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sujet; ROMES • The paleface is a demon |
| America, 19th century, Nebraska People are strange when you're a stranger. Faces look ugly when you're alone. Women seem wicked when you're unwanted. Streets are uneven when you're down. When you're strange Faces come out of the rain. When you're strange No one remembers your name SUMMER 1827, NEAR BELLEVUE, AMERICA • Je hume l'air autour de moi, je sens le vent chanter, l'eau de la Rivière Platte s'écoule non loin. Nous sommes en route, il fait beau, cela fait bientôt deux jours que nous avons quitté Bellevue et je sens la civilisation s'éloigner de plus en plus. Nous avons encore traversé quelques fermes et dit bonjour à quelques habitants, mais elles se font de plus en plus rare. Je me sens bien, Eddie et Amy tirent la charrette avec volonté aujourd'hui. Je peux sentir la fin de notre long voyage et l'arrivée à notre terre promise. « Papaaaaaaaaaaaaa on est encore loiiiiiiiiiiiiin ? » … Tout allait bien, jusqu'au réveil d'Alvan Litvinov, mon très cher fils. Je soupire, lançant un regard en arrière pour le voir commencer à se défaire de ses couvertures à l'arrière. « Tu sais très bien que nous avons encore deux jours de route avant d'arriver sur notre territoire. Eddie et Amy ne sont pas des vaches de course. » Je l'entends grommeler quelque chose avant de venir s'installer à côté de moi. « Il est presque midi, nous allons bientôt nous arrêter manger. » Cela ne tombe pas dans l'oreille d'un sourd et il lève des yeux intéressés vers moi : « On mange quoi, on mange quoi ? » Mais quel ventre celui-là... « Les restes de la perdrix d'hier, avec du maïs. » Je vois, sans surprise, son visage s'affaisser. « Encore? Maman ne me laissait jamais manger deux fois le même repas ! » Le reproche, comme à chaque fois, me tient à la gorge, me coupe un instant la parole, me rappelle l'odeur des repas que nous faisait Sofia, avant. « Oui et bien Maman n'est plus là, et ne t'inquiète pas,, tu pourras manger ce que tu veux quand tu seras à Ilvermony. » La réflexion fait mouche, et il ferme son clapet à reproches. Il a autant hâte que peur d'aller à la grande école de magie l'année prochaine. Il sait qu'il ne sera plus avec moi, et que je serai très loin (il faut au moins sept transferts de cheminée avant de pouvoir atteindre New York, et seulement si j'arrive à nous installer une cheminée avant son départ...). Nous restons silencieux un moment, avant que je me mette à chantonner, ce qui le fit vite descendre du chariot pour aller marcher avec Benjamin, notre chien, bien trop gros pour que nous puissions le transporter à l'intérieur. Je n'arrive pas à parler à mon fils. Je n'ai jamais réussi et, depuis le décès de Sofia, c'est encore pire. J'espère que d'être ensemble dans cette maudite ferme au fin fond de nulle part nous aidera à nous retrouver... Ou finira de me couper du reste du monde.
AUTOMNE 1827, SPIRIT FOREST, NEBRASKA • Cela fait deux mois qu'Alvan est parti à Ilvermony. Je suis seul, dans ma ferme au milieu de nulle part, à passer des journées éreintantes à essayer de tout faire fonctionner. Cela fait cinq mois que la Cheminée accepte de fonctionner et cela nous simplifie grandement la tache. Je l'utilise cependant peu, la poudre de cheminette restant un produit de luxe. Je passe donc mes journées avec deux vaches, un chien et un cheval. J'essaye de tromper la solitude en leur parlant, mais même si Benjamin est un chien extrêmement à l'écoute, ses réponses sont assez limitées. Je suis parti en exploration ce matin. J'ai laissé la ferme à ce cher Ben, j'ai mis Eddie et Amy en sécurité dans leur grange (dont le toit fuit encore un peu, il faudra que je m'en occupe avant que le froid ne revienne), et je suis parti avec Philip en direction de la forêt où je vais parfois chasser. Philip, bien sûr, n'est pas un humain. C'est mon cheval. Brave Philip ne m'a jamais déçu et est une compagnie sereine, bien que parfois un peu trop malicieuse. Je le suspecte d'avoir été influencé par Alven...
Bref, nous sommes donc partis, Philip et moi, ce matin pour une petite balade dans la forêt. Tout a plutôt bien commencé, et j'ai même trouvé un charmant rocher où établir mon repas une fois le milieu de la journée arrivé. Je dégustais tranquillement mon sandwich, observant avec intérêt les gravures que je pouvais apercevoir sur le rocher. Les indiens avaient du faire cela, c'était fort intéressant... On dirait presque que ces dessins racontaient une histoire. C'est relativement à ce moment que tout est parti en pop corn. J'avais fini mon repas et me préparait à repartir avec Philip, qui avait aussi fini le sien, lorsque les indiens sont arrivés. Ils étaient impressionnés, eux tous, avec leurs coiffes, les haches, leurs arcs... et leur air absolument horrifiés à me voir sur ce charmant rocher. Mon esprit, lentement, commença à comprendre que j'avais du faire une bêtise quelque part, particulièrement lorsqu'ils se mirent à hurler avec véhémence en ma direction et envers Philip. Un Philip qui, malgré toute sa loyauté, n'était vraiment pas aussi courageux que Benjamin. Il détala au premier mouvement brusque en sa direction, emportant avec lui mon nécessaire de campement, mes restes de nourriture et, surtout, ma baguette que j'avais laissée accrochée à la selle. Voilà, c'est vraiment à ce moment-là où j'ai commencé à craindre pour ma vie.
Alors laissez-moi vous dire que les indiens, contrairement à ce qu'on vous laisse penser, n'ont pas vraiment peur du Grand Homme Blanc quand il est seul, sans arme et qu'il vient de manger sur votre autel sacré. Maudits sauvages. Par Merlin, qu'ils courent vite ! Je ne sais pas par où je vais. Je ne sais pas comment j'arrive encore à être en vie. Des flèches à plume n'arrêtent pas de me passer à quelques centimètres, et je ne peux pas m'empêcher de me dire qu'ils cherchent plus à me guider quelque part qu'à me tuer. Un ravin ? Un ours ? Un troupeau de bions ? Je suis sans baguette, épuisé, en train de craindre sévèrement qu'Alvan devienne définitivement orpheliln, et les indiens, eux, ont l'air de s'amuser avec moi. Ils rient, m'insultent (même si je ne comprends pas un mot de ce qu'ils disent), et je comprends bien que si cela ne tenait pas à un caprice du moment, ils m'auraient déjà scalpé. Ou mangé. Ils sont bien cannibales les indiens, non ?
Je passe un cours d'eau qui m'arrive aux genoux au pas de course, finissant de tremper mes vêtements de voyage. Arrivant de l'autre côté, je cours encore un peu avant de sentir, soudain, le silence derrière moi. Je me retourne pour les voir, tous, fièrement dressés à la limite du ruisseau. J'ouvre de grands yeux, tout en essayant de reprendre ma respiration, essayant de comprendre ce qu'il se passe. Puis ils commencent à chanter, doucement, puis plus fortement, comme une espèce de chant rituel ou d'invocation. Je ne sais pas pourquoi, être ainsi fixé par ces indiens chantants me terrifie bien plus que la flèche qui a fait tomber mon chapeau il y a dix minutes. Je me mets à trembler, ne sachant pas si je devais attendre qu'ils finissent ou pas. Puis j'en vois un, le plus grand, avec le plus de plumes et de peinture sur le corps, tendre lentement son arc en ma direction. Ok Tobias, mon vieux, c'est le moment de courir pour ta vie.
Je détale comme un lapin, zigzagant entre les arbres, espérant m'éloigner assez pour ne pas être tué aussi bêtement. Ils ne m'ont pas tué jusque là, pourquoi maintenant ? Etions-nous en territoire sacré, où le sang ne peut couler et maintenant oui ? Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas rejoindre Sofia. Je ne veux pas laisser Alvan tout seul. Je veux retourner à ma ferme, prendre soin de mes animaux, continuer d'améliorer mon potager, vivre ma vie, encore, tout seul, et pas... « ARGH ! » Je hurle de douleur alors que je sens la flèche me traverser la cuisse gauche. Ils sont arrêtés de chanter à l'impact. Je me retourne, horrifié à l'idée qu'ils puissent vouloir me tuer à petit feu, flèche à flèche. Ils ne bougent pas. Je peux encore les apercevoir, le long du ruisseau, à m'observer en silence. Ils veulent que je m'enfonce dans la forêt. Ils pensent que je vais me faire tuer ici, d'une manière ou d'une autre. Je ne les imagine pas me laisser la vie sauve. Ils s'amusaient bien trop pour cela.
Je sens le sang couler le long de ma jambe. Je n'ai pas osé retirer la flèche avant d'avoir mis une véritable distance entre eux et moi. J'ai cependant posé un garrot rapide, et bandé la plaie à travers l'arme. Je ne peux pas me permettre de mourir maintenant. Je vais survivre, je vais survivre, je peux survivre. Alvan a promis de revenir pour les vacances, je veux être là pour qu'il me raconte comment tout cela se passe. Je ne peux pas mourir.
Je ne sais pas combien de temps je marche. Une heure, deux heures, dix minutes ? Je fais trop de pauses pour pouvoir rentrer chez moi avant la nuit. Je voudrais transplaner, mais vu ma jambe je risque de perdre un membre en route. Je sonde les feuillages à la recherche d'herbe médicinales, mais tout tourne un peu, et je ne reconnais rien. La flèche est-elle empoisonnée ? Vais-je juste pour mourir ici, en me vidant de mon sang, loin de toute civilisation ?
Je me suis endormi durant ma dernière pause. Ou évanoui, je ne sais pas trop, je crois que la différence est minime à ce niveau. Je me sens faible, et fatigué, mais au moins je n'ai plus froid. Je réalise, en reprenant conscience, que je ne suis plus contre un arbre. Je suis allongé, et le sol sous moi ne ressemble pas à la terre meuble de la forêt. Je fronce les sourcils, ouvre les yeux... découvre un visage à quelques centimètres du mien, me scrutant fixement. Je sursaute, ce qui réveille la douleur, ce qui me fait grimacer. Comme une grosse claque dans la figure au réveil. Le visage s'éloigne un tout petit peu. C'est un indien, à ce stade je n'arrive vraiment à les différencier. Il a les cheveux courts cependant, contrairement autres et il n'a aucun maquillage. Je ne sais pas ce qu'il me veut, je me demande si c'est lui qui est censé me tuer (me manger) mais, au hasard, je tente un « Bonjour ? » |
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HERO • we saved the world Rohan Helvar | America, 19th century, Nebraska People are strange when you're a stranger. Faces look ugly when you're alone. Women seem wicked when you're unwanted. Streets are uneven when you're down. When you're strange Faces come out of the rain. When you're strange No one remembers your name Les Deux Pattes ont encore déposé un panier à côté de la rivière. Il ne sait pas pourquoi ils font ça, mais à chaque fois, il y trouve de la nourriture et de temps en temps, des babioles dont il ne comprend pas bien l’utilité. Aujourd’hui, il y a un loup taillé dans du bois. Il l’a posé à côté de Sakuru qui l’a reniflé avant d’y mettre un coup de patte dédaigneux, alors il a haussé les épaules et l’a récupéré. Il y a toujours de la viande et elle est bonne, mais les loups refusent d’y toucher, ils préfèrent lui laisser et il ne va pas s’en plaindre après tout, ça veut dire qu’il n’a pas besoin d’aller chasser, aujourd’hui. Alors comme à chaque fois qu’il trouve un panier, il s’est empiffré jusqu’à ne plus être capable de faire le moindre mouvement et c’est pour ça qu’il est étendu en plein soleil, sous l’œil moqueur de Páh. Kaatiit essaye bien de le faire bouger en lui mettant des coups de truffe froide et humide sur la joue, mais il ne peut que grogner et lever un bras pour l’attraper par le cou et le forcer à s’allonger. Là, voilà, pas bouger. Le loup noir a la bonté de lui accorder une sieste dont il profite largement, mais il finit tout de même par revenir lui japper dans les oreilles et il n’a plus d’autre choix que de laisser tomber son idée de ne rien faire de la journée. Il se lève donc en s’étirant et en baillant bruyamment, puis attrape le panier et va le ranger à côté des autres. Ils sont jolis, tous de taille et de forme différente, il aime bien les paniers. Surtout parce qu’il ne sait pas comment ils font ça. Le loup de bois, il le trempe dans les cendres noires puis le pose à côté des deux autres. D’un claquement de langue, il interpelle Kaatiit qui s’approche d’un pas tranquille, puis lui montre. Il y a deux gros loups au pelage grisâtre, parce qu’il s’est servi de cendres encore blanches pour les recouvrir, qui représentent Sakuru et Páh et maintenant, leur frère est là aussi. Le loup noir observe un moment les statuettes, puis vient lui mettre un coup de tête qui lui arrache une grimace. Oui c’est vrai, il n’est pas là lui, mais il ne sait pas comment on taille le bois comme ça. Peut-être qu’il devrait demander aux Deux Pattes de le représenter lui, la prochaine fois. Enfin pour ça, il faudrait les approcher. L’homme se relève et esquisse un sourire amusé quand il voit un des petits de Páh s’aventurer un peu trop loin de sa mère. Ils sont cinq et ils ne sont plus aveugles, alors il va falloir qu’il réfléchisse à des noms.
Celui-là ressemble à son père, le solitaire qui s’est aventuré jusqu’ici et qui a semblé, au premier abord, être un bon ajout à leur meute. Mais il ne tolérait pas la présence de l’humain, alors quand il l’a attaqué, Páh n’a pas hésité avant de lui régler son compte. Il était stupide celui-là, alors bon débarras. Il espère que les petits seront comme Páh. C’est elle qui l’a trouvé. Il tenait déjà sur ses deux jambes mais il était tout petit et il hurlait de terreur à côté des cadavres de ses parents, quand Páh est apparue. Il a immédiatement cessé de crier, persuadé qu’elle allait le dévorer, mais ce n’est pas ce qu’elle a fait. Le louveteau perd l’équilibre et s’étale dans un couinement assez pathétique qui le fait rire, alors il le rattrape et le ramène près de sa mère, qui laisse une langue râpeuse courir le long de ses doigts en remerciement. Quand il sort de la caverne, Sakuru est debout sur un rocher, dans cette position qu’il adopte à chaque fois que son flair ou ses oreilles repèrent quelque chose d’intéressant. Kaatiit le rejoint et jappe avec empressement. « Mmmmmh ? » fait l’homme, curieux et le prochain son que Sakuru laisse échapper est un grondement sourd.
Des Deux Pattes. Bizarre, ils ne s’aventurent jamais aussi près. En fait, ils ne vont jamais plus loin que la rivière. Ils savent que c’est le territoire des loups, ici. Il fait signe à Sakuru de rester là avec Páh, puis à Kaatiit de lui montrer le chemin. Ils marchent un moment, s’enfonçant dans la forêt quand finalement, le loup noir se fige. L’homme l’a vu lui aussi, le Deux Pattes appuyé contre un arbre. Il est tout pâle alors il se dit d’abord qu’il est mort, avant de voir sa poitrine se soulever. Les rares fois où il a croisé des Deux Pattes aussi pâles, ils étaient morts et pourtant, celui-là respire toujours, c’est étrange. Kaatiit s’approche et c’est étrange, parce qu’il n’a pas l’air effrayé, juste curieux. Alors il le suit et c’est là qu’il remarque la flèche qui lui traverse la cuisse. Pas mort, mais il ne va pas tarder à l’être, alors. Il étudie ses traits un moment, avec attention. Il est vraiment étrange, avec sa peau toute pâle. Les vêtements qui le recouvrent le sont encore plus, ils ne ressemblent pas du tout à ce que les Deux Pattes portent, d’habitude. Il s’accroupit devant lui, les sourcils froncés. Lentement, prudemment, il approche sa main de l’homme et du bout des doigts, frôle son visage. Le Blanc laisse échapper un gémissement dans son sommeil qui le fait sursauter. Kaatiit lui met un coup de tête. « Quoi ? » marmonne-t-il, confus. Le loup se met à couiner, frotte son museau contre la poitrine du Deux Pattes, puis vient lui faire la même chose. « Comment ça pareil ? J’crois pas non. » Il est tout pâle celui-là, et puis il est plus petit et il a l’air tout maigrichon. Et puis c’est quoi, sur son nez ? C’est peut-être parce qu’il est aussi bizarre que les Deux Pattes l’ont attaqué et laissé aux loups ?
Il ne voit pas en quoi c’est son affaire, mais Kaatiit insiste jusqu’à lui faire pousser un grognement de frustration. Avec un regard sombre pour le loup, il se lève et attrape le Blanc qu’il jette sur son épaule, tandis que son compagnon se met à japper joyeusement en courant autour de lui. Il ne sait pas du tout pourquoi il insiste à ce point, mais il écoute toujours les loups, ça ne va pas changer aujourd’hui. « Si Páh et Sakuru me demandent, je leur dirai que c’est de ta faute. » Ça lui apprendra à avoir des idées nulles. Le chemin du retour est plus pénible avec son fardeau sur l’épaule, surtout que ce dernier marmonne des trucs qu’il ne comprend pas dans son délire inconscient. En arrivant à la caverne, il voit que Páh est partie avec ses petits, probablement dans un autre terrier plus sûr, tandis que Sakuru surveille l’entrée et grogne en les voyant. Il ne se gêne pas pour pointer Kaatiit du doigt et emmener son fardeau à l’intérieur, avant de l’allonger presque soigneusement sur le sol. Là il se fige, les sourcils froncés. Mince, il était pas comme ça avant. Il avait plus l’air d’un raton-laveur et maintenant… Le loup noir s’avance et fait tomber un objet de sa gueule, à côté. Il s’en empare, observe les étranges branches froides et dures, il veut passer ses doigts à travers les ronds, mais se retrouve bloqué. Là, un reflet ! Comme de l’eau mais… dure ? Ca n’a aucun sens. Avec un grognement frustré, il dépose l’objet sur le sol, à côté du Deux Pattes et ressort aussitôt. Le loup gris s’est allongé et lui lance un regard sombre mais il ne dit rien, tandis que le noir continue d’avoir l’air plus heureux que jamais. « S’il bouge, tu peux le manger, » dit-il à Sakuru qui lui répond par un jappement satisfait.
Bon, maintenant, il faut qu’il trouve de quoi soigner le Deux Pattes blanc. Il ne met pas longtemps à dégoter les bonnes plantes – il a un don pour ça, il suppose que ça vient avec la magie, c’est comme quand il fait du feu avec ses mains – et quand il revient, Kaatiit monte solennellement la garde devant l’entrée de la caverne et Sakuru est parti, chasser probablement. Une fois à l’intérieur, il rassemble le bois et allume un feu, puis mélange les plantes et les écrase, pour en faire une pâte odorante. Du coin de l’œil, il voit le loup noir s’allonger et se couvrir la truffe de ses pattes avant d’un air exagérément dramatique, lui tirant un rire moqueur. Une fois le cataplasme prêt, il s’approche du Deux Pattes toujours endormi et attrape son couteau, pour découper un peu mieux le pantalon étrange de l’humain étrange. Il casse une extrémité de la flèche avant de l’extirper et en voyant qu’il ne se met pas à se vider de son sang, il se dit qu’il a peut-être une chance. Alors il applique soigneusement la pâte qu’il a préparée et qui est suffisamment épaisse pour au moins arrêter un peu le sang de couler. Si ça ne s’arrête pas complètement, il faudra sûrement qu’il se serve du feu et le Deux Pattes n’aimera probablement pas ça. Il soupire et rabat ses fourrures sur lui, puis attend.
Qu’il reprenne des couleurs bien sûr, mais ce n’est pas le cas. Il reste toujours aussi pâle et très franchement, il commence à se demander si ce n’est pas un démon, qu’il a ramené. Kaatiit ne l’aurait pas encouragé – enfin, forcé plutôt - à ramener un démon, pas vrai ? L’homme lance un regard sombre au loup qui les observe tranquillement, la langue pendue. Pourtant, aucun Deux Pieds ne continue de respirer en étant aussi pâle. Ou alors, c’est un autre genre de Deux Pieds ? Comme Kaatiit est noir alors que Sakuru et Páh sont gris ? Mais alors pourquoi il n’en a jamais vus avant ? Il finit par s’assoupir à moitié, parce qu’il n’est pas très bon pour monter la garde, les loups sont plus efficaces pour ça et il leur fait confiance, quand justement, il entend Kaatiit qui gémit doucement pour le prévenir. Il entrouvre un œil et c’est là qu’il voit le Toujours Trop Blanc s’agiter. Alors il s’approche, se place au-dessus de lui, prêt à lui faire comprendre que s’il fait quoi que ce soit de menaçant, il n’hésitera pas à lui régler son compte. Mais l’homme se réveille, sursaute et grimace à cause de la douleur. Toujours sur la défensive, il s’écarte un petit peu pour l’observer et c’est là que le Deux Pieds ouvre la bouche. « Bonjour ? » Il n’a aucune idée de ce qu’il vient de dire. Il est tout blanc et il ne parle pas le même langage que les autres Deux Pieds, à quoi pense Kaatiit ?! « Pourquoi tu as voulu que je le ramène ? » demande-t-il d’un ton accusateur au loup, qu’il voit se lever et sortir tranquillement de la caverne. « HÉ ! » Fantastique. Non vraiment, merci Kaatiit, t’es un super frère.
Il reporte son attention sur le Deux Pieds et plisse les yeux, avant d’attraper son visage dans une poigne ferme, pour l’observer minutieusement. Qu’est-ce qu’il a de spécial ? Il est blanc. Trop blanc. Il le force à tourner la tête sur le côté, approche son visage du sien, le scrute avec attention. Ses cheveux sont foncés mais le plus étrange, c’est les boucles qu’ils forment. Son autre main s’y glisse, lentement, et il laisse échapper un grognement intrigué, quand après avoir délicatement tiré sur une boucle pour l’étendre, elle reprend sa forme aussitôt qu’il la relâche. Il recommence, comme bien décidé à voir si elles font toutes ça. Et apparemment oui. Ça lui tire un petit sourire, parce que c’est presque amusant finalement. Les boucles sont douces, c’est agréable, ça lui rappelle un peu la fourrure des loups alors il arrête de jouer avec et les caresse. Il a l’air d’avoir peur, le Tout Blanc, donc il fait doucement. Il a vraiment pas l’air menaçant, tout compte fait. C’est peut-être pas un démon, il est peut-être juste étrange. Mais il ne veut pas tomber dans un piège stupide non plus, alors il reste quand même sur ses gardes quand il le libère de son emprise et s’écarte prudemment. Il avise un de ses paniers, dans lequel il garde toujours quelques fruits comme des pommes et le tend au Tout Blanc. Les démons, ça mange probablement pas, alors il sera vite fixé comme ça. Il le scrute attentivement, prêt à bondir si c’est son âme qu’il préfère manger. |
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| America, 19th century, Nebraska People are strange when you're a stranger. Faces look ugly when you're alone. Women seem wicked when you're unwanted. Streets are uneven when you're down. When you're strange Faces come out of the rain. When you're strange No one remembers your name AUTOMNE 1827, SPIRIT FOREST, NEBRASKA • Au moment où je commence à parler, je me dis aussitôt que si l'indigène a peu de chances de connaître l'anglais... autant oublier le Yiddish. Alvan me répétait qu'il en avait marre que je parle Yiddish, parce qu'il allait arriver à Ilvermony avec un bon italien, un bon yiddish et un anglais très fragile. Je me souviens avoir eu un soucis similaire, à l'époque, et pour lui plaire j'ai essayé, dernièrement, de lui parler ainsi. Cependant, naturellement, c'est dans ma langue d'enfance que je parle. Surtout que mes interlocuteurs, dernièrement, se composent de mon chien, mon cheval et mes vaches. Je n'en suis pas encore à parler aux poules... je leur chante juste quelques airs. Alors je dois avouer, face à l'indien, mon premier instinct a été de lui parler comme on parle à des animaux. Puis, réalisant mon erreur, j'essaye autre chose : « Hello ? » Qui sait, il a bien pu entrer en contact avec des commerçants ou d'autres fermiers ? Ou peut-être ne suis-je pas la première victime qu'il soigne afin de pouvoir mieux la dévorer ? La vérité, c'est que je n'ose pas le contrarier. Ce qui signifie que j'ai, actuellement, atrocement peur de finir par me pisser dessus. Il se détourne de moi dès que j'articule quelque chose, lançant d'un ton colérique une phrase incompréhensible à côté de lui. Je suis son regard et.... « YAK ! » Un loup, un loup immense, un loup géant ! Oh mon dieu, oh mon dieu, il va me dévorer. Alvan sera orphelin, Philip mourra de faim et Benjamin finira par manger Eddie et Amy. Je suis perdu, je suis absolument perdu. Mon cri est accompagné d'un mouvement brusque en arrière, qui est accompagné par un autre cri, de douleur, dans le mouvement inconsidéré que j'ai fait avec ma jambe. Je ne peux même pas courir loin de ces brutes. Je regarde, avec terreur mais une espèce de soulagement, le loup se lever et quitter... la... caverne ou nous sommes ? (Trop de choses en même temps, que faisons-nous dans une caverne?) Il s'en va, et l'indien n'a pas l'air très content de cela, mais moi, franchement, je ne me plains pas. Tout à coup, l'animal parti, je me sens étrangement moins menacé par l'individu qui, après tout, a visiblement soigné ma jambe (même si je n'ose pas me prononcer sur la nature exacte de ce qu'il a posé sur ma chair...). D'ailleurs je remarque qu'il a découpé mon pantalon, et j'amorce une grimace, inquiet de devoir le recoudre, je n'ai vraiment pas la finance pour m'en faire un nouveau...
Ma plainte est ravalée au fin fond de mon cerveau lorsque je sens un contact sur mon visage. J'ai un mouvement de recul brusque, bloqué par ma jambe et, surtout, pas la poigne absolument monstrueuse de l'hoomme. Ce n'est pas une poigne qu'il a, c'est une mâchoire d'ours. J'écarquille les yeux, regrettant soudain le loup qui, au moins, était plus loin, et allongé, et ne le fixait pas aussi intensément. Il me force à tourner mon visage, et j'ai la désagréable impression d'être analysé pour savoir à quelle sauce on me mangera. Je sens les larmes monter, traitres, et humidifier le coin de mes yeux. Je voudrais être fier, guerrier, froid, mais je sens le liquide salé dévaler lentement mes joues, sans un sanglot, très doucement. Je n'ai pas le courage de faire le moindre bruit. Je sens soudain une main dans mes cheveux, je sursaute. Il va me scalper, il va vraiment me scalper ! Je murmure, horrifié de ma lâcheté : « Don't hurt me please, don't hurt me. » J'ai un fils, j'ai des animaux et j'ai des dettes, ô tellement de dettes à payer. L'individu grogne, ce qui me fait encore sursauter, mais il n'a pas l'air de faire attention à ce que je peux dire. De ce que je comprends il... joue, avec mes cheveux ? Il me rappelle, brusquement, Alvan qui jouait avec mes cheveux lorsqu'il était bébé. Qu'est-ce qu'il fait ? Pourquoi il fait ça ? Il veut en faire un manteau, un pagne, un trophée ? Je n'ai jamais vu de cheveux bouclés chez les indigènes, c'est peut-être considéré comme quelque chose de sacré ? Ou maléfique ? Les bouclés sont-ils les roux des indiens ? Par pitié, que ce ne soit pas le cas, être juif me suffit amplement sans que l'on rajoute d'autres préjugés du genre. Il sourit. Pourquoi il sourit ? Qu'est-ce qu'il veut faire à mes cheveux ? Me les retirer et les porter sur lui ? Il va me scalper, je vous jure qu'il va me scalper !
Je tremble sous ses doigs, sans oser un mouvement, sans même plus dire un mot, suivant du coin des yeux chacun de ses mouvements, me préparant à le voir se saisir d'un couteau d'un moment à l'autre... Et effectivement, il s'écarte de moi, accroupi, et avec un minimum de distance, je commence à appréhender la largeur de ses épaules, l'obscurité de ses yeux, la force dans sa main. Sans baguette, je suis un homme mort. Et je suis absolument, et complètement, sans baguette. Rapidement, j'essuie les larmes sur mes joues, renifle légèrement pour dissimuler ce qui pourrait ressembler à un sanglot, et me prépare à me faire égorger lorsqu'il me tend un... Un panier de fruits. Je reste immobile, sidéré, fixant les divers aliments sous mes yeux, puis avisant de l'indigène, puis des fruits, puis lui encore, et il tend encore le panier, et il a un regard insistant particulièrement effrayant, alors je comprends qu'il faut que j'en prenne un. Je n'ai pas faim. J'ai le ventre en vrac et la nausée. La peur, pourtant, me laisse tendre une main tremblante vers le panier, me servir d'une petite pomme. Il me fixe toujours. Cela ne doit pas suffire. Je dois manger encore. J'inspire, profondément et, le surveillant toujours du regard, je croque dedans, machonne courageusement, et finit par avaler en cachant mon haut le cœur. Je ne sais pas exactement ce qu'il attend, alors je hoche la tête, arrive à décrocher un sourire et fait un bruit appréciatif : « Mmmh mmmmh It's good ! » Je lèverais bien le pouce, mais je ne sais même pas s'il comprendrait ce que cela pourrait signifier. Je tousse un peu, mais arrive à avaler une autre bouchée, et cela a l'air de le rassurer, un peu. Je ne sais pas ce qu'il veut. M'engraisser ou... vraiment... me soigner ?
Je repose la pomme à moitié mangée sur mes genoux, fronce les sourcils pour l'observer, inquiet. Je décide, au passage, de revenir au Yiddish. Pas comprendre pour pas comprendre, autant que ce soit plus simple pour moi. « Merci, tu m'as sauvé n'est-ce pas ? C'est toi qui a fait ça ? » Je montre ma jambe et toute la patte qui s'y étale, étrange et, maintenant que je suis un peu plus conscient, assez odorante. « C'est les indiens qui m'ont attaqué... » Pour lui faire comprendre, j'imite doucement le hululement caractéristique des indiens en chasse, puis mimique quelqu'un tirant à l'arc. « ... Tu comprends ? C'est tes amis ? Pourquoi se sont-ils arrêtés ? » Là je ne sais pas trop comment lui faire comprendre, je montre la blessure, et lui, et je joins les mains avec un air interrogateur. Puis, enfin, je pose la question qui me dérange le plus. Sofia me dirait sûrement de me la fermer, mais quand je suis inquiet, je parle, c'est comme ça. « Est-ce que tu vas me tuer ? » Et là je le montre lui, puis je fais le mouvement de me poignarder au cœur, puis je laisse tomber ma tête sur le côté, sort la langue, et laisse échapper un râle. Je me redresse vite, yeux curieux, mains inquiètes, commençant déjà à faire tourner la pomme entre mes doigts. « Tu comprends ? » |
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HERO • we saved the world Rohan Helvar | America, 19th century, Nebraska People are strange when you're a stranger. Faces look ugly when you're alone. Women seem wicked when you're unwanted. Streets are uneven when you're down. When you're strange Faces come out of the rain. When you're strange No one remembers your name Non, vraiment, le Deux Pattes n’a pas l’air dangereux du tout. Il a bien vu que la présence de Kaatiit le terrifiait et les autres humains ont souvent peur des loups, encore plus de celui-ci, avec son pelage noir, il les effraie plus que Páh et Sakuru. Ça veut probablement dire que ce n’est pas un démon, mais comment en être bien sûr ? Il doit faire attention, ce n’est pas parce que le gros loup noir semble s’être pris d’affection pour le Tout Blanc qu’ils sont hors de danger, Kaatiit est connu pour ne pas être le plus méfiant des trois loups. Il l’observe avec minutie alors, le scrute mais ne trouve rien, sinon des larmes dans ses yeux dont il ne sait pas si elles sont de peur ou de douleur, et une voix un peu tremblotante qu’il n’aime pas trop. Ça sent la peur, tout ça. Bon, un démon n’aurait probablement pas peur de lui, pas vrai ? Ou en tout cas, c’est que ce n’est pas un démon bien dangereux. Les démons froussards, ça existe ? Dernier test, la nourriture. S’il mange, alors il est normal. Il le regarde attentivement, alors qu’il semble hésiter avant d’attraper une pomme. Il a compris, c’est déjà ça. Mais il ne la mange pas, alors il fronce les sourcils et attend. Enfin, il se décide à croquer dedans tandis qu’il l’observe toujours attentivement. Le Deux Pattes fait un bruit semblable à ceux qu’il laisse échapper, quand il se régale avec ce que les autres lui donnent dans les paniers, ça veut dire qu’il apprécie, pas vrai ? Pourtant, il fait une mine bizarre. L’homme penche la tête sur le côté, intrigué. Peut-être qu’il n’aime pas les pommes ? Il repose le fruit à moitié entamé. Ou alors, il n’a pas faim ? Bon, au moins, il a essayé. « Merci, tu m'as sauvé n'est-ce pas ? C'est toi qui a fait ça ? » C’est bizarre, quand il parle, ses sonorités changent, comme s’il parlait deux langues. Ou alors, son langage est vraiment étrange. Quoi qu’il en soit, il ne comprend rien à ce qu’il dit, alors que les quelques fois où il a entendu les autres Deux Pattes parler en les observant de loin, il n’avait aucun problème à les comprendre. Heureusement, le Blanc a l’air de savoir qu’il ne le comprend pas, alors il suit son geste du regard, quand il montre sa jambe et surtout, la pâte qui recouvre sa plaie. Il relève les yeux, voit son air interrogateur et se dit qu’il lui demande probablement si c’est lui qui l’a soigné. Alors il hoche la tête, ça ne sert à rien de lui répondre, il ne le comprendrait pas.
« C'est les indiens qui m'ont attaqué... » Il fronce les sourcils, puis sursaute et s’écarte quand il pousse un cri. Il finit par reconnaître le cri que poussent les autres Deux Pattes mais il lui lance quand même un regard noir, plus embarrassé qu’autre chose d’avoir été ainsi surpris. Il fait d’autres grands gestes ensuite alors il les suit attentivement et comprend à peu près. Oui, les autres l’ont attaqué, il s’en est douté en voyant la flèche. Mais pourquoi ? Il n’a pas l’air bien méchant après tout. « ... Tu comprends ? C'est tes amis ? Pourquoi se sont-ils arrêtés ? » Il lui montre à nouveau sa blessure. D’accord. Puis il fait un truc un peu bizarre, mais il a l’air de… poser une question ? Il a déjà dit que c’était lui qui l’avait soigné, il n’a pas compris ? Ou alors il lui demande pourquoi ils l’ont attaqué ? Qu’est-ce qu’il en sait, lui ! Il ne comprend pas toujours ce que font les Deux Pattes. A vrai dire, il les comprend rarement. « Est-ce que tu vas me tuer ? » Il le montre, puis fait un truc bizarre en se frappant la poitrine, avant de…. Faire le mort ? C’est à ça que ressemblait Kaatiit quand il faisait semblant qu’il avait réussi à le tuer lors de leurs jeux. Alors ça le fait rire, un peu, parce qu’il a vraiment l’air stupide comme ça. Il veut savoir s’il va mourir ? Ça dépend de si la blessure s’infecte ou non… Ah, il l’a montré avant ! S’il va le tuer ? Ben… s’il lui donne des raisons de le faire, bien sûr qu’il le tuera. Mais il n’a pas l’air trop dangereux et de toute façon, il est blessé donc… Non, pas pour l’instant. « Tu comprends ? » Il a déjà dit ça, non ? C’est très frustrant, de ne pas comprendre ce qu’il dit, surtout qu’il ne fait plus de gestes et attend juste, en le regardant. Alors il secoue la tête négativement, pour lui dire qu’il n’a pas l’intention de le tuer… pour l’instant. Il ne voit pas tellement comment il pourrait lui faire comprendre la nuance.
Le feu a faibli, alors il attrape des morceaux de bois pour le nourrir et la caverne s’éclaire brusquement, lui permettant de discerner un peu mieux les traits du Tout Blanc. Il est… joli ? C’est un joli Deux Pieds. Enfin, il croit. Il ne les approche pas tellement, alors il n’a pas trop de quoi comparer, mais il décide qu’il aime bien la tête qu’a celui-là. C’est la première fois qu’il se retrouve avec un autre humain depuis… depuis que Páh l’a trouvé. Les autres ne s’approchent pas et les quelques fois où ils l’ont vu, ils ont toujours fini par détaler, probablement effrayés par les loups. Celui-là a l’air d’avoir autant peur qu’eux, mais il ne peut pas courir. Alors il a envie de lui demander tout un tas de trucs. Qu’est-ce qu’il fait là ? Pourquoi il parle bizarrement ? Pourquoi il est tout blanc ? C’est quoi, ces vêtements bizarres ? Est-ce qu’il a un nom ? Il en avait un, lui. Il ne sait plus ce que c’était, parce qu’il n’y a personne pour l’appeler ici alors il a fini par oublier. Tout ce qu’il sait, c’est que quand ils le voient, les Deux Pieds l’appellent l’Esprit, ou l’Homme Loup. Mais il n’aime pas trop ces noms-là, parce qu’ils ont l’air d’avoir peur quand ils les disent. Il a plein de questions oui, mais il ne sait pas comment les poser. Alors son regard tombe sur les deux ronds à branches dures qu’il a laissées sur le sol. Ah, ça c’est un bon début ! Il s’en empare et les observe un moment, avant de les lever au niveau de son visage et de fermer un œil, pour regarder à travers un des ronds. Aussitôt, il a un mouvement de recul et fronce les sourcils. Pourquoi il avait ça sur le nez ? Il lui tend avec une mine curieuse, parce qu’il ne comprend vraiment pas à quoi ça sert. Il n’a pas le temps de lui demander quoi que ce soit, parce qu’il perçoit du bruit à l’entrée de la caverne et voit Kaatiik qui revient de son pas tranquille, le bout du museau et les pattes encore mouillés du ruisseau où il est probablement allé boire. Aussitôt, le Tout Blanc a un mouvement de recul et à la grimace qu’il a, se fait probablement mal en bougeant. Il a l’air de vouloir se fondre avec la paroi rocheuse alors que le gros loup noir continue d’approcher tranquillement. « C’est Kaatiik, il ne te fera pas de mal, » dit-il en fronçant les sourcils. « C’est lui qui a insisté pour que je te ramasse, il t’aime bien va. » Sauf que ça n’a pas l’air du tout de rassurer le Deux Pattes, ce qu’il dit. Forcément, il ne le comprend pas.
Alors il soupire et lance un regard sombre au loup noir qui s’est assis, la langue pendue et les observe. « Viens là, » marmonne-t-il en lui faisant signe d’approcher. Bien sûr, il ne bouge pas. « Mais tu vois pas que tu lui fais peur gros débile ? Viens là je te dis ! » s’exclame-t-il et Kaatiik lâche un grondement plus agacé que menaçant, avant de s’approcher tranquillement d’eux. Une fois qu’il arrive à sa portée, il l’attrape par le cou et l’attire contre lui, pour qu’il se tienne tranquille, à moitié affalé sur ses jambes. « Tu vois ? Il est pas méchant, » fait-il à l’attention du Trop Pâle. « Montre-lui que t’es pas méchant. » Le loup se met sur le dos et le laisse lui caresser le ventre, la tête à l’envers et la langue toujours pendue, avec un air stupide. « N’en fais pas trop non plus. » Il relève la tête vers l’autre humain et lui adresse un sourire. « Les Deux Pattes ont mauvais goût, il te mangera pas. » Il a une idée, alors il montre le gros loup noir du doigt. « Kaatiik, » dit-il lentement. Il se retourne et attrape les loups en bois dans sa main. Il pose le noir devant le Deux Pattes, et répète « Kaatiik. » Puis il pose un gris un peu plus loin, pour montrer qu’il n’est pas là. « Sakuru, il est parti chasser. » Il grogne et fait mine de manger quelque chose, pour lui faire comprendre. Et enfin, il pose le dernier loup. « Páh ! » Et un grand sourire se dessine sur ses lèvres. « Elle est allée cacher ses petits. Hum. » Il montre le loup en bois, puis lève son pouce et son index et réduit l’écart entre les deux, pour désigner quelque chose de plus petit. Il fronce un peu les sourcils, puis montre ses cinq doigts. « Ils sont encore tout petits, alors elle les protège et je pense que Sakuru fait la tête, mais il fait tout le temps la tête. » Un peu frustré de voir qu’il ne s’occupe plus de lui, Kaatiik se redresse et va s’approcher du Deux Pattes, qu’il renifle avec minutie avant d’aller lui donner des coups de truffe froide sur la joue. Alors un nouveau rire lui échappe et il fait signe au Tout Blanc d’y aller. « Caresse-le, sinon il va…. » Et ça ne manque pas, le loup noir sort sa grosse langue râpeuse et la passe sur tout un côté du visage de l’humain. « Je sais pas ce qu’il a ce Deux Pattes, mais il doit pas être bien méchant, si t’insiste comme ça, » rit-il en se moquant un peu de la tête qu’il fait. |
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| America, 19th century, Nebraska People are strange when you're a stranger. Faces look ugly when you're alone. Women seem wicked when you're unwanted. Streets are uneven when you're down. When you're strange Faces come out of the rain. When you're strange No one remembers your name AUTOMNE 1827, SPIRIT FOREST, NEBRASKA • Je le regarde secouer négativement la tête. Il a compris ? Il ne va pas me tuer ? Je ne sais pas, je ne pense pas, c'est bizarre comment ses grands yeux curieux me font de moins en moins peur. Je ne sais pas pourquoi les indiens voulaient que je vienne ici. Peut-être que leur plan a échoué. Peut-être que je vais survivre, après tout... Je le regarde alors qu'il alimente le feu dans la petite cave. Il ne se lève pas, c'est bizarre, on dirait vraiment un être sauvage avec cette façon qu'il a de se déplacer dans l'espace en quelques mouvements accroupis. Il alimente le feu et, brusquement, tout est plus clair. Je lance un regard curieux à l'ensemble, de plus en plus détendu, de plus en plus capable d'analyser ce qu'il se passe. Tout est encore un peu flou sans mes lunettes, mais je vois bien que c'est sommaire, barbare, peut-être même plus que les indiens. Vit-il seul ? Seul avec les.... loups ? Le sauvage me fixe toujours lorsque je reporte mes yeux sur lui. Pourquoi me fixe-t-il autant ? Je tais la voix qui essaye de me dire qu'il essaye de savoir si j'ai bon goût. Non non, il me fixe parce qu'il est curieux. Il a le comprend d'Alvan face à quelque chose d'inconnu.
Il se saisit de mes lunettes et, si j'ai une grimace à l'idée qu'il le casse, je remarque vite qu'il est délicat avec. C'est rigolo comme un être aussi large peut être aussi délicat. Je crois qu'il est grand, il a l'air d'être grand, mais vu comment il s'accroupit tout le temps, c'est dur à dire. Je le regarde faire la grimace en essayant de regarder à travers, et je souris, un peu malgré moi, d'un sourire tordu et timide. Julia me disait toujours que j'avais un sourire de merde. Je sais pas sourire, mes rires sont rares et tordus. Il finit par me tendre mes lunettes et j'avoue que j'hésite un peu, puis je finis par les prendre du bout des doigts et les remettre sur mon nez. Elles sont un peu tordues, mais qui ne puisse être rétabli d'un coup de magique. Je vois soudain plus clairement. Je le vois aussi, lui, le sauvage, plus clairement. Par Merlin quel monstre ! On pourrait certainement se couper à l'arrête de sa mâchoire, et il a des yeux beaucoup trop intenses pour être humains. Il a l'air, aussi, plus jeune, ou plus innocent, je ne sais pas. Il n'est pas humain, en fait, et je crois que c'est cela qui lance un étrange élan d'affection pour cet être curieux et étrangement délicat. J'allais dire quelque chose, peut-être lui aussi, mais un bruit nous réveille tous les deux et, en tournant la tête, je vois maintenant clairement le loup noir. Je sursaute et pousse un petit cri, encore plus effrayé de le voir clairement maintenant. Je devrais retirer ces lunettes, en fait. J'entends l'indien dire quelque chose de sa voix grave, je crois qu'il me parle, mais je ne fais que le regarder avec des grands yeux, espérant juste qu'il le fasse de nouveau partir. C'est le sien de loup non ? Il peut pas lui ordonner de sortir ? Enfin, si on y réfléchit... le loup fait à peu près la taille de Benjamin donc... donc.... il n'y a pas de quoi avoir aussi p-p-peu- ok non il se rapproche vraiment vraiment vraiment trop. Avec ses dents. Et ses pattes. Et ses yeux presque aussi intenses que ceux de l'indien.
Je les regarde communiquer l'un l'autre avec stupéfaction. Il parle la langue des loups ou quoi ? Parce que bon, Benjamin est intelligent mais en dehors des ordres il ne comprend pas grand chose.... Je regarde en déglutissant l'animal s'approcher de l'indien, puis se faire attraper, puis tomber sur le dos, et... laisser sa langue dehors ? Cela me rappelle effectivement Benjamin. Pendant tout ce temps, le sauvage me parle. Je crois qu'il essaye de me rassurer et c'est bizarrement comment, je crois, eh bien que ça marche. Le cliquetis de la langue des indigènes avec sa voix grave est étrangement relaxante et voir l'animal se soumettre me confirme qu'il a bien une sorte d'autorité sur lui. Puis il y a un mot qui ressort, et je fronce les sourcils. « Kaatiik. » ça veut dire loup ? Puis il attrape des petites statues que je n'avais pas remarqué et répète, en montrant le noir. « Kaatiik. » Ou alors c'est son nom ? Pourquoi me présenter le loup et pas se présenter lui-même ? Puis il pose un autre long, assez loin. Attends quoi. Il y en a d'autres ? Je me sens blanchir et réprime ma respiration qui veut commencer à me faire paniquer. « Sakuru gari yakaaka lu. » Heu, on va dire Sakuru, hein ? Et... encore un ? Il le pose près de l'autre. « Pah ! » Il sourit, à ce moment-là, et je n'arrive pas à avoir peur tant il a un sourire lumineux. Il a les dents qui se dévoilent, encore plus blanches avec sa peau sombre, et je sens la peur s'échapper de le voir soudain si joyeux. Il l'aime particulièrement, ce Pah ? Il dit quelque chose, d'une voix enjouée qui continue de transformer son apparence de grand monstre vers celui du petit enfant excité. Il fait des trucs avec ses doigts, me suggère un petit loup, puis sa main, et parle encore..... AH ! AH ! Oui ! C'est des petits ! Mes yeux s'agrandissent et je lève la main, soudain fier : « Des louveteaux, elle a des petits, c'est ça ? » Je cherche bêtement comment mimer un enfant lorsque le gros loup noir se lève et me coupe dans ma phrase.
Oh mon dieu il s'approche. Oh mon dieu il me touche de la truffe. Je reste figé, immobile, tétanisé, hésitant entre fixer le loup et fixer le sauvage pour qu'il me sauve. Il a l'air de s'amuser, et me dit quelque chose, encore, que je ne comprends pas. Oh mon dieu il me lève il va me bouffer il va me bouffeeeeeeeeeeeeeeeeer.
Mais rien ne se passe. Il me lèche puis s'assoit à côté de moi, en me fixant, battant même de la queue sur le sol. On dirait vraiment Benjamin. L'homme-bête, lui, rigole. Il a l'air encore plus jeune quand il rit. J'essaye de ne pas le fixer tant ça fait bizarre de voir une grosse brute rire comme un enfant. Je m’essuie la joue en les fixant tous les deux, comme s'ils étaient fous. Je crois que je comprends le délire. Il agit exactement comme Julia, quand des amis d'Alvan venaient et qu'ils avaient peur de l'énorme Benjamin. Et je me souviens de ce qu'elle essayait de leur faire faire. Je prends donc ce qui me reste de courage et de couilles et, d'une main tremblante, je lève le bras vers l'animal. Il ne bouge pas, me fixe juste, même alors que je m'approche de sa tête. Ok il va pas me croquer. Puis je... pose... ma main... sur... sa....... tête. Rien ne se passe. Juste le silence et deux paires d'yeux qui me fixent. Je bouge, un peu, dans ce qui ressemble à une caresse. Oh mon dieu je rêve où le loup sourit ? Ok c'est bizarre. C'est pas censé être aussi sage, et compréhensif et intelligent, un loup. C'est quoi leur délire. J'arrive à tenir une dizaine de secondes, puis je retire ma main encore tremblante. Je respire. Puis finalement, j'arrive à rire. Un rire nerveux, sûrement. Je regarde ma situation, et je n'arrive pas à croire à ce qui m'arrive. Qu'est-ce que je fous ? Qu'est-ce qu'il se passe ? L'année dernière, j'étais juste un banquier juif comme les autres au fin fond de New York et maintenant... maintenant je parle avec un indien et je dompte des créatures magiques ? Je rigole et, quelque part, cela retire de la tension. Cela me permet de mieux respirer, de détendre mes muscles, de moins sentir la douleur.
Le rire nerveux passé, j'arrive à me redresser jusqu'à arriver à une position complètement assise, je respire encore un bon coup... Ok Tobias, tu vas y arriver. Tu ne vas pas mourir. Tu vas te soigner, reprendre des forces, puis transplaner jusqu'à la maison. Il faut juste être assez aimable pour ne pas se faire tuer connement. On évite de manger sur les gros cailloux. Au pire, tu es assez en forme pour faire un transplanage express... Je m'éclaircis la gorge, lance un regard curieux vers l'homme-bête puis pointe discrètement le loup noir du doigt : « Kaatiik. » Je n'arrive pas à le prononcer aussi bien que lui mais, flûte, il n'y avait pas option langage indien à Ilvermony. Puis je montre le deuxième statuette, un peu en retrait. « Sakuru. » Si je ne me trompe pas. Puis le dernier. « Pah. » Il avait une accentuation spécifique sur celui-là mais je ne suis vraiment pas fait pour se genre de chose. Je retourne juste le doigt vers moi-même, en le fixant : « Tobias. » Il me regarde avec des grands yeux, je me sens un peu rougir de la débilité de la scène. « Too-biii-aaasss. » J'accentue chaque syllabe avant de balancer, un peu par dépis. « Toby, aussi. Toby. » S'il a un nom à ralonge, c'est clair que moi, je prononcerai par tout. Puis je pointe le doigt vers lui, curieux : « Et toi ? » Et toi, qui es-tu, étrange homme-créature ? |
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| | | | | ROMES • The paleface is a demon | |
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