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sujet; our time to break the rules (wendeo #1)

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long live the pioneers
rebels and mutineers
go forth and have no fear
come close and lend an ear
Sur la route du retour, Wendy est chamboulée, un peu. Ça lui arrive pas souvent, cette sensation désagréable dans le ventre, qui lui fout la nausée. Une fois, y a longtemps, après un match où son adversaire l’avait vraiment bien amochée ; mais jamais depuis. Cette fois pourtant, c’était différent. Elle ne s’était battue avec personne, elle n’avait reçu aucun coup. Elle était venue et était repartie presque trop vite pour y croire. Le regard dans le vide, elle n’arrive pas à se sortir ces images de la tête. La bagnole roule trop vite et de manière trop incertaine ; les sorciers sont les plus mauvais conducteurs, il paraît. Elle a la tête qui tourne, le cœur au bord des lèvres. De loin elle croit entendre quelqu'un qui lui demande « Wednesday, ça va ? » mais elle ne répond pas. Parce que, non, pas vraiment, faut dire. L’explosion a tout décimé. Au "boom", elle s’est vue projetée à quelques mètres, s'est relevée péniblement, sourde, pendant un instant. Ce n’est pas tant le souvenir vif qui la brûlait encore à la vue des flammes, ni les corps qui lui rappelaient des jours moins beaux. C’était elle-même, remettant en question tout ce qu’elle avait toujours cru jusqu’alors, tout ce pour quoi elle s’était battue et qui lui avait permis d’avancer. Sans regarder derrière. Sans jamais penser à se retourner. On est peut-être allé trop loin, cette fois. Elle a envie de le dire aux autres, elle a envie de savoir ce qu’ils en pensent, mais quelque chose l’en empêche : ce n’est pas de ça qu’ils ont envie de parler tout de suite, elle le sait bien. Aujourd’hui, c’est une autre victoire que l’on célèbre, et tant pis pour les innocents. Dans le tas, ils pensent peut-être tous la même chose, ou au moins quelques uns. Puis, quand elle pose les yeux sur le blond inconscient à côté d’elle, elle se raccroche à l’espoir que peut-être tout n’est pas parti en fumée. L’attentat de Sainte-Mangouste a un gout amer. Ils sont peut-être allés trop loin, cette fois ; mais ce qui est fait est fait.



« Wednesday, ça va ? » Comme sortie de force d’un rêve, elle lève les yeux vers la question. Tommy a presque l’air inquiet, ça lui fait bizarre. Jusque là, elle n’avait voulu voir que les bons côtés du nouvel Ordre. Pas la peur. Pas l’angoisse. Pas l’inquiétude. « À quoi tu penses ? » Lui, il veut sûrement lui dire à quoi il pense. A la fin qui approche, à leur armée qui compte trop peu de soldats, et des niveaux trop hétérogènes, mais jamais aussi forts que ce qui se trouve en face, il semble. Il a sûrement envie de lui prouver par A + B que c’est perdu d’avance, et que s’ils se préparent au combat, c’est vers une mort certaine qu’ils foncent. Et elle, Wendy, elle ne veut pas répondre à la question, de toute façon. D’une, parce qu’elle ne veut pas la lui retourner. Et aussi un peu parce qu’elle n’a pas envie d’exposer, maintenant, à lui, les doutes qui lui bouffent le ciboulot depuis qu’elle est arrivée ici. Sainte-Mangouste, c’est une victoire, elle se répète, tout le temps. Ils n’avaient pas de meilleurs choix. Ils ont frappé fort. Dans une guerre, les dommages collatéraux sont inévitables. C’est un disque qu’elle se force à écouter, en boucle, tous les jours, parce qu’elle n’a pas envie de rajouter cette nuit-là à toutes celles qui viennent hanter ses rêves, de temps en temps. Wendy est forte, et se vante souvent de n’avoir peur de rien. Mais elle a peur de laisser place au scepticisme. De se poser des questions dont elle n’a pas envie de connaître les réponses. De céder à la pression. Aujourd’hui, maintenant, plus que jamais, c’est de courage qu’elle a besoin. De confiance. D’espoir.  Elle a besoin de se foutre sur ses deux pieds, de saisir sa baguette et de s’assurer que, le moment venu, elle aura les mots et les gestes justes pour les mettre tous à terre. Un dernier combat, une ultime opportunité. Elle, elle n’attend que ça. Alors, quand la bataille finale viendra frapper aux lourdes portes du château, il faut qu’elle soit prête. Ils n’auront pas le temps pour les questions, les doutes, les hésitations. Il faudra agir.

C’est de Matteo qu’elle a besoin aujourd’hui. Il l’a déjà tant aidée, elle ne veut pas s’arrêter là. Pas en si bon chemin. Pas lorsque l’enjeu est si gros. Elle se lève d’un coup comme montée sur une pile électrique, en oublie même Tommy, qui s’est assis à côté d’elle, qui veut sûrement se vider l’esprit. Désolée, Tommy, elle pense. Pas aujourd’hui. Pas avec moi. « Est-ce que quelqu’un a vu Matteo ? » elle beugle à travers la grande salle. Si tous les visages se tournent vers elle en un seul et même mouvement, les réponses ne se bousculent pas. « Il était là y a cinq minutes » il n’y est plus, faut croire. Agréable comme à son habitude, la gamine lève les yeux au ciel en soupirant. « ‘Faut vraiment tout faire tout seul ici. » Rappelez-moi de pas compter sur vous, elle a presque envie de rajouter. Elle est pas toujours d’une humeur de chien, Wendy, bien qu’on ne la connaisse pas non plus aimable, la plupart du temps. Là c’est autre chose ; l’excitation de la terreur qu’elle aimerait tant répandre sur ses ennemis, le désir ardent de se racheter, de rester quelqu’un de bien, de n’avoir pas fait tout ce chemin pour se voir devenir ceux qu’elle déteste le plus ; ce qu’elle déteste le plus. Sûrement aussi, quelque part, l’envie de le voir, de lui parler, qu’il lui raconte et lui apprenne toute l’expérience qu’il a acquise et toutes les merveilles auxquelles il a assistées, les monstruosités aussi. Elle a soif de ses récits, de sa connaissance, juste de ses mots, qui la confortent à chaque fois dans l’idée que leur but n’est ni bien loin, ni insurmontable. Elle a besoin de lui.

Ses pas claquent sur la pierre et leurs échos galopent sur les murs ; peut-être qu’il les entend, qu’il en discerne la détermination, qu’il devine à qui elle appartient. Elle le trouve seul, assis sur un rebord de pierre dans la cour intérieure. « Hey ! » elle s’arrête à quelques mètres et brandit sa baguette, la pointe droit sur lui. « Attrape ta baguette, on continue la leçon. » Ce n’est pas une question. Et s’il n’est pas d’accord, tant pis ; ça lui arrive, parfois, de se montrer plus réticent, comme s’il n’avait pas envie de l’encourager, de la laisser aller à ses illusions. Mais elle ne connaît pas meilleur professeur, et surtout : elle n’en veut pas un autre. « Apprends-moi les impardonnables. » Elle doit sentir qu’elle s’avance un peu trop, que déjà il essaye de prendre la parole, probablement pour balayer l’idée. Parce qu’on n’a pas le temps ; parce que c’est trop risqué, surtout entre ses mains à elle. Parce qu’elle n’a pas suffisamment de contrôle sur elle-même, et qu’on ne prend pas ces sortilèges à la légère, elle devrait le savoir. Alors, sans lui laisser l’opportunité de dire non, elle ajoute : « Matteo, tu sais que j’en aurai bientôt besoin. » Plus tôt que prévu, même, plus tôt qu’aucun d’eux ne se l’imagine.  
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