« Expecto Patronum » Silence. Rien ne se passe. « Expecto Patronum ! » Plus violemment, plus fort. La baguette remue dans les airs. Mais rien ne se passe. « Expecto, Patronum !! » Wendy n’en démord pas, mais elle est fatiguée de n’arriver jamais à rien. « Ex-pec-to-pa-tro-num » Détache bien chaque syllabe, paraît-il que l’articulation, c’est important. Prononce le sort clairement et agite ta baguette d’un mouvement assuré. Elle se rappelle, il n’y a pas que Mafie qui le lui ait répété. Sans cesse. « EXPECTO PATRONUM, ‘god ! » Mais plus elle perd patience, plus les chances de réussir le sortilège se font minces. Ça ne sert à rien : elle n’y arrive pas. Elle n’y arrivera pas. « expectopatronum, expectopatronum, expectopatronum, expecto-FUCKING-patronum ! » La baguette quitte sa poigne et s’envole à l’autre bout de la pièce, visiblement mécontente de son mauvais traitement. « Fuck. » Wendy s’effondre, accroupie, la tête dans les mains. Elle est en colère, elle est lessivée. La salle sur demande est vide, silencieuse, figée. Elle a au moins la chance d’être seule, sans aucun spectateur pour la juger, ou subir ses sautes d’humeur. Elle se dit, c’est déjà ça. Elle aurait voulu continuer des heures et des heures sans jamais s’arrêter, jusqu’à réussir, jusqu’à savoir. Mais ses paupières sont lourdes, sa crampe au poignet la lance, elle a un mal de crâne infernal et elle sent de toute manière qu’aujourd’hui, rien ne bon ne s’échappera de sa baguette qui, elle-même, a l’air de lui tirer la tronche. Elle pourrait se lever, lutter contre le sommeil, contre le pessimisme qui lui habite l’esprit, aujourd’hui, et qui est si rare chez elle, pourtant. Elle pourrait— elle devrait aller attraper Matteo par la manche, l’obliger à lui apprendre tout, jusqu’à ce qu’elle sache tout. Elle devrait, parce que le temps est compté, parce que depuis quelques années déjà, le pire n’est jamais loin et qu’il faut être prêt à n'importe quoi. Mais, putain, pas ce soir, ce soir, elle n’en peut plus. Depuis qu’elle est ici, les jours passent plus lentement, et ça leur fait du bien à tous, on dirait. On sait ce qui est dehors mais on a du temps pour récupérer des mois précédents, et un endroit pour se préparer aux suivants. Aux inévitables suivants. On n’a pas peur— enfin, elle n’a pas peur. Elle ne s’en laisse pas le droit. Mais elle voudrait pouvoir frapper de ses poings, elle aimerait que ce soit suffisant. Les sorts lui font défaut, cette baguette n’est pas la sienne, l’expérience qu’elle a acquise entre ces murs reste trop primaire. Elle a grandi trop vite, en laissant derrière elle ses promesses d’avenir fructueux. Elle a grandi trop vite et maintenant : c’est trop tard.
Elle ne quitte pas la salle sur demande tout de suite. Assise, le dos contre le mur froid, elle s’entraîne aux incantations qu’elle connaît déjà, plus douces, moins utiles ; laisse ses yeux reposer, son cerveau surchargé se mettre en veille, un moment. Elle somnole. Dehors, le monde a dû tourner sans elle. Wendy, elle ne s’est peut-être pas rendu compte qu’elle a passé la journée ici et que déjà le soleil est à l’autre bout de la terre, l’heure du dîner est passée, et son ventre est vide mais elle connu pire. Bien pire. La frustration est toujours là, moins lourde que tout à l’heure, mais l’esprit de la sauvageonne ne se vide pas si facilement. Dehors, on ne s’est peut-être même pas demandé où elle était passée. Il lui arrive, parfois, de se retrouver seule, souvent de son plein gré. Juste pour s’entourer de silence, un peu, le temps d’éteindre le monde, d’oublier sa cruauté, de ne plus penser à rien d’autre que le souvenir incandescent du feu de cheminée dans sa petite maison de la banlieue de Londres dans laquelle, peut-être, son père avale encore son thé ; sans elle. Le temps de fermer les yeux, et de s’y retrouver, une minute, une seconde à ses côtés, une fois de plus, une dernière fois. Elle aime la solitude, de temps à autres parce que Wendy n’est pas la gosse la plus sociable du monde, qu’il n’est pas rare que les vivants l’agacent, ou ne l’intéressent pas. Mais elle ne reste jamais seule bien longtemps. Vite, les démons qui l’ont hantée ces dernières années reviennent occuper ses rêves, ses pensées. La solitude, toute autre, qu’elle a connu en leur compagnie. Azkaban. Mallory. La mort, qui semblait être à chaque recoin de chaque pièce, cachée aux alentours, partout où se posait son regard. Le froid, le noir. L’horreur. La peur, si elle osait l’avouer, de, peut-être, devoir admettre que : ça se finira comme ça. Qu’il n’y a plus rien à faire, et aucune issue de secours. La solitude la berce, parfois, mais bien vite, il faut rejoindre les autres : elle se porte mieux avec eux.
C’est, encore une fois, le visage rieur de Mallory qui la tire en sursaut de son éclipse. La salle sur demande est plongée dans le noir. « Lumos ». Elle se laisse guider par l’étincelle jusqu’à la sortie, et les lumières des couloirs l’aveuglent lorsqu’elle ouvre la porte. Quand elle rejoint la grande salle, et se plante devant Mafalda, il ne fait aucun doute que son amie remarquera sa mine affreuse ; mais avant qu’elle ne puisse lui faire la réflexion, Wendy range sa baguette dans sa poche et arrière et lui vole la parole. « Fuck it, ok. J’arrive à rien du tout, et j’en ai plus rien à faire, ça me saoule. Tu viens ? » Wendy attrape le poignet de Weasley et la traîne jusqu’à la salle commune de Poufsouffle (vide). Une fois passés les tonneaux et l’incendio jeté dans la cheminée, la rouquine se dirige vers un gros fauteuil tassé, et en soulève un coussin. De la cachette, elle sort une bouteille de firewhisky flambant neuve. « Je l’ai volée à Grimaldi il y a quelques jours. » Elle lève les yeux au ciel, remet le coussin en place et s’affale dans le fauteuil. « Je l’ai cachée là en me disant qu’on la boirait toutes les deux, pour une occasion spéciale, tu sais. » Elle ouvre la bouteille, inspire les effluves alcoolisés qui s’en dégagent, clos les paupières pour en savourer le parfum. « Voilà, l’occasion parfaite est arrivée : je ne suis bonne à rien et je vais mourir sans savoir à quoi ressemble mon patronus ; cheers ! » puis, elle ingurgite une première gorgée (grimace quand elle avale, puis la toux qui l’accompagne), referme la bouteille et la lance à Mafie. « Au moins, je sais faire léviter des trucs. » Sourire forcé, tête balancée en arrière, et. Dammit, que cette journée commence enfin.
‹ occupation : étudiante au CEPAS bientôt diplomée, membre de la War Victims Charity et VP de la Youth Doonist League
‹ maison : serpentard
‹ scolarité : 1994 et janvier 1999.
‹ baguette : mesure vingt-sept centimètres, est en bois de hêtre et contient une plume de phénix..
‹ gallions (ʛ) : 4102
‹ réputation : je suis une vraie weasley ou une fausse weasley selon que l'on regrette mon implication dans la résistance ou qu'on estime que je ne m'implique justement pas assez ; on trouve également que je suis une miss-je-sais-tout insupportable ainsi qu'une grande gueule qui braille sans cesse ; enfin nombreux sont ceux qui me voient comme une gamine qui aime trop jouer aux grandes. On se souvient également souvent de moi comme étant la fille qui a crisé quand on ne l'a pas nommée préfète.
‹ faits : je suis une Weasley de sang-mêlé puisque ma mère est une moldue, quoique par les temps qui courent ce n'est pas quelque chose qui se crie sur tous les toits. Il vaut mieux se munir de bouchons pour les oreilles si l'on veut passer du temps en ma compagnie. J'ai tendance à voler tous les livres qui me tombent sous la main peu importe que j'en connaisse le propriétaire ou pas. Je me suis inscrite au CEPAS pour passer BUSES et ASPICS à la fois avant de me lancer dans de grandes études de…je ne sais pas quoi.
Je suis la fan numéro un des Wand Direction.
‹ résidence : dans un studio dans le Londres moldu juste à côté du Chemin de Traverse.
« Don't want to be a fool for you just another player in your game for two, you may hate me but it ain't no lie » « Je te déteste pas… » Mafalda sursaute, elle se croyait seule devant son miroir. « Fu— MIMI ! De quoi tu parles ? C'est une chanson: Baby bye bye bye » « Bye then. » Weasley roule des yeux. « C'est toujours la chanson. » « Connais pas. » « Bien sûr que non, Nsync n'existait pas en 1959 ou peu importe l'année où t'es m-. » Elle n'a pas le temps de se mordre la lèvre inférieure que Mimi hurle de déplaisir et éclate en sanglot. Classique. Mafalda s'enfuit en courant des toilettes dans lesquelles elle se maquillait avec ce qu'elle a trouvé dans les vestiges d'un dortoir évacué un peu trop vite. Le résultat est approximatif, elle n'a jamais eu le temps de prendre l'habitude de se peinturlurer le visage, n'a appris que brièvement à le faire sans ressembler à un clown. Mais elle n'a pu résister en trouvant les quelques cosmétiques. Elle n'a pas tant d'occupations que ça Mafalda. Elle n'est appelée à rien faire de particulièrement important. Le plus clair de son temps elle le passe à la bibliothèque pour rattraper le temps perdu. Ici pas besoin de voler les livres, ils sont tout à sa disposition; ils ils en perdraient presque un peu de leur attrait justement, bien rangés dans leur étagères, attendant patiemment qu'elle vienne les éplucher. Parfois elle voit Susan aussi et c'est souvent le meilleur moment de sa journée quand elle essaye de rattraper le temps perdu avec celle qu'elle considère à tous points de vue comme une grande sœur. Quand elle se retrouve dans les couloirs du deuxième étage elle se rend compte que plusieurs groupes vont dans le même sens et devine qu'il est déjà l'heure de dîner. Encore une journée envolée.
Elle s'est à peine installée sur un banc à côté de Sasha, fourrant aussitôt du pain dans sa bouche couverte de rouge à lèvre pourpre qu'on vient déjà l'interrompre. Son visage radieux en découvrant la présence de Wendy s'assombrit bien vite quand elle voit le regard que celle-ci lance à toute l'assemblée. « Fuck it, ok. J’arrive à rien du tout, et j’en ai plus rien à faire, ça me saoule. Tu viens ? » La question n’est visiblement que rhétorique puisque sans plus attendre Wendy l’attrape par le poignet pour l’entraîner à sa suite. La rouquine ne se débat cependant pas, toujours prête à suivre son amie et - surtout - curieuse de savoir ce qui la tracasse. C’est la salle commune de Poufsouffle qui les accueille et le silence qui règne dans la pièce vide semble curieusement peu approprié ; elle est des salles que Mafalda s’imagine nécessairement animée. Alors que Wendy allume d’un coup de baguette un peu distrait un feu dans la cheminée, Mafalda se laisse déjà tomber sur un canapé à proximité observant d’un œil curieux son amie qui farfouille sous le coussin d’un fauteuil pour en tirer une bouteille de firewhisky qu’elle lui présente, avec moins de fierté qu'elle ne devrait. « Je l’ai volée à Grimaldi il y a quelques jours. » Mafalda tape dans ses mains, tant pour saluer le coup de main de son amie que pour faire part de son excitation. C’est qu’elles n’ont pas toujours eu un grand accès à l’alcool dans les divers camps où elles se sont trainées. Voler des bouteilles aux “vrais” adultes est bien souvent la solution la plus acceptable, encore faut-il néanmoins que ceux-ci ne soient pas à court. Et c'est une tragédie pour des adolescentes aspirant à goûter à toutes ces expériences que les générations d’avant ont pu avoir, les soirées, les gueules de bois, les souvenirs flous, mais hilarants de la veille.
« Je l’ai cachée là en me disant qu’on la boirait toutes les deux, pour une occasion spéciale, tu sais. » Vu la gueule qu’elle a tiré en la retrouvant dans la grande salle l’ancienne serpentard se doute que sa camarade n’a pas d’excellente nouvelle à lui annoncer et donc que ceci doit être une entorse à la règle qu’elle vient de poser. « Ah, tu vois, je savais que tu pouvais te montrer utile. » Avec un sourire en coin, elle essaye d’être légère pour compenser l’agacement évident de Wendy. « Voilà, l’occasion parfaite est arrivée : je ne suis bonne à rien et je vais mourir sans savoir à quoi ressemble mon patronus ; cheers ! » La curiosité enfin assouvie, Mafalda se renfrogne légèrement et s’affaisse un peu contre le dossier du canapé. Elle est à court de bons conseils à donner à Wendy, ou de bonnes phrases pour lui remonter le moral. C'est qu'elle a l'habitude de l'entendre rouspéter à ce sujet, c'est qu'elle-même a essayé de l'aider à faire apparaître ne serait-ce qu'une petite brume argentée, sans grand résultat. Mafie attrape la bouteille malgré tout et ne perd pas une seconde à l’ouvrir pour porter le goulot à ses lèvres. Le liquide lui brûle la gorge, mais là où Wendy n’a pas retenu sa grimace, elle se contente de froncer le nez: elle est plus vieille, plus mature, elle est censée être habituée. « Au moins, je sais faire léviter des trucs. » La Weasley roule d’abord des yeux, mais devant le sourire forcé de Wendy, elle penche la tête de côté et lui fait les yeux doux, une moue dépitée accrochée à ses lippes. « Come on! Tu sais aussi refourguer de très jolis yeux au beurre noir, ça c’est un talent incroyable ! » Elle exagère à peine la gamine, elle a toujours été assez admirative du jeu de poings de Wendy. Elle a même voulu apprendre à en faire autant car si bien qu’elle se débrouille avec sa baguette, elle sait pertinemment qu’elle n’est pas à l’abri de la perdre et qu’alors elle se retrouvera bien embêtée. « Franchement c’est super utile. » Et original en un sens car beaucoup trop de sorciers ont tendance à focaliser leurs efforts sur l'apprentissage de maléfices pour se retrouver entièrement démuni une fois qu'on les a désarmé. Elle avale une nouvelle gorgée, un peu plus longue désormais que son palais a accusé le premier choc. « Et puis regarde les choses du bon côté, au moins t’auras pas la déception de découvrir que c’est genre… un frelon. » Elle esquisse un sourire, mais ravale son rire en refermant la bouteille. « Bon ok c’pas très drôle. » Pas du tout même. Peut-être que si la frustration de Wendy n’était pas si fraîche elle serait capable de partager son humour, mais vu les circonstances ce n’est pas la plus délicate des remarques. Mafalda se lève donc et vient se poser plus près de la jolie rouquine. « En vrai je suis sûre que ça doit être un animal trop cool…genre une panthère ou une lionne. J’veux dire, regarde-toi ! » Et sur ce elle lui rend son trésor avec un sourire angélique.
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