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sujet; Délivre nous du mal [PACO] |
| William & AelithPourquoi ce tumulte parmi les nations, Ces vaines pensées parmi les peuples ? Pourquoi les rois de la terre se soulèvent-ils Et les princes se liguent-ils avec eux Contre l'Éternel et contre son oint?
An de grâce… + Les catacombes du château étaient mal éclairées avec simplement deux emplacements pour poser les torches. L’air suintait le suif, malgré la chandelle que William avait apporté avec lui et dont la cire brûlante ne parvenait pas à masquer l’odeur écoeurante de la graisse. Mal éclairées, froides et humides. Petit, William n’aimait pas descendre ici pour rendre hommage aux tombes de ses ancêtres, même après que son père et sa mère ont rejoints les gisants de ce caveau il évitait soigneusement l’endroit. Il lui avait toujours semblé qu’il entendait des voix, voyait des ombres s’agiter dans les recoins les plus obscurs du sous-sol. Et les visages figés dans la pierre, froids et austères le mettaient mal à l’aise. L’artiste avait à merveille capturé la sévérité de son père qui sur son gisant, les mains croisées sur la garde de son épée, avait les sourcils presqu’imperceptiblement froncés. William préférait tenter de se souvenir de son rire étrangement fin pour un homme de sa carrure plutôt que de ses coups de colère. Mais depuis quelques mois pourtant il fréquentait le caveau familial avec une pieuse assiduité, délaissant même parfois pour ce faire les bancs de l’église du château. Il se moquait à présent des esprits des morts qui autrefois le terrifiaient. Sa main se glisse sur les doigts de pierre, se redresse pour porter la chandelle au niveau du visage taillé dans une pierre que le temps n’a pas encore eu le temps d’abîmer. La lueur éclaire la face blanche et les yeux creux de la défunte Dame Elisabeth. Il se penche en avant jusqu’à ce que ses lèvres se posent sur le front froid de son épouse : « Requiem æternam dona eis Domine, et lux perpetua luceat eis. Requiescant in pace. Amen. » Le froid des catacombes rend la pierre humide et les yeux d’Elisabeth paraissent brillants, toutefois moins que ceux de William. Il rajoute, après sa prière, plus bas « Tu me manques. » Il a dû mal à se détourner du tombeau, puisque celui d’à coté, plus petit, est encore plus douloureux pour lui à observer. « Vous me manquez tous les deux. » murmure-t-il alors qu’il lit pour la énième fois l’inscription gravée sous la sculpture de l’enfant. « … mon petit John. » Le gisant représente un enfant de quatre ans mais John n’avait eu que trois jours lorsque le Seigneur avait décidé de le rappeler à ses cotés. Deux jours seulement après la mort de sa mère, laissant William veuf et sans héritier. Le petit avait été baptisé en toute hâte lorsque le physicien avait décrété que le petit ne pourrait pas survivre. Cela faisait quatre mois.
« Mon Seigneur ? » William sursauta et la flamme de sa chandelle fut soufflée : Dieu merci les deux torches brûlaient encore et éclairaient la grande silhouette du Père Mathieu. « Mon Père ? » « Nous vous attendons pour procéder à la purification de la jeune femme. » La voix du Père était lente et presqu’hypnotisante, William le connaissait depuis son enfance et avait toujours l’impression, face à lui, de n’être encore qu’un enfant. « Bien entendu mon Père, pardonnez moi je… priais. » L’autre a un sourire compatissant : « Évidemment Mon Seigneur, c’est tout à votre honneur. Veillez simplement quelques mauvaise humeurs dans ces caves humides. Vous pouvez tout aussi bien priez le Très Haut sur les bancs de notre chapelle. » « Je saurais m’en souvenir mon Père. » Il s’avance vers le prêtre et le suit jusqu’à la surface. La cour du château est bondée, mais sans l’allégresse qui accompagne parfois les rassemblements. Au milieu se dresse une estrade avec un poteau planté au milieu de plusieurs ballots de paille. « Ce sera un excellent exemple Mon Seigneur, vous avez bien raison de combattre la perfidie du démon comme vous le faites, avec autant d’assiduité. » William déglutit. C’était la troisième en quatre mois. La septième en un an. Les efforts qu’il employait pour lutter contre la corruption de Satan, comme le disait le Père Mathieu était tout à fait louable. Il était connu pour ça dans les seigneuries alentours jusqu’à se voir octroyer le surnom de William le Pieux. Mal à l’aise il se passe sa main sur la nuque : « Espérons juste que la mort de cette sorcière apportera enfin un peu de paix sur nos terres. » « Le Tout Puissant parsème notre chemin d’obstacle que la foi nous aide à surmonter. » lâche son interlocuteur, platement. Un peu plus et il lui réciterait une psaume. Mais les yeux perçants du Père finissent par tomber sur la main droite de William, bandée sur l’intégralité de la paume. « Une blessure Mon Seigneur ? » fait-il en plissant les yeux alors qu’ils traversaient la cour pour atteindre les portes du château « Une mauvaise coupure, pendant un entraînement. » « À votre main d’épée ? » William a soudain extrêmement chaud « Quand j’ai voulu tester le tranchant de la lame. » Le Père hoche la tête, comme s’il n’était qu’à demi convaincu. Alors qu’il ne regardait pas, William passe sa main sur son front, pour éponger les quelques gouttes de sueur.
Pater Nosterqui es in caelis sanctificetur nomen tuum adveniat regnum tuum fiat voluntas tua sicut in caelo et in terra.
Aux portes le maître d’arme du château, Conrad, avait un air triste derrière ses traits constamment crispés : « La petite Lison hein… qui aurait pu s’en douter, elle avait l’air si… » « Le Malin n’est pas assez idiot pour s’afficher au regard de tous, évidemment qu’il prend un aspect innocent pour mieux nous duper, capitaine. » William fut heureux de constater que la sécheresse et la prestance du Père n’avait pas d’effet que sur lui. Conrad baissa les yeux « Évidemment mon Père. Espérons que l’épidémie de sorcière s’arrêtera avec celle-ci où toutes nos terres se dépeupleront. » Le regard qu’il lance à William est presque accusateur ce qui le pousse à réagir : « Je ne fais que libérer notre bon peuple d’un fléau qui nous conduirait tous à notre perte. Vous avez quelque chose à redire à ce sujet capitaine ? » « Bien sûr que non Mon Seigneur. Vous avez tout mon soutien. » Mais son air démentait ses paroles. La septième fille. Espérons que ce serait la dernière.
Panem nostrum quotidianum da nobis hodie et dimitte nobis debita nostra sicut et nos dimittimus debitoribus nostris et ne nos inducas in tentationem sed libera nos a malo. Amen.
Il avait du mal à se dire que la mort de ces filles étaient nécessaires et que ce n’était pas de sa faute. La cloche le fait sursauter, c’était l’heure prévue pour la… purification. Et autour du bûcher toutes les personnes venus assister au spectacle demeuraient silencieuses. On aurait pu croire qu’ils finiraient pas se lasser, mais on ne s’habituait jamais complètement à la mort, surtout à ce genre de mort. Deux gardes faisaient sortir Lison de l’endroit où elle était retenue depuis déjà plusieurs jours et la longue chemise de condamnée qu’elle portait couvrait à peine ses cuisses recouvertes d’hématomes. Lison c’était pas une mauvaise gamine, elle travaillait dans les cuisines et elle avait juste une certaine tendance à se traîner toujours des chatons abandonnés dans les poches de son tablier. Il n’en avait fallu pas plus pour la désigner comme victime potentielle. « Je… me sens mal. » marmonne William, toujours transpirant malgré l’air frais. « Je pense que je vais assister à… ça depuis l’intérieur. Veuillez m’excuser. » Le Père n’a pas l’air satisfait mais ne fait rien pour le retenir. Il claque les portes dans son dos au moment où on serrait les cordes autour de la silhouette brisée de la petite gamine.
Il entend les hurlement de la fille, il en a vu brûler, il sait à quel point c’est douloureux. Il sait combien tout est douloureux, les aveux, tout ce qui précède les aveux… Lison avait eu la voix et les os brisés après à peine une journée de… Il passe sa main gauche sur le bandage de sa main droite. Je suis tellement désolé… Il le retire, en dessous la plaie n’est pas rectiligne, comme on pourrait s’y attendre d’une blessure causée par une lame. Elle suit un schéma particulier qui n’a pu être fait que volontairement. Les hurlements continuent et l’immense porte ne les atténuent en rien. Il remet le bandage ; mieux valait que jamais le Père ne voit cela. Mieux valait que jamais le Père n’apprenne ce que pouvait faire William ou sinon toutes ces filles qu’il avait livré à la justice divine n’auraient servi à rien. Les cris finissent par s’atténuer. William serre son poing contre son cœur. Pardonnez moi Seigneur. C’était sa faute. Je suis un enfant du Diable. Tout était sa faute. Mais je ne veux pas, je ne veux pas. Il inspire profondément et finit par s’éloigner de la porte pour avancer dans les couloirs froids du château. Je ne veux pas mourir.
William n’avait pas demandé à être un sorcier. |
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HERO • we saved the world Albane Oswell ‹ inscription : 08/12/2015
‹ messages : 1031
‹ crédits : moi-même (ui, ui).
‹ dialogues : #993366.
‹ âge : 25
‹ occupation : héroïne de guerre pour avoir lutté pendant huit ans au sein de l'Ordre du Phénix puis de l'insurrection. On me connait aussi sous le nom de Blackfish, informatrice au coeur d'un réseau particulièrement étendu; co-fondatrice de l'émission Potterwatch et militante active qui n'hésitait pas à dénoncer les manipulations publiques du gouvernement de Voldemort, la collaboration des médias, ainsi que tous ceux qui avaient des choses à se reprocher et dont j'avais déniché les petits secrets. Si j'ai arrêté l'émission, je n'ai cependant pas fini de fouiner dans les affaires des autres et surtout celles du gouvernement. J'ai acquis un statut de journaliste indépendant et le scroll est pour le moment mon seul support, mais ça ne va pas durer, j'y travaille...
‹ maison : Poufsouffle
‹ scolarité : 1989 et 1996
‹ baguette : actuelle n'était à l'origine pas la mienne mais j'ai tué son ancienne propriétaire et quand j'ai ramassé son arme l'utiliser m'a paru la chose la plus logique à faire. Elle mesure aux alentours de 23 cm, il semblerait qu'elle soit en bois de prunellier, probablement contenant du dragon, mais je ne suis pas certaine de sa composition. Elle est bien plus rigide que mon ancienne baguette de cèdre et crin de licorne dont je n'arrive maintenant plus à me servir.
‹ gallions (ʛ) : 4436
‹ réputation : il ne faut pas tenter de me cacher des choses. Que je sais tout et que ce que je ne sais pas encore, je le découvrirai bientôt. Si Blackfish et une figure de la résistance très respectée par la majorité de la population, mes anciens camarade rebelles ont un avis plus mitigés à mon égard... On dit que je serai prête à faire tout ce que je condamne pour arriver à mes fins: mentir, voler, tuer; que j'ai été dévoré par la haine. Après tout je suis une terroriste.
‹ particularité : prête à faire tout ce que je déteste et dénigre pour arriver à mes fins. Au point que j'en viens à me détester moi-même. Voler, mentir, trahir, me servir d'autrui comme un outil, parfois même de mes amis... "La fin justifie les moyens", c'est ce qu'on dit.
‹ faits : je vis avec le poids de mes actes sur la conscience particulièrement ma participation à l'attaque d'Herpo Creek, mais aussi la mort de mon petit frère dont je me considère responsable. Si certain de mais camarades héros de guerre estiment que je ne mérite pas ce titre, qu'ils sachent que je suis bien d'accord avec eux. Mais je suis libre et je travaille d'arrache pied à mes divers enquêtes pour oublier que je ne suis toujours pas capable de marcher sereinement dans la rue.
‹ résidence : dans un appartement pas bien grand sur Diagon Alley, mais il s'agit plus d'une espèce de bureau improvisé, constamment en bordel, que d'un véritable lieu de vie. Le seul endroit que je considère un peu comme chez moi et où je me sens réellement en sécurité c'est chez Tiago.
‹ patronus : Un grand ban de poisson argentés, c'est de la que je tien mon surnom de Black Fish.
‹ épouvantard : Thomas, moldu de dix-huit ans à peine que j'ai envoyé à la mort et qui revient régulièrement me hanter en pensée. Il a le regard vide et me demande constamment pourquoi je l'ai tué lui et pas l'autre.
‹ risèd : Cédric et moi. On boit une bière au beurre sous le porche de la maison de ma mère à Loustry. Mais Cédric est mort, la maison est détruite, ma mère ne reviendra surement jamais, et la Bière-au-Beurre est devenue beaucoup trop cher.
| William & AelithPourquoi ce tumulte parmi les nations, Ces vaines pensées parmi les peuples ? Pourquoi les rois de la terre se soulèvent-ils Et les princes se liguent-ils avec eux Contre l'Éternel et contre son oint?
An de grâce… + « Aelith, c’est non. » « Mais enfin, c’est ridicule ! » Aelith jeta à sa mère un regard empreint de colère. « On pourrait faire quelque chose ! On pourrait la sauver ! On doit le faire ! » Insista-t-elle encore. Sa mère leva les yeux au ciel et cessa de remuer son chaudron pour poser ses mains sur ses hanches. « Et comment penses-tu t'y prendre, jeune fille ? » « Un simple sortilège de gel-flammes devrait faire l’affaire... » Sa mère haussa les sourcils. « Et à ton avis, qu’adviendra-t-il quand tout le monde s’apercevra que les flemmes ne la brulent pas ? » Aelith pinça les lèvres. « Et bien- » « Ca sera pire, Aelith. Bien pire que ça ne l’est déjà. » « Pire qu’être brulée vive ? » rétorqua Aelith sur un ton insolent. « Pire, oui ! Parce que si elle ne meurt pas, ils sauront qu’ils avaient raison, et qu’il y a bien des sorciers dans notre village. Et ça, ma fille, c’est une chose que l’on ne peut pas se permettre. » Aelith ouvrit la bouche pour répondre, mais elle ne lui laissa pas le temps. « Je refuse que tu nous mettes tous en danger pour ça Aelith. Si tu veux faire quelque chose pour changer cette situation, trouve ce qui ronge nos terres, mais je t’interdis d’intervenir sur le bûcher ! » Le ton était sans appel. D’ailleurs la conversation était terminée et la mère d’Aelith se retourna pour reprendre la préparation de sa potion. Aelith, elle, retient un hurlement de rage et sortir de la pièce à grands pas en claqua la porte-derrière après avoir lancé un regard assassin à sa mère. C’était injuste. C’était mal.
Elle sortit dans la courte principale ou l’on s’activait à achever la préparation du bucher. La foule commençait à se masser devant la lourde porte qui marquait l’entrée du château de Lord William dit Le Pieu. Tous les villageois étaient au rendez-vous. Qui voudrait manquer la purification de la sorcière démoniaque qui avait empoisonné leur terre et tuer la majorité de leur récolte ? Aelith leur jeta un regard dégouté et traversa la place jusqu’à l’écurie ou elle trouva son père qui s’activait à ferrer un pur sang. La bête était dotée d’une magnifique robe bai-brun presque aussi brillante que celle d’une licorne. Elle s’approcha de l’Étalon et lui flatta l’encolure. De l’autre côté, son père était occupé à ajuster le fer de l’antérieur droit de la bête. « Passe-moi un clou. » Fit-il et Aelith s’exécuta. « Elle ne veut rien faire. Elle m’a interdit d’intervenir. » « Tu ne peux rien faire, Aelith. Passe-moi la pince, s’il te plait. » Elle attrapa la pince et la lui tendit. « C’est injuste ! » « Je sais. » Elle ne répondit rien, se contente de passer lascivement ses doigts entre les crins du pur-sang. Elle adorait son père Aelith; il lui avait transmis son amour de la nature et des animaux, et ils avaient ce genre de relation qui ne nécessitait pas de longue conversation; mais il n’avait pas de pouvoir magique son père, il ne pouvait pas comprendre. Elle marcha jusqu’au bout de l’écurie et s’arrêta devant la stalle du fond. Elle était remplie foin. Aelith attrapa la baguette magique rangée sous sa ceinture. C’était une petite baguette qu’elle pouvait facilement dissimuler à cet endroit-là. Elle tapota la porte de la stalle et le foin disparu, dans le coin opposé à la porte, une créature mi-cheval mi-oiseau leva ses yeux dorés sur elle et poussa un petit crie d’excitation en se précipitant vers la porte. Le petit hippogriffe n’était pas plus grand qu’un limier et elle entra dans la stalle pour examiner l’une de ses ailes qui était bandée pour tenter de ne pas penser à ce qui allait bientôt se passer dehors. Soudain on entendit au-dehors retentir les cloches qui annonçaient l’heure de la purification. Aelith leva la tête et sortie de la stalle en tapotant la porte pour cacher la créature qui l’occupait. Son père laissa tomber le sabot du cheval et se redressa pour lui jeter un coup d'oeil. « Tu n’es pas obligée d’y aller-», Mais elle était déjà en train de se précipiter hors de l’écurie. « Aelith ! »
On venait de faire monter Lison sur l’estrade. Aelith détourna le yeux du visage de la gamine, ne supportant pas la vue de ses joues amaigries, sa lèvre enflée et sa pommette déformée par le coups qu’on lui avait porté pour la forcer à avouer quelque chose dont elle n’était pas coupable; elle supportait encore moins le regard vide qu’elle portait sur la foule. À la place les yeux d’Aelith se posèrent sur la délégation du Seigneur William. Il était posté devant la lourde porte, accompagné du Père Mathieu et de Conrad, le maitre d’armes. Il avait l’air mal le William. Serait-il rongé par la culpabilité de faire brûler vive une gamine innocente ? Aelith n’en mettrait pas sa main à couper... Avant même qu’on ait fini d’attacher Lison au buché, Le Pieu William marmonna quelque chose à son père spirituel et fit demis tour pour re rentrer dans son château. Aelith sentit la colère l’envahir. Il n’allait même pas regarder ce qu’il avait fait, le lâche. Elle se faufila dans la foule pour atteindre une alcôve entre deux baraquements situés contre le rempart qui entourait la place principale. Elle se glissa contre le mur et vérifia que personne ne pouvait la voir. Un instant plus tard, un petit écureuil noir escaladait l’un de premier baraquement, plus le second, jusqu’à se hisser au sommet du mur.
L’écureuil était rapide, discret, silencieux, et personne ne prêtait attention à lui, si ce n’est deux gamins qui le montrèrent du doigt avec un air curieux. Il se faufila avec agilité jusqu’au mur du château et escalada rapidement jusqu’à la première ouverture qu’il put trouver. Une fois à l’intérieur, il continua sa route, comme s’il savait parfaitement où il allait. Il longeait un long couloir, puis dévala un escalier, puis un autre prit sur la droite en direction de la porte principale et ralentit sa course pour continuer son chemin plus discrètement. Quand il aperçut William, le petit rongeur s’arrêta un moment pour l’observer, caché dans l’ombre d’une vieille armure qui veillait dans le couloir. L’homme poussa un profond soupir et s’avança dans la direction opposée, l’écureuil se mit alors à le suivre silencieusement.
Aelith n’avait pas la moindre idée de ce qu’elle était en train de faire, mais ce qui était certain c’est qu’elle était bien en train de faire quelque chose. Et quelque chose qu’elle ne devrait pas faire, qui plus est... Elle s’était déjà baladé de multiples fois dans le château sous sa forme d’écureuil, ainsi elle avait pu s’introduire à plusieurs reprises dans des pièces telles que la bibliothèque ou encore la salle de bain. Elle s’était même aventurée à quelque reprise dans la crypte et la chambre de William et, bien sûr, elle ne s’était pas gênée pour voler dans les cuisines. Mais pour l’heure elle n’était pas là pour se promener ni pour voler quoi que ce soit. Elle avait décidé de mettre fin à tout ça. Plus de bûchés ni de fausses sorcières à purifier. Elle se glissa derrière une tapisserie et reprit sa forme humaine dans un bruissement d’air et sortie de sa cachette.
William était toujours de dos, à quelque mettre d'elle. « Mon seigneur ! » cria-t-elle, se tenant droite et fière au milieu du couloir. Elle portait un corset en cuir sur une chemise blanche aux manches assez ample, des chausses d’homme qu’elle avait ajusté à sa taille et une paire de bottes de cuir à lacets encore crottées de son passage dans l’écurie. « Pourquoi n’êtes-vous pas dehors pour regarder le démon mourir dans les flemmes ? » Lança d’emblée l’effrontée; avec sa longue tresse échevelée qui lui tombait devant l’épaule elle n’avait rien à faire dans un château. « Vous savez que ces jeunes filles sont innocentes, c’est ce pas ? » Elle croisa son regard et se sentit soudain idiote, presque effrayée. Il n’était peut-être pas un sorcier, mais il restait son seigneur, n’est-ce pas ? Non d’une chouette, quelle folie l’avait poussée là ? Elle se reprit et changea légèrement de ton sans pour autant baisser les yeux. Quitte à être ici, autant aller jusqu’au bout. Elle prit une profonde inspiration. « Je sais qu’un mal ronge vos terres, mais croyez-moi, ce n’est pas là l’oeuvre de sorcières ni d’un quelconque démon. » C’est même probablement bien pire que cela. « Je m’appelle Aelith, mon seigneur; Je suis venue vous demander de mettre fin à cette folie. » Ou bien c’est moi qui m’en chargerai. |
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| William & AelithPourquoi ce tumulte parmi les nations, Ces vaines pensées parmi les peuples ? Pourquoi les rois de la terre se soulèvent-ils Et les princes se liguent-ils avec eux Contre l'Éternel et contre son oint?
An de grâce… +Il n’avait jamais réclamé ça, il n’avait pas demandé à naître sorcier. Il avait longtemps cru que ce n’était pas grave, que les quelques incidents qui semblaient constamment se produire autour de lui n’était pas de son fait : comment aurait-il pu penser autrement ? Comment aurait-il pu songer que si la servante qui venait de le réprimander se cassait le cou dans les escaliers c’était de son fait ? Que si son père, pourtant excellent cavalier, couronnait son cheval le jour même où il refusait à son fils de l’emmener avec lui à la chasse, c’était une conséquence de sa frustration d’enfant ? Ces coïncidences, si elles l’avaient troublé, ne l’avait jamais inquiété. Et n’avait jamais attiré sur lui l’attention du Père. C’est à l’adolescence que la situation s’était véritablement corsée pour William. Quand il est devenu irréfutable que c’était lui le responsable de ces évènements parfois surnaturels. Fort heureusement pour lui, à croire que son instinct de survie régulait ses pulsions magiques, il avait toujours été seul lors des démonstrations de sorcellerie qui la plupart du temps se produisaient sous la forme de crises liées à son humeur. Mais plus le temps passait, plus elles étaient violentes et juste incontrôlables : dans un cercle resteint il brisait des objets sans les toucher, mais il ne savait pas si cette magie s’étendait au-delà des murs de sa chambre. Même s’il se doutait qu’il ne devait pas être tout à fait innocent dans la destruction des terres et la perte des récoltes. Ça avait commencé légèrement avant la mort de sa femme mais le phénomène s’était grandement accentué depuis. Le Père était formel en dénonçant une activité de sorcière, acculé William n’avait pas mis longtemps avant de décidé de pousser dans les bras de la justice du clergé n’importe quelle personne pourvu que ça puisse retarder sa propre condamnation. Si un jour une crise survenait en public ? Il n’y aurait même pas besoin de passer par la case interrogation et torture, il serait exécuté sur l’heure, seigneur ou non. Pieux ou non. Et briser de la vaisselle avec son esprit ne lui rendrait pas service quand il serait rivé à un bûcher.
Il serre son poing, comme s’il tentait de ressentir avec plus d’acuité la douleur de la coupure qui lui barrait la paume. Il s’était fait ça dans un mimétisme de rituel, dans l’espoir de canaliser lors d’une crise ses capacités magiques. Ça n’avait eu d’autres effets que de l’affaiblir, ce qui dans un sens avait réduit l’importance de sa démonstration magique. Dans ces moments, lorsqu’il sentait son cœur brûler, ses poumons se resserrer, ses doigts fourmiller de cette force inconnue, il s’enfermait. Ses proches le pensaient atteint d’épilepsie, mais le bruit ne s’était pas répandu outre mesure. Alors qu’il circulait dans les couloirs vides, il ressentait de nouveau ses doigts s’engourdir. Et sa gorge se serrer : plus vite il serait dans sa chambre, plus vite il pourrait… se détendre. D’expérience il avait compris que plus il refoulait plus le contre coup serait sale. Tout le monde était dehors, personne ne risquait de venir le… « Mon Seigneur ! » Dieu tout Puissant ! Il fallait que ce genre de choses arrivent juste au moment où il songeait être tranquille. En se retrounant, il constate que la personne qui venait de l’interpeller (l’interpeller ? c’était quelque chose qui se faisait maintenant ? Depuis quand ?) « Pourquoi n’êtes vous pas dehors pour regarder le démon périr dans les flammes ? » « Je te demande pardon ? » Il n’avait pas l’habitude qu’on le questionne, encore moins quand la personne à l’interroger était visiblement une roturière, une femme, une jeune fille, plus jeune que lui par-dessus le marché. Mais elle ne semble pas entendre sa récrimination « Vous savez que ces jeunes filles sont innocentes n’est-ce pas ? » Il ne sent presque plus les doigts de sa main gauche. Alors qu’elle se rapproche de lui, il reste immobile, presque fascinée par cette gamine qui avait assez de toupet pour, un prénétrer le château, deux venir lui parler sans autorisation, trois l’accuser presqu’explicitement d’exécutions injustifiées. « Mais qui es-tu po- » quatre, lui couper la parole. Il ne put finir sa phrase alors qu’elle continuait sur sa lancée : « « Je sais qu’un mal ronge vos terres, mais croyez-moi, ce n’est pas là l’oeuvre de sorcières ni d’un quelconque démon. » Au son ton était un peu rescendu pour s’approcher de l’à peu près tolérable, mais c’était tout de même bien au-delà de ce que William était en mesure de supporter. Il aurait bien claqué des doigts pour la faire taire, mais il n’avait plus de force dans ses phalanges. Il lui aurait bien ordonné de se taire mais déjà sa gorge se serrait. « Je m’appelle Aelith, mon seigneur ; je suis venue vous demander de mettre fin à cette folie. » Ben elle était bien gonflée, c’était tout ce qu’il pouvait penser à cet instant précis : il venait littéralement de condamner une gamine d’environ âge au bûcher et le truc qu’elle trouvait à faire c’était de venir l’accuser, de lui servir son prénom sur un plateau et d’attendre là, qu’il veuille bien lui coller un aller et retour pour son insolence. Il ne comprendrait jamais les paysans.
« Aelith ? » il parvient à articuler « Tu ne devrais pas être là. » Il tente de bouger son index gauche en vain. « Tu devrais être dehors, avec les tiens plutôt que je venir mal parler comme ça à ton seigneur. Ton père ne t’as rien appris ? » Il fait un pas vers elle. « Il aurait aussi dû t’apprendre qu’on ne demande rien à son seigneur. Pour qui te prends-tu pour os- » Alors que la rage lui retourne le ventre, ses mains perdent toute sensibilité. Il commence à voir légèrement trouble, ce qui n’était jamais une bonne chose. « Mais je… vais estimer que… » Il n’avait pas de temps à perdre avec une gamine insolente, il devait absolument s’isoler. « Dégage maintenant. Dégage ! » Il fait un geste du bras pour la sommer de partir mais c’était le geste de trop. La tapisserie tendue sur le mur se décroche, comme soufflée par un vent invisible, et tombe par terre. Il se hâte de ramener son bras à lui, les yeux fixés sur ce qu’il venait de faire, espérant juste que la gamine n’y verrait là qu’une coïncidence, comme beaucoup de gens avant elle l’avait cru.
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