dernier espoir qui résonnait encore dans sa voix lorsqu'il s'était détourné pour éloigner le loup de lui. Son impuissance à le protéger. A les protéger tous. "Je dois... Je dois vous prévenir de quelque chose," reprit la jeune femme d'un air plus hésitant. Cette fois-ci, elle fuyait son regard. "Le loup qui vous a attaqué... N'en était pas un. Il s'agissait d'un loup-garou. Et en vous griffant, il vous a... légué quelques-uns de ses gênes." Elijah eut le sentiment de tomber d'un gouffre. Il chercha des réponses dans ses yeux qu'elle releva de nouveau avec incertitude. Non... C'était de la crainte. "Vous êtes un semi-loup, désormais," ajouta-t-elle dans un souffle. Ses mains s'agitent - Elijah, lui, resta de marbre. Ses mots tournaient dans sa tête sans qu'il ne puisse s'en faire une raison. Voyant qu'il ne réagissait pas, la jeune infirmière prit cela comme un encouragement et continua. "Vous ne vous transformerez pas comme tous les autres loups. C'est plus comme un... Un changement interne. Vous risquez de modifier votre comportement, vos compétences corporelles vont bien sur augmenter..." Au fur et à mesure qu'elle parlait, Elijah serrait les dents et son poing se crispait sur les draps. "...Vous partagerez également le même genre de connexion avec celui qui vous a mordu, et ceux de sa meute. La plupart des personnes comme vous s'en sortent très bien vous savez, il n'y a pas de quoi prendre p-" "...ez." La jeune femme cligna des yeux avant de tendre l'oreille, se rapprochant légèrement de lui avec incompréhension. "Pardonnez-moi ?" Elijah inspira. Longuement. Mais la colère ne faisait que grandir, grandir jusqu'à ce qu'elle s'empare de tout ce qu'il lui restait d'humanité. "SORTEZ !!" hurla-t-il, sa rage se déversant sur l'infirmière qui partit en courant, un cri de terreur bloqué sur ses lèvres. Il se laissa tomber sur ses oreillers, un feulement de rage au fond de la gorge. Il pouvait déjà le sentir ; ce loup tapi dans sa poitrine et qui grondait pour prendre sa place. Il avait tout perdu dans cette forêt. Ses compagnons. Son avenir. La trace de celui qu'il avait été. Monstre.


"Eli !!" Une tornade de cheveux bruns se jette dans ses bras et l'homme ne le retient qu'au dernier moment, surpris mais ravie. Il cache pourtant sa déception lorsqu'il se rend compte que son petit frère est le seul à se blottir contre lui tandis que son aînée, sa jumelle, se tient droite comme un i à quelques pas de son lit. Sa mère, tout aussi froide, reste tout près d'elle ; par contre, son père le rejoint et ébouriffe ses cheveux d'un geste amical. "Ca fait plaisir de te voir reprendre des couleurs, fiston," dit-il d'une voix posée. Il n'avait jamais été démonstratif et ses gestes d'aujourd'hui étaient sans doute la plus grande preuve d'attention qu'il pourrait jamais lui offrir, ainsi Elijah ne s'en offusque pas et lui répond d'un sourire. "Désolé de vous avoir inquiété. Depuis combien de temps suis-je resté inconscient ?" Il n'avait que peu revue son infirmière depuis sa dernière altercation et, à chaque fois qu'il ouvrait la bouche pour lui présenter ses excuses, celle-ci s'enfuyait en prétextant un quelconque travail à finir. Il avait finit par abandonner et se contentait des soins qu'elle lui prodiguait sans poser de questions. "A peu près deux semaines," lui répondit sa soeur. Elijah porta son regard sur elle - si son regard exprimait encore de l'inquiétude pour lui, son attitude restait distante et réservée. Il s'était attendu à ce qu'elle vienne l'étreindre à son tour mais sa soudaine froideur lui tordit les entrailles. "Tu reviens bientôt ?" lui demanda Peter, son petit frère, après s'être plus sagement assis à ses côtés. Elijah lui sourit avec douceur pour le rassurer. "Oui, j'espère. Les soigneurs sont plutôt confiants. Encore quelques jours et je devrais pouvoir rentrer." Son père hocha la tête en soupirant. "C'est bien. Nous te trouverons du travail quand tu seras de retour à la maison. J'ai entendu les voisins Whinston dire que..." "Ne t'inquiète pas," le coupa Elijah. "Je m'en sortirais. Ce ne sont que quelques cicatrices, ce n'est pas ça qui va m'arrêter." Pourtant, si. Même s'il n'était pas aussi répudié qu'un loup-garou, les semi-loups comme lui n'inspiraient jamais la confiance. Ils n'étaient jamais les bienvenue et encore moins au sein de sa troupe de ramasseurs. Je suis désolé de ce qui t'arrive Eli, mais tu comprends, les autres ont trop peur maintenant. Personne ne veut d'un loup dans son groupe. On ne sait jamais, des fois que tu en attires un autre... Elijah avait acquiescé et assuré qu'il comprenait, mais il n'en était rien. Il était juste en colère, emplit d'un feu qui ne diminuait jamais. "Pourquoi est-ce que tu ne me regardes pas ?" demanda-t-il soudainement en direction de sa mère qui fuyait son regard depuis qu'elle était entrée dans la pièce. Un tic nerveux agita les épaules de la femme mais ne la fit pas bouger pour autant. "Réponds. Je te fais peur ?" C'était ce qu'il entendait tous les jours, ce qu'il ressentait lorsque les battements de coeur trop rapides de son infirmière lui parvenait à ses oreilles. Il n'était qu'un demi loup, mais il restait toujours un monstre à leurs yeux. "Est-ce que tu as honte de ton fils ?" renchérit-il tandis que sa voix se transformait en grondement. Autour de lui, plus personne ne bougeait - et sa mère, silencieuse, immobile, lui mettait plus que jamais les nerfs à vif. "REGARDE-MOI !" Aussitôt, sa soeur fut sur lui, ses mains le poussant contre le matelas pour l'intimer au calme. "Eli, arrête, ce n'est pas sa faute-" "Parce que c'est la mienne, peut-être ?" gronda-t-il. D'un geste vif, Elijah s'était relevé, entourant le cou de sa soeur de ses doigts. Sa jumelle qui ne s'était approchée de lui que pour défendre sa mère. Elle hoqueta, cherchant sa respiration sous la pression de plus en plus forte qu'il exerçait sur elle. "E-li..." Il pouvait lire la peur dans ses yeux. Le désespoir. Le même que celui qu'il avait aperçu sur Timothée avant qu'il ne disparaisse. Réalisant enfin ce qu'il était entrain de faire, l'homme relâcha sa poigne et se recula, les yeux écarquillés de stupeur. "Je-je suis désolé..." murmura-t-il tandis que sa soeur courait dans les bras de sa mère en sanglotant. "Désolé..."

Elle aussi le craignait, désormais.

❝ Start again ❞Now - Poudlard
Les relations avec Clara, sa soeur, et sa mère se détériorèrent rapidement suite à leur altercation à l'hôpital. Sa jumelle avec qui il avait toujours tout partagé ne supportait désormais plus de se tenir dans la même pièce que lui et sa mère se montrait tout aussi détestable. Elijah leur découvrit une nouvelle facette qu'il ne soupçonnait pas, ou du moins qu'il avait voulu ignorer jusque là : la recherche de l'approbation de la société, une chose que la tare qu'il était devenu ne pourrait jamais que ternir. Son père et son frère, par contre, lui avait apporté tout le soutien dont ils étaient capables. Il s'était ainsi rapproché de Peter, au détriment de la perte de sa moitié d'âme.

La guerre s'était déclenchée peu de temps après et fit éclater le peu qu'il restait de leur famille. Elijah apprit que sa mère s'était séparée de son père, se rachetant elle et sa fille aux yeux de Voldemort. Le mage noir désormais au pouvoir, Elijah n'eut pas d'autre choix que de fuir, son sang et sa condition ne lui permettant pas d'obtenir les faveurs de cet homme - des faveurs sur lesquelles il aurait craché si on les lui avait offertes. Vagabond, un baluchon sur l'épaule, il avait erré de ville en ville jusqu'à retrouver son petit frère qui l'avait pris sous son aile. Les Pacifistes, c'était le nom d'un de ces groupes de rebelles qui tentaient de contrer leur nouveau gouvernement. L'homme avait vaguement entendu parler de quelques opposants qui menaient des actions brutales envers les mangemorts mais les pacifistes, eux, se contentaient de mettre la population en sécurité et de jouer la prudence. Plus en phase avec sa personnalité, Elijah choisit de les rejoindre afin de protéger les innocents de la noirceur de ce nouveau monde. Abîmé par les récents événements de sa vie, la perte douloureuse de sa jumelle et les accès de rage qu'il ne contrôle pas toujours, l'homme s'isole au sein du groupe et reçoit rapidement un sobriquet qui lui va comme un gant : le loup. Il prit rapidement en charge l'éducation des enfants des réfugiés, trouvant dans cette activité un regain d'intérêt qui l'anime et l'aide à garder les pieds sur terre. Ses capacités d'écoute et sa patience lui assurent peu à peu une place privilégiée de professeur au sein du groupe, un rôle de protection et de soin de l'esprit qu'il allia à la perfection avec la meneuse du groupe, Susan. A eux deux et grâce à ses talents de soigneuse, ils assuraient un refuge pour tous ceux qui en ressentaient le besoin.

Peu à peu, leurs rangs finirent par se vider : une fois tous les rebuts envoyés en sécurité, le groupe des Pacifistes se disloqua de lui-même et quelques-uns d'entre eux rejoignirent les Audacieux. Elijah fronça le nez face à leurs méthodes qu'il jugeait trop dangereuses mais fit profil bas, n'ayant de toute manière pas d'autre destination. Au sein de ce groupe plutôt composé de soldats que d'élèves, l'homme se posa à nouveau comme professeur et enseigna aux enfants comme aux adultes à reprendre le contrôle de leur magie. La tâche était un peu plus ardue que les leçons rudimentaires qu'il fournissait aux pacifistes mais Elijah ne se laissa pas distraire par la facilité. Ses journées se rythmèrent bientôt sur une succession de leçons, de nouvelles noires de la part du monde extérieure et d'une peur toujours sourde qui lui tordait le ventre, chaque fois qu'un bruissement passait trop près de sa tente en pleine nuit. Leur camp n'était qu'une relative sécurité, comme toutes les autres, et il en perdit rapidement le sommeil et l'appétit. C'était le prix à payer pour s'élever contre le régime. Pourtant, Elijah peinait à partager les idéaux revanchards qui envoyaient sur le terrain des sorciers trop plein de courage, trop plein d'espoir et surtout trop plein d'une confiance qui les menait indéniablement à la mort. A chaque tentative, de nouveaux noms disparaissaient du campement et l'homme serrait les dents. Trop de pertes pour si peu de victoires.

L'attaque sur Ste-Mangouste fut sans doute la plus dévastatrice mais aussi celle qui le poussa à prendre les armes à son tour. Paradoxalement, ce fut pour sauver les siens du front qu'Elijah décida de s'y joindre. Il avait toujours détesté la violence et cela ne changea pas lorsqu'il fut propulsé au beau milieu de la bataille pour la reprise de Poudlard. Mais mieux valait que ce soit lui plutôt qu'un autre, lui qui prenne les sorts et la culpabilité sur ses épaules plutôt qu'un jeune dont le destin se dessinait parmi la guerre. S'il pouvait en sauver un, ne serait-ce qu'un seul... Alors il accepterait volontier de se salir les mains. Cette nuit-là seulement, Elijah avait permis au loup qui le hantait de ressurgir afin de le guider.

Leur victoire forgée dans le sang leur avait offert le château sur un plateau d'argent. Une jolie prison dorée, surtout. Stratégiquement, ils venaient purement et simplement de se piéger dans une planque au nez et aux yeux de tous. Le lieu dont ils s'étaient emparés recelait pourtant suffisamment de gloire et de puissance pour leur assurer une position de force, en particulier dans le coeur et l'esprit des citoyens. C'était la première bataille qu'Elijah vit d'un bon oeil et la première fois qu'il songea, pour un temps, à mettre ses valeurs pacifiques de côté afin de leur prêter main forte. Mais sa méfiance fondait encore ses relations avec les anciens insurgés et il veillait à ne pas échauffer les esprits de ceux à qui il enseignait. Cette paix lui semblait trop fragile et, plus d'une fois, il se demanda ce qu'il foutait ici. Ce n'était pas le problème de son frère qui, lui, s'épanouissait totalement au contact de la rébellion. Poudlard l'enchantait tout autant ; cela avait quelque chose de magique de retourner sur les lieux de son enfance. Leur nouveau qg avait le goût d'une jolie brèche dans le temps. Mais cela ne durerait pas et l'homme se sentait bien plus exposé ici que lorsqu'il vadrouillait dans les bois. Plusieurs fois, ses pas le guidèrent jusqu'à la grille du château derrière laquelle s'étendait l'obscurité et l'inconnu. Il finit par rester, parce qu'il n'avait nulle part ailleurs où aller.

Lorsque la Renaissance ressurgi de ses cendres, Elijah hésita longuement. La nouvelle avait circulée dans leurs rangs, d'abord de façon confidentielle avant de s'étendre, et la plupart de ses camarades avaient rayonnés. L'ordre du phénix signifiait pour eux l'espoir et le second souffle auquel le sorcier ne parvenait plus à croire. Combien de batailles mèneraient-ils encore avant que tous leurs hommes ne s'écroulent un à un ? Elijah craignait d'autres désastres comme celui de l'hôpital, d'autres missions pavées de bonnes intentions. Ce fut l'un de ses élèves qui le décida : une bouille d'ange aux cheveux d'or qui l'écoutait toujours avec une attention toute particulière. Elle n'avait pas d'âge, déjà abîmée par les dommages de la fuite perpétuelle qu'ils menaient, mais si son visage émacié trahissait d'une longue fatigue, ses yeux brillaient encore d'une innocence qu'il avait cru à jamais éteinte. Pour elle, et pour tous les autres enfants de cette guerre, Elijah avait prononcé le serment inviolable.