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sujet; OBAMA • There's nowhere left to fall

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OBAMA • There's nowhere left to fall Empty
8 Dec 2003 & Buttermere
There is no peace here. War is never cheap dear. Love will never meet here, It just gets sold for parts. You cannot fight it All the world denies it. Open up your eyelids Let your demons run

Buttemere était potentiellement un des coins les plus reculés de l'Angleterre, et Merlin savait à quel point il y en avait beaucoup. Niché au cœur d'une réserve nationale, entre les montagnes, la mer, et un lac, il n'y avait absolument rien dans les environs. Le village le plus proche, Buttermere, dépassait à peine les cent habitants. Il n'y avait bien qu'eux pour apprendre que la maison du vieux Callum avait été racheté par un inconnu. Personne ne l'avait jamais vu. On savait juste qu'elle avait été achetée, et même le cousin de Callum aurait été incapable d'expliquer à quoi avait pu ressembler l'individu.
On ne s'en formalisa pas trop. Callum était un vieux fou aux histoires étranges, qui avait vite sombré dans l'alcool et qui n'avait laissé, après sa mort, que cette maison trop grande pour lui, et trop éloignée de toute vie pour être véritable recherchée par des personnes saines d'esprit. Personne ne passait jamais devant la maison, dont la devanture était bien assez fournie en arbres et buissons pour que personne ne sache ce qu'il pouvait se passer à l'intérieur. Même les petites vieilles du village, pourtant adeptes de racontars, ne se seraient jamais risqué à aller jusqu'à ce coin reculé des montagnes.
Il n'y eu donc absolument personne pour voir l'image fumante d'Augustus Rookwood apparaître au seul de la porte de la maisonnée. Il prit une profonde inspiration, encore secoué des multiples transplanages qu'il avait effectué afin de semer absolument de potentiels. Devant lui, la maison moldue se présentait, effroyablement petite à ses yeux de membre de l'Elite. D'un sortilège, il fit voler les quelques mots de passe qu'il y avait installé d'avance. Cela faisait depuis juillet qu'il préparait une potentielle fuite du gouvernement. Le Lord ne le soutenait plus depuis un moment et il avait d'abord cru devoir le fuir lui. Pas ses  assassins. Enfin, pour ce que cela lui changeait...

La maison était encore plus petite que dans son souvenir. A peine un étage et quatre chambres, un salon d'à peine vingt mètres carrés. Seule la cuisine, lumineuse, donnant sur un jardin qu'il comptait bien mieux traiter que le vieux Callum, rendait un maigre intérêt au lieu. Il soupira, puis sa baguette s'agita de nouveau, vérifiant mécaniquement toutes les protections, les épaississant même, tout en s'assurant que personne n'était arrivé avant lui.
Ils auraient du être plus nombreux. Il avait dévoilé le secret de ce lieu à la jeune Mayfair, au Nott, à la demoiselle Zaïtseva, … tant de personnes qui seraient incapables de les rejoindre. Quelle incompétence. Il lui restait Kirill et Bacchus. Cela devrait suffire. Il suffirait ensuite d'attendre que les choses se tassent avant d'attaquer la suite. Il s'arrêta brusquement au milieu du salon, réalisant qu'il ne savait pas encore exactement quoi faire ensuite. Le Lord était mort. Cette réalité, elle non plus, n'était pas encore exactement arrivé jusqu'à son cerveau. Il avait été un des premiers à prendre la fuite, et la chute du Lord avait du avoir lieu à peine quinze minutes auparavant. Peut-être trente, vu le temps que lu avait pris la vérification de la maison. Tout était arrivé assez brusquement, même s'il avait aussi anticipé cette éventualité. Les conséquences, cependant, de la situation arrivaient très lentement jusqu'à son cerveau. La première véritable nouvelle fut celle de réaliser qu'il n'était plus Directeur du Département des Mystères. Il était, techniquement, au chômage. Il avait, aussi, perdu son manoir et potentiellement sa fortune (en dehors de quelques petits pactoles conservés sous de faux noms, qu'il resterait très complexe à récupérer). Il n'était plus, non plus, Mangemort. Il était... il était un fugitif. Et puisqu'il s'était fait directement avoir chez lui, en 1981, avant de finir à Azkaban, il n'avait jamais connu cette étrange sensation d'être un hors-la-loi en fuite.

C'était assez étrange, comme réalisation. Augustus Rookwood était un homme simple, sans histoire, et il n'était plus vraiment en âge de courir à travers la forêt, aurors  aux trousses.

Il fut tiré de ses pensées par le clac caractéristique du transplanage. Aussitôt alerte, il se dirigea vers la porte d'entrée afin de découvrir qui avait réussi à trouver son chemin jusque là... Pas d'ennemis. Juste Bacchus. Il sentit la poigne sur sa baguette se détendre alors qu'il accueillait son chien d'un tendre sourire : « Te voilà. » Puis son regard dériva sur qui se tenait à ses côtés. Et ce n'était pas Kirill. Ce n'était, d'ailleurs, pas quelqu'un qu'il avait invité. Son sourire fut donc un instant dérangé par un froncement de sourcil interloqué. Que faisait cet incapable de Marcus Flint chez lui? Il était fort peu distingué, voire vulgaire, sans oublier qu'il était loin d'être un mangemort bien impliqué, ou même de confiance. Augustus n'avait que du mépris pour cet homme, bien qu'il ai toujours fait attention à ne jamais le brusquer, comme il le faisait avec tous les rejetons de mangemorts sangs purs (c'était d'ailleurs bien navrant ce qui était arrivé à son père). En tout cas, Flint n'était pas le bienvenu. Surtout vu son état... Il détourna donc le retour vers Bacchus, la voix un peu plus froide mais toujours polie : « Que fait-il ici ? » Et ce n'était pas le genre de question qui acceptait les mauvaises réponses.
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8 Dec 2003 & Buttermere
We don't know what is wrong tonight Everybody's got no place to hide No one's left and there's no one to go on All I know is my life is gone

Tu n’avais pas vu le Magister tomber. De même que lorsqu’il vous avait fait l’honneur de venir visiter les premières bandes de rafleurs, tu avais mis du temps avant que ton regard gris ne croise son inélégante silhouette. Parce qu’à cette époque déjà, tu trouvais les mangemorts tout en cape et en costard bien plus attrayant.
Tu n’avais pas vu le Magister tomber parce qu’à ce moment-là, tu cherchais Rookwood des yeux, de ce regard avide, attirant et attiré. Tu te reçois plusieurs coups dans les épaules, des cris fusent à tes oreilles. C’est la débandade mais tu te tiens étonnamment tranquille. Pourtant, ce ne sont pas les stimuli t’exhortant à retourner te battre qui manquent. Tu serais tenté de faire partie de ceux qui retournent se battre. Tu la sens, qui engourdit tes sens, électrise magiquement tes extrémités. Tu sens la magie qui te hurle, comme un général au bout de sa vie, de t’élancer comme un seul corps, vers le front. Ils ne nous auront pas vivants, qu’on doit se dire, gonflé de l’énergie du désespoir. Sauf que tu n’es même pas si désespéré que ça ; tu es juste très en colère. Parce que tout était fini.

Et Rookwood, il avait dit de se tenir prêt une fois que ce serait fini. Tu y serais retourné, s’il n’y avait pas eu le signal de ton maître. Imperceptible dans sa langueur et puis, très vite, bien plus fort que les cris. Tu as le réflexe de l‘ignorer tout d’abord, comme un truc qui démange mais on a autre chose à faire, de plus important, de plus vital, davantage concentré sur les mouvements de foule, le genre de moment où il ne faut pas tomber, sinon, tu te retrouves piétiné. Sauf que la douleur se fait bien plus aiguë. Tu ne peux plus l’ignorer. On n’ignore pas Augustus Rookwood. On lui obéit. Pas comme si ça t’avait rebuté jusque là, pas vrai ? Tu dois lui obéir et le rejoindre. Tu dois trouver un coin à l’abri des regards pour transplaner jusqu’à Rookwood.
Tu remontes le courant de Mangemorts affolés, la baguette dégainée, te protégeant du mieux que tu pouvais ; tu n’étais pas du genre à fuir et c’est bien parce que c’est un ordre de Rookwood, scellé par de la magie noire -et donc mortel- que tu vas ainsi à l’encontre de ton premier instinct qui aurait été d’en buter le plus possible.
Tu peux pas y passer maintenant, Rookwood avait besoin de toi pour d’autres plans.

Sauf qu’en chemin, si la plupart des visages sont brouillés parce que plus rien ne compte que l’ordre de ton maître, tu tombes sur Marcus Flint, en mauvaise posture. Si le choix entre aller au casse-pipe parmi une foule d’anonymes et te rabattre à l’arrière avec obéissance a été vite fait, celui qui s’impose désormais à toi te paraît tout de suite plus cornélien. Tu ne peux pas passer à côté de ça. Il suffirait de lui filer un coup de main avant de te carapater, rien de plus. Rookwood pouvait bien attendre -pas comme si en vérité, il t’attendait d’habitude.
Sauf que, petit malin, ce que tu n’avais pas prévu dans ton calcul, c’est que Flint était dans un état encore plus déplorable que ce que tu avais cru, à cause du manque. Il s’était bien fait sentir, de temps à autre, pendant ces deux derniers mois, mais tu avais nié, parce que les gens comme ça, normalement, tu les coffrais. Et on coffre pas Flint. Il est déjà coffré dans son propre corps, pas besoin d’en rajouter.
De fait, même si vous aviez l’habitude de vous battre dos à dos, il fait un écart sans que tu puisses le couvrir et se prend un sort de plein fouet.

Te voilà avec Flint en travers des bras. Si tu le laisses là, il crèvera, si tu l’embarques… il risque aussi de crever de désartibulation. Mais si cette issue était peu séduisante, au moins n’était-elle pas certaine. Restait à savoir comment allait réagir Rookwood face au détournement de son plan. Il t’avait strictement interdit d’en parler à qui que ce soit. Or, là, pour le coup, non content d’en parler, tu allais directement amener une personne de plus dans votre planque. Et tu savais mieux que quiconque que Rookwood tenait à trier ses invités. Et tu étais trop bien placé pour savoir qu’il ne supportait pas qu’on lui désobéisse - que tu lui désobéisses. « Par Merlin, tu m’aides pas, mon gros. » grommelles-tu en le hissant douloureusement sur ses pieds. « Reste avec moi, hein, on s’tire. »

Parce que tu n’envisageais pas une seule seconde d’abandonner Marcus, quoiqu’il t’en coûte. Au moins, si Rookwood te punissait, tu y survivrais ; en revanche, si tu laissais ton comparse ici, tu ne lui laissais pas quelques minutes avant que les insurgés vainqueurs ne l’achèvent par accident.
Le temps presse, la marque à ton oreille se fait de plus en plus insistante, gênante comme un insecte qui vrombit à ton tympan, encombrante comme une malédiction à porter.
Tu passes son bras autour de ton cou et le soutiens du mieux que tu peux ; Marcus était autant un poid plume que toi, ajouté à cela la bonne tête de plus de laquelle il te dépassait. Cela dit, l’adrénaline peut faire des miracles quand on veut et vous vous traînez tant bien que mal hors du carnage.
Pendant ces deux mois, tu avais eu le temps de prendre tes marques parmi les décombres et c’est sans trop d’encombres que vous déboulez dans une baraque abandonnée au toit crevé. Tu fiches quelques baffes à Marcus pour le ramener à lui. « Flint… Flint, j’connais un moyen de s’barrer, mais j’vais avoir b’soin d’toute ton attention. » Tu lui ouvres une paupière, le hisses comme un lourd pantin désarticulé, les dents grinçant de la marque qui te brûle l’oreille et la nuque. « C’bon, t’es avec moi ? »

D’habitude, c’était facile de transplaner en groupe, y’avait qu’à suivre les flux magiques des autres. Dans le pire des cas, t’atterrissais un peu à côté, mais jamais trop loin. Là, il s’agissait de vous transporter tous les deux, et dans un endroit que tu n’avais jamais vu de toi-même.
Cela dit… plus qu’un endroit, c’était un homme que tu voulais rejoindre. Et en ça, ta marque pouvait s’avérer utile, puisque, comme tu aimais à te le répéter, il avait mis un bout de lui dans ton esprit. De fait, à défaut de pouvoir le tracer, tu étais capable de revenir à lui comme un boomerang qu’on lance par habitude, sans plus y faire attention.
Il s’agirait seulement de ne pas perdre un bout de Flint dans la précipitation.

Vous êtes accueillis par le sourire aimable de Rookwood, comme quand il t’autorisait à prendre congé. Tu as à peine le temps d’en apprécier la subtilité -pour ne pas dire que tu es soulagé de le voir en vie- que tu détournes le regard en même temps que le sien s’assombrit d’un froncement de sourcils. Tu checkes ton collègue, mais rien ne saigne plus que les blessures acquises sur le champ de bataille.
« Que fait-il ici ? » Tu frissonnes, mais pourtant, tu n’arrives pas à regretter ton choix. Ce que tu pourrais regretter en revanche, c’est la réponse apportée à ton mangemort. « J’pouvais pas le laisser là-bas. » que tu souffles, dans une sincérité déconcertante. Tu avais obéi, tu n’avais rien à te reprocher, si ce n’est d’avoir de l’affection pour ce butor de Flint. Un type de ton espèce, mais à traiter avec les égards dus à un mangemort. « Vous aurez pas à vous en occuper » Voilà que le chien en ramenait un autre. « mais si vous voulez que j’le ramène » Tu le regardes dans les yeux et t’as l’impression que ton âme quitte ton corps, vole un peu au-dessus, c’est troublant, dérangeant et presque grisant « j’m’en irai aussi » de lui tenir tête.
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PRISONERS • bloodstains on the carpet
Marcus Flint
Marcus Flint
‹ inscription : 29/09/2016
‹ messages : 236
‹ crédits : ♠MOONY.
‹ dialogues : teal.
OBAMA • There's nowhere left to fall Tumblr_n3scvvatRq1scs9m3o1_250

‹ âge : 30 ans
‹ occupation : en taule.
‹ maison : Serpentard
‹ scolarité : 1985 et 1993.
‹ baguette : mesure 31cm, a été taillée dans de l’if et pour le cœur, c’est un ventricule de dragon.
‹ gallions (ʛ) : 3273
‹ réputation : on dit que c'était un super bon poursuiveur, que c'est du gâchis, ses anciens camarades mangemorts savaient pas trop ce qu'il foutait là, ça tombe bien, lui non plus, on dit que c'est un idiot, un con, une brute épaisse.
‹ particularité : il est plutôt doué pour repérer les flux magiques, c'est de famille, mais il manque d'entraînement, alors ce n'est pas un très bon Traceur.
‹ faits : il souffre de dyslexie et de dysorthographie, deux troubles qui n'ont jamais été pris en charge et qui rendent la lecture et l'écriture très difficiles pour lui - on le surnommait Ace sur le terrain, parce que c'était un Poursuiveur exceptionnel - il était le Capitaine des Falmouth Falcons et adorait ça - les attentats de Ste Mangouste en 2003 lui ont coupé les ailes - il souffre de douleurs chroniques dans le dos - le navitas est la seule chose qui faisait passer la douleur - aujourd'hui, il doit se contenter de ce qu'on lui donne à azkaban et ça ne suffit pas.
‹ résidence : une jolie cellule à azkaban.
‹ patronus : il n'a jamais su en faire un et prendre la Marque n'a pas aidé.
‹ épouvantard : les corps sans vie des (rares) personnes auxquelles il tient.
‹ risèd : il se voit de nouveau sur un balai, dans son uniforme des Falmouth Falcons.
http://www.smoking-ruins.com/t6929-marcus-when-i-was-king
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8 Dec 2003 & Buttermere
Deep into the darkness We all got lost, Caught out in the rain storm, Bullets falling fast, Calling to the afterlife. Can you hear us when we cry, Call out to the after life? Can you show us how to fight?

Il y a deux semaines, Marcus a commencé à fouiller les cadavres. D’abord à l’abri des regards, lorsqu’il était certain que personne ne risquait de le voir agenouillé à côté d’un corps en train de farfouiller dans chaque poche, chaque repli de vêtement à la recherche d’une dose. Il ne fouillait que ceux de leur camp, fraîchement venu au front, les plus susceptibles d’avoir ramené n’importe quoi de Londres. Il a réussi à en trouver, surtout sur des gamins à peine majeurs, de quoi tenir quelques jours de plus. Il y a une semaine, Marcus est devenu plus empressé, moins discret, il a commencé à se jeter sur un cadavre aussitôt qu’il s’effondrait, en se fichant pas mal qu’on risquait de le voir.
Ça fait deux jours qu’il fouille même les cadavres des Insurgés. Parce que ça fait une semaine qu’il n’a plus rien, plus rien du tout, pas même de quoi pallier au manque et calmer la douleur avec une misérable potion parce qu’à l’infirmerie installée au campement, ils ont compris et refusent de gaspiller sur un vulgaire camé. Il n’a plus rien et personne ne veut le ramener à Londres, parce que les Insurgés prennent du terrain et ils vont perdre et les ordres sont qu’ils doivent crever ici si nécessaire. Marcus a songé à s’enfuir, tout simplement, mais la Marque sur son avant-bras l’en empêche.

Alors il attend qu’un sort finisse par l’atteindre et le tuer pour mettre un terme à tout ça, sans pour autant être capable d’arrêter de se défendre avec le peu de force qu’il lui reste. C’est ridicule. Il devrait juste les laisser l’achever, parce qu’il ne voit pas d’autre solution pour que la douleur s’arrête et en même temps, il se refuse d’abandonner. Et puis, d’un coup, sans prévenir, c’est la merde. Marcus ne comprend rien, parce que ça fait un moment qu’il ne comprend plus rien d’autre que oh, un sort, Protego, une ouverture, il attaque. Il voit des types qui se mettent à courir, paniqués. Les Insurgés qui avancent d’un seul mouvement, comme la vague d’une mer déchaînée prête à tous les engloutir. Marcus est emporté par les autres, il trébuche et manque de s’écrouler plusieurs fois, avant de vraiment finir à terre dans un glapissement de douleur à cause d’un coup de coude qu’il se prend en plein dans le dos. Il a lâché sa baguette, il a lâché sa baguette, il a lâ—la voilà. Ses doigts tremblants se referment autour, sa vue floue se pose sur un des Insurgés qui le tient en joue et il va crever comme ça.
Mais c’est l’autre qui s’effondre et lui qui se relève, il ne sait pas d’où ça vient, sent seulement qu’on l’attrape et oh, c’est Bacchus. C’est rassurant, de le savoir dans son dos, qui veille sur ses arrières, qui s’assure qu’il ne finit pas touché par le sort d’un Insurgé et Marcus reprend la danse.

Elle est triste, pathétique cette danse. Ses sorts sont faibles, il n’a plus l’énergie pour les alimenter alors qu’il pense comprendre d’où vient la panique des Mangemorts, alors que les rebelles semblent animés par une force qui ne peut provenir que d’une très bonne nouvelle.

C’est la fin.

Et ils doivent se tirer d’ici, s’en aller le plus vite possible, parce que s’ils restent là, ils vont mourir et si c’est fini, ça veut dire qu’il peut s’en aller, ça veut dire plus de guerre, ça veut dire qu’il peut arrêter tout ça et rentrer chez lui oui, il veut rentrer chez lui, juste s’allonger, rien que s’allonger et ne plus bouger. Marcus baisse sa baguette, ne songe plus qu’à l’intérieur de son appartement et chancèle de quelques pas, il va rentrer. Il va oublier tout ça, oui, il va—

Il réalise qu’un sort l’a atteint de plein fouet lorsqu’il se sent partir en arrière. La douleur ne vient pas tout de suite, peut-être parce que son dos le fait déjà terriblement souffrir, il en sait pas trop. Quand il baisse les yeux, il peut voir ses vêtements en lambeaux et oh—le sang. Le sang qui s’écoule abondamment de son torse et il ne sait pas trop ce que ça veut dire. Ça y est, il va mourir ? Ou bien ce n’est qu’une égratignure ? « Par Merlin, tu m’aides pas, mon gros. » Sa vue se trouble et il sent qu’on le redresse, mais il ne veut pas être debout, il veut s’allonger, juste s’allonger. « Reste avec moi, hein, on s’tire. » Partir oui, c’est ça qu’il veut, Bacchus a compris, il est content. Il sent qu’on le tire, oui c’est vrai, pour partir il faut marcher, d’accord, alors il met un pied devant l’autre, du moins il essaye mais bon sang que ses jambes sont lourdes. Marcus a l’impression de peser des tonnes et il veut partir d’ici mais il est vraiment désolé Bacchus, parce qu’il n’est pas certain de pouvoir y arriver mais il veut, il veut.
Sa vision est de plus en plus floue, elle noircit un peu, l’inconscience l’appelle et il est tellement tenté d’y répondre, parce qu’il sait Marcus, il sait bien qu’il n’y a plus de douleur quand on est inconscient et là tout de suite, c’est tout ce qu’il veut. On le gifle ? On le gifle, d’accord, il ne doit pas s’endormir ici, c’est bon Bacchus, il a compris. « Flint… Flint, j’connais un moyen de s’barrer, mais j’vais avoir b’soin d’toute ton attention. » De la lumière, un visage, Marcus entrouvre des yeux vitreux. « C’bon, t’es avec moi ? » Il veut hocher la tête, mais n’en a pas la force et ça se résume à un dodelinement pathétique, à peine de quoi montrer qu’il est encore là.

Et puis ça le tire encore mais c’est pas pareil cette fois, ça bouge dans tous les sens et c’est horrible et il a envie de hurler pour que ça s’arrête mais il n’y arrive pas. Quand ça s’arrête, Marcus sent ses genoux qui se dérobent sous lui, mais Bacchus tient bon, il est fort Bacchus et c’est une bonne chose, parce qu’il a la tête qui tourne et envie de vomir et— « Que fait-il ici ? » La voix est étrange, pas assez familière, il l’a déjà entendue bien sûr, mais ce n’est pas quelqu’un qu’il connaît. Il lève la tête au prix d’un immense effort et son regard capte un visage, un peu flou, mais reconnaissable. Rookwood ? Non il ne veut pas voir Rookwood, c’est un Mangemort lui aussi, il va vouloir qu’ils y retournent, qu’ils aillent se battre, Marcus ne veut plus se battre, pourquoi il les a amenés là ? « J’pouvais pas le laisser là-bas. » Non, merci Bacchus, oui merci Bacchus, Marcus s’en souviendra, il n’oublie pas, il n’oublie jamais. « Vous aurez pas à vous en occuper. » Il est encore un peu conscient et cette minuscule part de lui a envie de rire à ça parce qu’il est quoi, un animal de compagnie ? Mais l’amusement ne va pas plus loin que l’état d’étincelle éphémère dans sa cervelle.

« Mais si vous voulez que j’le ramène-- » Non. Oh non non, il n’y retourne pas, peu importe ce que dira ou fera Rookwood, il n’y retourne pas, Bacchus, me ramène pas, j’vais crever là-bas et j’veux pas crever vraiment pas, j’ai jamais voulu d’tout ça et j’y retourne pas, j’y retourne PAS.

Il repousse Bacchus, ou plutôt, il s’écarte de lui et trébuche, chancèle de quelques pas. « J’m’en irai aussi. » Marcus ouvre la bouche pour lui dire oui, faisons ça, viens Murdock on s’tire, viens Murdock on les emmerde tous, cette guerre n’avait aucun sens et j’en ai marre qu’on me traite comme une merde et j’suis pas un putain de clébard et toi non plus t’es pas un clébard Bacchus, viens on s’tire et on laisse tous ces tordus se battre jusqu’à ce qu’il n’en reste plus, viens on vit comme on a toujours voulu vivre et pas comme on nous oblige à le faire, viens on-- Mais il ne dit rien, aucun mot n’accepte de franchir la barrière de ses lèvres et au lieu de ça, il s’effondre et pire encore que ça, il gerbe son dernier repas c’est-à-dire pas grand-chose, mais probablement assez pour donner envie à Rookwood de le réexpédier sur le front.
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Bacchus frissonna sous le regard froid de son maître. Augustus pouvait sentir sa nervosité, et cela le rassurait sur la suite des événements. La dernière chose dont il avait besoin, dernièrement, c'était bien que l'animal fasse des siennes et se rebelle. Il attendait donc la réponse appropriée avec une patience mesquine. « J'pouvais pas le laisser là-bas. » Oh que si, qu'il aurait pu. Tout comme il avait pu tuer la seule femme qu'il ai aimé. Tout comme il avait pu charcuter la moldue de compagnie du Rowle. Tout comme il avait pu aider à l'enquête pour retrouver Nannie. Bacchus croyait toujours être le gentil, l'ami fidèle alors qu'il avait la trahison ancrée sous l'épiderme.
Rookwood lui avait tout donné. Il lui avait offert l'éthique professionnelle, la fidélité, la dévotion. Avant Rookwood, le Murdock n'avait jamais été qu'un chien fou et enragé, sans appartenance et sans beauté. Rookwood lui avait tout donné, et Rookwood pouvait tout lui prendre. Et s'il lui avait plu que Bacchus abandonne le Flint, alors il l'aurait fait. Il y avait des choses dont on ne s'émancipait pas.

« Vous aurez pas à vous en occuper. » Augustus leva presque les yeux au ciel, tant la remarque était affligeante. Un chien s'occupant d'un chien plus chien que lui. C'était navrant. Et il était évident qu'Augustus ne se serait jamais laissé aller à s'occuper d'une créature aussi laide que Flint. Il ne lui apportait strictement rien, surtout dans la situation. Il ne voyait pas pourquoi lui accorder ce plaisir. « mais si vous voulez que j'le ramène... » La formulation, absurde, fit détacher le regard d'Augustus de la créature pitoyable entre ses bras pour revenir vers son interlocuteur, qui le regardait dans les yeux comme si sa parole avait le moindre poids. « ... je m'en irai aussi. »
Il y eut d'abord la surprise. La surprise qui écarquillait très légèrement ses yeux de serpent. Puis il y eu l'amusement, juste un pincement des lèvres. Une vague d'attendrissement passa au fond de ses yeux et il se laissa finalement aller à l'hilarité. Ce fut quelque chose de discret, à peine un ronronnement de rire, comme un matou qui se délecte des tentatives désespérées de la souris pour s'échapper et survivre à sa poigne. Murdock n'avait toujours pas compris qu'il n'avait plus de libre arbitre. C'en était presque attendrissant. La réaction fut discrète et, pourtant, cingla dans l'air froid de décembre avec une cruauté rare.

A ses pieds, le Flint se laissait aller à partager avec le sol son dernier repas. Augustus laissa son regard dériver sur cet amas vulgaire de chaires meurtries et gâchées. Il se demandait parfois pourquoi des créatures telles que lui s'accrochaient encore à la vie. Entre son corps en miettes, son incapacité chronique à être compétent, sa laideur, et son addiction morbide aux drogues, Augustus ne savait véritablement pas pourquoi il prenait encore la peine de survivre. Cela le dépassait.
Il hésita, vraiment, à chasser le parasite. Il n'aurait aucun mal à forcer Bacchus à l'abandonner au coin de quelque route. Cependant, cela risquait de sérieusement entacher l'humeur de l'animal, au moins pendant quelques jours. (Il se souvenait encore de lorsqu'il avait osé séparer Bacchus de sa précieuse Nannie... Des semaines et des semaines de perdition. Bacchus était vraiment un petit animal sensible.) Il hésita aussi à l'achever sur place, par générosité.
Il finit par décider qu'il préférait subir la présence lointaine de Flint plutôt que la mauvaise humeur du Murdock. Il soupira, terriblement las. Et puis après tout, ne méritait-il pas un quelconque camarade de jeu ? Augustus ne voulait certainement pas à avoir à s'occuper de l'ancien rafleur au quotidien, et avoir un animal de compagnie lui permettrait peut-être de ne pas trop coller au flan de son maître.

Il concéda donc.
« Si cela vous importe tant. Je suppose que vous pourriez l'installer dans la chambre du rez-de-chaussée. » Le vouvoiement, en public, s'était réinstallé. Il regarda, imperturbable, Bacchus se réjouir et ramasser le tas de déchets au sol. Le regard d'Augustus se plongea un instant dans celui qui, contrairement à lui, faisait partie des 28 sacrées, sans le mériter un seul instant : « Je vous promets une mort sans douleur si vous m'importunez trop, cela dit. » Et sur cet avertissement généreux, il se dirigea de nouveau vers la maison, sans faire le moindre chose pour tenter de lui venir en aide. Il allait cruellement manquer de compagnie raffinée, prochainement, si d'autres ne les rejoignaient pas vite...
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Décembre 2003 & Buttermere
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Tu l’avais sans doute haï pour ça.

Augustus Rookwood pouvait te cracher dessus autant qu’il le voulait, mais il n’avait pas le droit d’en abuser sur ceux auxquels tu tenais. Parce que si on continuait ainsi, il n’allait pas tarder à te demander d’achever toi-même Marcus.
Tu n’étais peut-être pas ce qu’il y avait de plus fidèle en amour, à en juger par le sang-froid et pourtant bouillonnant avec lequel tu avais tué Willow, cependant, il en était tout autrement quand il s’agissait de tes petits camarades de jeu. Parce que la Ruche est une meute de chiens fous qui n’hésitent pas à se tirer dans les pattes. De fait, quand il arrivait qu’on en déniche un qui en vaille la peine parmi cette lie, on ne le lâchait plus. Et Flint faisait partie des rares que tu t’étais juré de ne jamais abandonner ; c’était aussi simple que ça. Aussi simple que bancal, à en juger par le court séjour que l’autre rafleur allait passer ici.

Mais vous n’en étiez pas encore à là, toi, gonflé de bons sentiments et de valeurs inventées sur le tas pour faire face à Rookwood, et Marcus, trop faible et terrifié pour juger seulement que la meilleure chose à faire dans son état aurait été de se rendre, afin de bénéficier, si ce n’était de soins intensifs, d’une mort brève et salvatrice.
Parce que ce que tu faisais là, c’était comme enrouler dans une couverture un poisson sorti de son bocal. Et pourtant, à ce moment-là, c’était pour toi la seule chose que tu devais faire, la seule chose pour laquelle tu te sentais capable de tenir tête à Rookwood.
Petit naïf.

Pourtant, Rookwood aurait pu régler cette affaire simplement en t’ordonnant de l’abandonner au coin d’une rue. Il en avait le pouvoir.
Heureusement pour vous deux, le Mangemort en fuite est d’humeur généreuse, et de fait, il te concède la présence de celui qu’il considère désormais encore moins que son animal de compagnie. A vrai dire, en tant qu’animal de compagnie actuel, tu te moques que pour le supporter, il ait à le rabaisser plus bas que terre ; et de même, tu osais espérer que Marcus passe par-dessus ce manque de respect qui, habituellement, pour un type qui avait été fier comme lui, serait difficilement passé. Tu t’en moquais parce qu’il y avait plus important ; à savoir, soigner les blessures de Flint. Mais si tu t’en moquais aussi, c’est parce que tu avais beau être l’ombre d’Augustus Rookwood, tu ne l’avais jamais vu traiter quelqu’un comme un égal.
Il devait finir par se sentir bien seul, tout là-haut, si pour meubler le silence, il se retrouvait obligé d’accepter sous son toit, deux rebuts de la pire espèce…

« Merci, patron » articules-tu quand même, le coeur serré à l’entendre te vouvoyer, alors que tu t’empresses de redresser Marcus sur ses pattes, tout en évitant de poser le pied dans la flaque de bile sur le paillasson.
Tu l’aides à rentrer, refermes aussitôt la porte derrière lui. « On va aller t’rincer la goule, mon gros. » Même si tu mets un temps avant de mettre la main sur une salle de bain, faute de point de repère, tu prends un soin qu’on ne te connaissait pas à t’occuper de lui, le guidant et le soutenant par des gestes qu’on ne t’aurait pas cru si assurés, quand tu n’étais que brusquerie face à Rookwood. Tu t’affairais tant bien que mal à essayer de maintenir Marcus en vie avec les moyens du bord et tes maigres connaissances en magie -heureusement, il te restait la botanique, le lac voisin regorgeait de petites merveilles médicinales. Autant de jours passés sans croiser le chemin de ton patron.

Parce que c’est toujours avec cette forme brute d’abnégation que tu traites un égal.

L’état de Flint se stabilisait de temps en temps, mais toujours, il était secoué de rechutes ; si bien que tu avais tenté d’insonoriser la pièce. Tu ne comptais plus le nombre de fois où il s’agrippait aux draps et où tu le repoussais au fond du plumard, comme si vous l’empêchiez de s’échapper. C’était comme si son dedans débordait un peu sur son dehors, et que tu devais essuyer la casse, avec une minutie qui t’était jusqu’à présent étrangère, et pourtant, ancré dans le fond, comme la drogue dans les veines de Marcus. Il était installé comme prévu dans la chambre du rez-de-chaussée, et de fait, toi aussi par la même occasion vu que tu campais à son chevet la plupart du temps. Ça te permettait d’avoir à te préoccuper de quelque chose, plutôt que de faire face à tes propres démons, même si tes connaissances et ton aide virent très vite leurs limites atteintes.
Et puis, comme aujourd’hui, il y avait des jours où ses gémissements devenaient trop insupportables. Ignorant s’il était encore suffisamment conscient pour t’entendre, tu t’étais penché au-dessus de lui pour prendre congé. « ‘Faut qu’tu gobes quelque chose d’autre que des mouches, Flint, j’reviens. » Tu t’étais donc éclipsé de sa chambre, pour trouver Rookwood dans la cuisine. Tu ravales un marmonnement et vas pour revenir sur tes pas. D’un autre côté, tu avais la tête définitivement prête à exploser, parce que de ce qui était de maintenir en place un sortilège d’insonorisation, tu n’étais pas le plus doué. « Dites, patron… » Parce que ça ne serait pas drôle qu’après tout ce temps, tu ne fasses pas une gaffe en sa présence. Tu es visiblement exténué, tes énormes épaules voûtées et ta démarche un peu chaloupée trahissant ton manque de sommeil -au moins, si tu dormais pas, tu risquais pas de rêver de- « ‘faudrait qu’j’lui fasse que’qu’chose à bouffer, mais j’crains d’faire péter votre jolie cuisine… » Tu lèves un peu les yeux vers lui ; ce ne serait pas nouveau que tu sois prêt à ramper pour avoir osé lui demander un service, mais cette fois-ci, l’enjeu était de taille. Et puis, tu avais toujours en mémoire Adélaïde Rookwood s’alanguissant sur ton épaule, chouinant qu’elle avait faim et ô combien son cher oncle était doué derrière les fourneaux. Ton imagination, elle, avait fait le reste.
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