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sujet; (continu) ambroisie + testament of youth.

WIZARD • always the first casuality
Ambroise Moriarty
Ambroise Moriarty
‹ inscription : 24/11/2016
‹ messages : 348
‹ crédits : GΔINTOOKLEY, tumblr, maggie stiefvater.
‹ dialogues : slategray.
(continu) ambroisie + testament of youth. 18212002

‹ liens utiles :
rolf ft. ryan gosling, astoria ft. lily collins, theodore ft. dylan o'brien, édouard ft. bob morley, neville ft. daniel sharman, elijah ft. chris evans, ambroise ft. sen mitsuji, alexander ft. alfie enoch, olivia ft. emeraude toubia, brienne ft. natalia dyer, dean ft. john boyega, gregory ft. alden ehrenreich, priscilla ft. daria sidorchuk, charles ft. james norton, hwan ft. vernon choi, jay ft. gong yoo, hiram ft. abel tesfaye, adidja ft. reece king.


‹ âge : vingt-quatre (13/07)
‹ occupation : un employé d'Alastar Doherty officiant principalement comme bookmaker, fraichement innocenté pour ma collaboration avec le gouvernement du Magister.
‹ maison : serpentard
‹ baguette : mesure vingt-cinq centimètres virgule sept, est faite du même chêne rouge que mes soeurs et contient une canine de dragon (boutefeu chinois) réduite en poudre. Elle est prédisposée aux maléfices impliquant le feu.
‹ gallions (ʛ) : 3192
‹ réputation : je suis un manipulateur-né, de la même trempe que le fameux Gatsby. Ma soeur est cinglée et on a observé chez moi des comportements "anormaux" comme on aime dire. Je suis un parieur, et je ne peux jamais refuser un défi, aussi farfelu puisse-t-il paraître.
‹ particularité : empathe, ainsi qu'un maître du feu.
‹ faits : je suis un empathe utilisant son don pour manipuler et extorquer autrui. Grâce à mon métissage, j'ai une affinité avec l'élément du feu, même si cette caractéristique m'est un peu inutile et me semble, encore aujourd'hui, obscure. Je suis, secrètement, atteint d'une malédiction depuis un an environ, qui me ruine la vie et a divers effets (douleurs brûlantes chroniques, magie parfois instable/trop puissante, apparitions de tatouages, décoloration de la peau). J'ai été Adhérent sous le Magister mais je me suis sorti sans mal de mon procès.
‹ résidence : sur le Chemin de Traverse, avec mes parents.
‹ patronus : un niffleur.
‹ épouvantard : ma soeur jumelle Ariane sur un rocking-chair, l'écho de son propre Épouvantard.
‹ risèd : la richesse et la reconnaissance du reste de l'Élite.
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calixe davisYou are going to break your promise. I understand. And I hold my hands over the ears of my heart, so that I will not hate you.
NOVEMBER 3rd 2003 + Je vais aller à Pré-au-Lard. Ça fait plus d'un mois depuis Herpo Creek et je souffre plus de la commotion, ni des sortilèges, ni des légères brûlures qui de toutes façons, se guérissent rapidement sur ma peau de maître de feu. Ça fait environ un mois que je travaille au bureau des Rafleurs, en bon Adhérent, aidant à la logistique et pour répondre courtoisement aux demandes des citoyens d'envoyer des renforts... mais il n'y a personne à envoyer, nulle part. Ils sont tous à Pré-au-Lard.
Et demain, j'irai, et je mourrai peut-être, et je n'arrête pas d'y penser. J'ai envoyé un hibou à Callie, juste pour l'informer. Je sais que j'aurais peut-être dû aller la voir rapidement pour lui expliquer... je lui ai demandé de venir, un peu plus tard dans la soirée. J'ai peur que si j'étais directement allé la voir, j'aurais été trop délicat, trop sensible, trop triste pour me résoudre à partir le lendemain.
Je vais revenir, entre les journées, mais je ne la verrai pas, ai-je décidé. Impossible de revenir, d'y repartir après l'avoir vue, si je sais qu'elle m'attend, qu'elle est là... et qu'elle m'aime. C'est stupide, comme pensée.
Je me suis servi un fond de whisky. Je n'aime pas trop l'alcool fort en journée, surtout quand je ne suis pas accompagné, ça me rappelle trop les fois où j'ai vu son père verser de la liqueur dans son café au petit-déjeuner. Mais cette fois, j'en ai besoin. Juste cette fois, je me promets. J'adresse une pensée nostalgique à Demetri. Peut-être que j'aurais dû le contacter lui. Il aurait certainement mieux géré la situation, mieux géré Callie.
Mais quand ma baguette m'indique que quelqu'un souhaite utiliser la cheminée de l'appartement, et que j'ai à peine le temps de me retourner pour voir Callie émerger de la cendres et des brèves flammes couleur émeraude, je comprends qu'au fond, je ne voulais voir qu'elle.

Je me précipite vers elle, la prend dans mes bras, la serre, très fort, contre lui, le nez enfoui dans ses cheveux, la faisant un peu décoller du sol. “ T'es en avance, ” je marmonne, d'un ton faussement boudeur, en me détachant pour la regarder, prenant son visage entre mes mains, mon pouce redessinant sa pommette alors que j'observe son expression.
Pas besoin, pourtant. Je sens dans son onde tout ce qu'il ne va pas. La tristesse, l'affection, la colère, la tristesse encore et surtout, surtout, la peur.
Sa peur me colle à la peau. J'essaie de mettre la mienne dans un coin de mon esprit. “ Ça va aller, Callie. Je te promets que ça va aller, ” je marmonne, sans y croire, et elle doit l'entendre dans ma voix. Je devrais trouver quelque chose d'autre à lui dire, peut-être quelque chose de plus rassurant, mais je lui ai assez menti. Alors je me contente de la regarder, sans rien dire, comme pour graver son visage dans ma mémoire.
Je suis mauvais pour tenir des promesses, et pour cacher des choses aux gens. Mais celle-là, c'est la seule promesse qu'elle doit croire de moi: c'est la seule promesse, de la revoir et de pouvoir l'aimer, encore, qui me fait tenir.

JULY 2002 + Je suis dans un restaurant sorcier du monde moldu; c'est un restaurateur que je connais, un habitué des Portoloins faussement internationaux, qui aime passer du temps dans des pièces vides à s'imaginer sur une autre planète. Il a ouvert son restaurant il n'y a pas longtemps, la célébrité ne l'a pas encore frappé et nous sommes tranquilles, j'ai pris soin de réserver les tables autour de nous sans le dire à Callie. Ça fait plus d'un an qu'on sort ensemble, mais on n'a pas pu célébrer jusque là, avec Poudlard et son père. Plus d'un an. Dans le plus grand secret, à Pré-au-Lard après qu'elle ait faussé compagnie à ses amies, le soir quand Neil s'est endormi et qu'elle s'est échappée à la garde vigilante de son père. Dans le plus grand secret, dans un restaurant quasi-vide du Londres moldu, dans le seul établissement sorcier à plusieurs miles à la ronde.
Je prends ma main dans la sienne. Son onde, que j'ai repoussé pendant la plupart du repas jusqu'à maintenant, me frappe de plein fouet. Interférence, doute, méfiance, jalousie. Je lâche ses doigts dans un soupir. “ Je t'en prie, Callie, cesse d'agir comme une enfant. ” Je lui dis toujours ça quand on se dispute, ce qui arrive de plus en plus ces derniers temps. Je crois que c'est à cause de la pression du secret. Je ne peux en parler à personne, sauf à Ari évidemment.

Mais parfois, même Ari n'est pas suffisante. “ Je te dis, je te promets que c'était rien, ni personne. Tu sais comment sont les Bals aux Ministère: je ne peux pas y aller sans cavalière. Je trouve ça un peu déconcertant que t'en fasses un tel fromage. Tu ne me fais pas confiance? ” Je détourne les yeux pour regarder le plafond, ma nuque rencontrant le dossier de ma chaise. J'ai l'appétit coupé, et on en est encore à attendre le plat principal. “ Que veux-tu que je te dise, Callie? Tu ne crois pas en ma parole? ” Et peut-être, oui, peut-être que ma cavalière de la soirée a posté une photo sur MSN, le nouveau réseau social tant à la mode, et peut-être que la jolie photo a obtenu énormément de re-scrolls... mais y-a-t-il si peu de confiance entre nous après plus d'un an de relation? Cette idée me rend malade.


Dernière édition par Ambroise Moriarty le Dim 4 Déc 2016 - 14:56, édité 2 fois
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Jiàn Chang
Jiàn Chang
‹ inscription : 04/09/2016
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‹ gallions (ʛ) : 2997
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Ambroise & Calixe
testament of youth

NOVEMBER 2nd 2003 + La bataille dure. Dure. Dure. Les jours s'enchaînent, se mêlent, s'emmêlent, se muent en un kaléidoscope de sons, d'odeurs et de couleurs gravés du sceau de la mort. Le temps est comme suspendu dans les rues de Londres, les sorciers désespérément accrochés aux lignes des radios et journaux, aux révélations et clichés des chroniqueurs courant le risque de se rendre au front pour nourrir la curiosité morbide et l'angoisse sordide de ceux qui ont vu partir un ou des proches. L'avenir se joue là-bas, à Pré-au-Lard, et nul ne serait à même de prédire le dénouement, d'en déterminer l'impact.

C'est douloureux, de penser à Herpo Creek. A l'attaque menée par les insurgés, à sa maison en ruines, aux flammes dévorantes, terrifiantes, à la fuite à travers bois, aux jours de terreur et d'errance. Douloureux, de songer à la disparition de Tracey, à l'absence de nouvelles de sa famille, de Dami, d'Embers. Au manque tout court, lancinant, déchirant, à la peur panique qui couve au creux de son cœur. Lorsqu'elle arrivée à Londres, frigorifiée, affamée, épuisée, avec pour seules possessions des vêtements déchirés, le pull prêté par Blair et son félin, Chaussette, blotti dans ses bras, ce sont des rues fantômes qui l'accueillent, leurs habitants en guerre ou cloîtrés chez eux derrière de lourdes protections magiques, de peur d'être les suivants sur la liste des terroristes. Sur les murs, des notices placardées annoncent l'apposition d'une barrière anti-transplanage pour les civils, la mise en place d'un couvre-feu et d'autres mesures de sécurité d'urgence ; il lui faut marcher jusqu'à la Bran Tower, les pieds en lambeaux, seulement pour se heurter à deux portes closes en tentant de rejoindre Delilah ou Demetri, absents. Quelques rues plus loin, elle cogne à tout rompre à la porte des Moriarty presque vingt minutes durant — des sons résonnent à l'intérieur, chocs de verre, heurts maladroits, et puis Neil se traine finalement jusqu'à l'entrée pour lui ouvrir, l'air hagard. Calixe ferait demi-tour, si elle n'était si fatiguée. Elle demande Ambroise, mais il n'est pas là bien sûr, il n'est jamais là, et Neil la regarde fondre finalement en larmes d'un oeil vitreux et vide ; bat en retraite à l'intérieur pour s'affaler dans le canapé sans trop se soucier d'elle. Peu à l'aise avec les parents de son compagnon, elle hésite sur le pallier mais se faufile quand même à l'intérieur, aussi silencieuse que possible, souhaitant se faire invisible. Douche et soins sommaires achevés pour désinfecter toutes les plaies et coupures qui lui parsèment le corps, Calixe grappille une ou deux heures de sommeil, enroulée dans un grand t-shirt d'Embers pour se laisser réconforter par son odeur — quasi coma interrompu par un cauchemar. Toujours aucune nouvelle de lui au réveil. Avant de partir, elle laisse sur son lit un court message annonçant qu'elle serait à St Mungo's et s'excusant d'avoir dû laisser Chaussette (le chaton ronfle au pied du lit, son pelage devenu gris terne depuis plusieurs jours sous le coup de la peur, et placé sous un sort de sommeil pour ne causer aucun dégât dans son refuge de fortune) à défaut d'avoir un meilleur endroit où l'emmener. Elle emprunte un autre haut qu'elle enfile par-dessus son propre pantalon lavé et sommairement rafistolé. Hésite à disparaître sans demander son reste... mais Neil est à moitié sur le fauteuil et à moitié au sol, bouteille pendant entre ses doigts inertes et dégoûtant sur le sol, et elle n'a aucune idée d'où se trouve Hanae. Sur la pointe des pieds, Callie bifurque vers le salon, récupère lentement la bouteille et la pose plus loin. D'un sort, la flaque d'alcool disparait et bien qu'incroyablement mal à l'aise, la jeune femme pousse Neil au fond du canapé pour l'allonger correctement, puis rabat sur lui le plaid du fauteuil. Le regard vide d'Hanae la fait frissonner. Elle s'en va après avoir laissé un verre d'eau auprès de chacun d'eux, sans qu'aucun mot n'ait été échangé.

Elle pourrait tenter le Ministère. Mais la seule idée de s'y rendre la rend malade. Après des jours passés aux côtés d'anciens amis devenus fugitifs, elle n'a juste pas le courage de retourner comme si de rien n'était vers ceux qui réclament leur peau.

Elle a juste besoin de se rendre utile. D'aider. De cesse de penser. Mungo's est le meilleur endroit pour cela : les urgences sont aussi bondées que le Chemin de Traverse est désert et, aussitôt qu'elle s'identifie à l'accueil et affirme vouloir prêter main forte à l'équipe de soin, on la presse de rejoindre son formateur et d'enfiler une blouse pour se mettre au travail.

Là, enfin, les heures interminables s'écoulent. Elle n'a plus à se questionner, à réfléchir ; le gouffre de déprime qui l'a engloutie pendant des jours laisse place à l'engourdissement. Toutes ses pensées sont tournées vers ses gestes, d'abord maladroits, puis routiniers. Il y a tant de blessés, tant de sang. Ses phalanges tremblantes prennent le pli, recousent des chairs, désinfectent, pansent, et de ses mots elle tente d'apaiser, sourire aux lèvres mais regard vide.

NOVEMBER 3rd 2003 + La nuit a déjà laissé place au jour lorsqu'une main sur son épaule l'interrompt alors qu'elle revient de la chambre d'un patient — c'est terrible, d'entendre les malades supplier pour des antidouleurs et de devoir leur répondre que non, il est encore trop tôt ; de ne pouvoir que tenter de les apaiser avec des phrases futiles, puis leur tourner le dos en sachant pourtant combien ils souffrent. Le médicomage Smethwyck la dévisage brièvement avant de lui ordonner de se chercher un coin où se reposer dans les dortoirs des internes. Callie proteste, mais le bas de son dos est douloureux et sa vue se trouble, entre autres signes de fatigue qu'elle a volontairement ignorés jusque-là. Mais cette fois, impossible de trouver le repos. Le réseau MSN est instable depuis des jours, interférences magiques et saturation oblige ; pendant des heures elle somnole, tente de se connecter, somnole, cauchemarde, tente de se connecter et ainsi de suite jusqu'à finalement parvenir à faire passer un message à Damian, un à Deli et un autre à Dem. Elle a le temps de prendre un nouveau shift avant que la sorcière blonde responsable de l'accueil ne lui annonce que quelqu'un a tenté de la contacter et Merlin, elle pourrait pleurer de soulagement en reconnaissant l'écriture d'Ambroise sur le parchemin.

Négocier son départ n'est pas aisé mais sitôt l'accord arraché à Smethwyck, elle se précipite jusqu'aux cheminées et jette une poignée de poudre dans l'un des âtres, demandant l'accès à l'appartement des Moriarty.

Calixe a à peine le temps de fouler les cendres de la cheminée qu'elle se retrouve dans son étreinte et alors— et alors elle se sent respirer de nouveau. Il est là et elle peine à y croire et ses mains cherchent son contact avec une émotion faite de désespoir et de soulagement, pour s'assurer qu'il est intact, pour s'assurer qu'il est bien . Elle s'est fait tant de scénarios, tout ce temps loin de lui, et comme si elle sortait finalement la tête de l'eau, Callie redevient tout à fait consciente de tout ce qui l'entoure, de tout ce qui l'habite. T'es en avance, il se plaint, mais non. Non, elle a des jours de retard, des jours d'absence et de manque et de peine, et elle étrangle un sanglot en enroulant ses bras autour de son cou, profite du fait qu'il la soulève pour nouer ses jambes à sa taille, rechigne à le laisser se détacher lorsqu'il éloigne son visage. Elle voudrait rester là, dans son étreinte pour toujours, mais elle a si peur qu'il se casse depuis qu'il lui a parlé de la malédiction, elle a si peur de tous les secrets qu'il lui cache — elle consent à retrouver le sol, mais ses doigts restent noués dans le haut qu'il porte et sa tempe appuyée contre sa clavicule, jusqu'à ce qu'il emprisonne son visage entre ses mains et l'oblige à le regarder. Elle ne veut pas croiser son regard. Elle ne veut pas parce qu'elle va forcément, forcément — et ça ne manque pas. Elle pleure. Les larmes coulent, du moins, contre son gré, malgré ses traits fermés et ses lèvres serrées, et elle sait qu'il sait l'amalgame d'émotions qui la rongent, qu'elle ne peut rien lui cacher. Qu'elle est un poids, encore, comme toujours, trop vulnérable, trop fragile alors qu'il est si adulte, si maîtrisé. Ça va aller, Callie. Je te promets que ça va aller. Elle hausse les épaules, fuyant de nouveau ses prunelles pour concentrer son attention sur le sol. De la manche de sa blouse d'hôpital elle essuie ses joues trempées, renifle, doit s'y reprendre à deux fois avant d'avouer — J'avais peur de ne jamais te revoir. Elle avait besoin de le dire. Besoin d'expier l'aveu, d'extirper de son système cette crainte qui la rongeait comme un poison, et comme si les mots une fois prononcés prenaient encore plus de sens, comme s'ils avaient ouvert les vannes, elle frissonne, déglutit péniblement. Ses yeux légèrement écarquillés cherchent cette fois ceux d'Ambroise et elle se hisse sur la pointe des pieds pour atteindre ses lèvres, baiser au parfum de détresse. Ses mains courent sur sa nuque, ses doigts tracent des lignes éphémères sur le grain de son épiderme et s'égarent dans ses cheveux courts, elle le tire vers elle en une requête tacite de ne jamais disparaitre, tatoue de sa bouche sur la sienne toutes les promesses qu'elle voudrait lui soutirer. Et quand le manque d'oxygène l'oblige à le libérer, elle s'attarde en baisers papillons sur sa lippe, ses commissures, son nez, ses pommettes, avant d'accoler leurs fronts et de fermer très fort les yeux. Je suis venue hier, elle annonce, bien qu'il sache forcément. Tu n'étais pas là, bien sûr. Doherty ? Son timbre est las, reste précautionneusement placide, malgré toute l'aversion qu'elle éprouve pour son boss. Comment peut-il faire Ambroise travailler alors que leur monde est en guerre ? Il n'a pas le temps de répondre — elle ne le lui laisse pas, craignant trop que les reproches sous-entendus et les émotions qu'elle exhale ne déclenchent une dispute. Callie n'a pas la force pour une énième dispute à ce sujet. Je t'aime. Sans transition. Pour tous ces jours où elle n'a pas pu le lui montrer, le lui dire, pour ces semaines à ne pas savoir si elle en aurait à nouveau l'occasion. Je t'aime je t'aime je t'aime, Ambroise. Ses paupières papillonnent, se rouvrent, elle s'éloigne pour le laisser se redresser. Je suis désolée, j'espère que ça n'a pas été trop difficile sans les potions... Elle dénoue ses bras des épaules du jeune homme pour piocher dans ses poches deux de ces flacons qu'elle n'a pas pu dérober durant son errance, qu'elle n'a pas pu lui remettre plus tôt pour soulager son mal. Et ça va un peu moins mal, mais il lui semble que ça n'ira plus jamais bien ; elle ne peut pas croire en sa promesse, pas alors que tout s'effondre et qu'un terrible sentiment l'étreint à la vue des iris résolus d'Ambroise. Ce regard là souffle l'imminence d'un danger, d'une décision qu'elle n'aimera pas ; il la regarde toujours comme ça, avant de lui annoncer qu'il s'en va.

THEN (JULY 2002) + Je t'en prie, Callie, cesse d'agir comme une enfant. ça la fait taire net. Et la réaction est la même que toujours : ses lèvres s'entrouvrent en une moue outrée, ses yeux le fusillent, et puis elle se ferme, bras croisés, air pincé. Eclaire-moi alors, c'est quoi être adulte ? Ses mots sont lacés de vexation contenue, parce qu'ils sont en public et qu'elle déteste l'idée de faire une scène à la vue de tous — elle devrait juste abandonner le sujet, mais c'est plus fort qu'elle. Elle inspire profondément, puis susurre d'une voix qui suinte le sarcasme : Désolée de ne pas avoir assez de maturité pour apprécier à leur juste valeur tes clichés so lovey-dovey avec une autre femme. ça lui fait très bizarre de dire femme comme si elle s'incluait dans le terme, mais elle refuse de le montrer. Elle refuse de laisser filtrer le fille qui lui est naturellement venu parce que hell no, elle n'est pas une enfant. Je te dis, je te promets que c'était rien, ni personne. Tu sais comment sont les Bals aux Ministère: je ne peux pas y aller sans cavalière. Je trouve ça un peu déconcertant que t'en fasses un tel fromage. Tu ne me fais pas confiance? Elle se redresse comme s'il l'avait piquée, dos droit et mains triturant nerveusement la serviette en tissu, à présent qu'elle les a libérées et ne sait trop quoi en faire. Bien sûr que je te fais confiance ! J'insinuais pas- je ne voulais pas- elle ferme la bouche, la rouvre, cherche les bons mots, mais ils meurent sur ses lèvres et elle baisse les yeux, coupable. Elle s'en veut parce qu'elle n'avait pas vu les choses ainsi, pas perçu qu'elle remettait sa loyauté en doute — enfin si, mais... elle ne voulait pas sous-entendre que... de frustration, elle pose son front au creux de sa paume, rabat en arrière les mèches sombres qui cascadent autour de son visage du fait de sa posture. C'est juste que... je ne sais pas. Vous allez bien ensemble. Il y a tellement de frustration dans cette phrase, et son ton est mordant. Une part d'elle voudrait souffler prétentieusement pas mieux que nous deux, tho, mais à vrai dire, elle n'en est pas certaine. Peut-être qu'elle n'est vraiment rien d'autre qu'une gamine immature et qu'il veut mieux, peut-être qu'il se réveillera demain matin en s'apercevant qu'il a plus d'affinité avec sa collègue qu'avec son écolière de petite-amie. C'est elle qui ne m'inspire pas confiance, conclue-t-elle après réflexion, et sa mâchoire est crispée, moue butée. Elle te tourne autour ? Je veux dire, tu ne peux pas ne pas avoir remarqué, et tu as vu un peu les commentaires sur MSN ? Si tout le monde se met à vous pousser l'un vers l'autre, comment tu comptes y échapper ? Tu n'auras même pas d'excuse valable, après tout tu es célibataire. Amertume, cette fois. Elle est injuste pourtant, elle ne peut pas lui reprocher ça ; il a ses raisons pour vouloir maintenir leur relation secrète et elle-même a tout intérêt à faire de même, parce que son père... Il n'approuverait jamais. Et ça devient terrible, pesant. Où est passée l'excitation des premiers jours ? Ce qui semblait être une aventure se referme autour d'eux comme une cage. C'est plus douloureux qu'elle ne l'imaginait, de ne pouvoir réclamer ouvertement une place à ses côtés.
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Ambroise Moriarty
Ambroise Moriarty
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‹ gallions (ʛ) : 3192
‹ réputation : je suis un manipulateur-né, de la même trempe que le fameux Gatsby. Ma soeur est cinglée et on a observé chez moi des comportements "anormaux" comme on aime dire. Je suis un parieur, et je ne peux jamais refuser un défi, aussi farfelu puisse-t-il paraître.
‹ particularité : empathe, ainsi qu'un maître du feu.
‹ faits : je suis un empathe utilisant son don pour manipuler et extorquer autrui. Grâce à mon métissage, j'ai une affinité avec l'élément du feu, même si cette caractéristique m'est un peu inutile et me semble, encore aujourd'hui, obscure. Je suis, secrètement, atteint d'une malédiction depuis un an environ, qui me ruine la vie et a divers effets (douleurs brûlantes chroniques, magie parfois instable/trop puissante, apparitions de tatouages, décoloration de la peau). J'ai été Adhérent sous le Magister mais je me suis sorti sans mal de mon procès.
‹ résidence : sur le Chemin de Traverse, avec mes parents.
‹ patronus : un niffleur.
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Elle a brisé toutes mes défenses — mais je ne lui en veux pas, ne lui en voudra jamais. Elle a brisé toutes mes défenses et quand elle enfonce con nez contre mon cou, la déferlante d'émotions manque presque de me faire tanguer, et les larmes qui se précipitent à la lisière des cils de Callie entraînent une gorge nouée chez moi, des yeux humides, un nez qui pique parce que un mois, un mois entier, à la chercher partout, à voir son visage partout, à s'inquiéter, à lui envoyer message sur message sur MSN, à épuiser les hiboux de l'office du Chemin de Traverse, à s'arracher les cheveux sans pouvoir pour autant se permettre de faiblir, une fois le lit de Saint-Mangouste quitté, une fois les bureaux de la Ruche retrouvés, un mois, Callie. Je devrais peut-être lui dire que j'ai eu peur de la perdre, que j'en ai fait des cauchemars, que je revois encore les manoirs fumants d'Herpo Creek et celui des Davis, détruits, et l'impression horrible qui a grandi en moi qu'elle était là, sous les décombres; je me suis démené, j'ai gratté la terre, soulevé des briques, j'aurais pu retourner des montagnes pour la retrouver. Mais une fois l'effet de la potion revitalisante estompé, j'étais plus rien, juste un mal de tête vivant, et j'ai perdu connaissance, et Callie n'était toujours pas là.
Mais elle est là, maintenant, et je ne la lâche pas avant un long moment, permettant seulement à son corps de s'éloigner pour pouvoir admirer son visage. Elle pleure, elle pleure tellement, et ça me brise un peu le coeur, parce que sa tristesse me frappe comme un coup de fouet, et d'autres choses, et son sentiment d'impuissance, et son soulagement aussi, un peu. Trop d'interférences d'un coup et pourtant, je ne la lâche pas, je raffermis presque ma prise autour de son visage quand elle baisse les yeux, tenant en laisse mes propres sentiments, gardant dans mon nez la moutarde et dans mes yeux les larmes qui ne veulent pas couler. “ J'avais peur de ne jamais te revoir.

Ma gorge se bloque. Je n'arrive pas à respirer, un instant, parce que j'imagine un monde sans Callie, où Callie morte sous les débris d'Herpo Creek, où Callie morte quelque part, quelque part où je ne saurais jamais et où je ne la trouverai jamais et je-
Elle m'embrasse et je m'abandonne à son baiser, mes mains quittant ses joues pour que mes bras reviennent l'entourer, la serrer contre moi avec la force du désespoir, peut-être, parce que la possibilité qu'elle ne revienne jamais à la maison m'est insupportable. J'aime Callie, je sais que j'aime Callie. Je ne m'étais pas vraiment rendu compte à quel moins, j'avais oublié l'angoisse de quand elle était otage à Poudlard, des heures interminables à attendre, des nuits à angoisser, des journées à arpenter les couloirs du manoir Davis en attendant des nouvelles, n'importe quoi, juste un peu d'information.
Je ne la laisserai plus jamais partir. Mais moi, je dois partir.

Ce baiser a des goûts d'adieu et je le déteste. J'en veux plus. Je veux continuer à l'embrasser et ne pas parler, je veux arrêter de réfléchir, je veux juste me perdre dans son étreinte, qu'elle me dise que tout va aller, que je ne vais pas mourir, que je vais revenir; hell, j'ai envie qu'elle me promette une vie ensemble, après tout, ça un jolii mariage et une jolie maison et une jolie vie. Je n'ai pas envie de partir.
Elle colle son front au mien et je ferme les yeux aussi. Je suffoque déjà de son absence. “ Je suis venue hier. ” Je fronce les sourcils. Pour être honnête, une fois l'hibou envoyé, j'ai filé à la maison après avoir additionné les shifts obligatoire aux bureaux des Rafleurs; j'ai à peine fermé l'oeil, ai passé le plus clair de mon temps à dormir sur les canapés défoncés répartis dans la Ruche, et jusqu'à l'annonce sordide de mon prochain départ pour Pré-au-Lard, la possibilité de rentrer chez moi m'a à peine effleuré. “ Tu n'étais pas là, bien sûr. Doherty ? ” Pas besoin d'être empathe pour entendre tout ce que lui inspire mon supérieur. “ Non, j'ai été appelé chez les Rafleurs, que je marmonne doucement, avant qu'un détail me frappe et que je m'apprête à lui demander comme et pourquoi elle porte des vêtements de Saint-Mangouste, mais elle m'interrompt: — Je t'aime. ” Un long frisson m'agite. “ Moi aussi, ” je souffle contre ses lèvres. “ Je t'aime je t'aime je t'aime, Ambroise. ” Elle s'éloigne et je me redresse, ne la lâche pas du regard, espérant lui répondre, encore et encore, que moi aussi, moi aussi, moi aussi des yeux, si ce n'est des lèvres. Je n'ai jamais été très fort pour ces choses-là. “ Je sais, Callie. ” C'est la seule chose dont je sois sûr en cet instant précis. Elle m'aime et je l'aime; je ne peux pas mourir, on est faits pour être ensemble.

Je suis désolée, j'espère que ça n'a pas été trop difficile sans les potions... ” À peine évoque-t-elle les potions que je sens mon mal de crâne s'accentuer, et une douleur brûlante me remonter le long du bras depuis les doigts; je réprime un tremblement en m'emparant des flacons qu'elle tient dans la main, sans pouvoir réprimer un seul instant mon soulagement. J'ai doublé les doses auprès de Scamander, ça m'a coûté une fortune mais je n'avais pas le choix, parce qu'avec le stress des Rafleurs, la douleur est plus présente, sourde, ténue mais jamais vraiment absente. Mais autant Scamander est un rat talentueux, autant ses potions ne m'apportent pas le même soulagement que celles de Saint-Mangouste.
Un flacon disparaît dans ma poche, j'ouvre l'autre du pouce et, inspirant profondément pour bloquer ma respiration, j'envoie presque son contenu dans le fond de ma gorge en jetant ma tête en arrière. Quelques instants plus tard, la concoction fait effet et je sens mes pupilles se dilater, un vertige me prendre alors que je me rattrape à la table derrière; mes yeux ne quittent pas Callie, pourtant, et je lui adresse un sourire créé par les douces drogues qui m'empêchent de trop penser à mon bras gauche. “ Callie. Callie, mon dieu, Callie, tu m'as tellement, tellement manqué et tellement fais peur. ” C'est comme ça les premières minutes, un peu irréelles, où la douleur disparaît et c'est comme si on soulevait un poids immense de ma poitrine et de mon crâne.

J'ai cru- j'ai cru-- ” Je n'arrive pas à parler; c'est nouveau, ça. J'ai du mal à respirer aussi, et si je pense au début que c'est à cause de la potion, je comprends rapidement que c'est autre chose.
Je faisais des crises d'angoisse, quand j'étais gamin. Rarement, mais parfois, quand tout le monde à la maison était stressé, et moi j'étais stressé parce qu'ils étaient stressés, et que je ressentais en plus leurs stress et que ça devenait trop. Mais ça n'a rien à voir avec ce que je ressens là. L'impression de l'avoir perdue, la douleur fantôme de mon bras, le stress et l'angoisse de la Ruche, Pré-au-Lard demain, et Callie, Callie qui me regarde sans comprendre, et ma poitrine qui ne veut pas se soulever pour laisser passer de l'air, et mes mains qui tremblent incontrôlablement alors que je les maintiens sur la table derrière moi sur laquelle je suis à moitié assis, et Callie, Callie qui s'est approchée avec son interférence, l'inquiétude qui vient de partout, et je regarde le sol, et je n'arrive pas à me concentrer sur ce que je vois et je vais mourir, je vais mourir, je ne vais jamais m'en sortir, je vais crever dans une ville fantôme, sous les sortilèges de putains d'Insurgés, ma vie n'a-t-elle pas été assez difficile, assez ruinée comme ça? Je n'ai pas le droit à un peu de repos, un peu de douceur, juste Callie, Callie qui est désormais en face de moi, et j'ai l'impression que je vais exploser en mille morceaux si elle me touche alors je dis: “ je vais être envoyé à Pré-au-Lard. Demain.

C'est un peu injuste, d'utiliser toujours les mêmes armes contre elle; j'utilise sa jeunesse comme on armerait une bombe, parce que sais que Callie est complexée à l'idée que je me lasse d'elle, qu'elle soit trop jeune, inexpérimentée pour moi, que je m'intéresse à des gens de mon entourage professionnel plutôt qu'à elle. C'est faux, évidemment. Elle ne fait pas tout le temps preuve de maturité mais moi non plus, et je ne demande pas ça d'elle.
Je demande juste qu'elle me fasse confiance, mais moi-même je dois avouer que c'est difficile dans notre situation. J'ai l'impression de la connaître mieux que quiconque, mais j'ai aussi l'impression de n'avoir accès qu'à une seule partie d'elle, un seul pan de sa vie, là où je voudrais tout voir, tout vivre en sa compagnie. “ Désolée de ne pas avoir assez de maturité pour apprécier à leur juste valeur tes clichés so lovey-dovey avec une autre femme. ” Je lève les yeux au ciel malgré moi. Une autre femme. À l'entendre, on serait mariés. Je sais que j'ai gagné une bataille, si ce n'est la Guerre, quand je lui demande si elle me fait confiance et qu'elle répond, presque aussitôt, piquée au vif: “ Bien sûr que je te fais confiance ! J'insinuais pas- je ne voulais pas- ” Et je dois avouer... que je me sens un peu mal. Même avec Callie j'ai l'impression de jouer ce jeu de manipulation, étrange et malsain, parce que je n'ai pas envie de discuter de ça et que je suis las de ces conversations sans fin sur mes cavalières, sur l'aspect officiel de notre couple, sur tout ça. J'aimerais que tout soit plus simple et ça ne l'est pas et ça me frustre et je dois sans doute passer mes nerfs sur elle; je devrais m'excuser, mais elle me prend de court. “ C'est juste que... je ne sais pas. Vous allez bien ensemble. ” J'arque un sourcil, surpris et véritablement pris de court.

Pardon? L'idée me semble ridicule, parce qu'autant Vera est une jolie jeune femme qui a tout pour plaire, autant à son bras j'ai l'impression d'être gauche, stupide, et nettement plus trophy partner qu'autre chose. Et Callie et moi... well. J'aime penser que l'on va bien ensemble, mais je n'ai aucune preuve. Aucun bal, aucune soirée officiel, aucune photo publiée, rien. Juste des secrets, des secrets et des masques, quand on fait mine de se connaître à peine lorsque je passe au manoir Davis passer du temps avec Demetri. Encore des secrets. “  C'est elle qui ne m'inspire pas confiance. ” Je ne réponds pas. Elle a bien raison de ne pas lui faire confiance, mais je serais trop bête de lui qu'effectivement Vera m'a fait des avances pas très subtiles, et que pour couronner le tout ses interférences sont plutôt... perturbantes. “ Elle te tourne autour ? Je veux dire, tu ne peux pas ne pas avoir remarqué, et tu as vu un peu les commentaires sur MSN ? Si tout le monde se met à vous pousser l'un vers l'autre, comment tu comptes y échapper ? Tu n'auras même pas d'excuse valable, après tout tu es célibataire.
Je m'apprêtais à lui répondre, à lui expliquer, à la rassurer; mais sa dernière phrase réveille comme de la colère en moi. “ Tu ne vas pas recommencer, ” que je grince, levant la main pour me pincer l'arête du nez de frustration, suffisamment fort pour laisser la marque de mes ongles quand ma main retombe. “ Comment je compte y échapper? Qu'est-ce que j'en ai à faire que je lui plais, tu crois que je suis incapable de réfléchir par moi-même, que je suis esclave d'MSN? (je dis ça avec une grimace, et presque un ton dédaigneux, parce que je n'ignore pas son amour quasi-obsessionnel pour la plateforme que moi-même j'utilise surtout pour la forme qu'autre chose) Et oui, elle me tourne autour, elle a essayé de m'embrasser et m'a fait des avances. Tu veux voir les messages qu'elle m'envoie sur MSN? Tu veux que je te raconte tout ce qu'elle m'a murmuré à l'oreille au Bal? Pour l'amour de dieu, Callie, je n'ai pas envie de ça mson index fait l'aller-retour entre nous) pour nous, je n'ai pas envie que tu endosses le rôle de la partenaire amère et sarcastique et horrible, je n'ai pas envie qu'on se dispute pour un truc aussi stupide qu'elle. ” Mais il n'y a pas que ça, n'est-ce pas? Il n'y a pas que ça. “ On ne peut pas faire autrement, j'assène. Ça mettrait tout en péril, Callie. Tout. ” Son père serait bien capable de me virer de l'OPI, Demetri d'achever ma réputation et tout le reste et j'ai peur, tellement peur, parce que- parce que- “ je t'aime.
Ce n'est pas la première fois que je lui dis, mais j'ai l'impression que c'est la première fois qui compte. Je la regarde un instant en silence, parce que j'ai parlé suffisamment fort pour qu'on tourne des regards surpris dans notre direction et attirer l'attention est la dernière de mes envies. “ Je t'aime et j'ai juste besoin de temps et que tu me fasses confiance, ” je lâche finalement, baissant les yeux vers mon assiette avec un certain défaitisme.
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Jiàn Chang
Jiàn Chang
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Ambroise & Calixe
testament of youth

NOVEMBER 2nd 2003 + Elle savoure cet instant éphémère où il lui appartient tout entier. Pas au monde, à la société sorcière, pas à Doherty — rien qu'à elle comme au tout début, dans l'intimité d'un appartement qui ne paye pas de mine, mais qui lui laisse croire l'espace de quelques secondes que le monde extérieur n'existe pas. Seulement, il a cette tension dans les épaules, muscles crampés, noués, le bras gauche un peu raide, et ses lunettes sur le nez ; tous ces petits signes qu'elle distingue à peine et qui ne sont probablement pas les seuls, mais qui sont les seuls qu'il lui laisse le droit de percevoir. La réalité les talonne, stagne au-dessus de leurs épaules lourdes, cogne à la porte close, prête à délier de force leurs membres entremêlés.

Rafleurs, révèle-t-il lorsqu'elle questionne son absence de la veille et à cet instant précis, le premier depuis une éternité sûrement, Calixe regrette qu'il ne lui donne pas la réponse qu'elle craignait tant. Celle-ci est nettement pire. Mais elle se plonge dans le déni, le bonheur de l'instant, le soulagement des retrouvailles, pour ne pas songer aux implications. Ce n'est pas tout à fait un je t'aime qu'il lui offre, tout juste un moi aussi, et elle se mord la lèvre lorsqu'il lui répond qu'il sait ses sentiments. Elle voudrait être comme lui, toujours si sûre, aimerait éteindre l'angoisse et la peur de le perdre, être capable de considérer un moi aussi comme une déclaration suffisante mais elle n'y arrive pas. Elle voudrait ne pas être toujours si clingy, needy, avide de lui, cesser d'exiger plus, toujours plus, mais c'est plus fort qu'elle. Elle verrouille difficilement le moi je ne sais pas, j'ai besoin que tu le dises, s'il te plait, qui se presse à la coupe de ses lèvres, se morigène d'en vouloir toujours trop. Elle ne veut pas qu'il suffoque en sa présence, qu'il se lasse ; c'est un sujet de tension bien trop récurrent. Parfois elle pense, comme l'enfant qu'elle est encore, qu'elle l'aime plus, qu'elle l'aime trop, et ça accentue l'anxiété qui coule d'elle à lui comme un poison. Les fioles s'entrechoquent entre leurs mains brièvement jointes en un changement de sujet bienvenu et Ambroise en avale une goulûment, en entier, comme assoiffé de l'apaisement que promet le liquide ambré. Elle n'a pas non plus le droit de révéler qu'elle a peur de toutes ces doses qu'il engloutit comme de l'eau, de l'intolérance que peut développer son organisme à force, du besoin de plus qui en découle, de l'addiction qui risque de s'en suivre. Elle n'a pas le droit d'exprimer tout ça mais les émotions ravalées cognent aux portes de son cœur et Calixe sait qu'elles lui parviennent, l'oppressent.

Il vacille en arrière sous l'effet de la dose ingérée, la décoction lui montant à la tête et se distillant efficacement, presque instantanément, dans son sang pollué par la malédiction. Les mains de Callie le suivent, tentent de le rattraper, mais c'est au bureau qu'il se retient, à moitié assis, commissures étirées en ce sourire étrange. Callie. Callie, mon dieu, Callie, tu m'as tellement, tellement manqué et tellement fais peur. Les mots s'égrainent dans le gouffre d'avidité affective qu'elle nourrit et elle s'humecte lentement les lèvres, goûtant l'aveu pour panser ses propres craintes. Est-ce que- est-ce que tout va bien ? elle demande quand même, faiblement, incertaine. Il n'a pas l'air bien, non. Teint crayeux, déclaration trop spontanée, et puis il trébuche sur ses mots — elle ne l'a jamais vu ainsi. C'est probablement dans des moments de ce genre qu'il transplane d'habitude, quelques secondes ou minutes avant de perdre le contrôle, parce qu'il ne s'autorise jamais à le faire devant elle d'habitude. Calixe l'a souvent blâmé de ne pas lui laisser la possibilité de le soutenir, de vouloir tout faire seul, mais maintenant qu'elle le voit faillir elle est juste désemparée. Voudrait l'apaiser mais ne sait comment, craint de le heurter trop brusquement avec l'avalanche de ses émotions, avec les conflits qui tempêtent au creux de sa poitrine. Alors elle résiste au besoin dévorant d'approcher et recule à la place, jusqu'à s'asseoir sur la chaise du bureau. Juste au moment où elle s'apprête à parler il la précède — je vais être envoyé à Pré-au-Lard. Demain. Il pourrait l'avoir giflée que l'effet aurait été le même. Elle reste immobile à le fixer un moment, l'annonce résonnant en elle comme une plaisanterie de mauvais goût, et ça lui échappe. Non. Elle ne devrait pas faire ça, elle le sait à l'instant même où la syllabe unique tombe entre eux comme un couperet, une part d'elle sait qu'elle devrait arrêter immédiatement mais elle ne peut pas, elle ne peut pas se taire. Elle répète : Non, comme une finalité, comme si c'était suffisant, avant de se lever d'un bond et de tourner les talons, quittant la pièce pour courir jusqu'à la chambre d'Ambroise. La porte s'ouvre à la volée sans qu'elle ne la touche, aérokinésie échappant brièvement à son contrôle sous l'effet des émotions qui la submergent. Elle est surprise un instant sur le seuil, lorsqu'elle s'aperçoit que rien n'a bougé depuis qu'elle est passée la veille — le mot sur le lit, Chaussette sous l'effet du sort (elle étouffe un sanglot parce que bien sûr, bien sûr, à quoi s'attendait-elle, à ce qu'Ambroise soit disponible ? Il ne l'est jamais). Elle ne le réveille pas, décide de ne pas le faire tant qu'elle n'aura pas en main de quoi le nourrir, méthode employée plus d'une fois durant son mois d'errance. A la place elle s'arrête devant l'armoire, s'attelle à en sortir des vêtements, gestes frénétiques et nerveux et vue brouillée par des larmes, encore des larmes, elle déteste tellement pleurer. Mais que peut-elle faire d'autre, que peut-elle faire alors qu'il lui annonce, au calme, qu'il compte partir vers la mort ? Non. Elle persiste à ne pas l'écouter lui ordonner d'arrêter, se débat quand il essaye de l'arrêter, finit par se retourner d'un bloc vers lui pour lui frapper le torse, les épaules, hargneuse, furieuse, désemparée. Tu te rends compte de ce que tu dis ? Elle s'exclame, frôlant l'hystérie. Des images d'Herpo affluent dans son esprit, folie furieuse des insurgés, elle songe à la prise de Poudlard, mais elle songe aussi à Blair et Arnie et à tout le mal qu'ont causé les Rafleurs, elle songe aux révélations de Quinn et à ce jour où il a failli mourir entre ses mains. Tu n'as pas le droit, tu n'as pas le droit de partir, tu peux pas les laisser t'envoyer, tu peux pas me laisser alors qu'on vient seulement de se retrouver- Elle finit par se laisser immobiliser, mais pas calmer. Secoue frénétiquement la tête, refuse de l'entendre, d'essayer de comprendre. Tu sais combien ils sont cruels ? Si tu te bats à leurs côtés tu deviendras comme eux. Comme- comme- elle s'étrangle sur les mots (comme mon oncle, comme mon père), ils ne sortent pas, elle frissonne juste de tout son être, bouleversée, nauséeuse. Et si tu meurs ? ça la rend folle, folle, folle. Si ça dure, si tu restes coincé là-bas, sans potions, si la malédiction te brise- Elle n'arrive même pas à envisager une fin heureuse, ne voit qu'une impasse, des flammes, du sang. S'il te plait Ambroise, elle gémit, s'accrochant à lui. Ses paumes courent nerveusement le long de son cou, prennent en coupe sa mâchoire ciselée, elle cherche son regard, le suppliant du sien. Ne les laisse pas faire, ne les laisse pas t'emmener loin de moi. S'il te plait, ne me laisse pas. Elle a le souffle court, l'impression de jouer sa vie, et alors qu'elle n'a jamais été capable d'imaginer son existence sans tous ceux qui comptent pour elle, elle serait prête à tout plaquer, , pour lui. On pourrait partir, elle suggère, expliquant son attitude de tout à l'heure — les vêtements. Il s'est détaché d'elle et elle se triture les doigts, tirant et tordant les phalanges, fébrile. On pourrait s'en aller loin d'ici, y'a des- des passeurs qui aident les gens à quitter le pays, je p-peux contacter Carrow pour de faux papiers- Oh Merlin, qu'est-ce qu'elle dit ? Elle ne lui a jamais avoué pour Hestia, le chantage, elle n'a jamais voulu l'inquiéter avec ça, trop honteuse. Mais si ça peut être leur porte de sortie... Elle en est déjà à activer son bracelet pour tenter un contact via MSN. C'est sûrement cher mais je peux prendre de l'argent dans le coffre de mon père- Elle sait, quelque part, que c'est insensé, mais qu'est-ce qui ne l'est pas dans cette situation ? Calixe refuse de penser à Damian, à Delilah, à Demetri, à Tracey, à son père, mais elle ne peut se retenir qu'un instant avant de se sentir faible à l'idée de partir sans eux. Déjà sa résolution s'enfuit, et elle plaque les paumes sur ses tempes, ses doigts agrippant désespérément ses mèches brunes sur lesquelles elle tire comme si cela suffirait à faire couler hors de son esprit fiévreux une meilleure solution. D'accord- d'accord, même si on ne part pas... il y a sûrement un moyen, tu peux- elle songe brusquement à ces personnes qui faisaient la queue à l'accueil de l'hôpital en demandant une consultation d'urgence pour des- dérogation, tu peux demander une dérogation, elle s'exclame. Le sang bat si fort à ses tempes qu'il obstrue ses réflexion et le mal de tête lancinant qu'elle se traine depuis des jours est plus infernal que jamais. Probablement parce qu'elle connait déjà la réponse qu'Ambroise opposera à sa suggestion. Il suffit que tu leur dises que tu es malade. Si tu leur parles de la malédiction... Mais bien sûr que non. Bien sûr que non. Le découragement l'engloutit parce qu'elle sait, elle sait qu'il s'entêtera, elle sait que quoi qu'elle dise, il ira, il est têtu de cette façon là. C'est comme si le sol se dérobait sous ses pieds, comme si la terre arrêtait de tourner, comme si le soleil ne pouvait plus se lever, et elle recule, recule jusqu'à heurter l'armoire, se laisse glisser contre le bois, se recroqueville sur elle-même parce qu'elle ne veut plus le toucher.

Elle lui en veut tant.

Elle l'aime tant.

ça la tue.

Et s-si je ne suis plus là à ton retour ? murmure étranglé. Dernière carte. Chantage affectif. Il déteste ça. Elle peut le perdre. Elle peut tout perdre avant l'heure pour ce coup de poker, le faire partir à trop vouloir le retenir. Si je- si je te quitte ? Sa voix se brise à cette seule idée, elle a l'impression de ne plus pouvoir respirer, un poids terrible lui broyant la cage thoracique.

THEN (JULY 2002) + Tu ne vas pas recommencer, il gronde, martelant le dernier mot, et elle se sent ridicule, sans trop savoir à qui elle en veut le plus. A lui, de piétiner ses sentiments, ou à elle-même, d'être beaucoup trop sensible et pas assez ce qu'il attend d'elle. Comment je compte y échapper? Qu'est-ce que j'en ai à faire que je lui plais, tu crois que je suis incapable de réfléchir par moi-même, que je suis esclave d'MSN? Elle se mord la lippe, l'assassine du regard. ça aussi c'est un reproche récurrent, pas spécialement vindicatif, juste une remarque qui revient assez souvent, un peu sarcastique, un peu mordante, sur le fait que MSN devient une perte de temps lorsqu'on n'en fait pas bon usage, lorsqu'on en devient accro, qu'elle pourrait se trouver des occupations plus pertinentes. Je crois que tu es esclave de ton ambition, elle claque en retour, regrette aussitôt. Baisse les yeux sur son giron, où ses mains sont serrées en poings. Elle sait bien après quoi il court. La reconnaissance. Pour lui-même, mais aussi pour eux deux. Oui, elle me tourne autour, elle a essayé de m'embrasser et m'a fait des avances. Elle lève aussitôt les yeux vers lui, entrouvre la bouche, la referme, voudrait lui dire de se taire, lui dire que ça fait mal, lui demander ce qu'il a fait et répondu, s'il a juste souri comme sur la photo- Tu veux voir les messages qu'elle m'envoie sur MSN? Non. Oui. Peut-être, peut-être, elle ne sait pas, l'insécurité la bouffe de l'intérieur et lui ronge les os et pourquoi il ne se tait pas ? Tu veux que je te raconte tout ce qu'elle m'a murmuré à l'oreille au Bal? Un sanglot s'étrangle entre ses lèvres et elle tend précipitamment une main vers son verre d'eau, manque de le renverser, parvient à l'emprisonner entre ses doigts incertains, avale une gorgée qui passe presque de travers. Pour l'amour de dieu, Callie, je n'ai pas envie de ça pour nous, je n'ai pas envie que tu endosses le rôle de la partenaire amère et sarcastique et horrible, je n'ai pas envie qu'on se dispute pour un truc aussi stupide qu'elle. Elle voudrait répliquer merci, je suis heureuse de savoir que tu me trouves amère et sarcastique et horrible quand j'exprime ce que je ressens, merci, je me sens tellement mieux maintenant, mais elle se tait parce qu'elle n'a pas confiance en sa voix pour sortir correctement, ou en sa maîtrise pour la retenir de faire une crise de nerfs.

Let's face it, elle n'a pas l'habitude qu'on lui dise non. Et Ambroise lui dit souvent non. Souvent, ça passe, elle boude, il s'attendrit ; mais là ? un monstre de jalousie est logé profondément dans ses entrailles et les lacère de ses griffes acérées (elle voudrait trouver cette femme et la lacérer de ses propres griffes acérées — elle se sent horrible, horrible, Ambroise a raison, elle est horrible). On ne peut pas faire autrement. Ça mettrait tout en péril, Callie. Tout. Elle hoche la tête pour lui signifier qu'elle comprend. Mine basse, comme une gamine qui se fait gronder pour une bêtise commise. Mais il lui dit Je t'aime et c'est un fait rare, et il le clame fort comme un cri du cœur, et l'orage s'apaise. Calixe lève les yeux vers lui, à travers l'écrin de ses cils sombres, sans redresser la tête. Je t'aime et j'ai juste besoin de temps et que tu me fasses confiance. C'est leur anniversaire. Le premier d'une longue liste et elle ne peut pas ruiner ça, elle veut juste le croire et être à ses côtés. Il dit qu'il l'aime et rien d'autre ne compte, alors quand il baisse le regard sur son assiette, épaules basses, elle se penche pour prendre sa main sur la table. La soulève de la sienne, pour la porter à ses lèvres et embrasser ses phalanges. Je te fais confiance, elle abdique, promet contre sa peau, pose sa joue au creux de la paume d'Ambroise et, main ouverte sur le dos de celle de son petit-ami, entrecroise leurs doigts. Il a raison et elle a tort et elle s'en veut tellement. Je te fais confiance. Elle ferme les yeux, espérant qu'il ressent sa sincérité, mais que son don ne capte pas ce quelque chose terne et acide qui grignote son bonheur. Elle espère qu'il ne perçoit pas les questions qui la taraudent, qu'il ne sait pas qu'elle se demande si Vera a posé ses lèvres là, sur la main qu'elle tient, si elle s'est tenue assez près de lui pour laisser une trace de rouge à lèvres sur son lobe, si elle l'a marqué au fer rouge de sa présence et de ses attentions. Si elle continuera demain, avec tous les droits du monde, le droit de s'afficher à son bras et d'être photographiée avec lui. Leurs mains retrouvent la table, mais restent jointes. J'ai commencé à remplir mon dossier pour l'AO de l'an prochain, elle annonce d'une petite voix, tentant de changer de sujet. Appa veut que je postule au département de la justice alors j'ai posé une demande, je ne lui ai pas encore dit que j'en ai aussi fait une pour St Mungo's. J'espère être prise là-bas. Elle sourit, de façon un peu forcée, son pouce traçant des cercles sur celui d'Ambroise. Je serai bientôt diplômée, tu te rends compte ? Ce sera tellement plus facile, on aura moins de mal à se voir et tout ira mieux. C'est tellement comme il y a un an, quand elle lui a dit pour la première fois je suis grande maintenant, on peut être ensemble.
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Ambroise Moriarty
Ambroise Moriarty
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‹ âge : vingt-quatre (13/07)
‹ occupation : un employé d'Alastar Doherty officiant principalement comme bookmaker, fraichement innocenté pour ma collaboration avec le gouvernement du Magister.
‹ maison : serpentard
‹ baguette : mesure vingt-cinq centimètres virgule sept, est faite du même chêne rouge que mes soeurs et contient une canine de dragon (boutefeu chinois) réduite en poudre. Elle est prédisposée aux maléfices impliquant le feu.
‹ gallions (ʛ) : 3192
‹ réputation : je suis un manipulateur-né, de la même trempe que le fameux Gatsby. Ma soeur est cinglée et on a observé chez moi des comportements "anormaux" comme on aime dire. Je suis un parieur, et je ne peux jamais refuser un défi, aussi farfelu puisse-t-il paraître.
‹ particularité : empathe, ainsi qu'un maître du feu.
‹ faits : je suis un empathe utilisant son don pour manipuler et extorquer autrui. Grâce à mon métissage, j'ai une affinité avec l'élément du feu, même si cette caractéristique m'est un peu inutile et me semble, encore aujourd'hui, obscure. Je suis, secrètement, atteint d'une malédiction depuis un an environ, qui me ruine la vie et a divers effets (douleurs brûlantes chroniques, magie parfois instable/trop puissante, apparitions de tatouages, décoloration de la peau). J'ai été Adhérent sous le Magister mais je me suis sorti sans mal de mon procès.
‹ résidence : sur le Chemin de Traverse, avec mes parents.
‹ patronus : un niffleur.
‹ épouvantard : ma soeur jumelle Ariane sur un rocking-chair, l'écho de son propre Épouvantard.
‹ risèd : la richesse et la reconnaissance du reste de l'Élite.
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Je déteste l'idée qu'elle me voit ainsi — faible, victime de ma propre stupidité, avec ces frissons incontrôlables qui me font vibrer l'échine de bout en bout, incapable de soutenir son regard ou encore pire, ses interférences. Callie est comme ça: presque envahissante, mais j'ai appris à l'aimer ainsi (et elle est tellement de choses encore, intelligente, intuitive, drôle, immature mais pleine de ce sens du devoir strictement Davis, courageuse parfois), quand bien même parfois, même pour moi, ses émotions sont trop. Il faut dire qu'elle ne fait rien à moitié, et encore moins ressentir.
Sa surprise et son inquiétude me frappent comme des murs et je garde les yeux baissés, espère intérieurement qu'elle ne me touchera pas même si je ne la repousserai pas si elle le faisait. Elle recule. S'assied à la chaise du bureau et, malgré moi, mes muscles se détendent, je suis soulagé. Je ferme les yeux un instant, me force à respirer, attendant la réponse de ma petite amie à ma sentence de mort. C'est drôle, ce terme, petite amie. Elle est tellement plus, j'ai l'impression. Je ne le lui dirai jamais, pas ici, pas maintenant, mais je n'imagine plus ma vie sans elle.
Je relève les yeux vers elle, l'observe entre deux mèches de cheveux tombés sur mon front. “ Non. ” C'est comme un coup à l'estomac. Je ferme les yeux de nouveau, hermétiquement; elle aurait pu me gifler que ça aurait eu le même effet. Non. Non. NON! Évidemment que non! Elle dit ça comme si j'avais envie d'aller là-bas, et c'est ça qui m'agace. Comme si j'avais le choix. “ Non. Callie... ” Trop tard: déjà elle s'active, bouge trop vite pour que je la rattrape.

Je reste un moment dans le bureau, alors que je l'entends aller comme une furie dans ma chambre. Ça fait bien longtemps qu'elle va et vient chez moi comme si c'était chez elle, et bien longtemps que ça ne me dérange plus; cette fois, pourtant, ma prise autour du bord de la table se raffermit, je serre les dents. Je n'ai qu'une envie: retrouver ma chambre que je n'ai pas vu depuis des jours, me laisser tomber sur le lit, m'enrouler dans ma couette et dormir, vraiment dormir avant... avant demain. Mais impossible avec Callie dans les environs, et je crois qu'elle prendrait mal l'idée qu'on repousse notre dispute à un autre jour pour que je dorme; alors avec un grognement, me forçant à respirer profondément jusqu'à ce que le début de la crise d'angoisse quitte le bout de mes doigts, je me redresse et me rend dans ma chambre à mon tour.
Elle est frantique, incontrôlable, un électron libre. Je ne le lui ai jamais dit, mais l'empathie permet aussi de lire certains objets, quand on les aime beaucoup ou qu'on y attache beaucoup d'importance. Les émotions teintent ce qui les entoure. Et cette chambre, elle me crie Callie à chaque fois que j'y rentre. Je ne sais pas trop ce que j'en pense, si ce n'est que c'est une sensation familière.
Il y a son chat dans ma chambre. Pourquoi y a-t-il son chat dans ma chambre? Le bout de papier sur mon lit m'interpelle et je m'approche pour m'en emparer jusqu'à me rendre compte que Callie retourne mes étagères et mes tiroirs. “ Callie, arrête, ” je lance, agacé. Puis: “ Callie, je t'en prie. ” Et quand ça ne fonctionne pas: “ Callie, est-ce que tu peux t'arrêter deux secondes. ” Je lui attrape l'épaule, puis le coude; passe un bras autour de sa taille, me confronte à ses interférences et j'ai l'impression d'accélérer face à un mur. Mais je m'en fiche, je resserre son emprise, la fait se retourner pour qu'elle me regarde, prêt à la calmer à coups de mots; mais elle me frappe.

Ça ne fait pas mal, pas exactement. Mais disons que la sensation est nouvelle, et désagréable. Je lâche presqu'aussitôt prise, vexé et agacé, alors que les coups se multiplient, même quand je me recule. “ Tu te rends compte de ce que tu dis ?Callie... ” je la préviens d'un sifflement l'incitant à la prudence mais, comme souvent dans ces cas-là, elle n'en fait qu'à sa tête. “ Tu n'as pas le droit, tu n'as pas le droit de partir, tu peux pas les laisser t'envoyer, tu peux pas me laisser alors qu'on vient seulement de se retrouver- ” Je parviens à attraper ses poignets, que j'emprisonne dans mes propres mains; nos peaux se touchent. Je tiens la déferlante des sentiments en laisse, mais je sens quand même sa colère, incandescente et princière, qui nourrit le feu de la mienne sans faillir, jusqu'à ce que je doive serrer les dents en l'entendant pour ne pas me mettre à hurler. “ Je n'ai pas le choix, que veux-tu que je fasse contre eux? ” Je plaide ma cause mais c'est inutile, elle ne veut pas m'écouter, elle ne veut rien entendre. “ Tu sais combien ils sont cruels ? Si tu te bats à leurs côtés tu deviendras comme eux. Comme- comme- ” Comme son père. J'avoue que la pensée ne me plait pas trop. Mais: “ Je n'ai pas le CHOIX, ” je m'énerve aussi, mais toujours elle n'entend rien, et ça me rend fou. Comment peut-elle être si immature, parfois? Ne pas voir l'évident. “ Si je ne suis pas avec eux, je suis contre eux. Et que m'arrivera-t-il alors? Hein?Et si tu meurs ? Si ça dure, si tu restes coincé là-bas, sans potions, si la malédiction te brise-

Elle n'a pas le DROIT d'utiliser ça contre moi. Pas la malédiction. Mon visage crispé de colère et d'impuissance finit par se détendre, alors que je me force au calme, lui indiquant du regard qu'elle ferait mieux de ne pas aller sur ce chemin-là. C'est pente glissante, toujours avec moi. Je déteste en parler, quand elle me propose des solutions à deux balles qui n'en sont pas, quand elle dit des choses sans rien savoir. “ Je n'ai pas le choix, ” je répète, avec plus de calme. Parce que c'est la vérité, et la fatalité de la situation. Je n'ai littéralement pas le choix. “ S'il te plait Ambroise. Je n'ai pas le choix. ” Je le répèterai jusqu'à ce que le martelage fonctionne. Comment peut-elle être si aveugle?
Ne les laisse pas faire, ne les laisse pas t'emmener loin de moi. S'il te plait, ne me laisse pas.Comme moi tu m'as laissé seul pendant un mois? À me demander où t'étais, si t'étais morte, en vie ou pire? Mais je ne le dis pas, parce que c'est injuste; les mots me mordent la langue pour sortir, pourtant, me brûlent la gorge. C'est mon agacement qui parle, et la colère qu'elle distille en moi. Je relâche ses poignets en détournant les yeux, sans répondre, les mâchoires serrées. “ On pourrait partir. Quoi? Je vois parfaitement de quoi elle parle parce qu'après tout, qui ici n'a pas pensé à s'enfuir? Tout laisser derrière lui? Je l'observe avec des gros yeux. “ Callie-- ” mais comme à chaque fois, elle m'interrompt, s'enfonce déjà dans son délire irréel: “ On pourrait s'en aller loin d'ici, y'a des- des passeurs qui aident les gens à quitter le pays, je p-peux contacter Carrow pour de faux papiers. Mais de quoi tu parles?! Des passeurs? faux papiers? Carrow? Qu'elle parle des filles, de l'oncle, du père ou de la mère, c'est une mauvaise idée. Callie, tu n'es pas en train de réfléchir ou de m'aider-- C'est sûrement cher mais je peux prendre de l'argent dans le coffre de mon père. ” Elle tripote son satané bracelet MSN, je devrais l'empêcher mais je ne le fais pas, complètement pris de court. Pourquoi doit-elle me rappeler, à chaque fois, mes problèmes financiers? Évoquer ainsi son père? Je ne devrais pas l'être mais une nouvelle fois, je suis vexé.

Elle fait vraiment ressortir, parfois, le pire côté de ma personnalité. “ Calixe, tu délires. — D'accord- d'accord, même si on ne part pas... il y a sûrement un moyen, tu peux- ” Je le vois venir et je me prépare au choc. Je reste impavide, blême, silencieux, immobile et l'observe, la mettant presque au défi de dire le mot, de le cracher, de le lâcher, de faire comme si j'allais le faire. Je la mets au défi de me demander de faire la seule chose que je ne ferai pas. “ Dérogation, tu peux demander une dérogation.Non. Il suffit que tu leur dises que tu es malade.Non. Si tu leur parles de la malédiction... NON! MERLIN, MAIS À QUOI TU PENSES, CALIXE? ” Je lève rarement, pour ne pas dire jamais, la voix; mais cette fois, ça m'échappe; je me détourne presqu'aussitôt, troublé par l'explosion de ma colère et rendu mal à l'aise par le ton de ma voix (je me rappelle de mon père hurlant, complètement bourré, des stupidités quand nous étions petit; cette similitude me rend malade), me détournant un instant pour me passer des mains tremblantes sur le visage, dans les cheveux. Mon bras ne me fait plus mal: mais à quel prix? Je tremble encore plus qu'avant si c'est possible, observe mes doigts instables sans comprendre ni la sensation d'engourdissement le long de mon bras, ni l'impression de perte de contrôle que je déteste et qui m'envahit tout entier.
Elle recule comme si je l'avais frappée. Je n'ai pas la foi de la retenir, de la calmer; je reste immobile, l'observe, grince des dents. Elle se laisse tomber au sol. Elle ne me regarde plus. J'ai envie qu'elle me regarde.

Et s-si je ne suis plus là à ton retour ?

Elle a le mérite de me prendre par surprise; je ne l'avais pas vue venir, celle-là. Il faut dire que Callie ne m'a pas habitué à ça; elle sait, après tout, qu'il est difficile de duper le renard et encore plus quand il est un empathe.
Sauf que je sens, aussi, une vérité dans ses mots. Et que ce n'est pas du bluff. Elle a peur non pas parce qu'elle fait un faux pari comme certains le font aux cartes, mais parce qu'elle a peur de devoir réellement me quitter. “ Si je- si je te quitte ? Ne sois pas ridicule. ” Mais ma voix sonne faux, on entend le doute et un peu de peur. “ Ne dis pas ça, Callie. ” Mais il y a une froide détermination dans ses yeux. Je reconnais ce regard pour l'avoir observé chez son frère, et son père, à plusieurs reprises. Elle a pris une décision.
Je tombe presqu'aussitôt sur mes genoux pour me placer face à elle, poser une main sur son genou à elle, l'inciter au contact, même visuel, regarde moi pour l'amour de Dieu, pour qu'elle m'observe, voit mon désarroi à l'idée qu'elle me quitte; je suis bon avec les mots, mais jamais pour dire mes sentiments; si elle me regarde, elle verra, elle comprendra, n'est-ce pas?
Mais elle ne me regarde pas. “ Callie, je t'en prie, ne sois pas ridicule, je répète, en perte de mots. Tu sais que je n'ai pas le choix. Tu veux fuir? Et que se passera-t-il quand des gens comme ton père nous débusqueront, nous mettront en prison? Tu crois qu'il nous épargnera? Ton père. ” Je lâche, avec deux mots, toutes les émotions que l'homme m'inspire: respect, admiration, mépris, envie de lui plaire, envie de le dépasser aussi. “ Je dois y aller, Callie. Et puis, je ne peux pas mourir. ” Je resserre mes doigts autour de son genou. “ On est faits pour être ensemble — n'est-ce pas ce que tu dis tout le temps. On est faits... pour se- pour se marier, on est faits pour vivre ensemble, jusqu'à la fin, tous les deux. Tu le dis tout le temps à tout le monde, tu crois que je l'ignore? ” Il y a une certaine tendresse, dans ma voix tremblante à l'idée de mourir, de ne pas avoir droit à ça ou pire, de survivre et de la voir partie pour de bon. Cette pensée m'est insupportable. “ Je ne peux pas mourir parce qu'on est sensés finir ensemble. On est faits pour être ensemble. N'est-ce pas?
On peut être deux à jouer à ce jeu.

THEN (JULY 2002) + Je la sens décolérer; mes efforts ont porté leurs fruits, tant mieux. Je ne voulais pas qu'elle fasse une crise et puis... je dois avouer que son manque de confiance, en elle-même et en moi, est agaçant si ce n'est exaspérant. Mais je la comprends. Notre relation n'est pas au beau fixe, elle ne peut pas l'être alors que nous vivons une idylle secrète et discrète, alors qu'elle a honte de moi... ou plutôt, que son père aurait honte de sa fille et de moi si il apprenait tout ça. Je redoute, aussi, le jugement du reste de cette Élite hypocrite que je déteste; ça fait longtemps que je porte le nom de Moriarty, et que je sais ce que ça fait d'être méprisé par l'Élite. Mais ce n'est pas la même chose que de s'appeler Moriarty, d'être la descendance d'un raté et d'un génie du crime. C'est sortir avec une fille qui est à peine majeure. Une sang-mêlée, aussi, dans un monde de sang-purs.
Mais ça, je ne le lui dis pas. Elle décolère, prend ma main et ses interférences m'envahissent. Elle est soulagée, heureuse, mais pas que. J'ignore cette amertume, ce semblant de rancune aussi; mes lèvres s'écartèlent d'un sourire, sincère et tendre. “ Je te fais confiance. ” Elle embrasse la jointure de mes poings, je garde mon regard dans le sien. Malgré moi, ce simple geste me rassure énormément, me soulage. Elle me fait confiance. Malgré tout et contre tout. Ça fait seulement un an qu'on est ensemble, mais ça semble parfois être une éternité, dans ces moments tendres et naturels comme ça. Elle dépose son visage dans le creux de ma paume et mon pouce caresse sa pommette, machinalement, sans la lâcher du regard. “ Je te fais confiance.Je sais. Ça va, ” je lui dis, lentement, parce que mes reproches étaient un peu injustes, moi même je dois l'avouer. Ça va, c'est le plus proche d'excuse moi que je trouve. Nos mains retombent sur la table, j'entremêle nos doigts. Je n'ai plus faim. “ J'ai commencé à remplir mon dossier pour l'AO de l'an prochain. ” Je ne peux m'empêcher de pincer des lèvres. J'oublie trop, souvent, qu'elle est si jeune et de nouveau, la sensation que je suis une figure étrange et idéalisée pour elle me prend, l'impression qu'elle m'apprécie parce que je suis plus âgé, plus mature, plus différent que tous les garçons qui l'entourent. Après tout, elle est tombée amoureuse d'un dessin de moi. Pourquoi pas d'un mythe? “ Appa veut que je postule au département de la justice alors j'ai posé une demande, je ne lui ai pas encore dit que j'en ai aussi fait une pour St Mungo's. J'espère être prise là-bas. ” Saint-Mangouste... J'essaie de ne pas le montrer mais je suis intéressé. Très intéressé.
Mais je n'ai pas vraiment le droit de mêler Callie à tout ça, n'est-ce pas? “ C'est une très bonne nouvelle, Callie. Tu devrais poursuivre tes rêves, ” je dis, avec un rien d'amertume. Elle n'ignore pas ce que je pense de son control freak de père. “ Je serai bientôt diplômée, tu te rends compte ? Ce sera tellement plus facile, on aura moins de mal à se voir et tout ira mieux. ” Tout ira mieux. Rien ne va mieux. Mais peut-être dans le monde de Callie... “ Ah, ça... ” je marmonne, défaitiste malgré moi. Je resserre sur les doigts de Callie, sans la lâcher du regard. “ Ça changera, Callie. Promis, dès que- dès que j'aurais un tout petit peu plus d'argent, dès que je serai un tout petit peu plus important... ton père... Je pense que tu es esclave de ton ambition. Les mots piquent. Font mal.
Parce qu'elle n'a pas tort.
Je lâche sa main. “ Qu'est-ce que t'en dises que je règle l'addition et qu'on aille se balader? ” je dis, en rassemblant déjà mes affaires sans trop faire attention à sa décision. “ Je me sens oppressé. ” Ou plutôt, je sens l'intérêt des autres clients pour notre conversation. Leurs regards. Je ne leur fais pas confiance. Avant de me lever, j'effleure le dos de sa main du bout de mes doigts. “ Tout ira mieux, ” je lui confirme, en essayant d'être le plus sincère du monde.
Je n'y arrive pas vraiment.

THEN (JULY 2001) +J'ai le coeur qui bat à cent à l'heure dans ma poitrine, et c'est stupide, vraiment, mais j'ai failli mourir. La porte se referme sur la silhouette de Magnus Davis qui, je l'entends dans ses interférences, ne se doute pas que sa fille, en plus d'être franchement éméchée, a un garçon dans son lit (et quel garçon...! Si il l'apprenait, je me doute qu'il me truciderait); il est fatigué, il va bientôt aller se coucher, merci Merlin les murs ne filtrent presqu'aucun bruit et il n'entendra certainement pas Callie glousser comme elle le fait depuis tout à l'heure.
Franchement éméchée, c'est le mot. Elle a la paupière lourde et le sourire distrait quand elle soulève doucement la couverture pour révéler mon visage. Je suis terré contre elle, mélangeant sous le drap ma silhouette à la sienne et lentement, centimètre par centimètre je me détache, me redresse, regardant autour de nous comme pour vérifier que Magnus n'a pas laissé un de ses minions dans la chambre de sa fille, au cas où. “ Je devrais sans doute partir, ” je chuchote, la voix de la raison, quand bien même j'en ai aucune envie. Je me suis redressé sur mes mains et quand je tourne de nouveau la tête vers Callie, je me rends compte à quel point on est proches, à quel point le bout de son nez effleure le bout du mien, et je ne peux pas louper ses interférences, son envie et son désir et son affection et-- “ Je devrais vraiment partir, ” je répète, sans me rendre compte qu'elle s'est rapprochée. “ C'est une très mauvaise idée, Callie, tu le sais ça?


Dernière édition par Ambroise Moriarty le Sam 4 Fév 2017 - 20:07, édité 1 fois
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Jiàn Chang
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Ambroise & Calixe
testament of youth

NOVEMBER 2nd 2003 + Elle ne sait pas ce qu'elle fait. La terreur éclot au creux de son vendre et la rend borderline hystérique, incapable de s'arrêter, de se poser, d'écouter, de raisonner comme il voudrait qu'elle le fasse. Ses pensées sont tournées vers la nécessité de fuir — elle ne peut ni ne veut comprendre les choses à la façon d'Ambroise, pas alors qu'il accueille une mort certaine à bras ouverts.

Peut-être n'est-elle simplement pas assez. Pas assez pour lui donner envie de rester, de résister, pas assez pour qu'il sacrifie sa fierté pour elle. Bien sûr qu'il n'avouera jamais la malédiction — pourquoi le ferait-il ? Elle n'est pas Doherty, l'homme face auquel Ambroise devient malléable et conciliant. Elle ne représente même pas une figure importante de l'Elite, qu'est-elle si ce n'est une adolescente un peu trop envahissante dans sa vie ? Ne sois pas ridicule. Ridicule, ridicule, ridicule, bien sûr qu'il a raison, à quoi joue-t-elle, que lui demande-t-elle ? Calixe étouffe un sanglot dans le creux de sa paume, rabrouant silencieusement son palpitant trop émotionnel, exigeant qu'il ravale la peine et l'étouffe à la racine. Mais elle n'y arrive pas et au lieu de ça, elle se donne en spectacle, piètre show qui ferait frémir Granny et froncer les sourcils à son père. S'il était là. Vraiment, à quoi pense-t-elle ? Ambroise n'a pas à rester pour elle. Personne ne reste pour elle. Même Tracey est partie. Ils sont tous ailleurs, toujours, tout le temps, à se consacrer aux priorités — argent et renommée. Ambroise en veut toujours un peu plus. Appa, toujours beaucoup plus. Delilah n'est qu'ambition et Demetri mène sa propre vie sans avoir de compte à lui rendre. Au final, quoi qu'ils disent pour expliquer leur absence, le résultat est le même pour chacun d'eux : ils n'en ont jamais assez. Rien d'autre n'a de valeur et est-elle en droit de se plaindre, elle qu'on couvre de cadeaux ? Non, pas alors qu'elle parade avec des robes coûteuses et des bijoux luxueux, à en demander encore et toujours plus, insatiable, avide, et pourtant si vide, si seule. Si ingrate, n'est-ce pas ?

Tout est parti en cendres : la grande demeure qu'elle arpentait avec un elfe pour compagnie quotidienne, le dressing et les trésors de créateurs, les chaussures par centaines, les souvenirs sur papier glacé, et à présent elle n'a plus que l'isolement pour ombre. Les sanglots étranglés se résorbent d'eux-mêmes, laissant place à l'acceptation tandis qu'elle parvient à reprendre progressivement le contrôle sur la tempête de ses émotions. Elle n'a pas le droit de se plaindre, de blâmer les adultes lorsqu'elle n'est encore qu'une enfant égoïste. N'est-ce pas ?

Ses mains gomment les sillons de larmes, acceptation devenant détermination. Elle n'a pas à retenir Ambroise. Loin de la guerre, à ses côtés — elle n'a pas à être un fardeau pour lui, pas alors qu'il veut partir. Callie, je t'en prie, ne sois pas ridicule. Tu sais que je n'ai pas le choix. Tu veux fuir? Et que se passera-t-il quand des gens comme ton père nous débusqueront, nous mettront en prison? Tu crois qu'il nous épargnera? Ton père. Bien sûr qu'il a raison. Il a forcément raison. Il pense plus loin qu'elle — il pense à l'après-guerre alors qu'elle se cantonne à la bataille, incapable de songer au-delà, incapable d'envisager toutes les pertes qu'elle encaissera quel que soit le camp qui l'emportera. Elle vient tout juste de retrouver Arnie et Blair et peine à se faire à l'idée qu'elle pourrait ne jamais les revoir ; peine à songer aux exécutions massives qui suivraient, au désespoir tagué sur les murs de l'hôpital par les mains poisseuses de sang (celles des meurtriers que l'on soigne en premier et celles de ceux qui ne comptent pas, victimes patientant des heures durant pour ne jamais être prises en charge). Mais si les insurgés l'emportent, c'est sa famille tout entière qui en paiera le prix. Et elle-même, peut-être. Elle n'arrive pas vraiment à assimiler. A tout saisir. Alors qui est-elle pour parler de ce qu'elle ne comprend même pas ?

Je dois y aller, Callie. Et puis, je ne peux pas mourir. On est faits pour être ensemble — n'est-ce pas ce que tu dis tout le temps. On est faits... pour se- pour se marier, on est faits pour vivre ensemble, jusqu'à la fin, tous les deux. Tu le dis tout le temps à tout le monde, tu crois que je l'ignore? Mais les mots semblent si creux et l'espoir si vain tandis qu'il se précipite vers le chaos. A court d'argument, lasse et le cœur lourd, Calixe abandonne le combat. D'accord, elle répond d'une voix à peine plus élevée qu'un souffle. Je ne peux pas prétendre que je comprends, mais si c'est ce que tu veux, alors fais-le. Et sa réponse est brodée de défaitisme, son esprit tentant de se faire à l'idée qu'avant d'être son homme, Ambroise est un sorcier ; qu'avant d'être sien, il répond à la communauté. C'est un concept abject quand on est celle qu'on délaisse — mais tellement plus grand qu'elle. Tellement plus important. Le devoir. Je ne peux pas mourir parce qu'on est sensés finir ensemble. On est faits pour être ensemble. N'est-ce pas? Elle voudrait lui hurler de ne pas lui mentir ; que la peine n'en sera que plus grande lorsqu'il ne reviendra pas. Au lieu de quoi, elle esquisse un semblant de sourire qui n'atteint pas ses yeux et répond d'un ton léger, presque une brise : Oui bien sûr.

Elle voudrait être forte, lâcher prise, juste ainsi. Être mûre, raisonnable et ne pas l'encombrer de ses émotions alors qu'il a déjà tant à penser et à faire, mais malgré tous ses efforts sa main emprisonne celle d'Ambroise sur son genou. Calixe ferme les yeux, très fort, tentant de ravaler le gouffre qui menace de l'engloutir, de le masquer, pour ne pas y céder, pour ne rien montrer. Mais elle n'est vraiment pas assez forte. Embrasse-moi, elle quémande, et son rictus est amer et son regard éteint, elle se sent si minable, ridicule. Prends-moi dans tes bras et serre-moi fort, jusqu'à ton départ. (Comme si tu le pensais. Comme si tu le voulais. Comme si tu souffrais autant que moi. Comme si tu m'aimais aussi fort. Comme si ce n'était qu'un bref au revoir.) Elle voudrait emprisonner son odeur et tout ce qu'elle peut capturer au creux de son cœur, pour avoir encore une part de lui auprès d'elle lorsqu'il avancera sur les champs mouillés de sang.

THEN (JULY 2001) + Elle ne devrait pas rire, vraiment pas. Elle devrait être terrifiée à l'idée qu'appa revienne et les démasque. Elle devrait être mortifiée d'avoir manqué d'être surprise par lui, se sentir honteuse pour l'indécence de son attitude ; en rougir et se rétracter. Demander à Ambroise de s'en aller.

Elle n'y pense même pas une seconde.

Son cœur est aussi affolé qu'un oiseau découvrant la liberté, menaçant de s'arracher à sa cage thoracique tant il s'emballe. Elle pouffe de rire, encore et encore, incapable de se contenir, songeant à peine à plaquer ses mains contre sa bouche pour étouffer les sons. Le souffle d'Ambroise est brûlant contre sa hanche, elle en a presque le vertige — délice, fébrilité, impatience se disputent la primeur parmi l'enchevêtrement de ses sentiments et elle bouge légèrement pour mieux sentir les bras qu'il a enroulés autour de sa tailles, pour effleurer du bout du pied le haut de ses cuisses et son-

Une légère tape l'arrête et elle soulève le drap en lui offrant son plus beau sourire innocent. La voie est libre, elle informe comme s'il ne l'avait pas déjà remarqué, elle agite une main vers lui pour l'inviter à revenir dans ses bras. Ambroise est plus prudent, méfiant, et sans doute vérifierait-elle autant que lui si ce n'est deux fois plus, si le Firewhiskey ne buzzait sourdement à ses oreilles. Il se redresse sur ses avant-bras pour avoir un appui et Calixe se hisse sur un coude, ayant hâte d'être à sa hauteur. Je devrais sans doute partir, il murmure, et elle acquiesce d'un — Hmhm distrait. Bien sûr qu'il devrait. Une part un peu plus clairvoyante de son esprit embrumé lui souffle que c'est la chose à faire, qu'il ne devrait même pas être là pour commencer. Et ça la fait rire. Elle se penche vers le cou d'Ambroise juste au moment où il se tourne vers elle, et les lèvres de Callie s'entrouvrent pour lui comme un accueil, sans même qu'elle n'y pense. Je devrais vraiment partir. Sa tête est légère, légère, tellement libérée de la moindre inquiétude, elle voudrait seulement se laisser consumer par la proximité de l'homme qu'elle aime. Elle secoue la tête, joueuse, les mèches brunes volant autour d'elle. C'est une très mauvaise idée, Callie, tu le sais ça? J'aurais dû passer la soirée à réviser, sa voix est pâteuse et son sourire béat, tout sauf repentant, ses prunelles juste un peu trop écarquillées pour permettre d'oublier qu'elle a tout sauf les pieds sur terre en cet instant. Maggy Brainshaw n'aurait pas dû porter cette robe hideuse alors qu'il y avait tant de paparamages au restaurant, (elle le pousse jusqu'à le faire basculer sur un côté, puis sur le dos), et Narré Forbien aurait définitivement dû gagner la Plume de Diamant pour sa dernière pièce de théâtre, (Calixe glisse une jambe en travers des siennes pour se hisser au-dessus de lui, bras eux aussi de part et d'autre d'Ambroise), le cabinet du ministère aurait dû mieux gérer les rumeurs à propos de nouvelles taxes, pour éviter de mettre les sorciers en colère avant l'heure, (elle se penche en avant, prenant son temps et battant paresseusement les paupières avec une langueur séductrice, jusqu'à ce qu'ils se retrouvent torse contre torse, comme deux éléments complémentaires d'une seule pièce), et la Ligue de Défense des Créatures Magiques devrait cesser de se mettre le département des Jeux et des Sports à dos, (elle s'interrompt ; ils sont si proches que leurs visages se frôlent, les cheveux de Calixe tombant en cascade autour d'eux, et effleure le nez d'Ambroise du bout du sien, à deux, trois reprises. Bécote brièvement sa bouche, lèvres closes, simple contact éphémère... mais taquine, elle se redresse, plaçant cette fois ses paumes à plat sur le torse du jeune homme, doigts écartés glissant lentement sur le tisse), Mais bien sûr, certains diraient que les JS devraient plutôt renoncer à ce spectacle de dragons pour l'inauguration de la prochaine compétition d'Aingingein... L'alcool pourrait l'assommer, mais au contraire — c'est comme un brasier qui lui fait voir le monde avec une saturation extrême. Toutes les couleurs sont plus vives, tous les sujets sont passionnants, et Calixe est plus bavarde que jamais, même si elle trébuche parfois sur ses mots et traine un peu lourdement la langue contre son palais. Mais Maggy Brainshaw est provocante et la remise d'Awards était truquée et le Magister n'a que faire du peuple et la LDCM est téméraire et les JS sont butés alors pourquoi nous on devrait être sages alors que personne ne l'est ? Alors que le monde est fou. Le bas de son dos se creuse, son bassin s'alignant à celui d'Ambroise en un mouvement osé qu'elle n'aurait probablement jamais eu le cran d'esquisser sobre. Non qu'elle n'en ait envie, clean ou éméchée... Son souffle se bloque un instant dans sa gorge, puis elle exhale un soupire satisfait, à peine un gémissement. Je suis folle de toi, conclue-t-elle avec toute la certitude et la hardiesse infernale de sa jeunesse, et le regard qu'elle lui adresse est brûlant. Elle désire si ardemment les mains d'Ambroise au creux de ses hanches, et peu importe que ce soit risqué, que ce soit une mauvaise idée ; peu importe qu'on les entende, que tous découvrent le terrible secret. Elle est si amoureuse, si heureuse, elle voudrait le crier au monde entier.
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Ambroise Moriarty
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‹ occupation : un employé d'Alastar Doherty officiant principalement comme bookmaker, fraichement innocenté pour ma collaboration avec le gouvernement du Magister.
‹ maison : serpentard
‹ baguette : mesure vingt-cinq centimètres virgule sept, est faite du même chêne rouge que mes soeurs et contient une canine de dragon (boutefeu chinois) réduite en poudre. Elle est prédisposée aux maléfices impliquant le feu.
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‹ réputation : je suis un manipulateur-né, de la même trempe que le fameux Gatsby. Ma soeur est cinglée et on a observé chez moi des comportements "anormaux" comme on aime dire. Je suis un parieur, et je ne peux jamais refuser un défi, aussi farfelu puisse-t-il paraître.
‹ particularité : empathe, ainsi qu'un maître du feu.
‹ faits : je suis un empathe utilisant son don pour manipuler et extorquer autrui. Grâce à mon métissage, j'ai une affinité avec l'élément du feu, même si cette caractéristique m'est un peu inutile et me semble, encore aujourd'hui, obscure. Je suis, secrètement, atteint d'une malédiction depuis un an environ, qui me ruine la vie et a divers effets (douleurs brûlantes chroniques, magie parfois instable/trop puissante, apparitions de tatouages, décoloration de la peau). J'ai été Adhérent sous le Magister mais je me suis sorti sans mal de mon procès.
‹ résidence : sur le Chemin de Traverse, avec mes parents.
‹ patronus : un niffleur.
‹ épouvantard : ma soeur jumelle Ariane sur un rocking-chair, l'écho de son propre Épouvantard.
‹ risèd : la richesse et la reconnaissance du reste de l'Élite.
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Ses interférences me font mal, parce que je sans son malaise, non, son mal-être, cette chose insidieuse et terrible que je comprends, pourtant. Elle se sent abandonnée, laissée pour compte, elle ne semble pas comprendre que je fais ça non pas par envie mais parce que je n'ai pas le choix. Toutefois, je ne suis pas stupide au point de comprendre qu'on a toujours le choix; mais entre une mort certaine et une potentielle survie, le mien est fait. Je sens qu'elle voudrait que je reste. Que je dise au revoir au monde et que je reste, qu'on se cache jusqu'à la fin de cette misérable guerre. Mais Callie, ai-je envie de lui dire, as-tu si peu confiance en moi? Et si les Mangemorts gagnent, qu'adviendra-t-il de nous, ceux qui ont fui? Et on ne sortira jamais de ce pays, on ne sortira jamais de ce monde; il n'y a pas de futur pour nous si je n'y vais pas, il n'y a pas d'endroit où fuir.
Cette perspective me rend malade. Je suis piégé et je n'ai pas envie de quitter Callie; pourquoi ne veut-elle pas le voir? Pourquoi est-elle ainsi, à prendre chacune de mes décisions qui pourraient m'écarter d'elle comme un refus d'amour, une insulte? Je sais qu'elle est jeune et que peut-être, non, sans aucun doute, elle ne comprend pas que je réfléchis sur le long terme, pour nous deux. Et peut-être bien que je vais mourir... mais je sais, au fond de moi, que ce ne sera pas le cas. Je ne peux pas mourir si je sais qu'elle m'attend.
Son défaitisme, pourtant, m'atteint. Son chantage, même si il ne fonctionne pas vraiment parce que je lis en elle comme dans un livre ouvert, m'a atteint lui aussi et je ne peux m'empêcher d'être heurté, vexé même, qu'elle ose me lancer ça à la figure. “ D'accord. Je ne peux pas prétendre que je comprends, mais si c'est ce que tu veux, alors fais-le. ” Je la déteste de dire ça, d'une certaine manière, parce que ce n'est pas ce que je veux. Je veux ça, je la veux elle, contre moi, pour toujours. Je veux qu'elle sourie et qu'elle m'embrasse, je veux qu'elle soit en sécurité et qu'on ait une belle vie, tous les deux, parce c'est notre objectif, n'est-ce pas? Notre destinée. Destin est un mot bien lourd à lancer à tout va, mais avec Callie, ça a toujours été ça. Le destin, l'évidence après un début compliqué. Le destin, l'évidence, n'a-t-elle pas été celle qui me cassait les oreilles comme quoi notre histoire était éternelle et puissante, incroyable et pérenne? Ou peut-être que je me suis simplement laissé séduire par ces mots, trop con pour ne pas voir qu'une gamine pouvait avoir tort à ce point.

Non. Non, je décide en le regardant, en la regardant vraiment, la suppliant avec mes yeux de la pardonner. Non, je l'aime et je veux être avec elle, même si cette perspective est terrifiante, parce que je suis si jeune et qu'elle l'est plus encore. Je n'ai pas envie d'un mariage rushé, d'une idylle emballée dans du beau papier et mise sur le côté bien trop tôt. Je ne veux pas d'un mariage sans amour ni confiance, je ne veux pas de quelque chose sans conséquence.
Mais je l'aime. Et je sais, grâce à mon don, qu'elle m'aime aussi et que ces sentiments sont vrais, forts. Plus forts que ça, en tout cas, et plus forts que tout ce qui adviendra jamais. Je ne lui ai jamais dit que je l'aimais plus. Non pas plus qu'elle m'aime, parce que je ne sais pas si c'est vrai. Mais je sais que je l'aime plus que tout. Tout ce qui est arrivé et tout ce qui arrivera jamais. Et je suis un pragmatique, un cartésien, un terre-à-terre. Je n'aime pas m'attacher aux gens, je n'aime pas faire des choses irrationnellement. C'est même une pensée qui me fait peur, faire quelque chose d'irrationnel, sans logique, sans stratégie. Mais je dois me rendre à l'évidence, une évidence qu'elle ne semble pas voir: il n'y a rien que je ne ferai pas pour Callie et mes sentiments pour elle me semblent tout bonnement incassables, inchangeables. Peut-être est-ce propre à toutes les histoires d'amour, cette impression d'éternité. Peut-être pas.
Tout ce que je sais, c'est que je l'aime comme je n'aimerais jamais rien au monde. Et ça doit compter pour quelque chose, non?

Oui bien sûr. ” Sa voix est éteinte, son sourire teinté. Ma main sur son genou raffermit son emprise quand elle pose la sienne dessus, le pouce caressant la peau douce qui se trouve à l'intérieur de sa jambe au niveau de l'articulation. La déferlante de ses sentiments est entêtante, pourrait me faire perdre la tête; mais pour une fois, mes sentiments à moi sont plus forts que ça. Plus forts que les siens, parce qu'une difficile et inflexible résolution s'est lentement emparée de moi. Je sais ce que je veux mais elle n'a l'air de ne pas le voir, du moins, de ne pas le comprendre. Elle doute. Son doute me frappe comme un mur, mais je la comprends. Je douterai de moi-même aussi si j'étais à sa place. “ Embrasse-moi. Prends-moi dans tes bras et serre-moi fort, jusqu'à ton départ. ” Je ne me fais pas prier; je m'appuie sur son genou, me redresse et tend le cou pour l'embrasser. Un baiser délibéré et lent, doux et tendre. Rien à voir avec les émotions que je ressens ou celles qui l'agitent, rien à voir avec les tremblements qui remontent le long de mon bras ou l'envie que j'ai de la sentir, vibrante et en vie, contre moi — non pas d'une manière sexuelle, mais juste... juste heureuse et en vie. C'est tout ce que j'ai voulu pour elle.
Son visage finit contre mon épaule alors que je déplie mes bras pour l'entourer lentement, je la serre contre moi avec le désespoir silencieuse des causes perdues, mes doigts remontant lentement le long de sa colonne vertébrale, l'index traçant des formes sur sa peau à travers ses vêtements.

Épouse-moi, ” je dis brutalement.

Elle se fige et je l'écarte, pour la regarder. Je prends son visage entre mes mains un instant, avant qu'elles ne retombent; mon regard, en revanche, reste profondément vissé dans le sien. “ I mean it, ” j'indique parce que son visage semble incertain, plein de questions. “ Épouse-moi. Non, accepte de m'épouser, maintenant, et quand je reviendrai, on se mariera. ” On dirait une idée folle, un plan fou lancé brusquement et peut-être que c'est le cas. Mais je me dis, à quoi bon retarder l'échéance de ce qui arrivera tôt ou tard? Elle est majeure et je l'aime et elle m'aime, je veux passer ma vie avec elle. À quoi bon prétendre que ce n'est pas ce que je veux? À quoi bon renoncer à l'idée de lui promettre de revenir de la manière la plus tangible qui soit? “ Je t'aime, ” je rajoute brutalement, avant qu'elle n'ait l'idée de dire quoique ce soit, un oui ou un non ou autre chose, en réponse. “ J'ai l'impression que tu ne le comprends pas, parfois, combien je t'aime. Comment je t'aime. Je t'aime à chaque respiration que je prends, Callie, et je sais que je ne le dis pas tout le temps, ou jamais, et tu sais que c'est compliqué pour moi. Mais je t'aime et je veux passer le reste de ma vie avec moi, tu sais aussi que si je te dis ça, c'est que c'est pas des paroles en l'air. Alors accepte de m'épouser, et je te promets de revenir et de tout faire pour que tu sois heureuse chaque jour de ta vie jusqu'à nos morts, je promets de ne plus jamais te donner l'occasion de douter de moi ou de mes sentiments, et je promets de dédier chacun de mes jours à te rappeler l'amour que j'ai pour toi.

Je prends sa main entre les miennes.
J'ai soudain la vertigineuse peur qu'elle va refuser. Par peur, peut-être, ou par doute, ou parce qu'elle ne s'y attendait pas, ou parce qu'elle pense que je fais juste ça pour la calmer. J'aimerais qu'elle ait comme moi le don d'empathie. Qu'elle ressente ce que je ressente. Qu'elle sache que ses interférences me hantent mais que mes sentiments pour elle sont grands, forts, stables et vrais.

Je crois qu'elle m'aime. Qu'elle est... amoureuse de moi. Pour être honnête, je pense qu'elle pense qu'elle m'aime. C'est le cas depuis des années, me semble-t-il, depuis qu'elle a vu ce stupide dessin de Demetri et s'est mise à penser que j'étais quelque prince charmant. Je crois qu'elle croit qu'elle m'aime et je crois qu'elle m'aime un peu, vraiment, sincèrement. Je crois aussi que je l'aime bien. Que j'apprécie sa présence. Et il faudrait être aveugle comme un Cognard pour ignorer qu'elle est presque devenue une femme (quel âge a-t-elle? Quinze? Seize ans? J'ai honte que cette pensée me traverse, tout comme j'ai honte des sentiments qui m'agitent alors que son l'odeur de son shampoing me hante, me rend distrait et pensif, avide). Et c'est vrai... qu'elle le fascine, d'une certaine manière, et que je l'apprécie trop, alors qu'elle est la soeur de Demetri, qu'elle a genre douze ans et qu'elle est... si proche...
Je n'aurais pas dû boire. J'ai pas beaucoup bu, certainement moins qu'elle, mais suffisamment pour ne pas trop réagir quand je la sens bouger contre moi, suffisamment pour ne pas tout de suite la repousser quand sa main se pose sur mon torse et me pousse jusqu'à ce que je finisse sur le dos dans son lit, et qu'elle... qu'elle...
Je n'arrive pas vraiment à réfléchir, et c'est très embarrassant. Moi, toujours le pragmatique, incapable d'aligner deux mots parce qu'une jolie fille me grimpe dessus... Mais ce n'est pas n'importe quelle fille. C'est Callie. La fille de Magnus. La soeur de Demetri. Callie qui pensait être amoureuse de moi. Callie, toute petite Callie, qui est si proche. Tellement proche... et sensuelle, je me rends compte à mon grand embarras, ses lèvres font mine de s'approcher des miennes, les effleurent même doucement... C'est une douce torture et une torture quand même, alors que je reste immobile mais pas impassible, mes yeux troubles ne lâchant pas les siens, mes bras repliés et mes mains près de mes oreilles, pour ne pas la toucher, elle va me rendre fou et je me force à me rappeler qu'on a quand même sept ans de différence et qu'elle ne sait pas ce qu'elle fait, elle est juste complètement saoule, c'est les hormones, l'éveil sexuel, elle ne sait pas de quoi elle parle, elle ne sait pas ce qu'elle fait-- son bassin se cale au mien.
Je suis embarrassé mais pas que. Je deviens rouge comme une tomate, quoiqu'il arrive dans ma tête, et je crois que je me crame mentalement les quelques neurones sobres qu'il me reste dans le crâne — et puis elle gémit et je crois que j'ai juste plus rien dans le crâne. “ Je suis folle de toi.
Elle est folle de moi. Elle va me rendre fou, moi, à ce rythme-là. J'ignorais... j'ignorais ça d'elle. Et je me sens mal à l'aise, mais en même temps... c'est clairement elle qui me fait des avances. Je me fais l'impression de penser comme un violeur prêt à sauter sur n'importe quelle excuse pour abuser d'elle. On a sept ans de différence pour l'amour de dieu, et elle a quinze ans... Elle semble sûre de ce qu'elle veut, pourtant. Et puis, cerise sur le gâteau, elle est complètement saoule et je suis moi-même un peu imbibé. Même moi je ne parierai pas sur mes chances de gagner un procès si son père décidait de porter plainte.
Son père.
Oh fuck, je pense.
Oh fuck, ” je lâche dans un soupir, mes mains glissant sur le drap jusqu'à ses cuisses, puis ses hanches... avant de la faire basculer sans douceur sur le côté pour l'allonger de nouveau. “ Je crois... je crois qu'il faut que tu dormes, Callie, et on reparlera demain, allez, bonne nuit, ” je dis précipitamment, même si ma main droite ne s'est pas détachée de sa hanche. Je tends le cou et lui embrasse le front. Ses interférences m'électrisent, le désir et l'envie luxurieuse et l'amour et l'affection et toujours ce désir vraiment entêtant. Ça, c'est la malédiction des empathes, dans ces moments comme ça, on ne sait jamais qui veut quoi.
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