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sujet; MISSION ► No friends in war |
| Les doigts de ma main droite se referment sur ma baguette lorsque Hazel me menace avec la sienne. Ce mouvement fluide des deux côtés raye toutes mes attentes et transforme ma crainte en résignation. Hazel a choisi d'être égoïste. Encore. Pas de sourire de ma part cette fois pourtant, je ne ferais pas comme j'avais l'habitude de faire, lui céder ce qu'elle désirait après avoir jouer pendant quelques minutes avec ses nerfs, parce que cette fois ça n'était pas un stupide objet sans intérêt qui était en jeu. Cette fois ça n'avait rien à voir avec moi. Cette fois il était question de sauver des enfants et de faire preuve d'un peu d'altruisme de sa part. Un peu d'humanité.
Malgré tout j'hésite en entendant le nom de sa cousine. Évidemment que je la connais, je connais aussi le lien qui l'unie à Hazel et l'annonce de sa maladie m'inquiète plus que je ne le laisse paraître. Je suis véritablement effondré d'apprendre cette nouvelle, mais je ne peux pas céder alors que des enfants ont besoin de ma protection. Pas alors que Hazel pourrait trouver une alternative pour se rendre chez sa cousine, sans avoir recours au Polynectare.
-Non, pas cette fois Hazel. Tu vas te débrouiller sans, Princesse. Ces enfants... ça aurait tout aussi bien pu être toi.
Mais je sens que la cause est perdue d'avance, qu'il n'y a pas moyen de négocier. Les gens avec qui elle traîne et les évènement récents ont achevé de la corrompre, de la tirer vers le bas. Les Insurgés ne faisaient pas dans la négociation, j'en avais fait les frais en me faisant enterrer vivant sous ce maudit hôpital. Aussi, je n'hésite pas une seconde de plus avant de tourner les talons pour me ruer vers la porte sans demander mon reste, l'insecte toujours dans la main. Je n'ai pas envie de céder, mais je n'ai pas envie de me battre non plus. |
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| Il ne va pas flancher. Elle le voit à son regard, sa manière de se comporter, et elle enrage, l’angoisse qui cède la place à la colère, n’accepte pas de se voir dire non, Hazel, l’orgueil qui crépite tout au fond. Peut-être qu’il ne s’agit pas seulement de Kinvara, bien qu’elle soit vraiment là pour ça, même si elle s’inquiète, peut-être qu’il ne s’agit pas vraiment de ces fichus gamins qui auraient pu être menacés un mois plus tard. La chrysope est à elle, c’est tout ce qu’il reste, au final, derrière l’image du corps inerte de sa cousine, de son âme-sœur. « Non, pas cette fois Hazel. Tu vas te débrouiller sans, Princesse. » L’insulte lui fait l’effet d’un coup de poing, et son visage se tord de rage. Jessie agit comme s’il ne s’agissait que de l’un de ses caprices, comme il l’a toujours fait ; il n’écoute pas, ne comprend pas. Il ne veut pas comprendre, et le souvenir de leur dernière rencontre flotte à la surface. Là aussi, il avait refusé de l’aider. Peut-être ne devrait-elle pas être étonnée. Elle l’est, pourtant, le goût de la trahison sur le bout de la langue, la potion aveuglante au-dessus d’elle, passer en dernière, à ses yeux. C’était comme ça, maintenant. « Ces enfants... ça aurait tout aussi bien pu être toi. » Ça aurait pu être elle, mais – il s’enfuit en courant. Ses yeux s’agrandissent, sous le choc. Il se casse, bordel ! La baguette déjà dressée, elle n’a qu’à crier, les doigts serrés, Collaporta !, et une étincelle rouge s’échappe, allant violemment heurter la porte qu’il s’apprêtait à atteindre. Crétin. « Tu croyais franchement que ça allait être si facile ? » Le ton est impérial, un peu moqueur, de ces manières qu’elle a quand elle estime être victorieuse. Il lui tourne encore le dos, et sa baguette à elle est toujours dressée, pointée sur sa nuque alors qu’elle s’approche à petits pas, prudente, savourant tranquillement sa victoire tout en étant sur le qui-vive, au cas où il se retournerait brusquement (ce qui serait stupide, elle était en position de force, mais après tout il avait tenté de fuir, elle s'attendait à tout de sa part, maintenant). « Tu sortiras pas tant que tu ne me donneras pas l’insecte. » Peut-être qu’elle fait un caprice, finalement ; à cet instant, elle ne pense plus vraiment à Kinnie, elle pense à son ami qui s’enfuit comme un lâche, la laissant seule à se débrouiller, pour des foutus inconnus. « Ça pourrait être moi, mais ça ne l’est pas. Excuse-moi de me préoccuper d’abord de ma famille, Jessie. » Elle ne bouge plus, à quelques centimètres de lui, tous les muscles tendus, consciente qu’il pouvait se retrouver et attaquer à tout moment. « Je pensais faire partie de la tienne mais apparemment j’ai eu tort. »
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| La porte se claque au moment où je l'atteins, prouvant par la même occasion qu'une potion aveuglante était absolument indispensable pour s'enfuir de ce genre de situation délicate. Elle aurait moins fait la maline si elle avait eu dans les yeux suffisamment de lumière pour l'aveugler pendant une bonne minute. Je pose ma main sur la porte et adresse une supplique silencieuse à Merlin, me disant que je devrais plutôt le maudire pour me mettre dans une situation où le seul choix qu'il me reste est la bataille contre l'une des personnes que j'aime le plus au monde. Je n'ose même pas me retourner, même pas bouger, l'écoutant simplement parler en réfléchissant à un moyen de me sortir de cette situation. Si elle s'approche suffisamment, je pourrais la désarmer à mains nues, aussi je compte silencieusement les pas qu'elle fait vers moi jusqu'à ce que je l'entende arriver juste derrière moi, sans doute à une distance d'un bras, ce qui est parfait.
-Tu sais que tu seras toujours comme me famille, Hazel. Mais parfois il faut savoir faire passer la vie de personnes innocentes avant les autres. Je suis responsable d'eux. Tu peux te débrouiller sans polynectare. Moi j'ai besoin de cette potion pour sauver des vies.
Et soudainement, je me mets en mouvement. Mon but est de lui faire une clé de bras pour l'immobiliser directement, mais contre toute attente, Hazel réussit à se dégager du mouvement, me laissant juste assez de mou pour bondir derrière un comptoir, renversant au passage tout ce qui s'y trouvait, désormais à couvert et en position d'attaque.
-Je partirais d'ici avec la bestiole, que tu le veuilles ou pas ! Confundo ! - El dé:
2 : Le sort réussit mais manque sa cible ou est évité / détourné
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| Immobiles, un instant. Il parle de conneries, de sacrifice, de noblesse. Ça lui passe au-dessus de la tête, ça ne la concerne pas. Elle n’a jamais prétendu être altruiste, n’a même jamais essayé. Ne va pas commencer aujourd’hui, certainement pas quand sa cousine a besoin d’elle. La voix de son ami se meurt et déjà il se retourne, vif comme l’éclair. Pas assez. Elle parvient à échapper à l’emprise de son ami, mais n’est elle non plus pas assez rapide pour l’immobiliser par un sort : il bondit derrière le comptoir, à l’abri. Elle repense à Âqen, se planquant derrière un mur en ruines lors de leur dernière rencontre, et son cœur se serre légèrement. Les uns après les autres, ils se détournent, ils trahissent. La trahissent. Et cela finit de la même façon, de ceux qu’elles aiment qu’elle finit par combattre. Pour la rancœur qu’elle ne parvient pas à taire, pour la colère et l’orgueil, pour un foutu insecte. Les raisons sont multiples mais au fond toutes les mêmes. « Je partirais d'ici avec la bestiole, que tu le veuilles ou pas ! Confundo ! » Elle bondit sur le côté, s’abritant derrière une étagère. Connard. « T’es un lâche, Jessie. Prêt à prendre la fuite, faire des clés de bras minables puis lancer un sort ridicule et au final tu échoues à chaque fois. » De son abri, elle réfléchit. Jusqu’où elle peut aller, pour tout ça. Les limites sont floues, si vite dépassées, et il lui a parlé de famille, elle ne peut pas le blesser. Pas pour un putain d’insecte. Alors elle n’attaque pas, reste bêtement là, à couvert elle aussi, les yeux rivés sur sa planque débile. « On peut rester ici toute la nuit, tu sais. » Well, pas vraiment, mais la menace tient quand même, n'est-ce pas ? « Je te blesserai pas, mais je ne te laisserai pas partir non plus. » Elle enrage, de ne pas être capable de faire exploser ce foutu comptoir et lui avec, d’être mains et pieds liés par sa foutue loyauté. « Donc si tu veux bien être raisonnable et arrêter de te prendre pour un superhéros de bas étage deux secondes… » Histoire qu’il pointe le bout de son nez et qu’elle lance un petrificus totalus. |
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| Les insultes et les reproches pleuvent et me touchent, bien que qu'elle ne puisse pas le voir, dissimulé comme je l'étais derrière le comptoir. Un lâche, moi ? Un lâche resté en Angleterre pour me battre ? Un lâche qui aurait pu si facilement retourner à l'abri, sur sa terre natale plutôt que de lever sa baguette pour combattre un oppresseur ? Je ne suis resté que pour défendre ceux qui ne pouvaient pas se défendre seuls et elle me traitait de lâche ? J'ai énormément d'affection pour elle, mais encore une fois la seule chose qu'elle réussi à me prouver c'est que son égo et son nombrilisme dépasse de loin les estimations que je m'en faisais jusqu'à maintenant.
-Un lâche, moi ? Lâche parce qu'au lieu de venir jouer les gardes du corps pour Madame j'ai préféré rester défendre les autres ? T'es qu'une égoïste Hazel ! Une putain d'égoïste ! Et quand t'as enfin encore une fois l'occasion de me prouver le contraire, quand on se retrouve enfin alors que tout nous a séparé depuis trois ans, tu prends encore la décision la plus égoïste qui soit ! T'es pas le centre de l'univers for fuck sake, remet toi en question au lieu de passer ton temps à accuser les autres pour tous les problèmes que tu rencontres !
Oups. C'était dit. Je n'aurais jamais pensé en arriver là. Je n'aurais jamais pensé lui exploser à la gueule de cette façon et pourtant ce reproche avait enfin défoncé la barrière de mes dents pour aller s'enfoncer dans ses oreilles. J'accuserais le stress plus tard. Je prétendrais que je n'ai fais que céder à la nervosité que cette situation m'inspirait. Ça ne changeait rien au fait que Hazel était une des personnes les plus importantes de ma vie, mais certaines limites avaient été dépassées. Je restai donc recroquevillé derrière mon comptoir, la baguette à la main, totalement sur le qui-vive et jetant un coup d'oeil à la montre qui m'avait accompagné dans ma fuite. On avait pris trop de temps pour nous disputer. A tout moment le propriétaire pouvait intervenir, ou ramener des anciens copains à moi qui se feraient une joie de nous faire embrasser des détraqueurs. |
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