Bon. Il avait bien tenu le coup, mais là… Il n’en pouvait plus. Plusieurs jours, voire semaines, déjà s’étaient écoulées depuis sa dernière sortie. Les voisons étaient sympas, mais trop… magiques. Il avait besoin d’aller faire un petit tour dans le monde moldu où il avait grandi, voir des gens un peu plus… normaux. Enfin, non pas que la magie n’avait pas sa part de normalité, ça aurait été bien hypocrite que de penser ça alors qu’il avait du l’intégrer à son programme d’étude pendant plusieurs années, l’intégrer au point d’en oublier que, s’il avait atterri, à l’époque de sa naissance, dans la famille de la porte d’à côté, il aurait certainement eu le droit aux maths quelques années de plus. Mais à passer trop de temps avec la magie, on en oubliait que tout le monde ne pouvait pas laisser libre cours aussi facilement à ses fantaisies, et quelque part, c’en était aussi oublier ses propres racines à moitiés moldues.
Il informa le chef du « campement » de son départ. Une fois sorti de cet entretien on ne peut plus informel, il sortit une carte de l’Angleterre, la posa bien à plat, ferma les yeux et mit son doigt au hasard quelque part sur le plan. Il transplana sans plus attendre à l’endroit pointé. L’endroit où il arriva était, à sa grande surprise, humide. Très humide. Trop humide. Il se sentait déjà complètement trempé. En fait, il ne sentait pas le sol sous ses pieds. Il ouvrit les yeux et se découvrit… dans un cours d’eau. Quel con ! Mais quel con ! Il avisa la rive la plus proche et sortit de l’eau. Il lui fallait se sécher maintenant. Et se réchauffer, car c’aurait été un miracle s’il faisait plus de dix degrés. Il déplia ce qu’il restait de sa carte, qui avait, hélas, eu bien du mal de résister à la baignade, pointa le doigt sur le premier village qu’il trouva et transplana à nouveau.
Il avait bien choisi l’endroit où arriver. Près du cours d’eau le plus proche du village. L’endroit était désert. Lorsqu’il arriverait près des habitations, si on le remarquait, on pourrait tout de suite penser qu’il était tombé à l’eau. Ce qui était pas loin d’être l’entière vérité, si par « tomber » on pouvait entendre « apparaître dans ». Il se mit en marche et arriva, au bout de quelques minutes, seulement, près des premiers bâtiments composant le village. Par chance, l’un d’eux semblait être une sorte de café. Il se dit que c’était un bon endroit pour boire quelque chose de chaud, et même si, avec son aspect quelque peu vieillot et délabré, celui-ci n’avait pas vraiment fière allure, il ferait parfaitement l’affaire pour ce qu’il cherchait et il décida donc d’entrer.
Une petite cloche sonna au dessus de sa tête et ce qui devait être la propriétaire des lieux arriva directement des escaliers pour l’accueillir. « Un client ! », fit-elle, manifestement ravie, puis, le fixant, surprise, de découvrir sa condition « Mais vous êtes trempé ! Rassurez-moi, vous n’êtes pas allez de vous-même piquer une tête dans la rivière ?! Ou pire, un suicidaire qui aurait raté son coup ?! Prenez place ! Prenez place ! Ce n’est pas tous les jours que j’ai l’occasion d’accueillir autre chose que les poivrots habituels dans mon humble établissement ! Alors dites-moi, que puis-je vous servir ? » « N’importe quoi qui puisse se boire et qui soit chaud. » « Très bien, très bien, jeune homme ! Je vous apporte ça de suite ! », et elle disparut en cuisine. L’endroit, on ne peut plus rustique, tout comme la table et sa chaise en bois inconfortable, était on ne peut plus vide. Il consulta sa montre, heureusement étanche, et constata qu’il était quinze heures. La femme joviale réapparut alors, une tasse dégageant un filet de fumée dans la main droite : « Et voilà, une boisson chaude pour le jeune homme ! Comme vous pouvez le constater, il n’y a pas grand monde ici à ces heures-ci, mais le soir, c’est beaucoup plus animé, ça oui ! Si jamais vous avez besoin d’autre chose, n’hésitez pas à le demander, je ne suis pas bien loin ! Mais d’ailleurs, d’où venez-vous comme ça ? On a rarement la visite d’étrangers dans le coin ! », alors qu’il s’apprêtait à répondre, la porte s’ouvrit et la cloche se fit de nouveau entendre. Aussitôt, la patronne bondit pour accueillir la personne qui entrait : « Ah ! Un autre client ! C’est byzance aujourd’hui ! »