――――――-―• somewhere i belong •――――-――― « Il est bien peu de monstres qui méritent la peur que nous en avons. » André Gide

« Aurora… Qu'est ce que tu as fais ?! » L'homme regardait sa fille avec de grands yeux écarquillés. Il n'en revenait pas de ce qu'il venait de voir… La petite toute aussi inquiète que son paternel eut la voix tremblante quand elle parla à son tour « Papa, je suis un monstre c'est ça ?! » La pièce avait littéralement volé en éclat, sous les yeux ébahis des deux protagonistes. Une après midi comme une autre, le père et la fille passaient du temps ensemble. Il l'aimait, John, sa petite Aurora, vraiment beaucoup. Sa petite tête blonde du côté de son père , son regard d'azur appartement à sa mère mais c'était surtout son sourire malicieux qui cachait toujours quelque chose. Mais là tout avait explosé avec ce qu'il s'était passé. La phobie la plus grande sa fille, les orages. Dès son plus jeune âge, il s'était révélé qu'Aurora était astraphobe, ne pouvant supporter la lumière blanche d'un éclair et le bruit sourd du tonnerre. Cela avait toujours été gérable, d'une manière ou d'une autre. Mais pas cette après midi là… La foudre était tombée non loin de la maison, le bruit de l'éclair entrant en contact avec le sol était indescriptible. Même John qui n'avait pas peur de l'orage avait été surpris par la proximité de cet éclair mais une véritable tempête s'était alors déchainée dans sa propre maison. Aurora avait hurlé de peur, se bouchant les oreilles, se disant que si elle ne l'entendait pas il ne se serait pas là. Et tout explosa. Les vases, les vitres, miroirs et cadres photos. Sans avoir bougé de sa place, tout était parti en milles morceaux. Et John n'était pas dupe, un éclair ne peut pas faire ce genre de dégâts. Il regardait alors sa fille, avec crainte et incompréhension. Alors qu'elle recherchait de l'aide et du réconfort, il ne put être là pour elle. Il devait attendre le retour de sa femme, en parler pour comprendre ce qu'il s'était passé. Morgana rentra alors de son travail et trouva un mari angoissé et une fille déboussolée avec une maison en chantier. John raconta alors précipitamment et dans le désordre ce qu'il s'était passé et Morgana essaya alors d'apaiser son époux « Tu n'as pas à t'en faire John, notre fille est une sorcière comme moi. » « Pa… Pardon ?! » John ne pouvait pas en croire ses oreilles, c'était quoi cette histoire de fou? « Je sais, j'aurais dû t'en parler depuis bien longtemps… Assis toi, je vais tout te raconter. » Et c'est ce qu'elle fit. Elle lui dévoila tout, la magie, le fait qu'elle était sorcière et que leur fille l'était également. « J'aurai dû tout te raconter depuis des années mais je ne savais comment t'en parler... » John avala sa salive, ne sachant quoi répondre. Il fallait encaisse tout ça et c'était plus facile à dire qu'à faire. Depuis tant d'années, il vit avec une femme qui lui ment depuis le début et si Aurora n'avait pas découvert ses pouvoirs en même temps que son père, il n'aurait peut être jamais été au courant de tout cela. « J'ai besoin de sortir » souffla t'il. Il attrapa son manteau et claqua la porte d'entrée. Pour ne jamais la rouvrir. Morgana était très inquiète pour son mari comprenant au fil des jours qu'il ne reviendrait jamais. La vérité avait été trop dur à encaisser pour lui qui n'était préparé à rien. Elle se retrouva alors seule avec sa fille, essayant de la rassurer. « Tu n'es pas responsable du départ de ton père ma chérie. C'est moi, j'aurais dû tout lui raconter depuis le début... » Aurora acquiesçait même si au fond d'elle, elle se sentait terriblement coupable de ce qui s'était passé. Allant jusqu'à se détester elle même, rejettent presque sa nature de sorcière. Si elle n'avait pas découvert ses pouvoirs, si elle ne les avaient jamais eu, son père ne serait jamais parti. Et elle se détestait pour ça. Refusant la simple idée de les utiliser. Quand elle reçut sa lettre pour Poudlard, sa mère était aux anges mais absolument pas Aurora. Malgré les deux années qui étaient passées, elle n'arrivait pas à digérer le départ de son père et la moindre idée d'être entourée de magie la rendait malade. C'était bien la seule sorcière qui ne sautait pas de joie d'aller à l'école de sorcellerie. Heureusement, les choses sont faites pour changer.

――――――-―• let the sky fall •――――-――― « Ton amitié m'a souvent fait souffrir ; sois mon ennemi, au nom de l'amitié. » William Blake

« Je t'aime » Trois petits mots tellement lourds de sens. C'était la première fois qu'Aurora les disait. Elle avait déjà eu des petits amis, de pseudos relations qui ne duraient pas la semaine. Mais là, c'était différent. Elle sentait que ses sentiments pour Lysander étaient forts, puissants. Ce n'était pas une amourette d'adolescente, elle le sentait et ce n'était pas ce qu'elle voulait non plus. Le lion et le serpent. Le mêlé et le pur. Tout les séparer, rien n'aurait pu prévoir leur relation. Depuis leur première année quand Aurora avait enfin commencé à accepter ses pouvoirs magiques, une compétition s'était installée entre les deux sorciers. Lysander pouvait être exécrable et il fallait qu'Aurora, une simple sang mêlé, voulait prouver qu'elle pouvait être aussi douée qu'un sorcier pur souche. Mais tout avait été sujet de provocation pendant cinq ans avant de se rendre compte que derrière cette rivalité, il y avait quelque chose de plus fort. Aurora aimait Lysander et Lysander aimait Aurora. Tout aurait pu être parfait dans le meilleur des mondes mais cela aurait été trop beau. Lysander Selwyn, héritier de la famille Selwyn, ne pouvait pas se montrer avec n'importe qui à son bras. Si cela se savait, Lysander aurait de très gros problèmes. C'est pourquoi ils ne se voyaient que dans la salle sur demande, ou autres pièces tranquilles, mais pas trop souvent pour ne pas éveiller les soupçons. Et cela, ça la rendait malade. Elle voyait toutes ses amies tenir leur chéri par la main dans les couloirs ou lors des sorties à Pré-au-Lard, et elle, elle ne pouvait même pas dire à dire à ses amies qu'ils sortaient ensemble. Mais aussi dur que cela était, il fallait qu'elle prenne sur elle et accepte cette condition, jusqu'au jour où tout s'arrêta, deux ans plus tard, lors de leur dernière année à Poudlard. Les derniers jours de leur vie d'élève de l'école de sorcellerie fut également les derniers instants de leur relation. « Alors c’est la fin … » dit elle en riant, les larmes avaient déjà rougies ses yeux, elle ne pouvaient plus pleurer, aucune larme ne pouvait ruisseler sur ses joues, il ne lui restait plus que le rire. Rire pour ne plus pleurer. Pourtant elle aurait dû s'en douter, cette relation n'aurait pas pu continuer bien longtemps malgré ses sentiments pour Lysander. « Tout ira bien. » la tentative du Serpentard pour la rassurer était plutôt vaine. Ca ira, oui, mais ça dépend pour qui... « Comment ça pourrait aller ? Tu vas en épouser une autre, et moi je vais crever seule comme une conne en continuant de t’aimer. » La colère et la douleur parlaient, à cet instant elle ne s'imaginait pas être avec quelqu'un d'autre, elle ne pouvait pas le concevoir. Tandis que lui, il se marierait avec une parfaite sang pur, aurait femme et enfants et tout le tralala, alors qu'elle, elle resterait seule, le cœur brisé. « Hé. Je refuse que tu m’attendes. Toi, tu auras droit à un mariage d’amour, alors que je devrai épouser quelqu’un que mes parents auront choisi. Ne perd pas l’occasion d’aimer à nouveau à cause de moi. » « Je suis de celles qui croient qu’on ne peut aimer à ce point qu’une fois. Mais je vais essayer. » Même si l'amour ne serait pas au rendez vous pour Lysander, Aurora ne connaitra pas deux fois la même sensation. Même si elle n'avait que dix sept ans, elle le sentait, Lysander était son véritable grand amour. Mais comme Roméo et Juliette, ils ne pourront jamais être ensemble. Ils se quittèrent ainsi, sans jamais se reparler depuis. Pour quoi se dire, pour souffrir inutilement... Ils devaient désormais essayer de vivre sans l'autre. Ils s'étaient offert l'éternité même si leurs jours sont comptés.