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sujet; It's all gonna shift, it's out of our hands (eireneo #2)

HERO • we saved the world
Matteo Grimaldi
Matteo Grimaldi
‹ inscription : 04/10/2015
‹ messages : 953
‹ crédits : odistole.
‹ dialogues : #749585
It's all gonna shift, it's out of our hands (eireneo #2) Tumblr_nmeeuwE5kO1u30wp0o4_r1_250

‹ liens utiles :
‹ âge : trente
‹ occupation : tisseur de mots, journaliste, coureur de monde. à la dérive.
‹ maison : Gryffondor
‹ scolarité : 1984 et 1991.
‹ baguette : était en bois d'érable, relativement flexible, mesurait 26,8 cm et contenait un coeur de phoenix.Désormais brisée, j'ai hérité d'une baguette récupérée sur le cadavre d'un mangemort: bois de noyer noir, 32 cm, coeur inconnu, et absolument pas faite pour moi.
‹ gallions (ʛ) : 4235
‹ réputation : j'ai l'air de regretter la fin de cette guerre, que ce qui secoue ce monde nouveau paraît me révolter bien plus que les atrocités commises par le précédent gouvernement, que je suis un piètre journaliste et écrivain qui tente de percer dans un milieu qui n'a jamais voulu de lui.
‹ particularité : en plein flou.
‹ faits : j'ai soutenu la rébellion, bien que je n'ai quitté ma vie que sur le tard pour aller les retrouver, au détour de la création de la Renaissance du Phoenix ; que beaucoup n'ont pas cru à mon implication, du fait de ma naissance surtout ; que j'ai une tendance fâcheuse à commencer des choses et à ne pas les terminer ; que ma plus grande ambition est d'enfin publier un livre ; que ma fiancée est en fuite et que je n'ai aucune idée de si je la reverrai morte ou vive, offerte aux bons soins des Détraqueurs ; que la nouvelle société me répugne presque autant que la précédente, voir plus ; que je ferai sûrement tout pour ma soeur.
‹ résidence : dans le loft de la Bran Tower ou Eirene et moi vivions avant que tout ne vole en éclat. J'ai réussi à garder l'appartement par je ne sais pas quel miracle, il sert aujourd'hui à ma soeur et à mon beau-frère, Elias, parfois. En vérité je n'y suis pas souvent, je fuis l'endroit.
‹ patronus : une méduse géante
‹ épouvantard : un grand feu, l'anéantissement total de ma famille, rester seul au milieu des cendres
‹ risèd : Eirene se tenant à mes côtés, aussi heureuse qu'elle l'était à nos débuts, lorsque nous étions encore pleins de promesses et de projets fabuleux avant que tout ne soit jeté aux flammes.
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It's all gonna shift, it's out of our hands
This world is gonna burn, burn burn burn As long as we're going down, Baby you should stick around.
It's all gonna shift, it's out of our hands Babe if you could know, you would hatch a plan. If we're gonna die, bury us alive, If they're searching for us they'll find us side by side, That's my, that's my man.
This world is gonna burn, burn burn burn -


   
   
   
Debut Septembre 2003 – Il regarde le fond du verre comme si pour lui la seule option envisageable désormais était de s'y noyer. Tu n'y verras aucun signe, Matt, lui souffle une conscience bien trop acerbe, bien trop moqueuse. Elle se fiche de l'espoir vain qui l'anime. Elle rit ouvertement de l'énergie employée pour en arriver .

Il lui a fait parvenir une date, une heure, une ampoule renfermant du Fictio, un bracelet en or ayant appartenu à Teresa et qu'il a conservé après sa mort, une lettre succincte la priant de se tenir à ses instructions, sans poser de question. Passer par Rosier était une obligation : envoyer un hibou à Eirene n'était même pas envisageable, toutefois rien ne lui dit que Simon a transmis le message. Il n'y a plus rien à attendre de cette épave, il le sait. Dommage qu'il ait été sa seule option viable pour contacter Eirene après sa fuite. Dans sa colère, il lui avait semblé aberrant de prévoir ne serait-ce qu'un moyen de communication avec celle qui l'envoyait en pâture pour protéger sa réputation. Le déni a fini par s'évanouir : il avait été seul à courir à sa perte. Tout juste si elle l'avait accélérée, poussé à partir plus vite. Tout juste. Il était déjà parti depuis des lustres, avant même de lui parler ouvertement de ce qu'il lui cachait. Maintenant il regrette. Il regrette parce qu'il n'est même pas sûr que tout cela ait servi à quelque chose, parce qu'il doute jusqu'à l'envie de sa fiancée de recevoir quoi que ce soit venant de lui.

Il lui en veut tellement.
Il lui en veut au point de la haïr, et Merlin ce qu'elle lui manque. Il y a ce vide dévorant qui prend toute la place dans sa poitrine, qui obstrue ses pensées (ce méandre d'idées noires et de regrets et de questions insupportables, et Merlin, qu'est-ce qui a bien pu se passer pour qu'il(s) en arrive(nt) là?). Il a le regard vide qui plonge au fond du verre, et il pense : perdu pour perdu. Si elle n'est pas là, ce sera toujours bon pour anesthésier un peu sa peine. Ce n'est pas comme si Matteo n'avait jamais touché à ces choses là, consommateur régulier à une période de sa vie, téméraire et je-m'en-foutiste au point de rejeter au loin tout ce qu'il savait de ces produits : l'addiction ça n'arrive qu'aux autres, je suis plus fort que ça. Pour l'heure, il sauterait bien à pieds joints dans la dépendance si ça pouvait le sauver du sentiment de solitude décadent qui grignote jour après jour son intégrité physique et mentale (l'image que lui a renvoyé la glace l'autre jour lui a laissé une drôle de saveur dans la bouche – à peine s'il s'est reconnu).
Alors au diable. D'une main il s'empare du verre et en descend le contenu d'une traite. Le liquide irisé glisse le long de sa gorge, et il l'entend tomber dans son estomac vide dans un drôle de son – ploc, ploc, ploc. Une bague teinte dans le fond du récipient asséché. Un anneau en argent simple, où, gravés sur la face interne, son nom et celui d'Eirene se mêlent comme dans une promesse d'amour éternel (il lui tabasse encore le cœur ce putain d'amour – il refuse de le laisser en paix). Matteo se souvient encore du jour où il a offert cette bague : juste avant son départ pour Cuba, son tout premier voyage solo à son actif alors qu'il était âgé d'à peine vingt ans. Il se souvient de la lui avoir offerte, lui promettant de revenir, de ne pas l'oublier. Il ne lui semble pas avoir jamais fait une promesse aussi sincère depuis.

Il revenait toujours vers elle.
Il n'arrivait pas à l'oublier.

Son regard accroche une dernière fois le bijou (volé avant de décamper, comme pour préserver un passé mort et enterré), avant qu'il ne s'enfonce définitivement dans un rêve factice. Son esprit s'envole, il se sent quitter la pièce isolée dans laquelle il se trouve. Autour de lui, un méandre mordoré sans contours définis. Le palpitant s'affole, l'esprit s'échauffe à la recherche de repères. Mais de repères, nul il y a. Tout ceci n'est qu'un rêve, et cette chaleur qui l'envahit n'est pas réelle, pas plus que les arbres qui sortent du sol (ici de l'herbe, là des fleurs qui poussent de la terre aride) et montent vers le ciel, plus haut qu'aucun arbre ne le fait en Angleterre. Le ciel est bleu, pourtant une brume menaçante opacifie l'horizon. Matteo n'a qu'une conscience diminuée de son corps ; quelque part dans la réalité qu'il vient de quitter, son souffle s'accélère, ses mains se crispent, ses yeux s'agitent derrière ses paupières alors que dans l’irréel où son esprit déambule, il se met à courir, le regard scrutant le paysage à la recherche de l'être aimé. « EIRENE ! » Le cri n'a aucune portée et résonne bizarrement à ses oreilles. Il a la gorge sèche comme un désert, le cœur gourd.

Ce rêve n'est pas le sien. Ce paysage ne lui dit rien. Cette lande, cette longère au loin. Les formes étranges qui fleurissent à l'horizon de ses pensées. Matteo s'adapte mais peine à faire face. La dernière fois qu'il a trempé ses lèvres dans le Fictio, ses sens explosaient en une multitude de couleurs et de sensations grisantes. Il se souvient avoir ressenti un bien-être rarement égalé, bien qu'irréel. Aujourd'hui c'est l'angoisse qui plane sur son délire, son corps immatériel s'élance à la poursuite d'un fantôme qu'il sait néanmoins peupler les lieux étranges de sa demi-conscience. Il sait qu'elle est là, qu'elle l'attend quelque part, car ce rêve n'est pas le sien.

Spoiler:
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PRISONERS • bloodstains on the carpet
Eirene Mayfair
Eirene Mayfair
‹ inscription : 16/04/2016
‹ messages : 392
‹ crédits : AILAHOZ
‹ dialogues : #rosybrown
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‹ liens utiles :

‹ âge : 30
‹ occupation : enfermée à azkaban pour 50 ans, elle est persuadée qu'elle n'en sortira pas vivante
‹ maison : serdaigle
‹ scolarité : 1984 et 1991.
‹ baguette : est en bois d'acajou ; elle mesure vingt-six centimètres et possède en son coeur un ventricule de dragon.
‹ gallions (ʛ) : 3593
‹ réputation : je suis un simple objet à la merci des mangemorts, prête à tout pour atteindre ses objectifs. A cela s'ajoute nouvellement l'appellation de criminelle de guerre; vivement recherchée par le gouvernement, je me suis rendue aux autorités début mars 2004
‹ particularité : métamorphomage.
‹ faits : que je suis devenue mangemort peu de temps avant la bataille finale mais que je ne soutiens pas les idéologies du Lord. C'est seulement une étape -indispensable- de plus pour faire mes preuves. L'utilisation de mon don m'épuise et il m'est impossible d'oublier les horreurs commises. Avec les blessures de l'attaque de Sainte-Mangouste et les dérèglements magiques qui s'ajoutent, garder le contrôle devient plus compliqué. L'orviétan (fabuleo) a été le seul moyen efficace pour supporter la douleur et reprendre vite le travail, une absence longue mettant en péril ma place dans le système et toutes les années de dur labeur qui vont avec.
‹ résidence : auparavant dans un minuscule appartement à Canterbury, du côté moldu, cachée de tous sous une fausse identité (Susie Marshall) avec Elizabeth Atkins (Leanne Marshall), je réside désormais dans l'une des nombreuses cellules d'Azkaban, toujours en compagnie d'Elizabeth
‹ patronus : une hirondelle, mais impossible d'en produire un depuis l'apposition de la Marque sur son avant-bras.
‹ épouvantard : mon corps vieilli par l'utilisation excessive de mon don. Plus récemment, il prendrait plutôt la forme de Matteo ensanglanté, allongé au sol et laissé pour mort.
‹ risèd : la liberté, un monde où je pourrais rester moi-même sans mettre ma vie en danger ou celle des personnes que j'aime. Matteo vivant, pas uniquement dans ses souvenirs.
http://www.smoking-ruins.com/t4420-eirene-all-the-lonely-people-
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I hurt myself today to see if I still feel. I focus on the pain, the only thing that's real. The needle tears a hole. The old familiar sting, try to kill it all away but I remember everything. What have I become ? My sweetest friend. Everyone I know goes away in the end. And you could have it all, my empire of dirt. I will let you down. I will make you hurt. (Johnny Cash – Hurt)

Ça l’avait étonnée de recevoir un hibou de Simon, lui demandant de venir le rejoindre dès que possible, en insistant bien sur le fait que Charlotte n’allait pas bien du tout et qu’il avait besoin de son aide. Il ne lui en fallait pas plus pour qu’elle ramasse ses affaires et s’éclipse du Ministère, prétextant un problème familial urgent. Avant de transplaner chez Simon, elle avait pris soin de regagner son appartement pour prendre quelques affaires et repartir aussi vite qu’elle n’était arrivée. « 8 minutes et 42 secondes exactement. » Apparue en trombes devant sa porte et à bout de souffle, elle reprit difficilement sa respiration. « Pardon ?! » Le sourire moqueur sur ses lèvres finit par lui apporter la réponse à la question qu’elle s’apprêtait à poser, à savoir : comment va Charlotte ? Bien, à en juger sa tête. Il s’écarta pour qu’elle puisse entrer et Eirene se précipita immédiatement dans le salon. « Il faudra penser à être plus rapide, la prochaine fois… » qu’il ajouta, en riant cette fois-ci. Sauf qu’Eirene, ça ne l’amusait pas du tout. Elle retrouva Charlotte paisiblement endormie dans son transat, si calme dans sa petite bulle, si jolie, à des lieux de s’imaginer les horreurs qui se passaient dehors. Cette vision suffit à l’apaiser presque instantanément, jusqu’à ce que la voix de Simon ne vienne lui grincer de nouveau les oreilles. De peur de la réveiller, elle s’installa sur le canapé et prit son mal en patience. Elle aurait tout le temps de l’aimer une fois réveillée. Et c’est avec un coussin qu’elle finit par s’occuper, balancé en pleine tête du Rosier au moment où il franchit la porte. « Et tu oses m’attaquer alors qu’un bébé se trouve dans la pièce. Grosse erreur, Eirene, grosse erreur ! » Elle leva les yeux au ciel, mi-agacée, mi-amusée, en se demandant la véritable raison de sa présence ici. Il ne l’avait certainement pas conviée à boire le thé pour discuter de leurs journées respectives tout en grignotant quelques biscuits secs. Il relança le coussin et s’approcha de la commode, d’où il sortit une lettre avant de prendre place à ses côtés. « J’ai quelque chose pour toi. » L’expression de son visage en disait long et elle comprit rapidement de qui elle provenait. Après des mois de silence total – à qui la faute ? – elle ne s’attendait certainement pas à ce que Matteo essaie de rentrer en contact avec elle. Encore moins par l’intermédiaire de Simon.

Elle avait lu et relu ce bout de parchemin à de nombreuses reprises, si bien qu’elle en connaissait le contenu par cœur. Examiné la forme de ses lettres, cherché un sens caché à ses mots, une faille, n’importe quoi. Mais tout portait à croire qu’il était authentique, que c’était vraiment lui qui l’avait écrit. Avec tout ce qu’il se passait, Eirene avait tendance à se méfier de tout et n’importe quoi, à la limite de la paranoïa. Sa consommation d’orviétan – devenue beaucoup trop fréquente – n’arrangeait en rien la situation, tout comme la fuite d’Anna et cette crainte constante de ne pas réussir à honorer la promesse de garder Charlotte en sécurité. L’ampoule contenant le fictio roulait entre ses doigts alors qu’elle fixait le bracelet en or de Teresa, posé au fond d’un verre. Elle vida le liquide bleu à l’intérieur et prit place sur le canapé. Les yeux fixés sur sa montre, il ne lui restait plus que quelques minutes avant qu’elle n’indique vingt-trois heures. Comme demandé dans la lettre, elle s’en tenait à ses instructions et suivait chacune des étapes avec précaution, sans réfléchir. Mais des questions, elle en avait par milliers. Elle avait peut-être tort de lui accorder cette confiance quasi-aveugle, après tout, elle ne savait pas, elle ne savait plus qui il était vraiment. Tout comme lui ne la connaissait plus assez pour oser mettre sa vie entre ses mains. Et pourtant, il avait une nouvelle fois risqué la sienne à l’instant même où il avait fait parvenir ce hibou à Simon. Il avait tout à perdre, mais essayait quand même. Alors des doutes, elle ne devait pas en avoir. Elle n’avait plus le temps. Eirene attrapa le verre et en avala le contenu, et ce fut toute la pièce qui se mit à tournoyer avant qu’elle ne s’endorme complètement.

Appuyée contre un arbre, Eirene ouvrit doucement les yeux. Un livre posé sur ses genoux, elle avait dû s’assoupir quelques instants. Lorsqu’elle se redressa, elle entendit une voix enfantine l’appeler au loin, en riant. Elle vit se dessiner une silhouette familière, celle d’un petit garçon qui courrait derrière un chien au pelage crème. « Eirene ! Viens m’aider ! » Un sourire se dessina sur ses lèvres. Elle avait toujours apprécié leurs vacances à la campagne chez leurs grands-parents, à profiter de la verdure et des bons petits plats de mamie. L'occasion de tous se retrouver et passer des moments privilégiés en famille. Elle se leva et secoua légèrement sa robe avant d’aller vers le petit garçon. « Wes ?! » Elle-même confuse par l’intonation que prit sa voix, elle ne comprenait pas pourquoi elle semblait si surprise de le retrouver là. « Arrête-toi deux minutes il finira bien par revenir ! » Le vieux chien de leur grand-père passait la plus grande partie de son temps à dormir, se rouler par terre, manger et re-dormir. Mais lorsque des enfants investissaient les lieux, il devenait agité. Comme s’il retrouvait à son tour la folie et la vivacité de la jeunesse. Le petit garçon s’arrêta soudainement puis se mit à courir dans sa direction. Autour d’elle, tout semblait parfaitement normal mais une atmosphère étrange se dégageait des lieux. Elle sentait que quelque chose ne tournait pas rond, sans pour autant savoir quoi. A sa droite, sa mère la fixait d'un air étrange alors qu'elle se penchait vers son père pour lui glisser quelques mots inaudibles. Le regard noir, plein de reproches qu’elle lui avait lancé provoqua en elle un sentiment de honte, embarrassée par la dureté de ses traits. Son père acquiesça, la mine déconfite. Son grand-père agita la main avant de rentrer à l’intérieur, visiblement énervé, rapidement suivi de sa grand-mère. Elle fronça les sourcils, complètement déboussolée, perdue devant cette scène qui se déroulait devant ses yeux. Mais Wes avait fini par la rejoindre, un sourire contagieux aux lèvres, de quoi lui remettre un peu de baume au cœur. Il l’enlaça tendrement, pendant de longues secondes et Eirene eut la désagréable sensation de ne pas avoir goûté à ses étreintes depuis des lustres. « Wes ? » « Oui ? » Le petit garçon leva la tête vers sa grande sœur qui le fixa longuement. Il semblait jeune, beaucoup trop jeune. Et Eirene était étonnamment grande par rapport à lui. A cet âge-là, leur différence de taille n'était pas aussi marquée.  

« EIRENE ! » Elle eut l’impression d’entendre son prénom, non pas raisonner au loin, mais dans sa tête. Comme si quelqu’un l’appelait, de l’intérieur. Cette voix, elle la reconnaîtrait parmi mille autres. Son regard parcourut le vaste jardin, jusqu’aux arbustes qui en définissaient la limite. Accrochée au corps frêle de son frère, il disparut à l’instant même où elle reconcentra son attention sur lui. Elle se retrouva les bras ballants, une douleur vive dans la poitrine, comme si jamais personne n’avait été là. Doucement, elle sentit la peur puis la panique l’envahir, son cœur s'accélérer. la petite table où étaient installés ses parents un peu avant apparut totalement vide. Portes et fenêtres fermées, l’endroit semblait désert. Et ce soleil qui l’avait aveuglée quelques minutes avant laissa progressivement place à un ciel plus gris, plus inquiétant. « Matteo ? » Elle secoua vivement la tête et prononça le premier prénom qui lui vint à l'esprit, tout ça n'avait aucun sens. Elle s’avançait dans la lande, revenait sur ses pas, cherchait quelque chose, ou plutôt quelqu’un. « MATT, EST-CE QUE C’EST TOI ? » Elle hurlait, sans que personne ne l’entende. Tout semblait si froid, si triste, si effrayant. La mémoire lui revint progressivement, sous forme de flash. Un poids s’abattit alors sur ses épaules et le sol se déroba sous ses pieds.   « Pourquoi ? » finit-elle par articuler, vidée de toute force, comprenant que tout ça n'était que le fruit de son imagination. Elle aurait tellement voulu rester dans ce rêve, profiter de Wes encore quelques secondes, ne jamais se réveiller. La guerre, la trahison, la lettre de Matt et le verre de fictio… Tout lui paraissait bien plus clair maintenant. Cette forme d'orviétan lui était inconnue et il fallait certainement un petit temps d'adaptation avant que son cerveau ne comprenne ce qu'il se passe. Les questions qu'elle s'était posée avant de s'endormir resurgirent, et de nouveau les doutes l'envahirent.Comment pouvait-elle être sûre que ça fonctionnerait ? Matteo ne lui avait pratiquement rien expliqué et elle n'était pas experte en la matière. Comment s'assurer que cette lettre venait bien de lui ? Eirene s'était basée sur les souvenirs gravés durant leur longue amitié ou cette vie commune partagée pendant de nombreuses années. Cette écriture, elle ne la connaissait que trop bien et pourtant, elle n'était plus sûre de rien. Le bracelet en or aurait pu appartenir à n'importe qui, mais elle jurerait l'avoir vu à plusieurs reprises au poignet de Teresa. Le brouillard total. Elle se releva et eut un léger rire nerveux. Elle se sentait si bête, si naïve. De quel droit pouvait-elle croire qu’il voudrait encore lui parler, après ce qu’elle avait fait ? Matteo devait certainement la haïr et la revoir ne devait pas être dans ses priorités. Il serait resté auprès d'elle si ça avait été le cas. L'idée d'une mauvaise blague lui vint à l'esprit, mais la suivante l'effraya un peu plus. Et si c'était une technique du Ministère pour démasquer de supposés traîtres parmi leurs rangs ? On n'avait jamais cessé de la mettre au défi, après tout. Alors elle balaya les quelques mèches qui lui brouillaient la vue et attendit que quelque chose ne se produise. Dans tous les cas, elle était prise au piège.

Au bout d'un certain temps, – des secondes, minutes ou heures elle ne saurait dire – elle vit une silhouette apparaître au loin. Et sans comprendre pourquoi, elle se mit à courir pour réduire un peu plus la distance qui les séparait, portée par une force dont elle ne comprenait pas la nature. « Matteo ! » Son cœur tambourinait dans sa cage thoracique et l'idée que ça soit une autre personne la tourmentait. « Retourne-toi ! C'est moi, Eirene. Ça a fonctionné. » Dis-moi que ça a marché, je t'en prie. Une sensation agréable de sécurité l'envahit alors qu'elle s'approchait un peu plus de son but. Elle avait pourtant l'impression que des kilomètres encore les séparaient : elle avait beau l'appeler, il ne semblait pas l’entendre. Eirene rassembla ses dernières forces pour tenir bon, jusqu’au bout. Jusqu’à ce qu’elle ne parvienne enfin à poser une main sur son épaule, pour l’inciter à se retourner, l’inciter à la regarder.

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Matteo Grimaldi
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‹ occupation : tisseur de mots, journaliste, coureur de monde. à la dérive.
‹ maison : Gryffondor
‹ scolarité : 1984 et 1991.
‹ baguette : était en bois d'érable, relativement flexible, mesurait 26,8 cm et contenait un coeur de phoenix.Désormais brisée, j'ai hérité d'une baguette récupérée sur le cadavre d'un mangemort: bois de noyer noir, 32 cm, coeur inconnu, et absolument pas faite pour moi.
‹ gallions (ʛ) : 4235
‹ réputation : j'ai l'air de regretter la fin de cette guerre, que ce qui secoue ce monde nouveau paraît me révolter bien plus que les atrocités commises par le précédent gouvernement, que je suis un piètre journaliste et écrivain qui tente de percer dans un milieu qui n'a jamais voulu de lui.
‹ particularité : en plein flou.
‹ faits : j'ai soutenu la rébellion, bien que je n'ai quitté ma vie que sur le tard pour aller les retrouver, au détour de la création de la Renaissance du Phoenix ; que beaucoup n'ont pas cru à mon implication, du fait de ma naissance surtout ; que j'ai une tendance fâcheuse à commencer des choses et à ne pas les terminer ; que ma plus grande ambition est d'enfin publier un livre ; que ma fiancée est en fuite et que je n'ai aucune idée de si je la reverrai morte ou vive, offerte aux bons soins des Détraqueurs ; que la nouvelle société me répugne presque autant que la précédente, voir plus ; que je ferai sûrement tout pour ma soeur.
‹ résidence : dans le loft de la Bran Tower ou Eirene et moi vivions avant que tout ne vole en éclat. J'ai réussi à garder l'appartement par je ne sais pas quel miracle, il sert aujourd'hui à ma soeur et à mon beau-frère, Elias, parfois. En vérité je n'y suis pas souvent, je fuis l'endroit.
‹ patronus : une méduse géante
‹ épouvantard : un grand feu, l'anéantissement total de ma famille, rester seul au milieu des cendres
‹ risèd : Eirene se tenant à mes côtés, aussi heureuse qu'elle l'était à nos débuts, lorsque nous étions encore pleins de promesses et de projets fabuleux avant que tout ne soit jeté aux flammes.
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Des nuages maussades rasent la terre meuble, tantôt verdoyante, tantôt boueuse et hostile. Il craint de s'y enfoncer et d'y rester collé, sans échappatoire. Il craint de ne plus jamais quitter ces landes désertiques et désolées. Il craint tant de choses ces derniers temps qu'il a cessé de les lister ; sa décadence morale lui fait pitié ; il se fait pitié. Sans être devenu l'ombre de lui-même, il ne parvient plus à se retrouver, traînant en permanence l'impression d'avoir été arraché violemment à une part de lui-même. Césure sanglante et douloureuse, qu'il subit à chaque fois qu'il pense à elle (peut-il y penser plus souvent qu'il ne le fait déjà?). Tu t'es jeté tout seul dans la gueule du loup. Elle m'a trahi. Mais tu t'es vendu le jour où tu as décidé de les rejoindre. Elle les a préféré à moi. Elle poursuivait d'autres rêves. Des rêves immondes, où je n'avais pas ma place ailleurs quand dans une vie passée, effacée. Tu as trop tardé, tu l'as délaissée. Peut-être payes-tu juste le prix de tes actes ? Elle est si entêtée. Elle essayait de se sauver quand tu n'as rien fait pour. Je...

Il l'a abandonnée bien avant qu'elle ne le fasse. C'est un fait.
Une main glacée comprime ses poumons – il n'arrive plus à trouver son souffle. Il sent presque l'air glacial s'y infiltrer et refroidir son système imbibé d'Orviétan. L'oxygène semble manquer. En outre, il est curieux de s'apercevoir que même ici, même dans ce délire volontaire, il arrive encore à ressentir son estomac se tordre de faim. Ou est-ce de peur ? Il songe amèrement aux conséquences de sa démarche dans l'idée où Eirene n'aurait pas suivi ses instructions. Qui aurait suivi les mots tracés à la hâte sur ce parchemin, sans rien d'autre que des ordres venant d'un homme qui vous avait lâchement abandonné ? Et si quelqu'un d'autre était tombé dessus ? Si Simon avait fait tout le contraire de ce qu'il lui avait demandé ? Il redoute la trahison de son beau-frère, dans la mesure où celui-ci ne lui devait rien si ce n'était un coup de poing bien senti, bien mérité. Ça lui déplait de l'admettre, mais à la place de Rosier, il n'aurait jamais transmis quoi que ce soit à quiconque. À la place de Rosier, il aurait jeté la lettre au feu en jubilant de savoir l'autre si dépendant de ses actes. Mais il n'avait pas eu d'autre solution, ça avait été la seule, la dernière pour avoir une chance de reparler à Eirene, de passer un peu de baume sur leurs erreurs mutuelles. « EIRENE ! » jette-t-il de nouveau en désespoir de cause, se prenant en pleine face les échos de sa propre voix, curieusement proches. « Matt ? » Son cœur flambe en voyant Anna s'avancer vers lui. Une masse enveloppée de langes s'agite dans ses bras ; elle semble heureuse, reposée. Elle semble mieux qu'elle ne l'a été depuis longtemps. Les cernes se sont effacés de sous son regard clair. Elle sourit, il voudrait tant voir le visage de sa nièce – c'est elle qu'elle tient contre son cœur, la certitude l'étreint et le remplit de joie, de soulagement. Elle est née, elle est vivante. « Tu vas bien. » souffle-t-il, et ce n'est pas une question mais une constatation allègre, et lui aussi sourit. Le palpitant s'apaise, il se sent toujours mieux quand elle est là. Ses inquiétudes disparaissent un peu, bien qu'il soit conscient de l'inauthenticité de ces fantasmes délirants. « Et elle, comment elle va ? » Comment s'appelle-t-elle, veut-il demander. « Tout le monde va bien. Pourquoi tu t'inquiètes autant ? » Le sourire d'Anna s'élargit, rassurant, chaleureux. « MATT, EST-CE QUE C’EST TOI ? » Anna s'évanouit. A aucun moment il n'aura aperçu le visage de sa nièce nouvelle-née, à aucun moment il n'aura senti la chaleur de son corps neuf contre le sien. Son esprit n'aurait pu créer une image décente d'une enfant qu'il n'aura jamais vue. Ses doigts se referment sur du vide alors que la voix d'Eirene résonne encore dans l'air immobile, tout autour de lui. Le problème lorsqu'on se laisse guider par des drogues sorcières, c'est que l'on n'est jamais vraiment certain des limites entre ce qui est réel et ce qui ne l'est pas. La présence de sa sœur quelques secondes plus tôt semble confirmer les doutes cruels qui l'habitent, achève de le convaincre qu'Eirene ne sera pas là. Sa raison s'y est faite mais le reste s'emballe quand même à l'idée de se trouver face à une apparition si désirée. Il nagera dans ce mirage pour une durée indéterminée à présent, et quitte à se trouver face à une illusion, il songe qu'une simple avanie de son esprit suffira à apaiser le manque. Il se contentera de ça.

L'appel semblait venir de sa droite. Il s'avance dans cette direction, aveugle. Le temps se distord de manière incompréhensible à mesure qu'il marche. Il ne voit rien – rien, sinon le néant à perte de vue. Même la longère aperçue un peu plus tôt a disparu de son champ de vision. Pas un seul arbre ne vient troubler la linéarité du paysage. Le sentiment de perte s’accroît. Il s'arrête. L'échec est cuisant, la peine cinglante. Je l'ai perdue.

Une sensation étrange lui court le long de l'échine. Il ne sait en déterminer la nature – une sorte de frôlement immatériel, l'impression que quelqu'un se tient là, juste derrière lui. Il se retourne, guidé par l'instinct, peinant à décoller les pieds du sol. Eirene est là, juste devant lui, aussi fidèle à ses souvenirs qu'il avait pu l'espérer lorsqu'il avait accepté l'idée de ne voir que son souvenir peupler ce rêve qui, en définitive, était peut-être le sien. « Tu es là. » souffle-t-il, le palpitant affolé cognant dans sa poitrine, comme s'il cherchait à en sortir pour l'embrasser dans toute sa réalité intangible. Elle parait si vraie qu'il voudrait pouvoir la toucher, mais se confronte au refus de ses membres scié par une immobilité désespérante. En la regardant, Matteo doit admettre qu'elle ne correspond pas parfaitement à celle qu'il a quittée : elle parait tellement plus lasse. « C'était stupide de croire que ce plan fonctionnerait. C'était irréalisable. Simon a bien du rire, en imaginant qu'il ait reçu mon hibou. » Et il se sent stupide de parler à un souvenir et d'en ressentir tant de joie. Il est véritablement heureux de lui parler, même si ce n'est pas elle. Comme il l'a soupçonné, l'illusion suffira à apaiser la douleur. Il a un peu l'impression de la retrouver, de cette manière. Et comme elle n'est définitivement qu'un mirage, il ose exprimer ce qui lui pèse et libère sa poitrine des poids qui l'oppressent. « J'aimerais que ce soit vraiment toi... j'aurais tellement de choses à te dire, à commencer par te demander pardon. » Lorsqu'il parvient à lever une main pour effleurer sa joue pâle, il sait sentir sous ses doigts gourds le velouté de sa peau mais l'influx nerveux ne se fraie pas jusqu'à son cerveau ; ses doigts, ses sensations sont morts. La frustration le gagne, et son bras retombe le long de son flanc. Il est fatigué de tout ça. Il est fatigué de cette guerre, du nombre de sacrifices exigés sans jamais être certain qu'ils servent à quelque chose. Il voudrait continuer à croire qu'ils se battent pour la bonne cause, que malgré les erreurs commises, les événements finiront par tourner en leur faveur et donner raison à leur acharnement. Bien souvent ces derniers temps, l'entreprise lui paraît si vaine, si immense. Il redoute cette tendance à baisser les bras qui le gagne assez régulièrement depuis qu'il a prononcé ce foutu serment. L'absence de sa fiancée l'éreinte et vérole sa volonté. « Je regrette de ne pas avoir su te parler plus tôt. » J'aurais du te faire confiance. Confiance ? La conscience colérique qui sommeille en lui et s'éveille dès qu'il repense à sa trahison s'insurge, lui assène avec véhémence que la confiance, elle l'avait balayée sans une hésitation le jour où elle l'avait vendu pour se protéger.

La lumière change. Elle se tamise, tapisse les murs qui s'érigent autour d'eux d'une aura chaleureuse. D'un regard jeté autour de lui, Matteo appréhende le cadre nouveau dans lequel ils se trouvent. La pièce ressemble au salon du manoir de ses parents, à ceci près que le plafond a disparu, laissant voir un ciel étoilé, dégagé de tout obstacle nuageux. Ils sont assis sur un des divans aux tentures précieuses que sa mère chérissait tant. Des meubles qui n'y étaient pas encombrent l'endroit, un oiseau coloré trône sur le dossier du fauteuil qui leur fait face et laisse échapper un cri délicat. Matteo observe tout cela avec un calme inhabituel, avant de revenir sur son visage chéri. « J'ai envoyé le bracelet de Teresa. Elle le détestait, ce bracelet. C'était un cadeau de notre mère pour son quinzième anniversaire. Je me demande ce que Simon en a fait. Ce fumier a du le revendre pour combler ses dettes. J'aurai du envoyer une chaussette, » fait-il remarquer.
Ses yeux ne quittent pas les siens, il s'abreuve de sa présence comme à une source inespérée, panse ses plaies et s'enfonce dans le déni, finit par accepter son absence.
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PRISONERS • bloodstains on the carpet
Eirene Mayfair
Eirene Mayfair
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‹ crédits : AILAHOZ
‹ dialogues : #rosybrown
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‹ liens utiles :

‹ âge : 30
‹ occupation : enfermée à azkaban pour 50 ans, elle est persuadée qu'elle n'en sortira pas vivante
‹ maison : serdaigle
‹ scolarité : 1984 et 1991.
‹ baguette : est en bois d'acajou ; elle mesure vingt-six centimètres et possède en son coeur un ventricule de dragon.
‹ gallions (ʛ) : 3593
‹ réputation : je suis un simple objet à la merci des mangemorts, prête à tout pour atteindre ses objectifs. A cela s'ajoute nouvellement l'appellation de criminelle de guerre; vivement recherchée par le gouvernement, je me suis rendue aux autorités début mars 2004
‹ particularité : métamorphomage.
‹ faits : que je suis devenue mangemort peu de temps avant la bataille finale mais que je ne soutiens pas les idéologies du Lord. C'est seulement une étape -indispensable- de plus pour faire mes preuves. L'utilisation de mon don m'épuise et il m'est impossible d'oublier les horreurs commises. Avec les blessures de l'attaque de Sainte-Mangouste et les dérèglements magiques qui s'ajoutent, garder le contrôle devient plus compliqué. L'orviétan (fabuleo) a été le seul moyen efficace pour supporter la douleur et reprendre vite le travail, une absence longue mettant en péril ma place dans le système et toutes les années de dur labeur qui vont avec.
‹ résidence : auparavant dans un minuscule appartement à Canterbury, du côté moldu, cachée de tous sous une fausse identité (Susie Marshall) avec Elizabeth Atkins (Leanne Marshall), je réside désormais dans l'une des nombreuses cellules d'Azkaban, toujours en compagnie d'Elizabeth
‹ patronus : une hirondelle, mais impossible d'en produire un depuis l'apposition de la Marque sur son avant-bras.
‹ épouvantard : mon corps vieilli par l'utilisation excessive de mon don. Plus récemment, il prendrait plutôt la forme de Matteo ensanglanté, allongé au sol et laissé pour mort.
‹ risèd : la liberté, un monde où je pourrais rester moi-même sans mettre ma vie en danger ou celle des personnes que j'aime. Matteo vivant, pas uniquement dans ses souvenirs.
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L’homme qui lui tournait le dos pouvait être n’importe qui. Aussi bien Matteo, qu’un collègue du Ministère, un parfait inconnu ou encore une des victimes de ses nombreuses transformations. L’attente ne fut pas bien longue. Moins d’une dizaine de seconde après qu’elle ait établi le contact, la silhouette se retourna pour révéler Matteo. Il se tenait là, juste devant ses yeux, comme si jamais rien ne les avait séparés avant. Elle devait rêver, c’était impossible. « Tu es là. » En suivant ses instructions, Eirene ne savait pas du tout dans quoi elle se lançait. Elle avait profité d’une énième visite chez Simon, en prenant Charlotte comme excuse, pour obtenir quelques réponses à ses questions. Et il lui avait rapidement confirmé qu’il pouvait lui faire confiance, que cette forme d’orviétan n’aurait un impact que sur ses rêves. La finalité de sa démarche lui parut soudainement plus évidente, bien qu’un peu folle : il voulait lui parler. Pourquoi ? Elle n’allait pas tarder à le découvrir. La substance qu’elle avait ingurgitée n’avait peut-être aucun effet et rien ne lui prouvait que cette scène fût réelle. Pourtant, entendre le son de sa voix avait suffi à emballer son cœur, qui réagissait d’une manière bien plus intense qu’elle ne l’aurait imaginé. Elle ne pouvait pas inventer ce qu’elle ressentait à son égard. Au bout de quelques secondes, il reprit la parole, tout aussi perplexe qu’elle ne l’était. « C'était stupide de croire que ce plan fonctionnerait. C'était irréalisable. Simon a bien du rire, en imaginant qu'il ait reçu mon hibou. » Ses yeux observaient intensément les traits de ce visage qu’elle connaissait si bien. Mais les doutes l’assaillirent de nouveau, elle-même perdue entre ses désirs et la réalité. Elle se souvenait du hibou en question ainsi que du message qui lui était adressé. Mais tout ceci ne lui apportait rien de nouveau. Elle tenta tout de même une approche, dans le simple but de mettre fin à ses questionnements. « Matt… J'aimerais que ce soit vraiment toi... j'aurais tellement de choses à te dire, à commencer par te demander pardon. » Les sourcils froncés, elle le regardait avec insistance, cherchait à discerner le vrai du faux mais en vain. Elle voulait y croire, lui dire qu’il ne rêvait pas, tout comme essayer de se convaincre qu’elle non plus ne rêvait pas. Aucun son ne semblait vouloir traverser ce voile qui les séparait. Pour lui, elle n’était rien de plus qu’une illusion. Le fantôme d’un passé qui ne cessait de le hanter. Et elle espérait tellement qu’il y ait une part de vérité dans ce délire incontrôlable. Elle finit par se prêter au jeu, car après tout, qu’avait-elle à perdre ? Plus grand-chose.

Je suis là, qu’elle répétait, encore et encore, en imaginant qu’il finirait par l’entendre. Concentre-toi. Elle sentit sa main contre sa joue, tenta de l’attraper mais celle-ci se referma dans le vide, comme s’il n’avait jamais été là. Les yeux d’Eirene se perdirent dans les siens. Elle le fixait sans oser détourner le regard, de peur qu’il disparaisse, qu’elle le perde après l’avoir seulement retrouvé. Son cœur se tordit un peu plus en découvrant toute la peine et la douleur qu’elle pouvait y lire. Autrefois, tout était si simple. Même si à l’époque les choses lui paraissaient déjà assez compliquées, elle donnerait tout pour retrouver cette insouciance, la pureté de l’amour qu’ils se portaient à leurs débuts. Le savoir loin d’elle devait être la meilleure décision. Ou du moins la plus raisonnable, celle qui leur permettrait à chacun d’évoluer comme ils l’imaginaient. Mais le manque avait fini par rendre le poids des responsabilités plus difficile à porter et l’amour, plus douloureux.  Cette tristesse, elle voulait l’en débarrasser. Elle ne souhaitait plus que ce sentiment soit associé à son nom. Et pourtant, c’était inévitable. Le passé ne pouvait être modifié. « Je regrette de ne pas avoir su te parler plus tôt. » On ne lui avait jamais dit que ce serait si difficile. Qu’aimer autant les détruirait doucement. Matteo pouvait avoir des regrets, tout le monde en avait, mais il n’avait pas à s’excuser. Au final, elle était la seule responsable de leur malheur. Livrer son fiancé aux autorités était le coup de grâce, celui qui avait définitivement mis fin à leur relation. Celle qui se fragilisait un peu plus chaque jour.

Le temps semblait s’être arrêté. Un nouveau décor se dessinait, laissant apparaître quelques murs et tapisseries bien connues. Le manoir des Grimaldi était aussi beau que dans ses souvenirs. Un ciel étoilé – inexistant dans la vraie version de la demeure – surplombait leur salon, apportant alors une atmosphère paisible, bien plus chaleureuse que le cadre précédent. La tête posée sur le haut du dossier, elle observait les astres. C’était si beau, si agréable qu’elle serait bien restée des heures dans cette position, à ne plus penser à rien. « J'ai envoyé le bracelet de Teresa. Elle le détestait, ce bracelet. C'était un cadeau de notre mère pour son quinzième anniversaire. Je me demande ce que Simon en a fait. Ce fumier a du le revendre pour combler ses dettes. J'aurai du envoyer une chaussette, » Elle eut un léger rire en remarquant que ses sentiments envers Simon restaient les mêmes. Certaines choses ne changeraient donc jamais. Matteo serait pourtant bien surpris d’apprendre que Rosier n’était pas si détestable. Anna devait bien l’aimer pour une raison, même si pour le moment c’était assez flou. Elle lâcha un soupir, absorbée par les étoiles dont elle ne parvenait à se détacher. L’orviétan pouvait avoir de bons côtés et elle comprit pourquoi tant de personnes ne pouvaient plus s’en passer. C’était l’échappatoire idéal, lorsque la réalité devenait trop lourde à supporter. Si seulement l’addiction n’en était pas l’issue la plus fréquente, elle se serait laissée prendre au jeu plus d’une fois. « Une chaussette ? J’aurais eu plus de difficulté à le boire, quand même. Ça n’aurait certainement pas eu le même goût… » Non pas qu’elle préférait ingurgiter une substance aromatisée à l’or, mais c’était toujours plus agréable qu’une vulgaire chaussette. « Le bracelet doit toujours être à l’appartement. Simon me l’a bien transmis. Il m’a prévenu presque aussitôt d’ailleurs. » poursuivit-elle en changeant légèrement sa position pour le regarder enfin. « Tout a l’air si réel... » Un instant, elle était sûre que ça l’était et celui d’après, les doutes la gagnaient de nouveau. « Tu sembles l’être vraiment… » Elle n’était même pas sûre qu’il puisse l’entendre ou apercevoir ses mouvements, avoir conscience de la main qu’elle venait tout juste de poser sur la sienne. De ses doigts qui entouraient les siens dans une légère étreinte. Sentait-il lui aussi cette agréable chaleur l’envahir ? Elle la retira rapidement pour se reconcentrer sur le ciel, déstabilisée par l’image si parfaite de son âme sœur. Les yeux humides, elle finit par lâcher prise, se livrer à son tour. Parler, même à du vide, l’aiderait sans doute à aller mieux et l’intérêt du fictio se réduisait peut-être à ce simple fait. « On a quand même eu de bons moments ici, tous les deux. » Malgré la réticence des parents Grimaldi, les regards désapprobateurs et les réflexions en tout genre, Eirene ne regrettait rien. Lorsqu’ils étaient encore à Poudlard, il lui arrivait de leur rendre visite pendant les vacances, avec la complicité d’Anna pour la guider dans l’immense bâtisse. Un silence plana sur la pièce, lourd, pesant. « Tu es en sécurité, n’est-ce pas ? » Cette question la tourmentait depuis son départ, et elle y pensait tous les jours, sans exception. « Parce que je ne me le pardonnerais jamais, si ce n’était pas le cas. » Elle se concentrait sur sa respiration pour ne pas s’effondrer devant lui, mais sa voix se brisa sans qu’elle ne puisse rien y faire. Et celle qui cherchait tant à dégager une image de femme forte et sûre d’elle parut plus fragile que jamais. « Enfin… J’imagine que ça doit aller, avec Anna à tes côtés. » Eirene n’en savait rien, en réalité, mais espérait qu’elle ait fini par rejoindre les insurgés à Poudlard. Elle avait pris la fuite depuis quelques temps déjà et la connaissant, elle avait sûrement trouvé un moyen d’entrer en contact avec son frère. Et elle ne l'imaginait pas ailleurs qu'avec lui.
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HERO • we saved the world
Matteo Grimaldi
Matteo Grimaldi
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‹ liens utiles :
‹ âge : trente
‹ occupation : tisseur de mots, journaliste, coureur de monde. à la dérive.
‹ maison : Gryffondor
‹ scolarité : 1984 et 1991.
‹ baguette : était en bois d'érable, relativement flexible, mesurait 26,8 cm et contenait un coeur de phoenix.Désormais brisée, j'ai hérité d'une baguette récupérée sur le cadavre d'un mangemort: bois de noyer noir, 32 cm, coeur inconnu, et absolument pas faite pour moi.
‹ gallions (ʛ) : 4235
‹ réputation : j'ai l'air de regretter la fin de cette guerre, que ce qui secoue ce monde nouveau paraît me révolter bien plus que les atrocités commises par le précédent gouvernement, que je suis un piètre journaliste et écrivain qui tente de percer dans un milieu qui n'a jamais voulu de lui.
‹ particularité : en plein flou.
‹ faits : j'ai soutenu la rébellion, bien que je n'ai quitté ma vie que sur le tard pour aller les retrouver, au détour de la création de la Renaissance du Phoenix ; que beaucoup n'ont pas cru à mon implication, du fait de ma naissance surtout ; que j'ai une tendance fâcheuse à commencer des choses et à ne pas les terminer ; que ma plus grande ambition est d'enfin publier un livre ; que ma fiancée est en fuite et que je n'ai aucune idée de si je la reverrai morte ou vive, offerte aux bons soins des Détraqueurs ; que la nouvelle société me répugne presque autant que la précédente, voir plus ; que je ferai sûrement tout pour ma soeur.
‹ résidence : dans le loft de la Bran Tower ou Eirene et moi vivions avant que tout ne vole en éclat. J'ai réussi à garder l'appartement par je ne sais pas quel miracle, il sert aujourd'hui à ma soeur et à mon beau-frère, Elias, parfois. En vérité je n'y suis pas souvent, je fuis l'endroit.
‹ patronus : une méduse géante
‹ épouvantard : un grand feu, l'anéantissement total de ma famille, rester seul au milieu des cendres
‹ risèd : Eirene se tenant à mes côtés, aussi heureuse qu'elle l'était à nos débuts, lorsque nous étions encore pleins de promesses et de projets fabuleux avant que tout ne soit jeté aux flammes.
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« Une chaussette ? J’aurais eu plus de difficulté à le boire, quand même. Ça n’aurait certainement pas eu le même goût… » La remarque lui arrache un rire, il acquiesce. Il faut croire que son esprit la connaît à la perfection, pour recréer d'elle des instances aussi merveilleuses, des mots qui lui vont si bien et qu'elle aurait sans doute prononcé dans la réalité. Matteo en a douloureusement conscience, de ce lien qui le relie toujours à Eirene malgré leurs erreurs, leurs affronts, la montagne de bêtise et de colère et de regrets qui les sépare aujourd'hui. Malgré tout ça, il y aura toujours une part de lui qui la suivra. Le rire s'évanouit vite, laisse un fantôme de sourire mélancolique collé à ses lèvres pâles. « Le bracelet doit toujours être à l’appartement. Simon me l’a bien transmis. Il m’a prévenu presque aussitôt d’ailleurs. » A l'appartement. Son cerveau tente d'allumer une part éteinte de lui : l'appartement, est-ce le sien, celui de Simon, ou –  finalement, tout ça est bien trop convainquant pour le laisser dans l'illusion qu'Eirene n'est qu'un leurre, une réminiscence interprétée à merveille par ses seuls souvenirs. Une bulle pleine d'espoir enfle lentement dans sa poitrine, menace de chasser la morosité mortifiante qui le glace jusqu'à l'os depuis son départ. Simon aurait bien transmis le message, à l'en croire, Eirene aurait suivi ses instructions, et il serait, en vérité, bel et bien en train de regarder non pas un mirage mais sa fiancée, son autre, son âme sœur, celle sans qui sa vie aurait semblé aussi fade et grise qu'un vieux chewing-gum. Il n'en revient pas que ça ait fonctionné. Il n'en revient pas de la voir et d'en être si pantois, lui qui s'était pourtant préparé à tout ça, qui l'avait tant espéré. « Tout a l’air si réel...  Tu sembles l’être vraiment… » C'est vrai, elle a raison, diablement raison, mais c'est parce que ça l'est, réel, ouvre les yeux, regarde moi ; il devrait lui dire, la convaincre de cette vérité qui vient de lui sauter les yeux à l'instant, à lui qui se croyait trompé par son esprit, tout comme elle. Mais il a la bouche aussi sèche qu'un désert, aussi rêche qu'un parchemin et dans sa poitrine, il sent son cœur qui s'affole, qui meurt un peu à l'idée que cette entreprise désespérée dans laquelle il s'est lancé a quand même réussi. Il devrait lui dire, vraiment, mais avec sa langue collée au palais, impossible. « On a quand même eu de bons moments ici, tous les deux. » fait-elle, et Matteo acquiesce en jetant un regard alentour, par réflexe. L'oiseau coloré les regarde, lui aussi, l'oeil brillant, curieux, se demande sûrement ce qu'ils font là quand eux ne semblent même pas se formaliser de l'étrangeté de sa présence à lui. En regardant les murs au papier peint au style très italien et qui horrifiait tellement Teresa (ça faisait rire toute la famille), il se souvient des repas de famille qui traînaient en longueur et qu'ils terminaient de leur côté dans le petit salon, avec Anna, parfois, pour rire de l'attitude guindée des Grimaldi, ces vieux conservateurs, pour moquer le comportement désagréable et injuste de Giustino envers Eirene, pour effacer les horreurs proférées. Il se souvient qu'à cette époque, peu de soucis les préoccupait où alors, ils étaient si futiles qu'il donnerait tout pour les récupérer, les échanger contre les gouffres d'inquiétude qui rongent leur vie d'aujourd'hui.

Le silence s'éternise et il devrait peut-être dire quelque chose – est-ce qu'il n'avait pas un million de choses à lui dire en arrivant ici ? Est-ce qu'il ne s'est pas donné toute cette peine pour au moins lui parler, lui – mais non, il n'y arrive pas. Le silence s'éternise et il n'arrive pas à le tuer (le silence ne les a jamais dérangé, de toute façon). C'est elle qui s'en charge la première. « Tu es en sécurité, n’est-ce pas ? » demande-t-elle, et ses sourcils s'élèvent en deux coupoles surprises au dessus de ses yeux. « Comment ça ? qu'il demande, décidément perdu dans sa contemplation de ce visage en cœur, tellement parfait qu'il pourrait lui brûler les rétines s'il n'en était pas tant demandeur – Parce que je ne me le pardonnerais jamais, si ce n’était pas le cas. » Le temps qui avait déjà perdu de sa linéarité depuis qu'ils sont ici, semble se suspendre un peu plus. Matteo ne comprend pas ce qu'elle lui dit là ni pourquoi elle lui demande une chose pareille alors qu'elle doit savoir, se douter, quand même, que ce n'est pas – pas le cas ? Dans l'absolu, il n'est plus en danger. Mais qu'est-ce qu'elle s'imaginait, qu'en claquant la porte il s'en allait pour une promenade de santé, un énième voyage à ajouter à la liste de ceux qu'il avait déjà effectué, qu'il repartait courir le monde pour son seul divertissement en dépit des imprécations parentales, qu'il n'allait pas être un vulgaire fuyard dont le sort n'était pas autre chose que la mort ou pire ? Mais qu'est-ce qu'elle s'imagine ?? Il voit dans son regard que rien de toute cette situation fondamentalement merdique ne la réjouit, qu'elle a l'air fatiguée (épuisée), qu'elle semble au bord des larmes et que tout ce qu'elle a envie d'entendre, c'est une simple affirmation à sa question, qu'elle a désespérément besoin d'être confortée dans le choix terrible qu'elle a fait. Il n'arrive pas à entendre sa douleur, à composer avec la colère qui resurgit, cette bonne vieille et saine colère qui faisait courir le sang dans ses jambes et qui le poussait à avancer, encore et encore, depuis qu'elle lui avait signifié qu'il avait jusqu'au lendemain midi pour partir. Elle avait déjà évoqué son désir de le savoir en sécurité, à ce moment là, ça lui revient, d'un coup, et c'est sans doute ce qui le fait rire, un rire sans joie, un rire qui le remplit de culpabilité tant il lui rappelle l'arrogance de son père et la façon qu'il avait, à l'époque, de rire pour faire comprendre que ce qu'on lui disait était d'une stupidité sans nom à ses yeux. Il refuse d'être comme cet homme là. « Pardonne-toi, par pitié. Tu n'as pas à t'en vouloir puisque je ne suis pas mort. » ironise-t-il, plus abrupte qu'il ne l'a voulu. Jamais il n'a autant ressemblé à son père qu'en cet instant, et ça le mortifie. « Peut-être que tu aurais du t'en soucier avant de... » commence-t-il, avant de s'interrompre en serrant les dents. Il n'a pas voulu la revoir pour lui vomir toute la rancœur du monde au visage ; il n'a pas voulu la retrouver pour l'accabler de tous les torts, même s'il continue de croire qu'elle a commis l'irréparable et que l'envie de lui balancer (quand même) les atrocités qui lui brûlent la langue lui serre douloureusement la trachée.

« Enfin… J’imagine que ça doit aller, avec Anna à tes côtés. » Ce qu'il entend efface de son visage toute trace d'affront, balaye son sourire incrédule et bêtement cynique en un rien de temps. Il comprend à la fois très vite et très lentement que quelque chose d'immonde s'apprête à se déverser de ses lèvres, des horreurs qu'il regrettera plus tard car une rage folle s'empare de tout son self-control et tempête durement sous son crâne. « Qu'est-ce que tu veux dire ? Anna n'est pas du tout à mes côtés, qu'est-ce que tu veux dire Eirene, elle – » Une panique sourde ourle ses pensées au ralenti alors que le ton monte, malgré lui, tape durement contre son palais et s'abat sur Eirene. Malheureusement pour lui, Matteo connaît assez bien sa sœur pour savoir que sa fuite ne serait pas une aberration si elle lui semblait justifiée, nécessaire. C'est sûrement pour ça qu'il a si peur, soudain, de demander des détails, d'entendre de la bouche d'Eirene qu'elle est partie, elle aussi, sans qu'il n'en ait eu le moindre écho. D'entendre que, personne, à ce jour, ne sait où est Anna Grimaldi ni comment elle se porte. « Où est Anna?! Si elle n'est pas avec toi, et que je ne l'ai pas vue depuis mon départ, alors est-elle ? BORDEL, mais, tu – Il se lève d'un bond et se prend la tête entre les mains, dément, ravagé par une inquiétude mordante – mais tu comptais attendre combien de temps avant de me le dire ?! » hurle-t-il à moitié.

En organisant cette folle expédition, Matteo avait eu un million de choses à dire à Eirene – à commencer, peut-être, par le fait qu'elle lui manquait horriblement, qu'il regrettait chaque jour de ne pas avoir su lui faire confiance, qu'il aurait aimé revenir en arrière et faire n'importe quoi pour ne pas subir son absence comme il la subissait. Il avait eu terriblement besoin de la revoir pour combler l'espace qu'elle avait laissé vacant. Il s'était senti prêt à, sinon pardonner, au moins tourner la page. Recoller il ne savait trop quel morceau de leur relation potentiellement réparable. Au lieu de quoi, il a juste envie (de nouveau) de lui faire tous les reproches du monde, de lui faire porter tout le blâme, et de s'enfoncer des kilomètres sous terre pour oublier à quel point tout ça risque de finir par le tuer.
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 :: Royaume-Uni; bring me the horizon
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