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sujet; (OCT. 2003) HEIDELBERG • I've been holding on for some kind of miracle

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(OCT. 2003) HEIDELBERG • I've been holding on for some kind of miracle Empty
Arnie & Sasha • 01/10/03
Every breath I take is heavy with the thought of you. The moment I awake I'm chasing signs. Never give up, I never give up. It's never enough, it's never enough.

Viktor n'en peut plus du sang. Il n'en peut plus des cris, des lamentations, des morts, surtout, surtout des morts. Il a vécu, jusque là, dans son cocon sorcier, puis moldu. La guerre, il ne l'a vue que de loin. Le plus gros qu'il ai vu, c'était durant ses cinq années de médicomagie, les rares stages qu'il n'avait pas réussi à trouver planqué dans un coin désert de Ste-Mangouste. Parlons-en, de ses années à Ste-Mangouste. Il n'avait jamais aussi amèrement regretté d'avoir séché la moitié de ses cours et utilisé Adèle pour arriver à avoir ses partiels. Lorsqu'il était arrivé à Poudlard et qu'il avait dit à Dillinger qu'il avait une formation de secouriste et quelques années de médicomagie... elle avait du le surestimer.
Viktor ne compte plus les blessés qu'il devait soigner. Les plaies ouvertes, les empoisonnements et les brûlures sont les choses les plus courantes, avec quelques os récalcitrants de temps en temps. Ils sont en sous effectif, cela se sent, et ses nuits sont courtes et turbulentes. Il a l'impression que l'odeur du sang ne le quittera plus. Il a l'impression qu'il n'en sortira jamais... Et cela ne fait qu'une semaine qu'il est là.
Cependant, il ne peut pas nier, il est exactement où il le voulait. Dans l'action sans être sous le feu, utile sans être essentiel et, surtout, il est occupé. Il n'a pas à réfléchir à Sasha, à Arnold, à tout ce qu'il a abandonné, au fait que Boris soit un mangemort... Tout cela, il peut juste l'ignorer et se préoccuper uniquement de bander plus de bras, de purger plus de poisons et de ressouder plus de membres. Il n'existe plus, il n'est plus Viktor, il mange à peine, dort à peine, respire à peine, et seule Amelia semble capable de lui arracher le moindre sourire. Il n'est peut-être pas aimable, il n'est pas être pas le soigneur préféré du coin, mais il refuse de trop s'impliquer émotionnellement. Personne ne sait qui il est, il se fait appeler Morgan, ignore les questions sur ses origines, ne comptant que sur l'influence d'Amelia. Il croise des camarades de classe, des amis d'enfance, des gens qu'il a connu à l'époque de ses études... et les ignore, les éviter, leur parle comme s'il ne les connaissait pas. Et c'est mieux ainsi.

Il est occupé à laver des bandages lorsqu'un autre soigneur vient à côté de lui, grommelle qu'il vient de soigner le bras d'un enfant... Viktor soupire. Il déteste voir des jeunes à Poudlard.. Ils lui rappellent toujours Arnold, il se demande toujours à quoi il ressemblerait aujourd'hui et... en suivant le regard de son collègue, en croisant le regard du gamin qui vient d'être soigné, il sent le peu de couleur de son visage quitter sa peau.
« Arnie ? »
Il murmure, sans y croise, et on lui demande ce qu'il a, mais il n'écoute déjà plus. C'est impossible. Arnie n'est pas là, il est à l'étranger, avec une nouvelle famille, en sécurité. Il n'y croit pas, alors qu'il fixe dans les yeux ce qui est indubitablement son fils. Il n'a pas vraiment changé, au fond, malgré ses cinq années de plus. Il se déteste, soudain, parce qu'un immense soulagement le traverse à sa vue. Il n'est plus seul.
Il n'hésite pas une seule seconde, le reconnaît en un clin d'oeil, son gamin. Aussitôt, il abandonne tout ce qu'il fait, traverse la pièce, dans un « Arnie ! » désespéré. Comment se fait-il qu'il n'ai pas changé à ses yeux ? Il a l'air moins malicieux, c'est clair, en se tenant le bras, mal assis sur sa chaise, comme d'habitude.
En déboulant face à  lui, il ne sait d'abord pas quoi faire, puis le contrôle lui échappe, il lui prend le visage, puis lui passe les mains dans le cou, comme pour vérifier qu'il est bien réel, les larmes aux yeux, tremblant de joie et de terreur mêlées. Son fils est là. Il ne devrait pas être là, mais qu'est-ce qu'il est content qu'il soit là, mais qu'est-ce qu'il fait là ? Peu importe. « Arnie, Arnie... » Il le serre contre lui, tout à coup, inspirant son odeur, sentant son corps trop grand entre ses bras de père. Il n'ose pas serrer trop fort, de peur de le blesser, ou de l'effrayer, peut-être qu'il le déteste encore ? Il reste quelques instants à juste s'assurer qu'il est réel, qu'il est bien là, puis il desserre son étreinte, sans le lâcher véritablement, lâchant soudain avec colère et inquiétude :
« Arnie qu'est-ce que tu fais là ?! Tu devrais être en Allemagne, ou au moins en France, pas sur le champ de bataille ! Tu crois avoir quel âge, tu es à peine majeur par Merlin ! Tu as failli... Tu as manqué de... » Il ne termine pas sa phrase, serre les dents, et inspire profondément. Son fils est là. Il peut s'occuper de son fils, comme Sasha l'a fait, comme Sasha aurait voulu qu'il le fasse. « Enfin tu es là maintenant mais, mais, comment as-tu pu... ? » Il patine, ne sait plus quoi dire. « ... Je ne te lâche plus bonhomme, hein, on ne se lâche plus maintenant. » Parce que lui, en tout cas, ne les laissera plus jamais être séparés, il ne le laissera plus jamais être seul, sans ses parents, sans qui que ce soit pour le surveiller... Il va l'enfermer quelque part, avec les elfes, et ne plus jamais le laisser croiser le moindre danger.
Il ne sait pas s'il est heureux ou en colère, et il tremble tout en souriant, continuant de ne pas en croire ses yeux. « Je suis là maintenant bonhomme,  » comme c''est bizarre de pouvoir, de nouveau, l'appeler comme ça... « et crois-moi, je ne te laisserai plus jamais partir. » Et il a un petit rire, tout maigre, tout faible, en recoiffant d'un geste son garçon. Il va le protéger, même si c'est la dernière chose qu'il compte faire.

Et il ne remarque pas la personne à côté d'Arnold. Il ne remarque ni le fantôme, ni la femme. Il a arrêté de faire attention à toutes ces personnes qui, au coin de sa vision, lui rappellent Sasha. Dernièrement, il ne fait que voir Sasha, entendre Sasha, attendre Sasha, même si elle est morte. Même si cela ne sert à rien, d'espérer. Il lui reste Arnold, il lui reste son fils qui lui rappelle tant sa mère, et il crèvera avant qu'il lui arrive le moindre mal.
Il a récupéré Arnold, alors il espère que maintenant, son esprit va arrêter de lui jeter des tours et lui faire croire que Sasha puisse être là.
Vraiment.
Arrête, maintenant.


Dernière édition par Viktor Heidelberg le Jeu 29 Déc 2016 - 22:08, édité 1 fois
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(OCT. 2003) HEIDELBERG • I've been holding on for some kind of miracle Empty
papa & Sasha • 01/10/03
Sometimes I think I'm not that strong But there's a force that carries me on. Sick of my small heart, made of steel, Sick of those wounds that never heal.

Tu avais longtemps cru que tu ne remettrais jamais les pieds dans cette école que tu avais si peu fréquentée. Tu te sentais un peu comme un sauvageon, comme un benêt qui pénètre dans l’antre de la connaissance. Antre qui avait bien changé depuis, à cause de la guerre. Tu avais fini par croire que tu ne parviendrais jamais à rejoindre Poudlard. Ou du moins, que vous n’y parviendrez pas tous.
Sasha était irrémédiablement là. C’est pas que tu aurais voulu la perdre en cours de route -elle restait physiquement ta mère-, mais disons que tu aurais autant aimé qu’elle soit certes là, mais aussi , dans sa tête.
Vous étiez finalement parvenus dans le fief des rebelles, par elfes interposés. Cela dit, dans la bagarre, tu t’étais blessé -une fois de plus, rien de bien inhabituel. Ton corps maigrichon d’adolescent comportait bien trop de cicatrices, bénignes pour la plupart, pour ton jeune âge. Cependant, cette fois-ci, tu n’avais pas à te soigner tout seul, sous mes conseils avisés. En effet, après avoir vérifié une énième fois que tu n’étais pas un envoyé du camp adverse, on t’avait aussitôt pris en charge.

Ça fait bizarre de revenir ici après toutes ces années, pas vrai ? Tu ne sais pas vraiment si tu en conserves de bons souvenirs. Disons simplement que ce ne sont pas des souvenirs que tu allais oublier de sitôt. Tu ne serais même pas si surpris que ça de recroiser un professeur ou un camarade de classe… Tiens, d’ailleurs, quelqu’un t’appelle. Le temps que tu situes la provenance de la voix, j’embrasse la salle d’un regard et, si j’avais encore un coeur qui bat, je pense qu’il se serait -de nouveau- arrêté.
Tu m’as tellement parlé de ton père que même si je ne l’ai jamais vu, j’aurais pu le reconnaître entre mille. Vous vous ressemblez tellement.

Il se jette à ton cou, tu as seulement eu le temps de te relever. Tu es abasourdi, ton bras valide pendant dans le vide, incapable d’enlacer ton propre père. Pourtant, c’est bien lui que tu cherches depuis ton retour de France. C’est bien lui que tu veux retrouver, depuis que maman n’est plus maman.
« T’appuies sur mon bandage, - » tu ne sais plus comment tu dois l’appeler. Ça fait si longtemps que tu voudrais l’appeler papa, mais les deux syllabes ne veulent plus se former sur tes lèvres sanguinolentes. Tout comme tu ne sais pas si ce qui soulève ta poitrine est du soulagement, de l’incompréhension, de la tristesse, ou du doute.

Et en face de toi, ton père n’est guère plus avancé, à te tripoter pour être certain que c’était toi, t’engueuler comme si tu avais raté le couvre-feu, sangloter de joie et ne plus vouloir te lâcher.
Il y a quelque chose qui ne va pas.
Tu voulais certes le retrouver mais les circonstances avaient changé.
Tu ne parvenais pas à l’appeler papa, parce que tu n’avais plus de maman.

Ton regard glisse de lui à elle.
Il semble ne voir que toi, alors qu’elle est juste là. Ne la voit-il plus ? L’a-t-il oublié, lui aussi ? Pense-t-il qu’elle est morte ? Est-elle morte ? Aussitôt que cette pensée te traverse l’esprit, je l’écarte d’un mouvement négatif de la tête. Non, cette femme était bien vivante, Arnie, même si dans sa tête, c’est comme si elle était morte.
T’es censé lui annoncer ça comment, à ton père ? Pour ça, en revanche, je n’ai pas la réponse.
« P-papa… » le regard du concerné s’illumine ; merde, tu n’aurais jamais dû dire ça. « Je… j’l’ai ramenée… » Tu as le même ton que quand tu avouais ta faute pour ne pas qu’il te gronde ; faute avouée, à moitié pardonnée. Ça marchait avec lui, mais pas avec maman. Et d’un mouvement du menton, appuyé d’un regard glaçant de mélancolie sèche, tu désignes Sasha. « Papa… j’te jure, j’sais pas ce qui s’est passé… » Il s’humidifie, ton regard, mais rien ne coule, l’atmosphère est si froide que ça empêche les larmes de couler. Elle n’aime pas quand tu pleures, que ce soit elle ou maman. « J’sais pas c’qui lui est arrivé mais… » tu chuchotes, dans l’espoir vain qu’elle n’entende pas, qu’elle ne comprenne pas ; elle ne comprenait jamais rien, cette Sasha-là ! Inconsciemment, tu lui as attrapé les mains pour qu’il se jette pas à son cou à elle, il risquerait de l’effrayer. « C’est plus elle, papa. J’sais pas pourquoi. » C’est pas d’ma faute, papa ; j’l’ai trouvée comme ça.
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WIZARD • always the first casuality
Adidja Zabini
Adidja Zabini
‹ disponibilité : always.
‹ inscription : 26/08/2016
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‹ crédits : killer from a gang. tumblr. chance the rapper.
‹ dialogues : rosybrown.
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‹ âge : vingt-et-un ans.
‹ occupation : chanteur, compositeur, producteur, étudiant au sawl center (musicomagie).
‹ maison : gryffondor.
‹ scolarité : sept. 1994 - jun. 2002.
‹ baguette : 25,4 cm, crin de licorne, bois de chêne.
‹ gallions (ʛ) : 3283
‹ réputation : (trop) gentil et doux, to be protected at all costs, talentueux, bitchasse, maniéré, cinammon roll too good for this world, too pure.
‹ particularité : un peu de magie sans baguette, héritage de sa mère.
‹ résidence : dans un petit appartement de whitehorn, qu'il utilise aussi comme studio.
‹ patronus : n'a jamais su en faire.
‹ épouvantard : le cadavre de sa soeur jumelle nina.
‹ risèd : sa famille réunie; sa mère fière de lui.
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viktor heidelberg & arnold heidelberg
Sometimes I think that maybe if we had met at a different time, a different place, it wouldn't have come crashing down the way it did. Our story began in such tangled webs that we worked through to unravel and in the end I almost forgot you were the one holding the other end of the thread. You held my hands when they wouldn't stop shaking and I never let you cross the lines you were too scared to break and for a while there I almost thought it was easy. I'm sorry that you think of me as the sand that slipped through the cracks of your fingers when really I was the window that refused to break in the storm. You were the pouring rain to my wild breeze, and I hope you never forget the wind that carried you home.

Elle parle à Morrigan quand elle pense qu'Arnie ne l'écoute pas.
Elle adresse ses mots au vent, en espérant qu'il portera à Morrigan tout ce qu'elle a à lui dire.
Tu me manques. Je te retrouverai. J'ai dû partir, pardon. Mais je reviendrai. Je te retrouverai. Tu me manques. Tu me manques atrocement. J'ai pas l'impression d'être moi sans toi.

Arnie l'a amenée à un château. Il est grand, et bien éclairé. Il tremble, parfois, c'est à cause des explosions dehors. Un peu comme à Alto Creek. Ils ont failli y passer, c'est Arnie qui l'a dit. Mais ils sont là. Ils y sont arrivés. Sasha comprend pas très bien ils sont arrivés, mais ils y sont arrivés, et Arnie est soulagé, alors Sasha est contente.
Il est un peu blessé, Arnie, et ça fait peur à Sasha. Il essaie de faire son gros dur, comme si c'était rien, mais ça fait peur à Sasha: y'a un peu de sang, et le tissu de sa chemise lui colle à la peau et il semble un peu pâlot. Elle broie son autre main dans la sienne. Elle a peur qu'il la lâche et qu'elle s'envole — en fait, peut-être que ce serait une bonne chose, non? Si le vent l'emporte, peut-être qu'il l'amènera à Morrigan.
Quelque chose l'empêche de poser la question à Arnie; à la place, elle serre ses doigts entre les siens, quand ils pénètrent dans l'Imposante Salle du château.
Elle lâche la main quand quelqu'un à l'air important lui dit qu'il va s'occuper d'Arnie. Et puis vous êtes qui? Elle répond pas et l'homme à l'air important grogne, hausse les épaules, soigne Arnie; elle reste à côté de lui, sans rien dire, ses doigts la démangeant à l'idée de reprendre sa main dans la sienne. Elle a l'impression qu'elle va s'effondrer si elle ne le tient pas, si elle ne le touche pas.
C'est étrange, comme sensation.

À la place, ses yeux embrassent l'Imposante Salle. Personne ne la regarde. Beaucoup de gens crient et ont mal. Et certains meurent. Le calme de la forêt lui manque, la compagnie solide et délicate de Morrigan aussi. « Arnie ? » Elle tourne la tête, un homme se précipite à leur rencontre, et prend Arnie dans ses bras.
Sasha se sent gênée et machinalement, fait un pas sur le côté comme pour s'éloigner. Il doit connaître Arnie. Peut-être que c'est son père. Elle se sent de trop. Peut-être qu'il voulait juste un parent de remplacement en attendant de retourner à l'Imposante Salle. Peut-être qu'il va la planter là. Une petite voix lui dit que c'est pas plus mal. Elle va sans doute retrouver Morrigan, maintenant. Elle n'a pas peur d'être seule, d'accord? Elle sait que dès qu'il n'y aura plus personne, Morrigan reviendra. Elle est timide, elle a juste peur d'Arnie, c'est tout. Sasha a hâte de la revoir.

Elle sent l'attention se tourner vers elle et elle se reconcentre. Vincent et Arnie lui ont déjà dit que c'était agaçant, sa capacité à totalement se défaire du monde. « Papa… j’te jure, j’sais pas ce qui s’est passé… » Ah, c'est bien son père! Sasha sourit. C'est beau, les scènes de famille.
Arnie semble sur le point de pleurer, pourtant. Peut-être qu'il est juste très heureux. « J’sais pas c’qui lui est arrivé mais… » Il murmure et Sasha se penche pour mieux l'entendre. Papa tremble. Sasha l'observe. Elle n'a jamais vu son visage avant. « C’est plus elle, papa. J’sais pas pourquoi. » Ah si, peut-être qu'elle l'a déjà vu. Il lui dit vaguement quelque chose...
Ah mais oui! “ Je vous connais! ” dit-elle d'un ton soudainement très joyeux, qui tranche l'air comme un couteau. Elle tend le doigt en direction du visage de Papa. “ Vous étiez à Alto Creek. J'avais un peu peur. Arnie m'a dit qu'il y avait des Épouvanteurs partout, que c'était pour ça que vous étiez là... j'ai pas très bien compris. Vous êtes un chasseur d'Épouvanteurs? ” Et puis soudainement, ses traits s'affaissent et elle se déconcentre; elle détourne les yeux, embrasse de nouveau l'Imposante Salle du regard. Ses doigts pianotent sur le dossier de la chaise sur laquelle Arnie est assis. “ Arnie, j'ai mal à la tête, tu crois que je pourrais sortir? Il fait chaud ici, quand même...
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Arnie & Sasha • 01/10/03
Every breath I take is heavy with the thought of you. The moment I awake I'm chasing signs. Never give up, I never give up. It's never enough, it's never enough.

C'est terrible comment fixer son fils lui rappelle à quel il ressemble à sa mère. C'est terrible de se rappeler comme jamais qu'elle est morte en regardant le petit dans les yeux. Il est là, son Arnie, et pourtant il n'arrive qu'à se dire qu'elle est morte. Le mot tourne encore et encore dans sa tête. Il essaye de le chasser, de l'oublier, comme il sait si bien occulter les choses. Ce qui est important ce n'est pas ça, l'important c'est de rassembler les restes de sa famille et d'essayer de sortir vivant de cette guerre de merde.
« P-papa... » Voilà, c'est de ce genre de claque dont il a besoin. Voir son fils l'appeler papa, c'est juste ce qu'il lui faut pour chasser l'image de Sasha et le faire sourire. Il sent son cœur s'alléger, la vie se simplifier, son rôle se clarifier : il est le père d'Arnold, et il sait très bien ce que cela signifie et ce que cela implique. « Oui, c'est moi, » murmure-t-il tendrement, vérifiant encore rapidement que le bandage est bien fait. Comment a-t-il fait pour encore une fois se retrouver dans ce genre d'embrouille... « Je... j'l'ai ramenée.. » Viktor relève les yeux, lance un regard interrogateur à son fils, « Hm ? », se demandant ce qu'il a encore pu trouver à lui mettre dans les pates... Arnie a toujours été trop social, dynamique, il a toujours ramené trop de gamins à la maison, sous les yeux éberlués de son père asocial. Il le regarde donc avec une attente polie mêlée d’attendrissement, quand il le voit montrer du menton la personne à côté de lui. Viktor détache enfin le regard de son fils, la seule chose qui importe pour lui en ce moment et croise le regard de Sasha.
Ah tiens, Sasha, est reven-
Sasha, mais tu es m-
Mais Sasha pourquoi tu-

Tout d'abord, Viktor n'arrive même pas à comprendre ce qu'il se passe. La partie de son cerveau qui a accepté la mort de Sasha se bat avec celle qui ne pourra jamais commencer à essayer de l'imaginer morte. Il reste juste immobile, regard fixé sur elle, bouche entrouverte, retraçant chacun de ses traits sans arriver à se dire qu'il se passe quelque chose de réel. Il a peur de devenir fou, d'être vraiment complètement fou, et qu'il ne fasse pas que juste l'apercevoir, et s'imaginer l'entendre. Peut-être qu'il est vraiment juste timbré, que toute cette guerre l'a cassé, et qu'il a fini par complètement halluciné la présence de sa femme. « Papa… j’te jure, j’sais pas ce qui s’est passé…  » La voix fragile d'Arnold, ses mots paniqués, font lentement réaliser à Viktor que si, c'est réel. Sasha est en vie. Je le savais! crie la partie la plus aveugle de son âme, pendant que le reste de lui-même se reconstruit doucement. Sasha est en vie. Il peut de nouveau exister, il peut de nouveau se regarder en face dans le miroir, tant que Sasha est en vie, il lui reste véritablement de l'espoir. Sasha est en vie. Il sent ses poumons se remplir soudain pleinement d'oxygène. Il a l'impression de ne pas avoir véritablement expiré depuis des semaines. Sasha est en vie. Elle est là, sous ses yeux, pleine de peur, et de crainte, et de faiblesse mais il ne le voit pas encore, il se plonge dans son regard et il n'a pas besoin qu'elle dise quoi que ce soit pour se sentir, de nouveau, entier. « Tu es en vie, » murmure-t-il, si bas qu'il n'est pas sûr qu'elle l'ai entendu, si bas qu'il n'est pas sûr de s'être lui-même entendu. Je suis en vie, a-t-il envie d'ajouter, mais ces mots restent au fond de sa gorge, il n'a pas besoin de les dire. Ces mots-là, Sasha les a toujours entendu, les a toujours lu au fond de ses yeux. Il n'a jamais eu à lui dire à quel point il l'aimait et à quel il avait besoin d'elle. Cela, cependant, ne l'a jamais empêché de le faire quand même.
Tu m'as tellement manquée, Sasha. Je n'attendais que de te retrouver, je te jure que s'il n'y avait pas eu Arnie, je t'aurais rejoint sans un regard en arrière. J'ai eu besoin de toi, si souvent, si longtemps, et tu sais j'ai gardé la maison, j'ai gardé la boutique, j'ai gardé tes vêtements et j'ai gardé tout, absolument tout de toi. Ta place est toujours là, sur le côté droit du canapé, je n'ai rien oublié, et tu n'es jamais morte, et nous pouvons tout reprendre, de nouveau, comme si tu ne m'avais jamais quittée. Je te pardonne tout, Sasha.
Il ouvre la bouche, il n'a même pas la présence d'aller vers elle, peut-être inconsciemment retenu par les mains d'Arnold qui s'agrippent aux siennes. Il ne sent pas encore que quelque chose cloche. Il va pour lui dire, enfin, à quel point il veut tout refaire, tout recréer, et se faire pardonner tout ce qu'il a pu ne pas dire et ne pas faire. « J’sais pas c’qui lui est arrivé mais…  » Il est arrêté par son fils, vers qui il tourne un regard interrogateur. Quoi ? Qu'ont-ils fait à Sasha ? C'est  vrai qu'elle a l'air fragile, ainsi, comme ça, en retrait et en silence. Cela ne lui ressemble pas, de ne pas se jeter à son cou, pour l'engueuler et l'embrasser à  la fois, dans un rire clair qui chasse toutes ses angoisses. « C’est plus elle, papa. J’sais pas pourquoi.  » Ce n'est... plus elle... comment cela, ce n'est plus elle ? Viktor fronce les sourcils, essayant de comprendre pourquoi Arnold est aussi triste. Certes, s'il ne sait pas que Sasha était morte, il ne peut pas, comme Viktor, s'exalter de la voir en vie. Est-ce la peine de prendre la tête, toujours la même, qu'il a juste après lui avouer une bêtise.

« Je vous connais ! » Le cri fait sursauter Viktor qui, sur son petit nuage de bonheur, a oublié que Sasha est du genre à briser l'ambiance. Il lui jette un regard effaré, comment peut-elle parler à quelqu'un d'autre alors qu'ils se revoient enfin ? Puis il croise le doigt, et le doigt le pointe, lui, Viktor Heidelberg. Il a un brusquement mouvement de recul, et sans les mains d'Arnold toujours sur les siennes, il serait tombé. Elle se moque de lui ? Parfois, ils jouent à ne pas se connaître, elle l'appelle Monsieur, il l'appelle Madame, et ils se gourmandent de bêtises sous le regard affligé de leur fils. Mais pas aujourd'hui. « Vous étiez à Alto Creek. J'avais un peu peur. Arnie m'a dit qu'il y avait des Épouvanteurs partout, que c'était pour ça que vous étiez là... j'ai pas très bien compris. Vous êtes un chasseur d'Épouvanteurs ?  » Qu'est-ce que... Herpo Creek ? Qu'est-ce qu'ils foutaient à Herpo Creek ? Elle parle des Epouvantards maintenant ? Certes Sasha n'a jamais été la plus studieuse des élèves mais elle sait ce que c'est, un épouvantard, non ? Viktor tourne un regard vers Arnold, puis vers elle, il se souvient, à présent, ce qu'il lui a dit. C'est plus elle, Papa. Ce n'est plus Sasha.
Et, enfin, Viktor comprend.

Il comprend quoi ? Il comprend pourquoi elle est immobile, et fragile, et discrète, pourquoi elle le regarde comme si elle ne le connaissait pas, et pourquoi elle s'accroche à Arnold comme s'il était son seul rempart. Il comprend pourquoi elle regarde la Grande Salle comme si elle ne l'avait jamais vue. Il comprend, aussi, pourquoi Arnold a autant vieilli et rajeuni en même temps, pourquoi il a l'air d'avoir autant souffert, enduré, et pleuré à la fois. Aussitôt, instinctivement, ses mains se referment fermement autour des doigts de son fils, les encerclent de propres phalanges protectrices.
Il comprend, surtout, qu'à force d'avoir tout porté à leur place, Sasha a fini par se casser en mille morceaux.
Il la regarde de nouveau, sa petite Sasha, et il a envie de punir le petit de dessert pour avoir osé dire que ce n'est pas sa mère. Il ne le fait pas. Il peut comprendre que tout le monde ne connaisse pas Sasha comme il la connaît. Ils sont rares, ceux qui ont pu la voir fragile. Mais lui, Viktor, Morrigan, son mari, son amant, son bourreau, ils ont tout vu de Sasha. Il l'a vu faiblir sous les insultes de perfides Serpentards, et ployer sous le regard sévère de Viktor qui s'inquiétait pour elle. Lorsqu'elle était enceinte elle pouvait juste paniquer dans le vide et il lui fallait toujours une potion de calme pour arriver à la stabiliser. Parfois, souvent, ils parlaient d'Adèle et parfois elles hurlait et parfois elle n'était juste pas là. Et puis dès qu'il y avait Arnie, dès qu'on parlait d'Arnie, alors Sasha avait toujours été la plus faible et la plus forte de toutes. Et c'est cela que Viktor voit. Il la voit forte, sa petite Sasha qui, même sans rien, même démunie, même mise à nue, se tient quand  même devant eux.
Cela a du être si dur...

Ses doigts pianotent sur le dossier de la chaise d'Arnold et il la revoit pianoter sur le comptoir de leur salon de tatouage. « Arnie, j'ai mal à la tête, tu crois que je pourrais sortir? Il fait chaud ici, quand même...  » Et il sourit, bêtement, d'entendre sa voix, c'est bête comment rien n'a l'air grave tant qu'il entend la voix de Sasha. Elle ne va pas bien, ok, Arnold est blessé, ok, tout cela n'est pas si grave au fond. Parce qu'ils sont en vie, ils sont là, et Viktor a arrêté de fuir.

Doucement, il démêle ses doigts de ceux d'Arnold, et se redresse. Il a oublié qu'il était si grand, face à Sasha. Elle le fait toujours se faire sentir plus grand. « Tu as raison, il fait un peu chaud, et il y a beaucoup de monde. Venez avec moi, je vais vous emmener dans un endroit plus calme. » D'un geste, il les invite à le suivre. Il les laisse derrière lui, à marcher main dans la main, sa femme et son fils, sa famille, enfin avec lui. Il les guide, comme s'il était chez lui, à travers les rangs de blessés de la Grande Salle, jusqu'à la petite salle à l'arrière, là où pouvaient avant se réunir les professeurs. Il n'est jamais entré dans cette salle avant la guerre. C'est pour cela que c'est celle qu'il déteste le moins. Elle sert en quelque sorte d'arrière boutique aux médecins et soigneurs de la Grande Salle, et ils y ont laissé tout ce qu'il leur reste de plantes, de potions, d'instruments et d'outils. Il indique un coffre à Sasha, en lui offrant un sourire tendre qu'il ne peut pas retenir. Parce que c'est elle, et qu'elle est en vie, et qu'elle ne compte pas lui cacher qui il est. « Assieds-toi là, je vais préparer une tisane, cela devrait faire du bien à tout le monde. » Et avant de se diriger vers la petite table, il lance un regard à Arnold : « Et toi, jeune homme, tu vas m'attraper la valériane derrière toi s'il te plait. »
Cela le calme toujours, de préparer de la tisane. Cela le calme, de faire quelque chose de normal, avec Sasha dans un coin et Arnold qui grommelle sûrement quelque chose en lui ramenant les ingrédients. Il sort sa baguette, chauffe rapidement de l'eau, prépare des verres, parce qu'ils n'ont plus de tasses, et il a presque envie de pleurer parce qu'il en prépare trois, et que c'est pour eux. Il tend rapidement deux tasses à son fils, qui le regarde avec tant d'émotions et de peur dans le regard qu'il se sent obligé de lui sourire et de lui murmurer : « Merci de l'avoir ramenée, Arnie... tout va aller mieux maintenant. Allez, ramène ça à ta mère. » Et comme la phrase sonne juste à ses oreilles.

Il ramène la théière, pousse de la baguette une petite table, y pose le tout, et s'installe sur un tabouret en face de Sasha. Elle le regarde toujours aussi bizarrement. Cela lui fait bizarre, mais il s’habituera. Rien que le fait qu'elle le regarde, c'est bien assez. Cependant, il n'est pas Arnold. Il a peur de la guerre, il a peur de mourir, il a peur de la violence, mais il n'a pas peur de Sasha, aussi fragile, aussi cassée soit-elle. Alors il lui sourit doucement, calmement, et se retient de lui prendre les mains, malgré qu'il ai toujours fait ça pour la mettre à l'aise. Il la laisse à côté d'Arnold, parce que c'est la seule chose qui a l'air de lui sembler réelle. Ce n'est pas grave, cela reviendra.

« Bonjour Sasha, je suis Viktor. Je pense que tu as remarqué, mais tu as perdu certains de tes souvenirs. » Pour ne pas dire tous, parce qu'il refuse de se l'avouer. Pas encore. « Je suis Viktor, et je suis ton mari. » Il voit ses yeux s'agrandir, et continue, aussi sereinement qu'il en est capable. « Je ne te demande pas de t'en souvenir, bien entendu, et je ne te demande pas de... tu n'as pas à être ma femme. Ce n'est pas ce que je veux te dire. Je ne veux pas te faire peur. » C'est bizarre comme on pourrait penser, le connaissant, qu'il ne sache pas quoi dire et qu'il reste juste à bégayer sous son regard sévère. Pourtant, ce qu'il a à dire lui semble si évident que tout coule sur sa langue avec aisance. « Je veux juste te dire que je suis ta famille, Sasha, et Arnie aussi. Que tu n'es pas seule. Que nous t'aimons. » Que je t'aime, peut-être encore plus qu'avant, si cela est possible. « Et que, si tu me le permets, je peux te protéger, et je peux t'aider, et je peux t'apprendre tout ce que tu veux savoir sur toi-même. Et dans tous les cas, je veux que tu saches, que quoi que tu fasses, tu pourras toujours compter sur moi. » Et c'est terrible, parce que ce n'est pas censé être quelque chose qu'il a besoin de dire. « Est-ce que tu comprends ? » Est-ce que tu te souviens?
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papa & Sasha • 01/10/03
Sometimes I think I'm not that strong But there's a force that carries me on. Sick of my small heart, made of steel, Sick of those wounds that never heal.

Tu te concentres sur ton père, lui au moins, c’est encore ton père ; c’est ton père plus que jamais, parce qu’il est là où tu te serais pas attendu à ce qu’il soit. Tu aurais imaginé le retrouver dans son salon de tatouage, inlassablement à sa place quand le reste du monde ne l’était plus. Sauf qu’il était là, utile, courageux comme tu ne l’avais sans doute jamais vu, ou jamais voulu voir.
T’as vaguement l’impression que le rôle de tes parents s’est inversé ; à ceci près que, même lorsqu’il n’avait pas voulu bouger, Viktor t’avait toujours -et même un peu trop- reconnu comme son fils.
Et pourtant, tu peux pas t’empêcher, tout au fond, de lui en vouloir.
Parce que c’est facile de se dire que s’il ne vous avait pas laissé partir ; ou plutôt, s’il était parti avec vous, mam- Sasha n’aurait pas perdu la mémoire de maman.
C’est facile de dire ça ; mais récemment, les choses étaient si compliquées que t’aimerais bien quelque chose d’un peu plus facile.

Le silence dans lequel vous vous murez -lui de stupéfaction, et toi de résignation, est brisé par l’exclamation de Sasha qui le reconnaît. Là non plus, pas d’illusion, si ce n’est le souvenir de celle, terrifiante de l’Epouvantard auquel elle avait fait face. J’étais plus ou moins parvenu à ce moment-là à la persuader que ça n’était pas réel. Pour ta part, j’étais conscient que tu étais au courant, et pourtant, c’est comme si le tableau de tes parents trébuchant vers toi, l’oeil vide et néanmoins vivant, ne lâchait plus tes pupilles sombres.
Toutefois, le regard de ce père-là ne vacille pas.
Tu te dis bêtement que c’est parce qu’il vient de sortir de son trou, qu’il est encore brave du courage qu’il a rassemblé pendant tout ce temps pour finir par oser sortir. Toi, t’avais eu le temps de rien amasser, si ce n’est les ennuis et les responsabilités de dernière minute.
Tu n’arrives même plus à te satisfaire des efforts que faisait actuellement ton père. A croire que les adultes t’avaient trop de fois déçu.

Tu le suis, cependant, jusqu’à l’arrière-salle des professeurs, tenant Sasha par une main sans même plus y faire attention, comme un réflexe sans aucune signification. Et pourtant, pourtant, quand tu étais petit, c’était papa dont tu tenais toujours la main. Maman, c’était un peu plus rare, un peu plus exclusif ; c’était quand elle te portait sur tes épaules, ou te faisait faire le Nimbus 2000.
Tes épaules sont courbées ; c’est pas bon pour ton âge. En pleine croissance, papa n’aurait dû avoir de cesse de te répéter de te tenir droit. Sauf que pour l’instant, ta croissance, tu l’avais passé dehors entre deux pays, entre deux familles, entre deux crises de larme.
On peut pas mûrir quand on grandit trop vite. On n’a pas le temps de criser, on n’a pas le temps de se rebeller contre ses parents, puis de se réconcilier. On n’a pas le temps de se découvrir et de découvrir le reste du monde.
Tu ne sais même plus comment considérer tes parents : ils sont à la fois nouveaux, et pourtant, très anciens.

Tu te retrouves sans savoir comment avec une tisane entre les mains. Tu en donnes une à Sasha, et te poses à côté d’elle, sur le coffre. Le verre est brûlant, mal lavé et t’as jamais vraiment aimé les tisanes ; ce que tu préférais à l’époque, c’est que, quand papa en préparait, ça signifiait que tu pouvais te coucher un peu plus tard, le temps de la finir. De fait, tu mettais toujours un temps interminable avant de la siroter ; juste pour veiller avec eux. Tu te souviens pas de ça, non plus, hein ?
Tu te crispes un peu, quand ton père révèle à Sasha que tu es de sa famille ; parce que ça ne t’avait pas paru primordial de le lui dire. Mais était-elle seulement encore capable de te faire des remontrances ? Oh, comme tu aimerais qu’elle te gronde, comme une mère !
Il a l’air de gérer, papa, mais t’arrives même pas à l’en féliciter. Tu t’en veux de ne pas avoir pu gérer comme lui. Tu t’en veux qu’il n’ait pas été là pour gérer. Tu t’en veux que vous n’ayez pas été là pour empêcher tout ça. Si ça se trouve, son accident s’était produit pendant que tu vaquais à sa recherche. Peut-être même que ça s’est produit alors que nous étions encore sur le bateau en partance pour la France !
On ne sait pas ; on ne sait pas qui lui a fait ça !

« Papa … » tu marmonnes, tandis qu’il lui promet qu’il va pouvoir l’aider. Aide-moi, papa. « papa ...! » Tu vas enfin te décider à nous aider ? Tu relèves la tête, ton regard sombre est humide. « Papa, elle cherche Morrigan. » Tu ne la regardes pas ; elle aurait pu le dire, mais tu avais besoin que ça sorte ; tu avais besoin de le jeter à la figure de ton père, comme une vieille serviette brûlante.
J’ai pas l’habitude de te voir si courageux, papa ; si tu le fais si bien, pourquoi tu l’as pas fait avant ??
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WIZARD • always the first casuality
Adidja Zabini
Adidja Zabini
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‹ âge : vingt-et-un ans.
‹ occupation : chanteur, compositeur, producteur, étudiant au sawl center (musicomagie).
‹ maison : gryffondor.
‹ scolarité : sept. 1994 - jun. 2002.
‹ baguette : 25,4 cm, crin de licorne, bois de chêne.
‹ gallions (ʛ) : 3283
‹ réputation : (trop) gentil et doux, to be protected at all costs, talentueux, bitchasse, maniéré, cinammon roll too good for this world, too pure.
‹ particularité : un peu de magie sans baguette, héritage de sa mère.
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‹ patronus : n'a jamais su en faire.
‹ épouvantard : le cadavre de sa soeur jumelle nina.
‹ risèd : sa famille réunie; sa mère fière de lui.
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« Tu as raison, il fait un peu chaud, et il y a beaucoup de monde. » Elle regarde Arnie genre ah tu vois c'est ce que j'ai dis, j'avais raison, et avec un plaisir évident. Elle a oublié qu'ils étaient accompagnés, un instant, mais l'homme est charmant, et joli, même si ses yeux sont un peu triste. Mais ici, tous les yeux sont un peu tristes. « Venez avec moi, je vais vous emmener dans un endroit plus calme. Mer-ci, ” chantonne-t-elle à moitié, pensive, les bruits de la Grande Salle faisant s'envoler les quelques prises maladroites qu'elle a sur sa raison et sa logique, et soudainement elle se met à le suivre d'un pas rapide, prenant la main d'Arnie dans la sienne comme pour ne pas le perdre dans la foule, mémoire musculaire. Elle garde les yeux vissés sur la nuque de l'homme, qui ne s'est toujours pas présenté mais elle ne peut s'empêcher de penser que son nom va s'imposer à elle comme le nom de Morrigan s'est imposé à elle, et elle oublie l'Imposante Salle, et les gens qui hurlent et qui crient et qui prient et qui gémissent. Ils l'importent peu, elle ne les connait pas, elle se contente d'avancer en tirant Arnie derrière elle.
Ils s'asseyant dans une antichambre et Sasha se sent un peu plus légère, c'est moins bruyant ici. Elle regarde l'homme s'agiter dans la petite pièce, préparer une tisane; le mot lui est familier, et la sensation aussi quand Arnie lui fourre un verre entre les mains, même si elle se demande quel goût ça va avoir. Morrigan ne lui a jamais fait de tisane.

« Bonjour Sasha, je suis Viktor. Bonjour Viktor. Elle donne un coup de coude à Arnie pour qu'il se présente aussi, mais il ne le fait pas. Ah oui. C'est son père. Pas besoin. — Je pense que tu as remarqué, mais tu as perdu certains de tes souvenirs. » Elle fronce les sourcils, puis se détend. Morrigan ne dit pas non, donc ça veut dire que c'est vrai.

Et... c'est vrai qu'il y a... comme un vide.

Quelque part.

Là.

Juste là.

« Je suis Viktor, et je suis ton mari. »

Il y avait une bague. Elle regarde sa main. Il y a une trace claire sur la peau, là où son annulaire rencontre son poing. Elle porte l'autre main à sa poitrine, là où le pendentif soutient l'anneau sous ses vêtements, et le touche à travers le gilet.

Son. Mari.

Il ment. Ne l'écoute pas.

Il a l'air tellement sûr de lui pourtant.

Il ment.

Il a l'air tellement calme et sûr de lui.

« Je ne te demande pas de t'en souvenir, bien entendu, et je ne te demande pas de... tu n'as pas à être ma femme. Ce n'est pas ce que je veux te dire. Je ne veux pas te faire peur. » Elle n'a pas peur. Elle ne comprend pas, voilà tout.

Elle ne se souvient pas. « Je veux juste te dire que je suis ta famille, Sasha, et Arnie aussi. Que tu n'es pas seule. Que nous t'aimons. » Arnie... sa famille?
Si c'est son papa, alors t'es la maman.
Si t'es la maman, alors c'est ton fils.
Mais. Non.
Arnie ne lui a jamais dit ça.
Mais. Non.
Arnie lui a menti?

« Et que, si tu me le permets, je peux te protéger, et je peux t'aider, et je peux t'apprendre tout ce que tu veux savoir sur toi-même. Et dans tous les cas, je veux que tu saches, que quoi que tu fasses, tu pourras toujours compter sur moi. »

IL MENT.

« Est-ce que tu comprends ? »

Elle ne répond pas.
Ce n'est pas qu'elle comprend pas.
Juste. Que ça ne fait. Aucun. Sens.

Et puis “ il ment ” pour tout ce qu'elle sait maintenant “ il ment ” eh bien il pourrait être en train “ IL MENT ” de mentir.

« Papa, elle cherche Morrigan. »

C'est comme si on venait d'appuyer sur un interrupteur. Elle s'est avachie, comme assourdie et alourdie par les révélations de l'homme — son nom est Viktor, se rappelle-t-elle — et tout d'un coup, elle se redresse, en manquerait presque de renverser sa tisane. “ Vous connaissez Morrigan? ” demande-t-elle et elle voit sur son visage qu'elle n'aurait pas dû faire ça.

Mince. Il ne va pas l'aider si elle continue comme ça. “ Euh... pardon. J'entends ce que vous dites. Vous êtes mon mari, IL MENT, Arnie est mon fils, IL MENT JE TE DIS, vous êtes là, IL MENT, vous me forcez à rien, IL MENT JE TE DIS, j'ai oublié des trucs, IL MENT. Ça veut dire que vous pouvez m'aider à trouver Morrigan, hein? C'est très important que je la trouve, elle doit être toute perdue maintenant, je l'ai laissée seule dans la Forêt vous voyez, et Arnie il m'a sortie de la Forêt, il avait raison hein, mais... mais je sais pas si elle va se débrouiller sans moi, elle doit avoir peur, toute seule, dans le noir et je veux pas- elle renifle -je veux pas que Morrigan ait peur sinon- ” Et les larmes montent, puis roulent sur ses joues alors que son corps est agité de sanglots incontrôlables, comme à chaque fois qu'elle se met à parler de Morrigan.


Dernière édition par Sasha Heidelberg le Sam 4 Fév 2017 - 18:29, édité 1 fois
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Arnie & Sasha • 01/10/03
Every breath I take is heavy with the thought of you. The moment I awake I'm chasing signs. Never give up, I never give up. It's never enough, it's never enough.

« Papa ... » Son père le lui a pourtant dit un milliard de fois, qu'il ne faut pas marmonner lorsque l'on veut dire quelque chose. Viktor peut encore se souvenir d'avoir utilisé sa voix de papa un milliard de fois pour lui demander d'articuler, de se tenir droit, de finir ses légumes et, par Merlin, d'arrêter de l'interrompre quand il parle ! Viktor continue de parler, parce qu'il doit finir ce qu'il a à dire, et il fixe Sasha, attend sa réaction, espère un éclat de reconnaissance dans ses yeux... Il étouffe, de pouvoir la regarder dans les yeux, d'être de nouveau avec elle, de pouvoir respirer en même temps qu'elle. Tout va bien se passer, s'ils sont ensemble, si Arnold est de retour, si Sasha est en vie, si Viktor a réussi à quitter sa boutique. Cela va demander du travail, mais ce n'est pas grave, il s'en occupera.
« Papa... ! » Finalement, Viktor tourne le regard vers Arnold. Il se tient courbé, son fils, avec les épaules qui tombent, et le regard par en dessous. C'est terrible comme il peut voir à quel point ce garçon a vécu sans parents, toutes ces années. Il se demande s'il peut réparer cela, rattraper le temps perdu, sauver ce petit être qui l'a déjà tant de fois sauvé de la folie. « Oui ? » demande-t-il, presque tranquille. C'est son rôle, en cet instant, d'être le père calme et encourageant face au regard, sombre et humide, de son fils. Il ignore ce qui agite ainsi Arnold. Il ne connait plus ses soucis comme avant, et il se sent terriblement nu, en cet instant, de ne pas comprendre celui qui avant ne pouvait pas taire ses moindres caprices. Il lui sourit.

« Papa, elle cherche Morrigan. »
C'est comme si on venait d'appuyer sur un interrupteur. Sasha se redresse, fait un mouvement en avant, tandis que Viktor a cet instinct de défense, immédiat, de faire reculer brusquement sa chaise, pour s'éloigner de son fils. Le genre de geste qu'il n'a jamais eu, à aucun moment, depuis la naissance du garçon. Il a toujours été le papa poule, celui qui s'accroche, celui qui ennuie, celui qui ne lâche jamais. Pas celui qui a un mouvement de recul comme si on venait de le brûler, en regardant l'adolescent avec horreur. Il murmure presque immédiatement :
« Morrigan est m... -Vous connaissez Morrigan ?  »
Nouveau mouvement de recul, la chaise racle encore le sol, alors qu'il se souvient brusquement que Sasha est là aussi, et ce prénom dans sa bouche c'est encore comme si on sortait ses tripes à grands coups de pelle. Il suffoque. Sasha n'a pas le droit de parler de Morrigan. Cela fait des années maintenant que, même au plus sombre de leurs disputes, elle ne ramène jamais ce prénom. Morrigan est morte. Ils se sont accordés là-dessus, en quittant l'Angleterre. Elle n'a jamais existé, et il aurait du vivre sans elle, loin du rappel de son existence. Pourtant, il a l'impression qu'elle vient toujours plus près. Depuis qu'ils ont traversé la Manche, Morrigan est comme cette ombre terrible qui se faufile sur le sol et qui vient toujours plus proche de lui. Il a eu beau fuir, elle revient toujours le taquiner de ses doigts manucurés.
Il a l'impression qu'elle se tient actuellement devant lui, toute de blondeur et de sourire, elle a les yeux cruels, le rire au bord des lèvres et ses longs doigts entourent son cou et l'empêchent de respirer. Elle lui murmure des horreurs, elle lui promet des souffrances éternelles, et elle lui explique encore, encore, comme il va regretter de l'avoir tuée. Elle lui susurre, encore, encore, comme il va regretter de leur avoir tous menti.

« Euh... pardon. J'entends ce que vous dites. Vous êtes mon mari, Arnie est mon fils, vous êtes là, vous me forcez à rien,  j'ai oublié des trucs.  » Il la regarde lui parler sans l'entendre, tétanisé de peur. Sa respiration reste bloquée au fin fond de sa gorge, comme ses tripes, ses larmes, ses cris, son amour. Il la regarde énumérer avec neutralité ce qui constitue tout le bonheur de sa vie. « Ca veut dire que vous pouvez m'aider à trouver Morrigan, hein ? »  Il la regarde demander avec amour ce qui est certainement ce qui finira de le briser. Il n'arrive pas à lui répondre, tout comme il n'arrive pas à comprendre ce qui est en train de se passer. « C'est très important que je la trouve, elle doit être toute perdue maintenant, je l'ai laissée seule dans la Forêt vous voyez, et Arnie il m'a sortie de la Forêt, il avait raison hein, mais... mais je sais pas si elle va se débrouiller sans moi, elle doit avoir peur, toute seule, dans le noir et je veux pas- elle renifle je veux pas que Morrigan ait peur sinon-  » Pourquoi se trompe-t-elle ? C'est Viktor qui est perdu, c'est lui qu'on a laissé seul, qui ne peut pas se débrouiller sans elle, qui a peur, seul, dans le noir. Il ne comprend pas, ou alors il refuse de comprendre. Il refuse de se dire que Morrigan a raison, qu'au fond elle n'est pas morte, qu'elle n'a jamais disparu et qu'au final, toutes ces années, il n'a fait que mentir, à tout le monde. Il n'est pas Viktor. Il est Morrigan. Et au fond, c'est Sasha qui a raison.

Il aurait pu se perdre longtemps, ainsi, à ressasser dans le vide ses pires terreurs et ses plus grandes souffrances. Sauf que Sasha pleure. Et c'est plus fort que lui, depuis des années maintenant, quand Sasha pleure il  abandonne tout ce qu'il fait, tout ce qu'il pense et il va vers elle. Il est soudain à genoux devant elle, sans savoir comment il est arrivé là, et c'est par pur instinct qu'il la prend dans ses bras, comme on s'accroche à soit-même lorsqu'on a peur. C'est simple et évident : lorsque Sasha pleure, Viktor la prend dans ses bras. Parce que Sasha fait la dure et la forte, et elle pleure rarement, mais elle pleure quand même plus souvent que ce que les autres pensent. Plus souvent depuis qu'elle se réfugie dans les bras de son mari. Tout comme lui n'a jamais aussi bien appris à pleurer qu'avec elle. Il n'a jamais retenu de sanglots contre elle. Jusqu'à aujourd'hui.
Le corps est faible et tremblant entre ses bras, et sa main posée dans ses cheveux tressaute avec la tête de son épouse qui pleure, pleure, pleure contre lui. Elle pleure de la perte de celle qu'ils ont tué ensemble. Il ne s'arrête pas à l'absurdité de la chose. Il n'y réfléchit pas. Il sent déjà qu'il commence à se désolidariser de son corps, comme avant et qu'il passera sûrement, maintenant, beaucoup de temps dans cet état second, à faire des choses qu'il n'a pas du tout envie de faire.

Les mots ont du mal à passer ses lèvres, parce qu'il faut qu'il laisse passer les bons, et qu'il garde enfermer les larmes, les tripes, les cris et les insultes. « N'aie pas peur. » Il est incapable de répondre à sa question, incapable de prononcer de nouveau ce prénom devant elle. « Je suis là, Arnie aussi. » Même si cela ne veut rien dire pour elle, maintenant. « On va y arriver. » Il ne sait pas trop à quoi, mais certainement pas à retrouver Morrigan. Il se sait absolument incapable ne serait-ce que de simuler vouloir l'aider dans cette tâche. « N'aie pas peur. »

Par dessus les cheveux de Sasha, il croise les yeux d'Arnold. Ils sont terribles, les yeux de son fils posé sur lui, alors qu'il se sent plus vulnérable que jamais. Un instant, le visage de Viktor exprime toute la peur qu'il ressent, celle qui le cloue au sol, qui le fait se réfugier dans les automatismes, juste pour ne pas paniquer définitivement, ne pas partir en courant et fuir plus loin qu'il n'a jamais fui. Il ne comprend pas quand, exactement, la merveilleuse nouvelle du miracle appelé Sasha s'est transformée en cauchemar. Mais c'est un cauchemar qu'Arnold vit, déjà, depuis trop longtemps. Un enfant comme lui ne devrait pas voir cela, ses deux parents qui s'effondrent et qui, soudain, ont besoin de lui quand ils devraient l'aider lui.
Cependant Viktor n'y pense pas, non, il s'accroche juste au regard de son fils et c'est presque suppliant qu'il ajoute : « On va rester avec toi. Hein Arnie ? » Parce que le seul moment où Viktor arrive à être un superhéro, c'est quand son fils le regarde.
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papa & Sasha • 01/10/03
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Tu l’avais sentie se redresser aussitôt que tu avais mentionné Morrigan. Et comme à chaque fois depuis vos retrouvailles votre rencontre, ça te glaçait les sangs. Cet enthousiasme naïf te dégoûtait presque. De se dire que de tout ce qu’elle avait oublié, il ne restait plus que le pire, il ne restait plus que le lourd secret de papa, le fardeau de papa, comme une triste ironie, comme si, dans les tourments qui lui avaient fait perdre la mémoire, maman, dans un dernier cri de rage, avait maudit papa. Puisque tu n’as pas voulu nous venir en aide, sois maudit, Viktor ; désormais, tu ne seras jamais plus que Morrigan à mes yeux !

La réaction est immédiate. Le visage de Viktor se décompose dans le crissement de sa chaise. Le soir où ils t’avaient sérieusement parlé de papa et Morrigan, il n’avait pas dit grand-chose, laissant maman narrer cette terrible histoire. Il ne prononçait jamais son nom, comme on craindrait de réveiller un mort. Ce n’est pas tant qu’il donne l’impression d’avoir vu un fantôme que d’être renvoyé à l’état de l’un d’entre eux.
Par son nom, Sasha ressuscite Morrigan. Et quitte à ce que, pour ça, elle doive sacrifier son mari oublié.

Et qui pourrait le croire ? Elle ne se rend pas compte du mal qu’elle lui fait. Elle ne se rend pas compte du mal qu’elle vous fait. Elle a tout gâché ; il ne faut pas que tu penses ça, Arnold, ça n’est pas de sa faute. Ça n’est pas toujours de la faute de quelqu’un. C’est pas si facile que ça, la vie, parfois. C’est même très souvent tristement ironique. Tu as encore tant de choses à apprendre, Arnold. Et déjà, plus personne pour t’apprendre quoi que ce soit. Il y a bien ton père mais le regard que tu poses sur lui, tandis qu’il prend Sasha dans ses bras est terrible.

Tu ne sais pas pourquoi tu ressens ça à l’égard de ton père. Tu sais pas pourquoi tu ne parviens pas à le remercier, à être rassuré de sa présence. C’est toujours lui qui avait été prudent, veillant à ce qui ne t’arrive rien. Mais aujourd’hui, il t’était arrivé trop de choses, et s’il se montrait prudent, c’était en grande partie vis-à-vis de toi ; comme s’il ne te connaissait plus non plus.
Et toi non plus, tu ne sais plus. Tu as toujours mis un point d’honneur à ne pas respecter ton père, juste parce qu’il était toujours celui qui avait raison. Mais aujourd’hui, c’est comme si tu ne le respectais plus parce que tu ne l’en croyais pas digne.
Mais qui es-tu pour le juger, Arnold ? Tu ne vaux pas mieux que lui quand il se terrait dans sa boutique.
Tu te terres dans ton regard froid contre lequel il écrase le sien, brûlant de larmes ravalées.

Tu vas même jusqu’à poser une main sur le haut du crâne de Sasha. Une main lourde, morte, froide comme la pierre, le sang qui a quitté tes membres. Ton coeur pourrait s’arrêter de battre, parce qu’il n’a plus personne pour qui battre.
Pourquoi t’es comme ça, Arnold ? Pourquoi quand la situation est déjà suffisamment désespérée comme ça, il faut que tu en rajoutes une couche ?
Tu ne veux pas être responsable de la catastrophe, c’est ce que tu crois. Alors tu vas la précipiter.
« Oui, on va t’aider, Sasha. » Madame Sasha Turkish Heidelberg, je vous relève de vos fonctions maternelles ; Monsieur Viktor Morrigan Heidelberg m’en soit témoin.
Pourquoi tu leur fais ça, Arnold ?
Si ton père a décidé de jouer les superhéros, alors tu seras son némésis. Tu croiras l’être, quand ça dépasse de loin ta crise adolescente.
Il n’y a qu’elle qui mérite d’être secourue, de toute façon, pas vrai ? C’est pas à toi de secourir tes parents.
Aide-moi, papa.

« Je vais voir si je peux me rendre utile ailleurs. »
Tu arraches tes yeux à ceux de ton père assassiné. Pourquoi t’es comme ça, Arnold ? Pourquoi tu veux lui faire du mal ? Il n’a rien fait !
Ouais, c’est ça, il n’a rien fait.
Sauve-moi papa.
Tu tournes les talons, déposes la tisane tiédie que tu n’as pas touchée sur un tonneau.
Pourquoi t’es comme ça, Arnold ? Tu me dégoûtes ; et par-dessus tout, tu te dégoûtes toi-même.
Sauve-moi de moi, p’pa.
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‹ âge : vingt-et-un ans.
‹ occupation : chanteur, compositeur, producteur, étudiant au sawl center (musicomagie).
‹ maison : gryffondor.
‹ scolarité : sept. 1994 - jun. 2002.
‹ baguette : 25,4 cm, crin de licorne, bois de chêne.
‹ gallions (ʛ) : 3283
‹ réputation : (trop) gentil et doux, to be protected at all costs, talentueux, bitchasse, maniéré, cinammon roll too good for this world, too pure.
‹ particularité : un peu de magie sans baguette, héritage de sa mère.
‹ résidence : dans un petit appartement de whitehorn, qu'il utilise aussi comme studio.
‹ patronus : n'a jamais su en faire.
‹ épouvantard : le cadavre de sa soeur jumelle nina.
‹ risèd : sa famille réunie; sa mère fière de lui.
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Et elle pleure.
Elle pleure pour sa pire ennemie, pour celle qui a failli tuer Viktor, celle qui a failli tuer son mari. Elle pleure pour la pire chose qui lui soit jamais arrivée, cette pétasse de Morrigan qui critiquait toujours ses chaussettes et qui a failli tuer Viktor, son mari, son mari parfait et aimant et plein de courage malgré tout, son mari qui fait des blagues nulles et qui porte des marinières moches, son mari qui sait pas dire ce qu'il veut sauf dans les moments importants, son mari qui l'adore et l'aime comme si elle était parfaite, son mari qui l'embrasse et la serre contre lui, son mari devant lequel elle peut pleurer, crier, gémir, hurler, sans jamais se sentir vulnérable, son mari qui la rend forte, tellement forte, genre j'ai un feu à la place du coeur. Elle pleure pour sa pire ennemie, elle pleure sa pire ennemie et elle ne sait même pas combien ça ferait hurler la vraie Sasha, combien ça la rendrait dingue, comment la vraie Sasha serait capable de lui arracher les yeux du crâne avec ses ongles, comment la vraie Sasha protégerait physiquement son mari formidable du prénom honni, comment la vraie Sasha préférerait s'arracher la gorge et les cordes vocales plutôt que de prononcer ce prénom maudit, maudit, maudit. Elle haïssait tellement encore Morrigan, avant de tout oublier, avant de mourir. Elle la haïssait tous les jours, même les jours où elle ne le disait pas à Viktor. Elle la haïssait parce qu'elle avait représenté tout ce qui était de pervers dans cette société sorcière, elle la haïssait pour avoir failli tuer Viktor, elle la haïssait pour avoir été cruelle, méchante, toxique, horrible. Elle la haïssait de la manière qu'on a d'haïr quelque chose viscéralement, c'était une haine à en devenir dégoûtante, une haine qui vous faisait perdre la tête. Sasha savait, avant de mourir, que cette haine était sans doute la chose la plus terrible à son propos. Parce que de cette haine, tout pouvait ressortir, hystérie, rage, colère et pleurs. Parce que quelque chose ou quelqu'un lui rappelle Morrigan, elle hurlait et se battait et devenait violente, limite flippante. Parce que la simple évocation, même mentale, de cette sale pute pouvait la rendre morbide, meurtrière, létale, énervée, insupportable.

Mais là, elle pleure toutes les larmes de son corps, parce que c'est pas Sasha, c'est pas la vraie Sasha en tout cas, qui sait que la pire chose qui lui soit jamais arrivée, c'est une Serpentard de son année et que la meilleure chose qui lui soit jamais arrivée, c'est cette Serpentard des années plus tard, mais avec des lunettes et des petits yeux bleus et un sourire timide et un nom stupide genre Viktor.

Elle sait pas alors elle pleure, parce qu'elle a l'impression d'oublier un truc important.
Celui qui dit qu'il est son mari, Viktor, l'enlace fermement et elle trouve un peu de force dans celle qui agite ses bras maladroitement enlacés autour d'elle.
Celui qui est apparement son fils, Arnie, pose une main sur son crâne.
Ils prononcent des mots mais elle n'écoute pas, elle pleure, son visage enfoui contre l'épaule de l'homme, alors que l'angoisse à l'idée de ne pas retrouver Morrigan l'étreint, cette sale pute, elle les ruinera vraiment jusqu'à la fin.
Elle pleure quand Arnie part, parce qu'elle oublie quelque chose de capital, quelque chose d'important qu'elle doit leur dire. Elle pleure quand Viktor se détache un peu, quand les larmes se calment, parce qu'elle oublie quelque chose de super important, qu'ils doivent savoir. Elle pleure quand il lui demande si ça va, parce qu'elle oublie quelque chose dE PUTAIN D'IMPORTANT DIS-LEUR QUE TU LES AIMES PARCE QUE TU LES AIMES MORRIGAN TE MENT DEPUIS LE DÉBUT T'ES PERDUE DANS TA TÊTE ET TU SAIS PAS CE QUE TU DIS CE QUE TU FAIS OU CE QUE TU PENSES TU FAIS N'IMPORTE QUOI SASHA C'EST QUOI ÇA?

Mais elle reste silencieuse, renifle, son poignet venant percuter sa pommette pour effacer les larmes, sa paume presque cruelle à la lisière de ses yeux. “ Je veux dormir, ” dit-elle d'une voix un peu faible, et l'homme, dont le nom s'efface déjà de son esprit, l'aide à se relever, la mène à un lit et elle s'écroule, s'enfonçant profondément dans une inconscience bien plus douce que celle qu'elle vit à chaque moment où elle a les yeux ouverts.

C'est comme une étendue d'eau sur laquelle on envoie des pierres pour observer les ondulations à la surface. Quand il lui dit qu'il est son mari, ça fait des petites vagues, quand elle pense à Morrigan, ça fait des cascades, des tsunamis, des explosions.
Et puis au final, comme toujours, la surface de l'eau redevient complètement lisse. Comme si rien ne l'avait jamais touché. Tout est pardonné. Tout est oublié.
Et on recommence.
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