| Born to create drama J'ai tout mangé le chocolat J'ai tout fumé les Craven A Et comme t'étais toujours pas là J'ai tout vidé le Rhum Coca J'ai tout démonté tes tableaux J'ai tout découpé tes rideaux Tout déchiré tes belles photos Que tu cachais dans ton bureau vendredi 23 novembre 1984 ; 14h + Il était assis à l’arrière de la voiture, son père conduisait à l’avant. Il n’y avait qu’eux deux ; maman et la petite Joan étaient parties dans le sud de l’Angleterre pour on ne savait quelle raison nébuleuse que Zacharias n’avait pas compris. « Je te mets de la musique Zach ? » demande Aydan en se tournant à demi vers son fils qui s’amusait avec les crayolas et les feuilles de papiers. « Oh viiiii ! » « Je te mets les comptines pour enfants. » « Pas les comptiiiiiiines ! Je VEUX la radiooooooo ! » « Ah Zacharias, ne commence pas à faire le cirque alors que j’essaye de te faire plaisir hein ? » « Je VEUX LA RADIO ! LES COMPTINES ÇA PUE ! » « ZACHARIAS NE SOIT PAS VULGAIRE ! » Aydan donne un coup de volant un peu plus violent que nécessaire pour prendre un virage et Zacharias se cogne la tête contre la vitre de la voiture. « Ma têêêêêteeee… » Aydan profite de ce bref moment d’accalmie pour enfourner la K7 dans le lecteur et une petite voix de femme grésillante se fait entendre. « A la claire fontaine, m’en allant promener, j’ai trouvé l’eau si cl- » Zacharias pousse un long vagissement pour exprimer son non-contentement mais se fait, pour une fois, clouer le bec par son père qui se retourne pour le fusiller du regard « C’est pas toi qui décide Zach. Alors tais-toi ! » Le petit garçon plisse les yeux mais ne répond pas. Il se retourne pour regarder les voitures qui les suivaient et un petit sourire vient éclairer son visage. « Il était un petit homme appelé Guillery carabi qui s’en fut à la chasse, à la chasse aux perdrix… » « Carabi titi, carabi toto, carabo compère Guillery. Te lairas-tu, te lairas-tu, te lairas-tu mouu-ourir ? » Zacharias chantait un poil plus vite que la dame de la K7, et surtout un poil plus fort. « Une branche vint à se rompre et Guillery tombit carabi titi, carabi toto, carabo… » Toujours plus vite, il savait quel effet ça finirait par avoir sur son père. « lesdamesdelhopitalsonarrivéesaubruitcarabi » inspiration « onluibandalajambeetlebrasluiremitcarabititi » Il regarde le compteur : trois km/h au dessus de la limite. Bientôôôôôt… « ilétaitunp’tithommeappeléGuillerycarabi » inspiration « ils’enfutàlachasseàlachasseauxperdrixcarabititi- » Et finalement, il entend la sirène. « Oh putain ! » jure Aydan en rangeant sa voiture sur le bas coté « Ils sont toujours là ces sales cons. » Zacharias se penche et tend la main en avant pour attraper la baguette que son père posait toujours juste derrière le frein à main pour la cacher rapidement derrière son rehausseur. Une fois qu’Aydan s’est garé, il la cherche : « Zacharias ? Tu as vu ma baguette ? » « Pas vu… » « Merde… putain fais chier ! Bon… on va se démerder sans, elle doit être quelque part dans la bagnole enfin… » Un policier vient toquer contre la vitre : « Bonjour monsieur, les papiers du véhicule s’il vous plait. » Aydan hoche la tête, hésitant visiblement entre la politesse et l’exaspération, il ouvre la boîte à gant devant lui et tente de retrouver dans tout ce foutoir son permis et tout ce qui allait avec. Pendant ce temps Zacharias s’active avec ses crayolas. Le policier se tourne vers lui avec un petit sourire « Papa est un peu pressé, hein mon petit ? » Et Zacharias le regarde avec ses grands yeux bleus et agite doucement les lèvres, pour n’en sortir qu’un murmure alors qu’Aydan continue de fouiller dans la boîte « ce n’est pas mon papa » Et alors que le policier fronce un peu les sourcils, comme s’il n’était pas certain d’avoir bien entendu Zacharias lève dans sa direction la feuille qu’il venait de crayonner : « HELP ». Il simule très bien l’angoisse, Zacharias et son menton tremble un petit peu. Le policier s’écarte brusquement : « Monsieur, descendez du véhicule, immédiatemment ! »
15h + « C’est mon enfant… Je ne sais pas pourquoi il fait ça… il doit… Zacharias, s’il te plaît, arrête de faire des bêtises et dis leur que je… » « Taisez-vous, arrêtez de parler à l’enfant. » Zacharias se forçait pour ne pas esquisser le moindre sourire et garder son air à demi apeuré. C’était amusant, Aydan le regardait avec un air plus suppliant qu’énervé. « Mais je vous assure… appelez ma femme et… » « Le numéro que vous nous avez donné ne répond pas. » « Elle doit être occupée… attendez seulement qu’elle réponde. » Zacharias se trémoussait sur la chaise, puis il tire la manche de la dame qui était assise à coté de lui « Je peux sortir ? » « Oui mon petit, mais attends un peu. On sortira après. » Il hoche la tête, sagement, et se balance un peu d’avant, d’arrière. Il leur a sorti tout ce qu’il avait entendu à la télévision, sans vraiment comprendre ce que ça sous-entendait mais au vue des réactions que ses pseudos-révélations procuraient au policier, à l’officier et à l’assistante sociale, c’était assez grave. Pas ça qui allait l’arrêter.
« Et comment t’es-tu retrouvé dans sa voiture ? » « Il m’a… fait monté en me donnant des bonbons. » « C’est complètement… Zacharias ! » « Je m’appelle pas Zacharias ! Je m’appelle Corban ! » « Monsieur je vous prie de vous taire ! » « Il ne faut pas brusquer le petit… » « Et ensuite ? » « J’étais dans une maison, et c’était sombre et il m’a dit de mettre d’autres habits et il me filmait quand je les ai mis. » « Je pense qu’il faudrait qu’on arrête maintenant ! Le petit a besoin de se reposer ! Et qu’on prévienne ses parents ! » « Je suis son père et je n’ai jamais rien fa- » « J’ai peuuuuuuur ! » « Taisez-vous monsieur ! » « Il n’est pas capable de nous dire comment contacter ses parents. » « C’est parce que je s- » « Monsieur, vous parlez encore une fois et je vous fais enfermer de suite ! » « Mais on ne peut pas retrouver ses parents grâce à son nom ? » « Il dit qu’il s’appelle Corban Potter. » « Et ?... » « On ne trouve rien à son nom. » « Et même que ben il a dit que si je disais rien j’aurais encore plus de bonbons ! Mais je veux rentrer chez moi !! » Finalement, la madame le fait sortir de la pièce pour l’emmener ailleurs, une salle plus claire et mieux chauffée où il trouve une pile de jouets empilés. Avec un eptit cris de joie il se précipite sur les legos qu’il commence à assembler. « Tu voudrais dessiner ? » lui demande la dame mais il secoue la tête et lui montre une poignée de légo « C’est mieux ça ! » Il commence à fabriquer des constructions. Silencieux pendant plusieurs minutes, il se concentre sur son travail : un grand château, même si ça ressemblait plutôt à un gros bloc multicolore. « Et ça c’est la tour d’astronomiiiiiiie ! » La madame est assise à coté de lui et écoute ses explications en hochant gentiment la tête « Pour observer les étoiles ? » « Vi ! Beaucoup beaucoup d’étoiles ! » « Et du coup Corban qu’est-ce que… » Zacharias redresse la tête et fronce ses petits sourcils « J’m’appelle pas Corban. J’m’appelle Zacharias. » L’assistante sociale se relève et vu comment elle plissait les paupières, Zach sut qu’il y avait un grain de poussière dans la machine.
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